Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Effacé de Lief97



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 20/10/2018 à 10:56
» Dernière mise à jour le 20/03/2019 à 16:52

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 5 : Le Tournoi Spécial
« Savoir, c’est se souvenir. » Aristote.

***



Un grincement que Lyco connaissait bien le tira d’un sommeil agité ; les soldats avaient ouverts les portes de la cellule collective. Il entrouvrit ses yeux fatigués sans pour autant bouger de son matelas. Il remarqua une file d’inconnus, menottes aux mains, qui patientaient de l’autre côté. Ils avaient un air sombre, tête baissée pour la plupart.

— La nouvelle tournée de merdeux ! s’exclama Galok, en riant.

Le chef des gardes semblait jubiler face à la mine des arrivants. Les nouveaux prisonniers furent jetés sans ménagement dans la cellule, débarrassés de leurs entraves, puis la grille se referma derrière eux après qu’un flot d’insultes ait jailli des lèvres du chef des gardes.

Lyco lâcha un soupir las, avant de se retourner pour chercher de nouveau le sommeil. Il savait ce qui allait se passer ; Karyl allait tenter de rallier un maximum des nouveaux arrivants à sa cause, Othéus prendrait ceux qui resteraient, et ensuite… d’autres mourraient dans l’Arène et seraient remplacés de la même manière. Encore et encore.

C’était un cycle sans fin.

Malgré son envie de dormir, il fut difficile pour le garçon de sombrer dans ses habituels rêves obscurs, car Karyl élevait déjà la voix.

— Qu’est-ce que t’as dit, connard ?

Lyco se retourna en sursautant, et regarda la scène par-dessus l’épaule de Lacrya, qui paraissait aussi surprise que lui.

Un homme colossal, à la barbe épaisse et aux yeux d’un bleu pur et céruléen, se tenait debout face à Karyl, le dominant de près de deux têtes. Même les gardes du corps de ce dernier semblaient intimidés malgré leur stature imposante.

— Nous formons déjà un groupe, répondit calmement l’homme. N’essaie pas de chercher les ennuis.
— C’est moi qui décide ici, mon gros, répliqua Karyl, acerbe. Tu vas pas faire ta loi ici, j’te préviens.
— Je te déconseille de me menacer.

Le regard glacial du colosse fit taire Karyl. Celui-ci voulut ajouter quelque chose, serra rageusement les poings, puis fit demi-tour avant d’aller s’asseoir près de son feu, sans rien ajouter.

Lyco sourit. Pour une fois que Karyl se faisait remettre à sa place !

Puis le garçon admira avec intérêt le colosse incroyablement calme qui se tourna vers l’ensemble de la cellule abasourdie.

— Que ce soit bien clair. Nous formons un groupe, et nous ne voulons de problèmes avec personne ici. Si vous ne cherchez pas à nous attirer des problèmes, alors je ne vois aucun problème pour cohabiter.

Sa voix fit l’effet d’un calmant sur tout le monde. Peut-être que ce groupe mystérieux dont il semblait être le chef n’était pas belliqueux. Auquel cas ces nouveaux prisonniers ne causeraient pas de tension. Peut-être même que Karyl allait cesser de faire son malin en public !

Lyco se recoucha sereinement, se demandant quel était ce groupe et pourquoi il avait été enfermé là. Etaient-ils issus d’une autre cellule collective de la prison, s’il y en avait d’autres ? Ou alors formaient-ils un gang qui avait nui au gouverneur Mervald ?



***


Othéus réveilla Lyco en lui secouant doucement l’épaule.

— Hé, petit. Réunion.

Lyco s’assit en massant sa nuque douloureuse. Il avait encore dormi dans une mauvaise position. Normal, sur des matelas aussi épais que des feuilles de papier.

— Réunion ? Encore ? s’étonna-t-il dans un grognement.

C’était ainsi qu’Othéus et les autres renommaient leurs courtes discussions autour du feu. Le groupe se rassemblait, échafaudait des plans par rapport au prochain combat d’Arène, peaufinait des stratégies. Et c’était surtout pour passer l’ennui, il fallait bien le dire.

Lyco s’assit non loin du feu, en retrait derrière Hank. Les autres membres parlaient déjà à voix basse, pour n’être entendus par aucun autre prisonnier. De toute façon, Karyl et son groupe étaient aussi en train de bavarder et des chants grivois résonnaient au-dehors, signe que les soldats avaient encore vidés trop de tonneaux de rhum.

— Je me suis rapproché un peu des nouveaux, marmonna Othéus. Leur chef, le grand costaud aux yeux bleus, s’appelle Darren. Il m’a un peu parlé des raisons de son enfermement.
— Et donc ? demanda Lacrya d’un air intrigué.
— C’est un groupe de pillards. Ils étaient enfermés dans une autre aile de la prison depuis quelques jours. Ils ont mené une sorte d’opération contre Mervald, et ils se sont faits arrêtés avant d’en avoir fini. Mais là, ils ne sont que neuf. Darren m’a dit qu’ils étaient vingt-deux. Il ignore le sort des autres, apparemment.
— Ils sont dangereux, tu crois ? questionna Hank. On pourrait s’allier à eux ?
— J’en doute. Il a répondu à quelques questions, mais il m’a clairement fait comprendre qu’il resterait avec les autres. Ils ont l’air de croire qu’ils peuvent survivre sans notre aide dans l’Arène. Pourtant, ils ne connaissent cet endroit que de nom, apparemment.

Curieux, Lyco jeta un coup d’œil vers les pillards ; ils étaient tournés de l’autre côté, occupés à s’échanger des mots. Darren, le colosse, dégageait une force tranquille qui inquiétait réellement le garçon. Cet homme avait quelque chose chez lui qui forçait le respect. Lyco ne savait pas pourquoi, mais instinctivement, il éprouva la sensation qu’il ne fallait pas contredire cet individu.

Non pas parce qu’il était dangereux, mais simplement parce qu’il sentait que c’était quelqu’un de prudent, dont les conseils devaient être appliqués à la lettre.
Lyco s’ébroua, surpris de songer à de telles idées.

Qu’est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi ces étranges pressentiments ?



***


Le matin qui suivit l’arrivée des nouveaux fut interrompu brutalement par Galok, le chauve, qui réveilla la cellule en donnant des coups de crosse contre les barreaux.

— Debout, tas de merdes ! Le Tournoi Spécial, c’est aujourd’hui ! C’est peut-être votre dernière heure de vie, alors profitez-en !

Il le dit sur un ton à la fois amusé et sincèrement moqueur.

Son annonce eut pour effet de tous les refroidir. Sauf, peut-être, le colossal Darren. Le chef des pillards, qui ne semblait pas avoir été tiré du sommeil — peut-être qu’il était insomniaque ? — conservait son calme. Lyco se demandait vraiment comment il faisait pour rester de marbre quelle que soit la situation. Était-ce une habitude des pillards comme lui ? Non, visiblement pas.

Othéus, Hank et Lacrya s’échangèrent des mots à voix basse près du garçon, alors qu’une des membres du groupe soufflait sur les braises du feu pour le rallumer. Ils n’avaient plus beaucoup de bois, mais Lyco ne doutait pas que les soldats leur en livreraient bientôt d’autres ; c’était bien l’une des seules choses qu’ils n’hésitaient pas à confier en quantité, et quand les prisonniers n’en avaient plus.

Pour les maintenir en vie, c’était la moindre des choses que de leur permettre de se réchauffer. Et aussi de tenir le coup mentalement. Les flammes dégageaient quelque chose de véritablement réconfortant.

Lyco jeta encore un coup d’œil en direction du groupe de pillards. Ils étaient, pour la plupart, dans une tranche d’âge comprise entre vingt et quarante ans. Pas de vieillard dans leur groupe, ni d’enfants. Mais il y avait trois jeunes qui devaient avoir à peu près le même âge que lui. Deux garçons et une fille.

Lyco s’attarda un peu sur cette dernière, discrètement. Il était surpris de ne pas avoir fait attention à elle plus tôt.

Elle était fine, un peu plus petite que Lacrya ou lui, et ses cheveux châtains long étaient noués derrière sa tête. Ses traits harmonieux et ses yeux rieurs lui faisaient un petit effet. Parmi toutes les autres prisonnières, elle lui paraissait vraiment belle ; même s’il avait du mal à juger de ça, n’ayant guère de souvenirs lui permettant de poser ses critères de préférences. En tout cas, elle avait l’air bien plus affable et souriante que la sèche Lacrya.

Mais qu’est-ce qu’une fille comme elle faisait dans un groupes de pillards ? Ces derniers étaient censés commettre des vols et toute sorte de choses illégales, non ? Lyco imaginait difficilement cette jolie fille piller, blesser ou tuer quelqu’un.

Les grilles de la cellule s’ouvrirent en grinçant abominablement.

— Allez, c’est l’heure de la promenade avant l’exécution, mes ponchiots ! tonitrua Galok.



***


La sortie dans la cour ne dura pas autant de temps que d’habitude. Alors qu’ils passaient une heure dehors d’ordinaire, les prisonniers y restèrent à peine une quinzaine de minutes avant que les soldats ne leur ordonnent de se mettre en rang sous la menace constante d’armes à feu, et de lances.

Galok passa devant eux avec lenteur, son sourire carnassier comme figé sur son visage détestable. Il avait les mains jointes dans le dos et semblait ravi.

— Alors… comment vous le dire avec tact… oh, je sais ! Y’a pas de tirage au sort aujourd’hui. Vous allez tous, et je dis bien TOUS y passer. Le Tournoi Spécial va vraiment être spécial, pour le coup. Vous allez vite comprendre votre douleur ! Disons que ça va être une espèce de simulation de tremblement de terre en région polaire, avec évidemment pas mal de bestioles affamées pour corser les choses…

Lyco sentit Othéus se tendre à côté de lui. Un regard de biais lui apprit que Lacrya et lui s’échangeaient un regard profondément inquiet. C’était mauvais signe, ça. Hank, à sa gauche, semblait plus résigné qu’autre chose.

Tandis que Galok se moquait encore des autres dans un discours aussi inutile qu’inintéressant, Lyco observa le groupe de Karyl. Les brutes qui l’accompagnaient étaient comme lui ; livides. Ils avaient beau jouer les gros bras dans la cellule, ils faisaient facilement preuve de lâcheté en Arène.

Du côté des pillards, au contraire, le colosse Darren se tenait bien droit, et fixait Galok avec indifférence. Aucune émotion ne se dégageait de son visage, si ce n’était cette lueur enflammée qui dansait au fond de ses yeux. Une sorte d’étrange mélange entre colère et détermination. Quant à la fille vue plus tôt, elle n’avait pas l’air d’éprouver la moindre peur. Les pillards ne s’attendaient peut-être pas à un combat difficile…

Sauf qu’ils avaient tort.

Ça ne méritait même pas de s’appeler un combat.

Ce serait un massacre, tout comme les deux tournois auxquels Lyco avait survécu. Oui, un massacre de plus en perspective. Il le savait bien.

Il se rendit compte que son appréhension n’était plus si forte que ça. Allait-il finir par s’habituer à ce genre de jeu mortel ? Allait-il vraiment devenir insensible, lui aussi, ou même prendre du plaisir comme ce public fou qui les regardait mourir chaque semaine ?



***


Les prisonniers furent lâchés dans l’Arène sous les cris endiablés des spectateurs. La voix de Mervald résonnait pour expliquer la situation, faisant doubler l’excitation du public alors que les prisonniers, relégués au rang de simples animaux voués à l’abattoir, se précipitaient sur le tas d’armes au centre de l’Arène.

Lyco retrouva un de ces « katana » parmi les épées. Constatant rapidement qu’il était plus neuf que celui qu’il avait emprunté le premier jour, il s’en empara et rejoignit le groupe d’Othéus à l’écart. Karyl et sa bande étaient réfugiés près d’une colonne de grès, tandis que les pillards s’étaient placés en cercle, au centre de l’Arène.

— Que font-ils, ces fous ? s’étonna Lacrya. C’est la pire chose à faire, de rester au milieu !

Lyco suivit son regard. Darren semblait pourtant prêt à n’importe quoi, avec sa hache en main. La fille, elle, avait choisi une courte épée à lame incurvée. Sa posture indiquait qu’elle savait s’en servir.

— Que le Tournoi Spécial commence ! annonça Mervald avec force au-dessus d’eux.

Avant même la fin de la phrase amplifiée du gouverneur, les grilles au bout de l’Arène s’ouvrirent. Un petit groupe de pokémons en sortit, babines retroussées.

— Des caninos, lança Othéus. On a déjà vu pire, mais soyez prudents. Ce n’est que le début.

Les Pokémon se ruèrent droit vers les pillards, mais Lyco n’eut pas le temps de les voir combattre ; le sol se mit à trembler sous ses pieds, et un vent glacial venu de nulle part souffla violemment sur le terrain, arrachant des cris de surprise aux combattants.

La voilà donc, la simulation de tremblement de terre en région polaire !

Lyco peina d’abord à garder l’équilibre, mais le séisme s’atténua légèrement jusqu’à n’être plus qu’une légère vibration du sol. C’était étrange, et ça risquait de leur faire perdre l’équilibre au moindre mouvement, mais ce n’était pourtant pas le plus inquiétant. Le vent, lui, puissant et glacé, allait être plus terrible. Lyco sentait déjà ses doigts se raidir de froid. Il eut un long frisson. Les aboiements des caninos commençaient déjà à résonner tout autour de lui.

Le chaos. C’était déjà le chaos.

Une fine neige se mit soudain à tomber. Les flocons dansèrent devant les yeux du garçon, et il les regarda un instant, se rappelant soudain de l’existence de l’hiver… même si aucun souvenir précis ne lui revînt. Il se souvenait juste qu’il aimait bien regarder ce spectacle auprès d’un feu de camp…

— Attention ! cria Lacrya, le sortant de sa rêverie.

Un caninos bondissait sur elle ; le bras de Lyco, répondant à son plus pur instinct, s’abattit vivement. Le sabre trancha le caninos sèchement, et l’animal fut mort avant de toucher le sol, qui recommençait à trembler plus violemment.

Un grand bruit lui fit tourner la tête du côté de Karyl ; la colonne près de laquelle son groupe s’était réfugié penchait dans leur direction. Ils s’égaillèrent en criant, ajoutant à l’euphorie du public, mais une secousse fit tomber la colonne vers Karyl, avec un bruit alarmant.

La structure s’écroula en soulevant un nuage de poussière et en faisant tournoyant des flocons de neige dans son sillage ; Karyl cria de douleur, mais évita l’écrasement, de justesse. Lyco remarquait déjà l’étrange angle que formait son bras heurté par le grès.

— D’autres arrivent ! s’écria Hank.

La grille se soulevait de nouveau ; un frisson parcourut le corps de Lyco. Des farfurets, comme la dernière fois !

Un bruit le fit se retourner à nouveau. Une grille, qu’il n’avait encore jamais vue jusque-là, s’ouvrit à quelques dizaines de mètres, dans leur dos. D’autres pokémons sortirent de leurs tanières. Plus petits et trapus, il s’agissait cette fois de quadripèdes casqués, à la carapace épaisse.

— Des dinocliers, grogna Othéus.
— C’est dangereux ? demanda Lyco, méfiant.
— Ils sont tenaces et chargent tout ce qui bouge, répliqua Lacrya. Ne les attaque surtout pas de face.

Hank se tendit, épée en main.

— Fais attention, ils sont pas gros, mais ils pèsent presque 60 kilos ! Une charge pourrait te briser les genoux !

Heureusement, ils semblaient plus attirés par les membres du groupe de Karyl, qui s’affolaient en voyant leur chef à terre. Le vent glacial apporta un autre bruit de grille qui s’ouvrait ; Lyco lâcha un soupir las avant de faire volte-face ; le danger venait de partout !

Une troisième et dernière grille s’abaissait lentement. Le public était fou, et les bourrasques avaient déjà formés des plaques de glace au sol, où la neige commençait à accrocher.

Deux ursidés blancs émergèrent en rugissant.

Un cri mental venu des tréfonds de son subconscient lui rappela leur nom.

Polagriffe.

— Merde ! s’étrangla Lacrya.

Lyco serra la poignée de son katana à s’en blanchir les phalanges. Il restait des caninos, une horde de farfurets, un troupeau de dinocliers, et maintenant ce couple de polagriffes ; sans compter le givre, le vent glacé, le sol qui tremblait, et les colonnes qui s’effondraient les unes après les autres sous les huées d’un public avide de sang.

Comment pouvaient-ils s’en tirer indemnes ?



***


Mervald, installé sur son siège à haut-dossier, tout en haut des gradins, sirotait tranquillement un cocktail, protégé du soleil par un auvent. Il observait, sourire aux lèvres, ses prisonniers qui s’évertuaient à survivre dans sa chère Arène. Molch, le Mutant Psy, restait à ses côtés, mais son esprit était ailleurs ; occupé à provoquer ce vent froid qui ne se ressentait pas dans les gradins. Les petits séismes, eux, étaient causés par le Mutant Combat réfugié dans un sous-sol de l’Arène.

— Intéressant, déclara Mervald en apercevant les pillards se battre avec une fougue qu’il ne leur soupçonnait pas.

Il savait précisément qui ils étaient, mais ne les avait jamais vu directement à l’œuvre ; et il était curieux de voir comment ils réagiraient quand ils reconnaîtraient le Rôdeur.

Ce dernier affrontait des farfurets avec son sabre, et semblait danser au milieu d’eux tel un démon sorti tout droit des enfers. L’effacement de sa mémoire n’avait donc rien changé à ce qui dormait encore en lui.

Il avait conservé son adresse et sa dextérité. Exactement comme avec les Effacés précédents. C’était problématique… mais cela promettait un spectacle plus divertissant. Mervald n’était de toute façon pas très pressé de le voir mourir ; mieux valait que l’Effacé s’épuise à vouloir survivre, et soit consumé à petit feu…

Les caninos furent bientôt décimés, tout comme les farfurets. Déjà, une dizaine de prisonniers avaient finis en charpie. Quelques dinocliers résistaient, chargeant à tout-va, l’air un peu désorientés de se retrouver là, et hésitant parfois à attaquer.

— La prochaine fois, on fera sans eux, grogna le gouverneur. Rien de tel que des carnivores.

Les polagriffes terminèrent de démembrer une femme, avant de se tourner vers les pillards. Le colosse, le chef du groupe, s’avança vers eux avec sa hache, sans afficher la moindre hésitation.

Le public hurla. Il attendait, impatient, de voir le résultat d’un combat qui s’annonçait haletant. Mervald, sourcils froncés, se fit plus attentif. Il aimait voir le niveau de ces adversaires. Et celui-ci paraissait plus impressionnant qu’il ne l’aurait cru.



***


Un homme du groupe fut tué par deux farfurets juste après avoir été mis à terre par un dinoclier ; les pokémons responsables passèrent sous la lame de Lyco et ne lâchèrent pas un cri avant de trépasser.

Le garçon avait l’impression que ce n’était pas lui qui se battait ; un peu comme si quelqu’un d’autre, le lui passé qu’il avait oublié, prenait le contrôle de son corps.

Pour l’aider à survivre.

Pour l’aider à tuer.

Le sang giclait. La neige était teinte de rouge autour de lui. Des corps fumaient. Des gens criaient.

Il se voyait donner des coups à travers une sorte de brouillard, riposter, esquiver, sans comprendre comment il y parvenait. C’était une espèce de rythmique meurtrière qui provenait des abysses insondables de son cerveau. Ses compagnons étaient dans son dos. Il ne les voyait pas, mais il devinait leur surprise, leur crainte et leur doute vis-à-vis de lui.

Il était un Effacé.

Un tueur.

Tout comme les rumeurs le laissaient entendre depuis le début.

Lyco s’en voulait, mais il ne pouvait pas s’arrêter de tuer ces Pokémon. C’était ça ou mourir. Et il était hors de question de mourir tant qu’il n’en saurait pas plus sur son passé !

Il était un Effacé.

Et il avait bien l’intention de ne pas le rester.