Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 06/01/2019 à 11:05
» Dernière mise à jour le 06/01/2019 à 19:51

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 49 : Chat, écorcheur, couteau
Six


Scalpuraï m’avait tellement agrippé l’épaule pour me pousser hors du Palais Impérial que je sentais que ses doigts tranchants et effilés s’étaient enfoncés dans ma chair. Il avait tellement l’air hors de lui que je n’osai même pas ouvrir la bouche pour me défendre. J’ignorai cela étant quel était l’objet réel de sa colère. Le fait d’avoir été humilié par Kashmel ? Le fait que j’ai trouvé son fameux Directeur et même tenté de l’agresser ? Ou encore le fait que le Directeur en question l’avait envoyé baladé en refusant de lever le petit doigt contre Kashmel ? Ou peut-être même une addition des trois ? En tout cas, il était effrayamment énervé, à tel point que, malgré le chaos ambiant dehors et les rapports qui se croisaient et s’entrecroisaient partout dans les couloirs du palais, aucun Pokemon n’osait l’arrêter pour s’enquérir de la situation ou réclamer son aide.

Dehors, c’était pour ainsi dire l’apocalypse. On ne savait plus s’il faisait nuit ou jour, car les cieux avaient pris une teinte rougeâtre, même dorée par endroit. L’atmosphère y était suffocante, comme si l’oxygène lui-même disparaissait peu à peu. En de nombreux points, la roche et le béton de la Citadelle s’effritaient. Des fissures se créaient un peu partout, s’agrandissant au fil des minutes. La végétation s’asséchait et mourrait à vitesse grand V. Toute la partie inférieure d’Axendria se trouvait sous les flammes. Tout le monde criait et courrait. Et, bien sûr, il y avait le Phénix en haut, au-dessus de la capitale, qui avait encore triplé de volume. Je pouvais vaguement sentir ce mastodonte d’Aura en lui ; c’était tout bonnement effrayant.

- Bonne chance pour gérer tout ça seul, maître… dis-je l’air de rien.

Je reçus en retour une puissante gifle qui me lacéra la joue gauche et m’envoya bouler au sol. Je crachai un filet de sang avant de me relever, sans baisser le regard devant le Trigarde.

- Tu m’as fait passer pour un imbécile aux yeux du Directeur, dit doucement mon maître avec un éclat sauvage dangereux dans ses yeux jaunes. Tu n’aurais jamais dû te rendre auprès de lui, jamais dû avoir vent de cette pièce, et surtout jamais dû oser lever la main sur lui… même si jamais tes piètres pouvoirs ne pourront atteindre un être comme lui. Et pour tout cela, tu mérites la mort.

Je haussai les épaules, guère intimidée.

- On va tous mourir de toute façon, au rythme où vont les choses. Je préfère que ce soit vous qui vous en chargiez plutôt que je me fasse aspirer mon Aura. Mais dîtes-moi juste une chose : comment pouvez-vous obéir à cet humain qui manigance avec l’Ordre G-Man depuis longtemps ?

- Tiens ta langue, ou je te la couperai avant de t’éliminer. Lord Chen n’est pas un humain. Il est beaucoup, beaucoup plus que ça.

Ça, je ne pouvais pas le contredire. J’ignorai ce qu’était réellement ce type, mais une chose était sûre : il était au-delà même des G-Man.

- Quant à ce qu’il faisait avec l’Ordre G-Man, ça ne me concerne pas. De toute façon, l’Ordre G-Man n’est plus.

- Sauf que Kashmel va en bâtir un nouveau à son image, rétorquai-je, et votre fameux Directeur ne daignera pas lever son si supérieur postérieur pour l’en empêcher. Vous l’avez entendu comme moi.

- Le Directeur sait toujours tout, renchérit Scalpuraï. S’il refuse d’intervenir, c’est qu’il n’y en a nul besoin.

- Ah ouais ? L’Empereur serait d’accord avec ça vous croyez ? À qui va votre réelle allégeance au juste ? À l’Empire, ou à ce type qui complote dans l’ombre sans jamais se montrer ?

- Il suffit ! S’agaça Scalpuraï. Une gamine comme toi sortie du bidonville ne peut rien comprendre à ces choses-là

- Sans doute pas, admis-je, mais je comprends au moins une chose : vous êtes un Trigarde Impérial ! Votre mission est de défendre l’Empire de ses ennemis. Et notre ennemi, il est en haut !

Je désignai du doigt le Phénix sur lequel se tenait Kashmel. Comme Scalpuraï restait immobile sans répondre, j’ajoutai :

- Ou alors, peut-être qu’après la raclée que vous vous êtes pris, vous avez tout simplement… peur ?

Cette fois, j’avais anticipé sa réaction. Je fis un bond en arrière pour esquiver son coup. Et ce n’était pas une gifle. Scalpuraï avait bien pointé ses doigts vers ma gorge, avec l’intention de me tuer. Je lui envoyai une boule de feu qu’il écarta nonchalamment de sa main, malgré sa faiblesse du type Feu.

- Je ne suis pas dans ma meilleure forme, admit le Pokemon, mais je suis assez d’attaque pour me charger de toi, esclave insolente. J’ai fait une erreur en accédant à la demande de ta mère de te mettre à mon service. Les G-Man ne sont pas contrôlables ; l’Empire tout entier vient de l’apprendre à ses dépens.

- Vous vous trompez d’adversaire, rétorquai-je. Il faut nous unir pour espérer pouvoir arrêter Kashmel ! Les Pokemon, les humains, les G-Man restant qui sont manipulés… tout le monde !

- L’Empire n’a besoin de personne pour anéantir ses ennemis. Pas des faibles humains, et encore moins de vous autres, G-Man décadents et déchus !

Les lames courbées sur les bras de Scalpuraï luisirent d’une lueur ténébreuse, dont je pouvais sentir la pression à distance. C’était une attaque Tranche-Nuit. Scalpuraï l’utilisait assez rarement, car elle était inutilement trop puissante quand c’était lui qui la lançait. Qu’il s’en serve contre moi montrait bien sa rage. Sa haine contre les G-Man semblait déborder de tous son être. Sa défaite contre Kashmel, le désintérêt notoire du Directeur… tout cela avait fait déborder le vase, et actuellement, étant la seule G-Man en face de lui, j’étais en quelque sorte le paratonnerre de son ressentiment. Un ressentiment vieux de plusieurs siècles, qui avait débuté par la mort de cette première Six des mains des G-Man de Sacha.

On m’avait prise ma Lamétrice quand j’avais été capturée par les sbires de Kashmel, je ne pouvais donc pas contrer cette attaque. De toute façon, même avec mon épée, je n’aurai sans doute pas pu la bloquer. Ma fine Lamétrice aurait été coupé en deux face au tranchant inouï des lames de Scalpuraï, combiné à sa force brute à sa puissance de type Ténèbres. Foncer sur lui avec Boutefeu n’était pas conseillé non plus ; Scalpuraï n’aurait été blessé qu’à minima, et moi j’aurai sans doute eu la tête tranchée. La seule réaction qui me paraissait possible sur le moment était la prise de distance. Scalpuraï avait beau être rapide, il était quand même en acier. Je pouvais le distancer. Et guetter la bonne occasion pour lui lancer une attaque Combat, qu’il craignait doublement.

Je bondis en prenant appuis sur le mur du Palais Impérial, montant ainsi jusqu’au premier balcon de l’édifice, une quinzaine de mètres plus haut. Malgré sa colère et son envie de meurtre, Scalpuraï n’osa pas abîmer la demeure de l’Empereur en se servant de Tranche-Nuit dessus pour m’y déloger en en faisant s’écrouler une partie. Il me suivit en sautant à son tour, de façon bien moins leste et gracieuse que moi. En le voyant s’accrocher au bord du balcon, je sautai pour prendre de l’élan et croisai mes bras en une attaque Coup-Croix, la plus puissante attaque Combat que je possédais.

Mais quelque chose bloqua sans frémir mon attaque, et je vis avec consternation qu’il s’agissait du bras de Scalpuraï. Un bras blessé, craignant doublement le type Combat, et surtout sans même avoir utilisé l’Ether. Je reculai in extrémis pour éviter la lame qui s’apprêtait à m’ouvrir la gorge, et fis jaillir mes flammes pour au moins aveugler le terrible Pokemon, qui se réceptionna facilement sur le balcon. Il dut voir mon air abattu, car l’ironie remplaça un temps la rage sur son visage.

- Tu pensais m’avoir avec ton attaque car je suis de deux types craignant le Combat ? Ta naïveté me fait honte, à moi ton maître. La puissance des attaques Combat dépend en grande partie de la force physique de celui qui les lancent. Tu dois peser à peine trente-cinq kilos, et tes bras sont comme des tiges d’herbes pour moi. Si un G-Man comme Kashmel peut effectivement me faire très mal avec son Close-Combat, je ne crains rien de ta part sur le plan physique, gamine !

Il chargea, et je dus utiliser mes deux mains pour produire une attaque Lance-flamme devant moi qui parvint à le tenir à distance. Scalpuraï avait envoyé volé ma boule de feu comme si de rien n’était tout à l’heure, mais face à un jet continu, même lui restait prudent. Je faisais mine d’insister sur l’attaque spéciale, mais je n’avais pas accepté ses paroles sur sa prétendue immunité à mes attaques physiques. Scalpuraï avait beau s’être préparé depuis des années à combattre les G-Man, il ne connaissait rien de nous. Il croyait que nous étions limités aux simples attaques définies des Pokemon, et son affirmation comme quoi je ne pourrai pas le blesser était basée sur ça.

Mais non, nous autres G-Man, nous n’avons pas de telles limites au niveau des attaques. Nous pouvons les réutiliser à notre guise, en les combinant, en en inventant de nouvelles. Peut-être qu’un simple Coup-Croix de ma part ne pourrait pas inquiéter Scalpuraï, oui. Dans ce cas, il me suffisait de lui envoyer plus. Tandis que je continuais d’utiliser mon Lance-flamme, je fis chauffer mes mains le plus possible, jusqu’à qu’elles deviennent comme du métal en ébullition. J’allais ajouter l’élément de feu à mon prochain Coup-Croix, avec une puissance d’élan supplémentaire pour gagner en puissance d’impact.

Alors que Scalpuraï progressait lentement à travers mes flammes, j’arrêtai tout pour sauter en arrière. Quand mes pieds touchèrent le mur vertical derrière moi, j’y insufflai toute ma puissance pyrotechnique pour me faire bondir vers l’avant à toute vitesse, propulsée par l’explosion sous mes chausses, qui laissa un gros trou dans le mur du Palais Impérial. Je croisai mes bras à nouveau, préparant le tranchant de mes mains chauffées à l’extrême. Surpris, Scalpuraï leva son bras par réflexe pour se protéger, sans penser à se servir de l’Ether.

Le choc de la rencontre de mes bras contre le sien me secoua jusqu’au tréfonds de mon être, mais je sentis avec satisfaction le tranchant de mes mains siffler contre sa peau métallique, et finalement s’enfoncer de quelques centimètres avant que Scalpuraï ne brise le contact en reculant d’un bond. Cette fois, ce fut à lui d’être abasourdi, tandis qu’il regardait son bras droit, dont une partie avait partiellement fondue sous mon attaque.

- C’est votre naïveté qui me fait honte à moi, votre esclave, lui dis-je en reprenant ses précédentes paroles. Vous me preniez pour mon père ou un de ses G-Man impuissants ? Contrairement à vous, les Pokemon, nous ne sommes pas entravés par un nombre limité d’attaques prédéfinies et inchangeables. Si notre puissance n’est pas suffisante, alors notre imagination et notre stratégie compenseront. Si nous somme stoppés par des limites, alors il nous suffit de les dépasser !

Je crus que la rage de Scalpuraï allait se décupler suite à ce nouvel affront de ma part, mais elle n’en fit rien. Au contraire, le Pokemon leva sa tête en arrière et éclata de rire. Un rire profond, résonnant, mélangeant la joie, la surprise et une pointe de folie.

- Décidément, en près de 600 ans, vous autres G-Man avez été les seuls à me donner un mal de tête pareil. Je n'arrive jamais à me décider, avec vous. Je désire votre extinction plus que tout, mais pourtant, à chaque fois, vous me donnez toujours une raison d’en laisser certains en vie, tellement vous êtes surprenants parfois en combat.

J’attendis patiemment que son rire effréné prenne fin. Puis il me regarda avec un semblant d’affection dans ses yeux jaunes.

- Je ne te tuerai pas, finalement, déclara-t-il. Je vais te dominer. Tu subiras mille tourments de ma main, jusqu’à que je brise ton esprit et que tu me sois entièrement dévouée.

- Vous dîtes cela, mais je crois que vous appréciez bien plus les serviteurs avec du caractère que ceux qui vous lèchent les bottes, rétorquai-je.

- Je déteste quand tu fais mine de lire dans mon esprit, mais je dois avouer que ce n’est pas faux, admit-il. Ça ne veut pas dire pour autant que je ne prends pas plaisir à remettre à leur place les esclaves trop insolents. Ta mère pourra témoigner des moments formidables que nous avons passé tous deux dans ma chambre de torture. D’ailleurs, tu peux lui demander directement…

Je fronçai les sourcils, perplexe, quand je sentis d’un coup une présence dans mon dos. Je sautai instinctivement pour éviter le couteau qui venait de surgir. Mizulia se trouvait à quelque mètres de moi, sur une autre partie du balcon. Comment avait-elle fait pour grimper jusqu’ici sans que je puisse la repérer ? Je sais bien que le Phénix troublait mes perceptions de l’Aura, mais qu’une simple humaine ait pu m’approcher de si près sans que je ne le remarque, c’était terrifiant. Cette femme qui m’avait engendré, que je ne connaissais qu’à peine finalement, était une véritable tueuse professionnelle, tout spécialement entraînée pour venir à bout des G-Man comme moi.

- Ravie de voir que tu as réchappé aux G-Man de Lance, me lança-t-elle.

- J’imagine que ce couteau lancé dans mon dos était une preuve de ton amour maternel ?

- Je n'ai pas trop bien saisi les évènements, mais je t’ai vu en train d’affronter le maître. S’il a décidé de t’éliminer, pour une raison ou pour une autre, sa volonté fait force de loi.

Elle jeta un regard interrogateur à Scalpuraï, comme pour s’enquérir de son autorisation. Ce dernier secoua la tête.

- Ta fille a été mettre son nez là où elle ne devait pas. Elle mérite donc une punition appropriée. Évite de la tuer si tu peux, mais elle doit ressentir toute l’immensité de notre désapprobation.

Mizulia sourit, de son sourire psychopathe qui me faisait tant flipper. Le peu d’instinct maternel qu’elle avait faisait qu’elle aurait sans doute un tout petit peu boudé à l’idée de devoir me tuer, mais en revanche, elle ne semblait avoir aucun problème pour ce qui était de me charcuter. Cinglée. Cette femme était cinglée. Et mon géniteur, Bradavan Irlesquo, était un opportuniste égoïste et méprisable. Je n’avais pas tiré les bons numéros à ma naissance, c’était certain…

Mizulia me fonça dessus en tirant cinq couteaux à la fois, dont deux lancés dans des directions différentes qui se rebondirent carrément dessus pour modifier leurs trajectoires au dernier moment. On avait du mal à en croire nos yeux, pourtant, il n’y avait rien de magique là-dedans, seulement une énorme maîtrise dans l’art de l’assassinat. Je savais que si je cherchais à esquiver les couteaux lancés, ou à utiliser une attaque pour m’en débarrasser, Mizulia, avec ses déplacements rapides et mortels, serait en position pour m’avoir avec son autre poignard qu’elle tenait dans sa main. Pour l’avoir affrontée plus d’une fois en entraînement, je savais que ma mère était très douée pour repérer les infimes moments d’inattention ou d’ouverture de garde chez ses adversaires.

Mais moi, j’étais une G-Man. Mizulia avait beau être ce qu’elle était, elle ne pouvait discerner l’Aura ni comprendre son potentiel. Même si l’Aura autour de moi était perturbée à cause du Phénix, nous étions toujours dans la zone sûre, et je pouvais la discerner. Tout nageait dans l’Aura, même les couteaux que Mizulia avait lancés. Leurs trajectoires précises, leur vitesse… tout cela m’était connu à l’avance, car c’était inscrit dans l’Aura. Je parvins à en rattraper deux du bout des doigts pour les relancer sur mon agresseuse, avant de sauter et de me contorsionner pour éviter les autres. Mizulia para ceux que j’avais lancé sans problème, mais arriva en retard pour me prendre par défaut, et reçut en prime de ma part un retourné du pied qui lui fit baisser la tête jusqu’au sol.

Je savais très bien que durant le temps de cette action, Scalpuraï était passé à l’attaque de son côté. Je savais que mon maître, un expert au corps à corps, possédait néanmoins une attaque spéciale. Une seule : Exploforce. Même s’il n’aimait pas ça, il avait jugé avec sagesse qu’il lui fallait au moins quelque chose à lancer à distance, pour les cas où ce serait nécessaire. Mais là, il se surestimait largement s’il pensait pouvoir m’atteindre avec ça. Si Scalpuraï avait sans doute des statistiques surréalistes en attaque physique, dans le spécial, il était tristement démuni.

J’invoquai un feu ténébreux dans ma main droite, juste de quoi tenir contre la boule d’énergie lancée par Scalpuraï. Quand elle fut pile derrière moi, je la frappai avec ma main enflammée et noire, pour la renvoyer directement vers son lanceur, doublant ainsi sa vitesse. Scalpuraï eut à peine le temps d’écarquiller les yeux de surprise. Il se prit sa propre attaque dessus, fut violemment jeté au sol et une partie de son épaule gauche fut brisée, envoyant des fragments métalliques tout autour.

Mizulia s’était relevée entre temps, et malgré son nez en sang, elle s’acharna tellement sur moi avec deux couteaux à chaque main que je fis une retournée acrobatique pour retomber au sol devant l’entrée du palais. Mizulia me suivit, plus précautionneusement du fait de sa nature de simple humaine, et vint se poster auprès de son maître, qui se relevait déjà, mais assez lourdement. Je vis ma mère lui tendre la main pour l’aider à se relever, et bien sûr, elle ne gagna en remerciement qu’un coup de pied dans le genou pour une telle insolence.

- Je vois… me dit-il. Il semble que je t’ai un peu sous-estimé. Tu es dangereuse. Trop pour que je prenne le risque de te laisser vivre.

- Il y en a un en haut qui est encore plus dangereux que moi, signalai-je. Doit-on continuer cet affrontement débile et le laisser faire tout ce qu’il veut ? Si on attend trop, il aura aspiré tellement d’Aura que même l’Empereur ne pourra plus rien contre lui !

Scalpuraï s’apprêtait à répliquer, quand les portes du palais s’ouvrirent d’un coup, laissant s’échapper des dizaines de Pokemon en arme, qui m’entourèrent sur le champ. Ce n’était pas de simples militaires, mais ce n’était pas des Nettoyeurs non plus. Sur ceux qui possédaient une armure, on pouvait voir le symbole blanc d’une balance : l’emblème du Département de la Justice Impériale. Et justement, son chef lévitait tranquillement au-dessus des marches du palais, avec derrière lui, comme à l’accoutumé, toute une suite de juges et de magistrats, dont certains avaient essayé de copier leur chef en mettant sur leur tête la même perruque ridicule.

- Au nom de la loi, j’arrête votre combat, déclara Jugeros. La peine capitale sera attribuée à tous les réfractaires.

- Jugeros, qu’est-ce que vous fabriquez ?! Tonna Scalpuraï en omettant de lui accorder son titre.

- J’applique la justice impériale. Vous avez dégradé toute la majesté du palais de notre suzerain. Comme vous êtes incapable de contrôler cette humaine, elle sera exécutée puis jugée… non, je veux dire l’inverse, jugée puis exécutée, par mon département.

- Vous dépassez vos attributions, grinça Scalpuraï. Je suis seul maître des punitions de mes troupes !

- Vous n’êtes plus maître de rien du tout. Regardez-vous ! Ce criminel de Kashmel vous a renvoyé ici la queue entre les jambes. Votre unité est en lambeau, dispersée, et voilà que votre esclave G-Man se révolte. Cela suffit. Sa Majesté m’a donné toute autorité pour faire rétablir l’ordre, au nom de la justice impériale !

Je n’avais aucune raison de défendre Scalpuraï, mais en l’occurrence, Jugeros me répugnait tellement que je ne pouvais m’empêcher d’ironiser.

- Et vous comptez le faire rien qu’avec ça ? Demandai-je en désignant ses troupes de Pokemon. Il n’y en aurait même pas assez pour me retenir moi. Ou alors vous comptez annoncer à Kashmel qu’il est en état d’arrestation et attendre qu’il se rende ?

L’Etoile Impériale en charge de la justice se tourna lentement vers moi, puis vers un de ses assistants, un Kekleon qui tenait une pile de papiers et une plume avec sa langue.

- Scribe, veuillez prendre note. Charges supplémentaires retenues contre la prévenue : insolence et insoumission envers l’autorité judiciaire par le biais de son représentant. Ceci s’ajoute à des charges déjà considérables qui ne peuvent déboucher que sur un seul jugement, à savoir la peine capitale immédiate !

Scalpuraï s’avança, et malgré ses blessures, il avait l’air si menaçant que Jugeros recula instinctivement.

- Allez arrêter Kashmel si ça vous chante, mais je vous interdis de toucher à mon esclave.

- Dois-je porter à votre encontre le crime de rébellion contre les institutions, Seigneur Scalpuraï ?

- C’est une menace, Haut Juge ?

- Non, c’est la procédure, au nom de la justice.

Je me demandai si Scalpuraï et Jugeros allaient en venir aux mains. Personnellement ça m’arrangerait, histoire que je puisse décamper, mais si les hautes sphères de l’Empire s’entre-déchiraient, alors Kashmel aurait d'ores et déjà gagné. Ce n’est que lorsque la tension était à son comble et menaçait d’exploser qu’un nouveau Pokemon arriva. Petit, timide, il ne semblait pas du tout à sa place au milieu de ce chaos qui menaçait d’exploser.

- Ahemmmm… Peut-être que j’arrive au mauvais moment ? J-j’aimerai m’entretenir avec le S-seigneur Scalpuraï…

- Diplôtom ?! M’écriai-je après l’avoir reconnu.

Il s’agissait effectivement du petit Pokemon Psy et Spectre avec lequel j’avais passé ces mois en compagnie de Kashmel et Stuon. Il portait toujours son couvre-chef de jeune diplômé, et tenait toujours son éternel livre.

- Qui es-tu, citoyen ? S’exclama Jugeros. Tu nous importunes !

Mizulia s’empressa d’aller chuchoter quelque chose à l’oreille de son maître, signifiant sans doute à Scalpuraï qu’il s’agissait là de mon ancien complice… et donc d’un criminel, lui aussi. Scalpuraï hocha la tête et s’adressa à Diplôtom en ignorant totalement Jugeros.

- Que me veut un laquais de Kashmel ?

- Je… il y a erreur, messire. Je ne suis plus un allié de Lord Irlesquo. Je ne l’ai jamais vraiment été d’ailleurs, j’étais plus un observateur. Ah, Six, content de te revoir.

Je baissai la tête, gênée. J’avais un peu l’impression d’être une espèce de traîtresse aux yeux de Diplôtom, ayant travaillé pour l’Empire alors qu’on s’était caché de lui ensemble pendant des mois.

- Parle alors, si tu n’es plus avec Kashmel, reprit Scalpuraï. Que me veux-tu, et qui t’envoies ?

- Actuellement, je soutiens la résistance du jeune Seigneur Rohban Irlesquo visant à sauver les G-Man qui peuvent l’être, mais personne ne m’a envoyé jusqu’à vous. Il se trouve, qu’en recherchant des informations sur les G-Man et Sacha Ketchum en particulier, j’ai retrouvé un ouvrage écrit par mon ancêtre, Venorlume, lors de la Guerre de Renaissance. Vous l’avez connu, si je ne dis pas d’erreur ?

- Vaguement. Un rat de bibliothèque qui ne prenait pas parti et se contentait de relater les faits dans ses bouquins. Eh bien quoi, qu’as-tu trouvé ?

- Une information qui pourrait vous concerner, et qui dévoile aussi le sort de Sacha Ketchum. Comme vous étiez le seul qui était présent lors de l’embuscade du Bois aux Chênes lors de l’An 10, et étant donné la situation, je me devais de vous faire part de mes découvertes.

Je vis bien Scalpuraï se raidir à la mention du Bois aux Chênes, même si elle ne signifiait rien pour moi.

- Comme tu dis, j’y étais, dit-il avec colère. Il n’y a rien que je ne sache pas !

- Vous y étiez oui, mais pas jusqu’au bout. Vous n’avez pas vu ce que mon ancêtre a vu. Vous n’avez pas été témoin du miracle qui a provoqué la disparition de Sacha Ketchum… et la réapparition de la petite fille G-Man qui se trouvait là à l’époque.

Cette fois, plus qu’en colère, Scalpuraï paraissait ébranlé.

- Que… Que sais-tu de cette fille ?!

- Rien d’autre que ce que le livre affirme à demi-mots. Je l’ai lu intégralement grâce à mes pouvoirs, et je peux vous insuffler ces connaissances de la même façon. Permettez que je vous en fasse part, à tous.

Diplôtom utilisa ses capacités psychiques, et des milliers de petites lettres noires sortirent de son corps pour nous envelopper, jusqu’à qu’elles nous impriment, à toute vitesse, des mots et des phrases dans la tête. Des phrases et des pensées d’un autre temps, qui formèrent peu à peu comme des souvenirs, comme si nous étions là, il y a plus de cinq cents ans.