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Effacé de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 20/10/2018 à 10:59
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:35

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 6 : Un passé obscur
« Le regret est une seconde erreur. » Raymond Latarget.



***


Un dinoclier percuta Hank au niveau du genou droit, le faisant tomber face contre terre. Ce fut son cri de douleur qui alerta Lyco ; sa lame siffla et s’abattit sèchement sur la nuque du Pokémon, la partie la plus molle de son corps. Du sang gicla, le pokémon gémit et s’effondra sur le côté après quelques pas vacillants.

Hank se redressa laborieusement, sa jambe apparemment trop douloureuse pour lui permettre de marcher seul. Alors qu’Othéus et une femme aidaient l’homme à se relever, Lyco tourna son regard vers le centre de l’Arène.

Les pillards faisaient face aux deux polagriffes. Ou plutôt Darren, le colosse, faisait face, seul, aux deux bêtes de type glace.

Avec pour unique arme une hache.

Pensait-il vraiment pouvoir gagner ?

Un jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, et faisant partie de la bande de Darren, voulut intervenir, mais la fille que Lyco avait dévisagé plus tôt dans la journée l’en empêcha en lui attrapant le bras. Et en lui criant quelque chose que le garçon ne parvînt pas à saisir.

Un coup d’œil autour de Lyco lui apprit qu’il ne restait plus de danger immédiat ; seuls restaient des dinocliers ou des pokémons trop amochés pour représenter une menace pour ses alliés.

Que faire ?

Les deux ours semblaient bien trop difficiles à éliminer pour un seul homme, et même pour cette montagne de muscle qu’était Darren. Mais n’était-ce pas plus prudent de les attaquer à plusieurs, plutôt que d’attendre qu’ils déchiquettent les autres ? Lyco hésita. Intervenir, attendre ? Il sentait cette énergie étrange parcourir ses veines ; cette force anormale, qui semblait venir de son passé. Il ignorait s’il était capable de vaincre ces bêtes… mais il n’avait pas peur d’essayer.

Une secousse ébranla le sol. Lyco faillit tomber bêtement. Darren, lui resta de marbre alors qu’un des polagriffe poussa un rugissement assourdissant.
Ignorant le vent froid qui soufflait sur l’Arène, le jeune homme s’avança à grands pas vers le centre de l’Arène.

— Lyco ! appela Hank dans son dos. Qu’est-ce que tu fais ?
— Reviens ! renchérit le jeune garçon du groupe, inquiet.

Lyco les ignora. Une rafale glacée lui souffla au visage.

Il savait qu’il allait être plus utile en aidant Darren, qu’à protéger ses alliés des quelques pokémons déjà destinés à mourir de leurs propres lames.

Lyco entendit quelqu’un le rejoindre au pas de couse. C’était Lacrya, qui semblait à la fois furieuse et impatiente. Elle le fixa d’un air indéchiffrable, puis tourna la tête vers les polagriffes.

— Vise leurs yeux, dit-elle simplement.

Ses lèvres avaient bleui. Celle de Lyco devaient être dans le même état ; il sentait à peine son visage à cause de la température qui baissait depuis le début du combat.

L’un des monstres se rua sur Darren griffes en avant. Le colosse l’esquiva en faisant preuve d’une agilité insoupçonnée, puis abattit sa hache. Mais un mur glacé apparut, créé de toutes pièces par le pokémon, et la lame se coinça dans la glace. Darren tira sur la hache, mais elle resta bloquée alors que l’autre monstre contournait le mur en grondant.

Les pillards semblèrent surpris de voir passer à côté d’eux Lacrya et Lyco. Du coin de l’œil, ce dernier eut même l’impression de voir certains visages se décomposer, livides. Quelqu’un fit une remarque qu’il n’entendit pas. Ignorant ces pillards étranges, Lyco et Lacrya s’élancèrent au pas de course.

Ils s’interposèrent entre Darren et l’un des ours, avant que ce dernier n’ait pu prendre le colosse à revers.

Une énorme patte griffue, capable de couper un arbre en deux, partit en direction de Lyco.

Là encore, ses réflexes inhumains le sauvèrent, de peu.

Il évita le coup de seulement quelques centimètres, avant de plonger sa lame dans le torse du monstre. Il n’eut pas le temps de songer à utiliser une attaque glacée que déjà, un geyser sanglant s’écoulait hors de sa poitrine béante. L’autre polagriffe rugit et brisa le mur une seconde après que Darren ait réussi à en retirer sa hache.

Le monstre leur faisait face.

Ils étaient trois, côte à côte, et déterminés à ne pas mourir.

Darren attaqua le monstre par la droite, Lacrya s’occupa de le distraire en le frappant quand il se tourna vers le pillard, puis Lyco se lança droit sur lui, visant sa gorge.

En moins de vingt secondes, l’ours se retrouva à terre dans un état semblable à son partenaire. Trois lames plantées à divers endroits dans son épaisse fourrure.

C’était fini.

Le public hurla, hua, scanda des mots incompréhensibles.

Dégoûté, Lyco recula en évitant du regard les cadavres et la flaque de sang rouge vif, et laissa son katana tomber à terre. Il avait encore tué.

La seule chose de son passé qu’il semblait avoir conservé, c’était cette force qui lui permettait de commettre des massacres. Cette vitesse de réaction qu’il n’arrivait à reproduite que lorsqu’il affrontait un danger. Il se sentit terriblement mal à l’aise. Il avait l’impression que l’Arène vacillait encore sous ses semelles. Pourtant, le vent froid et les secousses s’étaient arrêtées.

Lyco sentit qu’on le regardait de manière très prononcée. Relevant la tête, il croisa le regard de Darren. Ses yeux bleus s’allumèrent vivement :

— Je ne rêve pas ? Lyco ?

Le jeune homme frissonna, stupéfait. Il remarqua que le groupe d’Othéus venait vers eux. Les pillards le fixaient avec incrédulité, haine et rancœur.

— Tu… vous connaissez mon nom ? demanda Lyco, pris de court.

Darren fronça les sourcils. Ses joues s’échauffèrent légèrement, de colère. Le garçon vit qu’il avait déjà laissé tomber sa hache et qu’il serrait les poings à s’en blanchir les phalanges. Un air de menace sourde émanait du colosse.

Il voulut dire quelque chose, sembla peiner à trouver ses mots, puis il s’avança vers Lyco.

Le pillard lui donna un violent coup de poing dans le ventre qui le plia en deux de douleur. Lyco tomba à genoux en suffoquant, alors que Lacrya s’interposait en s’écriant :

— Hé, t’es malade, toi ? Le combat est fini, espèce de malade !

Lyco fut presque plus surpris par Lacrya, qui essayait visiblement de le défendre, que par le coup soudain. Darren semblait avoir très envie de lui en coller une aussi, mais il se retint et rétorqua :

— Ça ne te regarde pas, fillette, grogna-t-il. Ce petit con fait semblant de pas nous reconnaître. Il a trop honte peut-être, hein ?

Ses derniers mots s’adressaient au garçon. Il se releva en chancelant, aidé par un Othéus qui ne comprenait pas grand-chose à la situation.

— Qu’est-ce que vous racontez ? lâcha Lyco sans cesser de tenir son ventre douloureux.
— C’est un Effacé ! s’exclama Lacrya, énervée. Ils ont supprimé sa mémoire, abruti !
— C’est possible, ça ?

Darren sembla perdre contenance une seconde, mais il s’ébroua aussitôt :

— Ça n’efface pas les souvenirs que j’ai de lui ! Et ça ne change rien à ce qu’il a fait !

Un autre homme, tout aussi bourru, et faisant partie des pillards, s’avança.

— Il faisait partie de notre groupe, et à cause de lui, on se retrouve en prison pendant que nos autres camarades se font exécuter sur les ordres du gouverneur ! Tout ça à cause de ce connard !

Lyco resta stupéfait. Ils le connaissaient donc, tous ?

Ça expliquait plusieurs choses ; Othéus avait appris qu’ils étaient enfermés là depuis plus d’une semaine. Lyco était arrivé dans cette prison au même moment, bien que le groupe de Darren n’ait pas rejoint la cellule collective au même moment.

Et apparemment, son passé le rattrapait, et il ne semblait pas réjouissant.

Lyco avait donc été un pillard. Il s’assombrit ; ce n’était pas très glorieux. Et en plus, il était la cause de leur enfermement, et de la mort d’autres pillards dont ils avaient vraisemblablement été séparés… décidément, le jeune homme continuait de douter. Fallait-il vraiment qu’il en sache plus sur son lui passé ? Ou risquait-il encore de découvrir qu’il était en plus de tout ceci un assassin et un tueur à gages ?

Malheureusement, la conversation s’arrêta là. Des soldats armés vinrent à leur rencontre dans l’Arène, et les forcèrent à se mettre en ligne pour les ramener en cellule. Tout le monde se tut sous la menace des armes.

Les malentendus à régler allaient avoir lieu sous terre, entre quatre murs humides. Lyco espérait juste que ces pillards n’iraient pas jusqu’à se battre avec son groupe. Quitte à ce qu’il y ait un blessé, il préférait que ce soit uniquement lui. Il avait tout l’air d’un fautif dans cette sombre histoire.



***


La grille de la cellule se referma et aussitôt, alors que le garçon n’était même pas retourné sur son matelas, l’homme qui était intervenu après Darren l’invectiva.

— Putain, j’y crois pas, Lyco ! Qu’est-ce qu’un traître comme toi fait encore ici ?

Le jeune homme se retourna et dévisagea l’inconnu plus en détail. Il était moins imposant que Darren mais ses traits sévères dégageaient suffisamment d’autorité pour qu’on le prenne au sérieux. Âgé d’une trentaine d’années, avec des cheveux noirs très courts et un regard gris et aiguisé, il paraissait énergique et plutôt colérique. Son front plissé en continu n’inspiraient pas confiance ; il était visiblement habitué à se montrer méfiant ou grimaçant.

— Arrête, Boralf, souffla Darren dans son dos. Il ne se souvient de rien. Tu pourrais très bien parler à un inconnu au hasard, ça reviendrait au même.
— N’empêche que c’est bien lui !
— Oui, s’il avait ses souvenirs.
— Mais… on peut pas laisser cet enfoiré impuni, il doit…

Darren, sérieux et avec un air sombre, secoua la tête et posa une épaisse main sur l’épaule de son camarade.

— Non, Boralf. Ça suffit. Ce n’est pas ce Lyco-là qui nous a trahis. C’est celui qui t’aurait déjà depuis longtemps rétorqué quelque chose. Jamais il ne t’aurait laissé l’insulter comme ça, tu sais bien…

Boralf marmonna des jurons et alla s’asseoir avec le groupe des pillards dans leur petit coin. Mais Lyco n’avait pas l’intention de les laisser s’en tirer comme ça. Ils le connaissaient bien, à première vue. C’était une chance inespérée d’en apprendre plus sur lui.

— Si vous me connaissez si bien, vous pourriez me dire qui j’étais ?
— Un sombre abruti, grogna Boralf.
— Pourquoi j’ai été enfermé ici ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

Le garçon savait que le groupe d’Othéus, installé près du feu, écoutait ses paroles. Même Karyl, malgré ses grondements de douleur à cause de son bras cassé, assistait à la conversation avec une pointe d’intérêt. Mais peu importait ; Lyco voulait savoir.

Darren soupira et agita la main vers lui, agacé.

— Laisse-nous, Lyco. Je ne veux t’avoir dans nos pattes. Tu nous as bien assez fait souffrir comme ça.
— Non, je veux savoir.

Les autres pillards le scrutèrent, stupéfaits. Apparemment, contredire Darren aussi sèchement, c’était quelque chose qu’il ne fallait pas faire. Ils semblaient craindre la réaction de leur chef.

Celui-ci se retourna, impassible, et s’avança vers Lyco avec une lenteur mesurée.

Le garçon était prêt à éviter son coup.

Mais il ne frappa pas.

Il saisit son col et l’attira près de lui, avant de lui dire d’une voix sourde et chargée de menace :

— Je m’en fiche. Tu retournes avec ton petit groupe et tu nous laisses tranquilles, point barre. À cause de toi, nous ne sommes plus que neuf. Nous étions vingt-deux, tu entends ? Par ta faute, treize des nôtres ne sont plus de ce monde. Donc je te conseille de rester loin de nous. Je suis d’un naturel calme, mais je crois qu’il serait facile de m’énerver si je te vois tourner autour de nous, compris ?

Lyco fut surpris par ses mots. Un instant plus tôt, il prenait sa défense face à Boralf, et voilà qu’il lui parlait ainsi ! Il s’agissait peut-être d’une fausse menace qu’il ne tiendrait pas ? Pourquoi ferait-il ça ?

Lyco se résigna.

Mieux valait se montrer prudent.

Il le lâcha brusquement. L’Effacé le regarda se rasseoir près de son groupe, mais la jeune fille qu’il avait remarqué parmi eux se pencha vers le colosse et dit assez fort pour qu’il l’entende :

— Il faudrait lui en dire un minimum, tu ne crois pas ? Je… je peux m’en occuper.
— Tu es sûre que c’est une bonne idée ? rétorqua le colosse.
— Je ne sais pas, mais…
— Peu importe, fais comme tu veux, grommela-t-il. À tes risques et périls. Mais pas longtemps. Il ne mérite pas qu’on perde du temps avec lui.

La jeune fille se leva et désigna à Lyco un matelas à l’écart. Il comprit qu’elle allait l’aider. Il la suivit et s’assit face à elle. Une fois encore, il eut une étrange sensation en la regardant. Ses yeux souriants, ses longs cheveux ondulés d’un châtain brillant, sa posture… tout ceci lui paraissait étrangement familier. Et même un peu réconfortant.

Elle se mit à chuchoter, pour ne pas être entendue des autres prisonniers.

— Je sais que tu ne te souviens pas de moi, mais… je m’appelle Amelis. Ça te dit quelque chose, peut-être ?
— Amelis ? Hm… non, ça ne me dit rien…

Il sursauta presque en croisant son regard curieux. Elle avait des yeux verts autrement plus jolis que le regard sombre de Lacrya. Il était facile de deviner qu’elle souriait beaucoup ; ses fossettes semblaient taillées pour ça, ainsi que les toutes petites rides au coin de ses lèvres. Pourtant, Lyco ne l’avais pas vu sourire une seule fois. Sa voix, elle aussi, avait une sonorité douce qui lui disait quelque chose.

— On était amis ?
— En quelque sorte, oui.

Elle sembla gênée par la question, et son regard se décrocha du sien une seconde, avant de revenir s’y ficher avec une assurance qui l’ébranla un peu.
Il avait des réactions étranges en sa présence, et s’en rendait bien compte. Et, cette légère odeur sucrée qui émanait d’elle, au ton presque fruité… encore quelque chose de familier.

Un mal de tête le prit soudain. Il porta une main à son front en grimaçant. Elle pencha la tête sur le côté, surprise.

— Tu vas bien ?
— Oui… c’est rien. Ça m’arrive souvent, surtout quand j’essaie de me souvenir du passé…

Il en était presque certain ; Il connaissait Amelis. Il n’avait encore jamais eu de mal de crâne en voyant quelqu’un. Ce devait être à cause des pouvoirs du Mutant Psy ; comme si ce dernier bloquait ses souvenirs. Peut-être que Lyco avait vécu quelque chose de marquant avec Amelis, et qu’il était plus difficile pour le Mutant d’effacer totalement celui-ci… ce qui expliquait ce sentiment de déjà-vu.
— Bon, je vais te parler de toi, alors, murmura la jeune fille en le fixant.

Gêné qu’elle le regarde de la sorte, il acquiesça.

— Tu n’étais pas à proprement parler un pillard comme nous. En fait, tu nous as rejoint il y a quelques mois. Avant, nous ne te connaissions pas, ou seulement de nom. Tu étais celui que tout le monde connaissait sous le pseudonyme du « Rôdeur ». On disait de toi que tu avais des compétences physiques hors norme et que tu libérais parfois des prisonniers injustement détenus. Tu étais une sorte de mercenaire solitaire, si on peut dire.
— Ah bon ? s’étrangla-t-il. Le Rôdeur… je crois qu’on m’a demandé si ça me disait quelque chose, quand je me suis réveillé dans cette prison…
— Normal, puisqu’il s’agit du nom par lequel tout le monde te désignait dehors.
— Et donc… je… j’ai rejoint votre groupe ?
— Oui. On s’est rencontré par hasard, et Darren a accepté que tu viennes avec nous pour coopérer.
— Comment ça, pour coopérer ?
— Il faut bien survivre, dehors. Tes talents et les nôtres réunis nous permettaient de mener des opérations pour faire des provisions, récupérer des choses utiles dans la vie de tous les jours… survivre. C’est presque impossible de survivre seul.
— C’est horrible à ce point, dehors ?

Amelis haussa les épaules. Elle voulait éviter le sujet, elle aussi…

— Bref, on a passé plusieurs mois à cohabiter, et nous avons voulu organiser une mission pour libérer des esclaves d’une plantation de Mervald. Mais apparemment, tu avais déjà eu de graves ennuis avec lui par le passé, et tu as été réticent à accepter de libérer les esclaves. Finalement, Darren t’a convaincu, et…

Elle se tut, regarda le sol et recula légèrement.

— … et tu nous as dénoncés peu avant l’attaque. Résultat, ça a été le chaos, la plupart d’entre nous ont été emprisonnés et les autres…

Il ne dit rien quand la voix d’Amelis se bloqua. Il resta figé, évitant de la regarder. Il était choqué d’apprendre qu’il avait trahi des gens qu’il connaissait depuis des mois. Quelle raison à cette traîtrise, exactement ?

Amelis soupira. Elle s’était assombrie et elle se releva d’un coup.

— Voilà, tu sais l’essentiel, maintenant.

Il n’osa pas l’arrêter et lui dire de lui parler encore. Il ne voulait pas la blesser encore plus. Lui dire tout ceci lui avait apparemment coûté. Il rejoignit son groupe en silence, ignorant les regards interrogateurs d’Othéus, et refusant de dire à Lacrya ce qu’il avait appris.

Il était déjà difficile de se dire qu’il avait si mal agi, mais encore plus dur de se rendre compte qu’il culpabilisait alors qu’il n’avait aucun souvenir et aucune preuve qu’il avait vraiment commis cette ignoble traîtrise.



***


Lacrya regardait pensivement les flammes, les mains tendues devant elle pour se réchauffer. Elle supposait qu’il devait faire nuit, mais pourtant, elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. Le Tournoi Spécial l’avait trop estomaquée pour qu’elle parvienne à s’endormir.

Elle s’en était tiré avec quelques griffures superficielles, mais d’autres n’avaient pas eu cette chance. Elle avait vu de ses yeux un homme se faire cuire vivant par des caninos et cette femme, déchiquetée entre les crocs du polagriffe…

Et en plus de ces visions cauchemardesques qui apparaissaient à chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle était aussi fortement intriguée par cette histoire entre Lyco et les pillards. Il était rare qu’il se passe quelque chose d’intéressant dans la cellule ; mais depuis que l’Effacé était là, les évènements étranges s’enchaînaient.

Elle se demandait sans cesse ce qu’avait bien pu faire Lyco d’assez horrible pour mettre un homme calme comme Darren hors de lui. Ce ne devait pas être très réjouissant.

Lacrya se retourna. Lyco, allongé sur le côté, lui tournait le dos. Elle tendit l’oreille et entendit sa respiration sifflante et régulière. Il dormait, à n’en pas douter.
Karyl, près de l’autre feu, bougeait sans cesse en se plaignant que son bras le faisait souffrir. Il avait eu de la chance de s’en tirer, celui-là ! Lacrya aurait préféré mille fois qu’il meure pendant le Tournoi, écrasé par la colonne qui lui était tombé dessus…

Les membres du groupe dormaient eux aussi, certains d’un sommeil très léger. Lacrya observa avec amusement le vieux visage d’Othéus, qui depuis peu lui paraissait de plus en plus fatigué. Le vieil homme atteignait ses limites. Elle se promit de tout faire pour le protéger dans l’Arène ; elle doutait de pouvoir supporter beaucoup d’autres pertes.

Quant aux pillards, Lacrya était méfiante à leur égard ; ils organisaient des veilles. Il y avait toujours au moins une personne de réveillée parmi eux. Toutes les heures, ils changeaient à tour de rôle, sans un mot.

Lacrya trouvait Darren imprévisible, Boralf irritable, et cette fille qui avait pris Lyco à part… bizarrement, elle avait l’air gentille. Elle faisait presque tâche au milieu d’eux.

Même si Lacrya aurait aimé s’en faire une amie, elle savait que c’était impossible. Mais c’était la seule fille de son âge qu’elle voyait depuis son emprisonnement, et l’espoir était là, bien qu’elle tente de le dissimuler.

Lacrya soupira. Dire qu’elle avait été amenée là à cause d’un simple vol…

Elle sursauta brutalement quand la grille de la cellule s’ouvrit en grinçant.

Galok, le chef des gardes, s’avança. Son crâne dégarni était éclairé par la lueur dansante des flammes. Quatre soldats l’accompagnaient. Son regard torve s’arrêta sur elle :

— Allez, emmenez celle-là, puisqu’elle est réveillée !

Les prisonniers bougèrent, tirés du sommeil. Lacrya vit une lame menacer sa gorge.

— Debout ! s’écria Galok.

Lacrya bondit sur ses pieds, et des mains brutales la saisirent fermement par les épaules.

Elle fut traînée juste en-dehors de la cellule. Des gardes refermèrent la grille puis Lacrya fut plaquée violemment contre celle-ci. Galok plaça une main autour de son cou et dit à l’intention de ses subordonnés :

— Montez la garde et prévenez-moi si quelqu’un arrive.

Lacrya écarquilla les yeux d’horreur. Galok n’avait pas fait ça depuis longtemps, mais… elle savait ce qu’il voulait. Il lui arrivait de se défouler les poings sur un prisonnier de temps en temps. Il le rouait de coup comme ça, pour le plaisir, ou alors par ennui. Lacrya espérait seulement qu’il n’irait pas plus loin que la simple bastonnade.

Derrière elle, elle entendit Othéus protester, et certains prisonniers bouger, comme s’ils hésitaient à lui venir en aide.

Mais un des soldats lança une pokéball dans la cellule et un dynavolt y apparut.

— Fermez-là ! ordonna sèchement son dresseur.

Tout le monde obéit. Un pokémon comme celui-ci, bien que petit, pouvait infliger de très graves dommages grâce à ses attaques électriques. Sans parler des crocs aiguisés qu’il dévoilait en grognant.

Lacrya redressa la tête, ne comptant pas se laisser intimider par Galok, qui éclata de rire.

— Tu feras moins la maligne tout à l’heure, p’tite merde !

Le premier coup de poing lui arracha une grimace. La gifle qui suivit, un cri de douleur.

Puis Galok commença à frapper sérieusement la jeune fille, à répétition, pendant que ses cris résonnant dans les couloirs et que les prisonniers impuissants écoutaient, incapables de l’aider.

Son ventre la brûlait, son visage fut très vite engourdi. Ses bras la tiraillaient alors qu’il la maintenant plaquée contre les grilles douloureuses. Elle sentait son dos crisser contre les barres de fer.

Pourtant, après une dizaine de secondes douloureuses, l’un des prisonniers se leva.

L’Effacé.