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Smirnoff R+ de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 28/10/2018 à 23:04
» Dernière mise à jour le 28/10/2018 à 23:04

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kalos   Romance   Slice of life

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SR103 - Question de Classe
- Tout se passe bien, papa, comme l’année précédente. En espérant que l’administration ne soit pas trop sur notre dos cette fois… Je sais bien, mais je dois essayer quand même.

Rachel était en train de se préparer des œufs au plat pendant que son frère parlait avec leur père au téléphone.

- Rachel va bien, oui… Tu veux lui parler ?

Rachel agita la main.

- Non, non, profite, frérot, je suis en plein dans mes œufs !
- Elle cuisine, papa. Si, si, j’te jure !

Rachel leva les yeux au ciel.

- Je cuisine bien ! Méchant ! sourit la jeune femme.
- Papa t’embrasse.
- Je l’embrasse aussi.
- Hm ?... Roland ?

Rachel plissa les yeux. Malcolm s’assombrit.

- Eh bien, il est comme à son habitude, il croit qu’il sait tout sur tout mais il s’est bien fait remballer quand il a fallu se plier aux règles… Mais papa… M… On en a déjà parlé, c’est pas parce que toi et son père vous êtes amis que moi et lui on devrait bien s’entendre… mais Rachel c’est pas pareil, elle est amie avec lui rien que pour m’embêter !

Rachel leva les yeux au ciel. « Oh bah oui, j’avais que ça à faire ! »

- Comment ça je fais mon enfant ?

Rachel sourit, ravie que leur père sermonne Malcolm. Même si ça voulait dire qu’il allait être de mauvais poil pour le reste de la journée. Elle alla au salon et posa ce qu’elle avait préparé sur la table, puis elle retourna en cuisine pour prendre la nourriture pour Pokémon.

« Alors, boulettes de nutriments pour végétaux, additifs à base de braises et croquettes glacées… »

Elle prépara un sachet et deux gamelles. Retournant au salon, elle donna le sachet à Sucreine assise dans une chaise à bascule à sa taille.

- Voilà pour Gambette…

Puis elle se dirigea vers un Ponyta à qui elle donna les additifs à base de braise, des flocons d’avoine noirs.

- … voilà pour Furiosa…

Enfin, elle servit les croquettes glacées à un Pokémon endormi dans un petit lit rose tout douillet. Le Goupix d’Alola se réveilla en bâillant.

- … et enfin pour Ronnie !

Le Pokémon chercha un câlin. Sa maîtresse lui gratta le sommet du crâne, ce à quoi le Pokémon répondit affectueusement. Rachel lui tapota le museau.

- Allez, on mange !

Mais le Pokémon se leva et se dirigea vers elle. Rachel sourit et le prit dans ses bras.

- Mais oui, maman t’aime !

Elle le couvrit de caresses et de petits baisers. « Faut vraiment que j’arrête, je deviens grave. C’est pas Roland ou ‘notre bébé à moi et à Roland’, juste un cadeau qu’il m’a fait… »

Se souvenant de Roland, elle se rapprocha de son téléphone. Il avait effectivement envoyé un message.

[Tu me manques. Plus que jamais. J’espère que tout va bien…]

Elle inspira. « J’ai été un peu vache hier, j’aurais dû aller lui parler mais entre Malcolm qui voulait à la fois s’excuser et se justifier et les filles qui m’ont tenu la jambe… »

Assise à la table du salon, elle se servit du jus d’orange. « D’un autre côté, qu’est-ce qu’il a été répondre à cette provocation idiote… perdre son calme dès le premier jour, ça ne lui ressemble pas… alors ok, il est fragile, il est épidermique, et c’est quelque chose que j’adore chez lui, mais de là à en perdre son flegme… »

Elle prit son téléphone et renvoya un sms.

[Attends-moi dans le hall ce matin. Tout va bien.]

« Et voilà, tu viens d’illuminer sa journée… »

Rachel agita la tête en mangeant une tartine. « Enfin non, ça c’est ce que tu dirais si tu avais un mec normal. Ce que tu aimes chez lui c’est justement qu’il n’est pas normal. Ton message compte énormément pour lui. On n’en est plus au point où on échangeait des tas de sms étant gamins, chaque message compte. Et c’est ça qui rend notre relation si unique... »

Malcolm arriva avec son propre déjeuner. « Enfin, ça et le fait que vous deviez vous cacher comme si vous apparteniez à deux clans ennemis jurés...

Il avait également un sachet de nourriture. Il servit un bol plus loin dans le salon. Cradopaud et Croâporal mangèrent avec joie.

- J’aurais dû prendre un appartement suffisamment grand pour Charkos…
- Désolée de gâcher tes rêves de promenade de dinosaure… sourit Rachel.
- Si on ressent le besoin d’avoir plus de place, on habitera chacun de notre côté, mais papa a raison, on peut tout à fait habiter ensemble.

Rachel inspira. « Arceus bénisse papa d’avoir décidé de faire des économies au moment de nous loger sur Kalos… »

- Hm. Je suis d’accord avec papa, maintenant que vous êtes collègues, tu pourrais faire un effort avec Roland.
- Oui, quand il en fera un aussi.

Rachel leva les yeux au ciel et se contenta de déjeuner en silence.

- Tu as eu les Quatrième Cinq ?
- Je les ai ce soir. Megan t’en a touché un mot ?
- Non, Matt les a eus et il m’a rapporté que son cours s’était mal passé, on en discute ce matin.
- Choueeette… soupira Rachel.
- C’est embêtant qu’on ait un tel problème aussi tôt dans l’année.
- C’est juste une grève idiote. J’avais dit à Megan de t’en parler pour que tu prennes les mesures qui s’imposaient…
- Matt l’a fait, du coup on en discute ce matin.
- Je ne voulais pas que ce soit « discuté », je voulais que tu avertisses les surgés sans faire appel au proviseur adjoint.
- Je ne peux pas décider de ça tout seul, j’ai besoin de l’aval de Hadley et des autres syndiqués de l’académie.
- Ouh bon sang… soupira Rachel.
- Quoi ?
- Rien, rien, je vais me taire, ça vaut mieux…

Malcolm grimaça.

- Tu préfères quoi, que les choses soient plus simples ?
- Oui ! souffla Rachel.
- Eh bah je te redis la même chose qu’à Roland hier, bienvenue dans le vrai monde !

Rachel resta silencieuse. Elle observa son téléphone.

[Alors j’ai le cœur en fête… ^_^]

Rachel eut un doux sourire qu’elle effaça vite avant que son frère ne le remarque.

***

Arrivée à l’académie. Roland attendait Rachel, comme prévu. « Qu’est-ce qu’il est mignon. Ce n’est pas qu’il est spécialement beau garçon ou musclé, ou canon, ou quoi ou qu’est-ce, mais c’est juste lui, sa petite chemise blanche, ses cheveux en bataille, ses lunettes, son sourire quand il me voit, son port de tête, ses épaules… »

- Salut…
- Hey Rachel ! Malcolm…
- Hm.

Rachel s’arrêta pour rester avec Roland. Malcolm continua un mètre avant de s’arrêter.

- … On a réunion, là !
- Pose le parasol, la table de jardin et les cocktails, on arrive !

Malcolm grimaça, secoua la tête et partit. Rachel regarda Roland.

- Désolée pour hier.
- C’est moi, j’étais… hors de moi, je…
- Vu ce que tu t’es pris…
- J’aurais dû tourner les talons…
- Et moi t’envoyer un texto, ne serait-ce que pour annuler correctement le dîner…
- Oh, c’est pas comme si on avait convenu d’un rendez-vous…
- Un peu, quand même…

Ils se regardèrent. « J’ai toujours l’impression que c’est l’adolescent avec qui j’ai fait mon cursus académique… »

- J’ai envie de te prendre la main… souffla Roland.
- Et moi de t’embrasser.
- Ou même de t’enlacer, je…
- Je sais. Moi aussi. Mais…
- Ça va être plus dur qu’on le pensait.
- Tu m’étonnes ! geignit Rachel. Viens, on va en salle des profs, sinon l’autre va piquer une gueulante
- Hm. Mes parents ont appelé hier.

Rachel leva les yeux au ciel. « Il a passé la soirée à gamberger, et MERDE, prends-toi ce shot de culpabilité en pleine gueule ! »

- J’ai… édulcoré ma première journée…
- Tu m’étonnes… Encore déso…
- Nan, nan, c’est… à moi de m’endurcir. Sans lever la voix, sans me battre, juste… m’endurcir face à ma nouvelle vie.

Rachel acquiesça. « Je sens qu’il essaie de me ménager… »

- Ce serait tellement plus facile si on vivait ensemble…

Roland inspira.

- Je sais pas trop… si je serais prêt pour ça.
- Moi non plus, je soulevais la question d’un point de vue purement situationnel.
- Hm. Tu te rappelles le voyage itinérant ?

Rachel sourit à l’évocation.

- Comment l’oublier ?

Roland sourit également.
Ils arrivèrent en salle des profs. Malcolm était à son éternel ordinateur, en bout de table, côté droit. Roland se remit à la même place que la veille, autre bout de la table, côté droit. Rachel se mit face à lui.

Hadley arriva avec un café Starbucks.

- Booon, booon, booon… ça sent la réunion de merde… soupira l’imposante masse rousse.

Il s’assit et mit ses lunettes. Il regarda Malcolm.

- Vous êtes prêt pour ce qui va arriver ?
- Malheureusement, oui.

Claire arriva à son tour.

- Rachel, Roland… Monsieur Heine, Vincent…
- Bonjour Claire…
- Salut…
- Hm.
- Claire…

Elle s’assit face à Malcolm et sortit une petite bouteille de jus d’orange. Elle regarda Roland.

- Ça va mieux ?
- Oui, merci. La nuit porte conseil, comme on dit.

Megan arriva, suivie par Charlie et Matt. Matt semblait bien sombre. Megan reprit sa place en bout de table entre Roland et Rachel. Charlie et Matt s’assirent à côté de Rachel.

Léopold arriva en dernier.

- Excusez-moi, problèmes de bébé, excusez-moi…
- La belle excuse… souffla Megan.
- Eh bah oui, la belle excuse ! sourit Léopold en s’asseyant.

Il vit la mine de Matt et son sourire s’abaissa.

- S’passe quoi ?
- On est là pour ça. Je procède à l’appel... Clancy ?
- ‘sent… soupira tristement le jeune homme.
- Doppler…
- Présente, asséna fermement la jeune femme.
- Finsbury…
- Présent, marmonna joyeusement le blondinet.
- Je suis présent… Heine, Malcolm…
- Présent… souffla calmement le jeune homme.
- Heine, Rachel…
- Présente… souffla Rachel en regardant Roland.
- Perry...
- Présente, marmonna Claire en évitant de regarder Malcolm qui l’ignorait également copieusement.
- Smirrrnoff…
- Présent… marmonna calmement Roland en se demandant pourquoi on avait roulé le « R » de son nom comme ça.
- Winchester…
- Présent… Vincent, faut qu’on parle…

Le massif rouquin acquiesça.

- La Quatrième Cinq. Allons bon. C’est quoi, cette fois ?
- Ils étaient infects hier… marmonna Megan.
- Dégueulasses, même ! geignit Matt.
- Vincent, ils ont traité Matt de fiotte ! grommela Charlie.

Vincent haussa un sourcil et regarda Malcolm qui inspira en s’asseyant dans le fond de sa chaise. Claire les regarda.

- On est d’accord qu’il faut avertir la surveillance générale, là ! souffla la rousse.
- … On va attendre un peu… marmonna Malcolm.

Rachel haussa un sourcil. Léopold grimaça. Charlie tapa du poing sur la table.

- T’es pas syndiqué pour prendre le parti de ces gamins mal éduqués !
- J’ai eu droit à mon lot d’insultes hier aussi, hein, conasse, serrée du cul, bouffonne… marmonna Megan.
- Serrée du cul, haha !

Megan regarda Léopold qui sourit avec gêne.

- … je suis un public facile ?!
- Je peux pas accepter ça, Vincent !
- Non, non, c’est clair, on peut pas accepter ça… mais on peut pas non plus se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de la direction aussi tôt dans l’année.

Roland agita la tête.

- Propos sexistes et insultes homophobes, quand même !
- Oui, bon, c’est des gamins quoi… marmonna Hadley.
- Vous allez dire que c’est leur bon droit dans la loi royale aussi ?! grommela Roland.

Rachel inspira avec une fierté non dissimulée. « Attention, l’homme que j’aime se réveille… »

- Inutile de se laisser emporter par l’émotion… marmonna Malcolm.
- Ok, ok, je peux passer l’insulte homophobe, c’est que des gamins, ok… souffla Matt. Mais pas le moment où ils ont dit que mon cours, c’était de la merde et que j’étais un sous-prof et qu’ils n’avaient pas à m’écouter parce que c’était coeff 2 à l’examen…

Matt allait sangloter. Charlie lui pressa l’épaule.

- Ça va aller, ça va aller…
- On attend, ça va probablement se tasser… souffla Malcolm.
- Ça veut dire que vous allez rien faire ?! gronda Charlie.
- Winchester, vous êtes un gars que je respecte, vous avez de l’ancienneté et vous êtes raisonnable…
- Sauf quand vous allez ajouter un « Mais » à cette phrase et que je vais sortir tous mes Pokémon et foutre un tel BORDEL dans cette pièce…
- Wow, wow, Charlie ! souffla Rachel.
- Ça va aller ! geignit Claire.
- Calmos, calmos, Charlie ! marmonna Léopold en levant une main.

Roland inspira en regardant Hadley qui essayait de tempérer ses mots.

- On va attendre la fin de la semaine, si à la fin de la semaine ils ne se sont pas calmés, on prendra des mesures.
- Vincent…
- Vous étiez là l’an passé, Winchester, vous avez vu quelle merde c’est quand on fait appel à l’administration !

Charlie leva les yeux au ciel et grommela. Roland plissa les yeux.

- Et le doyen…
- C’est un problème entre un professeur et les élèves…
- Deux professeurs ! grommela Megan.
- … je pense que même un ignare comme toi comprend que…
- Hm-MMM…

Malcolm regarda Rachel qui fronçait les sourcils et passait un pouce sous son menton. « Faut pas déconner quand même… »

Malcolm inspira et regarda Roland.

- C’est un souci entre des élèves et l’équipe professorale, le problème relève du proviseur adjoint, du CPE et du directeur, mais nous ne sommes pas en odeur de sainteté avec l’administration du fait de… notre statut de professeur. Le moindre signe de faiblesse sera pris comme une invitation à rogner sur nos droits. Pour le bien commun, on ne peut pas demander d’aide. J’ai un contact à la surveillance générale qui peut intervenir sans que je passe par le proviseur adjoint, mais je préfère utiliser ce recours pour une situation vraiment extrême.
- Ca fait quatre ans que le petit Jérôme Phelps fout la merde dans l’établissement et c’est à peine s’il s’est pris un avertissement ! gronda Charlie en regardant fermement Malcolm.
- Un avertissement qui a été décidé par l’équipe pédagogique de ce bon vieux Lucien Marsh…

Megan se mordilla les lèvres. Claire inspira en secouant la tête. Rachel ferma lourdement les yeux. Léopold frissonna. Vincent regarda Roland.

- L’équipe pédagogique en question a été dissoute et les professeurs mutés sur ordre des parents d’élèves. Sanction trop répressive à leur goût.

Roland grimaça.

- … pardon de me répéter d’un jour sur l’autre, et sans vouloir être vexant envers qui que ce soit, mais… c’est une blague ?!
- Pas du tout.
- … et si ça ne marche pas, si ce soir ils s’en prennent aussi à Rachel… souffla Roland.
- Ils ne s’en prendront pas à Rachel, elle sait se faire respecter, je lui fais confiance.
- Ça veut dire quoi, ça ?! cria Charlie.
- Monsieur Heine… grommela Megan.
- Malcolm, tu abuses un peu… souffla Rachel.
- Je les ai ce matin… geignit Claire.

Claire regarda Malcolm.

- S’ils s’en prennent à moi, ce sera votre faute !
- Claire ! souffla Rachel.
- Il ne veut pas intervenir alors qu’il peut, je trouve ça inadmissible ! grommela la rousse.
- Mademoiselle Perry… souffla Vincent.
- Je dis ce que je dis, si ça ne vous plait pas, c’est PAREIL !

Tout le monde s’étonna de voir la jeune femme s’énerver. Elle croisa les bras. Malcolm resta imperturbable.

- On attend la fin de la semaine. J’ai noté vos réclamations, je ferais un rapport si et seulement si j’estime que c’est nécessaire. C’est bien compris ?
- Et ce sera votre faute s’il y a d’autres incidents ! tonna Claire.
- Tout à fait, mademoiselle Perry. Autre chose à ajouter ? marmonna Malcolm en la regardant.
- Vous êtes pathétique.

Malcolm soutint le regard de la rousse qui détourna les yeux avant lui. Malcolm ferma les siens et s’en retourna à son ordinateur.

***

- Matt !

Il s’arrêta et regarda Roland qui lui tendit les bras. Matt grimaça.

- … sans vouloir t’imiter, c’est une blague ?
- Non, juste de la compassion. Je suis désolé pour ce qui t’es arrivé.

Matt se mordilla les lèvres et serra Roland dans ses bras.

- … merci vieux, c’est gentil…
- On est dans la même équipe, ce qui t’arrive me touche forcément aussi.

Matt tapota dans le dos de Roland.

- T’es un chic type, Smirnoff, merci…

Roland s’écarta de Matt en hochant la tête.

- Bon courage pour tes cours de ce matin.
- J’vais essayer de pas pleurer devant les premières années que t’as eu hier !
- Voilà, c’est l’esprit ! ricana Roland en tapotant l’épaule de son collègue.

Roland retourna auprès de Rachel.

- Là, tu vois, c’est le genre de situation où je me sens super mal à l’aise…
- C’était une étreinte purement amicale ! souffla Roland.
- Mais non, andouille ! sourit Rachel, par rapport au comportement de Malcolm.
- Il a du cran quand même.

Rachel regarda Roland, éberluée.

- De soutenir un système aussi stupide. Malcolm est beaucoup de choses, mais il n’est pas bête, et là, j’ai clairement senti qu’il se faisait violence. Je pense qu’il voulait faire quelque chose mais qu’il ne peut vraiment pas.
- Il y a eu des précédents de merde, ouais, mais si on se laisse marcher sur les pieds… Roland, enfin !
- Je suis en désaccord total avec ce qui se passe, mais d’avoir vu Hadley et Malcolm flipper comme ça…
- Ouais, mais bon… Ma salle est là.
- Hm. A tout à l’heure à l’interclasse… souffla Roland.
- Hm. Je t’aime.
- Moi aussi. De tout mon être.

Rachel inspira en s’éloignant de lui. « J’adore quand il est prévenant comme ça avec les gens… »

Roland se dirigeait vers Claire.

- Claire ! Vous êtes encore dans la salle en face de la mienne…
- Hein ? Ah, oui, excusez-moi, j’étais songeuse…
- Si quelque chose ne va pas…

Rachel observait la scène. « Dès qu’il s’attache à quelqu’un, il veut absolument protéger cette personne coûte que coûte. C’est son côté militant qui lui dicte ça, et ça m’électrise mais à un point… »

- … n’hésitez surtout pas.
- … merci Roland…
- Vous m’avez fait la même proposition hier, je vous renvoie juste l’ascenseur.
- J’espère qu’on n’en arrivera pas là, mais… merci, ça change de certaines personnes… grommela Claire en partant vers sa salle.

Roland se mordilla les lèvres. Rachel fondit. « Et il est tellement mignon quand il est inquiet pour les autres, ça me rend folle ! »

Elle entra dans sa salle. « Et à chaque fois que je le laisse, je ressens un de ces vides… »

Rachel alla à son bureau et regarda les troisième années. Elle s’assit, un peu paumée. « Dis-toi qu’il est à quelques salles de toi… Arceus, c’est tellement niais ! Comment je peux prétendre être une combattante et me laisser aller à des pensées aussi mièvres ! »

***

- C’était une… jolie démonstration… Merci, William et Karine…

Le reste de la classe applaudit mollement. « Tu m’étonnes, un duel entre un Axoloto et un Poichigeon… »

- Vous ne serez pas notés sur cette démo, on est au début de l’année, je vous laisse du lest jusqu’au mois suivant, hein… Ahem… Bon, notre premier cours ensemble va porter sur l’intégration d’une capture. C’est un cours que vous effleurez en première et en deuxième année mais on va l’aborder franchement cette année. Donc. Quand vous capturez un nouveau Pokémon, c’est difficile de lui accorder une place, un rôle dans votre équipe. On va voir ensemble qu’il y a plusieurs critères qui entrent en compte. Je vais prendre pour exemple ma propre équipe. Sucreine…

Le Pokémon, assis sur une chaise dans un coin, se leva, fit quelques pas et regarda les élèves, impressionnés.

- … est mon Pokémon Académique. C’est un statut particulier dans une équipe. On va voir les différents cas mais on peut considérer le Pokémon académique comme un avatar de son dresseur. Je suis une combattante dans l’âme, et Sucreine représente bien mon caractère. Cela fait onze ans que nous combattons ensemble. Je l’ai influencée comme elle m’a influencée au cours de ma vie, depuis que je l’ai eue en tant que Croquine, jusqu’à ses évolutions en Candine et en Sucreine. Les cas d’abandon de Pokémon académique sont rares, on les divise en deux parties : Les procédures d’échange dès la première année d’obtention, et les abandons purs et simples…

Etonnement des élèves. Rachel hocha la tête.

- Les échanges, ça se fait, ça s’est peut-être fait dans cette classe, c’est quelque chose de normal, ça arrive, le Pokémon ne nous plait pas, ne nous convient pas – on échange. L’abandon, c’est rare, mais ça arrive aussi. On estime que sur le million de Pokémon académique distribué chaque année, moins d’un pour cent est abandonné par son dresseur. En théorie vous avez le droit de le faire, en pratique c’est très mal vu, mais là on touche à de la sociologie et vous n’êtes pas encore en faculté. Le fait est que le lien entre le dresseur et son Pokémon académique est quelque chose d’indéfinissable.

Sucreine se rassit à sa chaise.

- Vous n’avez pas de chance avec moi je ne suis pas une dingue de la capture, ma seule vraie capture par moi-même, c’est Ponyta.

Le Pokémon se releva de son coussin au fond de la salle. Elle regarda les élèves qui semblèrent la trouver trop mignonne.

- J’ai capturé Ponyta pendant mon voyage d’études, anciennement appelé « Voyage Itinérant », que vous effectuerez pour achever votre cinquième année. Auparavant je n’ai capturé aucun Pokémon. Pourquoi, me demanderez-vous, eh bien… Je n’en ressentais pas la nécessité. J’avais Sucreine, ça me suffisait. En voyage d’études, vous aurez plus d’opportunités, plus de nécessités aussi. La nature est hostile. Le monde extérieur est hostile, et vous êtes intensivement entraînés par un professeur qui en attend souvent beaucoup de vous. J’ai capturé Ponyta dans ces conditions. Dresser un Pokémon en plus de Sucreine, c’est quelque chose dont je ne mesurais pas les conséquences sur ma vie de dresseuse. Enfin, nous avons Ronnie…

Le Goupix d’Alola, sur le bureau, regarda sa maîtresse qui se dirigeait vers lui.

- Mais Ronnie n’est pas un combattant, c’est un Pokémon qu’une personne très chère à mon cœur m’a offert. Je l’élève mais il ne se bat pas.

Rachel gratta affectueusement les poils bouclés sur le crâne du Goupix qui sembla en redemander. Les élèves semblaient sous le charme de la boule de poils blanche.

- Bref ! Chapitre 1 : De la nécessité de capturer un Pokémon. On peut vivre une vie avec un seul Pokémon et s’en contenter, soit si on n’est pas un dresseur soit si on n’aime qu’un seul Pokémon – il y a plus de huit cent espèces MAIS ça paraît concevable de n’en aimer qu’un dans le tas…

Il y eut du brouhaha dehors. Rachel plissa les yeux.

- Vous restez là, les enfants. Gambette, tu surveilles tout le monde !

La Sucreine se leva et regarda les élèves en claquant du talon sur le sol.

Rachel sortit et regarda vers la salle de Claire. Les élèves sortaient. « Ah bon, ok, d’accord… »

- On fait pas cours ! C’est pas juste ! Y’a des classes qui ont un emploi du temps génial avec des après-midi de libres et nous on finit tout le temps à dix-sept heures !
- Ce n’est pas de ma faute ni de mon ressort, Jérôme, vous retournez en classe ! tonna Claire.
- On n’a pas à vous écouter, vous êtes juste une prof ! Avec moi les autres !
- Ouais !
- On veut un meilleur emploi du temps !
- Ou au moins échanger avec la Quatrième deux !

Claire regarda ses élèves partir. Elle tenta de les rattraper mais les élèves étaient trop nombreux.

- Et zut…

Un Tarpaud apparut face à eux pour leur barrer le passage. Rachel haussa les sourcils. « Roland ! »

- Vous rentrez tout de suite ! cria Roland.
- Ah ouais ? Vous êtes qui ?
- Roland Smirnoff, votre professeur de Technique, on se voit demain.
- Vous avez pas le droit de nous attaquer avec un Pokémon ! C’est interdit par le règlement !
- Je connais pas le règlement ! sourit Roland. Potard, Echo, s’il te plait !

Le Tarpaud n’ouvrit pas la bouche, il émit un coassement sourd, qui résonnait dans sa bouche. Ses joues se gonflèrent légèrement. Les élèves se bouchèrent les oreilles, atteints par le bruit qui faisait l’effet d’une grosse basse. Claire elle-même était perturbée.

- Si vous suivez bien mon cours, cria Roland, ainsi que celui de Madame Perry, vous pourrez faire ça avec vos Pokémon !

Certains élèves rentrèrent en classe, mais Jérôme se tourna vers Roland.

- Vous avez pas le droit de nous attaquer !
- Ce n’est pas une attaque. Ça, c’est une attaque. Danse Pluie !

Le couloir fut tancé par une averse. Cela fit rentrer immédiatement les élèves en classe. Claire et Roland, hors de portée de la pluie, se regardèrent. Roland leva un pouce. Claire plissa les yeux, elle avait bien vu que l’attaque ne venait pas de Tarpaud.

Morphéo, sous sa forme Eau de Pluie, sortit de derrière le dos de Roland. Claire sourit.

- Ça devrait aller maintenant… souffla le jeune homme.
- Certes, mais vous allez vous faire taper sur les doigts…
- Oh je suis plus à ça près… marmonna Roland en rentrant dans sa salle après avoir rappelé ses Pokémon.

Rachel inspira. « Il est même doué avec les mômes… Qu’est-ce que tu racontes, Rachel, retourne en classe !! »

***

- Je commence simplement mon cours. Je ne fais rien de plus ! Juste commencer mon cours ! Et là, j’ai ce petit… ce… Jérôme ! Qui demande si je ne peux pas décaler mon cours de vendredi parce qu’ils ont deux heures avec moi le vendredi soir et que juste avant ils n’ont rien pendant une heure. Je leur dis bien que ce n’est pas de mon ressort, que c’est comme ça, que les emplois du temps sont faits à l’avance. Et là j’ai droit à une « grève ». Je continue mon cours mais ils font du bruit sur leur table… Je sors Raichu pour qu’ils se calment, mais…

Claire leva les yeux au ciel.

- … je ne suis pas menaçante, je sais bien, je ne l’ai jamais été… du coup ils me rient au nez, parce que j’ai un « mignon petit Raichu »…
- Parce que tu es une femme, aussi, c’est une sale classe de petits machos de merde…
- Doppler ! grommela Vincent. Continuez.
- … bref ils sortent et ça aurait pu finir en esclandre si Roland n’était pas intervenu…

Roland se fit tout petit quand le regard de Vincent et de Malcolm se porta sur lui.

- Vous avez fait quoi exactement ?
- … rien de dang…
- J’ai besoin de savoir exactement ce que vous avez fait.
- D’accord, j’ai sorti Tarpaud pour leur barrer la route. Il a fait un Echo, c’est une attaque sonore faible, les attaques sonores ont un effet différent entre les humains et les Pokémon, et mon Echo, à faible concentration, a l’effet d’une basse un peu trop forte, ça fait vibrer l’air.
- On aurait dit que mes oreilles allaient se déboucher, mais en fait j’en ai juste eu l’impression ! sourit Claire.
- C’est l’effet recherché, déstabiliser l’adversaire et son Pokémon. Enfin bref, après ça, ils m’ont rappelé que je ne pouvais pas les attaquer, ce qui explique votre question, je suppose…

Vincent hocha fermement la tête.

- … et malheureusement j’ai enfreint cette règle, mon Morphéo a utilisé Danse Pluie. Ils sont rentrés en classe, bien trempés.
- Et j’ai pu continuer mon cours normalement.

Vincent hocha la tête, visiblement rassuré.

- Booon… on l’a échappée belle, en effet.
- Si tu avais attaqué les élèves, on serait dans une sacrée panade ! gronda Malcolm.
- Et encore plus si les gamins avaient atteint le bureau de l’administration… souffla Vincent. Visiblement ils sont en rogne. C’était une belle intervention, Smirnoff, mais évitez que ça ne se répète…
- Une surveillance empêcherait que j’aie à répéter ça.

Vincent inspira. Malcolm leva les yeux au ciel.

- Bien sûr, parce que tout est facile, je claque des doigts et pouf, surveillance !
- Je croyais que tu avais un contact.
- Et je pensais que tu avais compris que je soupesais les risques vis-à-vis de l’équipe pédagogique ! Si on fait appel aussi tôt à des mesures de surveillance, ils vont nous estimer indignes de maîtriser nos élèves ! La moyenne d’âge de cette équipe est trop basse, on sera forcément inexpérimentés et incapables, on marche sur un fil. C’est pour ça que je voulais Bonelly à la base, lui, il avait une trentaine d’années, il avait l’expérience, on aurait été plus assurés pour ce type de manœuvre, parce que là…
- On parle d’une école, pas d’un paquebot à garer.

Tout le monde regarda Roland. Vincent sembla sur les rotules. Malcolm au bord de l’explosion. Léopold leva les mains, entre les deux.

- Je suis là. Ne vous sautez pas dessus… J’ai un enfant ! geignit le blond.
- Tu n’as pas la moindre idée de…
- Non, certes, mais qui ne tente rien n’a rien. Et on ne dégage pas une équipe pédagogique juste parce qu’elle demande un coup de main légitime.
- C’est pour ça que je préconise d’attendre, de recueillir les réclamations et d’établir un dossier solide avant d’intervenir. Pour étayer la légitimité de ma demande.
- Mais enfin, c’est notre bon droit ! grommela Roland.
- Et la situation est beaucoup plus compliquée que tu n’as l’air de le penser.

Roland inspira.

- C’est pas normal…
- C’est comme ça, rétorqua Malcolm.

Rachel inspira. « Je crois que ce que je préfère le plus chez Roland c’est qu’il est à l’exacte opposée de mon frère. Mon frère va s’arrêter là où la logique lui dit de s’arrêter, Roland va s’arrêter là où la logique lui permet de s’arrêter »

- Booon, breeef, préparez-vous pour vos prochains cours, on rediscutera de ça… non, pas ce midi, ce midi je MANGE…

Roland haussa un sourcil qui voulait dire « Evidemment, quoi d’autre ! ». Rachel sourit, amusée.

- Plus tard, voilà. Comme dit Heine, on attend.

Roland roula des yeux en regardant Rachel qui haussa les épaules.

***

Repas de midi. Dans la paix des familles, cette fois, Vincent Hadley refusant de discuter boulot avec Roland ou qui que ce soit.

- Ça n’empêche que, on est bien gentils de vouloir une surveillance, mais est-ce que ça va arranger les choses, je veux dire, est-ce que la présence d’un surveillant va calmer ces gosses ? marmonna Léopold.
- C’est la seule solution, comment veux-tu autrement… marmonna Charlie.
- Personnellement c’est juste pour renvoyer le problème à l’administration, pas à nous.

Charlie, Léopold et Claire regardèrent Megan qui haussa les épaules.

- On déclenche la surveillance, ça devient l’affaire du proviseur adjoint. S’il n’arrive pas à contenir le problème, ça devient le leur, plus le nôtre.
- Certes… mais effectivement ça va peser sur notre réputation… admit Charlie.

Rachel et Roland, en bout de table, étaient avec Matt qui ne voulait plus entendre parler de tout ça.

- Perso, mon café préféré c’est la Drôle d’Embringue… le thé aux épices, les spéculos… On aime bien s’y arrêter avec Charlie quand on se promène le week-end, c’est vraiment cool, y’a une bonne ambiance, la terrasse est très sympa et la déco est super classe !
- Cool. L’an passé j’avais testé le Lounge avec les filles mais on n’était clairement pas à notre place…
- Trop rempli de pétasses huppées ! admit Matt. Y’a des concerts parfois au Coucou, c’est plutôt sympa aussi…
- Ce truc a toujours l’air au bord de la fermeture… marmonna Rachel.
- Bah justement faut le soutenir, les gérants sont cools aussi et ils ont bon goût en matière de groupes amateurs un peu grunge, il paraît que les Lonely Lust sont passés une fois. Si tu veux mater avec les copines faut aller au Café des Compères. On y va parfois avec Charlie juste pour mater les serveurs !
- Je sais pas si Claire et encore moins Megan seraient promptes à une séance de matage !

Roland sourit en mangeant son plat.

- Bon, évidemment, éviter le Lysandre…
- Comment la Place Rose n’est pas devenue le quartier gay de cette ville ?! s’étonna Rachel.
- Bah à cause du Lysandre, justement ! Ce café est d’un glauque… soupira Matt. Léopold nous avait conseillé le café Les Partenaires, mais c’était trop orienté élevage pour nous, une nana brossait son Zigzaton sur la table à côté de la nôtre…
- Oulala… geignit Rachel.
- N’est-ce pas ! souffla Matt en souriant. On était un peu gênés !
- Tu m’étonnes…
- Sinon qui pourrait intéresser Roland, y’a le café La Bataille…

Roland haussa les sourcils.

- Un café où on se bat ?
- Ouais, enfin, c’est à la discrétion des clients. On y est allés avec Charlie et c’est tout juste si on lui lançait pas des petites culottes tellement il a fait forte impression !
- Mouais, je préfèrerais un endroit où me poser pour bosser…
- Le Café Soleil, un classique, ou sinon Un autre regard, qui donne des expos photos amateures. Si on leur propose des photos même prises avec un téléphone, ils les impriment et les exposent une semaine !
- Classe ! sourit Rachel.
- Bien sûr il faut que ce soit une belle photo. Ou alors il y a le café du musée, mais c’est un peu cher pour ce que c’est…

Rachel regarda Roland pour avoir son attention.

- Tu es au courant que le café du musée est au milieu du musée, dans une zone délimitée dans la grande salle circulaire sous la coupole ?
- Il… me semble en avoir entendu parler ! admit Roland.
- En fait le truc relou avec ce café, c’est qu’il faut payer l’entrée du musée pour y accéder. Certes, c’est assez génial de prendre un café au milieu du musée, mais payer juste pour entrer et ensuite consommer… marmonna Matt, dubitatif.
- Ouais, je vois le genre ! souffla Rachel.
- Après si t’es prête à sortir d’Illumis, Quarellis c’est vraiment sympa pour prendre un café, les fontaines éclairées la nuit, la Quarle qui passe à côté, le panorama est plutôt génial.
- C’est un peu excentré, Quarellis, nan ?
- Pas plus que Port-Tempères ! Sinon y’a Neuvartault mais le cadre est pas ouf, la fontaine est jolie mais Quarellis, c’est vraiment autre chose.

Roland haussa un sourcil.

- Mouais. On verra, après je suis de celles qui pensent qu’on tombe sur de bonnes surprises en vagabondant au gré des rues…
- Surtout dans Illumis, c’est propice aux jolies découvertes ! admit Matt.

Claire se détourna de la conversation professionnelle pour aller vers la conversation de la table du fond.

- Vous parlez de cafés ?
- On cherche des lieux ou éventuellement organiser des pots entre collègues ! souffla Rachel.
- On en a fait plein de bien l’année dernière !
- Ouais mais faut varier, on est à Illumis, un bon café on y va deux, trois fois mais au bout d’un moment ça lasse ! souffla Rachel.
- Je dis qu’il y a deux sortes de cafés, ceux qui ont leur petite boisson unique qui fait qu’on y retourne toujours une fois de temps en temps et les cafés confortables où tu peux chiller tranquille avec les potes après le taf… marmonna Matt.
- Voilà ! On se comprend ! assura Rachel.
- Ah alors on abandonne la liste de bars entre filles qu’on faisait l’année dernière ?
- On peut la garder sous le coude ! admit Rachel.
- Elle est encore valide, faudra juste revérifier que tout est encore ouvert ou fréquentable ! souffla Matt.
- Ah, ouf ! J’ai pris du temps pour élaborer cette liste ! souffla Claire.

Roland sourit, amusé.

- Bon, au moins y’a un peu d’ambiance, ça change d’hier !
- La première impression est souvent trompeuse. J’devrais mettre ça sur mes cartes de visite ! admit Matt.
- Ça va aller cet après-midi ?

Rachel regarda Roland.

- Tu as la classe des petits fauteurs de troubles, juste après Malcolm…
- Oh, Rachel est plus autoritaire que moi, elle n’a rien à craindre… souffla Claire.
- N’importe quoi, je suis douce comme un agneau en cours ! marmonna Rachel. Après c’est sûr que je vais marcher sur des œufs…

Elle regarda vers son frère. « Est-ce qu’il me protègerait s’il m’arrivait malheur ? Probablement… Oui, j’en suis sûre. C’est mon frère jumeau, quand même. Il chicane Roland mais il ferait ce qu’il faut pour moi. Ou même pour Claire. Ou pour n’importe qui d’autre. Non, je suis sûr qu’il a un plan avec ce truc de surveillance, qu’il y réfléchit. Il ne me parle jamais de ses trucs de syndicaliste – principalement parce que ça me fait chier – mais je suis persuadée que ça le mine autant que nous. Après tout, il est prof lui aussi… »

Malcolm mangeait silencieusement. Léopold le regarda.

- Stressé pour après ?
- Non.
- Ah, tu as un plan pour dompter les petits monstres ?
- Et toi ? Tu les as demain après Roland, je te signale.

Vincent semblait agacé d’entendre ses collègues parler boulot pendant qu’il dégustait son hamburger.

- Oh moi mon cours est relax. Et puis je mets les points sur les I direct avec les élèves, je ne suis pas un prof important, ça ne sert à rien de m’embêter, je ne peux rien faire pour eux !

Malcolm hocha la tête en avalant sa bouchée de spaghettis.

- Hm. Du coup c’est à nous de faire la discipline. Merci, Léo, sympa, vraiment.
- C’est toi le syndicaliste, pas moi.
- Un débat très intéressant que je ne veux pas avoir aujourd’hui et certainement pas avec toi.
- … c’est-à-dire ?!
- Tu viens de le dire toi-même, tu n’es pas un professeur important, ça ne sert à rien de débattre avec toi, donc, puisque tu ne peux rien faire.

Léopold grimaça, paumé. Charlie leva les yeux au ciel et retourna vers son plat.

***

- Rachel !

Rachel, accompagnée de Roland, se tourna vers Malcolm.

- Oui ?
- … je peux lui parler en privé ?

Roland leva les mains et s’éloigna de quelques pas. Rachel inspira et regarda Malcolm.

- Quoi que tu aies à me dire, tu peux le dire devant lui…
- Non. Ecoute, si jamais les mômes te posent un problème à l’heure après la mienne, tu viens m’en parler directement.
- Oh mais oui, j’ai hâte d’être une nouvelle pièce de ton dossier « Le cas des élèves qui refusent de faire cours mais on doit attendre que ça se tasse sinon pan-pan cul-cul. »

Malcolm inspira.

- Tu es ma sœur, s’il s’en prennent à toi, je ferais le nécessaire.
- Ah parce que Claire, Megan et Matt c’est pas important. Ce sont tes collègues aussi, Mac !
- Mais toi tu es ma sœur.
- Ecoute, je veux pas faire ma Roland mais, soit tu réagis pareil pour tout le monde, soit tu t’abstiens.

Malcolm inspira, les dents serrées, dans un sifflement.

- J’aime pas beaucoup l’influence que ce type a sur toi…
- Tu me dis ça depuis la fin de mon voyage d’études !
- L’an passé, tu étais moins… critique !
- J’étais moins à l’aise que maintenant, Mac. On est arrivés en même temps, la différence c’est que tu as tenu à t’investir tandis que moi j’ai juste tenu à faire mon travail.

Malcolm souffla.

- Je parlerais avec les élèves avant ton cours.
- Malcolm, Roland a raison, c’est dans notre bon droit de demander une aide, au moins pour le début de l’année.
- Je ferais ce qu’il faut s’ils s’en prennent à toi.

Rachel soupira. Malcolm la dépassa et eut un regard mauvais pour Roland. Rachel secoua la tête. « C’est ça, joue les protecteurs… Papa t’a passé un savon du coup tu te sens obligé d’en faire des tonnes… Hhhhh… »

Rachel rejoignit Roland.

- Frère jumeau qui la joue grand protecteur. Si on s’en tient à sa manière de se battre, il a une garde exécrable, donc j’ai du souci à me faire…

Roland leva les yeux en souriant.

- D’un côté c’est rassurant qu’il veuille te défendre.
- Mouais. Je préfère ta méthode.
- J’ai les gamins demain, je t’assure que je serais beaucoup moins téméraire !
- Je me doute. Bon, j’ai les sixième, ça va être bien austère…
- Et moi j’ai des première ! Un vrai plaisir de leur donner les bases de la technique…
- J’envie ton enthousiasme…
- Mais enfin, Rachel, les sixième, faut les emmener à l’examen, c’est important !

Rachel éclata de rire.

- Ils en font trop. Ok, les rapports entre les profs et l’administration sont mauvais mais de là à psychoter…
- Oh je suis sûr que c’est juste le stress de la rentrée. Ma salle est là.
- Ok, la mienne est plus loin…

Roland inspira en regardant Rachel. Il la prit par le bras et l’entraina dans sa salle.

- Rol…
- Chuuuut !

Roland ferma sa salle derrière lui. L’amphithéâtre était vide. Rachel regarda Roland, surprise. Il l’embrassa à pleine bouche. Rachel répondit positivement. Roland passa ses mains sur le corps de Rachel avec passion. La jeune femme s’écarta de son jeune amant.

- T’es fou !
- Fou de toi, oui… Ça me démangeait depuis nos retrouvailles ce matin…
- Roland, et si un élève entre !

Roland embrassa Rachel.

- Il verra une très belle femme dans les bras d’un garçon très chanceux !
- T’es bête !

Nouveau baiser approfondi. « Qu’est-ce que j’aime, quand il est comme ça, quand il perd son flegme et se met à faire n’importe quoi quitte à prendre des risques… son côté borderline, entre le gentil garçon et le petit diablotin, je dois avouer que ça me défrise… »

Nouvelle séparation. Rire respectif.

- Vaut mieux que j’y aille, ce serait trop dangereux de se faire prendre… souffla Rachel.
- Ouais… Ce soir… ?
- Hm je pense avoir une bonne idée pour ce soir, d’après ce que m’a dit Matt.
- Ah oui ?
- Oui. J’te laisse la surprise !
- Ok… Et après, chez moi ?
- Bien sûr chez toi.

Roland sourit et embrassa une dernière fois Rachel.

- A tout à l’heure.
- Hm. Et sans faute, cette fois !
- On verra bien.
- Sans faute !

Elle l’embrassa sur la bouche.

- Aussi sûr que je t’aime.

Roland sourit alors que Rachel prit discrètement la porte. « Merde, c’était sacrément excitant. Ça se passe mieux que je ne pensais, cette histoire de garder le secret… »

***

Malcolm entra dans la salle une fois les élèves entrés et installés. Il avança jusqu’à son bureau en ignorant les élèves levés, prêts à organiser un piquet de grève. Il s’installa, ouvrit ses pochettes et ses porte-documents et s’installa au micro.

- Monsieur, on refuse de faire cours !

Malcolm ignora les élèves, notamment le petit Jérôme, et ajusta le son du micro.

- Bonjour à tous…

Le bruit du micro était assourdissant, il surprit les élèves qui firent silence d’un coup.

- Je suis Malcolm Heine, votre professeur de mathématiques pour cette année…

Toujours le son à fond. Jérôme regarda ses camarades, stupéfait.

- … je suis également professeur syndiqué, membre du conseil disciplinaire et également en contact étroit avec le groupement des parents d’élèves…

Jérôme grimaça. Le jeune homme brun en pull bleu et blanc s’assit, désarçonné. Malcolm remit son micro au volume normal.

- Ravi que nous ayons trouvé un terrain d’entente. Bien, les mathématiques en quatrième année, ça va consister en plusieurs points. Evaluation des distances, évaluation du rapport distance-vitesse, évaluation des facteurs externes influençant la précision, précision des attaques et inertie des attaques dans l’air, précision des attaques physiques et précision des attaques spéciales. Autant dire que nous avons du pain sur la planche. Chapitre 1, Evaluation des distances.

Les élèves blêmirent. Malcolm inspira et enfila des lunettes de lecture.

- Je sens que ces deux heures vont être passionnantes, j’adore cette partie du cours. Alors…
- Monsieur ! Monsieur !

Malcolm remit son micro à fond et prononça d’une voix monocorde :

- Oui jeune homme, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

Jérôme se rassit, terrassé par les enceintes de la salle. Les autres élèves lui ordonnèrent d’arrêter son truc : ça ne marcherait pas avec lui. Malcolm remit le volume initial.

- Qu’on soit bien clairs, je donne un cours magistral. Vous le suivez, vous ne le suivez pas, peu importe. Après ne venez pas vous plaindre d’être mal notés en travaux dirigés. Bien, chapitre 1, évaluation des distances. En combat de Pokémon, il y a une notion à laquelle on pense rarement, c’est la distance d’éloignement entre les deux dresseurs. Les règles en vigueur de l’association Pokémon pour un combat classique prônent une distance entre dresseurs de vingt-trois virgule soixante-dix-sept mètres. Cette distance équivaut à celle qui sépare deux joueurs sur un court de tennis. Cette comparaison avec le tennis, vous allez la retrouver souvent parce qu’elle a conditionné le combat tel qu’on le connait aujourd’hui. Le renvoi de balle entre deux tennismen a été jugé similaire aux envois d’attaque entre deux dresseurs. Cette limite de vingt-trois virgule soixante-dix-sept mètres a été établie sur cette base, ainsi que sur le fait que le plus grand Pokémon existant, Wailord, mesure quatorze mètres, et qu’avec la Qualité Duchessey instituée dans la technologie des Pokéballs par Kœnigs Duchessey, Wailord apparaît dans les airs, aux côtés du dresseur, au niveau de la bouche et des yeux. De fait, cet espace lui permet d’avoir un minimum de latitude. Le terrain est multiplié par un virgule cinq lorsqu’on ouvre le bassin et double carrément de volume en compétition officielle type Arène, Tournoi, Compétition officielle, Ligue Pokémon. C’est inutile de lever la main.

Les quelques élèves qui avaient levé la main la baissèrent aussitôt.

- Je ne répondrais à aucune question, ni avant ni pendant ni après le cours. Je continue.
- C’est pas à propos de l’emploi du temps, monsieur…

Malcolm rehaussa le son du micro et lâcha sèchement :

- C’est non !

Ce qui provoqua de nouveaux cris dans les rangs. Il reprit son cours, très visiblement excédé.

- La taille du terrain a une incidence sur la précision des attaques, en termes de portée, tout d’abord, car qui dit éloignement du dresseur adverse dit augmentation de la distance de visée. Les attaques indirectes notamment ont besoin d’être réévaluées dans de telles conditions. Les attaques directes ont besoin d’un réajustement soit de la vitesse soit de la réactivité selon le corps du Pokémon. Un Pokémon rapide misera sur sa vitesse. Un Pokémon lent sur sa réactivité. Petit un, évaluation des distances en terrain classique. Je vais afficher les formules…

***

Le cours s’acheva. Malcolm resta à son bureau à ranger sa paperasse.

- Quelle peau de vache ce prof…
- Grave, rien à voir avec les autres…
- Trop coincé…

Malcolm inspira. Les élèves lui lançaient des regards mauvais. Le professeur leur rendit ces regards avec la même véhémence. « Classe de petits cons… »

***

- Tout s’est bien passé avec la Quatrième Cinq, Heine ?

Malcolm regarda Vincent en inspirant.

- Ils ont essayé de me faire leur petit numéro, je les ai calmés avec le coup du micro.

Vincent agita la tête.

- Un conseil de la CPE ?
- Du directeur.
- Pas mieux.
- Non.

Les autres professeurs s’activaient autour. Personne ne les écoutait.

- Du coup pour votre sœur tout à l’heure…
- Je pense que ça ira.
- J’veux dire, vous, vous êtes prêt à assumer les conséquences si ça se passe mal ?

Malcolm regarda vers sa sœur qui envoyait des SMS.

- … ça se passera bien, Rachel sait se faire respecter.

Il jeta un coup d’œil vers Claire qui plaisantait avec Léopold.

- … elle, au moins… marmonna Malcolm.

Rachel envoya son SMS.
Roland, qui faisait semblant de relire son cours, reçut le SMS. [Sympa la mise en appétit, j’étais incapable de me concentrer pendant mon cours ! ^^]

Roland sourit. [Je ne peux pas nier que c’était fait exprès. Tu gardes toujours le rendez-vous de ce soir secret ?]

Rachel regarda Roland en souriant. [C’est beaucoup plus excitant comme ça, non ?]

Roland inspira en relevant la tête, narquois. [J’aime bien aussi quand tu mènes la danse…]

Rachel sourit et rangea son téléphone afin d’éviter qu’ils ne deviennent trop suspicieux. Megan se posa entre eux à ce moment précis.

- Prête à affronter les petits monstres ?
- Ouais… En même temps mon cours est du genre à canaliser les tensions, j’ai une formation psychologique, c’est un peu mon rôle d’encaisser ce genre de choses…
- Franchement je dois les revoir plus tard dans la semaine, j’ai pas hâte…
- Ça se comprend mais je suis persuadée que mon frère fera ce qu’il faut si nécessaire.
- Je crois que tu es la seule à le croire, Rachel… souffla Megan, pas convaincue.

Rachel inspira et regarda vers son frère, toujours aussi concentré. « Roland a raison, Malcolm n’est pas bête, il voit ce qui se passe. Je le connais, je suis sûre qu’il veut réagir et qu’il prend sur lui. Sous ses airs de fonceur, c’est quelqu’un de réfléchi. C’est juste qu’avec ses responsabilités périphériques, il a une autre vision des choses, il avance prudemment. »

Rachel leva les yeux au ciel. « Cela dit, moi, perso, j’ai un peu les miquettes à l’idée d’affronter les mômes en question d’ici quelques minutes… »

Elle regarda Roland. « Lui, il saurait gérer. Il a beau manquer de confiance en lui, il pourrait gérer tout ça. Il est tellement plus fort que moi, tellement plus fort que tout le monde ici, que mon frère, que Charlie même… Et moi, bah… je suis avec lui parce que j’admire ça, parce qu’il me rend meilleure… il me complète en quelque sorte… »

Rachel inspira en se replongeant dans ses cours. « Non, souviens-toi de l’école, du voyage itinérant, de ce que tes professeurs t’ont inculqué. On est fort par soi-même avant d’être fort pour les autres et par les autres. Je peux gérer. Avec ou sans Roland. »

Rachel se leva avec ses affaires.

- Bon. J’y vais.
- B…
- A tout à l’heure, sœurette.

Rachel regarda Malcolm. Roland avait à peine eu le temps de formuler son encouragement. Malcolm n’avait pas quitté son ordinateur des yeux. « Il ne m’appelle jamais ‘sœurette’ en public… »

Roland se contenta d’un pouce levé. Hadley regarda Rachel, pas très rassuré. Claire arriva pour la serrer dans ses bras.

- Han non, Claire !
- C’est pour te donner du courage !
- Mais c’est pas la peine ! ricana Rachel.
- Je ne ferais pas la même chose mais le cœur y est ! admit Megan.
- Ouaiiiiiiis super câlin !! sourit Léopold en sautant sur Rachel et Claire.
- Ah noooon !! geignit Rachel.

Charlie leva les yeux au ciel en secouant la tête, un sourire aux lèvres. Matt haussa les sourcils, amusé.

- Bon ça va, elle va pas à l’abattoir non plus… souffla Vincent.

Léopold et Claire s’éloignèrent de Rachel qui hocha la tête.

- Merci à tous. Ça ira, ne vous en faites pas !

Elle regarda Roland qui mima un téléphone avec sa main. Elle hocha la tête et sortit. Texto après quelques pas dans le couloir.

[A la moindre anicroche, tu m’appelles. Je t’aime.]

Rachel sourit, posa le téléphone contre son cœur et avança bravement vers la classe de l’enfer. Les élèves semblaient en train de parlementer. Le fameux Jérôme Phelps lui barra la route.

- Madame, faut qu’on parle de notre emploi du temps !
- Tu permets ?
- Mais nan mais c’est super important !
- Je dois donner mon cours, Jérôme.
- Mais madame !

Rachel inspira. « J’vais pas gérer. »

Elle prit la clé et ouvrit la porte. « Du moins, pas bien gérer. »

Elle laissa les élèves entrer avant elle comme il était de coutume. « Roland me parle souvent de cette part d’ombre qu’il a, de ces pulsions qui le travaillent, des frustrations qu’il accumule… »

Jérôme passa en la regardant et en agitant les mains, d’un air ‘on doit discuter, sérieusement !’ que Rachel accueillit d’un air neutre. « J’ai tendance à lui dire qu’on est tous comme ça, mais moi, j’ai choisi de me défouler en me battant. C’est de voir Roland aussi à l’aise dans le combat avec ses Pokémon qui m’a donné envie de devenir une combattante. Et quand j’ai compris que je devenais meilleure en dressant Sucreine avec l’aide de Roland… »

Elle attendit le passage du dernier élève, ferma la porte derrière elle et se dirigea vers son bureau. « Je vais gérer. »

- Bien, asseyez-vous, je suis Rachel Heine, votre professeur de combat direct cette année encore…
- Madame, il faut qu’on parle de notre emploi du temps !

Rachel regarda Jérôme. Il était entouré par des potes qui acquiesçaient à tout ce qu’il disait. « Ça me rappelle ce que disait Malcolm de sa vie à la fac… en moins arrogant, certes. »

- Oui, c’est-à-dire ?

« Première étape, engager un dialogue sur un pied d’égalité. »

- Bah vos deux heures, là, on pourrait pas les mettre ailleurs ? Ce matin on a commencé à dix heures !
- J’ai une classe le matin.
- Bah ouais mais du coup on finit à 17 heures, c’est pas juste ! On finit à 17 heures presque tous les soirs de la semaine !
- Je n’y peux rien, Jérôme.
- Pourquoi les autres ils ont des emplois du temps mieux que le nôtre ?
- Mais qu’est-ce que tu en sais ?

« Aouch. Erreur, Rachel. Ne pas répondre à une question par une question. Ca équivaut à laisser une ouverture à l’adversaire. Au moins large comme la route 217… »

- Bah parce que j’ai vérifié, vous me prenez pour un débile ?!
- Tu as vérifié comment ?
- J’ai demandé aux autres gens des autres classes de quatrième ! On a un emploi du temps complètement pourri !
- Tu sais, moi et mes collègues, on finit tous les jours à dix-sept heures. Avec vous ou avec une autre classe. On doit gérer plusieurs classes, plusieurs niveaux, plusieurs dizaines d’élèves différents…
- Mais on s’en fout de ça ! Si vous nous changez pas notre emploi du temps, nous on travaille pas !

« Voiiiilà. Le moment où tu peux contre-attaquer. Dès lors que l’ennemi abandonne le sens commun, c’est presque trop facile de riposter. »

- C’est absurde, Jérôme, je ne peux pas changer votre emploi du temps et arrêter de travailler n’y changera rien.
- Vous êtes comme tous les autres, vous servez à rien en fait !
- Ouais !
- Aux chiottes les profs !
- Tous pourris !

Rachel inspira lourdement en roulant des yeux. « Ça pue la maturité par ici… »

- Jérôme, je ne te permets pas.
- Bah quoi, qu’est-ce que vous allez faire ? Vous pouvez pas changer notre emploi du temps alors que clairement ça fait chier tout le monde !

Les autres élèves acquiescèrent avec plus ou moins d’enthousiasme. Rachel agita la tête. Jérôme la pointa du doigt.

- Vous faites la grande mais moi ma mère elle est présidente du groupe de parents d’élèves, et si je lui dis que vous faites rien pour notre emploi du temps, elle va vous passer un savon !

Rachel grimaça. « Ah non mais il me tend le bâton pour lui briser les côtes là… »

- Si tu avais cette option dès le départ, pourquoi tu ne l’as pas fait plus tôt au lieu d’embêter les collègues ?!

Les élèves semblèrent mitigés par cette remarque.

- Elle a pas tort…
- Bah ouais demande à ta mère d’intervenir vieux !
- T’es naze Phelps !
- VOS GUEULES PUTAIN ! Madame, si j’en parle à ma mère ça va chauffer pour votre matricule !
- Déjà tu restes poli et ensuite…
- Fin, cela dit, je suis sûr que moi aussi je peux vous mettre une raclée !

Cri de stupeur dans la salle. Rachel regarda Jérôme, éberluée. « Il est sérieux, ce petit con ?! »
Elle inspira. « Je sais pourquoi il dit ça mais quand même, cet excès de confiance en lui… »

- Allez madame, un duel, vous contre moi ! Si je gagne, vous parlez au proviseur pour qu’il change notre emploi du temps !

Les élèves frappèrent dans leurs mains en criant « La prof ! La prof ! La prof ! » et Rachel eut un demi-sourire. « Dans le mille, tu t’es fait avoir comme un bleu, petit con. »

Jérôme descendit les marches, fier à bras. Rachel l’observa, neutre. Elle se plaça à un bout du terrain. Jérôme sourit et sortit une Pokéball.

- Vous êtes là que depuis un an, madame Heine…
- Hm, en effet…
- Enfin, vous êtes prof que depuis un an.

Rachel inspira.

- Oui, et ?
- Bah vous êtes pas aussi forte qu’un prof âgé comme monsieur Fisher par exemple.

Rachel haussa les épaules.

- Donc tu as ta chance, je suppose… marmonna la jeune femme.
- Bah grave !

Les élèves applaudirent leur courageux camarade. Rachel prit la Pokéball de Sucreine et l’envoya. Jérôme se figea. La classe se tut. Rachel regarda son Pokémon.

- Va t’asseoir à ta place, Gambette.

Elle envoya ensuite Goupix. Le Pokémon blanc se précipita dans les bras de sa maîtresse et lui lécha le visage. Jérôme ricana, face à sa prof.

- Lui, j’veux bien l’affronter, ouais !

Rires des élèves. Rachel regarda Jérôme en inspirant lourdement. « Bah voyons… »

La jeune femme se dirigea vers son bureau et posa Goupix sur son coussin attitré.

- Non, Ronnie ne se bat pas.
- Une prof de combat direct avec un Pokémon qui se bat pas, ça fait mauvais genre !
- Hm. Qu’on soit bien clairs, Jérôme, ce que tu as à dire, je m’en tape.

Silence dans la salle. Le jeune homme fit de gros yeux.

- Finissons-en, que tu puisses retourner rater tes études depuis ta place plutôt que depuis le terrain.

Un net « Ouuuuh… » émergea du reste de la classe. Jérôme fronça les sourcils.

- Putain, j’vais vous éclater ! A TOI !!!!

Mackogneur sortit de sa Pokéball. Le Pokémon se mit en garde. Rachel inspira. « Le syndrome typique du mec dont le Pokémon académique évolue trop vite, qui prend la grosse tête et se fait une réputation de caïd à l’école… »

- Allez, sortez un Pokémon !!
« Gambette t’exploserait en deux-deux, mais je préfère t’humilier bien comme il faut. »
- Furiosa !

Ponyta apparut face à Mackogneur. Jérôme ricana.

- C’est pas ce truc qui dort au fond de la classe en permanence ?!

Rachel ne répondit rien, elle se contenta de regarder son adversaire. Silence glacial dans la pièce. Jérôme grimaça, gêné.

- … Mackogneur, Coup Croix !

Mackogneur s’avança, les bras supérieurs en croix. Il arriva près de Ponyta qui… s’enfuit. Dans les gradins, à la surprise des élèves et de Jérôme.

- Dheu…

Rachel ne bougea pas. Jérôme haussa les sourcils.

- Mon Pokémon a Annule Garde, vous savez !

Rachel hocha la tête, sachant. Mackogneur resta en place. Ponyta arpentait les escaliers de droite, galopant entre les pupitres des élèves qui observaient, éberlués. Un rocher lumineux fusa dans les marches. Ponyta l’esquiva sans peine. D’autres rochers vrombirent du sol. Ponyta les esquiva difficilement et fut atteinte par le choc de la pointe émergeant du sol. Rachel plissa les yeux. « Je dois admettre, cela dit, que sa Lame de Roc est parfaitement maîtrisée… »

- Allez !!

Mackogneur se concentra et créa des cailloux autour de lui. Rachel inspira alors que Mackogneur envoyait les rochers vers les gradins des élèves. Ponyta passait derrière le tout dernier rang. Les rochers frappèrent le fond de la salle alors que les élèves se baissaient ou passaient sous leur chaise.

- Vous inquiétez pas, mon Mackogneur est super précis !

Ponyta esquiva toutes les Lames de Roc envoyées. Jérôme grimaça. Le Pokémon redescendait par l’autre escalier du gradin. Jérôme regarda la prof qui se regardait les ongles. Ponyta descendait en galopant de plus en plus vite.

- Elle me fonce dessus ? Je rêve ! Une petite ponette me fonce dessus ?!
- Furiosa, Ecrasement.

Ponyta bondit vers Mackogneur, les pattes avant prêtes à piétiner l’ennemi. Jérôme ricana.

- Vous êtes une gamine, madame ! Poing Karaté !!

Mackogneur attrapa les deux sabots de Ponyta avec ses bras inférieurs. Rachel acquiesça.

- Bien jouééé…
- Wow !
- Allez Jérôme !
- Héhéhé ! Mackogneur, FORCE !!

Avec ses bras supérieurs, Mackogneur se saisit de Ponyta, immobilisée, et la plaqua au sol. La pauvre ponette essayait de contrer l’attaque en posant ses pattes arrière dans le sable du terrain. Rachel esquissa un bâillement. Jérôme la regarda.

- Quoi, votre Pokémon est en mauvaise posture, non ?
- Hm-mm.
- Alors pourquoi vous bâillez ?!
- Oh, moi…
- Mackogneur, attaque Séisme !!
- Tu permets, c’est mon tour. Furiosa, Double Pied.

Mackogneur allait frapper mais Ponyta se ressaisit et sembla bien dressée sur ses pattes. Jérôme s’étonna.

- Et maintenant, Boutefeu.

Ponyta s’enflamma en entier. Mackogneur s’étonna. Il tenta d’effectuer son Séisme, mais Ponyta avait déjà repris le dessus. Elle bondit sur son adversaire et le renversa, enrobée dans les flammes. Mackogneur retomba lourdement au sol.

- Ecrasement !

Ponyta piétina Mackogneur de rapides coups de sabot qui neutralisèrent Mackogneur.

- Merde !! Dynamopoing !!

Mackogneur donna un coup de poing vers Ponyta.

- Furiosa, Cavalerie LOURDE !!

Ponyta recula, esquivant le Dynamopoing.

- Mais mon talent Annule Garde, je devrais…

Ponyta frappa d’un grand coup des pattes arrière le ventre de Mackogneur, mettant définitivement KO le Pokémon adverse. Elle effectua une rondade et retomba non loin de sa maîtresse qui lui donna une caresse sur le museau que le Pokémon chercha à approfondir.

- Parfait ma belle. A ta place.
- Mais madame, quand même…
- A TA PLACE !

Sucreine se leva pour compléter le cri de sa maîtresse. Jérôme grimaça et rappela Mackogneur.

- ‘chier…
- Bien. Le cours d’aujourd’hui concernera les DIFFERENCES DE FORCE entre un dresseur étudiant, FAIBLE et ARROGANT face à une femme professeur PUISSANTE et PREPAREE…

Jérôme se fit tout petit. Le reste de la classe ne pipait mot.

- … qui n’hésitera pas à lui recoller la RACLEE qu’il mérite s’il continue à emMERDER les collègues. J’ai été assez claire ?

Jérôme hocha la tête en serrant les dents.

- Et si ta mère a un problème avec ça, envoie-là se battre à ta place, peut-être que ça me fera un vrai challenge comparé à toi.

Jérôme grimaça, humilié.

- J… j’peux aller aux toilettes, madame ?
- Nan. Chie-toi dessus.

Ahanement des autres élèves. Rachel retourna à son pupitre et souffla. « Je déteste m’énerver. Je me sens tellement chargée d’énergie négative après. C’est pas moi, ça, je suis pas une femme colérique. C’est la présence de Roland qui me rend comme ça ? Ou le fait que maintenant qu’il est près de moi, j’ai des bouffées d’audace qui me montent à la tête ? Malcolm aurait raison, Roland a une mauvaise influence sur moi ?! »

- Bon. Partie 1, palier aux différences de force. Le Combat Direct oppose deux adversaires dans des confrontations brutes. C’est une force contre une autre. On peut schématiser des niveaux de puissance : 25, 50, 75 et 100. 25 peut battre 50, peut espérer battre 75 et sous certaines conditions peut même battre 100. Aussi étonnant cela puisse paraître. En fait, cela dépend de plusieurs critères : Conditions de la victoire, condition physique, mentale, environnementale… et jonglage habile entre les divers aspects du combat Pokémon.

Rachel alluma le projecteur pour dévoiler un schéma.

- Combat Direct, Apprentissage Technique, Physique des Attaques et Stratégie sont les quatre aspects du combat Pokémon que vous apprenez en académie. Et séparément. Les mathématiques de précision et l’élevage sont des à-côtés importants à travailler également, l’histoire et les fondamentaux participent à votre éducation générale et le sport n’est plus géré par des éducateurs depuis les directives Pringle. La Quatrième année du cursus académique est très importante. Vous êtes en train de vous préparer à l’année suivante, la cinquième, à la fin de laquelle vous allez effectuer votre voyage d’études, deux mois et demie avec un professeur expérimenté qui fera de vous des dresseurs accomplis. Pendant cette année, vous allez aussi comprendre au gré des différentes matières – enfin, si vous ne passez pas vos cours à faire grève pour « avoir de meilleurs horaires » quand, clairement, vous ignorez totalement ce que le mot « horaires de merde » veut dire – que…

Jérôme allait protester mais Rachel lui asséna un regard suffisamment appuyé pour le remettre rapidement à sa place.

- … Toutes ces matières se combinent pour n’en former qu’une : Dressage Pokémon. Partie 2, cas pratiques. Le cas étalon en matière de rapport de forces est appelé « Rattata contre Fantominus ». On considère le cas suivant, faites un tableau, deux colonnes, six lignes. Colonne 1 : Rattata, niveau 100, Damoclès, Croc de Mort, Vive-Attaque, Ultralaser. Colonne 2 : Fantominus, Niveau 25, Toxik, Dépit, Abri, Regard Noir.

Rachel laissa aux élèves le temps de noter.

- Il est évident que la victoire revient à… Loretta ?

Une jeune fille noire avait levé la main.

- Fantominus.
- Possible. En vertu de quoi ?
- Hm, son type déjà… Ses attaques… le fait que Rattata n’ait rien pour riposter !
- Voilà. On en vient à ce que je vous disais : En conditions classiques, effectivement, Fantominus a toutes les chances de remporter la victoire. Pourtant son niveau est clairement inférieur, il n’a aucune attaque offensive, Rattata a un arsenal à sa disposition mais le jeu d’immunités joue contre lui. Comment Rattata pourrait gagner ?... Samir !

Un jeune homme au regard malicieux et à la peau brune hocha la tête.

- En changeant ou en ne changeant pas les variables propres au cas ?
- Restes-en au cas sans changer les variables propres pour voir ! sourit Rachel.
- Euh… si c’est un concours Pokémon, Rattata a plus de chances d’impressionner un jury avec des attaques offensives bien maitrisées que Fantominus avec un jeu d’attaques qui s’apparente à de la torture !

Rires dans la salle. Rachel sourit également.

- C’est une idée. Mais plus techniquement…
- En altérant les conditions de victoire…
- Voilà. Commence par donner la réponse et ensuite par donner l’exemple, Samir !
- Je sais, je sais !
- Bon. Quelqu’un d’autre a une idée ?... Mara ?

La jeune fille indienne inspira.

- L’environnement…
- Explique.
- Eh bien si le combat se déroule dans une carrière rocheuse, Rattata peut agir dessus pour frapper Fantominus avec des attaques normales mais avec un apport élémentaire.
- Tout à fait. Bien. Quand Loretta a répondu, je lui ai dit que c’était « Possible ». Sauf que l’issue du combat telle qu’admise par le cas pratique, pris littéralement, est généralement en faveur du dresseur au Rattata. Pourquoi ?

Rachel vit que les élèves réfléchissaient. Elle hocha la tête.

- Il y a une solution très simple…

Les élèves s’en remirent à elle. Elle sourit.

- C’est tout bête : Le dresseur au Fantominus abandonne généralement le match.

Les élèves semblèrent interdits. Rachel sourit de plus belle.

- Et vous allez me dire « Pourquoi ?! » Il a toutes les chances de gagner, ça n’a aucun sens – on est d’accord. Sauf qu’il ne le sait pas. Tout ce qu’il voit c’est un Rattata hyper puissant, un dresseur hyper expérimenté, sûr de lui et de sa force. Et avec un certain penchant pour les attaques du même type que le Pokémon. Le cas inverse est également possible. Fantominus de niveau 100 avec Ball’Ombre, Léchouille, Vent Mauvais et Ombre Nocturne. Rattata de niveau 25 avec Morsure. Juste Morsure, ça suffit !

Rires des élèves. Rachel inspira et continua son cours.

***

- Tu es incroyable ! sourit Roland.
- N’est-ce pas. C’était le plus simple, lui coller une bonne claque dans la gueule, mais avec des Pokémon. Ce que tu aurais fait à ma place dans le couloir si tu avais pu.
- Un peu, oui, admit Roland. Et ce choix de bar… ?!

Ils étaient dans le café des amateurs de roller, le Café Slalom. Rachel inspira.

- J’ai demandé à Matt quels étaient les bons cafés précisément pour savoir dans quel café on pourrait être seuls et se voir tranquille sans risque d’être surpris !

Roland sourit.

- Tu es incroyable, je persiste !
- Merci. Je me débrouille, en effet ! Pas facile de rivaliser avec de grands esprits comme toi ou Charlie mais je me maintiens au niveau !

Roland secoua la tête en souriant.

- Tu plaisantes. Sans toi je ne serais pas la moitié de ce que je suis !
- Ni aussi bon en flatteries !

Roland baissa la tête vers sa pinte.

- Ça peut marcher, tu crois ? Tout ça, sans rien dire à personne…

Rachel haussa les épaules.

- Toi et moi on ne s’est jamais rien promis, on a toujours vécu notre histoire comme on l’entendait sans s’en remettre aux autres, alors je suppose qu’on peut continuer… autant que faire se peut.
- Hm. C’est-à-dire, jusqu’à ce qu’ils le découvrent tous.

Rachel inspira.

- On avisera.
- Comme on l’a toujours fait.

Roland et Rachel trinquèrent. Un type en tenue de patineur approcha d’eux.

- Salut ! Vous utilisez quel modèle ?
- Modèle…
- De patin !
- On… ne fait pas de patin, on voulait juste se mettre dans un coin tranquille ! sourit Rachel.
- Oh, ok, pardon ! Pas d’inquiétude, ça roule ! Haha !

Roland et Rachel se regardèrent et pensèrent la même chose : « En effet, pour le moment, « ça roule »…



Générique de fin : Sexy Sushi – Cheval

«Cheval, cheval
Tu cours comme un fou
Tu cherches à nous servir
Envers et contre tout
Ta crinière de feu
Éblouit nos combats
Cheval si courageux
Je te nomme roi
Cavale contre l'ennemi
Sans défense, sans armure
Tes sabots, ton allure
Tout chez toi est pur
Ta fougue résonne dorénavant comme la vie
Cheval cours, saute, galope, hennis ! »