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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 06/12/2018 à 10:33
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:36

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 16 : Libres ? [Arc 2 : Le Vallon du Silence]
« Lorsque l’ombre t’est refusée, choisis la lumière puisque être visible est souvent le meilleur moyen de ne pas être vu. » Pierre Bottero.


***


— Lyco, qu’est-ce que tu as fait ? cria férocement une voix féminine.
— Enfoiré ! rugit un homme. Sale traître !

Des voix, des cris, des pleurs ; le bruit des flammes qui grondent. Un souffle chaud, insupportable. Des bruits de pas précipités, des ordres secs, un fouet qui claque, une détonation sourde.

Une odeur métallique, presque enivrante. Une épaisse fumée malodorante. Les lueurs rougeoyantes, qui s’élèvent haut dans le ciel, dévorant tout sur la plaine à l’agonie. Le vent, froid, glacial. Les bruits lointains et étouffés.

Un sentiment amer ; regret, ou impuissance ?

Le souvenir s’étiole, se défragmente, s’échappe et devient poussière…



***


Le mur écroulé de l’Arène avait laissé place à une ouverture. Une ouverture qui avait stupéfait l’Arène entière ; prisonniers comme pokémons, soldats de Mervald comme spectateurs horrifiés.

Le massacre sembla presque se dilater, suspendu, figé. Tous les regards se tournèrent là, vers l’horizon désertique qui s’étendait à perte de vue. Le vent s’engouffra dans l’Arène, emportant avec lui un nuage de sable et de poussière.

Puis les choses reprirent leur cours ; les spectateurs fuyaient les gradins, se piétinaient. Les pokémons massacraient, criaient, ou profitaient du chaos ambiant pour s’évader.

Lacrya attrapa la main valide de Lyco, craignant de lui faire mal en l’attrapant de l’autre côté ; son bras cassé par les gravats risquait d’être une gêne, mais la jeune fille n’avait aucune envie de cracher sur une porte de sortie aussi évidente, tout comme elle refusait de laisser Lyco derrière elle. Il était bien le seul qu’elle pouvait considérer comme un ami, depuis la disparition d’Othéus et Hank.

Le garçon, éberlué, semblait avoir du mal à reprendre ses esprits.

— Lyco, plus vite ! On y va !

Des prisonniers les avaient déjà dépassés pour sortir. Les pillards étaient dehors, en train de courir vers les premières dunes. Lacrya jeta un coup d’œil en arrière. Aucun insecte n’avait l’air de leur accorder d’attention pour l’instant, mais ça n’allait sûrement pas tarder : Lyco était blessé, et les bêtes affamées s’attaquaient généralement aux malades et à ceux qui traînaient. C’était dans leur nature de prédateur.

— Allez ! lança-t-elle, nerveuse.

Lyco reprit du poil de la bête et la suivit énergiquement. Lacrya et lui passèrent par-dessus des gravats ; le sol se mit à trembler légèrement. Un grondement sembla émerger des entrailles de la terre. Le Condamné s’agitait, là-dessous.

Les deux amis sortirent à l’air libre ; l’Arène et la prison dans leur dos, ils jaillirent au-dehors. Lyco légèrement en retrait, Lacrya se mit à sprinter en apercevant de côté et d’autre des prisonniers qui se faisaient arrêter par des soldats armés de lances et de fusils. Il y en avait de petits groupes face à une foule de prisonniers, s’en sortir n’était pas encore impossible. L’agitation qui régnait leur laissait encore de la marge.

Plus loin sur leur gauche, les premières traces de Méranéa apparaissaient : des bicoques en bois, des cabanons, des tentes ; on entendait des cris, des voix, des pleurs, et une odeur de fumée et de sueur imprégnait l’air pourtant balayé par un vent chaud et puissant.

Un groupe de soldats remarqua les deux compagnons. L’un d’eux leva son fusil ; un migalos solitaire se rua sur le garde, le faisant lâcher son fusil. Ce coup de chance était l’opportunité qu’il leur fallait.

— Suis-moi ! s’écria Lacrya à Lyco, sans vérifier s’il la suivait encore.

Il allait forcément la suivre.

La liberté, il en rêvait toujours. Lacrya savait que cette envie était liée au fait qu’il avait totalement oublié à quoi ressemblait le monde extérieur.
Il serait bien triste quand il apprendrait la vérité.

Et elle se demandait elle-même pourquoi elle était si pressée, d’un coup, de se retrouver dehors.

— Cours !

Lacrya se faufila entre des prisonniers en piteux état, et émergea de l’autre côté, évitant de peu la lance d’un soldat qui se planta dans le sol presque rocailleux à ses pieds ; en regardant derrière elle, elle vit que Lyco la talonnait de près, et se méfiait du soldat qui les avait visés. Mais il n’avait pas d’arme à feu et se contenta de leur courir après sur quelques mètres. Avant de faire demi-tour et d’empêcher une autre grappe de prisonniers de les suivre.

Lacrya sentit le sol s’amollir sous ses pieds ; ils arrivaient dans la phase dangereuse. Le début des dunes. La frontière entre Méranéa et le Désert de la Désolation.
Le danger était immense, dans ce désert. Les soldats allaient les voir de loin, les traquer et les attaquer à distance. Ils utiliseraient des pokémons comme montures pour les rattraper. Sans compter que Lyco et Lacrya étaient affaiblis par la faim et leur séjour en prison, et que la soif allait devenir leur pire ennemie désormais. Tout comme la chaleur qui pesait déjà en ce brûlant début d’après-midi.

— Vite, Lyco !

Lacrya apercevait des prisonniers qui s’éparpillaient dans le désert ; le groupe des pillards était loin et fonçait vers le sud-est. Lacrya suivit leurs traces toutes récentes. Pour survivre, il fallait suivre ce groupe. Ils avaient l’air de se débrouiller et d’en savoir beaucoup.

— C’est quoi, là-bas ?

Lacrya se retourna ; Lyco désignait les bidonvilles qui étaient visibles d’un côté de l’Arène. Bidonvilles dont la vision ne fit chaud ni froid à la demoiselle ; elle avait beau avoir grandi dans un endroit similaire, ce genre de chose ne lui manquait en rien.

— Ça, c’est le mauvais quartier de Méranéa, la capitale de Mervald. Les bons quartiers sont de l’autre côté de la prison.

« Bons quartiers ». Elle ne put s’empêcher de sourire à sa boutade. Il ne devait pas y avoir plus de quinze maisonnettes en pierre, même dans ce que le gouverneur appelait « capitale ».

Lacrya remarqua à quel point l’Arène étaient grande et haute, tout comme le palais de Mervald qu’on apercevait en retrait du bâtiment ; rien n’avait changé depuis ces quelques mois d’enfermement. Tout paraissait toujours beau de loin, et tout devait encore être désolant de près.

Trois soldats postés sur une dune les aperçurent, et firent feu dans leur direction. Lyco et Lacrya sprintèrent de plus belle, en zigzaguant pour ne pas faire de cible facile. Des balles sifflèrent plusieurs fois, puis plus rien ; les soldats n’avaient pas l’air de s’aventurer trop loin dans le désert. Du moins, pas tout de suite. Lacrya savait que ça ne tarderait pas à grouiller de bourrinos et de galopas dans le coin. Montés par des soldats surarmés chargés de les ramener à l’Arène, ou bien de les exécuter sur place.

Les troupes de Mervald ne faisaient jamais dans la dentelle.

Lacrya courut à en perdre haleine. Elle invectiva les pillards au loin pour qu’ils les attendent. Ils ne l’entendirent pas, ou alors ils l’ignorèrent, difficile à dire. Un essaim de dardargnans passa au-dessus d’eux en vrombissant ; les bêtes fuyaient vers le sud.

— Lyco, on doit rattraper les pillards ! lança-t-elle par-dessus son épaule.
— Pourquoi ? Ils sont dangereux, non ?
— Les soldats vont nous traquer dans le désert, et on n’a nulle part où se cacher ici ! s’énerva la jeune fille. Fais-moi confiance, on doit les suivre. Je crois qu’ils essaient de prendre la route la plus courte pour quitter cet endroit. Ils vont vers les Forêts de l’Est !

Le garçon se porta à la hauteur de Lacrya. Il était essoufflé, tout comme elle, et son bras cassé le faisait probablement souffrir à chaque pas. Pourtant, il ne se plaignait pas et la suivait tout de même. Lacrya fut surprise par sa ténacité. Sa ténacité et son regard brillant. Il paraissait avoir du mal à réaliser ce qu’il se passait.

Il était vrai que Lacrya avait l’impression de courir en plein rêve ; mais c’était bel et bien la réalité.

— Si c’est le seul moyen, je ne vois pas beaucoup de solutions pour les rattraper ! rétorqua-t-il entre deux enjambées. Ils ne nous attendront jamais !

Lacrya savait que Lyco avait raison ; mais les pillards n’étaient qu’à deux cents mètres. Les rattraper n’était pas encore impossible. S’imposer dans leur groupe, ça, ce serait compliqué. Mais Lacrya ne voulait pas y rester longtemps ; juste assez pour pouvoir quitter le Désert de la Désolation en sécurité…

La jeune fille accéléra et répliqua :

— Si tu n’arrives pas à me suivre, c’est pas grave ! Je vais essayer de les ralentir pour les forcer à t’attendre !

Elle disait cela en sachant que Lyco allait certainement courir moins vite qu’elle. Son bras cassé le ralentissait et le déséquilibrait pendant sa course. Et de toute façon, il avait beau savoir mieux se battre et avoir de bons réflexes, Lacrya s’estimait plus rapide.

Lyco tenta d’abord de la talonner, mais rapidement, la jeune fille entendit sa respiration saccadée s’éloigner peu à peu ; le regard fixé sur le dos des pillards, elle resta concentrée. Ils se rapprochaient. Lentement, mais sûrement. Il allait falloir être endurant.

Des cris retentissaient au loin, dans les bidonvilles. Un gros panache de fumée noire s’élevait par-dessus l’Arène, signe qu’une partie des bâtiments avaient dû prendre feu. Une lointaine secousse fit légèrement vibrer les dunes autour d’eux. Le Condamné était décidé à sortir, semblait-il. Des coups de feu lointains retentirent par salves. Des détonations sèches, des cris.

Lacrya les ignora et cria devant elle :

— Attendez !

Les pillards n’étaient plus si loin ; ils devraient pouvoir l’entendre.

Quelques-uns tournèrent vivement la tête vers elle. Aucun d’eux ne ralentit. Ils couraient comme elle, le plus vite possible. L’un d’eux fit un signe à Lacrya, qu’elle ne réussit pas à interpréter. Elle regarda derrière elle et comprit qu’il venait de l’alerter d’un danger imminent.

Un groupe de quatre soldats à dos de bourrinos était à leurs trousses.

Si ces pokémons n’étaient pas réputés pour leur vitesse de pointe, ils n’en étaient pas moins bien plus rapides qu’eux dans les dunes. Et Lyco, à une dizaine de mètres en arrière, peinait à garder le rythme.

Lacrya n’hésita même pas : elle cessa de courir après les pillards et attendit que Lyco parvienne à elle. Le garçon l’interrogea du regard :

— Des soldats, siffla-t-elle en les désignant.

Elle était la seule à avoir gardé cette épée un peu trop lourde à son goût. Contrairement à Lyco qui n’avait plus que son bras gauche de valide, elle devait se battre seule.

Un regard en arrière apprit à la jeune fille que les pillards s’éloignaient sans faire mine de leur porter secours. Ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Les bourrinos étaient proches, désormais. Ils seraient encerclés dans moins de trente secondes.

A la grande surprise de la jeune fille, Lyco lui arracha son épée des mains.

— Lyco ! Qu’est-ce qui te prends ?
— Il faut qu’on se batte.
— Avec ton bras gauche ? Tu es droitier ! Laisse-moi faire.

Elle ne pouvait pas se résigner à le laisser affronter ces hommes ; sa fierté refusait cette idée, mais c’était aussi l’état du garçon qui l’inquiétait.

Elle n’était pas très confiante sur l’issue d’un combat non plus, qu’il s’agisse de Lyco ou d’elle. Elle s’apprêta à récupérer son arme des mains du garçons, mais il recula d’un pas :

— Non. Reste ici. Avec un peu de chance, mon moi du passé savait se battre aussi de la main gauche.

Lacrya fronça les sourcils, mécontente. Quel idiot ! Risquer sa vie sur une supposition aussi bancale ne lui ressemblait pas. Il allait perdre, c’était certain.

Soudain, Lyco se mit à courir droit vers le bourrinos de tête. Le pokémon, surpris par son arrivée soudaine, se cabra légèrement. Son cavalier, armé d’un sabre recourbé, faillit perdre l’équilibre. Lyco profita de sa seconde de faiblesse pour lui planter l’épée en pleine poitrine. Un jet de sang jaillit, et Lyco lança l’épée en direction d’un bourrinos qui chargeait sur Lacrya.

La lame se planta dans les côtes du cheval, lui arrachant un hennissement de douleur, et le faisant choir dans le sable avec le soldat qui le chevauchait. Lacrya, stupéfaite, vit Lyco saisir le sabre recourbé de sa première victime.

Il bondit et tua le soldat à terre. Mais l’un des deux derniers hommes venait de rejoindre le sol, armé de deux longs couteaux :

— Hé, gamin, pose ton arme. T’as aucune chance.

Le dernier, équipé d’une hache et d’un bouclier, approchait de côté, lentement et sans rien dire.

Lacrya, impuissante, regardait la scène, paralysée. Lyco ne pouvait pas gagner. Il avait eu les premiers par surprise. Il fallait qu’elle intervienne.

Son épée, toujours plantée dans le bourrinos, était irrécupérable ; le pokémons s’éloignait entre les dunes, agité et laissant une trainée de sang derrière lui. Mais le soldat à terre, lui, avait bien une autre lame à sa ceinture…



***


L’homme aux couteaux ou le cuirassé, en premier ?

Lyco hésita. Celui aux couteaux paraissait agile et vif, prêt à le tuer dans le dos ou à la moindre distraction. L’autre, avec sa hache et son bouclier, était sûrement plus lent… Mais il paraissait plus dangereux. Quelque chose, dans son regard...

L’homme aux couteaux attaqua. Lyco para maladroitement son premier coup ; le garçon n’avait clairement pas l’avantage. Son sabre avait une longue portée, mais il était bien moins maniable que les couteaux du soldat. Sans compter que son bras gauche ne lui paraissait pas vraiment habitué à manier une arme…

Quand un couteau fondit vers sa poitrine, Lyco sentit son cœur s’accélérer. Ses muscles se contractèrent, et il eut cette même sensation que face au rhinoféros, au drascore ou aux polagriffes ; celles que son corps prenait la relève de lui-même, poussé par une force étrange, lointaine.

Le garçon, par une torsion improbable, évita la lame.

Puis se prit l’autre dans l’épaule droite, avec un cri de douleur. La chance n’était pas de son côté ; son côté droit était maintenant assailli de blessures diverses.

Reculant en titubant, il comprit que le couteau était resté fiché dans sa chair. Le cuirassé chargea droit sur lui pour l’achever.

Quelle fin ridicule !

Tué par deux soldats après avoir affronté d’immenses dangers en Arène.

Dans un ultime espoir, il leva tout de même son sabre, pour bloquer la hache. Le coup l’ébranla violemment et il tomba à genoux, incapable de résister à la force du cuirassé. C’était terminé. Il avait perdu.

Lacrya surgit à sa droite et il sentit quelque chose tomber sur ses genoux en versant du sang. Lyco se releva d’un bond, répugné, en se rendant compte qu’il s’agissait de la tête du cuirassé.

Lacrya, profitant de l’effet de surprise et usant de sa souplesse, passa sous la garde du soldat et planta sa lame dans son ventre ; il grogna des jurons en agitant ses couteaux, mais la jeune femme avait déjà reculé vivement, méfiante.

Elle recula près de Lyco. Le soldat lâcha ses couteaux et tint son ventre ensanglanté, en tentant vainement d’arrêter une hémorragie qui formait déjà une grande flaque sombre dans le sable.

— On s’en va ! cria-t-elle en faisant demi-tour.

Elle attrapa son bras et l’attira vers un des seuls bourrinos resté calme malgré la proximité du combat. Lacrya l’aida à monter en selle et sauta devant lui en prenant les rênes.

— Accroche-toi !

Lyco entoura sa taille fine de son bras valide. Il ne se résigna pas à lâcher ce sabre qui l’avait accompagné dans chaque combat d’Arène, et parvînt à l’enfiler dans un fourreau prévu à cet effet, sur un côté de la selle. Le bourrinos, bien qu’hésitant, ne tarda pas à accélérer en entendant les vociférations de Lacrya.

Au moment où ils s’élevaient au sommet d’une dune, Lyco vit que l’Arène et les bidonvilles étaient encore tout proches sur leur gauche. Des prisonniers affrontaient des soldats, au loin. Il n’y avait pas de trace de pokémons, ou très peu. Il y avait des corps, des feux, des flaques de sang. Et de la fumée, beaucoup de fumée, qui cachait une grande partie du paysage. Un incendie avait été déclaré à l’entrée de Méranéa ; sans doute la faute d’un des pyronilles.

— C’est Karyl, là-bas !

Lacrya désigna des silhouettes devant eux ; entre les dunes, les restes du groupe de Karyl affrontaient quelques soldats tenaces… et des habitants des bidonvilles ?

Lacrya semblait stupéfaite.

— Les gens profitent du chaos pour se rebeller ! C’est l’occasion ou jamais de s’en sortir !
— Et là-bas, ce sont les pillards ? interrogea Lyco.

En effet, plus loin encore, ceux-ci étaient tombés nez à nez avec une douzaine de soldats escortés de deux arcanins imposants.

— On les aide ou on s’enfuit ? demanda Lacrya en forçant leur monture à contourner le groupe de Karyl.
— On les aide. Tu as dis toi-même qu’on aurait besoin d’eux.
— Passe-moi l’épée et reste sur le bourrinos, compris ?

Elle se retourna à moitié sur la selle et s’énerva :

— Lyco, ton épaule ! Tu aurais dû me prévenir que ça pissait le sang comme ça ! Tu veux vraiment mourir ou quoi ?

Cherchant quelque chose des yeux, Lacrya finit par mettre le bourrinos au pas et s’emparer de l’arme… qu’elle brandit au-dessus de sa jambe.

— Tu fais quoi ? s’inquiéta le garçon.
— Je te fabrique un bandage, crétin !

Elle découpa son pantalon sans vraiment faire dans la dentelle. Elle se retrouvait avec la jambe droite dénudée, mais ne sembla pas s’en soucier. Elle laissa le bourrinos continuer d’avancer avec lenteur, en vérifiant brièvement les alentours.

— Si quelqu’un approche, préviens-moi !
— D’accord.

Il la laissa serrer le tissu autour de son épaule, avec force. La douleur s’imposa à lui et il se retint de montrer à quel point ça faisait mal. Lacrya se détourna en soupirant :

— J’espère que tu tomberas pas dans les vapes… ‘manquerait plus que ça.

Il était vrai qu’il avait perdu beaucoup de sang. Il s’était habitué, dans l’Arène. Et le fait que Molch les soigne à chaque fois avait dû le rendre insouciant à cet égard… il ressentait bien quelques vertiges, mais c’était loin d’être si grave. La fatigue, elle, commençait à apparaître alors que l’adrénaline redescendait progressivement. Il se voyait mal combattre si d’autres soldats se mettaient sur leur chemin.

L’idée que Lacrya soit la seule à pouvoir les défendre l’angoissait. Non pas pour sa propre sécurité, mais pour la sienne. Perdre Hank et Othéus avait été dur pour lui aussi. S’il perdait Lacrya… il n’aurait plus personne sur qui compter. Et il se retrouverait définitivement seul. Seul contre tous.

Au détour d’une dune, Lacrya stoppa le bourrinos et sauta à terre. Elle le pointa du doigt d’un air accusateur :

— Et cette fois, tu restes ici, compris ? Tu vas pas faire le malin là-bas, sinon tu le regretteras ! Rejoins-moi quand on a fini, et… si ça tourne mal, fuis le plus vite possible dans cette direction, vers l’est !

Et Lacrya s’élança vers les pillards et les soldats. Lyco, impuissant, la regarda s’éloigner vers les pillards encerclés.



***


Un arcanin était mort, ainsi que deux soldats. Les pillards qui savaient le moins se battre étaient rassemblés en cercle et entourés des plus forts. Darren affrontait deux soldats en même temps. Il paraissait en difficulté.

Lacrya, en courant vers eux, remarqua que plusieurs fusils brisés en deux étaient éparpillés au sol, parmi des douilles et quelques gouttes de sang. La jeune fille comprit que malgré la force et l’organisation des pillards, certains étaient touchés. Elle enjamba un cadavre de soldat et fonça dans la mêlée.

Elle enfonça son sabre dans le dos d’un soldat ; Boralf, le ronchon qui semblait avoir eu du mal à tenir tête à celui-ci, parut si surpris de voir débarquer la jeune fille qu’il ne la remercia même pas. Il ne l’aurait pas fait, de toute façon, même en d’autres circonstances.

Un aboiement puissant retentit et Lacrya se retourna vivement face au dernier arcanin ; bien que blessé, le pokémon représentait un plus grand danger que n’importe quel homme de main de Mervald.

Bakrom surgit et taillada le pokémon de part en part ; celui-ci lâcha un glapissement et tomba dès l’instant où le garçon aux cheveux noirs trancha les artères de ses pattes puissantes. Lacrya songea qu’elle n’aurait pas aimé être l’ennemi de ce type. Bien qu’âgé de seulement dix-sept ou dix-huit ans, il était d’un niveau semblable à celui de Lyco au premier abord. Ses techniques étaient similaires aux siennes, et c’était assez troublant. Sa vitesse paraissait inhumaine, elle aussi…

— Qu’est-ce que tu fais là ? rugit Darren.

C’était à Lacrya qu’il s’adressait, évidemment. Un coup de hache tua le dernier des soldats qui les attaquait.

— Je vous aide, répliqua la jeune fille. Sortons ensemble de ce désert.

Darren la regarda en silence quelques secondes et haussa les épaules :

— Si ça te chante, gamine ! On a besoin de bras pour tenir tête à ces lâches, et une lame de plus n’est pas de refus.
— Tu as laissé tomber Lyco, on dirait, lâcha Ève, la jeune femme blonde, avec une décontraction anormale dans une telle situation. C’est une bonne chose.
— Non, il est blessé, là-bas. Je lui ai demandé d’attendre.

Boralf s’emporta :

— Hors de question qu’il nous accompagne, cet enfoiré !

Lacrya rougit de rage et voulut répliquer, mais Darren s’avança pour tempérer leurs ardeurs.

— Si c’est juste pour aller ensemble à la sortie du désert, allons-y. On n’a pas le temps de discuter ni de nous disputer ! On repart, vite !

Lacrya fit un signe de la main pour que Lyco lance le bourrinos sur leurs traces. Des appels lointains et des grondements résonnaient encore depuis l’Arène. Nul doute que d’autres soldats allaient venir à leurs trousses. Il fallait mettre le plus de distance possible entre eux, pour espérer s’en sortir.