Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution ! de FaNhistoria

Malasada, surf, c'était à peu près tout ce qu'Alain avait réussi à comprendre avant de se faire embarquer par une Manon surexcitée. Car s'il avait bien appris quelque chose ces derniers mois, c'est que pour voyager en sa compagnie, un bon esprit de synthèse était de rigueur.

Après être passés dans leur chambre pour enfiler leur maillot de bain, ils redescendirent au rez-de-chaussée et en sortant de l'ascenseur Tili s'écria :

- Ohé Gladio !

Le Président de la fondation leur tournait le dos et se trouvait debout près de la réception. Il se retourna vers eux et afficha un air profondément ennuyé lorsque le dresseur d'Archéduc vint à sa rencontre.

- Qu'est-ce que tu me veux ? demanda froidement l'adolescent, une main sur la tempe. Tu vois pas que je suis occupé ?

- Comment ça occupé ? s'étonna Tili.

Puis, il remarqua Vicky adossée contre le petit bout de mur qui séparait la réception du reste de l'étage.

- Oh, fit le garçon confus, je vous ai interrompu ?

- À ton avis... rétorqua Gladio d'un air sarcastique.

- Ce n'est pas grave, intervint Vicky, dis ce que tu avais à dire, le conforta-t-elle avec un sourire bienveillant.

- Euh, eh bien, reprit-il en se tournant vers le jeune homme agacé, on allait partir surfer et comme je t'ai vu, j'ai pensé que ça te dirais peut-être de nous accompagner, que ça te permettrais de t'amuser un peu. Tu ne dois pas avoir beaucoup d'occasions avec toutes tes responsabilités actuelles...

- C'est très aimable à toi, répondit le dresseur en secouant la tête, mais je ne peux pas pour...

- Moi je trouve que c'est une excellente idée ! l'interrompit la sous-directrice.

- Pardon ? fit Gladio les yeux ronds. Enfin Vicky, c'est parfaitement déraisonnable ! protesta-t-il. Si je me suis donné la peine de revenir, ce n'est pas pour jouer les touristes. Je ne peux pas m'absenter alors qu'il reste tant à faire.

- Mais voyons mon cher Gladio, vous avez presque travaillé non-stop depuis votre retour, vous n'êtes pas de garde aujourd'hui et je peux largement me charger du reste. Alors profitez-en pour vous changer les idées d'accord 🖤?

- Mais... je...

- Allez-y, vous l'avez bien mérité, lui sourit-elle chaleureusement.

- Hourra ! s'exclama Tili. Tout le monde en voiture ! Ou en bateau plutôt, rit le dresseur.

Gladio soupira et se demanda en effet ce qu'il avait bien pu faire pour mériter ça...

Les quatre dresseurs et leurs Pokémon gagnèrent le quai et embarquèrent dans une petite navette dont l'équipage se rendait au port d'Ekaeka.

Depuis l'intérieur du navire, Gladio avait vue sur Tili et sa nouvelle amie, debout sur le pont, en pleine discussion sur la faisabilité d'une malasada aux trois parfums.

L'adolescent leva les yeux au ciel et se tourna vers Alain assis un peu plus loin sur la banquette.

- Laisse-moi deviner, toi aussi tu t'es fait emporter par un raz-de-marée d'enthousiasme et de bons sentiments ?

- Plus ou moins, répondit le noiraud en regardant distraitement Manon (d'ailleurs qu'est-ce qu'elle fichait ??) dressée sur la pointe des pieds, qui tentait de coiffer Archéduc de son chapeau de paille, sous les éclats de rire de Tili et de Marisson.

La conversation ne tarda pas à se diriger vers leur sujet de prédilection : les combats Pokémon et les deux jeunes hommes discutèrent stratégie tout le long du trajet.

Après avoir débarqué dans la plus grande ville de Mele-Mele, le petit groupe prit directement le chemin de la plage « Big Wave », la dégustation de malasada étant remise à plus tard en raison d'un pari entre Manon et Tili.

Arrivés au niveau du motel de la Route 2, les dresseurs aperçurent Margie en compagnie d'une jeune fille vêtue d'une salopette grise et aux couettes vert foncé, dont Alain n'avait pas retenu le nom, qui s'affairait à recouvrir de terre une baie colorée dans le champ de l'autre côté de la route. Une fois son travail achevé, la membre du Conseil des 4 se releva et épousseta ses mains pleines de terre en les frottant l'une contre l'autre. Elle ne mit pas longtemps à les repérer et leur fit de grands signes. Ils la rejoignirent et elle leur expliqua que la jeune fille aux couettes (qui s'appelait en réalité Barbara) lui avait proposé de lui donner quelques leçons de jardinage et qu'après tous ces efforts, un plongeon dans la mer pour se rafraîchir n'était pas de refus. Les deux filles décidèrent donc de les accompagner à la plage pour le plus grand bonheur de Tili qui lâcha un « Plus on est de fous plus on rit », sous le regard blasé de Gladio qui peinait déjà à masquer son exaspération.

Ils traversèrent la cour du motel et descendirent un petit chemin creusé à même la falaise qui menait à la plage « Big Wave ». Parvenue en bas de la pente, Manon retira ses sandales et fit un premier pas dans le sable fin et doré. Il était chaud et doux sous ses pieds. Elle avança jusqu'aux tentes en toile blanche et se stoppa pour embrasser du regard la vaste étendue turquoise chahutée par les vagues qui venaient s'échouer sur le rivage.

- C'est beau, souffla la jeune fille émerveillée.

- Ouais, fit une voix dans son dos.

- Dommage qu'on n'ait pas ça à Kalos... regretta la rouquine en se tournant vers Alain.

- Peut-être, mais là-bas il fait moins chaud... À chaque lieu ses avantages.

- Oh mais ça peut s'arranger ça, fit Manon, le regard espiègle en se plaçant dans l'ombre du jeune homme. Ah parfait, surtout ne bouge plus ! sourit-elle malicieusement.

- Tu te fiches de moi ? dit le dresseur en la toisant d'un air faussement réprobateur.

- Mais non voyons je...

- Ohé les amis ! cria Tili, debout devant le comptoir sous la première tente. Venez tout est en ordre !

- On arrive ! cria Manon en retour, juste avant que son chapeau ne lui tombe sur les yeux d'une manière mystérieuse.

- Héé ! s'exclama-t-elle en le relevant pour faire face à un Alain au sourire moqueur. 

- Allez, en route l'Ectoplasma, dit le noiraud en rabaissant à nouveau son couvre-chef au passage.

- Rah ! Tu vas voir je me vengerai ! s'écria-t-elle en le rattrapant.

- J'attends de voir ça, déclara le jeune homme confiant.

Ils rejoignirent Tili et le reste du groupe et furent conduits au bord de l'eau par un homme au look de surfeur qui leur fit part des règles de sécurité. Ils durent définir un ordre de passage et Tili se proposa pour passer en premier pour montrer l'exemple. Il enfila un casque et un gilet de sauvetage et entra dans l'eau pour s'approcher du Démanta. Le jeune dresseur échangea quelques mots avec le Pokémon eau, le caressa brièvement et monta sur le dos de ce dernier en s'accrochant aux poignées installées de part et d'autre de son corps. Il se mit debout sans difficulté et prit le large en direction d'une première vague. Le garçon effectua plusieurs figures à base de vrilles et de rotations et finit par regagner la plage avec un sourire jusqu'aux oreilles. Il sauta à terre et courut consulter l'homme au style de surfeur qui lui présenta un petit panneau en bois rempli de chiffres.

- 12'000 points ! s'écria Tili. J'étais à 200 points de mon record... ! dit-il en secouant la tête. Bon pas la peine de s'en faire pour ça, je réessayerai la prochaine fois ! s'exclama-t-il avec son enthousiasme légendaire. À ton tour maintenant ! fit le dresseur en s'approchant de Manon.

- J'y vais ! dit le jeune fille en se dirigeant vers un deuxième Démanta, bien décidée à ne pas perdre son pari.

- Euh... Alola ! le salua-t-elle. Je suis désolée je n'ai pas beaucoup d'expérience, je crois que tu risques de devoir m'aider un peu... fit la rouquine nerveuse.

- Manta ! émit le Pokémon d'un air rassurant.

- Accroche-toi aux poignées ! lui cria Tili depuis la rive.

- D'accord ! Allez, tu peux le faire, chuchota Manon pour elle-même avant d'attraper une première poignée, puis l'autre et de se hisser sur le dos du Démanta.

Elle se retrouvait maintenant à genoux et il ne lui restait plus qu'à tenter de se redresser. Encouragée par les cris de Marisson, elle se releva prudemment tout en essayant de conserver son équilibre et posa par mégarde un pied sur la peau glissante du Pokémon. Surprise, la jeune fille cria avant de basculer et de disparaître sous la surface dans un plouf sonore.

Lorsqu'elle remonta, toussotant et crachotant, la première chose que Manon entendit fut le rire goguenard de Tili qui s'exclama :

- J'ai gagné ! Tu as tenu moins de dix secondes ! À moi la malasada !

- Attends ! hoqueta-t-elle. Je n'ai... pas dit... mon... dernier mot !

Elle s'agrippa à nouveau aux poignées et remonta sur le Pokémon. Elle parvint à se remettre debout en prenant bien garde cette fois-ci à rester sur l'espace prévu entre les poignées. Manon réussit à se stabiliser et accueillit la mine défaite de Tili comme une petite victoire.

- On avait dit trois essais, lui rappela-t-elle avec un clin d'œil.

- C'est vrai, s'inclina le dresseur d'Archéduc, mais ne te réjouis pas trop vite, tu n'es pas encore partie !

Le Démanta s'éloigna lentement de la plage pour lui permettre de trouver ses marques. La jeune fille apprit rapidement à déplacer le poids de son corps d'un côté ou de l'autre en fonction des mouvements du Pokémon et cet automatisme finit par lui faire tilt.

- C'est presque comme du skateboard ! s'exclama-t-elle ravie, consciente qu'à quinze mètres de là, ses amis auraient bien du mal à comprendre les raisons de son soudain enthousiasme.

Le skateboard, certainement l'un des moyens de transport les moins stables au monde et qui pourtant contre toute attente lui avait jusqu'à maintenant plutôt porté chance. Ses chutes se comptaient sur les doigts d'une main, contrairement à un mode de déplacement plus pédestre qui lui avait rapporté plus de bleus qu'elle ne pouvait en compter...

Sentant sa confiance, le Démanta prit le chemin d'une première vague. Le Pokémon raie grimpa le long du mur d'eau et arrivé tout en haut, Manon s'écria :

- C'est parti !

Le Pokémon eau glissa en bas de la vague à toute allure pour le plus grand bonheur de la jeune fille qui cria d'allégresse. Le Démanta répéta la manœuvre plusieurs fois pour prendre de la vitesse et finit par s'élancer au-dessus de la gigantesque lame d'eau en effectuant un tonneau. Manon eut juste le temps de se baisser pour attraper fermement les poignées avant de décoller et de faire un tour à 360 degrés. Le Pokémon eau dévala la pente à une allure folle et une fois en bas, la jeune dresseuse rit à gorge déployée en proie à une puissante montée d'adrénaline. Le Démanta repartit aussitôt pour une nouvelle série de sauts et Manon souhaita que ce moment ne s'arrête jamais. Elle avait l'impression de faire corps avec le Pokémon eau. Il n'y avait plus que lui, elle, la mer, le vent dans ses cheveux. Oubliés les cauchemars, les Ultra-Chimères, les doutes, les disputes ! Elle se sentait plus vivante qu'elle ne l'avait été tout au long de ces derniers jours ! Elle avait enfin l'impression de renouer avec elle-même, comme si elle venait d'émerger d'un épais brouillard de soucis, installé depuis bien trop longtemps ! Elle était là, entre ciel et mer, prête à conquérir le monde ! Ce rêve éveillé dura encore le temps d'une dernière vrille avant d'atteindre la ligne d'arrivée. Manon regagna la rive à regret et émergea lentement de ce doux sentiment de plénitude pour revenir à la réalité. Elle mit pied à terre et fut immédiatement accueillie par des félicitations.

- Bien joué ! 7000 points pour une première c'est fort ! s'exclama Tili.

- Oui, moi la première fois j'avais tellement peur que j'y ai été super lentement et qu'au final je n'ai pas fait le moindre saut, renchérit Barbara en riant.

- En tout cas, tu as l'air d'être en pleine forme, ça fait plaisir à voir ! ajouta Margie.

- Rima rima ! la congratula Marisson.

- Merci, sourit la jeune fille en se tournant inconsciemment vers Alain.

- Pas mal, acquiesça ce dernier avec un léger sourire.

Le regard de Manon s'illumina.

- Bon, dit-elle en prenant la direction de la tente, je crois que je vais aller rendre ce casqu...ouaaah !

Elle trébucha sur ses propres pieds et s'étala de tout son long dans le sable fin.

- Pas encore, gémit-elle tandis que Marisson venait à sa rescousse.

- C'est pas vrai... soupira Gladio incrédule, après tout ça, tu trouves le moyen de tomber en marchant bêtement dans le sable ?!

- C'est mon super pouvoir... je crois... rit-elle nerveusement en se redressant.

- Gravity girl ! s'exclama Tili. L'héroïne qui contrôle la gravité ! Ça c'est trop la classe !

- Je crois que c'est plutôt elle qui me contrôle...

Le petit groupe éclata de rire et Manon retourna se baigner pour se débarrasser de ce fichu sable qui lui collait à la peau.

Les passages au surf Démanta s'enchainèrent très rapidement. Margie réalisa un très bon score qui la plaça en deuxième position juste devant Manon, puis ce fut au tour de Barbara qui, même si elle ne parvint pas à détrôner la membre du Conseil 4, obtint un résultat honorable qui démontrait une maîtrise bien plus grande qu'à ses débuts.

Puis ce fut finalement à Alain de partir affronter la vague. Le jeune homme n'hésita pas une seule seconde et monta sur le dos du Démanta comme s'il avait fait ça toute sa vie. Il s'engagea sur une vague haute et se mit à enchaîner les sauts avec presque autant d'aisance que Tili lui-même.

- Aïe... Je crois que j'ai du soucis à me faire... déclara ce dernier en jetant un œil au surfeur qui inscrivait les points un peu plus loin.

- Roooooaar, rugit Dracaufeu, venu assister au spectacle, en guise d'encouragement.

Le noiraud passa la ligne d'arrivée après avoir exécuté une dernière « Vrille Rosabyss » et Tili courut demander son score final.

- 11'000 points ! s'écria-t-il en faisant le chemin inverse.

Alain décrocha son casque et vint à leur rencontre.

- 11'000 points mec ! Si tu t'entraines tu vas éclater les records des quatre spots ! s'exclama le dresseur d'Alola.

- Je ne pense pas avoir assez de temps pour ça, rétorqua le Kalosien, mais si l'occasion se re-présente, c'est à refaire sans hésiter.

- Ouaip une fois qu'on a essayé on à qu'une envie, c'est de le refaire encore et encore ! rit-il. Ah et puis rien à voir, mais je me disais, fit le garçon en regardant le Pokémon feu, que ton Dracaufeu a l'air super costaud !

Le Pokémon d'Alain, qui semblait avoir apprécié le compliment, grogna de satisfaction.

- Il l'est, confirma le dresseur en caressant son Pokémon sous le menton.

- Ça me donne envie de vérifier ! déclara Tili, une lueur de défi dans le regard. On pourrait peut-être...

- Alain !

Manon et Marisson accouraient vers eux depuis l'intérieur de la plage.

- Félicitations tu es deuxième ! s'exclama la jeune fille en arrivant à la hauteur de son acolyte. Mais je peux savoir qui t'as donné la permission de faire mieux que moi ? fit-elle d'un air faussement contrarié.

- C'est ce qui s'appelle rester dans mon ombre, la taquina le jeune homme.

- Pff... Frimeur ! dit-elle en détournant la tête et en faisant mine de bouder.

- Ohé les amis ! les appela Margie, debout devant un filet de « Beach volley » en compagnie d'Archéduc et de Barbara. Vous venez ?

- Tout de suite ! répondit Tili.

- Allez-y, on vous rejoint, déclara Alain qui devait encore passer rendre du matériel.

- Ok, le dernier arrivé paye une malasada à l'autre ! cria Tili en s'élançant à toute vitesse à travers la plage.

- Hé ! C'est pas juste ! s'écria Manon en se précipitant à sa suite sous l'œil inquiet de Marisson, déjà prêt à réagir à la moindre perte d'équilibre.

- Et voilà, il remet ça... soupira Gladio qui se baladait au bord de l'eau accompagné de Silvallié.

- Il t'insupporte à ce point ? lui demanda Alain en désignant Tili de la tête.

- Non...démentit l'adolescent, en vérité je l'aime bien, j'ai seulement un peu de mal avec son côté imbécile heureux... Mais il m'a aussi prouvé qu'il pouvait faire preuve de sérieux lorsque la situation l'exigeait et depuis qu'il ne prend plus les combats à la légère, il est devenu un dresseur talentu...

- Hé Gladio ! l'interpella Tili. Tu sais que tu es le seul à ne pas avoir encore surfé ? Ne me dis pas que tu as la trouille ? La Pi-trouille ? s'exclama-t-il avec un grand sourire.

- Ok, oublie tout ce que je viens de dire, se renfrogna Gladio, je vais lui faire ravaler sa joie de vivre.

Les heures s'écoulèrent à une vitesse folle et au terme de plusieurs parties endiablées de « Beach-volley », ce fut l'équipe des filles qui remporta le tournoi, grâce à leur incommensurable talent selon elles, ou d'un point de vue plus objectif, au manque total de coordination de l'équipe garçon. Car entre un Gladio qui passait son temps à se la jouer solo et à crier sur un Tili censé deviner ce qu'il avait en tête et un Alain à bout de patience à deux doigts de leur dire de la boucler et qui passait sa frustration sur le pauvre ballon qui n'avait rien demandé et finissait toujours hors des limites du terrain, il était difficile d'arriver à quelque chose... Quant à l'équipe des Pokémon composée d'Archéduc, du Branette de Margie, du Sucreine de Barbara, de Marisson et de Dracaufeu, le problème était plutôt d'ordre disons... physionomique. Ainsi il fallut racheter trois balles, la première ayant été crevée par une attaque « Griffe Ombre » involontaire, la deuxième expulsée tellement loin à coup de « Pied Voltige » qu'il avait été impossible de la retrouver et la dernière ayant été littéralement fondue par un « mauvais réflexe » de Dracaufeu qui avait de cette manière abrégé les souffrances de la pauvre sphère maltraitée par son dresseur et sonné la fin du tournoi par la même occasion.

Après tous ces efforts, le petit groupe quitta la plage et termina au Malasa'Délice de la zone commerciale d'Ekaeka. Ils discutèrent encore un moment tandis que les négociations à propos des paris allaient bon train entre Manon et Tili, qui réclamait au moins une malasada pour avoir gagné la course. La jeune fille invoqua la victoire incontestable de son équipe et l'absence de sanctions à l'encontre de l'équipe garçon qui lui paraissait déjà être une très généreuse contrepartie et chacun finit par payer sa propre pâtisserie. Lorsqu'ils quittèrent l'établissement, le soleil était déjà bas dans le ciel. Debout devant l'enseigne, Tili jeta un œil à son Pokédex et s'exclama :

- Oh mince ! Je dois y aller ! J'ai rendez-vous avec Papé dans moins de dix minutes... C'est dommage, regretta-t-il en se tournant vers Alain, on n'aura même pas eu le temps de se battre au final...

- Ce n'est que partie remise, répondit le dresseur. On risque se recroiser très bientôt.

- C'est vrai, acquiesça le garçon. Vous avez intérêt à être prêts d'ici à notre prochaine rencontre, parce qu'on ne vous fera pas de cadeau ! sourit-il déterminé.

- J'espère bien, sourit le Kalosien en retour.

Ils se serrèrent la main et après avoir salué tout le monde une dernière fois, Tili tourna au coin de la rue, suivi d'Archéduc.

Puis ce fut au tour de Margie et de Barbara de prendre congé, laissant les assistants du professeur Platane, Marisson et le président de la fondation Æther seuls tous les quatre.

- Je vais rentrer, déclara Gladio. Quoi qu'en dise Vicky, il me reste encore du travail. Mais vous, rien ne vous oblige à retourner au Paradis Æther. Sachez seulement que la dernière équipe quitte le port vers vingt-deux heures.

- C'est noté, acquiesça Alain.

- Bien, je vous laisse, fit l'adolescent en tournant les talons. C'était amusant, ajouta-t-il avant de partir en direction du quai.

Manon le regarda traverser la route et disparaître derrière le grand bâtiment de l'embarcadère. Pour la première fois depuis près de deux jours, elle se retrouvait à nouveau seule avec Alain. Cette perspective lui fit chaud au cœur, pas qu'elle n'appréciait pas les nouvelles rencontres, loin de là, mais elle avait l'impression que les choses étaient de retour à la normale.

- Il y a un endroit où tu voudrais aller ? l'interrogea le jeune homme.

Elle se retourna et répondit :

- Peut-être, et toi ?

- Ça m'est égal, c'est bien pour ça que je te demande.

- Tu veux dire que tu es prêt à aller n'importe où ? s'étonna Manon en se baissant pour prendre Marisson dans les bras.

- N'importe où, tant que ça reste dans la mesure du possible, précisa le dresseur afin d' éviter toute proposition délirante.

Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent et son visage se fendit d'un sourire joyeux. Elle inclina la tête et demanda une dernière fois pour être bien sûre :

- Vraiment n'importe où ?