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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 09/05/2018 à 09:26
» Dernière mise à jour le 09/05/2018 à 20:52

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 31 : L'apogée d'un artiste
Stuon


- Un G-Man qui vit au palais impérial ? Répéta Kashmel, surpris. Ça n’existait pas de mon temps. Stuon ?

- Jamais entendu parler, confirmai-je. Et pourtant j’entends parler de beaucoup de trucs. Redis-moi son nom ?

- Sulin, répondit Six. Bien que je ne sache pas si c’était son prénom ou son nom de famille…

- Que ce soit un ou l’autre, on n’a aucun Sulin dans l’Ordre actuellement. Et tu dis que personne ne semblait le remarquer ou ne lui a parlé ?

Six venait juste de rentrer de son bal chez les Argoin. Elle n’y était guère restée longtemps, et en la voyant revenir avec son air plus que troublé, Kashmel et moi on avait craint que quelque chose ne soit arrivé. J’avais d’abord eu peur que Mizulia ait fait fi de toute prudence en se rendant au bal, mais ce n’était pas ça. Elle nous avait raconté sa rencontre avec ce mystérieux G-Man et ses paroles inquiétantes.

- Non… et pourtant, ce n’était pas un fantôme. Je l’ai bousculé sans faire exprès, et il était bien solide. Il a sous-entendu que l’Ordre allait bientôt s’écrouler, et surtout, il m’a appelé « chaton », en me demandant de continuer de le divertir. Il doit forcément savoir qui je suis, non ?

Six était inquiète, mais Kashmel paraissait plus contrarié qu’inquiet. Tous les imprévus dans son plan si huilé le contrariaient.

- Tu as dit qu’il avait l’air jeune, grommela-t-il. Décris-le-nous

- Je ne saurai pas trop lui donner d’âge. Il avait entre seize et vingt ans je dirai. Des yeux entre le marron et le vert, et des cheveux bruns-roux, genre cuivrés. Assez beau garçon, mais il avait… je ne sais pas… un sourire flippant. Il était fringué tout en noir, on aurait dit un croisement entre une armure et une toge.

J’avais beau réfléchir et fouiller dans ma mémoire, la description de Six ne me disait rien du tout.

- Ah, j’oubliais, ajouta la jeune fille, il avait un pendentif autour du cou. Jaune et vert.

Ce détail attira l’attention de Kashmel.

- Jaune et vert ? Répéta-t-il. Il était comment ? Tu peux nous le dessiner ?

- Euh… oui je crois.

J’échangeai un regard avec mon vieil ami. Il devait suspecter la même chose que moi. Je donnai un de mes brouillons de toile à Six avec un pinceau et une petite palette de peinture. Elle dessina et coloria maladroitement le pendentif de ses souvenirs. Juste un rond, avec la partie gauche jaune et la partie droite verte, le trait les séparant au milieu ayant l’allure d’une vague. Kashmel resta interdit devant ce dessin. Moi aussi. Il n’y avait aucun doute…

- Vous savez ce que c’est ? Demanda Six qui avait bien remarqué l’air de Kashmel.

- C’est le symbole de la famille Chen, répondit le G-Man de Terrakium après un moment de silence.

- Chen ? Vous voulez dire… comme Ludmila Chen, la Paxen qui a tué Xanthos ?

- Oui. C’est une très vieille lignée humaine, qui remonte jusqu’à bien avant la Guerre de Renaissance. Le pendentif originel appartenait à Régis Chen, celui qui a en premier défié Xanthos lors de sa révolution. Depuis, le pendentif se transmet de génération en génération. Il est passé entre les mains de Jyvan Chen, l’un des fondateurs de la rébellion Paxen il y a un siècle. Je l’ai toujours vu pour ma part autour du cou de Braev Chen, un ami à moi, qui fut le précédent chef Paxen. Depuis sa mort il y a trois ans, c’est sa fille Ludmila, que j’ai longuement entraînée au combat, qui le porte.

- Vous croyez que ce… Sulin lui aurait volé ? Demanda Six.

- Je ne vois pas comment ce serait possible. Ludmila doit se trouver avec les autres Paxen sur leur base mobile. Ils ont tout récemment triomphé d’une attaque impériale de grande envergure. S’ils avaient perdu et que Ludmila avait été tuée, peut-être son pendentif se serait-il retrouvé mystérieusement ici, mais là…

- Peut-être alors qu’il y a plusieurs pendentifs, théorisa Six.

- J’en ai toujours vu qu’un seul, répliqua Kashmel. Il est toujours transmit à l’aîné de la famille, et en l’occurrence, Ludmila est fille unique. C’est la dernière des Chen.

- Même si c’est un faux, porter le symbole de la rébellion humaine dans la Citadelle de la capitale impériale, ce serait pas trop bien vu, signalai-je avec ironie. Je sais pas qui est ton Sulin, Six, mais visiblement, il n’a pas peur de froisser l’Empereur…

Je me demandai dans quelle mesure l’existence de ce type mystérieux allait ralentir le plan de Kashmel. Tout ce qui pouvait le faire était pour le moment le bienvenu jusqu’à que Scalpuraï n’intervienne et que je mette Six à l’abri. Mais comme d’habitude, mon vieil ami ne nous fit part d’aucune de ses savantes machinations.

- Trop y réfléchir ne nous avancera à rien tant qu’on ignore qui il est et quel est son but, déclara-t-il. Il nous faut continuer comme prévu, et nous aviserons le moment venu si nécessaire. Six, Meika a-t-elle lu ma lettre ?

- Euh, oui… elle avait l’air même de la trouver sacrément comique. Elle accepte de vous rencontrer à l’endroit convenu, et vous transmet ses plus profonds respects.

Cette formulation ne me plaisait pas, mais je fis mine de réagir comme à mon habitude, par l’ironie :

- Se pourrait-il que la haute dame soit une fan secrète de l’oncle dont on ne parle plus dans la famille ? Demandai-je.

- Si elle a prévu de faire tomber son père, elle doit forcément me connaître de réputation, ou bien Sareim lui a parlé de moi dans le dos de Bradavan.

- Quand et où ce rendez-vous de famille est prévu ? Questionnai-je.

Je ne m’attendais pas à ce que Kashmel me réponde, mais pourtant il le fit :

- Après-demain, dans la nouvelle planque d’Immotist, dans la ville-basse. Mais vous ne viendrez pas. Nous serons seuls.

- Vous êtes sûr ? S’inquiéta Six. Si elle se fiche de nous, ça pourrait être un piège pour vous capturer.

Kashmel fit un sourire rassurant sous ses moustaches.

- Je verrai bien dans l’Aura si elle vient seule ou non. Et même si elle est forte, ce n’est pas cette gamine qui pourra m’avoir en un contre un. Mais pour une première rencontre, il faut que nous nous voyons seuls, histoire d’établir un lien de confiance dès le début.

Et surtout, pouvoir vous parler sans que personne n’entende ce que vous dites, pensais-je sans le dire.

- Par contre, j’ai une mission pour toi à ce sujet, poursuivit Kashmel en s’adressant à Six. Il faut sécuriser les alentours du lieu de rencontre dans la ville-basse avant qu’on ne s’y rende. Tu vas donc y aller. Rejoins Immotist et Diplôtom et aident-les à monter leur réseau, étendre leur influence et sécuriser le territoire. Tu as le droit de tuer les gêneurs si c’est nécessaire. Utilise ton identité de Burning Feline, ça peut servir. Reviens ici le matin de la rencontre.

- Bien compris, acquiesça Six.

Comme elle se changea visiblement pour partir immédiatement, je lui proposai quand même de rester dormir pour la nuit. Kashmel donna son accord en grognant, mais il n’aurait pas été visiblement pas contre qu’elle parte tout de suite. Kashmel exploitait cette gosse jusqu’à l’os, et en plus, elle en était enchantée, ravie de pouvoir faire ses preuves aux yeux de son maître G-Man. Étais-je comme elle à l’époque, où je suivais Kashmel partout, pétri d’admiration ? Probablement. Même s’il ne payait plus de mine comme avant, Kashmel Irlesquo possédait un charisme et une présence tels qu’on se pliait à lui naturellement.

J’aurai préféré garder Six près de moi les jours qui allaient suivre. Mais au rythme où allaient les choses, elle serait sans doute plus en sécurité dans la ville-basse avec Immotist qu’ici. Je devais moi aller prévenir Mizulia du lieu et de la date de la rencontre. Scalpuraï allait en profiter pour débarquer et arrêter… ou plus probablement, éliminer Kashmel et Meika. Je m’en voulais de trahir mon vieil ami à ce point, mais plus les jours passaient, plus il m’inquiétait. Il devenait de plus en plus sombre et renfermé. Je le surprenais parfois en train de ricaner lui-même. Je n’osais même pas en parler avec Furaïjin, car nul doute qu’il devait lui être fidèle, même si lui aussi regardait parfois son ami avec inquiétude.

- Bon, moi, je vais me coucher, déclarai-je à Kashmel tout en conservant mon ton habituel. Tu devrais prendre un peu de repos toi aussi, l’ami. Ces derniers temps, tu parais encore plus vieux que tu l’es, ce qui n’est pas peu dire !

- J’aurai tout le temps de me reposer quand l’Ordre sera tombé, et que les véritables G-Man auront rejoint les Paxen dans la lutte contre l’Empire.

Ça, c’était un beau mensonge, j’en étais sûr. Du moins un demi-mensonge. Si Kashmel voulait effectivement détruire l’Ordre actuel, j’étais quasiment certain qu’il n’avait aucune intention de ramener tous ses nouveaux soutiens G-Man aux Paxen. C’était il y a longtemps, mais je me souvenais très bien quand Furaïjin nous avait parlé de ce fameux Phénix, ce mécanisme de l’Aura créé par Sacha Ketchum lui-même, qui ne devait être activé qu’en toute dernière nécessité. Contes et légendes, avait répondu Kashmel. Si seulement…

Le lendemain matin, j’étais le premier debout, comme à l’accoutumée. J’allais réveiller Six qui m’avait demandé de la lever avant l’aurore, pour qu’elle se rende dans la ville-basse comme convenu. Tandis qu’elle enfilait sa défroque de Burning Feline, je lui préparai le petit-déjeuner. C’était drôle, comme ces quelque mois qu’elle avait passés avec nous m’avaient fait tout drôle. Moi, le célibataire endurci, le solitaire, l’excentrique, je commençais à regretter de n’avoir pas fondé de famille. Qui sait ? J’aurai peut-être été un père du tonnerre d’Arceus !

- Ne fais rien d’insensé quand tu seras en bas, hein ? Demandai-je à la jeune G-Man. Les Nettoyeurs sont sûrement occupés avec Lance, mais Immotist fait toujours partie des Pokemon recherchés.

Comme si elle sentait mon inquiétude dans l’Aura, Six me fit un sourire rassurant. Elle aussi avait bien changé depuis notre première rencontre, où elle demeurait sans cesse stoïque, discrète et prompte à se dissimuler dans les coins ou dans les ombres.

- Ne vous inquiétez pas. Je n’irai pas jouer les justicières nocturne.

- Vaut mieux pas non, même si l’idée et le nom, bien qu’immensément ringards, étaient une riche idée. Et tu sais, tu peux me tutoyer maintenant.

- Vous êtes un Seigneur G-Man, protesta Six.

- Plus pour longtemps, si on arrive à nos fins. Il n’y aura plus ni Seigneur G-Man, ni bâtard G-Man, mais seulement des G-Man, égaux quelles que soient leurs naissances, sans que plus aucun d’entre eux n’ait le qualificatif de « Lord » devant son nom.

C’était ce que Kashmel m’avait dit qu’il ferait, et ce pourquoi je l’avais soutenu secrètement. Je croyais en cela. Je méprisais cette arrogance G-Man, leur loi iniques et la suppression systématique des G-Man illégitimes. Mais était-ce là réellement le but de Kashmel ? J’en doutais sérieusement, aujourd’hui…

- Que ferez-v… je veux dire, que feras-tu quand l’Ordre sera tombé ? Me demanda Six, passant difficilement au tutoiement.

- Bah, comme je doute qu’on arrive à faire tomber le pouvoir impérial juste avec quelques G-Man rebelles, j’irai avec les autres rejoindre les Paxen. Ça me navre d’abandonner mon cher vieux manoir et mes œuvres d’arts, mais c’est ainsi.

- On restera ensemble alors ?

Bizarrement, cette question me toucha profondément. Par Xanthos, j’étais vraiment devenu gaga avec l’âge !

- Je ne vois pas pourquoi ça changerai, répondis-je. Mais attention, jeune fille : même si j’apprécie ta compagnie, ne vas pas t’imaginer des choses hein ? Je préfère les femmes un peu plus mûres quand même.

Six s’apprêtait à protester, avant de se rendre compte que je déconnais, et éclata de rire. Oui, je regrettais sans doute de n’avoir pas su me construire ce genre de vie. Six avait l’âge d’être ma fille. Peut-être qu’une vraie fille aurait été à sa place aujourd’hui, riant gaiment comme elle après une de mes blagues, si je m’étais un peu plus ouvert aux autres sans rester continuellement derrière Kashmel… Après que Six fut partie, ce fut Kashmel qui prit sa place à la table du grand salon.

- La gamine a filé dans la ville-basse comme je lui ai dit ? Demanda-t-il.

- Oui, la « gamine a filé », répétai-je avec une pointe d’agacement devant la formulation employée.

- Bon. Tu as des choses de prévues aujourd’hui ? Si on s’entraînait, comme avant ? On devra sûrement se battre bientôt.

- Je suis pas encore aussi rouillé que toi, vieux, plaisantai-je. Mais non désolé. Je préfère allez réunir le max d’infos possibles sur la situation dans l’Ordre, histoire de tout bien baliser avant le grand jour. Puis j’en profiterai pour faire des recherches sur le mystérieux Sulin de Six.

- OK. Ne fais pas de vagues, hein ?

- Tu me connais.

Quand je fus sorti de mon manoir, j’employai mon Aura à vérifier que personne dans les parages ne me pistait, avant de me rendre à ma destination : le manoir Jastermine, que la mère de Six squattait sous son identité de Lady Firenne. Mais il m’apparut bien vite que Mizulia n’était pas là. Résolu à la rencontrer pour l’informer de la rencontre entre Kashmel et Meika Irlesquo, j’utilisai mon attaque Camouflage pour me fondre dans le décor et l’attendre devant chez elle. Mais trois heures après, je commençais à trouver le temps long. Si elle se trouvait au palais, dans la base des Nettoyeurs, je pouvais continuer à l’attendre longtemps.

Soudain, quelque chose m’agrippa au cou derrière moi et me fit tomber. Surpris, je n’avais pas utilisé l’Aura à temps. Personne n’aurait normalement pu se faufiler derrière moi comme ça sans que je le remarque, surtout alors que j’étais camouflé ! Je me débattis, mais j’avais lâché mon fidèle pinceau dans ma chute, et lui seul pouvait me permettre d’utiliser mes attaques que j’avais « Gribouillées ». Ce n’est que quand je m’apprêtais à utiliser un choc d’Aura avec mes mains, qu’un couteau fut placé sous ma gorge, et je vis par en dessous le charmant mais pas moins meurtrier visage de Mizulia.

- Vous êtes bien un foutu amateur, Lord Stuon, me dit-elle avec un sourire de rapace. Votre pseudo camouflage peut peut-être leurrer les G-Man incapables qui peuplent ce quartier, mais pas quelqu’un d’entraîné comme moi.

- Ça tombe bien, ce n’était pas vous que je cherchais à leurrer, mais bien ces « G-Man incapables », fis-je avec un pauvre sourire.

Elle recula son couteau et me laissa me relever. Je ramassai mon béret que j’époussetai en tâchant de retrouver une contenance. Heureusement, à l’inverse de mes pairs G-Man, je ne m’étais jamais trop soucié de ma dignité… pour si peu que j’en ai eu une.

- Heureusement que j’ai compris que c’était vous à votre stupide béret, me dit Mizulia. Je m’apprêtais à vous descendre. Je n’aime pas voir des G-Man dissimulés venir fouiner autour de chez moi.

- Techniquement, ce manoir n’est pas à vous, lui rappelai-je.

- Maintenant si. Le Nettoyeur de mon maître qui a été envoyé éliminer la véritable Firenne Jastermine dans son bled paumé en province vient de rentrer.

Je grimaçai en entendant ça. C’était là les personnes que j’avais choisi d’aider en trahissant Kashmel. Telles étaient leurs méthodes. Je le savais.

- Vous vouliez me voir ?

J’appris à Mizulia le lieu et la date de la rencontre entre Kashmel et Meika Irlesquo.

- Six y est pour l’instant. Elle doit aider Immotist à faire en sorte que tout soit sûr et ok. Mais elle ne sera pas de la réunion, tout comme moi. On est censé attendre ici. Donc vous arrêtez Kashmel et Meika, et vous faites parler cette dernière pour avoir les noms de tous les membres de Lance, et l’histoire est finie.

- Je crains que non, rétorqua Mizulia. Mon maître ne se contentera pas de Kashmel et de Lance. Ce sont tous les G-Man qu’il veut anéantir… et moi aussi. Il ne lui sera pas difficile de convaincre l’Empereur de prendre une telle mesure quand on découvrira combien Lance est implanté dans l’Ordre, en plus d’avoir été dirigé par la fille du Grand Maître. Et il reste bien sûr l’argument « Six ».

- Vous mettriez votre propre fille en danger de mort juste pour assouvir votre vengeance sur l’Ordre ? Demandai-je.

- Mon maître m’a promis qu’il l’épargnerait si elle consentait à le servir. Et mon maître tient toujours ses promesses, du moins celles qu’il me fait à moi. Six acceptera, j’en suis sûre. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour lui enseigner à survivre à tous prix.

Ça ne me plaisait guère, mais je préférai savoir Six au service de l’Empire que la savoir réduite à l’état de cadavre écorché, comme les aimait bien Scalpuraï.

- Et… concernant ma modeste personne ? Osai-je demander. Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas vraiment un idéaliste. Ma vie ne vaut certes pas grand-chose, mais j’y tiens quand même un peu…

Mizulia me servit son sourire moqueur.

- Je doute que mon maître veuille bien vous épargner, même en dépit des informations que vous nous avez données. Cela étant, je n’ai pas cité votre nom dans cette affaire. J’ai fait croire à mon maître que tous les renseignements que je lui ai transmis venaient seulement de mon propre travail d’investigation. En remerciement pour votre aide pour sauver la mise de ma fille, il se peut que je vous transmette la date du grand assaut contre l’Ordre que mon maître compte mener, histoire que vous filiez loin d’Axendria avant.

- Ce serait… bien aimable de votre part.

- Vous figurerez toujours dans les registres impériaux, et on verra très vite que vous serez manquants. Vous vivrez éternellement pourchassé.

- J’ai un certain potentiel pour passer inaperçu ou me déguiser. Et ça apportera le piment qui manquait justement à ma morne vie. De votre côté, je vous demanderai de prendre bien soin de Six, cette fois. Je n’aime pas beaucoup l’Empire, vous le savez, mais je ne pense pas que les Paxen soient capable de le vaincre. Pas immédiatement en tout cas. Donc mieux vaut que Six vive du côté des vainqueurs temporaires. Elle a été traquée toute sa vie et a vécu dans la plus grande misère. Même si elle devient un chien en laisse pour Scalpuraï, j’aimerai qu’elle arrête de se cacher et qu’elle devienne pleinement ce qu’elle est.

Mizulia me détailla d’un regard inquisiteur, avant de sourire faiblement. Ce n’était pas un sourire ironique ou sadique, comme ceux dont elle avait l’habitude, mais un vrai sourire sincère. Et je me rendis compte que j’avais vu plus ou moins le même un peu plus tôt ce matin, en parlant avec Six.

- Les G-Man sont des pourritures, c’est un fait, dit-elle, mais certains sont moins pourris que d’autres. Ce fut une épreuve pour moi que de coucher avec qui vous savez pour engendrer Six. Ça aurait été moins désagréable si ça avait été avec vous.

- C’est une proposition ? Demandai-je avec espoir.

- Rêvez pas. J’ai dit que je ne coucherai plus jamais avec un G-Man, quel qu’il soit. Cela étant, vous aurez droit à un petit cadeau.

Elle s’avança pour m’embrasser, et j’avais beau savoir que cette femme était une psychopathe au service d’un psychopathe encore plus grand, je ne le lui rendis pas moins son baiser. J’étais faible quand il s’agissait des femmes, c’était un fait. Mais j’avais l’habitude ici de fréquenter des nobles dames pouponnées, simples d’esprit et futiles. Mizulia, elle, était tranchante comme l’acier, forte, terrifiante. Je n’étais pas habitué à tout cela de la part du sexe opposé, et donc, comme un gamin face à un nouveau jouet, ça m’attirait inévitablement.

- Vous serez là encore demain ? Demandai-je après que nous nous fumes séparés.

- Oui, mais je ne vous inviterai pas dans mon lit pour autant.

- J’en suis sincèrement dévasté, mais ce n’était pas pour ça. Je compte continuer à fouiner un peu sur Meika et Lance aujourd’hui. Plus grand monde ne sort ces temps-ci, mais je reste toujours un privilégié de ces braves dames G-Man célibataires qui ne demandent pas mieux que de me répéter les ragots actuels tandis que je les charme.

- On ne sait pas quel G-Man fait partie de Lance ou non, me rappela Mizulia. Et si l’une de vos « braves dames » se trouve être de l’organisation et se rend compte que vous cherchez à en savoir un peu trop ?

J’éclatai de rire.

- Ma chère, les dames que l’ai l’habitude de draguer n’ont pas vraiment le profil de révolutionnaires adeptes de l’ancienne tradition guerrière G-Man…

- Un bon agent double sait prendre n’importe quel profil. Je peux jouer la G-Man nunuche qui ne se soucie que des jolies robes à merveille, comme vous le savez. Vous ne m’auriez jamais soupçonné si ma fille ne n’avait pas reconnu.

- C’est pas faux, admis-je. Mais je ne vous connaissais pas depuis longtemps, à l’inverse de la plupart de mes maîtresses occasionnelles. Je sais bien juger les gens sur le long terme. Ne vous inquiétez pas. Je reviens demain à la même heure. Evitez de me sauter dessus avec un couteau cette fois.

Et sur ce, je me lançai dans mon travail d’investigation, à savoir, papoter l’air de rien avec des G-Man triées sur le volet, connues pour leur bêtise, leur naïveté ou leur art de débiter les dernières rumeurs à la chaîne. Je prenais pour cela mon masque de G-Man tombeur un peu débile et inoffensif. Je gardais l’avertissement de Mizulia en tête, mais sur les quatre femmes que je vis cet après-midi, il me semblait totalement irréaliste que l’une d’elle puisse faire partie de Lance. Et même si c’était le cas, ce n’était pas bien grave, à mon sens. Meika savait que Six se faisait passer pour ma cousine, et donc elle devait se douter que j’étais impliqué avec Kashmel. Aux yeux de Lance, normalement, j’étais un futur allié.

Ils étaient bien sûr très loin de la réalité. Je n’aimais pas l’Empire, certes, mais au moins lui, il était sincère : il ne cachait aucunement ses ambitions de dominer tous les humains et d’instaurer un gouvernement totalitaire et militaire. Lance, en revanche, c’était des hypocrites. Ils parlaient d’égalité avec les humains, mais en même temps ils vantaient la toute-puissance G-Man en valorisant leurs pouvoirs d’antan qu’ils souhaitaient retrouver. Ils parlaient de justice, mais s’adonnaient au terrorisme en tuant des citoyens impériaux innocents, juste parce qu’ils étaient des Pokemon. Et surtout, je les voyais très mal protéger les faibles avec quelqu’un comme Meika Irlesquo à leur tête.

J’avais cru que Lance n’était qu’un petit groupe de jeunes G-Man rebelles et agitateurs que Kashmel pourrait utiliser. Mais plus j’en découvrais sur Lance, et plus je soupçonnais le plan de Kashmel d’être bien plus que ce qu’il disait, plus une alliance entre ces deux-là me paraissait très dangereuse. Tant pis si je devais trahir mon plus vieil ami. Tant pis si je devais m’acoquiner avec l’Empire. Je n’étais pas un idéaliste, mais j’étais convaincu d’une chose : l’extrémisme provoquait plus de problème qu’il n’en résolvait.

- Lord Stuon ? Lord Stuon, vous m’écoutez ?

Je me sortis la tête de mes doutes et de mes certitudes pour revenir à mon hôtesse, la charmante et boudinée Lady Savelia Fushard, qui me regardait d’un air vexé.

- Oui, bien sûr, Lady Savelia, répondis-je en retrouvant mon éternel sourire. Toutes mes excuses, j’étais envouté par le charme inégalé qui se dégage de votre salon.

- Oh, petit flatteur… Vous trouvez ? Il est vrai que j’ai fait beaucoup d’efforts pour aménager tout cela. Mon père est quelqu’un de très austère.

Elle me tendit une tasse de thé que j’acceptai gracieusement. Lady Savelia était la fille unique de Lord Fushard, un vieux G-Man d’une haute lignée, proche de celle des Irlesquo. Savelia était une vieille fille par excellence, plus de quarante ans et toujours célibataire, avec pour seul éternel souci la décoration du manoir. Aucun G-Man ne voulait l’épouser malgré son nom prestigieux, parce qu’elle était totalement idiote, la pauvre… Aussi donc je ne perdais jamais une occasion de lui montrer de douces attentions. Car si Savelia n’avait certainement pas inventé la poudre, elle faisait montre d’une mémoire redoutable quand il s’agissait de retenir les ragots et les on-dit.

- Je disais que j’ai trouvé Lord Strobe bien démoralisé quand je lui ai parlé ce matin, reprit Savelia avec toute la joie de pouvoir raconter sa vie. Vous connaissez son fils, le jeune Kavoan ? Evidemment, il a provoqué un beau scandale en couchant avec la fille de Lord Argoin il y a trois mois. C’est ce que j’ai dit à ma cousine, Lady Vanerielle. Je lui ai dit : « que doit-on attendre d’un Strobe, qui plus est en étant un G-Man d’un Pokemon aussi répugnant qu’un Migalos ? ». Le pauvre Jedoen n’est plus très jeune, et son fils risque d’apporter le déshonneur à sa maison. Comme le défunt oncle de Jedoen… comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, Lord Ulberto. Croyez-le ou non mon cher, mais les rumeurs affirmaient que ce G-Man avait une nette préférence pour les hommes ! Quelle infamie, vraiment… Enfin je m’égare. Le fait est que Jedoen Strobe ne reconnait plus son fils ces derniers temps. Il vagabonde de droite à gauche de nombreuses nuits, manque à ses obligations d’héritier de la maison, et fait montre de moins en moins de respect envers ses aînés ! Les jeunes de nos jours, mon cher Stuon… Où va-t-on, hein, je vous le demande !

- Vous avez ô combien raison, Lady Savelia, approuvai-je, tout en notant mentalement le nom de Kavoan Strobe comme possible membre de Lance.

- Et comment mon cher, et comment ! Ce matin encore, ce jeune impertinent de Kavoan a dit à son père qu’il ne serait pas là de toute la soirée ! Encore à vagabonder ci et là avec ses amis, ou à se faufiler dans le lit de jeunes filles innocentes, à n’en point douter…

Vu le ton sur lequel elle m’avait dit cela, elle n’aurait pas été dérangé outre mesure si je décidais à mon tour de me faufiler dans son lit de « jeune fille innocente ». Mais j’avais autre chose à faire, et autant j’étais un amateur de femme, autant, si je pouvais m’éviter une séance de passion avec Lady Savelia, ça m’allait. Elle était un peu trop voluptueuse pour moi. Et ce qu’elle m’avait dit à propos du fils Strobe corroborait ce que j’avais déjà entendu de la bouche d’autre femmes tout à l’heure. Les membres de Lance avaient visiblement une réunion ce soir. Et j’avais très envie d’y être, en homme friand d’information que j’étais.

Je campai donc devant le manoir Strobe, sous mon attaque Camouflage, dans l’idée de suivre le jeune Kavoan quand il allait sortir. Il était six heures passées quand il sortit enfin, et le soleil commençait à se coucher. C’était bizarre, pensai-je, que Lance s’amuse à faire des réunions secrètes peu avant l’heure du dîner, alors que le couvre-feu du Grand Maître tenait toujours, ainsi que les rondes de Son Excellence Jugeros. À croire qu’ils n’en avaient plus rien à foutre de se faire suspecter, signe qu’ils allaient passer à l’action sous peu.

Je suivis le jeune G-Man de Migalos d’assez loin, toujours en mode camouflage. Il fut bientôt rejoint par d’autres G-Man, comme la famille Raktalin, ou encore la famille Kushkan. Six avait déjà confirmé que les fils de ces deux maisons étaient membres de Lance, mais voir les familles entières se rendre à une réunion secrète comme s’il s’agissait d’un simple repas entre amis, ça me dépassait. Lance était-il à ce point étendu pour que les G-Man qui le composaient sortent de chez eux tranquillement en groupe ?!

J’étais trop loin pour entendre ce que les G-Man de Lance se disaient, mais m’approcher davantage, même avec mon corps qui reflétait le paysage alentour, ça aurait été risqué avec tant d’utilisateurs de l’Aura dans les parages. Je me contentai donc de les filer de loin, en songeant qu’en rentrant ce soir, j’aurai sans doute la liste complète de tous les membres de Lance. Leur destination ne manqua pas de me surprendre : c’était la crypte du Quartier G-Man. D’ordinaire, chaque manoir avait sa propre crypte ou cimetière dans lequel on enterrait ses membres de famille. La crypte commune était réservée aux G-Man de seconde zone, ou à ceux qui avaient été répudiés de leur maison. Mon propre père reposait là-bas. Pas parce j’étais fâché avec lui au point de lui interdire de reposer dans son propre manoir, mais seulement parce que notre pauvre maison Jarminal était fauchée et n’avait plus les moyens d’entretenir une crypte.

Je laissai aux membres de Lance un certain temps d’avance après qu’ils furent rentrés pour les suivre. Je ne sentais personne d’autre dans l’Aura derrière moi, signe que tout le monde devait être déjà arrivé. L’Aura me disait qu’il y avait effectivement pas mal de G-Man en dessous, mais je ne pouvais pas m’y plonger davantage pour avoir plus de précision, au risque de me faire repérer. Lance avait scellé la lourde porte de pierre de la crypte pour que personne ne vienne les déranger, mais ce n’était pas un problème pour moi. Je sortis mon fidèle pinceau et me fit quelque trais dessus, pour ensuite utiliser l’attaque Hantise. Cette attaque Spectre permettait de se dématérialiser un court instant en devenant invisible pour attaquer ensuite par surprise. Je pus donc traverser la porte comme si j'étais un fantôme.

Les torches à l’intérieur étaient allumées, et j’entendais les marmonnements distincts de plusieurs voix au bout du couloir. Je distinguais aussi les premières silhouettes de G-Man, qui portaient tous un manteau rouge à capuchon. L’adrénaline me gagna, en même temps qu’une forme de peur. C’était flippant, leur truc. On aurait dit une espèce de secte satanique. Alors que j’avançai vers le grand tombeau au bout du couloir, je faisais plus que jamais attention à ne faire aucun bruit, en espérant que mon Camouflage fonctionne sans accroc.

Quand enfin je parvins au bout de la crypte, dans la pièce la plus grande, remplie de tombes, je restai un moment bouche bée. Le nombre de personnes présentes dedans dépassait mes prévisions les plus folles. Ce n’était ni dix, ni vingt, mais bien plus de trente G-Man encapuchonnés qui se tenaient là. Peut-être même quarante. Meika Irlesquo, telle une déesse, se tenait sur la tombe la plus haute qui faisait office de trône improvisé. Et en reconnaissant plusieurs visages sous les capuches des G-Man, et non des moindres, je pris conscience d’une chose. Le groupe Lance n’était pas qu’une petite rébellion au sein de l’Ordre G-Man. Non. Le groupe Lance était l’Ordre G-Man, désormais !

- Mes amis, clama Meika, merci de vous être rassemblés. Ce soir est le début de notre ère. Ce soir, nous en finissons avec cet Ordre G-Man corrompu, pour revenir à un ordre plus pur, plus fort, non plus voué à servir un pseudo Empereur Pokemon, mais voué à dominer !

Les cris fanatisés des G-Man s’entrechoquèrent contre les murs de pierre de la crypte et résonnèrent durement à mes oreilles. Je n’avais même plus envie d’entendre ce qui allait se dire. J’en avais vu bien assez. Il fallait que je prévienne Mizulia immédiatement. Lance allait commettre un massacre, dans le Quartier G-Man, mais peut-être même dans toutes la cités. Il fallait que je…

- Notre maître est revenu parmi nous, poursuivit Meika, et en son honneur, nous allons nous offrir un sacrifice ; le premier, mais certainement pas le dernier. Nous vous remercions de nous avoir rejoints… Lord Stuon.

À l’instant même où Meika prononça mon nom, plusieurs G-Man allèrent se placer entre moi et le couloir d’où je venais, pour m’empêcher toute sortie. Tous, dont Meika, regardaient dans ma direction. À l’évidence, mon Camouflage ne les trompait pas… à moins qu’ils aient prévu depuis le début que je serais là. Quand je vis le visage ironique de Lady Savelia parmi les membres de Lance, je compris que c’était effectivement le cas. Je m’étais fait avoir. De la plus ridicule des façons. J’annulai mon camouflage et, malgré la situation, m’autorisa un sourire penaud.

- Je dois avouer que je ne m’y attendais pas… Lady Savelia, vous êtes une parfaite comédienne.

- C’est une erreur que de juger une personne à son apparence, Lord Stuon, ricana Savelia.

Je me sentais totalement idiot. Mizulia m’avait prévenu, en plus. Je sais bien juger les gens sur le long terme, tu parles…

- Nous avons été informé que vous tenteriez quelque chose, Lord Stuon, me dit Meika. On vous a vu discuter avec cette espionne humaine de Scalpuraï. Comme notre réunion devait se tenir ce soir, notre maître nous a suggéré de vous y attirer. Vous allez être éliminé, Lord Stuon, mais n’ayez crainte : ce sera bientôt le tour de cette humaine qui se fait honteusement passer pour l’une des nôtres. Rien n’arrêtera notre prise de contrôle.

Résolu à me battre, je dégainai ma Lamétrice et mon pinceau. J’avais encore une chance. Faible, mais réelle. Aucun de ces G-Man ne suspectait mon vrai potentiel. Ils devaient me considérer comme un G-Man tout faible, vu que j’étais celui d’un Pokemon Normal qui ne pouvait apprendre qu’une seule attaque.

- Il se peut que vous ayez une surprise, Lady Meika, me permis-je de dire. Je ne suis peut-être pas aussi impuissant que votre père.

- Je n’en doute pas. Vous savez bien cacher votre jeu. Mais notre maître sait tout de vous. C’est à lui que revient le droit de débuter notre révolution, en prenant votre vie ici-même. Père, si vous voulez bien…

J’entendis alors des bruits de pas qui approchaient. Des pas lourds et résonnants. Les G-Man qui gardaient le couloir s’écartèrent. Respectueusement, presque religieusement. Ils laissèrent passer un nouvel arrivant. C’était un véritable géant en armure intégrale, avec un casque à cornes, et une énorme épée à double tranchant. L’armure était entièrement constituée de roches. Et cette armure, je la connaissais fort bien, même si je ne l’avais plus vu depuis presque trente ans.

- Oh ça, c’est moche, marmonnai-je.

Je pouvais sentir l’Aura du grand G-Man masqué sans même m’y plonger moi-même dedans. Elle me glaça jusqu’aux os. Glaciale, dure, empreinte d’une sauvagerie à peine refoulée. C’était comme s’il utilisait l’attaque Intimidation, mais sans réellement le faire. Et malgré mes talents cachés, je savais que ça ne suffirait sans doute pas contre un tel adversaire. Pourtant, hors de question que j’abandonne ou que je supplie pour ma vie. En ce moment, moi aussi j’étais en colère.

Le combat commença au moment où je fendis l’air avec mon pinceau. Le G-Man en armure chargea, alors qu’un double de moi-même apparut. Mon attaque Clonage, que j’avais eu du mal à Gribouiller, après des années de recherches pour trouver un Pokemon ou un G-Man qui la maîtrisait. Un autre coup de pinceau, et mes deux moi se dispersèrent dans toute la salle à toute vitesse, boostés par l’attaque Hâte. Mon adversaire était lent, et ne pouvait pas me suivre. J’utilisais sur lui une attaque Laser-Glace, tandis que mon clone, de son côté, utilisait une Aurasphère.

Le G-Man en armure fut un temps piégé dans la glace, mais se libéra facilement avec une parcelle de sa force colossale. L’attaque Aurasphère l’avait bien touché elle, mais les dégâts sur sa lourde armure étaient minimes. C’était ça, mon problème. Même si je pouvais utiliser toute une panoplie d’attaques différentes, leur force était principalement liée à celle du Pokemon Queulorior… qui était relativement faible, il fallait bien le dire. Mon adversaire arracha un énorme bloc de roche du sol pour me le balancer dessus, et dans le même temps, se tourna rapidement pour attaquer mon clone avec sa lourde épée.

Moi-même, j’esquivai le morceau de roche, et laissai le clone contrer l’épée du G-Man en armure avec Abri. Comme il fut donc momentanément bloqué par ce contre, je l’attaquai par derrière avec Nœud d’Herbe. Ça aurait été fort efficace sur un géant de roche pareil, si seulement j’avais pu la lancer convenablement, car, sans se retourner, mon adversaire avait tapé du pied contre le sol, provoquant une attaque Pietisol qui me déséquilibra un instant. Le G-Man masqué se servit de cet instant pour m’attaquer avec Vive-Attaque. Je parvins à esquiver son épée, mais je fus quand même durement frappé.

Sonné, et appuyé contre un mur, je m’étonnai que les autres G-Man n’interviennent pas. Ils se contentaient de regarder avec attention et respect pour leur « maître ». Tâchant de me reprendre, je me relançai dans la bataille. Mon clone était en train de galérer un max, mais avant qu’il ne soit détruit, il parvint à placer une attaque Cage-Eclair qui paralysa mon adversaire. Je mis cela à profit. Je voyais des interstices dans le casque du géant, des trous pour ses yeux. Il me suffisait de lui enfoncer ma Lamétrice dans l’un d’entre eux. J’étais plus rapide que lui, et il souffrait de paralysie. Je pouvais le faire. Je m’élançai en utilisant Vive-Attaque. Mais avant d’arriver sur l’ennemi, je fus violement repoussé en arrière.

L’attaque Prévention. Elle immunisait contre les attaques dîtes prioritaires, comme Vive-Attaque justement. Et pourtant, je savais qu’il l’avait. Tout en me traitant mentalement de débile, je me préparai à esquiver la puissante attaque Lame de Roc que mon ennemi avait lancé. Des pics pointus et rocheux volèrent partout dans la salle, me visant comme des têtes chercheuses. Certains des G-Man présent se protégèrent afin de ne pas faire les fruits d’une attaque collatérale. Je parvins à tous esquiver tant bien que mal, mais je ne n’étais pas préparé à contrer le G-Man de roche qui arrivait sur moi, son énorme épée levée.

Je dus utiliser Abri une nouvelle fois en catastrophe, mais mon adversaire continua à faire pleuvoir ses coups d’épée. J’avais bien Reflet pour augmenter mon esquive, mais je savais que ça ne servirait à rien, car l’attaque de mon ennemi était Lame Sainte, qui ne prenait pas en compte les changements de statistiques. Je fus bientôt acculer dans un coin du tombeau, le souffle court, et mon bras gauche à moitié arraché par un coup de sa lame. J’étais obligé de lâcher ma Lamétrice pour utiliser mon pinceau de l’autre main. Mon ennemi me toisa sous son casque, stoïque. J’imaginai son regard hautain, et je souris difficilement.

- Je ne peux pas… mourir maintenant, dis-je avec effort. Ça ferait… pleurer trop de femmes…

Visiblement, le géant en armure n’en avait rien à faire. Il chargea son poing gauche d’Aura, et prépara une autre attaque Lame Sainte avec son épée dans la droite. Même avec Abri, je ne pourrai pas contrer deux attaques à la fois. Et une seule de ces attaques aurait raison de moi. La défense ne servant donc à rien, j’optai plutôt pour l’attaque. D’un coup de pinceau, j’invoquai une attaque Psyko, qui stoppa temporairement les mouvements de mon ennemi. En deux autres traits rapides, je combinai une attaque Danse-Lame avec une attaque Poing Météor. La Roche craignant l’Acier, ça pouvait le blesser si le coup portait.

Je fus obligé de lâcher mon pinceau pour lancer l’attaque. De toute façon, pour le meilleur ou pour le pire, ce serait ma dernière. Au moment où je projetais mon poing en avant, qui brillait d’une lueur jaune et argentée, mon adversaire se libéra de l’emprise de Psylo, et abattît son épée. Mon corps fut comme déchiré de l’intérieur. Sa lourde lame m’ouvrit le torse et alla labourer mes organes. Mais mon poing avait porté, lui aussi. J’avais détruit une partie de son armure, et sans doute touché son corps derrière. Il devait avoir mal maintenant, ce connard. Ce fut toutefois une bien maigre consolation, alors que je tombais à genoux en vomissant des litres de sang. Debout devant moi, le véritable maître du groupe Lance me dévisagea derrière son casque cornu.

- Je t’avais bien dit, fit-il doucement, de ne pas faire de vagues…

Il leva son épée une dernière fois. Malgré la douleur et la mort qui se présentait devant moi, je trouvai une dernière dose de lucidité pour lancer mon Aura au loin, cherchant désespérément la présence de Six. Je la trouvai dans la ville-basse au moment même où la lame descendit sur moi. Je ne pus que lui lancer un vague avertissement informulé, avant de me sentir une douleur lancinante terrible, puis de me retrouver plongé dans les ténèbres éternelles.