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Fer de Lance de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 04/09/2018 à 11:58
» Dernière mise à jour le 04/09/2018 à 22:52

» Mots-clés :   Drame   Famille   Johto   Romance

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Chapitre 25 : Plaider non coupable
Peter essuya ses yeux rouges. Il aurait aimé ne pas pleurer, mais cela avait été plus fort que lui. Il se sentait coupable du sort que Kévin avait infligé à son Débugant par sa faute, bien qu'il ne soit pas responsable de sa barbarie, et surtout, il s'inquiétait à propos de ce qui allait lui arriver.

Comment prouver son innocence ? Qui accepterait de le croire, ou plutôt de croire son bourreau assez fou pour blesser son pokémon ? C'était si invraisemblable que sa parole risquait de ne pas avoir beaucoup de poids face à celle de Kévin, et ce même s'il disait la vérité.

Machinalement, il caressait la tête de Drake, toujours lové sur ses genoux. Lui aussi semblait abattu, et Peter se demandait s'il avait conscience de la situation. Peut-être pas exactement, mais le dragon sentait sans doute sa peine.

Ce n'était pas le fait d'être renvoyé de l'école à proprement parler qui effrayait le garçon, mais plutôt d'être encore séparé de Sandra, après le temps qu'il lui avait fallu attendre pour qu'ils soient enfin réunis. Qui plus est, s'il était jugé coupable de l'incident, cela aurait des répercussions néfastes non seulement sur sa vie, mais également celle de son entourage.

Il avait beau être jeune, une telle accusation leur suivrait tout au long de son existence, comme une marque inscrite au fer rouge sur sa peau. Elle éclabousserait également son père. Comment un Champion d'Arène aussi honorable que Nicolas Lance pouvait-il avoir un fils violent envers les pokémon, se demanderait-on.

Bien que Peter ait déjà l'estomac noué, il se contracta davantage lorsqu'il entendit des bruits de pas se rapprocher. Il ignorait combien de temps s'était écoulé depuis que M. Johnson l'avait laissé seul, mais il avait l'impression que cela avait duré à la fois un instant et une éternité.

La porte de la salle s'ouvrit à la volée et Peter hoqueta de surprise en voyant surgir non pas son professeur, mais Sandra, dont le visage était rouge de colère. Drake releva la tête en la reconnaissant et son jeune dresseur en profita pour se redresser sur ses genoux. Avant qu'il ait pu se mettre debout, cependant, elle l'avait rejoint pour lui asséner une grande tape sur l'arrière du crâne.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire de pokémon blessé ? tonna-t-elle.
- Ce n'est pas moi, je te jure. Je... Aïe !

Plutôt que de le laisser terminer, elle le frappa derechef, puis recula d'un pas, les mains sur les hanches, le regard noir.

- Tu me prends pour une imbécile ? Bien sûr que je sais que ce n'est pas toi ! C'est pour ça que je veux que tu m'expliques ce qui s'est passé. Et que ça saute !

Peter poussa un soupir et déglutit péniblement, ravalant le peu de fierté qu'il lui restait. Il avait tout fait pour dissimuler ses ennuis à sa cousine, mais l'heure était venue de passer aux aveux. Il ne pouvait plus y couper.

- Tu te souviens des trois garçons que tu as bombardés de gravier le jour de la rentrée ?
- Les QI de Ramoloss ? Difficile d'oublier des idiots dans leur genre. Pourquoi ?
- Tu avais raison quand tu affirmais qu'on ne faisait pas que se chamailler. Ils me persécutent depuis ma première année ici, en particulier Kévin.
- Kévin... C'est lequel, déjà, celui-là ?
- Il ressemble un peu à un Rattata.

Cette comparaison raviva le souvenir de Sandra, qui se remémora aussitôt un garçon plutôt râblé, avec un nez pointu et de grandes oreilles. Elle se rappelait également l'avoir caillassé, non sans une certaine satisfaction, dès son premier jour.

- Pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit avant ? reprocha-t-elle. Je leur aurais botté les fesses, moi.
- Justement. Tu ne crois pas que tu as suffisamment de problèmes comme ça ? Et puis... J'avais trop honte pour t'en parler. Toi, tu es courageuse, alors que moi...
- Tu es un gros peureux, ce n'est pas un scoop, mais ça ne m'explique toujours pas le pétrin dans lequel tu te trouves.
- Pour qu'ils me laissent tranquille, je me suis résolu à perdre tous les combats que je livrais pendant les cours de dressage, avoua Peter, penaud. Et puis, il y a quelque temps, le prof ne m'a pas laissé le choix. J'ai remporté un match face à Kévin, et ça n'a fait qu'intensifier sa haine à mon égard. Je m'attendais à ce qu'il prépare un mauvais coup, mais j'étais loin d'imaginer que...
- Que quoi ?
- C'est lui qui a cassé le bras de son Débugant pour accuser Drake.

Sandra cligna des paupières. En dépit de la fureur que lui inspirait une telle révélation, elle ne put s'empêcher de relever la brillante sournoiserie d'une telle action. Même elle n'oserait aller aussi loin pour nuire à quelqu'un, y compris à Peter, probablement parce qu'elle respectait trop les pokémon pour les traiter ainsi. Jamais elle ne ferait de mal à Karai, et si quelqu'un s'avisait de la blesser volontairement, il mériterait d'être poussé du haut d'une falaise.

- Et le prof ? interrogea-t-elle. Il n'a rien vu ? Tu lui as expliqué, au moins ?
- Non... Je n'ai pas réussi à trouver les mots, et de toute façon, il... Pourquoi est-ce qu'il me croirait ? Je n'ai aucune preuve.
- Je peux toujours m'occuper de ce crétin jusqu'à ce qu'il passe aux aveux.

Sandra se frotta les mains avec une expression sadique qui arracha à Peter un petit rire nerveux. Son visage redevint cependant aussi anxieux et livide qu'il l'était quelques instants plus tôt lorsque la porte s'ouvrit derechef, cette fois-ci sur M. Johnson. Le regard impénétrable, l'homme se dirigea vers eux.

- Le principal veut te voir, mon garçon, annonça-t-il d'un ton qui n'exprimait ni pitié ni colère. Quant à toi, Sandra, tu n'as rien à faire ici. Retourne en classe.
- J'étais en salle d'étude.
- Eh bien retournes-y.
- Impossible, répliqua-t-elle du tac au tac. Les accusés ont le droit à un avocat commis d'office, et je serai celui de Peter.

Elle avait entendu cette phrase dans une série que ses parents regardaient les vendredis soirs et elle s'était juré de la replacer un jour dans une conversation. Le contexte n'aurait pas pu être plus adéquat.

- Sandra... soupira Johnson. Pardon de te le dire aussi franchement, mais le principal ne te porte pas dans son cœur, et j'ai peur que loin d'aider Peter, tu ne fasses qu'empirer la situ...
- Il va m'entendre, le vieux schnock ! s'entêta la fillette. Et vous aussi, d'ailleurs ! Non mais regardez-le !

D'un geste de la main, elle désigna son cousin qui venait de se mettre debout et qui tremblait tellement, à cause de l'appréhension, qu'il eut toutes les peines du monde à rappeler Drake dans sa pokéball.

- C'est une chiffe-molle. Vous imaginez vraiment ça capable d'orchestrer l'attaque violente d'un pokémon ? Peter est incapable de faire du mal à un mimitoss, et je suis bien placée pour savoir de quoi je parle, ça fait huit ans que je le maltraite. Il paraît que même bébé, je le frappais avec mon hochet, et pourtant il n'a jamais perdu patience.

Sandra crut voir la commissure des lèvres de Johnson se soulever légèrement dans une esquisse de sourire, avant qu'il retrouve son masque de neutralité. Se raclant la gorge, il déclara :

- Dans ton intérêt encore plus que celui de Peter, je doute que ce soit un argument à présenter au principal. Encore plus si tu l'appelles le vieux schnock.
- C'est Kévin qui a fait le coup ! Peter, raconte-lui, c'est le moment ou jamais.
- Je... Je... bafouilla l'intéressé. C'est... C'est vrai, monsieur. Kévin... Il me déteste. Il a fait ça dans l'espoir que je sois renvoyé.

Les sourcils de Johnson s'arquèrent. C'était bien l'idée qui lui avait traversé l'esprit, mais il avait refusé de l'admettre. Si Peter disait la vérité, ce dont il était presque sûr, cela signifiait que ce garçon avait un grave problème psychologique. Faire preuve d'une telle violence à un aussi jeune âge... Il fallait dès à présent le remettre dans le droit chemin.

- Je veux bien te croire, déclara Johnson, mais ce n'est pas moi qu'il faut convaincre. Viens, maintenant. Ne faisons pas attendre monsieur Fontaret.

Peter lui emboîta le pas, imité par Sandra. Le professeur aurait voulu la raisonner et la dissuader de les suivre, convaincu qu'elle s'apprêtait à nuire davantage à son cousin qu'à l'aider, même si cela partait d'une bonne intention, mais il savait ce que ses collègues racontaient à son sujet. Une fois que la fillette avait une idée en tête, elle n'en démordait pas.

Ce fut sans un bruit qu'ils rejoignirent le bureau de Fontaret, en file indienne. Johnson s'arrêta devant la porte et toqua un unique coup avant que l'homme l'invite à entrer. Il poussa Peter à l'intérieur, tout en lui pressant l'épaule d'une main compatissante, et Sandra s'y engouffra à sa suite, le regard déterminé.

- Qu'est-ce qu'elle fait là ? aboya aussitôt Fontaret.
- Elle a tenu à défendre son cousin. D'après elle...
- Mon client est innocent du crime dont on l'accuse ! annonça théâtralement l'intéressée. C'est un coup monté, un piège odieux, un...
- Bon sang, Johnson ! Faites la sortir tout de suite ! Le cas est grave et j'ai plus important à faire que de supporter les caprices de Sandra Lance.
- Obstruction ! Euh... Objection !

Les termes techniques se mélangeaient dans l'esprit de Sandra, tandis qu'elle foudroyait Fontaret d'un regard noir. Il n'arriverait pas à la faire taire aussi facilement. Elle devait absolument défendre Peter, car ce n'était pas avec son éloquence dont le niveau était inférieur à zéro qu'il parviendrait à prouver son innocence. Sans elle, autant dire qu'il était perdu.

- Viens, Sandra, ordonna Johnson.

Elle secoua la tête en signe de dénégation et fit plutôt un pas supplémentaire en direction du bureau de Fontaret, sur lequel elle plaqua ses paumes. Bien qu'elle soit à peine plus grande que le meuble, son expression colérique parvenait presque à la rendre intimidante.

- Je sais que vous ne pouvez pas m'encadrer, mais là, il est question de Peter et...
- Sandra, si dans dix secondes, tu n'as pas quitté cette pièce, je te jure que je vous renvoie tous les deux, menaça Fontaret, exaspéré.

Johnson la saisit par le poignet et la força à reculer, ce qui ne fut pas une mince affaire, car Sandra se débattait avec férocité. Il dut presque la soulever de terre pour réussir à quitter la pièce, et une fois dehors, il lui fallut la retenir pour qu'elle ne refasse pas aussitôt irruption.

- Arrête ça, veux-tu ? gronda-t-il en passant un bras musclé autour de la frêle taille de l'enfant.
- Ce principal est un véritable abruti ! Il ne va rien vouloir entendre et en plus, Peter ne sait pas se défendre. Il n'a toujours été bon qu'à se faire accuser à ma place.

Johnson se gratta la tête, réfléchissant à un plan. Il finit par avoir une idée, au moment où Sandra enfonçait ses doigts dans sa chair pour le forcer à desserrer son étreinte. Il l'empoigna cette fois-ci par les épaules et l'obligea à pivoter sur elle-même pour qu'elle soit face à lui, avant de s'accroupir à hauteur de son visage.

- Écoute-moi, Sandra, au lieu de t'agiter dans tous les sens. Je veux bien t'aider à essayer de prouver l'innocence de ton cousin, mais pour ça, il va falloir que tu te calmes et que tu suives mes consignes.
- Vous croyez vraiment que j'ai une tête à obéir aux ordres ?
- Tu vas devoir t'y résoudre si tu tiens à ce que Peter s'en sorte.
- Je n'ai pas besoin de vous, je peux me débrouiller toute seule, riposta la fillette.
- Si par te débrouiller tu entends vous faire exclure tous les deux, aucun doute que tu y parviendras. Je suis sérieux, Sandra. J'ai peut-être une idée, mais je ne peux pas m'occuper du cas de ton cousin et te surveiller en même temps pour t'empêcher de faire des bêtises. Alors soit tu restes tranquille, soit ça va mal se terminer pour tout le monde. C'est ce que tu veux ?

Sandra ouvrit la bouche et la referma dans la foulée. Elle n'avait aucune envie de se soumettre à qui que ce soit, mais elle tenait à sauver Peter de la catastrophe, ne serait-ce que pour qu'il ait une dette envers elle et qu'il se confonde en remerciements jusqu'à la fin de ses jours, en se prosternant à ses pieds.

- Qu'est-ce que vous comptez faire, exactement ? demanda-t-elle, méfiante.
- Il faut que je m'entretienne avec Johanna Joëlle. Tu vas me suivre jusqu'à l'infirmerie et tu vas attendre patiemment que j'ai fini de discuter avec elle, d'accord ? Pas de frasque, pas d'esclandre. Tu me le promets ?
- Oui, oui.
- Sandra ?
- Oui, je vous le promets.
- Bon, allons-y.

D'un geste, Johnson invita Sandra à lui emboîter le pas. Tandis qu'elle se mettait en marche, elle décroisa les doigts qu'elle avait entrelacés dans son dos et ramena son bras le long de son corps.