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Le Royaume de Kirazann : Les Sources de Vie de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 17/12/2018 à 12:14
» Dernière mise à jour le 18/12/2018 à 10:41

» Mots-clés :   Aventure   Cross over   Fantastique   Médiéval   Mythologie

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Chapitre 16
« Celui-ci ne se considéra pas seulement comme le petit roi d’un pays miséreux ; il tenta de s’élever au rang de dieu en modifiant les gènes mêmes de l’humanité, répétant les erreurs du passé. Ce sacrilège provoqua son irrémédiable chute dans les limbes oubliés du désert. »

Almanach des Anciens, Livre II, La Terre Desséchée, 16.



***


Les vitres leur octroient une certaine intimité, mais Élio se sent tout de même gêné de voir autant de visages les regarder passer. C’est très étrange de défiler sur l’Avenue et de traverser la cité des goélises depuis l’intérieur d’un carrosse.

Quand il aperçoit le toit lointain du cabanon où doit dormir sa mère, Élio se penche un peu plus à sa fenêtre. Mais la carriole avance vite, et c’est déjà trop tard. Les foules de badauds des bidonvilles, ceux qui n’ont pas réussi à aller à l’amphithéâtre par manque de place, sont tous inclinés avec ferveur alors que le carrosse passe.

Élio se rassoit, le cœur battant. C’est très étrange.

Il a l’impression d’être dans un rêve. Et surtout, de ne pas être à sa place.

À sa droite, Natael lâche un gros soupir en s’enfonçant dans sa banquette.

— Prévenez-moi quand on aura atteint Hymnus. Je ne saluerai aucun de ces gueux.

Ambre, qui jusque-là faisait des signes de la main à travers la vitre, le fusilla du regard. Elle cessa d’agiter la main pour répliquer calmement.

— Pour toi, ce sont peut-être des gueux, mais je venais de là avant de devenir soldate. Puis sergente. Et j’ai gagné le tournoi.

Natael, outré, sent le rouge lui monter aux joues. Il garde un silence buté et renfrogné, alors qu’Élio retient un rire dans son coin. Ambre tourne la tête vers lui et sourit en devinant ce qu’il a en tête.

Élio songe qu’elle ne manque pas de panache, et réserve encore bien des surprises. Devenir soldat en étant issu du peuple n’est pas donné à tout le monde, et normalement, impossible de devenir gradé. Ça peut signifier plusieurs choses ; soit elle était trop douée pour que l’Armée rechigne à la nommer sergente, soit elle a été pistonnée d’une certaine façon.

Il la voit mal devenir sergente d’une telle manière. Et après sa victoire, il paraît évident qu’elle a un immense talent.

— Ça fait quoi, d’être… Gardien ? demande-t-elle au garçon.

Celui-ci, surpris qu’elle s’adresse à lui, met un petit moment à trouver les mots.

— Je ne sais pas vraiment… c’est allé trop vite pour moi…
— Oui, c’est vrai, concède-t-elle. Personnellement, je ne m’attendais pas à un titre pareil. Au fond, je regrette déjà un peu ma place de sergente. J’aimais bien ma garnison… mais si je peux me rendre utile en protégeant la princesse, ça me va. Et toi, Natael ?
— Vous me tutoyez encore ?

Ambre soupira devant l’air hautain du blondinet.

— Détends-toi. On est condamnés à se côtoyer, pourquoi est-ce qu’on se vouvoierait ? Tu n’es pas quinquagénaire, pas vrai ?

Natael lâcha un murmure irrité et se tint coi. Élio se serait arrêté, mais Ambre ne semblait pas encore lassée.

— Au fait, n’essaye plus de m’appeler « mademoiselle » comme dans l’amphithéâtre, s’il te plaît. Garde ça pour les jeunes femmes de la Cour, je m’en passerai. Et si tu pouvais mettre du tien pour au moins faire semblant d’être content… Kashim a bien demandé à ce qu’on voit une certaine cohésion entre nous. Même si elle est fausse pour l’instant.
— Je sais, madem… Ambre. Inutile de me prendre de haut, je suis certainement plus à même de me débrouiller que vous à ce niveau-là.

Dehors, les bidonvilles ont laissé place aux maisonnettes un peu plus bourgeoises du nord de la cité des goélises. Le silence est de retour dans la carriole. Élio se rend compte d’à quel point cette journée a été fatigante. Et à quel point elle est passée vite.

Les dernières maisons de la cité disparaissent, remplacées par de vastes champs et des collines herbeuses. De petites forêts éparses et des éboulis rompent la monotonie des plaines de Kirazann, ainsi que quelques vergers que des soldats protègent avec des pokémons. Élio n’a jamais été aussi loin au nord dans le Royaume. L’amphithéâtre a beau être plus loin qu’Hymnus en direction du sud-ouest, sa maison à être plus proche du château et de la capitale que du lieu du tournoi… il a pourtant l’impression d’être réellement loin de sa petite vie d’errance.

Il a atteint une zone surveillée par l’Armée, et va bientôt rejoindre la légendaire capitale de Kirazann, Hymnus, qu’il n’a vu que dans ses rêves.

Il va voir où l’Avenue près de laquelle il a toujours grandi va prendre fin.

Et lorsque viendra le moment de quitter cette route pour obliquer vers la citadelle de la Cour, il sent déjà qu’il en aura le cœur lourd et la gorge serrée.

Mais il sourit.

Il a réussi.

Il a dompté son destin.



***


Hymnus est magnifique.

Les maisons, élancées et symétriques, collées les unes aux autres, ont de jolies façades de pierres, sont décorées de fleurs et d’arbustes aux longues feuilles vertes. Les toits de tuile orange scintillent, les avenues pavées et les trottoirs sont dépourvus de défauts, propres, et promettent des détours dans de petites ruelles qui ne sont certainement pas des coupe-gorges.

Les gens s’inclinent, mais Élio parvient quand même à percevoir la beauté de leurs tenues. Costumes noirs et sobres, pantalons élégants et petits chapeaux pour les hommes ; robes et jupes colorées, ombrelles et éventails pour les femmes. Et les couleurs. Les couleurs ! Qu’ils s‘agisse de devantures d’épiceries, de petit manoir au cœur d’une propriété privée emmurée ou d’une maison de gardes au coin d’une rue, les couleurs sont vives, chatoyantes, et sautent aux yeux. Les teintes de gris de la cité des goélises doivent paraître ternes et sans saveur en comparaison.

Les places sont nombreuses, ouvertes sur d’autres avenues resplendissantes. Les pokémons de compagnie sont nombreux, eux aussi de toutes les couleurs et de tous les genres. Élio se rend compte qu’il en connaît peu, en découvrant plein d’espèces qu’il n’a jamais vu.

— C’est la Caserne Joyalis, intervient soudain Ambre en se penchant près de lui et en désignant un bâtiment lointain. C’est là que se trouvent les garnisons principales du Royaume, dont la mienne.

Élio oublie la présence trop proche et le parfum de la jeune femme pour contempler avec ébahissement la caserne.

C’est un bâtiment en pierre brut, qui dépasse les maisons d’Hymnus. Une tour carrée et une autre plus arrondie semblent se battre en duel dans un combat de hauteur, ou volètent des pokémons ailés difficiles à distinguer.

— C’est immense… souffle Élio.
— Si tu es surpris par ça, le gueux, tu vas faire une crise dans la citadelle… marmonne Natael en observant l’extérieur depuis l’autre fenêtre.
— Appelle-le Élio la prochaine fois, ou je te garantis que mon poing va avoir envie de te refaire ton fond de teint.

Le ton soudain menaçant d’Ambre fait mouche. Élio se retourne pour constater que le jeune blond devenu pâle. Ses yeux brillent de colère, et ses poings serrés en tremblent presque. Mais bizarrement, l’assurance d’Ambre semble réussir à le contenir. Un peu.

— Pas la peine de me défendre, commence Élio, gêné d’être ainsi protégé. Ce n’est pas très…
— Si, désolé Élio, mais c’est grave, le coupe la jeune femme. Nous sommes des Gardiens, dévoués à protéger la princesse, et par extension le Royaume. Il ne peut pas continuer à considérer le peuple comme un ensemble de « gueux ». Ils font partie de ceux que nous devons protéger, il faut les respecter un minimum. Je refuse qu’il les insulte et qu’il continue de te considérer comme tel.

Élio ne trouve rien à répondre à cela ; et Natael non plus. Un silence revient dans la carriole, qui ne semble en aucun cas gêner Ambre, qui continue de s’émerveiller en voyant bourgeois, nobles et soldats sur le passage de leur véhicule, à genoux ou poings sur le cœur.

La charrette finit par bifurquer, et s’éloigne sur une route moins cahoteuse ; ils ont quitté l’Avenue.

Enfin.



***


La foule est dense, agitée, et les soldats semblent avoir du mal à la contrôler alors que le peuple sort de l’amphithéâtre, dans la bousculade et la joie. Arya songe avec soulagement qu’aucune goutte d’alcool n’a été distribuée pendant le tournoi dans le public, et heureusement. Il y aurait sans doute eu un chaos pire encore, et probablement quelques bagarres dans le lot.

Les charrettes de retour sont prises d’assaut par les gens ; un tiers d’entre elles, déjà envahies et très chargées, sont en train de s’éloigner sur la route, avec lenteur. L’Armée surveille le tout d’un œil vigilant, aidé par des pokémons vol et psy qui observent la foule depuis les airs.

Arya abandonne l’idée de monter dans une carriole en voyant à quel point il faut jouer des coudes pour s’en approcher. Elle rebrousse chemin, et slalome entre des groupes bavards avant de finalement s’extirper un peu du fleuve humain.

Elle décide de rentrer à pied ; après tout, elle l’a fait à l’aller. Même si à ce moment, elle avait été accompagnée. Tant pis. Ce sera sa punition pour avoir perdu.

Étrangement, elle ne s’en veut pas trop, d’avoir fini le tournoi comme ça. Elle n’aurait rien pu faire contre Natael. Et elle est finalement assez heureuse pour Élio. Même s’ils se connaissent peu, elle a compris après ces quatre jours passés en sa compagnie qu’il n’est pas vraiment ordinaire, même s’il s’obstine à penser le contraire.

Lui, au moins, il a un double-type, et assez peu commun ; et contrairement à elle, il garde son sang-froid dans les situations problématiques, et peut faire preuve d’une grande concentration. Sans parler de sa vitesse.

Elle est simplement déçue de ne pas avoir pu le voir avant qu’il ne soit emmené vers la capitale. Elle espère au fond d’elle qu’il se souviendra d’elle quand il sera le Gardien de la princesse Libellion.

Arya a conscience de n’avoir qu’un second rôle ; c’est normal pour une fille du peuple. Frustrant, mais normal.

— Non d’un magicarpe ! C’qu’ils sont usants, ces sauvages !

Arya tourne la tête ; un homme bien bâti, d’une soixantaine d’année, aux cheveux gris et à la peau hâlée, marche à grands pas de l’autre côté de la route. Équipé d’un chapeau de paille et mordillant une grande tige en marmonnant, il n’a pas l’air méchant, mais fortement irrité. Sans doute a-t-il essayé de monter dans une charrette, sans succès.

L’une d’elles passe sur la route, forçant Arya à s’arrêter sur le bas-côté pour la laisser passer. D’un coup d’œil, elle constate le nombre de personnes installées sur la carriole ; il devient étonnant que les engins puissent supporter un poids aussi conséquent. Certains tiennent en équilibre, suspendus sur les côtés du véhicule, prêts à tomber à tout moment.

— ‘sont fous, ces gens ! lance le vieil homme en accélérant.

Il avance à grands pas, et croise le regard vert et curieux d’Arya, avant de sursauter. La jeune fille détourne la tête et reprend son chemin. Elle ignore tout de cet individu, mais elle craint qu’il ne rejette sa colère sur elle. Dans ces moments-là, mieux vaut baisser la tête et se faire discrète.

— Oh, tu s’rais pas la fille qui traînait avec Élio ?

Arya retient un soupir. Il ne manquait plus que ça : qu’elle soit reconnue ! La célébrité ne l’intéressait pas. C’était le genre de choses à attirer des problèmes.

— Euh… non… je dois lui ressembler, mais…
— Si, si, Élio m’a un peu parlé d’toi ! dit l’homme en s’approchant d’elle pour cheminer à ses côtés. T’inquiète pas, j’vais pas t’manger, je suis un ami à lui. P’t’être bien l’seul, d’ailleurs, le connaissant…

Arya, surprise, relève la tête vers le vieil homme. Il continue de mâchonner sa brindille, fixant l’horizon comme pour s’y téléporter le plus vite possible. La jeune fille manque de trébucher dans un nid-de-poule, et l’homme lui saisit le bras pour l’empêcher de tomber.

— Attention, p’tite ! C’est pas l’moment d’se casser la cheville, il reste du ch’min à faire pour atteindre la cité !
— Merci.

Elle se reprend ; et ils sortent au même moment de la zone que les soldats surveillent. Ils passent devant un groupe armé chargé de surveiller les entrées et sorties, et la route un peu sableuse s’élargit. L’Avenue et ses graviers apparaissent plus loin, au détour d’un virage.

— Vous connaissez Élio, alors ? questionne Arya.
— Bien sûr, depuis qu’il est tout p’tit ! J’suppose qu’il t’as pas parlé de moi, pas vrai ?
— Non, je ne crois pas…

Elle se mord la lèvre en se disant qu’elle n’a pas vraiment laissé le garçon trop s’étendre dans leurs conversations. Elle avait vite compris qu’il n’était pas si bavard, et… sa fâcheuse tendance à trop parler l’a sans doute empêchée de faire très attention à lui.

Elle se rend compte avec gêne qu’elle ne sait quasiment rien du garçon. Il va vraiment falloir chasser cette mauvaise habitude de trop se concentrer sur elle-même…

— C’est pas l’genre à parler d’lui gratuitement, cet Élio, marmonne le vieil homme. Au fait, j’m’appelle Steban.
— Moi, Arya.
— C’était impressionnant, c’tournoi, hein ? J’en revenais pas, en voyant toutes ses attaques exploser d’partout… j’en r’viens toujours pas. Et dire qu’Élio a gagné. J’me d’mande si c’est une bonne nouvelle, c’t’histoire de gardien, quand même ! Connaissant le p’tit, il va s’faire du mouron pour sa mère…
— Sa mère ?

Arya et Steban cheminent côte à côte sur l’Avenue, ignorant le flot de charrettes qui continuent de les dépasser. La jeune fille et le vieux pêcheur discutent tout en marchant, à peine remis de cette rude journée de combats, et pressés de rejoindre la cité des goélises pour profiter d’un peu de repos.



***


Élio se penche vers la vitre. De son côté défilent des arbres, une forêt épaisse où il semble difficile de marcher sans être pris dans des ronces ; en jetant un coup d’œil vers le ciel, il comprend que c’est le sud. La cité des goélises doit être quelque part derrière ce bois, plus loin, certainement trop loin pour la rejoindre à pied en moins de quelques heures.

Du côté de Natael et Ambre, le garçon n’aperçoit qu’un mur de pierre grise, immobile et visiblement épais. Seraient-là les murs du château ?

Quand il pose la question, après une hésitation, à Ambre, elle secoue la tête :

— Non, ce sont les murailles entourant la citadelle. Nous nous rendons derrière.
— Quelle différence entre la citadelle et le château ? demande Élio.

Natael soupire de dépit depuis sa banquette. Bras croisés, il regarde obstinément à l’extérieur mais répond, prenant au dépourvu les deux autres.

— La citadelle comprend tout ce qui se trouve derrière ces murs. La Place Centrale, les maisons de garde, les quartiers de la noblesse, la salle de banquet, la cathédrale d’Arceus, le château…

Il se tait, et, ayant conscience que les autres le fixent avec surprise, il soupire et ajoute :

— Ne pas savoir ça, c’est honteux.

Élio, agacé, rétorque :

— Et comment je pourrais le savoir ? Je n’ai pas grandi ici.
— Et ça se voit.

Un silence tendu s’installe. Ambre semble se retenir d’intervenir, de justesse.

La charrette ralentit soudain, et la jeune femme pointe du doigt le petit bois à leur gauche, où est apparue une large avenue pavée et déserte.

— Là-bas, au bout de la route, il y a l’autel d’Arceus. C’était un lieu de recueillement, avant.

Élio ne voit qu’une route parfaitement droite transpercer l’épaisse forêt et se perdre dans la pénombre des feuillages ; il hoche la tête, curieux et ne sachant pas trop comment imaginer cet autel.

La religion d’Arceus, bien qu’encore présente, n’est plus vraiment prise au sérieux. C’est davantage quelque chose d’ancien et de révolu, une curiosité historique, qu’un véritable culte contemporain. Élio n’a même jamais aperçu un seul moine ou prêtre de toute sa vie. Encore moins un lieu dédié à la prière.

Il comprend, quand la charrette tourne à angle droit avec une lenteur mesurée, que cette route rectiligne qui va vers l’autel est dans la continuité de celle qui passe par les grandes portes ouvertes dans les murailles de la citadelle.

Ils se faufilent dans l’ouverture, et l’ombre des remparts leur cache un instant le soleil. Ils débouchent de l’autre côté, et Élio a le temps d’apercevoir des gardes royaux, dans des armures rutilantes, refermer les portes en lançant des ordres brefs.

Et là, il est stupéfait.

De ses yeux admiratifs, il scrute les bâtiments imposants, les sculptures aux courbes subtiles, les arbres taillés et les coupoles transparentes qui défilent de chaque côté de la voie royale. Il aperçoit un clocher, une tour de garde immense, la façade ciselée d’une longue maison de plusieurs étages — est-ce un palais ? — et il remarque même des gens, des nobles sans doute.

Des hommes en costume sombre, avec des gants de velours, et des bottines en cuir se promènent, avec généralement une femme à leur bras, vêtue d’une ample robe claire, d’une ombrelle ou d’un éventail aux motifs colorés.

Élio a l’impression d’être entré dans un autre monde. Où sont les mendiants ? Les épiceries ? La forêt ?

Il voit des couafarel être brossés avec soin par ce qui semble être un serviteur, dans une petite cour ombragée par des arches en rotin. Des plantes grimpantes s’enchevêtrent habilement sur les façades ; rien ne semble naturel. Tout et contrôlé, vérifié, calculé.

Élio a conscience que ce n'est pas naturel, et construit de la main de l'homme. Mais contrairement à nombre de créations humaines, il trouve tout ça magnifique. Maîtrisé.
Il prend soudain conscience d’à quel point le peuple vit dans des conditions misérables. Ici, c’est un véritable petit paradis, une bulle à l’écart du monde. À quoi servent donc les murs de la citadelle, si ce n’est d’égoïstement garder cet endroit pour soi, de le cacher des yeux du peuple ?

— Ça va être le moment de sortir, constate Ambre. Tu te souviens quoi faire, Élio ?

Il acquiesce. Cet homme, Kashim, le leur a expliqué en détail. Et surtout à lui.

Il allait falloir passer dans une allée de soldats royaux, sous leurs épées levées, et avancer en suivant le tapis rouge jusque dans le château. C’était plutôt simple, mais il doit aussi se rappeler de saluer les nobles qu’ils vont sans doute croiser sur place ; et, en signe de respect, porter un poing sur son cœur et baisser légèrement la tête.

La carriole s’arrête. Natael remet en place son col légèrement de travers, Ambre rejette ses cheveux recoiffés derrière son épaule, et Élio époussète le costume trop raide que Kashim lui a demandé d’enfiler un peu plus tôt, avant de s’éclipser.

La porte latérale s’ouvre sur un serviteur, qui s’incline très respectueusement devant eux. Et Élio emboîte le pas aux deux autres.

Tentant tant bien que mal de se mettre dans la peau d’un des trois Gardiens, protecteurs de la princesse.