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Effacé de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 10/01/2019 à 10:34
» Dernière mise à jour le 04/04/2019 à 14:33

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 24 : En proie au doute
« Dès que quelqu'un comprend qu'il est contraire à sa dignité d'homme d'obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l'asservir. » Gandhi.


***


— Lyco, qu’est-ce que tu as fait ? cria férocement une voix féminine.
— Enfoiré ! rugit un homme. Sale traître !

Des voix, des cris, des pleurs ; le bruit des flammes qui grondent. Un souffle chaud, insupportable. Des bruits de pas précipités, des ordres secs, un fouet qui claque, une détonation sourde.

Une odeur métallique, presque enivrante. Une épaisse fumée malodorante. Les lueurs rougeoyantes, qui s’élèvent haut dans le ciel, dévorant tout sur la plaine à l’agonie. Le vent, froid, glacial. Les bruits lointains et étouffés.

Un sentiment amer ; regret, ou impuissance ?

Le souvenir s’étiole, se défragmente, s’échappe et devient poussière…



***


Un troisième pillard tomba ; plutôt que d’avoir eu la tête tranchée ou la poitrine transpercée, celui-ci connut une mort plus atroce encore. Karyl, un rictus figé sur son visage, venait de lui arracher les deux jambes à la seule force de ses bras, et lui écrasa la cage thoracique avec son talon. Un talon qui avait une puissance probablement supérieure au poids de gigalithe, vu les dégâts engendrés.

— Où est l’Effacé ? vociféra-t-il de nouveau.

Lacrya ne reconnaissait plus Karyl. Elle l’avait connu lâche, colérique, prudent, jaloux et avide. Mais jamais elle ne l’avait vu dans cet état de… de transe. Son visage était déformé par des traits cruels, des yeux fous, et un rictus effrayant. Il semblait à la fois agacé de la situation, et excité. Il s’agitait, ses yeux roulaient dans leurs orbites, hors de contrôle. Sa force le dominait.

Il n’était pas dans son état normal, et visiblement, la folie le guettait.

— Où est-il ?

Sa voix, devenu sèche et cinglante, faisait encore plus peur que lorsqu’il avait rugi.

— Il est parti ! rétorqua une femme terrifiée, qui avait reculé dos à l’écurie.
— Où ? aboya Karyl en s’approchant d’elle.

Personne ne pouvait lutter. Boralf et d’autres s’en étaient pris à lui ; les balles ne lui faisaient presque rien lorsqu’il ne les esquivait pas, les lames se brisaient sur sa peau dure ou produisaient des étincelles. Quiconque s’approchait trop près finissait irrémédiablement frappé par cet être surpuissant qui n’avait d’humain que le nom.

Karyl se contentait parfois d’un coup de poing, d’un seul, pour mettre hors d’état de nuire l’un de ceux qui osait s’avancer. Résultat : les pillards reculaient, restaient à distance… ou se cachaient.

— Je te tue, si tu ne me dis rien !

La femme cria en le voyant s’approcher, et, entre sanglots et gémissements, elle lui fournit une réponse que Lacrya n’entendit pas. Karyl ricana sèchement et frappa du poing. La tête de la femme éclata contre les parois de l’écurie, y laissant une éclaboussure sanguinolente. Des pillards crièrent, de terreur, de colère, et un autre homme se jeta sur Karyl.

— Au Vallon du Silence, donc ! lança Karyl. Merci bien, ma p’tite dame !

Sans même regarder l’homme qui l’attaquait avec une lance effilée, Karyl saisit la pointe en acier de l’arme et la brisa dans sa main. Le pillard stupéfait recula et trébucha, avant de se figer de terreur, par terre. Lacrya, les muscles tendus, se sentait impuissante et désemparée. Elle avait récupéré un petit glaive, mais elle le savait inutile. Elle attendait à quelques mètres, avec devant ses yeux des images atroces de mort et de sang, qui défilaient inlassablement.

Ça lui rappelait l’Arène, et elle en eu des haut-le-cœur.

Boralf sortit soudain du foyer principal des pillards. Armé de leur seul et unique fusil à pompe. Lacrya se souvînt qu’il leur était inutile d’habitude, vu qu’ils ne possédaient que six ou sept balles pour cette arme capricieuse.

Un coup de feu surpuissant retentit, et le recul faillit faire tomber le solide Boralf, pourtant bien campé sur ses jambes.

Karyl fut projeté en arrière comme s’il avait reçu un boulet de canon en plein ventre.

— Enfoiré… grogna-t-il, en se relevant péniblement.

Boralf s’approcha, visa précipitamment, et fit feu de nouveau. L’arme, puissante et meurtrière, écrasa complètement l’épaule droite de Karyl. Les os se brisèrent. Ce dernier se releva d’un bond en remarquant son bras pendre, inutile. Il rugit de colère et se l’arracha avant de le laisser tomber au sol. Lacrya eut un haut-le-cœur.

Boralf rechargea son arme et la braqua sur la tête de Karyl, face à lui. Moins de trois mètres les séparaient. C’était une cible impossible à rater.

Lacrya fut stupéfaite de voir Karyl reculer. De la peur se lisait désormais sur ses traits. La folie meurtrière qui brûlait dans ses yeux s’était ternie.

Il se savait solide, anormalement puissant, mais cette arme pouvait facilement réduire en bouillie n’importe quelle partie de son corps de Mutant. Peut-être était-ce cette pensée qui occupait son esprit torturé ?

Karyl bondit en arrière, évita le dernier coup de feu tiré par Boralf grâce à sa vitesse prodigieuse, et plutôt que d’attaquer, le Mutant quitta la plaine au pas de course, du sang s’écoulant de son épaule arrachée. Il disparut sur la route. Boralf resta quelques secondes avec le fusil à pompe braqué devant lui. Il semblait aussi choqué que les autres. Ses jambes tremblaient.

Puis soudain, il se tourna vers Lacrya :

— Toi, prends ça !

Il lança le fusil à pompes, et la jeune fille l’attrapa maladroitement.

— S’il revient, tire en plein poitrine.
— Pas… pas la tête ?
— Non. Cible trop petite. Tu tires pas encore assez bien pour ça.

En d’autres circonstances, Lacrya se serait énervée. Mais là, elle tremblait de tout son corps et son esprit était trop embrumé pour qu’elle se sente blessée. Elle releva le canon du fusil à pompe vers la route, en restant vigilante et en regardant partout autour. Au cas où Karyl essaierait de revenir d’une autre direction.

Autour de Lacrya, les pillards vivants s’agenouillaient, ou apportaient le peu de trousses de secours qu’ils avaient volé sur la grand-route. Boralf aboyait des ordres. On sentait son inquiétude. Tout le monde lui obéissait, sans se soucier de savoir s’il méritait son rôle de chef. Trop abasourdis et choqués, les pillards essayaient de sauver les leurs. Ou plutôt ce qu’il en restait…



***


Karyl se laissa glisser au pied d’un tronc recouvert de mousse. Il marmonnait des insultes et des jurons, furieux contre ces pillards, et contre lui-même.

Il n’en revenait pas. Il avait tant de sang que ça sur ses vêtements ? Il se souvenait à peine du nombre de pillards qu’il venait d’assassiner. Ses souvenirs étaient un peu flous, embrouillés. Il avait décapité, tranché, frappé, oui… mais vraiment tant que ça ?

Et pire encore… son bras avait été arraché ? Par… un simple fusil ?

Il fallait dire qu’il connaissait mal les armes de la vieille époque. Il s’était attendu à recevoir une balle de carabine de chasse ; le genre de balle qui ne laissait qu’un petit trou sur sa peau, et qui disparaissait en quelques jours.

Mais non, cette fois, ce n’était pas un petit calibre. Il avait senti un impact puissant, capable de transpercer la carapace d’un rhinoféros sans effort.

Le sang continuait de couler de sa blessure béante. Karyl était presque surpris de souffrir. C’était une sensation qu’il ressentait à peine depuis qu’il avait obtenu des gènes via la Némélia 3. Ses capacités de régénération avaient grandement diminué les sensations physiques, comme la douleur ou le ressenti de la température. Karyl avait l’impression de redécouvrir de mauvaises choses. Des choses contre lesquelles il ne pouvait pas lutter. Des choses qu’il n’était plus censé ressentir.

Mais peu importait. Il savait où était Lyco. Au Vallon du Silence. Karyl devait donc partir pour le nord. Le plus vite possible, car le trajet à pied risquait bien de durer une semaine. Sauf s’il récupérait vite, auquel cas il pourrait se permettre de marcher même de nuit. Il était devenu encore plus endurant qu’avant, après tout.

Il était tout de même inquiet pour son bras. Combien de temps allait-il mettre à cicatriser ? Est-ce que… son bras allait repousser ? Ou devrait-il rester infirme à tout jamais ?

Karyl grommela des insanités et se releva. Il sentait des fourmillements dans tout son corps. Ses pouvoirs de guérison commençaient leur œuvre. Lentement, mais sûrement.

Le Mutant marcha doucement entre les arbres. Il devait se reposer, mais il voulait s’éloigner du repaire des pillards avant ça. Si jamais ils le pourchassaient, il risquait de ne pas s’en tirer indemne, surtout avec son bras en moins.



***


Lacrya s’assit auprès du grand feu de camp, que Boralf avait installé à l’extérieur. La jeune fille, muette, observa du coin de l’œil les traces de sang sur la façade de l’écurie, puis l’herbe rougie autour d’eux.

Grocaillou, indemne malgré son vol plané, était immobile à côté de Lacrya. Il ne montrait pas beaucoup d’émotions, mais Lacrya devina son anxiété. Piaf, comme tout bon roucoups, était perché sur le gigalithe, avec son plumage tout ébouriffé. Heureusement qu’il n’était pas intervenu pendant le combat. Il leur servait d’éclaireur et de messager, il aurait été terrible de le perdre.

Lacrya savait que ce n’était pas le pire. Quatre des leurs avaient succombé. Autour du feu, les visages étaient graves, les yeux humides, les fronts plissés. Des cris de douleur et des gémissements retentissaient dans le foyer ; deux blessés graves allaient certainement trépasser dans la nuit. Les autres s’en sortiraient sûrement avec un membre cassé, ou de simples hématomes.

Ils étaient seulement douze à être encore bien vivants… en incluant Lacrya et le groupe de Darren parti au Vallon. Dans la théorie où ils étaient encore en vie, bien entendu. Mais personne ne voulait penser le contraire.

— Et s’il revient ? demanda soudainement une femme, brisant le silence pesant.

Boralf mit un peu de temps à articuler une réponse. Il était soucieux et pensif. Il essayait de trouver une solution, c’était évident. Son esprit tournait à plein régime, et il en oubliait presque ses airs bourrus et sa colère.

— Je doute qu’il revienne. Il cherche Lyco.
— Tu crois qu’il va le trouver ?
— Peut-être…

Un court silence retomba. Seul le feu craqua pendant quelques longues secondes.

— Piaf pourrait leur envoyer un message, fit remarquer un pillard.

Le dénommé cessa de lisser ses plumes et écouta soudain la conversation avec attention. Boralf soupira.

— J’en sais rien. Ils doivent presque être arrivés au Vallon. Piaf n’a jamais volé aussi loin. Et il y a des airmures, là-bas. Trop coriaces pour lui.

Boralf jeta un regard vers l’oiseau et grommela :

— De toute façon, on a besoin de lui ici.
— On fait quoi alors ? intervînt Lacrya. On continue notre petite vie ici, après ce qui vient de se passer ? Imagine que Karyl trouve Lyco, qu’il tue tout le monde là-bas. Qu’est-ce qu’il fera ensuite, à ton avis ? Il est rancunier. Il voudra revenir, et tous nous tuer.

Boralf ne répondit pas. Lacrya se redressa, presque en colère face à son manque de réaction :

— On risque notre peau, ici, lança-t-elle. Certains y sont déjà passés ! On doit partir, tous ensemble, et rejoindre le groupe de Darren, avant Karyl ! Cet endroit n’est plus sûr, maintenant que ce malade le connaît ! En plus il a dit lui-même qu’il obéissait à Mervald ! Vous êtes les ennemis du gouverneur. Dans quelques jours ou semaines, cet endroit sera envahi de soldats ! Il ne vous laissera pas en liberté en sachant où vous vous cachez.
— Tu as peut-être raison, oui, admit Boralf. Mais tu ne te rends pas compte de ce que tu nous demandes de faire, Lacrya. Cet endroit, c’est chez nous. On a plein d’armes, de vêtements et d’objets de valeur. Des ressources primordiales, aussi. On peut pas se permettre de tous partir comme ça, surtout qu’on n’a plus la charrette pour le transport. Et qui voudrait partir pour un long voyage dans les plaines, ici ? La meilleure solution…

Il hésita, pencha la tête, puis se lança :

— … ce serait de trouver un autre repaire, plus loin dans les Forêts de l’Est. Darren nous retrouvera, c’est sûr.
— Darren nous retrouvera ? se moqua Lacrya. Tu plaisantes ? Tu crois qu’ils vont réussir à être de taille face à Karyl ?
— Darren est accompagné d’Ève, de Bakrom et de Lyco, rétorqua-t-il. Ils sont les plus forts du groupe. Et ils ont une bonne avance de plusieurs jours sur Karyl. Ils ne le croiseront peut-être même pas ! Alors oui, je pense qu’ils vont revenir ! On doit trouver un autre repaire, c’est la meilleure solution.

Lacrya se leva, furieuse :

— Donc c’est tout ? Tu appelles ça une solution ? Se terrer dans les bois en espérant que les autres reviennent vivants ? C’est hors de question ! On doit aller les retrouver !

Lacrya se tourna vers les visages qui la dévisageaient avec surprise ; ils étaient rougeoyants à cause de l’éclat des flammes.

— Et vous ? Vous en pensez quoi ? On doit se cacher, ou prévenir votre chef qu’il risque de mourir bientôt ?

Elle ne reçut qu’un silence hésitant en guise de réponse. Boralf soupira :

— Lacrya. Parlons-en demain. Personne n’a la tête à débattre de ça maintenant…

La jeune fille, abasourdie, se rassit dans un silence boudeur, échafaudant plusieurs solutions dans sa tête. Ce qu’elle détestait les gens inactifs ! Elle comprenait qu’ils devaient être choqués d’avoir perdu des proches qu’ils connaissaient depuis longtemps, mais rester les bras ballants dans ce monde, c’était la pire des choses.



***


L’aube se leva sur la clairière.

Boralf contempla les feuillages agités de la forêt être frappés par de faibles rayons matinaux. Le vent sifflait entre les branches. De lointains bruits métalliques, typiques des combats de cizayox sauvages, retentissaient dans les bois.

Le regard du pillard retomba sur la clairière ; l’herbe avait pris une teinte sombre à certains endroits. Des silhouettes immobiles recouvertes de vieilles bâches avaient été entassées près des écuries en attendant de creuser une tombe. Boralf, les yeux cernés, n’en revenait toujours pas. Il avait l’impression de sortir d’un mauvais rêve.

Cette nuit, ils avaient définitivement perdu deux des leurs. Dans cette clairière, ils n’étaient plus que huit. Huit, dont trois blessés légers incapables de se battre. Si Karyl revenait, ils étaient finis. Boralf secoua la tête, pensif.

Il aurait tout donné pour se venger de ce monde injuste. Tout.

Mervald, ce gouverneur qui se prétendait être le chef de la région. Qui entraînait sa propre milice pour faire sa loi. Qui laissait les gens des bidonvilles mourir en-dessous de ses fenêtres. Qui, d’une manière ou d’une autre, avait permis la mise en place d’expériences étranges sur des humains… Boralf aimerait tellement détruire ce gouverneur et son œuvre. Il se fichait de pouvoir nourrir tout le monde, ce qu’il voulait, c’était détruire cet empire naissant. Cette tyrannie oppressante.

Boralf observa longuement Piaf faire des rondes au-dessus des arbres, attentif. Il imaginait la réaction de Darren à son retour. Et en frissonnait. Que devrait-il dire, à ce moment-là ? « Je n’ai pas pu protéger le groupe, désolé » ? Non, bien sûr que non. Darren ne lui en voudrait peut-être pas, car après tout il n’aurait rien pu faire, mais Boralf aurait honte. Honte de n’avoir pas pu agir plus vite, de ne pas avoir annihilé cette abomination qu’était Karyl.

Les paroles de Lacrya tournaient en boucle dans sa tête. Boralf hésitait. Trouver un nouveau repaire ? Prendre la route, au risque de ne plus jamais retrouver pareil confort que dans cette clairière ? Qu’est-ce qui importait le plus ? Rattraper Darren, et prendre le risque de devoir affronter le Mutant, ou alors sécuriser un nouvel endroit pour attendre le retour potentiel de leurs quatre meilleurs combattants ?

Il se prit la tête dans ses mains, ne sachant que faire. Il savait qu’il fallait prendre une décision au plus vite. Mais les autres semblaient se ranger à son propre avis et ignoraient quel choix suivre. C’était à lui, le bras droit du chef et plus sage stratège, de décider.

Avec l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, Boralf pesa le pour et le contre, tenta de mettre de côté ses sentiments pour se concentrer sur l’aspect pratique. La survie du plus grand nombre importait plus que le reste.

Finalement, il fit son choix.



***


— Nous y sommes presque ! Regardez devant !

Lyco, Darren et Bakrom se redressèrent au fond de la charrette. Ils suivirent du regard le doigt d’Ève qui pointait l’horizon.

Au loin, alors que jusqu’ici tout avait été plat, ocre et seulement ponctué de quelques collines rocailleuses, le terrain semblait légèrement descendre ; et le sol semblait tirer vers des couleurs plus sombres. Lyco nota distraitement l’abondance de cactus vers cette zone.

— C’est plus humide, là-bas ! s’écria Ève. Je crois qu’on y est, avec une demi-journée d’avance !
— Tu reconnais, Darren ? demanda Bakrom.

Lyco resta un instant stupéfait que ce dernier parle encore comme ça, sans qu’on lui ait posé de questions au préalable. Ses silences étaient ce le qui caractérisaient le plus, et sa prise de parole spontanée prit au dépourvu même le colosse. Il mit quelques secondes à répondre, l'air vaguement hébété par le paysage changeant.

— Oui… jusque-là, rien ne me semble différent. Mais gardez les yeux ouverts. Le Vallon est parfait pour des embuscades, et mine de rien, y’a pas mal de survivants dans le coin. Une charrette et un frison, ça risque d’attirer du monde.

La charrette, qui était méchamment secouée depuis des jours, cessa soudain ce bruit de roulis infernal, et les roues tournèrent de manière plus discrète.

Ils avaient rejoint une route créée par de nombreux autres passages, et chacun d’eux soupira de soulagement ; autant pour leurs oreilles lasses du bruit que pour leurs articulations, qui allaient enfin pouvoir se reposer un peu.

— Deux jours, lâcha Ève à l’avant. Deux jours, et notre petit Lyco national se souviendra de tout !

Ce dernier sentit des regards sur lui et esquissa un sourire gêné. Deux jours, oui. Une boule d’angoisse se forma dans son ventre. Il voulait savoir, connaître son passé. Et en même temps, il le redoutait. Avoir été dans les cachots de Mervald était certainement la preuve que son passé n’était pas tout rose…