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Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



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» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 17/12/2018 à 23:49
» Dernière mise à jour le 17/12/2018 à 23:49

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Jour 17 : Life's colors, par MinuwSan
« Ainsi Suicune, fort de sa nouvelle vie offerte par Ho-oh, a décidé à son tour de mettre ses pouvoirs au service d'autrui, afin de leur offrir une vie meilleure. Il parcourt le monde à la recherche de source d'eau à purifier, et fait souffler le vent du Nord sur son passage. Je suppose que vous comprenez tous pourquoi c'est important que les sources d'eau soient toutes pures, n'est-ce pas ? »

Il y eut un léger moment de flottement, puis une main se leva finalement dans la classe. L'enfant, un garçon brun de sept ans environ, prit la parole lorsque l'intervenant, qui faisait un exposé sur Suicune, lui donna la parole.

« Sans eau pure, les Pokémon, les plantes et les humains pourraient tomber malade, voire mourir s'ils ne trouvent pas de solution pour la remplacer. Mais comme Suicune purifie les sources d'eau, ça n'arrive pas. Il offre la vie lui aussi. »

L'homme qui faisait face à la classe hocha la tête avec un petit sourire. Le garçon avait vite compris où il voulait en venir, et il en était soulagé. Il ne s'était pas laissé déborder par sa passion dévorante pour Suicune, et avait réussi à intéresser les jeunes élèves face à lui, sans les perdre dans des explications trop complexes, ou trop brouillonnes. C'était un soulagement.

« C'est exact. Ho-oh a offert la vie à Suicune, qui à son tour, nous offre la vie. La générosité de son sauveur l'a inspiré, et le pousse à faire de même. Vous ne trouvez pas ça merveilleux vous ? Qu'un geste puisse avoir de telles conséquences ? Maintenant, imaginez ce qui pourrait se passer si chacun d'entre vous prend exemple sur Suicune, et fait un beau geste. Et imaginez ensuite que votre geste inspire d'autres personnes, qui elles aussi feront par la suite de bonnes actions. Vous voyez où je veux en venir ? »

Il ne put cependant pas terminer son explication plus longtemps ; la cloche sonnant la fin des cours sonnait déjà. Avant même que les enfants n'aient pu commencer à ranger leurs cartables, la maîtresse s'avança avec un sourire.

« Attendez un instant avant de partir. J'espère que vous avez compris l'importance du don de soi et de la générosité. Pendant les vacances, je vais vous demander, à votre tour, de faire une bonne action, celle de votre choix. Vous pouvez faire ça seul ou en groupe. A la rentrée, vous devrez nous présenter un petit exposé sur ce que vous avez fait et en quoi pour vous c'était important. Vous pouvez demander l'aide de vos parents. N'oubliez pas, le but est de se montrer généreux et désintéressé, de ne rien attendre en retour. Ho-oh n'attendait rien de la part de Suicune, Entei et Raikou quand il leur a donné la vie. N'attendez rien de vos actions. Je vous souhaite à tous de bonnes vacances, et un bon Noël. Oh et, remerciez Eusine pour son intervention. »

Dans une synchronisation quasiment parfaite, les enfants lâchèrent tous en choeur un « Merci Monsieur Eusine. » avant de finalement ranger leurs affaires. Le garçonnet brun qui avait répondu à la question se leva pour ranger ses affaires. Il venait à peine de finir son sac qu'il fut rejoint par deux de ses camarades de classe, une fillette aux cheveux noirs et un garçon blond, tous les deux de son âge.

« T'as toujours réponse à tout Akai, comment tu fais ? » lâcha la fillette avec un sourire amusé.
« J'aime juste lire. Je trouve ça intéressant les légendes. Puis ça semble logique, on fait pas grand chose sans eau. »
« C'est vrai ! D'ailleurs les garçons, vous voulez qu'on se mette ensemble pour le travail ? »
« Bah, oui. Enfin Mizuiro, tu pensais pas qu'on allait te laisser toute seule hein ! » répliqua le blondinet avec énergie. « On est comme les trois mousquetaires, on fait tout ensemble ! »
« Sauf que les trois mousquetaires étaient quatre, Kiiro. »
« Oui bon, ben on est presque comme les trois mousquetaires, voilà ! On se retrouve demain chez qui ? »
« Pas chez moi. Ca va être un ménage intégral dans toute la maison, avec le début des préparations pour le repas de Noël, on sera pas tranquille et on va les gêner. » lâcha Mizuiro, la fillette.
« Pas chez moi non plus. J'ai ma grande sœur qui rentre de Kalos demain, et elle va répéter avec les autres tout le temps. Puis avec toutes ces valises, on n'aura pas la place. » enchaîna Kiiro, le blondinet.

Les deux enfants se tournèrent d'un seul mouvement vers leur ami, Akai. Le brun haussa les épaules, semblant presque indifférent à la situation. Peu lui importait chez qui ils allaient au final, tant qu'ils avaient une idée de quoi faire.

« Vous pouvez venir chez moi. Mon frère est déjà rentré d'Alola, ça sera calme. »
« On fait ça alors ! Rendez-vous demain chez Akai ! Début d'après-midi, ça vous va ? »

Les deux garçons hochèrent la tête, et les trois enfants se séparèrent, chacun retournant chez lui.

Le lendemain, ils étaient tous réunis dans la maison du dénommé Akai. C'était une petite maison traditionnelle, typique des habitations de la classe moyenne de Rosalia. Il n'y avait pas d'étages, la maison était entièrement de plein pied. Les trois enfants étaient réunis dans le salon, installés sous un kotatsu, ces tables basses chauffantes très répandues dans la région. La mère d'Akai venait de disposer sur la table trois grandes tasses de chocolat chaud viennois, ainsi que des cookies. Elle ébourriffa les cheveux de son fils avec un sourire.

« Bon les enfants, soyez sages. Si vous avez un souci, n'hésitez pas à aller voir les voisins. Il reste du chocolat chaud dans la casserole si vous voulez. On sera rentré pour la fin d'après-midi. Vous voulez rester manger à la maison ce soir ? On demandera l'autorisation à vos parents. »

Ils hochèrent la tête, et lorsque la porte d'entrée claqua, annonçant le départ des parents du brun, ce dernier s'étira et repoussa le livre qu'il était en train de lire. On pouvait apercevoir une grande fresque, tenant sur une double-page, et entièrement consacrée à Ho-oh.

« T'as eu un nouveau bouquin ? » lâcha Kiiro
« C'est un vieux livre de mon frère en fait, il me l'a passé quand je lui ai dit qu'on avait eu Monsieur Eusine en classe hier. »
« D'ailleurs à propos de ça, vous avez une bonne idée d'action généreuse à faire ? »

Les garçons secouèrent négativement la tête, et Mizuiro poussa un long soupir de dépit. Elle ne savait pas à quoi penser. Elle avait parlé avec quelques copines, qui allaient faire des choses assez classiques : réunir des choses pour les plus démunis, aller dans les hospices pour personnes âgées. La ville était propre, donc pas de ramassage des ordures à faire. Certains enfants allaient essayer d'aider leurs parents, mais dans leurs cas, c'était inutile. Akai aidait déjà au quotidien, Kiiro également, en plus d'être dans une famille nombreuse. Quant à elle, les domestiques de ses parents refusaient qu'elle en fasse trop, malgré ses demandes, et elle ne pouvait clairement pas les aider dans leur métier, elle était trop jeune pour ça. Mais surtout, quelque chose la travaillait, troublait son esprit, même si elle essayait de ne pas le montrer au garçon. Elle hasarda malgré tout une question. On ne savait jamais.

« Tes sœurs n'ont pas besoin d'aide pour préparer le spectacle à la salle de danse ? »
« Oh non ! Vaut mieux rien toucher. Elles préfèrent tout faire ensemble pour être sûres que ça soit bien fait. »
« Elles ont pas besoin qu'on distribue des invitations pour le spectacle de lundi soir ? »
« Tu parles ! Toute la ville est déjà au courant. C'est le même cirque tous les Noël. »
« J'essayais juste de trouver une idée... Y'a rien qui vous vient ? »

Les garçons secouèrent négativement la tête, et ils soupirèrent en choeur. Ca n'était pas facile d'être généreux quand on ne savait pas quoi faire. Ca ne leur semblait pas naturel de réfléchir à ce point. Ca ne devait pas venir tout seul normalement ? La plupart des idées classiques étaient déjà prises, et ils ne voulaient pas faire ce que les autres faisaient. Eux aussi voulaient se montrer généreux, aider, faire quelque chose. Mais quoi... ? Rien, absolument rien ne leur venait à l'esprit. Ils commençaient à trouver ça un peu déprimant. Aucun d'eux ne parlaient, ils étaient tous perdus dans leurs pensées. Finalement, la fillette n'y tint plus, et rompit le silence.

« A quoi vous pensez ? »
« C'est cette année que je vais recevoir mon premier Pokémon. » laissa entendre Kiiro après un petit moment de silence.
« Oh, c'est super ça ! Tu en as de la chance ! »
« Boarf... J'sais pas. Mes sœurs arrêtent pas de me dire que je vais avoir un Evoli, et qu'une fois que je l'aurai, elles m'entraîneront à faire de la danse. Mais j'aime pas la danse. C'est pas mon truc. »
« Et c'est quoi ton truc ? »
« J'sais pas. »
« En tout cas, j'aimerais bien avoir un Evoli moi. Ils sont super mignons ! »
« Bah je te le donne si tu veux. Moi j'en veux pas. J'veux pas d'Evoli. »

Mizuiro jeta un coup d'oeil au garçon brun, qui n'avait toujours rien dit. Ce dernier haussa simplement les épaules, sirotant son chocolat chaud.

« Je suis sûr que si tes parents t'offrent un Evoli, tu seras quand même content. Ca sera ton tout premier Pokémon. Ca voudra pas dire que tu es forcé de suivre tes sœurs. Tu fais bien ce que tu veux. Et toi Mizuiro, tu n'as pas toi aussi ton premier Pokémon cette année normalement ? »
« Si. Comme toi Akai. On va être les derniers de la classe à avoir des Pokémon. »
« Ca, c'est pas grave. Au moins je sais que je serai assez grand pour bien m'en occuper. »

Kiiro et Mizuiro hochèrent la tête gravement. Ils ne le dirent pas, mais ils pensaient tous à un de leurs camarades qui avait reçu un Magicarpe lors de ses trois ans. Personne ne savait comment, mais il avait réussi à quasiment le tuer, parce qu'il ne savait pas bien s'en occuper. Heureusement, le poisson avait été sauvé, mais il avait failli y passer. Arceus savait en outre que c'était des Pokémon excessivement résistants. A leur âge, ils savaient qu'ils arriveraient à mieux s'occuper de leur premier compagnon. Ils étaient anxieux à l'idée de le recevoir d'ailleurs. Ils n'osaient pas se l'avouer, mais ils étaient inquiets à l'idée que la rencontre se passe mal. Et s'ils ne s'entendaient pas avec leur Pokémon ? S'ils ne savaient pas s'en occuper ? L'angoisse d'y réfléchir commençait à les préoccuper sérieusement, et le silence qui régnait dans la maison n'aidait pas à les détendre. Finalement, la fillette brisa cette ambiance en se penchant vers le livre que lisait Akai avant qu'ils arrivent.

« C'est quoi ? »
« Un vieux livre de mon grand-frère sur les Pokémon Légendaires. Il me l'a passé quand je lui ai dit qu'on avait parlé de ça hier à l'école. »

Le brun redressa la tête, et fit pivoter le livre pour qu'il soit face à son amie, dans le bon sens, et qu'elle puisse profiter de la très belle illustration de Ho-oh. Il n'avait rien dit, mais ça l'étonnait d'avoir eu à se répéter. Son amie était plus attentive d'habitude.

Mizuiro se pencha dessus un long moment, lisant le texte, et observant le dessin. Les deux garçons buvaient toujours leur chocolat chaud, lorsque Kiiro regarda son ami.

« Y'a un bruit non ? »

Le garçon tendit l'oreille. Il y avait effectivement quelques petits bruits étouffés, venant des chambres. C'était bizarre, ils devaient normalement être seuls. Akai se leva, quittant le confort du kotatsu pour s'aventurer dans le couloir menant aux chambres. Il ignora sa chambre, il ne voyait pas ce qui pouvait être rentré dedans en son absence, et il n'avait pas de jouets qui pouvaient s'enclencher tout seul. Il posa l'oreille contre la porte de la chambre de ses parents, et écouta. Il n'y avait aucun bruit. Il s'éloigna pour passer à la dernière pièce, celle de son frère. A nouveau, il colla l'oreille contre la porte, et attendit. C'était faible, mais il entendait des petits bruits, des cris légers. Il ouvrit donc la porte, pour tomber face à un curieux oiseau jaune. Le Pokémon se remit péniblement sur ses deux pattes et, en voyant Akai, s'avança vers lui en piaillant et en agitant les pompons qu'il avait au bout des ailes. L'enfant balaya la pièce du regard, pour voir qu'il y avait des morceaux de coquilles d'oeuf un peu partout. Il ignorait que son frère avait ramené un œuf à la maison, et il venait d'éclore en son absence. Ca n'était pas une très bonne nouvelle ça, il allait probablement être triste d'avoir manqué ça. Mais pour le moment, le petit avait faim, et il fallait s'en occuper. Akai retourna donc dans le salon, le petit oiseau sur les talons, et il se dirigea vers la cuisine. Il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait manger, un tel bébé. Il entendit Kiiro qui le suivait. Leur amie était toujours plongée dans son livre, et n'avait rien remarqué. Les deux garçons se retrouvèrent dans la cuisine, cherchant quelque chose pour nourrir le Pokémon jaune dont ils ignoraient le nom. Et pendant ce temps, ce dernier piaillait, levant haut ses petites ailes comme pour les encourager, ou réclamer encore plus de nourriture. Mais les enfants ne trouvaient rien de convenable. Cela dit, ils n'eurent pas à beaucoup chercher. Rapidement, la petite créature leva le bec, comme si elle sentait quelque chose, et elle se servit de son odorat pour s'avancer vers un haut meuble suspendu : le placard à biscuits et autres friandises. Akai et Kiiro étaient trop petits pour atteindre ce qu'il y avait dedans, mais ils pouvaient, en se hissant sur la pointe des pieds, ouvrir les portes, ce qu'ils firent. Aussitôt, l'oisillon jaune sautilla en piaillant plus intensément.

« Je sais pas ce qu'il a senti, mais il veut quelque chose du placard. »

L'enfant brun hocha simplement la tête, attrapa le Pokémon et le souleva, comme un certain Simiabraz soulève un certain Hélionceau dans un certain film. Il porta le Pokémon bien haut au-dessus de sa tête, et se rapprocha du placard. Ce dernier tendit les ailes pour fouiller un peu, et s'empara non pas d'un paquet de biscuit, mais d'une curieuse petite verrine en verre transparent, qui laissait entrevoir un liquide mauve. Akai reposa le Pokémon au sol, ramassant la verrine qu'il tenait.

« C'est quoi ? » lâcha le blondinet.
« Je ne sais pas. C'est mon frère qui a ramené ça de son voyage, comme l'oeuf. Viens, on va aller avec Mizuiroi. Puis le Pokémon pourra être au chaud. »

Après tout, on était en plein hiver, et par les fenêtres, on pouvait voir qu'il avait commencé à neiger. Ils retournèrent se blottir sous le kotatsu, l'oiseau jaune installé sur les genoux de Akai. Il retira le film étirable sur la verrine, et la donna au nouveau-né. Ce dernier se jeta dessus avidement et commença à se délecter de la boisson qui sentait bon les fleurs. Les deux garçons l'observaient, pendant que Mizuiro lisait toujours, totalement absorbée par le livre visiblement.

« Eh Mizuiro ? Ca fait combien de temps que tu es sur cette page ? Je te croyais pas si lente en lecture dis donc !
« Je suis pas lente... ! Je réfléchis. »
« A quoi ? »
« Vous trouvez pas ça bizarre que Ho-oh soit le Pokémon arc-en-ciel, et qu'il ait que trois couleurs de plumes ? Elles sont passées où les autres ? »

Il y eut un petit moment de silence. Les garçons ne savaient pas vraiment quoi répondre à ça.

« Ben euh... Je sais pas ? Peut-être qu'il en a toujours eu que trois ? »
« Bah pourquoi tu le qualifies d'arc-en-ciel alors ? »
« Je sais pas moi. Mais il a que trois couleurs. Alors qu'un arc-en-ciel, ça en a plus. C'est pas logique. »
« Et c'est grave ? »
« Bah... Je me dis qu'il les a peut-être perdu ? Vous pensez pas ? »
« Comment il aurait pu les perdre ? »
« Je sais pas.... Peut-être en redonnant la vie aux trois Légendaires dont Mr Eusine nous a parlé ? »

Akai, qui avait été silencieux jusqu'à présent, observant avec attention le bébé Pokémon, releva la tête.

« Je ne pense pas. Ou alors ça voudrait dire qu'il n'aurait pas non plus de plumes jaunes et rouges, comme les couleurs de Raikou ou Entei, mais il en a plein. Ca peut pas être ça. »

Les enfants réfléchirent un long moment, apparemment troublés par les questions de Mizuiro. Cette dernière finit par sortir une feuille de son sac, ainsi qu'un stylo bleu, et commença à lister les couleurs de l'arc-en-ciel, mettant également un petit signe à côté des couleurs possédés par le Légendaire Ho-Oh. Puis, elle tourna la feuille vers ses camarades, qui purent lire les inscriptions suivantes :

Rouge x
Orange
Jaune x
Vert x
Bleu
Bleu foncé
Violet

Ca ne faisait effectivement pas beaucoup. Les trois enfants restèrent un moment sans réagir, jusqu'à ce que Kiiro pointe l'oiseau sur les genoux de son ami.

« Eh ! Il est en train de changer non ?! »

En effet, l'oisillon avait terminé la verrine, qu'il avait dégusté longuement. Et voilà qu'une fine lumière blanche l'enveloppait, et que son corps se transformait. Il perdit les pompons de ses ailes pour obtenir à la place des sortes d'éventails. Pareillement, il gagna des plumes sur le sommet de son crâne qui faisait penser à un éventail. Il poussa un petit cri de joie d'avoir terminé son repas, sous les yeux écarquillés des enfants. Puis, il se lova contre le ventre de Akai, ferma les yeux, et s'endormit rapidement.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« J'sais pas.... »
« Apparemment, c'est cette... Boisson qui sent la fleur qui l'a transformé. Je ne savais pas que du jus pouvait avoir un tel effet. »
« Hm.... »

Les garçons relevèrent la tête pour voir que les derniers propos du petit garçon brun avaient plongé leur amie dans une grande réflexion. Elle regardait sa liste, l'oisillon dormant paresseusement, et le livre illustré. Et si... Et si tout se tenait, là, sous ses yeux, d'une certaine manière ? Et si la solution au Pokémon arc-en-ciel sans couleur était là... ?

« Il faut qu'on aille donner à manger à Ho-oh ! »
« Hein ? »

La réaction très naturelle de Kiiro résuma la pensée de son comparse. Par quelle folie Mizuiro était touchée actuellement pour avoir une telle idée ? Mais l'étincelle de joie et de détermination qui brillait dans les yeux de la fillette montrait qu'elle ne comptait pas lâcher comme ça ce qu'elle était déjà en train de mettre sur pied.

« Mais si ! Regarde ! Ho-oh a bien dû perdre des couleurs, non ?! On l'a vu, pour un arc-en-ciel, il a quasiment plus rien ! Mais l'oiseau là... Il a bu un nectar violet et hop, il est devenu violet ! Alors peut-être que si on va nourrir Ho-oh, ou lui présenter des couleurs proches de celles qu'il a perdu.... Vous pensez pas... ? »

Le ton de sa voix était presque désespérée sur la fin, alors qu'elle cherchait leur approbation. Elle donnait l'impression que si ses amis disaient non, ils allaient lui briser le cœur. Et c'était probablement vrai. Les deux garçons se regardèrent, hésitants un peu, alors que Mizuiro ne les lâchait pas de ses yeux avides et débordants d'espoir. C'était compliqué comme situation, actuellement, à leurs yeux. Il y avait des Pokémon sauvages dans la Tour Carillon, même s'ils étaient plutôt tranquilles. Mais subtiliser de la nourriture, prendre des affaires, et partir une partie de la journée dans la tour, sans le dire aux parents, ça les embêtait un peu. Cependant.... Ils ne pouvaient pas dire non à Mizuiro. Pas quand elle faisait ses yeux là. Kiiro se contenta de soupirer, et Akai décida de prendre un relais un peu plus autoritaire.

« On trouve d'abord ce qu'on peut lui donner à manger. Et si on le fait, on y va, on dépose tout dans son nid, et on s'en va. »
« Mais, il saura pas forcément ouvrir ce qu'on lui apporte et... »
« Non. On va déjà beaucoup désobéir en y allant, alors on ne va pas en plus attendre qu'il vienne. On dépose la nourriture, et on s'en va. »

La fillette hésita un long moment, pesant le pour et le contre. Finalement, elle poussa un petit soupir, et hocha la tête. Mieux valait une petite victoire qu'une totale défaite. Les trois enfants purent donc se pencher, et commencer à réfléchir aux aliments qu'ils pouvaient donner à Ho-oh, et qui avaient les bonnes couleurs. Le problème fut qu'à part l'orange, où ils pensèrent à une confiture de noigrumes rouges et jaunes, ils n'avaient vraiment aucune idée de ce qu'ils pourraient prendre. Mizuiro finit par évoquer une liqueur de baie que ses parents rangeaient précieusement. Le goût et l'odeur ne lui plaisait pas -pourtant elle se doutait qu'un mélange de baie Siam, baie Nanone et de baie Alga savamment mesuré pouvait être bon- mais peut-être que Ho-oh étant un Pokémon Légendaire, avait le même goût que les adultes en matière de boissons de luxe. Il restait malgré tout une variété de bleu. Et à force de discuter, ils avaient aussi envie de rajouter un peu de vert, parce que Ho-oh n'en avait pas beaucoup. Ils remarquèrent sans mal que Mizuiro s'emballait totalement, et se donnait à fond pour trouver de bonnes idées. Ce fut elle qui suggéra la liqueur de ses parents, et qui finit par convaincre les garçons de vérifier s'il ne restait pas du nectar violet que l'oiseau avait tant aimé. Akai avait pensé à la confiture, et Kiiro proposa, de son côté, une sauce pour les pâtes que sa grande sœur championne leur avait fait découvrir lorsqu'elle était rentrée de l'un de ses voyages. Il manquait toujours le bleu et le rose. Ils étaient là, devant leur feuille, devant leur liste, à se triturer les méninges, jusqu'à ce que la porte d'entrée ne claque. Si les trois enfants sursautèrent, l'oiseau mauve ne broncha pas, remuant juste pour se blottir plus confortablement contre Akai. Les parents de l'enfant étaient rentrés, et autant dire que son grand-frère afficha une expression indéchiffrable en voyant l'oiseau sur les genoux du garçon. Il se passa une main sur la nuque, gêné.

« Je pensais pas qu'il éclorait si tôt, tant pis. »
« Vous avez passé un bon moment les enfants ? » demanda la mère, toute contente « Vous voulez rester manger à la maison ? »

Si les enfants approuvèrent le fait d'avoir passé un bon moment, ils refusèrent tous les deux l'invitation. Kiiro voulait passer du temps avec sa sœur, et Mizuiro voulait inspecter sa maison de fond en comble pour voir si elle ne trouvait pas les couleurs manquantes. Après avoir dit au revoir à leurs amis, les deux enfants quittèrent la maison, chacun se séparant pour rentrer chez soi. Rosalia n'était pas une ville immense, la plupart des gens se connaissaient plutôt bien, et il n'y avait jamais eu de problème. Ca n'était pas ce soir que les choses allaient commencer à dérailler, pas à deux jours de Noël, n'est-ce pas ? Akai de son côté passa une soirée tranquille en compagnie de sa famille. Son grand frère lui expliqua que le petit oiseau qui avait adopté l'enfant était une Plumeline, une espèce que l'on trouvait à Alola, et qui changeait d'apparence en fonction de son alimentation. Il lui dit aussi qu'il aurait besoin de garder l'oiseau et de s'assurer de son état de santé, et l'enfant ne s'y opposa pas. Après tout, c'était le Pokémon de son frère, il n'avait pas voie au chapitre dans cette affaire. La Plumeline par contre fit entendre la sienne un petit moment lorsqu'on voulut l'empêcher de dormir avec le petit garçon, et le grand frère finit par céder, et par les laisser ensemble.

Le lendemain matin, Akai reçut un appel de Mizuiro l'invitant à se retrouver avec Kiiro dans le parc pour enfants, pour parler tranquillement. Ils ne savaient pas pourquoi, mais aucun d'eux ne voulait parler de ce projet fou, notamment parce qu'ils avaient l'intuition que les adultes allaient les empêcher de faire ce qu'ils souhaitaient faire. Ou qu'ils allaient vouloir les accompagner, et les enfants voulaient faire ça eux-même, entre eux. C'était comme.... Un pacte, un secret qu'ils se partageaient. Ils voulaient que cela reste entre eux, et personne d'autre. Mizuiro prévint son ami qu'elle se chargeait d'appeler Kiiro pour qu'il puisse les rejoindre, et il approuva. Il passa la matinée à se préparer, poursuivit dans quasiment tous ses mouvements par la Plumeline, quand son frère ne la récupérait pas pour faire quelques vérifications. Par contre quand il fila dehors en début d'après-midi, les deux garçons refusèrent que l'oiselle suive Akai. Elle était trop petite, trop fragile pour supporter le froid. Elle venait de naître après tout, et elle venait d'une contrée chaude à la base, il valait mieux ne pas prendre de risques. Ce fut seul que l'enfant sortit.

Il se rendit au parc sans encombre, époussetant une balançoire pour en retirer la neige avant de s'asseoir dessus, et d'enfouir ses mains dans son manteau en attendant ses amis. Il vit rapidement Mizuiro qui arrivait, et elle s'installa à côté de lui. Ils discutèrent de tout et de rien, en attendant Kiiro. Pourtant, ce dernier n'arrivait pas. Il n'avait jamais été un exemple de ponctualité, mais là, il allait quand même avoir une heure de retard.

« Tu l'as bien prévenu qu'on se retrouvait ici ? »
« Oui oui ! Enfin... Personne n'a décroché quand j'ai sonné. Mais j'ai laissé un message. Ca arrive souvent avec lui. »

C'était vrai. Les sœurs de Kiiro devaient probablement s'exercer pour leur spectacle, avec leur propre fond sonore, et les parents du garçon devaient eux s'occuper de préparer Noël. Quant au principal concerné, il avait dû passer la matinée à dormir jusque bien dix heures passées. Mais là, il était presque quinze heures, ça commençait à faire long. Les deux enfants patientèrent encore vingt minutes, avant de décider d'un commun accord de se lever pour aller directement chercher leur ami chez lui. C'était à l'opposé du parc, et ils devraient marcher un peu, mais tant pis.

En approchant de la maison, ils comprirent que quelque chose avait dû se passer. La demeure de Kiiro faisait partie de ces vieilles maisons à l'architecture historique, et il jouxtait la salle de danse, qui adoptait le même style architectural. C'était l'une des maisons prises comme référence lors des visites touristiques de la ville pour illustrer ce que les nobles pouvaient avoir comme demeure, il y a des décennies de ça. Et quelqu'un avait vraisemblablement décidé de repeindre la maison. Il y avait de larges traînées de toutes les couleurs un peu partout, quelques dessins très abstraits ou minimalistes sur les murs. On pouvait voir qu'il y avait majoritairement du bleu. Inquiets, ils pressèrent le pas pour sonner chez leur ami. La mère de ce dernier leur ouvrit un large sourire se dessinant sur son visage.

« Ah c'est vous les enfants ! Vous voulez voir Kiiro ? C'est vrai que vous avez laissé un message ! Il est à l'étage, il se lave. »

Les deux enfants échangèrent un regard circonspect. A cette heure-ci ? Alors qu'ils avaient rendez-vous ? C'était bizarre.

« Tout va bien... ? »
« Oh oui ! Une petite surprise de quelques Pokémon sauvages, mais bon. On fera avec ! Au pire on ne mettra pas de guirlandes de Noël, tant pis ! Allez, rentrez, vous allez attraper la mort. Vous pouvez aller attendre Kiiro à l'étage. »

Alors qu'ils s'essuyaient consciencieusement les pieds sur le paillasson, retirant leurs manteaux et faisant tout pour ne pas salir la belle demeure, la mère de Kiiro se tourna vers la petite fille.

« Alors tu as vu les décorations du sapin sur la grande place ? Il est beau hein ? »

Mizuiro sembla très surprise d'une telle remarque. Elle n'était pas sans savoir que, comme chaque année, la ville plaçait un énorme sapin sur la place du village et s'occupait de le décorer. Il était installé le jour même du début des vacances, le samedi. Autrement dit, il avait été déposé hier quand les enfants se lançaient dans leur folle idée de rendre ses couleurs de l'arc-en-ciel à Ho-oh. Mais la petite fille était rentrée directement chez elle, elle n'était pas allée voir le sapin, alors elle n'aurait pas pu voir la mère de son ami là-bas. Cependant, elle ne voulait pas la vexer, aussi sourit-elle en hochant la tête avec vigueur.

« Oh, oui ! C'est de mieux en mieux chaque année ! »

La femme sourit, et les laissa rejoindre leur ami pendant qu'elle retournait aux fourneaux. Dans le couloir menant aux différentes chambres de la maison, Akai prit la main de Mizuiro, et la fit s'arrêter, pour murmurer à voix basse.

« Tu n'étais pas au sapin, hein ? »
« Non. Mais ça n'était pas poli de faire semblant que si... Alors je n'ai pas osé dire que ça n'était pas moi. »
« Oui, mais c'était qui alors, qui y était à ta place ? »
« Je ne sais pas. Si ça se trouve, elle m'a confondu avec un autre enfant. » lâcha Mizuiro en haussant les épaules.

Le petit garçon brun n'était pas convaincu, mais il préféra ne pas creuser plus que ça. Ils rentrèrent dans la chambre de Kiiro pour le voir en train de se battre avec un curieux Pokémon, qui semblait avoir une furieuse envie de repeindre le lit du garçon. A croire que le bois de chêne n'était pas à son goût. La bête ressemblait à un chien bipède avec un bérer sur la tête, et une très longue queue terminée par un pinceau tâché de bleu. Il tirait la langue, comme en pleine concentration pour réussir à peindre le bois offert à lui. Le blondinet de son côté, essayait de le ceinturer et de le tirer loin de son lit. Pourtant malgré ses efforts et son air bougon, on pouvait voir qu'il riait. La situation l'amusait visiblement, et il finit par plaquer la bête au sol, qui en profita pour peindre les vêtements du garçon, tout aussi amusé que l'enfant.

« Woah, un Queulorior ! C'est lui qui a tout peint dehors ? »
« Ouais, lui et ses copains. Mais lui il était toujours là ce matin, à moitié mort de froid. J'crois qu'il a peint jusqu'à geler debout. Ca c'est de la passion ! Du coup on a décidé de le réchauffer un peu. Bon, mes sœurs l'aiment pas trop. Faut dire il a voulu repreindre leurs kimonos, alors bon... »

Les enfants pouffèrent à cette idée. Ils passèrent une partie de l'après-midi à vanter les talents de Queulorior, pour qu'ils fassent l'étalage de tous ses talents. Le Pokémon s'exécuta avec plaisir : c'était rare qu'il soit ainsi apprécié et qu'on ne lui en veuille pas d'avoir peint là où il ne fallait pas. Il s'amusait bien avec les enfants, il appréciait cette compagnie joviale.

Pourtant rapidement, Mizuiro relança leur grande discussion d'hier. Elle fixa la créature au pinceau un long moment, avant de se tourner vers ses amis.

« … Il ferait un bon bleu pour Ho-oh. Vous ne pensez pas ? »

Les deux garçons s'arrêtèrent dans leur jeu pour observer leur amie. D'habitude, c'était Akai le plus terre à terre du trio, celui qui ne perdait jamais le nord, qui n'hésitait pas à les rappeler à l'ordre quand il fallait travailler. Mizuiro par contre s'illustrait par sa détermination. Quand elle avait une idée en tête, on ne pouvait pas la faire dévier. C'était comme un Rhinocorne lancé en pleine course, sauf qu'elle était maligne, et qu'elle savait prendre un virage si nécessaire. Mais elle ne quittait jamais son objectif des yeux. Ils se regardèrent un moment, et Kiiro, qui ne craignait pas de passer pour plus idiot qu'il n'était réellement lâcha, comme on jette un pavé dans la mare :

« Ca ne va pas le rendre malade de manger de la peinture ? »

La question sembla ennuyer Mizuiro, mais elle l'éluda d'un mouvement de main comme on chasse un insecte qui vous importune.

« On ne va pas lui faire manger. Je me dis que puisqu'il a réussi à redonner la vie, les Pokémon doivent pouvoir lui donner un peu de leur énergie, de leur couleur à eux. Vous pensez pas ? »
« Ca ne risquerait pas de les tuer ? »
« Je ne parle pas de toute leur énergie ! Juste un peu. Vous pensez pas que ça pourrait marcher... ? »

Les deux enfants hésitèrent un instant, puis finalement le petit blondinet soupira :

« Je préfère encore que Queulorior lui peigne une plume ou deux par ici que de voler du maquillage à mes sœurs. »

Là dessus, les trois jeunes étaient d'accord. Ils voulaient des produits un maximum naturel, et la peinture issue d'un Pokémon, c'était naturel, non ? Ils n'en savaient rien, mais au moins, ils avaient trouvé le bleu. Il ne restait plus que le rose, et ils avaient jusqu'à demain pour mettre la main dessus. Autant dire qu'ils n'étaient guère confiants. Et alors qu'ils se creusaient les méninges pour trouver une solution, Kiiro n'y tint plus.

« Dis Mizuiro, tu vas enfin nous dire pourquoi tu tiens tant que ça à voir Ho-oh ? Non parce qu'on se casse la tête pour toi, mais au final.... Pourquoi t'y tiens tant que ça ? »

La fillette sembla choquée par la question, comme si son ami venait de personnellement l'insulter, et d'inviter toute sa famille à mourir. Elle se renfrogna.

« Parce que ça peut coller comme devoir ! Vous vous souvenez, la générosité, le don de soi ?! Et si on rendait enfin à Ho-oh ce qu'il a réussi à offrir il y a des années, hein ?! »
« Si on rendait... ? Il a donné la vie, on ne va pas lui rendre la vie qu'il a donné. On va pas tuer Suicune, Entei ou Raïkou quand même ! »
« Mais non enfin, imbécile ! »

Kiiro prit mal l'insulte. Il chercha une réplique cinglante pendant que le Queulorior triturait le pinceau de sa queue, cherchant une idée pour occuper les enfants et éviter qu'ils se battent. Mais ce fut Akai qui calma le jeu.

« Kiiro s'y prend mal parce qu'il ne sait pas bien parler. Mais on te connaît depuis la première classe de maternelle Mizuiro. Quelque chose t'embête avec Ho-oh. Qu'est-ce qui se passe ? Tu peux nous le dire quand même, surtout si c'est pour nous embarquer à la poursuite d'un Légendaire... »

La fillette tritura un peu les manches de son pull, avant de soupire. Elle les regarda, des larmes dans les yeux.

« J'ai peur que Ho-oh soit en train de mourir... »

Les deux garçons ne comprirent pas tout de suite ce qu'elle venait de dire. Comment ça, il était en train de mourir ?

« Vous croyez que c'est possible, qu'un Pokémon légendaire puisse mourir.... ? »
« Ben.... Je sais pas. Ma sœur m'a raconté l'histoire de Xerneas et Yveltal. Ils.... Je sais pas s'ils meurent ou pas. Mais en tout cas ils peuvent … Vous savez, dormir très longtemps avant de se réveiller. »
« Hiberner ? »
« Ouais c'est ça. Ils hibernent. Parce qu'ils donnent ou prennent la vie, mais du coup ils sont plus limités que les autres. Mais je pense pas que Ho-oh puisse mourir... »
« C'est vrai, qu'est-ce qui te fait dire ça ? »

La fillette écrasa d'un geste désespéré les larmes qui commençaient lentement à fuir ses yeux pour dévaler ses joues. Cette scène déchira le cœur des garçons. Oh ils avaient déjà vu leur amie pleurer. Ils avaient tous un jour pleuré devant les autres, mais ça n'avait jamais eu l'air aussi... Angoissant et désespéré. Ils ne savaient pas comment réagir. Tous les deux partageaient un sentiment d'impuissance à ôter toute cette tristesse à leur amie. Elle avait bien caché son jeu. Ils avaient bien noté qu'elle semblait parfois ailleurs, mais ils n'avaient pas imaginé que c'était à cause de Ho-oh. Ils avaient simplement pensé que Mizuiro s'inquiétait que ses parents ne puissent pas la rejoindre pour Noël. Pas que le grand oiseau de feu soit en train de faire son chant du cygne, d'après ses dires. Mais finalement, après une déglutition difficile tant elle avait la gorge serrée, la petite fille décida de se reprendre.

« Le soir des vacances. J'étais sur le balcon, je voulais regarder les étoiles. Je... Fais souvent un vœu aux étoiles, en espérant que Jirachi m'entende. Mais il commençait à neiger et on ne voyait pas bien le ciel. Mais c'est pas grave, je me suis dit que les étoiles pouvaient m'entendre, même à travers le froid et la neige, alors je suis restée là, à leur parler. C'est là que j'ai entendu un battement d'ailes. J'ai vu Ho-oh, qui allait vers son nid à la Tour Carillon. Vous savez, il a toujours une espèce de... D'aura jaune, comme s'il était lumineux ? Et les légendes disent qu'il est toujours suivi d'un arc-en-ciel quand il vole mais... Mais il n'y avait pas d'arc-en-ciel et... Et j'ai trouvé son chant si triste et.... Et je sais pas. J'ai eu peur. Et depuis... Depuis je me dis qu'il est tout seul là-haut... En train de mourir.... De ne plus pouvoir faire d'arc-en-ciel parce que... Parce qu'il aurait donné la vie à trop de choses et... Et.... »

Et elle ne put en dire plus, avant de fondre en larmes. Les garçons restèrent interdits un moment, alors que le Queulorior venait se presser contre Mizuiro. Sans se concerter, ils rejoignirent le Pokémon et la fillette pour un câlin de groupe. Ils ne dirent pas un mot, ils ne savaient pas quoi dire pour alléger sa souffrance. Alors ils la laissèrent pleurer un moment, contenant leurs propres émotions, leurs propres sentiments d'impuissance face à la détresse de leur amie. Ce fut finalement Kiiro qui reprit la parole le premier.

« On ira demain voir Ho-oh et déposer des couleurs pour lui. »
« Oui. Même si on n'a pas tout l'arc-en-ciel, ça devrait au moins le faire tenir. Ca ira, t'en fais pas. »

Elle hocha lentement la tête, finissant de sécher ses larmes et son nez qui coulait. A son tour, elle enlaça ses amis, avant de sourire.

« Je crois que tu vas pouvoir jeter ton T-shirt, Kiiro... »

En effet, dans ce réconfortant câlin de groupe, le blondinet s'était collé au pinceau de Queulorior et voilà qu'il avait des traces bleues sur son haut. Celui-ci haussa les épaules en souriant, et frotta amicalement la tête du Pokémon.

« C'est pas grave, j'm'en fiche. J'en ai plein d'autres des vêtements. Par contre Mizuiro, t'es vache, j'croyais qu'on devait aller voir le sapin de la grande place tous ensemble, mais ma mère m'a dit t'y avoir vu ! T'aurais pu nous attendre ! »

Il disait surtout ça pour détendre l'atmosphère mais devant l'air mi-courroucé, mi-inquiet de la fillette, il se sentit prit au dépourvu. Il la regarda, un peu surpris.

« Bah quoi ? »
« Ta mère lui a parlé de la même chose. Mais apparemment, Mizuiro est rentrée directement chez elle quand on s'est dit au revoir, alors ça peut pas être elle. »
« Bah c'était qui alors ? T'as une sœur jumelle ? Un sosie ? »

L'enfant secoua la tête. Non, elle était fille unique. Kiiro en réponse soupira, et haussa les épaules. Tant pis, ils avaient d'autres choses plus urgentes en tête. Il se tourna donc vers le Queulorior qui semblait satisfait que la tension soit retombée. Il tapota la tête du Pokémon dans un geste affectueux.

« Tu t'es bien réchauffé et t'as bien mangé toi. Mais ta peinture nous aiderait pour un service, tu veux bien rester un peu jusqu'à demain soir ? Attention par contre, on repeint pas toute la maison ! »

Il hocha la tête avec un sourire, et les enfants passèrent le reste de l'après-midi à planifier leur sortie. Ils n'avaient certes pas la dernière couleur, mais ils devraient déjà bien aider l'oiseau légendaire, non ? Ils avaient prévu de se donner rendez-vous dans l'après-midi, et de dire aux parents qu'ils allaient se promener ensemble. Ils rentreraient, si tout allait bien, le soir. Mis à part quelques Pokémon sauvage, la tour n'était pas dangereuse. Il faudrait cependant que chacun parvienne à subtiliser les couleurs qu'ils venaient emmener. Et surtout, paraître naturels, ne pas se faire retenir par leurs familles, sinon leur plan allait être compromis. Pour Kiiro, il avait son excuse. Mizuiro arriverait à trouver une excuse basique aux domestiques qui s'occupaient de la maison. Akai aurait plus de mal, mais il devrait tout de même parvenir à trouver une excuse valable. Ils avaient rendez-vous juste après le déjeuner dans le parc pour enfants. Là, ils partiraient vers la Tour Carillon. Ca leur semblait être une bonne idée. Ils se séparèrent à la fin de la journée sur cette élaboration de programme. Mizuiro et Akai rentrèrent chez eux, et le petit garçon put se faire accueillir en fanfare par une Plumeline qui semblait avoir vécu comme une haute trahison le fait d'avoir été abandonnée ici.

Le lendemain matin, le petit garçon brun se prépara. Il profita que ses parents soient occupés à se préparer pour la journée pour mettre dans un sac quelques provisions, la confiture et le nectar au fleur mauve de Plumeline. L'oiselle l'avait aidé à l'attraper, comme au premier jour. Elle ne le lâchait plus, et il ne savait pas quoi faire pour réussir à sortir sans qu'elle ne veuille le suivre. Il n'eut cependant pas à chercher trop loin. Alors qu'ils étaient à table, son grand frère annonça qu'il avait encore quelques petites recherches à faire sur Plumeline et aurait besoin d'elle. Akai sauta sur l'occasion pour expliquer qu'il devait rejoindre Mizuiro et Kiiro au parc. Et lorsque ce fut le moment, il partit discrètement, rejoignant le parc de jeux pour enfants. A nouveau, il épousseta une balançoire couverte de neige, et s'assit dessus, observant Rosalia recouverte de neige. Il y avait quelques bonhommes de neige qui tenaient vaillament debout dans un coin, même si un Pokémon sauvage avait subtilité les carottes qui servaient de nez. Il fut vite rejoint par Kiiro et Queulorior. Cette fois, il était à l'heure, et c'était Mizuiro qui était en retard. Ils discutèrent de tout et de rien en l'attendant. Elle ne tarda pas longtemps, et Akai se leva en l'apercevant, lui faisant un signe du bras auquel elle répondit. Elle s'avança vers eux en trottinant, tout sourire.

« Salut ! Ca va ? T'es prête ? »

Sans se départir de son grand sourire, elle hocha la tête, les mains dans les poches, l'air particulièrement joviale. Akai fronça les sourcils mais ne dit rien, alors que son ami enchaînait.

« Tu as pris ton sac avec tout ce qu'il fallait dedans ? »

Il y eut comme un moment de flottement, alors que Mizuiro ne semblait pas savoir comment réagir. Elle continuait de sourire, d'un sourire large et un peu benêt, sans répondre. C'était comme si elle ne savait pas de quoi les garçons parlaient, et ça commença à les inquiéter.

« Tu vas bien ? Les domestiques t'ont chopé et tu peux pas venir ? »

Encore ce silence, encore ce sourire presque inquiétant. Elle ne répondait pas, et ça commençait à les inquiéter. Qu'est-ce qui avait pu se passer... ? Ils hésitaient à bientôt prendre la poudre d'escampette, et réviser leur plan, lorsque Mizuiro arriva. Les deux garçons se regardèrent, comme s'ils devenaient fous. Il y avait leur amie en un deuxième exemplaire, qui arrivait vers eux, tout en souriant et en leur faisant des signes. Son sourire avait l'air plus naturel cela dit, et elle au moins, elle parlait.

« Bloupy ! Je t'avais dit de m'attendre, vilain ! »

Et la Mizuiro qui parlait attrapa son reflet, son double, et commença à le chatouiller. La Mizuiro au sourire angoissant commença à rire, à lever les bras en l'air et à s'agiter comme de la gelée. Puis, elle se ratatina, se liquéfiant littéralement, avant de finir en un petit tas rose remuant au sol en agitant les bras. Devant les deux enfants qui avaient l'air d'avoir vécu un véritable cauchemar, de voir leur amie avec un air de psychopathe, puis devenir une curieuse créature toute rose. C'était particulièrement effrayant. Mais la fillette agit comme si de rien n'était, et ramassa le petit Métamorph qui s'accrocha à son bras, affichant toujours son air de benêt.

« Désolée de vous avoir fait peur ! Je vous présente Bloupy ! C'est lui qui prenait mon apparence. C'est lui qui était au sapin quand ta maman m'a vu, Kiiro. »
« Mais... Comment tu as fait ? »
« En rentrant, on m'a demandé si j'avais passé un bon moment près de la bibliothèque, alors que nous n'y sommes pas passés hier. Je me suis dit que je devais trouver la chose qui se faisait passer pour moi, alors je suis ressortie et je me suis trouvée ! Forcément, j'ai eu peur, mais j'étais surtout énervée qu'on se fasse passer pour moi, alors je lui ai jeté une boule de neige, pour euh... Parce que je me suis dit que ça serait une bonne chose. Et pouf, mon reflet s'est transformé en Metamorph. Il avait l'air tout seul, alors je me suis dit que je pouvais le prendre... Du coup voilà Bloupy ! »

Il y eut un petit moment de flottement, puis le petit groupe éclata de rire, d'abord les garçons, puis Mizuiro qui les rejoignit en voyant qu'ils n'étaient pas fâchés. Ce petit moment permit d'évacuer toute la tension, et ils en profitèrent un peu. Quand ils furent calmés, ils se regardèrent un instant.

« Vous êtes prêts ? »
« Oui. En plus nous avons toutes les couleurs maintenant. »
« Bon, alors on perd pas de temps et on y va ! »

Le trio se dirigea vers la Tour Carillon. En ce vingt-quatre décembre, il n'y avait quasiment personne dans les rues, la plupart des gens étaient bien trop occupés à préparer Noël, à aller accueillir leur famille. Les rares personnes que l'on pouvait apercevoir étaient ceux procédant aux achats de dernières minutes. Mais personne ne faisait réellement attention à eux. Avec une certaine appréhension, ils pénétrèrent dans la tour, immédiatement frappé par le calme et... l'austérité des lieux. Ca restait la demeure d'un légendaire, et ça avait un petit côté angoissant pour eux. C'était grand, imposant, écrasant. Mais ils n'avaient pas de temps à perdre. Ils devaient grimper dans le nid, et déposer leurs offrandes avant de repartir. Ainsi, ils s'engagèrent dans les escaliers, Kiiro menant la marche avec autant d'assurance que possible. Il testa un peu les marches, mais en voyant qu'elles avaient l'air de tenir, il commença à grimper, suivi par ses camarades, et par Queulorior. Au début, tout se passait à peu près bien. A un étage, ils croisèrent une horde de Rattata affamés qui les menacèrent, mais Akai avait anticipé les choses. Il sortit de son sac la réserve de biscuits, et en offrit suffisament aux rongeurs pour qu'ils acceptent de les laisser passer. Ils continuèrent leur route, avant d'entendre des bruits désespérés, qui venaient de derrière eux. En effet, des piaillements venaient des étages inférieures. Ils n'avaient pas croisé d'oiseau en venant ici, et ils se demandaient bien ce que ça pouvait être. Jusqu'à voir la petite Plumeline mauve surgir des escaliers, battant maladroitement des ailes et courant aussi vite que ses petites pattes lui permettaient. Quand elle vit Akai, elle piailla plus fort, accéléra et se jeta dans ses bras, toute tremblotante de froid et roucoulante de joie de le retrouver. Elle avait développé un attachement viscéral pour le petit garçon, et ce dernier la rattrapa.

« Tu n'aurais pas dû venir, tu vas avoir froid ! »

Et c'était vrai, l'oiselle était recouverte de neige, elle grelottait. Avec un soupir, le garçon ouvrit son blouson, et laissa la Pokémon se blottir contre son pull, avant de refermer sa veste. Voilà, comme ça elle devrait se réchauffer. Ils reprirent leur marche, silencieusement, avant que Kiiro ne finisse par réagir.

« Dites... Si Plumeline est là... Vous pensez pas que le frangin d'Akai va nous chercher ? Son bébé Pokémon s'est enfui en plein hiver, dans la neige, il doit être en train de lui courir après. »
« Et s'il ne nous trouve pas là où on a dit qu'on jouerait... »
« Alors on va avoir de gros ennuis. »
« On se dépêche, on n'a pas le choix. »

Et les enfants commencèrent à courir. Il leur restait un bon tiers de la tour à grimper. Ils étaient déjà fatigués de toute la marche faite jusque là, mais la course les acheva. Ils n'avaient pas autant d'énergie. Les Pokémon tentaient bien de les aider comme ils pouvaient, mais ils n'étaient pas assez forts ou assez grands pour les soulever. Alors ils les encourageaient, tout comme les enfants s'encourageaient mutuellement pour se pousser à avancer. Ils ne résistèrent pas au besoin de faire une pause de dix minutes à un étage, s'arrêtant pour boire et manger un peu. Ils ne disaient rien, ils cherchaient à économiser un maximum leurs forces, qu'ils jetaient avec une énorme ardeur dans la bataille contre les marches de la tour. Ils ignoraient complètement les Pokémon sauvages pour avancer, bille en tête, ne lâchant pas leur objectif. Lorsque le temps de la pause fut fini, ils se levèrent, et recommencèrent à grimper. Ils en venaient à se demander s'ils auraient la force de redescendre, mais aucun d'eux ne voulait poser la question à haute voix. Ca ne ferait que les préoccuper pour rien.

Finalement, ils étaient devant le dernier escalier. Les dernières marches à franchir pour atteindre Ho-Oh. Voilà qui était... presque angoissant. Akai ouvrit son manteau pour poser Plumeline au sol. Elle était réchauffée maintenant, et elle pouvait marcher d'elle-même. Les enfants se préparèrent un peu, essayant de retrouver une forme de contenance pour ne pas arriver sur les rotules, et complètement débraillés. Les Légendaires n'avaient peut-être pas les mêmes codes que les Hommes, mais ça leur semblait bien de faire ça, un peu comme un signe de respect. Ainsi, ils montèrent les dernières marches avec calme, se tenant droit, aussi fiers que possible. Ils voulaient se montrer digne d'un tel endroit.

Ils découvrirent une vaste place, avec un large perchoir qui menait à l'extérieur. En effet, s'il y avait un semblant de toit, la pièce était très haute de plafond, et les accès à l'extérieur étaient ouverts sur les côtés. C'était une superbe pièce, et au centre de celle-ci trônait un énorme nid. Il était réellement gigantesque. Mais probablement moins grand que l'oiseau rouge qui sommeillait, confortablement lové dedans. Les trois enfants déglutirent, brusquement tétanisés par la peur. La présence de la bête était... effrayante. Son bec était aussi grand qu'eux. Même leurs trois Pokémon semblaient intimidés. Ils se cachaient à moitié derrière les enfants, et ils étaient tous là, à se demander quoi faire, à prier pour ne pas mourir, pour ne pas offenser le dieu. Finalement, ce fut Mizuiro qui réagit la première. Elle souffla, tout bas :

« On dépose nos affaires, et on s'en va. »

Les deux garçons hochèrent la tête. Akai posa son sac au sol pour en sortir le nectar mauve et la confiture orange. Kiiro sortit cette sauce pour pâtes, à base de basilic et de pignons de pin. Mizuiro s'occupa de poser au sol sa bouteille de liqueur de baies. Il ne restait qu'à Queulorior et Métamorph de faire leur office, mais c'était compliqué pour eux. Comment faire... ?

« Tu crois qu'on peut détacher un bout de Bloopy et le laisser là ? »
« Je sais pas.... »

Ils regardèrent le petit blob rose. Ca valait le coup d'essayer, non ? Après tout, on ne savait pas vraiment de quoi c'était fait. Ca avait un corps un peu mou, très élastique, c'était spécial. Kiiro attrapa un bout du Pokémon de Mizuiro, et commença à tirer. Cependant, dès les premiers signes de douleurs de la créature, il arrêta. Ca ne servait à rien, il était réellement un corps entier, uni, pas comme un Tadmorv. Il regarda ses amis, parlant toujours de cette voix basse.

« On fait quoi pour Queulorior et Bloupy... ? On ne peut pas donner leurs couleurs comme ça. Ou alors il faudrait que Ho-oh se réveille, mais j'ai pas envie de le déranger. »
« … Au pire on reviendra... ? » Hasarda Mizuiro.

Un bruissement de plumes fit sursauter les enfants sur les nerfs. Ils tournèrent lentement le regard vers le nid pour constater que le noble oiseau était réveillé, et les fixait de son regard rubis. Le grand Pokémon se releva, agitant légèrement les plumes de ses ailes et de sa queue. Il se tenait maintenant face aux enfants, les dominant de toute sa hauteur. Il les interrogeait de ses yeux où brillait l'intelligence. Le trio déglutit, ne sachant quoi faire, ou que dire. Et l'oiseau, patient, attendait. Finalement, Mizuiro alla chercher la main d'Akai, puis celle de Kiiro, et les pressa dans les siennes pour se donner du courage. C'était de sa faute s'ils étaient là après tout. C'était à elle d'assumer les conséquences de ses actes.

« Euhm... Bonjour, Ho-Oh. Nous euh... Je m'appelle Mizuiro. Et eux, ce sont mes amis, Akai et Kiiro, avec nos Pokémon. Nous... On était inquiet pour vous. Je vous ai vu rentrer il y a quelques jours pour venir vous reposer ici et... Et je n'ai pas vu d'arc-en-ciel derrière vous. Alors je... Je pensais que vous étiez en train de perdre vos forces. Parce que peut-être que vous avez redonné vie à trop de choses, je sais pas. Mais je m'inquiétais et... Et j'ai convaincu mes amis de venir vous voir avec.... Avec de la nourriture et des Pokémon des couleurs de l'arc-en-ciel dont vous manquiez. Parce que... Je ne sais pas... je me disais que c'était... La bonne chose à faire... On est désolé de vous avoir réveillé... »

Elle baissa la tête, piteuse. Ho-oh lui, observait. Ainsi donc, ces trois petits d'hommes étaient venus lui offrir des cadeaux, de crainte qu'il ne meurt. De la part d'adulte, un tel geste aurait pu paraître prétentieux. Comme si des humains pouvaient sauver le monde en offrant de si petites choses. Mais ces enfants avaient agi parce qu'ils s'inquiétaient réellement pour lui. Ils ne cherchaient pas la gloire comme beaucoup d'adultes, et ils avaient pensé avec leur tête et leur cœur d'enfant. Cela faisait bien des siècles que l'oiseau n'avait pas rencontré de tels humains. Il se pencha donc vers les offrandes apportées. C'était là un étalage de mets très curieux. Il se demandait si c'était bon. Cela dit, il allait les décevoir s'ils pensaient que consommer ces friandises, ou aspirer un peu d'énergie vitale allait lui rendre des couleurs qu'il n'avait jamais eu. En outre, il ne savait pas prendre, il ne savait que donner l'énergie. L'effort était pourtant louable, et ces trois enfants méritaient des réponses. Tournant la tête vers son dos, il fouilla dans les plumes de sa queue, pour en attraper trois. Il les déposa devant les enfants, pour qu'ils s'en emparent. Puis, il se dirigea vers le perchoir, invitant les enfants à le suivre. Ils ne pouvaient pas trop sortir, ils avaient peur de tomber, mais l'oiseau ne comptait pas les mettre en danger. Pointant la tête à l'extérieur, il poussa un long cri mélodieux. Les nuages se dissipèrent, laissant apparaître le soleil qui baigna Rosalia de sa lumière, éclairant également la Tour Carillon. Doucement, le phénix désigna la plume qu'il avait offerte aux enfants, et la lumière à l'extérieur. Il y eut un léger moment de flottement, puis Akai comprit. Il bougea simplement la plume face au rayon du soleil, l'exposant sous divers angles. Mizuiro laissa échapper un petit cri lorsqu'elle comprit ce qui se passait. Elle apercevait dans la plume les reflets d'un arc-en-ciel, alors qu'elle semblait s'éclairer. C'était donc ça, les rumeurs sur les arc-en-ciel de Ho-Oh. Il n'avait pas perdu ses couleurs, c'était simplement son aura naturel, et les plumes de sa queue qui produisaient cette traînée haute en couleurs dans son sillage. Elle se souvint que le soir où elle avait vu l'oiseau, il faisait nuit, il avait commencé à neiger. Il n'y avait pas de lumière dans laquelle produite les faisceaux de couleur. Il s'agissait, au final, d'une banale maîtrise sur la météo. En pensant à tout ce qu'ils avaient fait, à la terreur qu'elle avait ressenti en imaginant le Légendaire en train de mourir, et à sa bêtise de ne pas avoir pensé que ça pouvait simplement être le manque de soleil, la fillette ne résista pas, et sentit les larmes lui venir aux yeux. Elle était partagée entre un immense soulagement, et une forme de honte de ne pas avoir réalisé plus tôt ce qui était à l'origine de ce manque de couleur. Elle avait été si bête... !

Elle sentit Akai poser une main sur son épaule, alors que Kiiro lui frottait le dos pour la réconforter. Le phénix les regarda un moment, stupéfait. Il ne s'attendait pas à voir la fillette pleurer. Doucement, il avança sa massive tête et toucha la joue de la fillette du bout du bec. Il se sentait un peu désolé pour elle, qu'elle se soit trompée à ce point sur son état de santé. Il se redressa, et lâcha un nouveau cri tout aussi mélodieux que le premier. Que les enfants se rassurent, tout allait bien pour lui.

Le légendaire redressa la tête, d'un seul coup aux aguets. Il avait senti une présence dans la tour. Quelqu'un venait. Il regarda les enfants et, du bec, les guida vers la sortie. C'était l'heure de partir, mais ils pouvaient garder les plumes gracieusement offerte, en guise de souvenir. Si ce trésor pouvait leur permettre de conserver cette âme, cette générosité si naturelle qu'ils avaient pu avoir, alors ce voyage en valait la peine.

Les enfants comprirent la situation. Ils ramassèrent leurs affaires, s'inclinèrent face au phénix qui leur rendit le geste, et ils dévalèrent les escaliers, accompagnés par leurs Pokémon. Ils dévalèrent quelques étages ainsi, avant d'entendre les voix se rapprocher. C'était leurs familles qui les cherchaient. Ils voulaient improviser quelque chose, pour éviter que leurs parents ne montent plus haut, et n'aillent voir Ho-oh. Mais que faire... ? Comment retenir l'attention de tout le monde.... ? Ce furent les Pokémon qui trouvèrent la solution, qui agirent rapidement. La petite Plumeline se jeta sur Queulorior, et fit semblant de lui picorer le ventre. En réalité, elle devait plus le chatouiller qu'autre chose, et le peintre le comprit bien, puisqu'il lui rendit la pareille avec son pinceau. Bloupy le Métamorph adopta l'apparence d'un Rattata et se jeta dans la mêlée, utilisant sa Mimi-queue pour à son tour taquiner ses faux-adversaires. Quant aux enfants, ils écoutèrent leur instinct, et commencèrent à les encourager, à donner des ordres pour guider le combat qui n'en était pas un. Jusqu'à ce que leurs parents arrivent. Il y avait le grand frère d'Akai, la mère de Kiiro, et les deux parents de Mizuiro, qui étaient enfin rentrés de voyage d'affaires. En les voyant, la fillette poussa un cri de joie et se jeta dans leurs bras pour manifester sa joie de les retrouver. Les adultes étaient soulagés de retrouver leurs proches. Ils ne savaient pas où ils étaient passés, et ils avaient vraiment eu peur. Autant dire qu'une fois le soulagement passé, le trio se fit sévèrement réprimander. Pendant qu'ils redescendaient, ils entendaient les adultes discuter entre eux de la punition la plus appropriée pour ces trois jeunes gens. Les enfants faisaient profil bas, restant côte à côté. Ils ne disaient rien, mais ils savaient qu'aucun d'eux ne ressentait un regret quelconque par rapport à toute cette épopée. Oh ils allaient être punis. Mais ça en valait largement la peine.

Une fois arrivés en bas de la tour, ils retournèrent chez eux pour se changer, et se préparer à assister au grand rendez-vous du soir : le spectacle des sœurs de Kiiro. Une fois chez eux, ils apprirent la punition qu'ils allaient recevoir. Ce soir était leur dernière soirée ensemble avant une semaine complète de punition, où ils seraient privés de sortie, et de se parler pendant les trois premiers jours. Néanmoins, chaque famille avait su glisser, discrètement, que ça leur laisserait ainsi tout le temps de s'occuper de leur premier Pokémon convenablement, et d'apprendre à le connaître. En effet, chacun d'eux devait recevoir son premier Pokémon ce Noël. Cependant, Mizuiro avait adopté Bloupy. Kiiro lui, s'était attaché à Queulorior grâce à toute cette aventure. Quant à Akai, il avait été adopté par Plumeline. Avec un second Pokémon en plus, ils auraient bien besoin de trois jours complet pour apprendre à s'en occuper parfaitement.

Les enfants prirent une douche méritée après cette course dans la Tour Carillon, et mirent leur plus beaux habits du dimanche pour sortir, et se rendre dans la salle de danse que possédait les sœurs de Kiiro. Ils s'installèrent devant la scène, avec les autres enfants, leurs Pokémon avec eux, tous collés ensemble. La lumière s'éteignit. Les rideaux s'ouvrirent pour dévoiler huit femmes en kimono et leurs Pokémon, en train de se livrer à une représentation de danse traditionnelle, chacune arborant une couleur particulière : bleu, rouge, jaune, violet, noir, vert, bleu glacé, et rose. Akai attrapa la main de Mizuiro, qui s'empara de celle de Kiiro. Et tous les trois restèrent ainsi, main dans la main, la tête pleine de souvenirs, le cœur plein d'émotions, alors que sous leurs yeux, les couleurs de la vie dansaient paisiblement.