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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 23/09/2018 à 09:24
» Dernière mise à jour le 25/09/2018 à 19:09

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 41 : Capitale en flamme
Six



- Lady Six, le Seigneur Scalpuraï ne nous a pas donné ses ordres…

- Et il ne le fera pas, car il est de garde devant la salle du trône, répliquai-je à au Scalproie Numéro 4.

J’imaginai avec amusement le désarroi total dans lequel devait se trouver mon maître. Savoir que les G-Man et des Paxen attaquaient la capitale, mais ne pas pouvoir bouger. Car la tâche de protection de l’Empereur était la mission principale de la Trigarde Impériale, dont faisait partie Scalpuraï. Quand c’était à son tour de garder la salle du trône, rien ne pouvait le faire changer d’endroit, sauf si l’Empereur lui-même lui en donnait l’ordre.

- Nos instructions sont les mêmes que d’habitude, poursuivis-je en accélérant le pas dans les allées de la Citadelle. Tuer ou capturer les G-Man. Nous laisserons les attaquants humains à l’armée impériale.

En sentant tous ces G-Man qui avaient attisé leur Aura dans la ville-basse pour s’interpeler entre eux, je m’étais dit que ça y est, ils étaient enfin passés à l’action selon le plan de Kashmel, quel qu’il fut. Et comme j’avais également senti mon ancien professeur G-Man aux portes de la cité, j’avais raison. Selon les rapports, les humains qui avaient pénétré en ville et qui s’adonnaient à provoquer le chaos dans la ville-basse étaient des Paxen, ou plus précisément, ils en avaient les armes. Kashmel avait donc fait appel à eux pour son coup d’éclat. Je me dis avec une certaine nostalgie, qu’en des circonstances différentes, j’aurai été en bas avec eux, à me battre à leurs côtés.

- Tous les derniers G-Man sont rassemblés dans la ville-basse, dis-je aux Nettoyeurs. C’est l’occasion d’en finir avec eux.

Ma mère, qui avait conservé le silence jusque là, dit avec un léger sourire.

- S’ils sont tous là, ça m’étonnerait que tu puisses tous les gérer à la fois. On parle là de G-Man de Lance, entraînés au combat, pas des nobliaux que l’on a éliminé au Quartier G-Man. Et Kashmel en vaut bien dix.

- Je ne m’occuperais pas de Kashmel. Le maître tient à en faire son affaire.

En réalité, ce n’était pas pour faire plaisir à Scalpuraï que je ne chercherais pas l’affrontement avec mon oncle, mais parce que je savais très bien que je n’étais pas assez forte pour le battre. Les autres, en revanche…

- Nous encerclons la ville-basse ensemble. Je vous donnerai les positions de chacun. Ils ne se sont pas encore tous regroupés.

Pour tester leur réaction, je me montrai moi-même dans l’Aura, attisant ma présence au maximum. Comme prévu, tous les G-Man en bas de la cité me repèrent, et je pouvais d’ici sentir leur panique. J’attendis une minute : plusieurs commencèrent à bouger.

- Ils semblent monter vers la ville haute, dis-je à mi-voix. Je n’arrive pas à localiser Kashmel. Par contre…

Une signature lumineuse était restée où elle se trouvait dans la ville-basse, et avait attisé son Aura, comme en réponse pour moi. Non, comme un défi. J’eus un sourire sinistre.

- Meika Irlesquo n’a pas bougé. Elle m’attend.

- C’est la chef de Lance, m’indiqua Numéro 1. Et même quand elle n’était que la noble fille du Grand Maître Bradavan, sa puissance et sa maîtrise des arts G-Man étaient connus de tous. Il serait dangereux de l’affronter seul, même pour vous.

- Il a raison, approuva Mizulia. Laisse-moi au moins venir avec toi.

Mais je secouai la tête. Je n’avais besoin de personne. Ou plutôt, je ne voulais personne.

- Non. J’irai seule. Ce serait manquer de respect à ma cousine.

- Depuis quand lui doit-on le moindre respect ? S’agaça Mizulia.

- Vous ne serez qu’une gêne, de toute façon, répliquai-je avec froideur. Allez intercepter les autres G-Man. Ils sont plus dans vos cordes.

Ma mère donnait l’impression de vouloir me gifler, mais je n’en avais cure. En l’absence de Maître Scalpuraï, et quand ça concernait les G-Man, c’était moi qui donnait les ordres. Grâce à l’Aura et à mon enseignement, je les comprenais mieux que quiconque. Et puis… Meika cherchait sans doute à prouver sa supériorité d’héritière des Irlesquo. Comme elle n’était pas partie avec les autres G-Man, c’était comme si elle abandonnait sa propre mission juste pour ce caprice. Même si cet héritage me répugnait toujours autant, j’étais moi aussi une Irlesquo.

Les Scalproie acceptèrent mes ordres et Mizulia les suivit à contrecœur dans le transport aérien. Moi, je n’en avais pas besoin. Suivant l’Aura et mes instincts, je sautai dans la Citadelle de toit en toit, plongeant avec mon habilité habituelle vers la ville-basse dont une bonne partie était en flammes. Et ce que je vis me fit froncer les sourcils. Plusieurs humains en combinaisons guerrières s’en donnaient à cœur joie de pourchasser et de massacrer des Pokemon civils. Ils rentraient dans les maisons et tuaient sans discernant, les gros Pokemon comme les petits, les mâles comme les femelles, les enfants comme les vieux. Et ça les faisait marrer. Plus les Pokemon criaient et suppliaient, plus les humains beuglaient d’une joie sadique.

J’en restai un moment éberluée. Ces gars là étaient vraiment les Paxen que Kashmel m’avait décris ? Ceux qui se battaient pour l’égalité entre les espèces et contre la tyrannie impériale ? Ça m’étonnerait. On aurait dit des sauvages, et de plus, ils n’avaient aucun partenaire Pokemon avec eux. Ils avaient beau posséder les bâtons Desgen qu’utilisaient les Paxen, ils n’étaient pas des rebelles : seulement des assassins, des fous. Et si Kashmel s’était véritablement allié à ces gens là, alors il était aussi fou qu’eux. Je n’avais pas besoin d’ajouter « assassin » ; ça, je savais qu’il l’était déjà…

L’Aura de Meika n’était pas loin, mais je ne pouvais pas passer mon chemin et faire comme si je n’avais rien vu de cette horreur. Je bondis dans l’une des étroites ruelles et atterrit proprement sur le crâne d’un de ces tueurs, qui alla s’écraser au sol et qui y resta sans bouger. Ses trois comparses, en train de tourmenter un couple Lainergie, se tournèrent vers moi, le regard mauvais. Ils avaient vraiment des sales gueules, avec leurs dents pourries, leurs cicatrices et leurs espèces de crêtes de coq sur leurs crânes chauves.

- C’est une fille, ça ? Demanda l’un d’entre eux.

- Pas sûr, faudra vérifier, dit un autre après m’avoir examinée.

- Bah, peu importe. Même si c’est un gars, il est assez jeune et délicat pour qu’on ne voie pas la différence. J’passe le premier !

Visiblement, ces tarés avaient pour projet de me violer. Ils s’étaient arrêtés à mon visage et ma fine silhouette sans remarquer les insignes de l’Empire et des Nettoyeurs sur ma combinaison, pas plus que ma Lamétrice à la ceinture. Oui, de vraies bêtes, totalement débiles. J’imaginai qu’ils avaient dû en violer pas mal, d’enfants ou d’adolescents. Et je décidai qu’ils allaient arrêter ici et maintenant. Tout en bondissant sur mes jambes comme le bond d’un félin, je tirai ma Lamétrice. Trois cibles, trois coups, trois secondes. Les trois sauvages hurlèrent à l’unisson, n’ayant pas vu ce qui leur était arrivé, mais se tenant leurs entrejambes ensanglantées avant de s’écrouler au sol en pleurant. Je dis au couple de Pokemon d’aller vite se réfugier dans la ville haute, quand des applaudissements derrière moi retentirent.

- J’aime ta méthode pour t’occuper de ces déchets, commenta Meika Irlesquo avec un sourire en dévisageant les trois humains qui gémissaient au sol. Je pense que je vais faire pareil avec leur chef, Draïen, si d’aventure il survit.

- Ce ne sont pas vos alliés ?

- Façon de parler. Je les vois plus comme des pions, du genre qu’on envoie se sacrifier quelque part pour détourner l’attention des pièces maîtresses adverses.

- Ce qui ne sert à rien du tout, vu que je suis l’une des pièces maîtresses adverses, et que je peux vous sentir où que vous soyez, répliquai-je.

- Oui, quand j’ai fait appel à eux, je n’avais pas prévu que les Nettoyeurs auraient un gentil petit chat G-Man qui pourrait facilement nous pister via l’Aura. Mon père ne m’a même pas donné d’ordres spécifiques te concernant, alors que ta présence est clairement un danger. Soit il a décidé de t’ignorer car tu n’es pas si dangereuse que ça au final, soit il a encore un certain attachement pour toi.

- Il ne ressent rien pour moi, lui assurai-je. Il n’a fait que se servir de moi. Tout comme il se sert de toi maintenant.

Meika plissa les yeux, soudain furieuse.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, gamine ! Je suis sa fille, son héritière, la chair de sa chair ! Père m’aime, et il m’aimera d’autant plus quand je lui aurai prouvé ma valeur en t’éliminant comme le chat de gouttière qui n’aurait jamais dû venir au monde que tu es !

Meika tira sa Lamétrice, ses yeux brillants d’une lueur meurtrière et un peu folle avec le reflet des flammes.

- J’ai éclaté de rire quand j’ai lu la lettre de père, qui m’expliquait qui tu étais. La bâtarde de cette pourriture de Bradavan, pas moins que ça ! Le sang de cet homme était déjà faible et sali, et il a en plus osé le mélanger avec celui d’une simple humaine. Rohban était déjà une erreur en soi, mais toi, tu es pire. Tu es une insulte pour les G-Man et pour les Irlesquo !

Je haussai les épaules, indifférente.

- J’ai arrêté de me prendre la tête au sujet de mon sang. Mon père avait beau être un lâche impuissant et ma mère une psychopathe notoire, je suis moi. Simplement moi. J’ai un pouvoir que je tire de votre précieuse lignée, et je vais m’en servir pour vous arrêter. Parce que je l’ai décidé. Moi, et personne d’autre. Je ne laisserai plus personne me dicter ce qui est bon ou pas, que ce soit ma mère, un esclavagiste Pokemon, Kashmel ou l’Empire lui-même.

- Joli discours de la part de quelqu’un qui porte l’uniforme des Nettoyeurs, ricana Meika.

- J’ai fait ce que j’ai dû pour survivre, répliquai-je. Et je m’en suis plutôt bien sortie. Les G-Man illégaux atteignent rarement mon âge… sauf quand on ment sur leur naissance, comme nos grands-parents l’ont fait pour nos pères.

Meika semblait ne plus trop savoir sur quel pied danser. Elle considérait visiblement les bâtards G-Man comme des erreurs de la nature, mais ne pouvait pas non plus nier l’origine de son propre père. Même elle, elle avait 25% de sang humain.

- Il n’arrivera rien de bon aux G-Man sous la férule de Kashmel, dis-je avec conviction. Il vous mènera tous à votre perte. Il ne pense qu’à lui, et considère tous les autres comme des tremplins ou des outils.

- Tu ne sais rien de…

- J’ai passé plus de temps avec lui que toi, coupai-je. Tu es peut-être sa fille, mais tu n’es qu’une étrangère pour lui. C’était peut-être un homme de valeur autrefois, mais la rancœur l’a fait pourrir trop longtemps. Il a assassiné ta mère, celle qui t’a élevé, qui t’a aimé, alors que lui, la première chose qu’il ait fait quand il t’a enfin rencontré, c’est te soudoyer pour ses projets futurs !

- MENSONGES ! Hurla Meila en laissant de la foudre surgir de son corps. Père sait ce qui est bon ! Père m’aime, et il fait tout cela pour le futur des G-Man ! Et toi, sale chat de gouttière, tu ne verras rien de ce futur tant désiré…

Elle tira sa Lamétrice et fonça sur moi en un hurlement de rage. Nos épées se rencontrèrent en un choc de foudre et de flamme.


***


Rohban



En sentant d’un coup deux Aura très puissantes s’entrechoquer non loin d’où nous nous trouvions, je m’arrêtai d’un coup, sous le regard interrogateur d’Immotist.

- Quoi encore ?

- Six et ma sœur Meika… Elles sont en train de se battre, à l’ouest d’ici.

- Alors, ça nous fait une très bonne raison d’aller encore plus à l’est.

Ça faisait un moment que je voulais revoir Sixtine. Son visage m’obsédait tous les soirs. Je voulais la revoir, et lui parler. Déjà, pour la remercier de m’avoir sauvé face à Tilveta, ce que je n’avais pas encore fait, mais aussi pour lui poser plein de questions, dont la première serait sans doute : pourquoi avoir rejoint l’Empire ? Je voulais aussi bien sûr revoir ma sœur, et lui demander pourquoi elle m’avait caché depuis si longtemps qu’elle était la dirigeante de Lance, et pourquoi elle n’a jamais tenté de me recruter, moi qui pourtant aie toujours été antisystème. Mais la puissance qui se dégageait de cette rencontre m’hérissait tous les poils de mon corps, et pourtant, je n’étais pas le meilleur des G-Man quand il s’agissait de ressentir l’Aura. Je savais que si j’allais là-bas, entre ces deux G-Man expertes dans le combat, je ne ferai pas long feu.

- Nous sommes censés être pour laquelle des deux ? Demanda Pandarbare qui nous accompagnait.

- Aucune, répondit Immotist. Une bosse à présent pour l’Empire et veut donc notre mort, et l’autre bosse pour Kashmel qui nous a abandonné… et qui veut probablement notre mort aussi, vu que Diplôtom et moi, on en sait un peu trop sur lui. Laissons ces timbrées s’entretuer et allons vite demander la protection des Paxen.

Oui, rejoindre les Paxen était la meilleure chose que j’avais à faire. C’était surtout la seule que je pouvais faire. Eux pourraient m’aider à sauver quelque uns des miens, si en échange je leur promets que les G-Man sauvés et moi-même jugeront allégeance à leur cause.

- Mais Diplôtom, il ne nous rejoint pas ? S’étonna Pandarbare.

- Il a dit qu’il avait trouvé quelque chose d’intéressant dans les livres que nous étudiions, et qu’il devait vérifier un truc, répondis-je. Il a profité de l’attaque pour revenir à l’Atlas de la Connaissance.

- Quelle genre de recherche peut être à ce point important dans cette situation ?

J’haussai les épaules. Diplôtom ne m’avait rien dit et était parti précipitamment. Un comble, vu que ça concernait sûrement les G-Man et que je m’y intéressais autant que lui.

- Ce gamin fait ce qu’il veut, il est libre de mourir ou d’être capturé pour un bouquin si ça lui chante, fit Immotist. De toute façon, c’est un Spectre sans aucune attache physique. Il pourra nous rejoindre quand il veut en toute sécurité.

Immotist ne pouvait pas en dire de même, bien sûr. Même s’il était aussi un Pokemon Spectre, son âme était rattachée à son masque et à son corps de momie. Et donc, contrairement à Diplôtom qui était un pur fantôme, il ne pouvait pas se dématérialiser à volonté ou passer dans la dimension spectrale. Certains G-Man de type Spectre s’y étaient essayés… et ça s’était généralement mal terminé pour eux.

Nous avancions à travers les ruelles en proie au chaos. Tous les habitants Pokemon fuyaient en sens inverse des flammes et des bruits de tuerie, tandis qu’on entendait les assaillants humains s’approcher de plus en plus. J’étais un peu mal à l’aise, je devais l’avouer. Je sais bien que les Paxen sont en guerre avec l’Empire Pokemonis, et ici, on était à Axendria, capitale de l’Empire. Mais tout de même… Qu’est-ce que ça leur apportait, cette violence aveugle ? Les ennemis des Paxen, ce n’étaient sûrement pas les Pokemon civils qui survivaient difficilement dans les ghettos de la cité. Une bonne majorité d’entre eux détestaient l’Empire tout autant que les Paxen.

Les deux premiers Paxen que nous croisâmes, en voyant Pandarbare et Immotist, tentèrent de nous attaquer. Pandarbare, qui avait longtemps lutté contre les Paxen et leurs fameux bâtons Desgen, qui empoisonnait l’organisme des Pokemon, parvint à les mettre à terre en moins de deux. Immotist, qui n’avait jamais perdu son mépris naturel pour la race humaine qu’il avait longtemps exploitée, leur dit avec dégoût :

- On est de votre côté, pauvres débiles. Vous ne voyez pas qui nous accompagne ?

Immotist me désigna, mais je ne devais pas avoir trop l’air d’un noble G-Man actuellement, avec mes habits pauvres passe-partout. Mais j’avais eu la bonne idée de garder ma Lamétrice à la ceinture, et je la montrai aux deux Paxen. Ces derniers se regardèrent avec un air particulièrement patibulaire.

- Attends voir… C’pas le G-Man que le chef nous a demandé d’trouver ? Le frangin d’la bombasse blonde ?

Par « bombasse blonde », et même si ce terme n’était pas très familier dans mon milieu social, je me doutais qu’il voulait parler de Meika. Et le fait que j’étais connu comme étant son frère et recherché ne me plaisait pas trop. Immotist aussi était surpris.

- Vous êtes en relation avec Lance ? Demanda-t-il.

- Et pas qu’un peu, demeuré de Pokemon. Ce sont nos employeurs.

- Vos employeurs ? Répéta Pandarbare. Depuis quand les Paxen œuvrent-ils comme de vulgaires mercenaires ?

- Ne nous compares pas à ces couilles-molles ! Nous, nous sommes les Partisans ! Nous faisons ce que les Paxen n’ont pas les couilles de faire, à savoir buter les Pokemon, qui qu’ils soient et où qu’ils soient !

Immotist était atterré. Lui qui pensait pouvoir enfin quitter cette ville avec une petite somme rondelette pour avoir remis un G-Man à la protection des Paxen, il fut fort désenchanté.

- Hors de question que je parte avec ces types là, messire Immotist, dis-je en enfonçant le clou. De toute façon, je doute qu’ils vous accordent quoi que ce soit, de l’argent comme de la protection.

- T’es vache, gamin, ricana l’un des Partisans en se relevant. On lui aurait bien accordé quelque chose : le repos éternel.

Et ils chargèrent à nouveau avec leurs bâtons Desgen, non sans avoir lancé aux pieds de Pandarbare une espèce de bombe artisanale qui lui embourba les jambes et l’empêcha momentanément de bouger. Les bâtons Desgen ne firent que toucher la coiffe et les bandelettes d’Immotist sans le blesser bien sûr, vu qu’il n’avait pas de corps à proprement parlé. Il en immobilisa un avec ses bandelettes et lui lança Onde Folie, qui le fit hurler et prononcer des propos incohérents. Quant au second, j’en fis mon affaire.

Alors qu’il s’apprêtait à attaquer Pandarbare, j’usai d’une des rares attaques que j’avais appris à maîtriser : Coup Bas. Avant que le coup du Partisan ne porte, ma Lamétrice fendit l’air, et l’humain se retrouver au sol, un trou dans le corps et se tenant un moignon ensanglanté. Vu ses blessures, il allait probablement mourir sous peu d’hémorragie. C’était la première fois que je causais la mort de quelqu’un. Ça avait de quoi me retourner sur le moment, mais pour ce genre d’ordure, ça n’allait pas m’empêcher de trouver le sommeil.

- Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? Grogna Pandarbare en se dépêtrant de la matière collante. Si ce ne sont pas des Paxen, vous n’avez toujours donc aucun allié dans ville.

- Les alliés attendront, répondis-je. J’ignore ce que comptent faire Kashmel et Meika, mais ces types qu’ils ont engagés sont clairement des ennemis.

- Ce sont aussi les ennemis de l’Empire, fit remarquer Immotist. Je suis d’avis de retourner nous planquer dans notre cache et de les laisser s’entretuer joyeusement.

- Qu’avez-vous fait de votre morale, messire Immotist ? Lui demandai-je avec mépris.

- J’en ai jamais eu, avoua le Pokemon sans gène. Ce n’est pas bon pour les affaires.

- Ces… Partisans tuent vos compatriotes, sans but et avec amusement. Je crois que la chose à faire est claire : on va les combattre, ou du moins secourir les civils, même si ça signifie aider l’Empire pour le moment.

- Je suis d’accord avec le G-Man, approuva sombrement Pandarbare. Même si j’ai déserté l’Armée Impériale, ses valeurs sont toujours en moi, à savoir, en premier lieu, la protection des populations Pokemon ! Le groupe Lance et ces Partisans sont des terroristes, pas des résistants.

Immotist soupira, comme affligé par les nobles idéaux de ses deux interlocuteurs.

- Et qu’est-ce que ça va me rapporter, de défendre la racaille de cette ville ?

Je ne connaissais Immotist que depuis un mois, mais j’avais très vite compris comment il résonnait : en termes de perte et de bénéfice. C’était un égoïste pragmatique qui regardait avant tout son propre intérêt. Et ça ne me dérangeait pas, ce genre de personnage. C’était bien plus facile de traiter avec eux qu’avec des idéalistes, comme les G-Man de Lance, les fanatiques impériaux voir même sans doute les Paxen.

- Ça m’étonnerait que les Paxen tolèrent les actions de ces Partisans, répondis-je. Ça fait une très mauvaise publicité aux humains. Ils vous seront donc encore plus reconnaissants quand vous m’amènerez à eux. Et si nous sommes quand même bloqués à Axendria par la suite, que la ville basse sache que vous avez contribué à la sauver de ces sauvages ne vous fera pas de mal, non ? Même l’Empire hésitera à s’en prendre ouvertement à un Pokemon des ghettos avec une forte popularité. Bref, dans tous les cas, vous gagnez quelque chose. Mais si vous ne faites rien, vous ne gagnerez rien, si ce n’est le risque que ces humains détruisent totalement la ville basse. Même si vous la critiquez souvent, vous y êtes attaché, j’en suis sûr. Vous vivez là depuis longtemps et vous y avez fait fortune.

Voilà, ça c’était bien. Un savant mélange de pragmatisme avec un zeste de sentimentalisme. Immotist fit mine de réfléchir quelque instant, mais je savais qu’il avait pris sa décision dès que j’avais terminé. On avait beau dire tout ce qu’on voulait sur lui, il n’était pas idiot.

- Très bien alors, fit-il comme à contrecœur. Et puis… je dois avouer que ces bouseux d’humains gueulards offensent mes yeux et mes oreilles.

Le corps d’Immotist commença à bouger étrangement. Les bandelettes qui le composaient perdirent peu à peu leur silhouette, et se mirent à se dérouler à toute vitesse et dans toutes les directions. Une seule demeurait, liée au masque mortuaire d’Immotist. Le Pokemon utilisa son énergie spectrale pour faire résonner sa voix partout où les bandelettes s’étaient dispersées, et plus principalement dans sa propre planque, où attendaient ses employés Pokemon.

- Ecoutez tous, bande de demeurés ! Je suis Immotist, ancien patron de la pègre de la ville basse. J’ai pris les armes contre l’Empire en aidant les rebelles G-Man. Je prends aujourd’hui les armes comme ces sauvages humains qui nous assaillent. J’ai pas d’argent à vous proposer, seulement vos vies, aussi inutiles soient-elles. Rassemblez-vous tous. Suivez mes bandelettes. Il est temps d’arrêter de fuir face à ces humains. C’est notre ghetto ! Il a beau être pourri, c’est le nôtre, et faut pas compter sur l’Empire pour le protéger. Alors, suivez-moi, déchets que vous êtes !

Si je m’étais d’abord étonné de la façon dont Immotist demandait quelque chose en insultant, je dus admettre que c’était efficace. C’était sans doute comme ça qu’il fallait parler aux Pokemon de la ville basse, car en moins de cinq minutes, plus d’une centaine s’était regroupée à nos côtés. Immotist rappela toutes ses bandelettes à lui, et tel un chef de guerre, il leva le poing sous les acclamations d’une partie de la population.

- Allez, bande de bâtards galeux ! On va montrer à ces humains pourquoi nous Pokemon, nous sommes les maîtres, et eux les esclaves !

Avec un sourire, je m’engageai moi aussi dans la marche des Pokemon, menée par un Immotist qui venait de se dégoter le charisme d’un général. Et immédiatement, la situation changea. Les Pokemon fuyaient face aux Partisans, car ils pensaient avant tout à leur propre vie. Mais une fois qu’ils étaient regroupés pour combattre, la peur changea vite de camp.