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Smirnoff R+ de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 28/10/2018 à 23:08
» Dernière mise à jour le 30/10/2018 à 10:05

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kalos   Romance   Slice of life

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SR109 - Tout va bien !
« Y’a des matins comme ça où, dès le réveil, vous avez un besoin. »

Matt, à moitié réveillé, passa une main sur le ventre de Charlie. Le jeune homme lui saisit la main avant qu’elle n’arrive à son objectif. Matt se résigna à de simples caresses sur le torse de son petit ami. Charlie se colla à lui. Matt l’enserra et se blottit contre lui.

« Parfois vous n’avez pas exactement ce que vous voulez, mais ça va quand même parce que ça suffit à vous satisfaire. On en demande toujours plus que le nécessaire. »

Matt resta calé contre Charlie qui tourna la tête.

- Ça va ?
- Hm.
- Désolé de t’avoir stoppé, je suis pas du matin, tu sais bien.
- Non, ça va, j’avais juste besoin d’un câlin.
- C’est ce qui se passe en ce moment qui t’affecte ?
- Un peu, je crois. J’avais besoin de te sentir contre moi.
- Pas de souci…

Ils restèrent un moment comme ça, puis Charlie se retourna et embrassa Matt. Puis il se plaça carrément sur lui, le domina de tout son être, et Matt esquissa un sourire dans leur baiser passionné.

« Et puis parfois ce que vous voulez arrive tout seul, par la force des choses, et là, c’est trop bien. »

***

« Parce qu’il n’y a rien de pire que d’être privé de ce dont on a besoin, de ce qui est essentiel. »

Malcolm se réveilla. Sa sœur était en train de se préparer à partir.

- … sans déjeuner, rien ?
- Je suis levée depuis une heure.
- … ça a dû bien perturber tes Pokémon…
- Non. A toute.

Rachel prit la porte sans plus de procès. Malcolm inspira. « Ça va se tasser… »

Il sortit Monorpale, en saisit le manche et la mania un peu comme ça pour s’amuser.

« Ou même de devoir se contenter du minimum. »

***

« Alors que ce serait si facile d’avoir ce qui nous manque. »

Roland rejoignit Rachel en bas de son immeuble.

- On y va ?
- Hm.
- Ça a été hier ?
- Je ne suis pas rentrée assez tard, il regardait du sport à la télé, il m’a demandé comment s’est passée ma soirée, je suis allée dans ma chambre directement.

Roland inspira.

- Moi qui pensais qu’on avait fait des progrès… qu’il avait fait des progrès dans le bon sens…
- Il est allé trop loin. Je savais que c’était un plan pourri, j’aurais dû cuisiner Malcolm avant, j’ai été trop naïve.

Roland haussa les épaules.

- Ce qui est arrivé est arrivé, je suppose qu’on a tous été pris de cours. N’empêche que ton frangin est bien puni maintenant…
- Hm. Je devrais le prendre en pitié, mais il ne la mérite pas.

Roland acquiesça. Rachel le regarda.

- Quoi ?
- Rien, je trouve juste qu’on devrait marcher sur des œufs avec lui. Compte tenu de ce qu’on lui cache.
- Ça n’a absolument rien à voir ! Tu veux marcher sur des œufs, moi pas !
- C’est parce que j’envisage le moment où il va tout découvrir.

Rachel inspira.

- Il n’a rien à découvrir.
- On prend de plus en plus de libertés, on passe de plus en plus de soirées ensemble, il y a bien un moment où il va comprendre…
- S’il n’a rien saisi auparavant, il ne va pas se mettre à tout deviner maintenant !
- Tu le sous-estimes…
- Et toi tu le surestimes ! Je crois que mon frère a prouvé par A plus B qu’il était stupide et machiavélique !

Roland agita la tête. Rachel le regarda.

- Tu te modères devant moi parce que c’est mon frère, je sais ! Tu fais ça depuis qu’on est gosses !
- C’est un peu compliqué comme situation…
- Bah ne te gêne pas ! Si tu trouves que c’est un connard, dis-le !

Roland inspira en agitant la tête.

- Mon jugement est plus nuancé.
- Là, ta fibre gauchiste m’énerve !
- Je sais bien. Mais je ne peux pas hurler avec les loups, c’est pas mon genre.

Rachel inspira et garda le silence. Roland resta stoïque également.

« Et également si facile de tout foutre en l’air. Ça tient à vraiment peu de choses. »

***

Matt et Charlie garèrent la voiture devant l’académie à la même place que d’habitude.

- Grosse journée, aujourd’hui…

Matt agita la tête.

- J’ai mes devoirs sur table à assurer.
- Tu vas t’ennuyer, donc tu vas m’embêter par texto.
- Ou Roland !
- Fais gaffe, ça va t’attirer des problèmes.
- D’envoyer des textos ou de papoter avec Roland ?

Charlie inspira en agitant la tête.

- Je suis ravi que tu t’entendes bien avec Roland, mais évite d’envoyer des textos pendant tes devoirs. Surveille tes élèves. Sois professionnel.
- Je déteste quand tu me dis ça, j’ai l’impression que tu me fais cours !

Charlie sourit.

- Je ne veux pas qu’il t’arrive de bricoles. Et vu l’ambiance en ce moment…
- C’est pas moi, c’est l’autre trouduc du syndicat.
- Je me demande si Rachel a appelé leur père pour lui dire ce que son frère faisait de beau à l’académie… M’enfin, je suis sérieux, tiens-toi à carreaux. Je suis prêt à tout pour te défendre, tu sais bien…

Matt se pressa contre Charlie.

- … mais évite de tenter le diable.
- Trop tard, depuis au moins quinze ans !

Charlie sourit et s’éloigna de Matt alors qu’ils entraient dans l’académie. « En fait dans la vie, tout est question d’équilibre entre faire des concessions et se compromettre. J’accepte qu’on soit moins intimes à l’académie parce que je sais que c’est nécessaire pour qu’on continue à bosser sans problèmes. Ce que je n’accepterai pas, c’est qu’il me prenne pour un boulet incapable de se maîtriser. C’est limite, parfois, j’ai vraiment l’impression qu’il me traite comme son gamin turbulent, mais il fait ça pour mon bien, je le sais aussi. »

Charlie s’arrêta devant des élèves en train de coller des affiches.

- Salut les enfants…
- Bonjour m’sieur Winchester !
- Yo !
- Salut !

Matt observa les gosses qui collaient des affiches sur le panneau à propos de la première réunion du groupe de parole étudiant.

- C’est génial, les gars, continuez !
- Ouais, on espère qu’on va pouvoir le faire.
- Vous avez les autorisations, nan ?

La jeune fille à lunettes serra les dents.

- On s’est dit que si on le faisait après les cours…
- En théorie oui mais vous devez demander un local au directeur…
- Bah on a vu avec le doyen…

Charlie serra les dents.

- Dans un premier temps, ok, mais faudra formaliser tout ça. Faire ça sur les heures de cours et dans un local autorisé par l’établissement.
- Ok monsieur…
- En tout cas, c’est génial que vous commenciez à organiser tout ça ! sourit Charlie. J’peux pas vous aider mais je vous soutiens !
- Merci monsieur !
- Salut !

Matt suivait Charlie en saluant les gosses d’une main. Charlie inspira en regardant Matt.

- Ça me rappelle nous quand on était gosses.
- Hmm… plus toi. Moi et l’associatif…
- Ça m’a vachement aidé à m’assumer ! C’est bon d’être entouré quand tu te sens différent.

Matt haussa les épaules.

- J’sais pas, moi j’me suis contenté de balancer des saloperies, ça avait l’air de bien marcher. Ça a l’air de t’avoir plu.

Charlie sourit. Matt inspira.

- Jusqu’à ce que tu me quittes pour Léo…

Charlie grimaça.

- Puis que tu quittes Léo et qu’on se remette ensemble.

Charlie plissa les yeux.

- Pourquoi tu vois toujours tout en noir !
- J’suis juste réaliste.

Charlie inspira.

- Je sais que c’est pas l’histoire idéale, mais…
- Je t’ai déjà dit que ça me convenait. Y’a rien à regretter ou quoi. Tout va bien.

Charlie hocha la tête. Matt leva les yeux au ciel en détournant le visage. « Il m’énerve à se prendre la tête… Mais ce qu’il m’énerve. Je me fous qu’on n’ait pas une histoire romantique, que j’aie été son palliatif en attendant qu’il ait Léo, puis qu’il soit venu me trouver après sa rupture et qu’au final on s’est mis ensemble… Je sais qu’il voudrait que tout soit parfait, comme dans un vieux rêve, qu’on se soit aimés dès le premier regard, qu’on ait eu des rencards avant de s’installer, mais non, ça s’est résumé à baiser, traîner dans les bars, baiser, aller au sauna, baiser… Et aujourd’hui on est posés et tant mieux. Pourquoi se prendre la tête avec le passé ??? »

Ils arrivèrent en salle des profs. Roland, Rachel et Malcolm étaient déjà là, Malcolm toujours exilé, au coin.

- Salut tout le monde sauf Malcolm… marmonna Charlie.
- ‘lut… souffla Matt.

Le couple prit sa nouvelle place. Charlie était en face de Roland.

- T’as vu les gosses dans l’entrée ?
- Oui… il faut qu’ils régularisent leur situation, ils ont juste l’aval du doyen, pas l’autorisation officielle du directeur…
- Ah mince… c’est plus simple à la fac quand même.
- Grave. « Cette salle est occupée ? Nan ? On la prend ! »

Roland ricana. Matt traînait sur son téléphone. « Discussions militantes = chiaaaaaaant »

Léopold arriva, constata que la situation de la veille perdurait et se posa également à sa nouvelle place.

- Coucou tout le monde…

Léopold se posa et inspira alors que c’était plutôt silencieux. Il regarda à droite et à gauche. Megan arriva peu après dans cette ambiance matinale un peu lugubre.

- Eh bien, eh bien… Tout le monde va bien ?
- Hm…
- Oui oui…

Megan inspira et s’assit face à Léopold. Claire arriva peu après.

- Bonjour…
- Salut Claire…
- Salut !
- Salut…

La jeune femme s’assit. Elle inspira et sourit.

- Ça va mieux, vous en faites pas ! J’ai rangé tout mon appart hier, ça m’a fait du bien. Déjà ça me rassure que les tables soient restées dans cette disposition…

Tout le monde hocha la tête. Malcolm semblait s’en soucier comme d’une guigne, continuant à taper des e-mails.

Vincent arriva en soupirant.

- Oh bonne mère… Bonjour tout le monde…
- Bonjour Vincent…
- Bonjour…
- ‘jour…

Vincent s’assit à côté de Roland et inspira. Il regarda tout le monde, un peu gêné, et jeta un coup d’œil derrière lui. Malcolm continuait à pianoter.

- Je… euh, je sais même pas par où commencer…
- L’appel… marmonna Malcolm.

Vincent inspira et regarda les professeurs.

- Euh…

Claire secoua la tête. Roland agita la sienne. Charlie se mordilla les lèvres. Vincent agita les mains.

- Euh bah… pfff… vous… pouvez disposer, j’ai… rien à dire de plus.

Nouveau blanc. Matt inspira. Claire se leva et sortit, tout comme Léopold, Megan et Rachel. Charlie allait se lever. Matt souffla.

- Super ambiaaaance… geignit Matt.

Roland inspira et regarda Malcolm.

- Tu pourrais t’excuser auprès d’elle, je pense…
- Je n’en ai pas envie.
- Rachel t’en veut…
- Je sais, j’avais compris.
- Tu peux pas apprécier de rester comme ça à l’écart…

Malcolm inspira et regarda Roland. Charlie était parti. Vincent écoutait sans écouter. Matt était resté observer la confrontation.

- Mon but, Roland, ce n’est pas que nous soyons une joyeuse petite bande toute rigolote qui mange ensemble, qui papote en réunion, qui fait la fête, non, c’est qu’on garde tous nos postes et que l’administration nous fasse chier le moins possible. Que l’ambiance soit mauvaise, que je sois mis à l’écart par le reste de l’équipe, que ma sœur même ne veuille plus m’adresser la parole…

Malcolm haussa les épaules avec emphase des bras et des mains.

- Le bien commun importe plus que ma petite personne. C’est quelque chose que tu comprendras quand tu auras des responsabilités autres que donner des cours. Pour la énième fois, on n’est plus à la fac. Les actions ont des conséquences.

Roland secoua la tête.

- J’étais très investi dans divers clubs et mouvements associatifs à la fac, j’ai même un temps assuré des présidences et, si certes, la préservation des structures était une priorité, je n’en oubliais jamais qu’au fond je gérais des gens, des êtres humains…
- Tu m’ennuies, fais comme les autres, va bosser.

Roland grimaça, interloqué.

- Mais qu’est-ce qui te prends ?! Tu avais l’air plus ouvert pendant un temps, et…
- J’ai eu un petit souci, qui s’est arrangé, je redeviens juste le Malcolm normal.

Roland secoua la tête.

- C’est pas bon de se mentir à soi-même, Malcolm…
- Ton avis n’a aucune importance à mes yeux.

Roland leva les mains, se leva et partit. Matt l’accompagna. Vincent inspira sans se retourner.

- C’est cher payé l’indulgence du proviseur…
- Je ne fais que mon travail.

Vincent souffla, résigné.

***

- T’aimes bien te faire l’avocat du diable, je me trompe ?

Roland inspira.

- C’est le frère de ma meilleure amie, je peux pas vraiment me fâcher avec lui, ça a toujours été compliqué, il ne m’aime pas trop, je ne peux pas le rembarrer complètement…
- Ouais, c’est pas idéal… admit Matt. On va se boire un coup ce soir ?
- Je serais pas dispo.
- Ok. T’as vu l’épisode de All my Pokemon ?

Roland ricana.

- J’arrive pas à croire que tu m’aies initié à cette série !
- Heh, tu te fais l’avocat du diable, moi je suis son humble serviteur !

Roland sourit. Matt le regarda. « J’aime bien le faire sourire. C’est con, hein ? Y’a des gens comme ça, vous aimez juste les faire rire, et rien que les voir sourire, ça vous remplit de bonheur. Roland, c’est ce genre de pote. »

- Ecoute, je comprends pas pourquoi Sacha se casse la tête avec tout ce harem à Alola alors que clairement il en pince toujours pour Ondine.
- On est bien d’accord ! ricana Matt.

« Il est vachement plus intelligent que moi, il lit des revues scientifiques, il est vachement politisé, il sait des milliers de trucs que je sais pas, et pourtant on s’entend bien. J’trouve ça cool qu’on soit proches. »

- Après je suis étonné de l’alchimie entre Sacha et Kiawe, je me demande toujours où les scénaristes veulent en venir…
- Ah bah il va bien finir par comprendre que les mecs, qui plus est les blacks, c’est mieux que les gonzesses !
- T’es crade !
- Non, réaliste ! ricana Matt.

Roland partit dans un fou rire. Matt le suivit. « Pis les moments qu’on passe ensemble sont tellement enrichissants, j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose chaque fois qu’on parle, c’est génial. C’est nul qu’on puisse pas se voir ce soir ! »

- Ça fait du bien de rire ! sourit Roland.
- Tu m’étonnes ! Après la cérémonie funéraire du matin, là !
- Ouais… pfff… j’sais pas pourquoi Malcolm a eu besoin de faire ça…
- Parce qu’il est con, tout simplement, te prends pas la tête à chercher des excuses aux salauds.

Roland agita la tête. Matt souffla.

- Bon, à tout à l’heure.
- Ouais. T’as les DST ce matin, du coup.
- Ouaip. J’vais bien m’faire chier. J’peux t’envoyer des texto ?
- De temps en temps mais c’est pas garanti que j’te réponde ! sourit Roland.
- Cool !

Matt s’éloigna en souriant. « Je sais, j’suis en couple, et il est clairement hétéro mais… heh, on peut bien rêver de temps en temps, ça fait pas de mal ! »

Il revit les gamins poser des affiches dans les couloirs. « Ils font tout ça pour rien. Si les groupes de parole ça aidait des gens, ça se saurait, y’aurait moins de malheur dans le monde… »

Matt continua son chemin jusqu’à sa salle. « Charlie a l’impression d’être important quand il fait ça, et Roland quand il en parle, ça me barbe mais d’une force… j’pige pas ce besoin qu’ils ont de se battre contre du vide, moi ça me ferait plus flipper qu’autre chose d’avoir que ça à foutre dans ma vie de jouer les petits contestataires sur Twitter ou les manifestants enragés dans la rue à crier des slogans débiles… »

Il arriva à sa salle. Les élèves semblaient pas très ravis.

- Allez, on sourit, c’est l’heure du devoir de français !
- Boooh…
- Pffff…

Matt ouvrit sa salle et entra. Il lâcha Tritox qui grimpa aux murs. Se rendant à son bureau, il posa Cheniselle dessus et s’assit.

- Ok les cinquième, aujourd’hui c’est le contrôle, j’espère que vous avez passé la nuit à réviser comme des foufous… ou pas. Je vais afficher le sujet sur le rétro, préparez-vous bien, et comme d’hab je suis super intransigeant sur la triche, je me casse pas la tête pendant quinze minutes à élaborer un sujet pour que vous trichiez comme des nouilles. Je veux juste une copie sur la table et un crayon, c’est tout ce qu’il vous faut. Tritox confisquera vos téléphones si vous les sortez et je me réserve le droit de fouiller dedans pour rigoler parce que deux heures, c’est vachement long. Bien, allons-y.

***

Roland donnait son cours, quelques salles plus loin.

- Ce qui est intéressant quand on maîtrise sa technique, c’est les effets qu’on peut produire sur notre environnement. Par exemple mon Morphéo…

Le Pokémon s’éleva, content d’être mentionné.

- … peut contrôler l’humidité dans l’air. Il peut rendre la pièce plus chaude…

Les sixième années ressentirent effectivement la hausse de chaleur.

- La refroidir…

Certains élèves éternuèrent ou eurent des frissons.

- Ou varier le taux d’humidité…

La pièce sembla devenir un peu tropicale. Les affiches aux murs de la salle se décollèrent.

- Oups ! Ça, c’était pas prévu ! J’en suis resté aux murs pour l’humidité vous inquiétez pas, j’allais pas bousiller vos ordis ! Héhé !

Son téléphone vibra. Il retourna à son bureau.

- Ce qui attaque notre nouveau chapitre sur l’usage de la technicité en milieu réel…

Roland regarda son téléphone. [Scoop : les cinquième années trichent...]

Roland pianota sur son téléphone. [Scoop : je suis choqué et déçu !]

***

Matt sourit. L’élève haussa un sourcil.

- Comment vous avez su ?!
- Cheniselle vous a repéré, elle a couiné trois fois pour mentionner le troisième rang, quand je me suis relevé, elle a couiné six fois pour mentionner votre place, du coup j’ai su que c’était vous, Larson.

Le jeune homme leva les mains, défait.

- Ce qui vous fait un joli moins deux…

Matt nota sur sa grille. Les élèves grimacèrent. Le dénommé Larson continua son devoir bon gré mal gré. Tritox, au plafond, tomba devant une élève.

- AAAAH !
- Christen, pas de téléphone en cours.
- Mais…
- Sans mauvais jeu de mots, Tritox vous a cramée. C’est quand même dingue qu’à force de cours avec moi, vous ne compreniez pas que personne ne triche dans mon cours ! Moins deux, petite Christen…
- C’était pas pour tricher monsieur, ma mère a pas ses clés, j’attendais un message quand elle pourrait passer à l’école que je les lui donne !

Matt haussa les sourcils.

- Oh mais ça change tout. Moins trois, même pas fichue d’inventer une bonne excuse de merde !

Matt notifia sa grille et reprit son téléphone. Roland avait renchérit avec une photo de son bureau et de ses révisions pour ses concours. [Ici, ça bosse dur…]

[Inutile de dire que je m’éclate de mon côté…] répondit Matt.

Il reposa le téléphone en regardant sa salle, mi-amusé mi sérieux.

***

Retour en salle des profs. Matt retrouva cette même ambiance taiseuse. Il agita un poing jovial.

- C’est la fête, youpidou…

Matt s’assit et regarda Vincent, toujours aussi crispé.

- J’ai utilisé mes Pokémon pour surveiller mes élèves pendant leur devoir sur table.

Léopold, Megan et Rachel haussèrent un sourcil. Matt leva les bras.

- Fouettez-moi, allez ! J’ai besoin qu’on me châtie pour des motifs ridicules !

Charlie leva les yeux au ciel.

- Matt…
- Ouais bah désolé mais ça m’énerve, cette ambiance, là, c’est bon, personne est mort.

Roland arriva à son tour, voyant toujours Malcolm dans son coin. Il agita la tête et s’installa à côté de Vincent.

- Rien à signaler, Smirnoff ?
- Je suis un peu en retard, j’ai dû faire du rafistolage dans ma salle.

Vincent haussa les sourcils.

- Un truc de technicien, quand vous augmentez l’humidité d’une pièce, ça décolle les affiches des murs.
- Hon.
- Mais j’ai tout recollé.
- Oh. Bah, c’est pas… grave.
- Ah, ok. Je préférais prévenir !

Vincent regarda Megan.

- Tout s’est bien passé avec la quatrième cinq ?
- Oui oui… ils ne font plus de problèmes depuis un bail…
- Bon, bon, bon…

Matt souffla en l’air.

- C’qu’on se fait chier. En fait on devrait même arrêter de se réunir, ça vaut plus la peine. On enlève les tables, on se contente de mettre et d’enlever les trucs de nos casiers, de rester bosser quand on a des plages libres mais on arrête ces réunions à la con, ça sert plus à rien si tout le monde fait la gueule !

Claire inspira.

- C’est ce que je dis depuis le début.
- Si on arrête les réunions, ce sera le bordel et le proviseur sera de nouveau sur notre dos, on perdra l’avantage que j’ai gagné grâce à l’intersyndicale.

Tout le monde s’était tourné vers Malcolm qui venait de dire ça. Rachel inspira.

- Du coup je pense que ça vaut effectivement le coup qu’on arrête de faire des réunions systématiques et qu’on sépare les tables à notre guise.
- Vendu… souffla Léopold.
- Hm ! assura Megan en se levant.

Matt plissa les yeux. « Eh mais nan… »

- Roland ? marmonna Charlie.
- Ouais, avec Rachel ?
- On fait deux tables de quatre, ce sera parfait ! assura Rachel.

Simularbre allait défaire la Clause Pierre quand Claire inspira.

- Malcolm n’essaie pas de nous en empêcher, je suppose que c’est encore une ruse de sa part…

Tout le monde regarda Malcolm qui haussa les épaules en cliquant sur sa souris.

- Ah pas du tout, ça me met hors de moi que vous envisagiez de déplacer les tables, marmonna le syndicaliste sur un ton monocorde.

Tout le monde se rassit. Matt plissa les yeux, presque rassuré. Il se remit à ses devoirs en commençant à les regarder.

***

« Merde alors, ça m’aurait grave saoulé qu’on sépare les tables… j’aime pas les changements comme ça, moi… mettre Malcolm à l’écart c’est déjà lourd mais si en plus on divise les tables en deux… »

Matt se dirigea vers sa salle pour son second devoir sur table de la matinée, en géographie cette fois. Il aperçut le surveillant général, Stanley Hendricks, accompagné par des surveillants portant le même uniforme que lui, retirer des affiches des murs.

- Vous avez pas le droit !
- C’est pas juste !
- Jess, appelle monsieur Winchester !

Le proviseur adjoint s’avança vers le groupe d’élèves.

- Si vous voulez le faire virer, allez-y. En tant que membre de l’inter-LGBT il n’a pas le droit d’intervenir pour soutenir l’inter-LGBT étudiante, surtout pour tenir une réunion non autorisée.
- On a fait la demande d’autorisation mais elle nous a été refusée !
- Evidemment puisque vous demandiez de faire ça dans le cadre des heures de cours.
- Vous avez consulté la demande qu’on a faite au directeur ?!
- E-vi-de-mment. Et vous, vous posez des questions idiotes et donc vous avez droit à des réponses idiotes. CIRCULEZ !

Les élèves partirent, résignés. Matt plissa les yeux. « Qu’est-ce que je disais. Le système gagne toujours, ça sert à rien de se rebeller… »

- Mais c’est quoi ce délire !! Hendricks !
« Superman à la rescousse… » songea Matt.

Charlie arriva en trombe.

- Non mais…
- C’est les ordres. J’y peux rien, marmonna le surveillant général.

Charlie regarda Nathan, les bras dans le dos, l’air tout fier.

- Un souci, monsieur Winchester ?
- Ces enfants ont le droit de se réunir, d’autant que c’était après les cours !
- Pas d’apologie de la sexualité dans le cadre de l’école.
- C’est pas une question de sexualité mais d’identité, Vinner, vous…
- Je suis complètement insensible à votre justice sociale de merde, Winchester, pour moi c’est juste des mômes qui veulent organiser une orgie et je-ne-peux-pas-cautionner-ça, qu’on soit bien clairs !

Charlie secoua la tête.

- Vous songez à intervenir ? Oh, miiince ! Vous ne pouvez pas, en tant que membre de l’inter-LGBT professorale, vous ne pouvez pas interférer avec l’inter-LGBT étudiante ! Ah, c’est ballot, mais les règles sont les règles ! C’est fini ici, Stanley, on passe au hall.
- Bien monsieur.

Stanley fit signe à ses aides de les suivre. Nathan arpenta le couloir, faisant s’écarter professeurs et élèves sur son chemin.

- Quel connard… grommela Charlie.

Matt ramassa une affiche tombée au sol. Charlie s’approcha de lui.

- Et tu n’as rien fait pour empêcher ça ?!
- Que voulais-tu que je fasse ? Proviseur adjoint et surveillant général psychopathe sans Pokémon ! Et pis surtout, moi, j’me sens pas concerné par tout ça !
- … ouais, pardon, excuse-moi…
- C’est ton délire, les affiches, les réunions, la communauté… moi…
- Oui bah oui… Pffff… Faudrait que j’en discute avec Richter et le directeur directement, mais…
- Mais tu peux pas.
- Non bah non, j’peux… j’peux rien faire.

Matt regarda Charlie qui secoua la tête.

- Ca va, toi ?
- Hm, pourquoi ?
- Tu t’es pas levé pour déplacer les tables…

Matt agita la tête.

- J’avais pas envie.
- De déplacer les tables ?

Matt souffla.

- Je sais que j’ai pas l’habitude de dire ce genre de choses, mais cette ambiance de réunions permanentes, moi, ça me plait, ça crée une cohésion d’équipe, c’était vachement agréable de venir aux interclasses faire un petit bilan…

Charlie haussa un sourcil. Matt semblait désarmé.

- Là… pfff...
- T’es mignon quand t’es honnête comme ça !
- Mouais… le répète pas ! sourit Matt, gêné.

Charlie embrassa le front de Matt.

- T’en fais pas, quelle que soit la disposition des tables dans cette maudite salle, je serais toujours là pour toi.
- Avant ou après les élèves LGBT ?
- Oh tu m’énerves ! sourit Charlie en éloignant Matt d’un geste badin.

Matt sourit en regardant Charlie aller vers sa salle. « Toujours aussi prévenant avec moi… je laisse penser que je ne prends rien au sérieux, mais lui, son affection, sa voix, ses mots, ses mains sur moi… ça, c’est du sérieux. »

Il déambula jusqu’à sa salle, tout enjoué. « Ouais, tout va bien… »

Il regarda l’affiche qu’il avait gardée et la mit dans une de ses poches.

***

[Scoop : Les deuxième années trichent aussi !! o_o]

Roland sourit en regardant sa classe de première année avec qui il corrigeait des exercices.

- Alors, l’exercice 5, bah… vous l’avez un peu foiré, je pense que vous n’avez pas bien assimilé le concept d’apprentissage par le mime. Il ne s’agit pas de soumettre le Pokémon à l’élément en question – vous vous rendez compte il faudrait frapper un Pokémon pour lui apprendre une attaque combat ! – mais de lui montrer l’élément en question et éventuellement dans certains cas de le soumettre à l’élément en question. Pas systématiquement, ce que vous avez l’air de croire pour une bonne partie d’entre vous…

Roland envoya son texto. [En même temps tu fais pas tes contrôles en conditions stériles… -_-]

- Du coup le cas proposé : Apprendre Aéropique à un Miaouss, il faut soit : Lui montrer un Pokémon qui maîtrise déjà Aéropique et lui faire reproduire la séquence de mouvements, l’entraîner à marcher contre le vent ou lui enseigner la Capsule Technique en question.

Roland regarda la réponse de Matt. [LOL. J’vais leur dire de mettre des capotes à chacun de leurs doigts !]

Roland sourit. [Y’a pas de distributeurs, tu te rappelles…]

- La question six, vous l’avez plutôt bien réussie. J’ai eu peur que vous vous plantiez sur le cas des attaques normales mais apparemment vous avez tous bien assimilé que c’étaient les attaques les plus faciles à enseigner.

Roland regarda son téléphone. [Dommage hein ;)]
Il secoua la tête et le reposa face cachée sur son bureau. « Il va un peu loin quand même des fois… »

***

Sortie de cours, direction cantine. Matt rejoignit Roland.

- Conditions stériles, c’que t’es con !
- Dit le mec qui m’a fait penser à des gamins avec des capotes aux doigts pendant ma correction du contrôle des premières ! ricana Roland.
- Oh ça va t’as l’habitude !
- Ouais… Y’a plus les affiches pour les gamins ?!

Matt s’arrêta avec Roland prêt du mur d’affiches du couloir.

- Euh, bah non, le proviseur adjoint les a fait retirer.
- Pourq… question idiote…

Roland sembla scandalisé mais secoua la tête et se retint de dire quoi que ce soit.

- Ça a l’air de t’emmerder…
- Quand j’étais en académie, je militais beaucoup. C’est important quand tu grandis, quand tu te découvres, quand tu prends conscience de qui tu es…

Matt hocha la tête.

- Et tu te demandes par quoi tu passes, et tu te demandes si c’est aussi compliqué pour toi que pour d’autres, alors tu cherches à entrer en contact, mais comment, et…

Roland inspira.

- J’aurais aimé avoir cette main tendue à une époque. C’est un peu pour ça que j’ai tenu à militer en avançant dans mon cursus, parce que certes, la découverte de soi, c’est très intime, mais quand tu te démènes pour en aider d’autres, tu te sens plus que toi-même, et ça t’aide tellement…

Matt cligna des yeux et hocha la tête.

- Je sais que toi tu t’en fous…
- Un peu… marmonna Matt.
- Et c’est respectable, tu as le droit de ne pas te reconnaître dans tout ça, mais tout le monde fonctionne différemment, et il faut permettre à tout le monde d’avoir le choix de saisir ou non cette main tendue. Encore faut-il…
- … qu’elle soit tendue, oui, ça se tient.
- Charlie m’a dit que ça t’intéressait pas, tout ça…

Matt agita la tête. « Charlie a jamais vraiment pris le temps de m’expliquer l’aspect personnel, aussi… pour lui ça a toujours été une espèce de responsabilité, de truc chronophage qui l’accaparait plutôt qu’autre chose… »

- … mais je pense que tu peux comprendre l’importance que ça a pour eux…
- Hm…
- Bref… c’est partie remise, le militantisme c’est aussi de la ténacité et du dépassement de soi !

Matt acquiesça. Roland partit un peu devant. Matt regarda le tableau d’affichage, vidé, contenant uniquement des affiches idiotes pour des points de règlement stupides.

***

Le repas de midi battait son plein. Malcolm mangeait avec Vincent qui restait silencieux. Charlie mangeait avec Roland.

- Je peux rien y faire alors autant prendre notre mal en patience. J’essaierais de prendre Tramer entre quatre yeux dans un couloir. Sans mauvais jeu de mots.
- J’étais un peu affligé, ils pourraient juste laisser faire, ça leur coûterait quoi…
- Vinner est un abruti qui doit croire que la vaccination est un moyen de manipulation gouvernementale et l’homosexualité une maladie contagieuse…
- Pffff…

Léopold et Claire mangeaient ensemble, et il essayait de la distraire en jouant avec ses frites.

- Tu vois, on dirait des épées ! Tching, tching, ching !
- Pfff… arrête, Léo !
- Au moins tu souris un peu !

Claire inspira.

- Ça va aller… ça se tassera avec le temps.
- Hm. Tu devrais peut-être t’expliquer avec Malcolm…

Claire inspira lourdement.

- Je… n’en ai pas l’intention pour le moment.
- Ça peut se comprendre…
- Oui et je sais que tu dis ça parce que tu connais ses parents, sa famille et que pour toi, c’est un gentil garçon…

Léopold serra les dents. Claire regarda le SMS qu’on lui avait envoyé. [Si jamais vous voulez changer d’air et être écoutée, n’hésitez pas, j’ai le bras long, rien de plus simple que de faire un petit échange d’équipe pédagogique ;) – Jim Patterson]

Megan mangeait tranquillement. Roland et Rachel papotaient.

- Y’a rien de très bien au cinéma ce week-end…
- Alors un dîner au Lumis Privé…
- On fait peut-être un peu trop de restos, non ? sourit Rachel.
- C’est ma faute, je veux toujours t’inviter…
- Une simple balade, ça peut le faire…
- On va finir par faire le tour de la ville !

Matt arriva en retard.

- ‘scusez-moi…

Charlie se releva, étonné.

- Bah t’étais où ?
- Aux waters, grosse commission !

Megan grimaça. Léopold éloigna sa chaise de Matt qui sourit à pleines dents.

- Je sais, la grande classe !

Matt commença à manger. Megan regardait ses mains.

- Quoi ?
- … Tu t’es lavé les mains ?!
- J’sais pas, devine.
- Oh Arceus ! geignit la jeune femme à lunettes.

Charlie le regarda, suspicieux.

***

Le soir venu, Charlie et Matt rentrèrent.

- T’as été long ce midi…
- Ouais, j’ai des soucis intestinaux, je crois.

Charlie plissa les yeux.

- T’as jamais eu à te plaindre de ça…
- Bah écoute, y’a des choses que je garde pour moi !

Charlie agita la tête.

- Si je te connaissais pas aussi bien, je penserais que tu me caches quelque chose…
- Bah qu’est-ce que je te cacherais ?!
- … ou que tu me trompes…
- Ah oui tu vas chercher loin quand même.
- Mais tu ne t’en cacherais pas…
- Ah oui tu me connais vraiment bien !

Charlie inspira et démarra la voiture.

- Tu devrais en parler à un médecin…
- Ouais clairement. Au fait, je sors avec Roland ce soir. On va encore se pinter.
- Hon… tu rentres pas trop tard et tu te bourres pas la gueule ! souffla Charlie.
- Bien reçu.

***

Charlie dormait quand Matt rentra vers vingt-deux heures. Il se réveilla quand il entendit Matt entrer dans la salle de bains et prendre une douche. Il se dirigea vers la salle de bains en boxer.

- Matt ?
- Hmmm ?

Charlie plissa les yeux.

- Tu rentres bien tôt…
- Et toi tu dormais déjà !

Charlie plissa les yeux et regarda son petit ami.

- Tu n’es pas saoul…
- J’y suis allé mollo, tu sais, mes problèmes de transit !

Charlie inspira.

- Tu peux me dire ce que tu as fait ce soir ?
- J’étais avec Roland, je t’ai dit…

Charlie sembla soupçonneux.

- Matt, quoi que tu aies fait, tu peux me le dire…
- Je t’ai pas trompé et j’ai rien fait qui puisse te faire honte ! Charlie, tu peux me faire confiance quand même !

Le brun hocha la tête.

- J’suis crevé, tu peux venir me faire un massage ?

Charlie inspira.

- T’as pas enterré un corps au moins… ?!

Pour seule réponse, Matt sortit de la douche, avança vers Charlie, l’embrassa à pleine douche et le plaqua contre la porte de la salle de bains.

- M… Mphmatt ?!
- Dans toutes les pièces, Charlie, à l’ancienne…
- Mmmm… Hmmm, Matt…
- Tu vois, y’a pas à se prendre la tête, tout va bien !

Charlie grimaça mais laissa sa vigilance s’endormir… et d’autres choses se réveiller.

***

Le lendemain.

Charlie et Matt sortirent de la voiture, stupéfaits. L’entrée de l’école était barrée par la CPE, le Directeur et l’infirmière.

- Aucun élève ne peut entrer, les professeurs seuls peuvent passer, nous avons une enquête en cours ! cria Brice Tramer.

Son Excavarenne bloquait également le passage. Marigold et Teraclope assuraient également le tri en compagnie d’Ethel et de Cocotine.

- Seulement les professeurs, les élèves vous reculez, on vous dira quand passer !

Charlie et Matt se regardèrent.

- C’est quoi cette situation cheloue ?! s’étonna Matt.
- J’en sais rien, c’est la première fois que je vois ça ! Winchester et Clancy, professeurs de l’équipe 2 !
- Passez ! souffla Marigold.

Charlie s’avança, intrigué. D’autres professeurs avançaient en même temps. Matt suivait le mouvement, interloqué. Charlie repéra le président de l’inter-LGBT professorale, un homme brun massif portant la barbe.

- Richter, il se passe quoi ?
- Aucune idée, ils ont activé le plan Cumberdale…
- Le quoi ?! s’étonna Matt.
- La procédure de sécurité de plus haut niveau en cas de problème relevant de la sécurité générale, en l’occurrence un attentat ou une prise d’otage…
- Sauf que ça peut pas être ça, vu qu’ils nous laissent passer nous… marmonna Richter. A moins que ce soit un plan élaboré pour tous nous gazer.
- Richter, doucement avec l’héritage juif… marmonna Charlie.
- Pardon, pardon.

Matt déglutit bruyamment au moment de passer la porte du hall. Rachel, Roland et Claire les rejoignirent.

- Charlie…
- Dis-nous que c’est pas toi…
- Oh mon Dieu… souffla Charlie.

Des affiches.
Pour la réunion des étudiants LGBT du soir.
PARTOUT. Sur les murs, au plafond, sur les poteaux.
PARTOUT.

- AH ! AAAAAAAAAAH ! MONSIEUR BURTON !

Charlie repéra les profs qui s’étaient tournés vers eux. Stanley bloquait la porte du couloir des professeurs. Le proviseur adjoint, le proviseur et le doyen avancèrent vers le trio qui venait d’entrer.

- WWWWWWWINCHESTERRRR ! C’est l’AFFRONT de trop !!!
- Attendez, attendez, de quoi vous l’accusez, on vient juste d’entrer, on ignore ce qui se passe ! souffla Richter en prenant le proviseur adjoint à partie avec sa grosse corpulence.

Charlie regarda les affiches, collées pendant la nuit visiblement, regarda Roland, Rachel, Claire, rejoints par Vincent, aussi éberlué que tout le monde, les autres profs qui discutaient de l’incident, l’administration en branle… « Deux plus deux égale… »

Charlie se tourna vers Matt qui semblait avoir du mal à dissimuler…

- …
- …

Charlie empoigna Matt sans violence, juste choqué lui-même. Matt grimaça et esquissa un sourire résigné.

- Ca comptait pour toi… pour Roland… habituellement je m’en fous, mais… je sais pas… c’était… n’importe quoi cette ambiance… je t’avais dit que j’aimais pas le changement, Charlie…
- Matt…
- Hier soir… j’ai… Hier midi, si je suis arrivé en retard, c’était pour faire les photocopies de l’affiche et les cacher dans la salle repro…
- … Arceus… geignit Charlie, stupéfait.
- Et hier soir je suis pas sorti avec Roland…

Roland, Rachel, Claire et Vincent se regardèrent. Charlie serra les dents en pleurant.

- Tu vas te faire virer, abruti !!!
- Mais au moins, ça va servir la cause, hein ? Je suis pas de l’inter-LGBT donc c’est pas une infraction, hein ?

Charlie serrait tellement fort les dents qu’elles auraient pu exploser sous la pression. Matt se mit à pleurer.

- J’voulais seulement savoir ce que ça fait… ça a tellement l’air de te passionner… j’voulais savoir ce que ça fait d’agir pour tout le monde et pas seulement pour soi…
- … merde… merde, tu vas te faire virer… je t’aime, mais tu vas te faire virer…

Vincent grimaça alors que le proviseur adjoint revenait à la charge, accompagné du proviseur et du doyen.

- Winchester, expliquez-vous MAINTENANT !
- Ecoutez… souffla Charlie en se redressant.
- Attendez, attendez… grimaça Vincent en agitant les mains.
- Monsieur Vinner, c’est… souffla Matt en se séparant de Charlie.
- C’EST MOI !

Charlie, Matt, Claire, Rachel et Vincent observèrent Roland, s’interposer entre le groupe et l’administration. Le hall de professeurs s’était tu.

- C’est moi, monsieur Vinner, j’ai collé toutes ces affiches.

Nathan Vinner regarda Roland Smirnoff. Le proviseur Burton rehaussa ses lunettes. Justin Truce serra les dents.

- Roland ?! s’étonna Rachel.
- Mais enfin… souffla Vincent.
- Roland… geignit Matt.

Nathan inspira.

- Smirnoff. C’est bien joli de vous accuser, mais prouvez que c’est vous, au moins.
- C’est très simple monsieur le proviseur. Ce que j’ai collé, je peux le décoller.

Roland regarda le plafond, sortit Morphéo derrière son dos. Le Pokémon se concentra et revêtit sa forme Eau de Pluie. Les affiches se décollèrent toutes et retombèrent en confettis dans le hall. Charlie secoua la tête. Matt balbutiait, sidéré. Roland rappela rapidement Morphéo.

- Roland, mais pourquoi…

Roland regardait Nathan, Harold et Justin avec aplomb. Le Proviseur approcha de Roland alors que les professeurs recevaient toute la paperasse collée si soigneusement la veille sur la figure dans une nuée confuse.

- Smirnoff, on a deux solutions pour régler ça. Le conseil disciplinaire…

Roland toisait le proviseur sans sourciller.

- … ou bien le combat contre moi, a l’interclasse, publiquement.

Roland inspira. Vincent secoua la tête en approchant.

- Roland, vous ne pouvez pas affronter le proviseur, il est beaucoup trop fort, vous savez bien que les administrations actuelles des écoles sont basées sur la force, ni vous, ni moi, ni même Winchester par exemple, n’avons le pouvoir d’aller contre lui, acceptez le conseil disciplinaire, je suis persuadé que Heine pourra vous…
- Je choisis le combat, monsieur le proviseur.

Vincent se frappa le front. Rachel et Claire se regardèrent, stupéfaits.

- Je connais la loi royale, je sais comment ça se passe ! assura Roland.
- Bien. On se voit à dix heures, donc. Si vous perdez…
- Je serais radié de l’établissement, je sais.
- Bon. Voilà qui vous apprendra à faire autre chose qu’enseigner.

Roland acquiesça. Le proviseur tourna les talons. Rachel arriva près de lui.

- Tu es fou !!
- C’était ça ou c’était Matt qui prenait…
- Mais enfin, Charlie aurait pu se dénoncer à sa place !
- C’est ce que j’allais faire, Roland, mais bon sang pourquoi…

Roland haussa les épaules et regarda Matt, complètement brisé. Il hocha la tête, et Matt repensa à son discours de la veille. Il se mordilla les lèvres, coupable.



Générique de fin : Mylène Farmer – M’Effondre

« Et là, m’effondre…
M’Effondre…
M’Effondre…
M’Effondre…

Jusque-là, tout va…
Jusque-là, tout va bien… »