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Les douze tableaux de Jaune de MissDibule



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» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 21/10/2018 à 00:43
» Dernière mise à jour le 21/10/2018 à 00:43

» Mots-clés :   Aventure   Kanto   Mythologie   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de personnages du manga

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V et VI – Les oiseaux et le taureau du bosquet verdoyant
Jaune survolait Kanto aux côtés du Pr. Chen. Dès que ce dernier avait reçu son appel, il avait immédiatement décidé de s’envoler pour le Bourg Palette et Jaune, pressentant qu’elle pourrait lui apporter son aide, avait décidé de l’accompagner. Verte avait voulu faire de même, mais Jaune l’en avait dissuadée, en lui rappelant – à juste titre – qu’elle avait une arène à faire tourner, désormais. Jaune avait alors décollé précipitamment avec le professeur, sans même prendre le temps de lui demander de plus amples informations.

Cela faisait maintenant une vingtaine de minutes que les deux compagnons de voyage planaient au-dessus de Kanto, accompagnés d’un vent assourdissant qui les poussait en avant et empêchait toute communication orale. Le Rapasdepic du professeur, qui maintenait fermement son dresseur entre ses serres, filait si vite que Chenipou avait du mal à tenir la distance. Mais le petit Papilusion tenait bon, et Jaune se promit de le récompenser pour sa ténacité dès qu’elle le pourrait. Cependant, pour l’instant, la jeune femme se souciait de toute autre chose :

— Alors, dites-moi, professeur, que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle quand le vent se fut un peu calmé, néanmoins assez fort pour que le septuagénaire puisse l’entendre correctement.

— Nous voici arrivés au Bourg Palette. Je te laisse voir par toi-même, lui répondit-il d’un air soucieux, en pointant l’index vers le sol.

En effet, perturbée par les lames d’air qui lui fouettaient le visage, Jaune n’avait même pas remarqué qu’ils avaient déjà atteint leur destination : les bourrasques avaient au moins eu le mérite de les guider droit au but !

La jeune femme coula un regard en contrebas tandis que son Pokémon se rapprochait du sol. Elle distinguait désormais très nettement le petit village paisible aux chaumières colorées qui lui avaient sans doute valu son nom et son herbe verte si drue, ainsi que le laboratoire au toit gris du Pr. Chen.

Du moins, elle aurait pu éventuellement remarquer la richesse des couleurs de tous ces beaux éléments si ceux-ci n’avaient pas entièrement recouverts par…

— Des Roucool ? s’exclama-t-elle, incrédule, alors qu’elle posait enfin pied à terre, ce qui fit s’envoler plusieurs volatiles apeurés.

— En effet, approuva le Pr. Chen. Mon assistant m’avait prévenu : des hordes gigantesques de Roucool venus de la route 1 et de la Forêt de Jade ont envahi Bourg Palette, sans que l’on puisse en déterminer la cause.

— Ils ont l’air terrorisé, remarqua Jaune avec tristesse.

En effet, les pauvres oiseaux bruns et beiges se serraient les uns contre les autres, tremblant comme des feuilles, chacun enfouissant son petit bec rose dans le plumage de son voisin.

— Oui. Je me demande vraiment ce qui les effraie à ce point. Il faut vraiment tirer tout cette histoire au clair, et ce le plus vite possible. Cette invasion fait également peur aux habitants de la ville. Autant de Pokémon concentrés au même endroit, aussi petits soient-ils, cela peut vite dégénérer. Le mieux serait de réussir à les renvoyer d’où ils viennent…

— Pour ça, il faudrait d’abord savoir ce qui les terrorise à ce point…

— Exactement. J’espérais justement que mon assistant pourrait quelque peu nous éclairer là-dessus, mais visiblement il n’est nulle part… Je vais l’appeler.

Tandis que le Pr. Chen appelait une nouvelle fois son assistant, Jaune observait les nuées de Roucool qui recouvraient entièrement le hameau. Il y en avait des dizaines… Non, peut-être même des centaines ! Alors que Jaune se demandait comment autant de volatiles pouvaient tenir dans un espace aussi restreint, le professeur lâcha un : « Ah, enfin ! » d’agacement. Apparemment, il avait enfin obtenu une réponse, après trois essais infructueux.

— Mais enfin, où êtes-vous ? Vous arrivez ? …Quoi ? Mais enfin qu’est-ce que vous…

— Euh, professeur… ? l’apostropha Jaune, soudainement angoissée.

— Jaune ? Qu’est-ce qu’il… voulut savoir le scientifique en se retournant vers la jeune femme.

— Attention ! hurla Jaune en le poussant sur le côté juste à temps.

Une fraction de seconde plus tard, un homme en blouse blanche leur filait à toute vitesse sous le nez, poursuivi par une bête enragée qui fonçait en ligne droite comme un boulet de canon. L’homme continua alors à courir jusqu’à la lisière de la ville, qui donnait directement sur la mer. Voyant dans l’azur du chenal sa chance inespérée de salut, le pauvre hère plongea sans remords dans les flots.

Au même moment, une prodigieuse nuée de Roucool se dispersa dans le ciel, affolée.

La bête, elle, s’arrêta net, pilant juste à temps pour ne pas tomber à l’eau. Puis elle se retourna et se mit à gratter furieusement le sol de ses sabots. Son pelage marron ruisselait de sueur – en particulier au niveau de son cou, orné d’un épais collier de fourrure brun foncé – et son regard furibond était à glacer le sang. Les cornes pointées en avant, le Tauros n’allait pas tarder à charger une nouvelle victime.

Et il n’y avait que peu de potentielles nouvelles cibles autour de lui. Le bovidé, après avoir gratté le sol pendant quelques infimes instants, revint à la charge encore plus violemment, en direction des deux compagnons d’infortune. Il leur suffit cependant d’un regard pour se mettre d’accord sur la marche à suivre : ils avaient eu la même idée.

Au moment où le Tauros allait les percuter, Jaune et le Pr. Chen s’envolèrent grâce à leurs Pokémon Vol, qu’ils n’avaient – heureusement – pas rentrés dans leur Poké Balls. Le taureau, désormais dans une colère noire, finit sa course les cornes enfoncées dans la boîte aux lettres d’une maisonnette environnante. Comme elle restait accrochée à ses cornes, il secoua frénétiquement la tête pour s’en défaire.

Pendant ce temps, Jaune, suspendue dans les airs, cherchait désespérément une idée. Elle en avait bien une, mais elle lui serait difficile à mettre en place avec ce Pokémon fou qui courait dans tous les sens de manière totalement imprévisible. Elle allait avoir besoin de l’aide du professeur pour que son plan réussisse :

— Professeur ! Vous avez une idée pour l’immobiliser ? lui demanda-t-elle précipitamment.

Le vieil homme sembla réfléchir un instant, puis tout à coup son visage ridé s’illumina :

— Tu te souviens de ce fameux match, le jour de notre rencontre ?

La jeune femme ne comprenait pas bien le rapport avec la situation :

— Euh… Oui ? Et alors ?

— Je t’avais demandé de neutraliser mon Piafabec, et tu l’avais fait en l’emprisonnant dans un courant d’air avec l’attaque Cyclone de ton Doduo !

— Oh ! Vous voulez dire…

— Oui ! Faisons pareil ici ! Il se trouve que mon Rapasdepic connaît lui aussi cette capacité. Je suppose que tu as une idée derrière la tête ?

Jaune hocha la tête, le regard empli de détermination.

— Alors, c’est parti ! s’écria le septuagénaire, qui semblait presque s’amuser malgré la gravité de la situation. Rapasdepic, Cyclone ! Enferme-moi ce danger ambulant !

Alors que le Tauros se plaisait à fracasser ses cornes contre les arbres, faisant fuir par dizaines les Roucool – tandis que les autres restaient figés sur leur branche, mortifiés - le Pokémon Vol du professeur ne se fit pas prier. Il déploya autant qu’il put ses grandes ailes brunes et les agita frénétiquement pour générer de puissantes bourrasques, si fortes que le Tauros ne pouvait plus faire un mouvement.

Nouvel envol paniqué de Roucool.

— Professeur ! l’appela Jaune.

— Oui ?

— Au moment où je vous le dirai, il faudrait que vous disiez à votre Pokémon de stopper son attaque Cyclone, s’il vous plaît !

— D’accord, je te fais confiance, affirma le Professeur, les yeux rivés sur le Tauros colérique.

Jaune demanda ensuite à Chenipou de se rapprocher le plus possible du Cyclone de Rapasdepic, ce que son Pokémon fit vaillamment malgré sa peur ostensible, peur que Jaune partageait. Elle porta ensuite – difficilement – une main à sa ceinture pour saisir l’une de ses Poké Balls, quand soudain elle se figea, en proie à la panique : elle avait oublié l’ordre dans lequel étaient alignées ses capsules bicolores. À un moment pareil !

— Je t’en supplie, Jaune, dépêche-toi ! S’il est libéré maintenant, qui sait quels dégâts sa colère pourrait causer ! la pressa le Professeur, qui voyait bien que l’attaque Cyclone de son Pokémon commençait à faiblir.

— J’y suis presque ! Je… je cherche ! essaya de le rassurer Jaune, qui fouillait désespérément sa mémoire : elle n’avait pas le droit à l’erreur et pourtant... Elle ne se souvenait vraiment pas.

— Tu cherches ? Mais enfin que cherches-tu ? On n’a plus le temps ! hurla le professeur, désormais catastrophé.

Les bourrasques commençaient vraiment à se disperser, et déjà le Tauros se préparait à charger à tout vitesse pour détruire la première chose qui se mettrait en travers de sa route. Le Cyclone touchait à sa fin : Jaune devait prendre une décision, et maintenant ! Elle lança alors toutes ses Poké Ball vers le sol, libérant cinq de ses Pokémon devant le Tauros, qui fonça immédiatement sur eux. Les créatures firent alors bravement face au taureau, malgré leur peur.

Les Roucool continuaient à déserter Bourg Palette.

— Tenez bon les amis ! Faites tout ce que vous pouvez pour le tenir à distance ! J’arrive !

— Quoi ? Mais enfin, Jaune, c’est de la folie ! s’écria le Pr. Chen.

Sans l’écouter, la jeune femme demanda à son Papilusion de se rapprocher du sol, alors que ses Pokémon luttaient contre le Tauros. Heureusement, ils étaient débrouillards, et avaient réussi à encercler le Pokémon sans le blesser, comme elle le leur avait appris. Dès qu’il fonçait vers l’un d’eux, ce dernier esquivait la charge de justesse, ce qui le mettait encore plus en colère. Jaune vit cependant la bête se ruer sur son Grolem : Gravounet, qui était un peu lent, ne réussit pas à l’éviter et décida plutôt de prendre le Tauros par les cornes.

Sa dresseuse vit là l’occasion rêvée pour elle d’en finir : elle fit descendre Chenipou en piqué vers Chuchu, sa Pikachu, et la saisit au vol. La petite souris électrique se serra alors contre elle, effrayée. « Ça va aller Chuchu, fais-moi confiance… » lui chuchota sa dresseuse en la caressant pour l’apaiser. Puis elle expliqua en peu de mots son plan à son Pokémon. La Pikachu avait peur, mais elle croyait en Jaune plus qu’en n’importe qui. La souris jaune hocha la tête pour montrer à sa dresseuse qu’elle avait compris.

— Super ! Tu es géniale ! Prête ? s’enquit Jaune auprès de son Pokémon.

— Chuuuuuu ! approuva Chuchu.

— Alors on y va ! Chenipou, en avant !

Le Papilusion s’élança à toute vitesse vers le Tauros et Gravounet, qui semblait avoir de plus en plus de mal à le maîtriser. Alors qu’il passait juste au-dessus de la lutte des deux colosses, Chuchu sauta des bras de Jaune tandis que celle-ci s’écriait :

— Chuchu ! C’est le moment ! Cage-Éclair !

La Pikachu chargea alors ses poches d’électricité et envoya une onde électrique en direction des deux Pokémon. Le Tauros poussa un cri de rage, mais cette fois-ci, il ne pouvait plus rien faire : il était complètement paralysé par la prison d’électricité de la petite Chuchu, qui était soulagée d’avoir accompli sa tâche et neutralisé le Tauros. Elle sauta dans les bras de sa dresseuse dès que celle-ci fut déposée au sol par Chenipou. Jaune caressa la fourrure de la souris électrique le sourire aux lèvres, et félicita toute son équipe :

— Bravo Chuchu ! Merci à vous tous, les amis, vous avez été parfaits ! Vous avez sauvé le Bourg Palette !

— Oui, bravo ! retentit une voix.

— Hourra pour notre sauveuse ! s’exclama une autre.

— Oui, hourra, pour elle et ses Pokémon ! applaudirent des voix qui se faisaient de plus en plus nombreuses.

Jaune, en proie à l’incompréhension, releva la tête et vit une grande partie de la population du Bourg Palette l’acclamer. Apparemment, ils avaient assisté à toute la scène et venaient remercier la courageuse dresseuse qui avait vaillamment défendu leur village. S’ils savaient qu’elle avait dû improviser après avoir lamentablement paniqué…

— C’était très impressionnant, Jaune, déclara une autre voix, plus familière.

C’était celle du Professeur Chen, qui descendait de son Rapasdepic. Il était à la fois un peu inquiet de l’inconscience de Jaune et soulagé de sa réussite.

— Le Bourg Palette t’est reconnaissant, et moi aussi : sans ta bravoure et celle de tes Pokémon, mon laboratoire aurait pu subir de lourds dommages, la remercia le professeur.

— Merci à tous… murmura la concernée, gênée.

Le professeur s’approcha du Tauros, toujours emprisonné dans sa cage de foudre. Il lui lança un regard noir qui signifiait qu’il ne s’était absolument pas calmé. Le savant s’étonna :

— Il devrait être épuisé… Ce Tauros est incroyablement robuste.

— Professeur ? l’appela Jaune.

— Oui ?

— Vous auriez une Poké Ball vide sur vous ?

— Hein ? Ne me dis pas que…

— Si, j’aimerais attraper ce Tauros. Je pense qu’il y a une raison derrière son comportement agressif, et j’aimerais l’aider, affirma-t-elle avec force.

La stupéfaction était générale. Seul le Pr. Chen n’était pas étonné : il savait que la plus belle qualité de Jaune était son grand cœur. Des murmures s’élevèrent dans l’assistance. Les habitants du Bourg Palette ne semblaient pas vraiment partager son opinion. Elle les comprenait : après tout, ce Tauros avait causé la panique dans leur village. Mais elle ne pouvait tout simplement pas ignorer la souffrance d’un Pokémon. Elle réitéra donc sa demande :

— Professeur ? Avez-vous une Poké Ball vide pour moi ? S’il vous plaît…

Le professeur réfléchit un instant et déclara sur un ton catégorique :

— Je suis désolé, Jaune, mais que j’en aie une ou pas, je ne te la donnerai pas. Ce Pokémon est dangereux, et je refuse qu’il t’arrive quoi que ce soit par ma faute.

— Je vois. Sachez que ça ne m’arrêtera pas, professeur. Je vais capturer ce Tauros, que cela vous plaise ou non, affirma Jaune avec force, le regard empli de détermination.

Le Pr. Chen poussa un soupir. Malheureusement, il savait également que Jaune était très têtue. Au fond, elle était toujours cette jeune fille qui était arrivée comme une fleur dans son laboratoire, accompagnée de Pika, et qui avait voulu tourner les talons sans donner plus d’informations, comme si tout était parfaitement normal. Mais il ne céderait pas. Il était persuadé que ce Pokémon était dangereux, et il n’approuvait pas l’idée de Jaune.

— Tiens, attrape ! lança une voix familière dans l’assistance.

Jaune tressaillit : elle connaissait cette voix ! Elle leva la tête, juste à temps pour recevoir un objet rond sur le front, qui atterrit ensuite dans ses mains : une Poké Ball !

— Aïe, gémit-elle. Ça fait mal… C’est comme ça que tu m’accueilles ? blagua-t-elle en s’adressant au nouveau venu.

C’était un jeune homme svelte âgé d’une trentaine d’années. Ses cheveux châtains étaient comme toujours en pétard. Il était vêtu d’une veste en cuir où il enfouissait ses mains et d’un pantalon beige. Ses yeux verts brillaient de malice sur son visage aux traits fins. Dans une pose flegmatique, le menton relevé, il s’adressa à elle :

— Bah quoi ? Je t’ai donné ce que tu voulais ! répliqua-t-il. Ça fait un bail, Jaune !

— Bleu ! Je suis si contente de te revoir ! s’écria Jaune en se jetant dans ses bras.

Le concerné, peu habitué aux embrassades, consentit cependant à faire une exception pour ces retrouvailles de longue date et prit la jeune femme dans ses bras.

— Bleu… Je savais que tu viendrais te mêler à cette histoire… soupira le Pr. Chen.

Son petit-fils avait décidé de prendre deux semaines de vacances, qu’il était venu passer avec son grand-père dans son village natal. Mais depuis qu’il était revenu, Bleu semblait tellement s’ennuyer qu’il n’avait rien trouvé de mieux que de fourrer son nez dans toutes les affaires du professeur. Heureusement pour lui, son petit-fils dormait lorsqu’il était parti pour Safrania.

— Grand-père ! Tu n’as pas le droit d’empêcher Jaune de capturer ce Tauros, déclara Bleu en se dégageant de l’étreinte de son amie d’enfance.

— Je ne l’en empêche pas, je le lui déconseille, rétorqua le scientifique.

— Je pense que tu as raison, Jaune, reprit-il en s’adressant à la jeune femme. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez ce Tauros. Si tu le captures, peut-être qu’on en apprendra plus grâce à ton pouvoir.

— Compris, approuva-t-elle.

Le professeur secoua la tête : ah, la fougue de la jeunesse… Ils savaient que ces deux têtes brûlées ne l’écouteraient pas. Ils n’écoutaient déjà pas il y a vingt ans de cela, alors maintenant… Le savant se contenta alors de regarder, inquiet, Jaune qui s’approchait du bovidé emprisonné. Il était toujours aussi fou de rage. Elle lança sa Poké Ball à travers la Cage-Éclair. La petite balle vibra trois fois, puis s’éteignit. Ce Tauros était maintenant celui de Jaune, pour le meilleur et pour le pire.

— Je vais t’appeler Taurounet ! décida Jaune en ramassant la Poké Ball.

— Dis donc, tu t’es améliorée en capture ! Ce n’est pas comme la fois où t’as capturé ton Chenipan ! plaisanta Bleu.

— Ha ha, c’est vrai ! confirma Jaune, qui se souvenait de cette éprouvante capture qui avait duré plusieurs heures.

Alors que les deux amis discutaient, la foule qui s’était formée autour de Jaune commençait peu à peu à se disperser : les habitants semblaient soulagés de voir que le Tauros qui avait endommagé leur petit village était hors d’état de nuire. Ainsi, les Roucool étaient enfin en paix, et ils pouvaient rentrer chez eux. Comme la nuit tombait, le Pr. Chen proposa à Jaune de l’héberger pour la nuit, ce qu’elle accepta avec plaisir, très heureuse de pouvoir passer un peu plus de temps avec Bleu. Ce soir-là, Jaune se trouvait dans le jardin du laboratoire avec son ami :

— Tu crois qu’il s’est calmé ? demanda Jaune, la Poké Ball de Taurounet à la main.

— Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, répondit Bleu, assis contre la clôture, l’air sérieux. Je tiens mes Pokémon prêts s’il s’énerve à nouveau.

— Merci…

La jeune femme, quelque peu anxieuse, libéra alors son nouveau compagnon dans le jardin. Il avait toujours le regard mauvais et se mit immédiatement à gratter le sol.

— Jaune ! Apaise-le avec ton pouvoir, vite ! lui ordonna Bleu.

Jaune se précipita sur son nouveau Pokémon et enfouit son visage dans sa fourrure en lui chuchotant des paroles rassurantes. Le Tauros ferma alors les yeux et perdit soudain toute combativité. Jaune put alors avoir accès à ses souvenirs. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle y vit sa bien-aimée Forêt de Jade ! Mais il n’y avait normalement pas de Tauros là-bas… Quand soudain une nouvelle vision s’offrit à elle : des sbires Rocket ! L’image était floue, mais Jaune comprit immédiatement le lien entre ces deux images.

— Bleu ! Je sais pourquoi ce Tauros est aussi agressif ! s’exclama-t-elle en revenant à elle.

— Qu’est-ce que tu as vu ? s’enquit son ami.

— La Forêt de Jade. Et la Team Rocket.

— Ah ! Les Pokémon sur lesquels ils ont fait leurs expériences puis relâchés dans la forêt ! comprit-il aussitôt.

— Oui… Tu veux dire qu’ils sont encore là ? demanda-t-elle, étonnée.

— Malheureusement, oui. C’est triste à dire, mais l’Alliance Pokémon n’a rien fait pour régler le problème, malgré toutes mes demandes. Et cela va sans dire que tout seul, je n’ai rien pu faire… Alors les Pokémon se sont reproduits, et ont transmis leur comportement agressif à leurs descendants. C’est pourquoi aujourd’hui, la Forêt de Jade abrite une faune aussi variée que dangereuse, lui expliqua-t-il avec amertume.

— Ma pauvre forêt… s’attrista Jaune.

— Je sais… Plein de dresseurs viennent désormais s’y entraîner. Ça a considérablement augmenté le tourisme à Jadielle, mais franchement je crois que je préférais avant. Les dresseurs se bousculent au portillon pour m’affronter et la ville est noyée sous le béton… Toute cette agitation m’a vraiment mis le blues. C’est pour ça que je suis venu ici…

— Oh, Bleu, c’est horrible… compatit Jaune.

— T’en fais pas, on fait aller… Les vacances sont là pour ça.

— Notre pauvre Jadielle…

Elle était vraiment triste d’apprendre ce que sa ville natale et sa calme forêt étaient devenues. Tout ça à cause de la passivité de l’Alliance Pokémon… Elle se promit d’y revenir bientôt. Elle voulait voir cela de ses propres yeux. Cela ne pouvait pas être si terrible… Du moins l’espérait-elle très fort.

— Comme tu dis.

Puis ils restèrent un long moment côte à côte, sous les étoiles, sans rien dire, jusqu’à ce que Bleu brise enfin le silence :

— Il se fait tard, on ferait mieux d’aller dormir.

Jaune acquiesça, puis les deux jeunes gens prirent la direction de leurs chambres respectives : Bleu dans la sienne, et Jaune dans celle de sa sœur, Nina Chen. Cependant, juste avant qu’ils se séparent, Bleu retint Jaune par le bras :

— J’ai été très heureux de te revoir, lui dit-il en détournant le regard.

Jaune, touchée, lui fit son plus grand sourire et répondit :

— Moi aussi, Bleu. Bonne nuit !

— Bonne nuit.

Jaune gagna enfin son lit après cette très longue journée… Mais pas question pour elle de dormir. Encore pleine d’énergie, la jeune femme réalisa les crayonnés de trois de ses futurs tableaux : la fuite de Céry, l’invasion des Roucool et la charge de Taurounet. Mais elle était cependant bien plus fatiguée que ce qu’elle avait cru, et s’endormit le crayon à la main, en se demandant quelles aventures l’attendaient encore dans le nouveau Kanto.