Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La couleur de la lumière de MissDibule



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 06/06/2018 à 23:08
» Dernière mise à jour le 03/08/2018 à 10:05

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
XLVI- Retour à Joliberges…?
Shaïna se réveilla une nouvelle fois avec l’esprit embrumé. Son mal de crâne était revenu, et ne se sentait pas bien du tout. Combien de fois allait-elle encore se réveiller sans savoir où elle se trouvait ? Il lui semblait que, plus le temps passait, moins elle avait de contrôle sur sa propre vie. Elle était de plus en plus passive, ballottée de mésaventure en mésaventure. Du moins, elle le ressentait ainsi. Elle était d’ailleurs, en pensant cela, plus proche de la vérité qu’elle ne le croyait…

La pièce dans laquelle Shaïna se trouvait était plongée dans le noir, mais la jeune fille avait tout de même la très nette impression de… tanguer. Elle se concentra davantage : oui, elle était certaine de percevoir un léger mouvement irrégulier au niveau du sol. Elle comprit assez rapidement ce que cela voulait dire : « C’est pas vrai… Me voilà à nouveau sur un bateau ! »

En effet, des semaines s’étaient écoulées depuis cette fameuse nuit durant laquelle Shaïna avait fui sa maison de Joliberges. Cette nuit-là même où elle s’était illégalement introduite sur un bateau appartenant à la Team Éclat. Elle y avait découvert une étrange salle remplie d’ouvrages, y compris l’énigmatique journal qui ne la quittait désormais plus.

La jeune fille tenta de se redresser et s’aperçut avec désarroi qu’elle était pieds et poings liés. Elle ne pouvait rien faire, si ce n’est crier, mais elle savait d’ores et déjà que cela ne lui serait d’aucune utilité : elle était de retour sur un bateau de la Team Éclat. Mais cette fois-ci, elle n’était pas là en tant que passagère clandestine. Elle était captive. Elle soupira et se maudit intérieurement d’avoir fourré son nez dans toute cette affaire, il y a plus d’un mois de cela.

Elle songea à comment serait sa vie si elle n’avait pas fui la maison. Si elle n’avait pas désobéi à sa mère. Si elle avait décidé de rester pour toujours dans l’ombre. Elle ne se serait pas liée d’amitié avec Candice et Chrom. Elle n’aurait jamais rencontré Shuno. Elle n’aurait pas attrapé tous ces merveilleux Pokémon, ni affronté tous ces impressionnants champions d’arène. Elle aurait eu une vie sans doute bien plus calme, dans cette maisonnette avec sa mère. Bien plus simple. Mais surtout bien plus morne. Et Shaïna ne voulait pas d’une vie comme ça. Elle aimait l’aventure. Le risque. Même si cela pouvait la mener à de telles situations…

Le fil de ses pensées concernant ses choix de vie fut brusquement interrompu par des éclats de voix provenant de l’extérieur. Les deux voix semblaient se disputer :
– Bravo, Light, bravo ! Si tu ne passais pas ton temps à vagabonder on ne sait où avec ce bateau, on n’aurait pas épuisé si vite les réserves de carburant ! fit valoir la première, apparemment exaspérée.
C’était une voix féminine, qui paraissait familière à Shaïna, mais son brumeux esprit ne parvint pas à identifier à qui elle appartenait. L’autre voix rétorqua alors :
– Tu crois que je m’amuse avec ? Je ne fais que remplir mes missions, rien de plus !

C’était la voix d’un homme que la jeune fille ne connaissait pas.
– Mais oui, bien sûr ! ironisa la femme. Franchement, je ne comprendrai jamais ce que le Boss te trouve. Tu n’es qu’un prétentieux qui n’en fait qu’à sa tête.
– Je pourrais dire exactement la même chose de toi. Tu n’es qu’une furie hystérique.
– En attendant, ce n’est pas de ma faute si on doit repasser par Joliberges pour faire le plein, répondit-elle, nullement vexée et même un brin provocatrice.
Puis Shaïna entendit des bruits de talons marteler le sol, signe que la femme s’éloignait, mettant ainsi fin à la discussion.
– Garce, persifla l’homme entre ses dents, resté seul, avant de se retirer à son tour.

« Alors comme ça, le bateau fait escale à Joliberges... Ça pour une surprise ! Cette ville semble très liée à la Team Éclat… Peut-être que leur QG n’est accessible que par la mer ou les airs ? »
Elle se creusa la tête et tenta de se remémorer les destinations qu’elle avait entrevues sur le tableau des départs du port de la ville, lorsqu’elle avait pris le bateau pour aller jusqu’à Féli-Cité. Malheureusement, impossible pour elle de se souvenir. Dire qu’elle avait peut-être eu la solution sous les yeux dès le début !

Ce fut sur cette réflexion qu’elle sombra dans un lourd sommeil.

*
Candice était réveillée depuis une bonne heure. La première chose qu’elle avait aperçue en s’extirpant de son sommeil forcé était la fine lumière qui filtrait à travers le minuscule hublot. Elle avait alors vite compris où elle se trouvait, et elle avait également bien saisi que ce n’était franchement pas la meilleure des situations. Bien que ses mains fussent attachées dans son dos, la jeune fille pouvait cependant toujours se déplacer librement. Elle en avait profité pour faire le tour de la pièce : ce n’était qu’une banale pièce de rangement – fermée à clé – pleine de bric-à-brac, avec des étagères pleines à craquer de tout et n’importe quoi.

Mais Candice n’était heureusement pas seule : à ses côtés gisait Chrom, au centre de la pièce, toujours inconscient, les mains également liées. Elle avait songé à le réveiller, puis elle s’était ravisée ; à quoi bon, puisqu’ils étaient tous les deux enfermés ? Autant le laisser dans la douce ignorance du sommeil tant qu’il le pouvait encore. Pendant ce temps, la jeune blonde se remuait les méninges pour trouver un moyen de les tirer de ce mauvais pas. Elle fit les cent pas durant encore de longues minutes, jusqu’à trouver une idée. Une idée certes un peu folle, mais qui pourrait bien fonctionner. Il fallait qu’elle agisse vite.

Mais il lui fallait d’abord se libérer de ses liens. Et, puisque la Team Éclat était une organisation mieux organisée que l’on pourrait le croire, Candice ne pouvait se servir d’aucun de ses effets personnels – y compris ses Poké Balls – car ils lui avaient tous été confisqués. Cependant, la prévoyance de ces criminels n’était pas aiguisée au point de fouiller chaque carton et chaque étagère de la pièce où ils comptaient garder leurs otages. Ils auraient néanmoins dû le faire, car rien n’arrêtait une Candice déterminée !

Ainsi, la jeune fille renversa tous les cartons de la pièce uniquement grâce à la force de ses jambes et inspecta le contenu de chacun, un à un, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin ce qu’elle cherchait : un couteau d’argent finement ciselé, gravé d’un Y sur le manche. Elle poussa mentalement un cri de victoire et s’empressa de ramasser le couteau, tant bien que mal, avec ses mains liées.

Elle n’avait vraiment plus beaucoup de temps : le jour commençait à décliner. Sans plus attendre, Candice tenta de défaire ses liens. Finalement, après de longs efforts et non sans difficultés, elle parvint à sectionner ses liens à l’aide du couteau d’argent. Puis elle avisa Chrom : devait-elle le libérer ? Elle en mourait d’envie, mais elle savait aussi qu’elle ne pouvait pas se le permettre. Pour que son plan fonctionne, il fallait absolument qu’elle ne perde pas plus de temps.

Elle fourra donc le couteau dans la poche de sa jupe et se précipita vers l’une des étagères de la pièce, celle qui était la plus proche de la porte d’entrée verrouillée. En fait, elle se situait juste à côté, tout ce que Candice avait à faire pour mener sa stratégie à bien, c’était de la faire tourner de quatre-vingt-dix degrés. Cela pouvait sembler simple, mais c’était loin de l’être, pour une frêle jeune fille de quinze ans. Enfin, une jeune fille d’apparence frêle… Car Candice était bien plus forte qu’il n’y paraissait. Non, il fallait surtout qu’elle se dépêche car, dans le noir, il lui serait bien plus difficile de distinguer ce qu’elle faisait.

La jeune fille se positionna donc en face de l’armoire et la tira de toutes ses forces de manière à lui faire exécuter une rotation vers l’intérieur. Puis elle compléta le travail en se plaçant cette fois-ci derrière le meuble pour le pousser. Il était à présent juste à côté de l’entrée. Puis elle s’assura que Chrom se trouvait suffisamment loin de l’entrée, ce qui était le cas. Tout était en place désormais. La suite n’était plus qu’une question de patience… et de réflexes.

Candice n’eut pas à attendre très longtemps : bien vite, elle entendit des bruits de pas, accompagnés de voix, qui provenaient de derrière la porte :
– Tu es bien sûr que les gamins dorment encore ?
– On ne peut plus sûr. Il faudrait être solide comme un Galeking pour s’être déjà réveillé après avoir reçu une telle dose de somnifère !
Candice rit intérieurement à ces mots. Mais elle était néanmoins toujours alerte : elle se tenait prête.
– Bon bah ça va alors, on n’a pas à s’inquié… commença le premier en ouvrant grand la porte après l’avoir déverrouillée.

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase : une étagère pleine d’objets en tous genres venait de s’abattre sur son collègue et lui, les envoyant au tapis pour un petit moment. Candice était soulagée : son plan s’était déroulé sans accroc ! Mais il lui restait encore pas mal de choses à faire. Premièrement, dégager le corps de l’un de ces types. Après quelques nouveaux efforts, Candice parvint à extirper le corps de l’un des deux sbires inconscients de dessous le meuble. Elle lui retira ensuite son manteau noir à paillettes et le revêtit, capuchon vissé sur le crâne.

Elle détacha également la Pokémontre qu’il portait au poignet – qui était un peu abîmée, mais qui heureusement fonctionnait encore – et se rendit immédiatement sur l’application qu’elle cherchait : le logiciel piraté qui permettait aux membres de la Team Éclat de communiquer entre eux. Il fallait absolument qu’elle localise l’endroit où étaient entreposées ses possessions ! Après quelques recherches infructueuses, Candice trouva finalement une information qui pourrait l’aider, dans « le tutoriel destiné aux nouveaux sbires » : toutes les affaires volées – que ce soient celles des otages, d’honnêtes citoyens, voire de membres de l’organisation ayant déserté – étaient stockées dans des salles identiques à celle dans laquelle elle se trouvait, et toutes ces salles étaient dans le même périmètre.

Cependant, Candice n’avait pas le temps de toutes les fouiller une par une. Il fallait qu’elle retrouve ses affaires au plus vite. Commençant à paniquer, la jeune fille regarda à tout hasard du côté des conversations par écrit, et trouva ce qu’il lui fallait : la conversation entre le sbire auquel appartenait la Pokémontre et son supérieur. Dans celle-ci, il était dit que « les babioles des gamins étaient stockées dans la salle n°2 ». « Parfait » songea Candice. « Plus de temps à perdre ! ».

Ainsi, elle enjamba l’armoire accidentée, referma la porte derrière elle et quitta la salle, après avoir murmuré ces paroles : « Je suis désolée, Chrom… J’espère que tu me pardonneras. »

*
Cela faisait déjà vingt minutes que Candice retournait la salle n°2, de fond en comble, et toujours aucune trace de son sac ou de ses Poké Balls. Elle commençait à perdre patience, en plus d’être à bout de nerfs : elle risquait d’être découverte à tout instant ! Même si elle n’avait pas fait un très long chemin pour venir jusqu’à la salle, elle savait que plus elle restait, plus elle se mettait en danger. Sans compter le fait que le bateau était arrêté depuis environ un quart d’heure déjà, et elle avait appris par la Pokémontre du sbire qu’il ne le resterait que pendant deux heures, or cette escale représentait sa seule chance de s’échapper.

Mais la jeune fille ne comptait pas se faire de vieux os : aussitôt ses affaires retrouvées, elle déguerpirait sans demander son reste. Alors qu’elle fouillait le même carton pour la troisième fois, quelqu’un frappa à la porte :
– J’entends du bruit depuis tout à l’heure. Tout va bien ?
Le sang de Candice se glaça instantanément. Mais elle réussit à se ressaisir et jugea que répondre était la meilleure chose à faire. Elle improvisa donc une réponse qu’elle espérait naturelle :
– Euh… Oui ! Tout va bien ! Je cherche juste les affaires des gamins !
– De quoi, les affaires des gamins enfermés dans la salle 6 ? Mais elles ne sont pas ici… Elles sont dans la salle 20… lui répondit la voix, décontenancée.

Et ce fut à ce moment précis que Candice réalisa avec terreur qu’une fine rayure sur un écran pouvait influer beaucoup sur l’avenir. Beaucoup trop.