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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 29/04/2018 à 09:52
» Dernière mise à jour le 27/01/2020 à 11:47

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 359 : La bataille de Veframia ( 11ème partie )
Mercutio n’avait pas regardé où étaient partis ses amis Shadow Hunters ; probablement en plein milieu de ce regroupement de GSR pour s’en donner à cœur joie. Il leur faisait confiance pour cela, et entendait déjà les cris des GSR et le bruit typique des membres coupés, arrachés ou broyés. Lui, il avait une seule destination pour le moment : rejoindre sa sœur Galatea à terre. Le voyant arriver avec une vitesse typique des utilisateurs de Fanex, et le corps luisant de Flux, Venamia et Silas s’écartèrent vite pour aller trouver refuge en hauteur. Mercutio ne les pourchassa pas. Il s’agenouilla et vérifia l’état de santé de sa jumelle, qu’il n’avait plus vue depuis un an.

- Y-yo… murmura Galatea, épuisée, blessée mais heureuse. Qui c’est qui t’a coupé les cheveux ?

- Moi-même.

- Ah bah tu m’étonnes, vu le résultat… Tu as manqué mon anniversaire au fait, frère indigne.

- C’était le même jour que moi, donc j’y ai pensé.

Galatea était dans un sale état, avec de multiples blessures et commotions, mais aucune n’était vraiment dangereuse pour sa vie. Elle était surtout épuisée et à cour de Flux. Mercutio lui en transmit un peu pour l’aider à récupérer.

- Repose-toi maintenant, je m’occupe du reste, annonça-t-il en se levant.

- Ce n’est… certainement plus la Venamia que tu as affronté dans le Mégador il y a deux ans, le prévint Galatea. Elle est… très forte…

Mercutio lui fit son vieux sourire mi-rassurant mi-arrogant.

- Tu crois que j’ai passé un an à Alola pour me la couler douce ? Moi non plus, je ne suis plus le même.

En effet, c’était le cas de le dire. Mercutio avait souffert comme il n’était pas permis de souffrir pour en arriver où il en était aujourd’hui, c’est-à-dire porter le costume des Shadow Hunters. Trefens et sa bande n’avaient pas fait les choses à moitié. Si Mercutio et Djosan voulaient la génothérapie au Fanex, ils devaient officiellement devenir comme eux. Outre l’opération en elle-même, qui était horriblement lourde et éprouvante, ainsi que l’entraînement mortel de Kiyomi qui avait précédé, les deux anciens membres de la X-Squad avaient dû se plier aux règles de la Shaters, à ses codes et à ses procédés.

En clair, ils étaient devenus des assassins. Ils avaient appris à se fondre dans les ombres, à tuer vite et bien, et en même temps qu’ils forgeaient leurs corps au Fanex, ils forgeaient leurs esprits au meurtre. Car après tout, c’était pour cela que Mercutio avait tant recherché les Shadow Hunters. Pour acquérir une force capable de venir à bout de Venamia. Pour la tuer. Il avait donc fait taire sa conscience, et avait accompli les contrats des Shadow Hunters. Bien sûr, on lui avait laissé le choix de quel contrat prendre ou non. Mercutio et Djosan n’avaient jamais éliminé des gens qui ne le méritaient pas. La plupart du temps, leurs cibles avaient été des trafiquants quelconques, des politiciens ou hommes d’affaires véreux, ou encore des chasseurs de primes comme eux.

Cela faisait trois mois que Mercutio et Djosan avaient passé leur génothérapie avec succès, pour respectivement 28 et 31% de résonnance au Fanex. C’était loin des 50% de Trefens, certes, mais c’était suffisant pour faire d’eux des surhommes, que ce soit en terme de force, de vitesse, de résistance et de réactivité. Ils auraient donc pu revenir à Johkan bien plus tôt, mais comme Venamia était absente et que la Confédération enchaînait les victoires, ils avaient décidé de rester avec les Shadow Hunters pour réussir à contrôler au mieux leur nouvelle force. Ce n’était que lors de la cérémonie de création de la FAL, quand Venamia était réapparue aux yeux du monde entier, que les Shadow Hunters étaient partis.

Mercutio avait longuement discuté avec eux pour les convaincre de venir les aider contre Venamia. Il avait à nouveau évoqué les noms de Kyria, d’Ujuanie, et le fait qu’une fois que Venamia aurait conquis le monde, leur temps où ils pourraient continuer d’exercer leur métier serait compté. Mais finalement, c’était plus la perspective d’un combat endiablé qui les avait fait se bouger. Ça et le fait que comme Mercutio et Djosan étaient plus ou moins officiellement devenus leurs camarades, c’était leur devoir que de les aider. Les Shadow Hunters avaient beau être des assassins, ils avaient un code d'honneur solide.

Mercutio se retourna pour voir ses amis - car oui, en un an de vie et de mission commune, c’est ce qu’ils étaient devenus - pourfendre les rangs des GSR. Il en apparaissait de plus en plus ci et là, parfois avec des robots et des Pokemon, mais les hommes en noir ne reculaient pas. Djosan, armé de ses immenses poings métalliques à pointes, échangea un regard avec Mercutio pour lui dire d’y aller, qu’ils géraient de leur côté. Mercutio hocha la tête, puis utilisa le Flux pour flotter jusqu’au niveau de Venamia et Silas.

- Comment va, les méchants ? Leur demanda-t-il.

Si Silas ne s’était pas départi de son éternel sourire qui s’amusait de tout, Venamia manifesta bien peu de joie à revoir son demi-frère.

- Tu as quitté le champ de bataille depuis si longtemps que j’ai cru que tu avais eu la bonne idée de t’exiler quelque part et de vivre ta vie loin de la guerre, dit-elle d’un ton froid.

- C’est ce que j’ai fait, plus ou moins. Les plages d’Alola, le surf Démenta, les missions d’assassinat… Je serai bien resté plus longtemps, mais quand je t’ai vu passer à la télé après des mois d’absence, je me suis souvenu que j’avais fait tout ça pour te casser la gueule.

Venamia détailla le costume noir de Mercutio.

- Tu a été jusqu’à renier la Team Rocket en t’alliant avec ses pires ennemis pour augmenter tes chances de me battre ? C’est bien futile. Tes assassins en costard-cravate ne sauraient en aucun cas m’inquiéter. Je vais te laisser me regarder les tuer un par un, et ensuite, ce sera ton tour. Brenwark, rendez vous utile et retenez mon cher frère le temps que je nous débarrasse de ces indésirables. Mais sans le tuer, hein ? Sa mort m’appartient.

- C’est entendu, ô Dirigeante Suprême, fit Silas en s’inclinant avec ironie. Amusez-vous bien.

Venamia décolla avec sa vitesse habituelle pour se lancer dans la bataille plus bas. Mercutio, lui, ne bougea pas, ce qui intrigua Silas.

- Eh bien, j’aurai pensé que vous l’auriez poursuivie.

- Je ne vais pas priver mes camarades de ce que je leur ai promis, se justifia Mercutio. Ils voulaient se mesurer à Venamia. Elle a bien progressé niveau arrogance si elle pense pouvoir se les faire à elle seule et en même temps.

- Vous pariez contre elle alors. Ça ne vous dérange pas que d’autres s’occupent de votre sœur à votre place ? N’êtes-vous pas devenu un Shadow Hunter justement pour la battre vous-même ?

- Du moment qu’elle est vaincue, peu importe qui l’a fait, répondit Mercutio. J’ai dépassé cette attitude nombriliste qui consiste à croire que je devais me charger de tout moi-même. Puis vous, vous êtes autant un nuisible qu’elle, peut-être même plus. Je me contenterai donc tout à fait de vous refaire le portrait, pour qu’on vous appelle ensuite Mister Grimace.

Silas éclata de rire, comme appréciant une bonne blague, et matérialisa son masque jaune de smiley du néant, pour se le mettre au visage.

- Je vous aime bien, vous et votre jumelle, avoua-t-il. On se ressemble pas mal, tous les trois. Nous sommes des humains au dessus des autres, mais malgré nos pouvoirs, nous prenons tout avec légèreté et humour, à l’inverse de tous ces minables qui masquent leur impuissance par leur sérieux. Ils n’ont rien compris. La vie est drôle. C’est ça qui la rend si plaisante à vivre. Il faut donc toujours faire en sorte de s’amuser !

Se faisant, il écarta les bras et fit apparaître toute une série d’objets flottants, allant de diverses peluches animées à des tronçonneuses en marche, des sécateurs fous, des barils d’explosif qui riaient aux éclats, et d’autres instruments mortels du même genre qui normalement n’auraient pas dû bouger et émettre des sons comme ils le faisaient. Mercutio resta de marbre face à toute cette bizarrerie ambulante, et demanda :

- Dîtes-moi, selon les standards des Imaginatus, vous vous situez plutôt vers le haut non ?

Mercutio ne put le voir, mais il devina très bien le visage de Silas sous son masque qui était marqué par la surprise.

- Oh… fit-il enfin. Vous vous êtes renseignés sur nous ? Les infos sur les Imaginatus sont difficiles à trouver, pourtant…

- Les Shadow Hunters voyagent beaucoup et rencontrent beaucoup de types bizarres, expliqua Mercutio. Ils m’ont en effet parlé des gens extrêmement rares qui peuvent, chacun sous des formes différentes, transformer l’imaginaire en réel. Mais ça n’a strictement rien à voir avec les Modeleurs. Pourquoi vous faire passer pour un Modeleur de l’Esprit ? Ça n’existe pas.

- Vous avez raison, ricana Silas. C’est juste une couverture, pour justifier mes pouvoirs aux simples d’esprit comme votre demi-sœur. Et pour répondre à votre question : oui. Je me situe vers le haut dans le classement des Imaginatus. En fait, je suis tout bonnement le plus puissant qui ai jamais existé. Il n’y a quasiment aucune barrière pour moi entre le réel et ce qui ne l’est pas. Je peux matérialiser presque tout ce que j’imagine, et ramener au néant, à l’inexistence totale, ce que je veux. N’est-ce pas là la description d’un dieu ? J’aurai pu dominer ce monde ou le faire disparaître depuis longtemps, mais je préfère plutôt intervenir le moins possible, et regarder les autres se déchirer entre eux. Ça… ça, c’est vraiment drôle !

Mister Smiley éclata de rire de dément, qui conforta Mercutio dans sa décision de se charger de lui avant de s’inquiéter de Venamia. Il puisa dans son Flux et concentra ses muscles pour contrôler cette nouvelle force née des modifications que le Fanex avait apportées dans son corps. Puis, armé de sa nouvelle épée, il se lança contre tout ce que Silas pu lui envoyer à la figure.

De leur côté, les Shadow Hunters cassaient littéralement du GSR. Leur nombre était tel que Lilura et Two-Goldguns, pourvus d’armes à distance, étaient restés en hauteur loin de la mêlée pour tirer tout leur soûl. Lilura avait un gros canon qui sortait de la gueule de son tigre en peluche, et qui tirait selon les moments des lasers, des balles ou encore des mini-grenades. Two-Goldguns, lui, avait toujours ses deux pistolets en or qui faisaient son nom, et chacun de ses tirs signifiaient obligatoirement un mort. Il se concentrait surtout sur les tireurs d’élites ennemis embusqués dans les immeubles voisins. Enfin, « tireur d’élite » était un bien grand mot comparé à lui.

- Grigrou est content, dit Lilura sans cesser de tirer. Ça fait longtemps qu’il n’a pas eu autant de cibles d’un coup. En fait, je crois que c’est la première fois. Pas vrai Grigrou ?

- Tu m’en diras tant, gné, répondit Two-Goldguns. Moi j’ai hâte de voir passer Lady Venamia. Il parait qu’elle va vite avec son armure volante, mais chiche que j’arrive à la toucher même si elle va à son maximum, gné !

Two-Goldguns songeait avec amusement et nostalgie qu’il avait été le premier Shadow Hunter à faire face à la X-Squad, et que sa cible avait justement été Siena Crust, alors capitaine de la Team Rocket. À cette époque, elle n’avait ni son Ecleus ni son œil qui lui permettait de voir l’avenir, et pourtant, Two-Goldguns avait échoué à l’éliminer. Il ne s’y était peut-être pas investi parfaitement non plus, et se disait que s’il avait été à fond à cette époque, ça aurait pu empêcher tout ce bordel que Venamia a provoqué. Arceus allait sûrement le lui faire payer quand il allait clamser, pour sûr !

- Je crois qu’un des robots de la GSR est en train de nous cibler, chère amie, gné, signala Two-Goldguns.

Comme pour confirmer ses dires, deux missiles furent tirés dudit robot dans leur direction. Two-Goldguns n’aurait eu aucun mal à les toucher en plein vol, mais il préféra laisser Lilura utiliser son disrupteur de champ intégré dans sa peluche pour rediriger les missiles vers leur destinataire, et causer ainsi un maximum de dégâts. Par contre, l’explosion en plein dans le champ de bataille manqua toucher Kiyomi, qui jura comme une charretière. Armée de sa lance qu’elle faisait tournoyer avec adresse, elle bondissait de cible en cible en esquivant les tirs et en empalant ses ennemis à divers endroits du corps. Elle avait une petite préférence d’ailleurs pour l’empalement via le bas du ventre. Ces trucs qui pendouillaient des mecs, c’était répugnant, et Kiyomi s’était donnée comme mission sacrée d’en détruire le plus possible. Puis c’était tellement drôle, le bruit que faisaient ses victimes quand on leur plantait une lance à cet endroit précis…

Retirant justement sa lance d’un des GSR par le bas, elle tomba sur trois autres d’entre eux alignés devant elle, la prenant pour cible. La jeune femme se servit de sa lance comme d’une perche de sauteur pour passer au dessus d’eux et éviter leurs tirs d’Eucandia. Une fois revenu à terre, elle fit un arc de cercle par derrière avec le bout de son arme, ce qui, couplée à sa force de Shadow Hunter, coupa proprement les trois GSR en deux au niveau du nombril. Après quoi elle lança sa lance de toute ses forces devant elle. Elle transperça cinq GSR à la suite avant de s’arrêter.

Djosan et Furen, devenus très bon copains, étaient les deux mastards de l’équipe, ceux à la force brute concentrée dans leurs poings. Si Furen utilisait de simples poings américains, Djosan était lui équipé de gants intégraux en métal avec des piques. Déjà qu’il était relativement doué de ses poings avant la génothérapie, maintenant, avec ses 31% de résonnance au Fanex, il pouvait réduire en pièce détachées un des robots des GSR d’un seul coup ; ce qu’il ne se privait pas de faire. Ses coups sur le sol pouvaient provoquer un séisme, à fortiori quand ils étaient couplés à ceux de Furen.

- Approchez, marauds que vous êtes ! Beugla l’ancien chevalier. Venez expérimenter la mienne force, celle d’un homme avec un grand H, assurément !

- Mmmmghh Rbbbmmeeeeh, acquiesça Furen.

Ils chargèrent en même temps et côte à côte, et ça n’eut pas moins d’effet sur les GSR qu’un tank lancé à toute vitesse. À l’inverse de ces deux là qui fonçaient dans le tas comme des bourrins, Kenda était plus subtil, comme à son habitude. Le Fanex n’était pour lui qu’un moyen pour être plus rapide et précis dans le maniement de ses couteaux empoisonnés. Il se déplaçait tel un serpent, glissant et attaquant d’un coup vif et précis, laissant ses ennemis agoniser violement derrière lui. À l’inverse de ses camarades, il n’était pas grand fan des batailles rangées à grande échelle. Il préférait de loin une seule cible, qu’il pourrait torturer dans le calme, se regorgeant de ses cris. Dans le bordel actuel, il lui était quasiment impossible d’entendre les cris de ses victimes, pas plus qu’il ne pouvait rester devant pour contempler leur agonie.

Od ne se souciait pas de faire dans la dentelle lui, et se battait en plein milieu de la mêlée. Son nunchaku qui tournoyait à toute vitesse autour de lui, outre le fait d’écraser et de trancher des membres, pouvait aussi tirer diverses matières mortelles, comme des flammes ou de la foudre. Le bel homme qu’était Od ne se départissait jamais de son sourire de mannequin à chaque fois qu’il se battait, et ce torse nu. En très peu de temps, son torse de rêve fut totalement rouge, mais ses dents parfaitement alignées gardèrent leur blancheur. Il fallait constamment rester beau, surtout durant une bataille.

Trefens, lui, était, comme à son habitude, une tempête tranchante impossible à arrêter. Rien ne résistait à son katana, qui découpait tout comme du beurre. Sa vitesse faisait que ses ennemis ne voyaient qu’à peine une trainée noire et argentée avant de se rendre compte qu’ils étaient en morceaux… s’ils s’en rendaient compte. Comme il contrôlait désormais son Flux, il s’en servait également pour pousser ses adversaires dans la direction voulue, afin de maximiser son découpage de masse. Il pouvait aussi donner un coup de katana dans le vide pour que son Flux spécial de Mélénis Découpeur projette une onde tranchante devant lui.

Inévitablement, le nombre pourtant très élevé de GSR présents diminua drastiquement, jusqu’à ce qu’un signal d’alarme ne sonne en boucle partout autour d’eux. Alors, ce fut carrément un pan entier du quartier central de la ville qui pivota, libérant des sous-sols de la ville la dernière carte à jouer de Venamia. Ce n’était plus des GSR tout équipés en masse, mais toute une armée de ce qui semblait être des méchas de trois mètres de haut, totalement automatisée, avec un réacteur brillant significativement à l’Eucandia derrière eux. Les Shadow Hunters se désintéressèrent des derniers GSR pour se tourner vers cette nouvelle menace.

- Je crois que le département scientifique du Grand Empire vient d’ouvrir sa boîte à malice, dit Trefens.

- Venamia comptait sans doute lancer tout ça contre la FAL pour reprendre la ville une fois débarrassée des emmerdeurs à pouvoirs, supposa Kiyomi.

- Manque de pot, elle va le gaspiller sur nous, gné, fit Two-Goldguns. On devrait être honoré.

- Pas besoin d’être au complet, répliqua Trefens. Je m’en charge. Il ne s’agirait pas que le Septième Niveau que m’a si gentiment appris Mercutio soit inutile.

- Chef, en êtes-vous magnifiquement certain ? Demanda Od. Souvenez-vous, la dernière fois, vous avez si joliment décapité cette pauvre montagne… Vu où nous sommes, il risque d’y avoir un nombre incroyablement beau de victimes collatérales.

- J’ai saisi comment le contrôler. Enfin à peu près… se défendit Trefens. Puis tant pis pour les civils, ils avaient qu’à dégager avant que ça chauffe. Laissez-moi ça, et prenez de l’avance sur le plat principal.

Il leur désigna Venamia qui venait justement de décoller et qui arrivait vers eux. Sans plus se soucier de l’armée de méchas noirs, les Shadow Hunters se jetèrent sur elle comme un troupeau de hyènes affamées. Calmement, Trefens fit face seul à ces troupes robotisées. Il ferma les yeux, inspira profondément, et se laissa emporter dans cette sensation de plénitude et d’entièreté qu’il avait apprise de Mercutio, préalable à l’activation du Septième Niveau.

- C’est dommage que vous ne soyez que des machines, dit Trefens à ses ennemis. Si vous aviez été vivants, vous auriez pu contempler avant de mourir une chose que personne avant vous n’aurait vu.

Il plaça son katana devant lui, parallèle, la pointe vers le bas. Alors, comme Mercutio lui avait enseigné, il fit une profonde introspection de son Flux, et au-delà, de tout son être entier. Le Septième Niveau était similaire à une espèce de noyau microscopique de son propre Flux qu’il fallait trouver en soi, et réussir à le pénétrer via sa conscience en la déchargeant de toute questions et de toutes lourdeurs matérielles. L’infiniment petit qui devient l’infiniment grand.

Son katana se mit à luire, et prit une teinte bleue-argentée, la couleur profonde du Flux de Trefens. Des répliques de la lame du katana, mais immatérielles, se mirent à sortir du sol tout autour de lui. On aurait dit une plantation d’arbres à vitesse grand V, si ce n’était que les arbres étaient des lames auréolées d’une lueur bleue-argentée. Il y en avait bien une centaine entre Trefens et les méchas-GSR. Mais évidement, leur système de guidée purement informatique ne repéra pas ce phénomène surnaturel.

Les centaines de lames géantes de Flux se positionnèrent toutes différemment. Certaines restèrent à la verticale, d’autres passèrent à l’horizontale ou à la diagonale. Elles furent réparties sur plusieurs niveaux de hauteur, dans plusieurs directions différentes. Alors, Trefens lâcha son katana. Quand la lame toucha le sol, les répliques géantes de Flux avaient toutes disparu, comme si rien ne s’était passé. Or, quelque chose s’était passé, car tous les méchas de la GSR explosèrent ou tombèrent en pièces détachés au sol au même moment. Et ça ne s’arrêta pas là. Les immeubles autour d’eux se mirent eux aussi à tomber. Les voitures, les lampadaires, les engins de guerre, les cadavres au sol… tout était parti en morceaux proprement coupés sur plusieurs mètres à la ronde, comme si une partie de Veframia s’était disloquée de l’intérieur, tel un jeu de domino.

Ce découpage à grande échelle ne passa pas inaperçu. Les forces de la FAL, qui étaient incapables de dire d’où ça venait et ce qui avait provoqué ça, étaient en pleine confusion. Pour les rares forces du Grand Empire qui résistaient encore, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, et elles se mirent à se rendre en grand nombre. Mercutio, qui luttait contre les objets animés et meurtriers de Mister Smiley, avait senti Trefens se servir de son Septième Niveau, et n’avait pas besoin de regarder pour constater l’étendue des dégâts. Silas haussa les sourcils, visiblement impressionné.

- Oh la, oh la… Voilà qui est tout bonnement effrayant ! Combien de civils a-t-il tués en une seconde, je me le demande…

Mercutio découpa en deux un pantin démoniaque armé d’un lance-flamme et tenta d’atteindre Silas, mais son épée fit que passer à travers lui. Encore une fois. Mister Smiley multipliait les clones d’ombres sans que Mercutio ne puisse le voir où le ressentir. Du coup, un autre Mister Smiley se matérialisa derrière lui, sans que Mercutio ne puisse dire s’il s’agissait du vrai ou d’une réplique.

- Ça ne sert à rien de tenter de me faire éprouver des remords pour les innocents, lui dit Mercutio. L’idéologie pacifique des Mélénis, c’est plus d’actualité. Des gens meurent tous les jours, partout dans le monde. Quoi qu’on fasse, ça n’y changera rien. On ne peut que tenter d’en diminuer un peu le nombre, en arrêtant des ordures comme Venamia ou vous, et ce qu’importe les sacrifices.

- Ah, il me semble que cette chère Eryl, bien que désormais Reine de l’Innocence, ait adopté aussi cette position, fit remarquer Smiley. La fin justifie les moyens, hein ? Quel coup dur pour l’Innocence que j’ai tant fait mine de servir pendant toutes ces années ! Mais au fait, en parlant d’Eryl, vous êtes vraiment prêt, comme vous dites, à faire tous les sacrifices possibles pour nous arrêter ?

- Qu’est-ce que Eryl a à voir là-dedans ?

- Eh bien, vous l’avez peut-être oublié, mais Eryl est née de mon esprit. C’est la Pierre des Larmes qui s’est matérialisée en humaine grâce à mes pouvoirs d’Imaginatus. Si je meurs, tout ce que j’ai créé disparaîtra avec moi. Elle redeviendra un petit caillou sans vie. Êtes-vous quand même prêt à me tuer ?

Mercutio resta de marbre. Il fut un temps - pas si lointain - où il s’y serait formellement refusé, proclamant que son devoir ne valait pas la vie des êtres qui lui étaient chers. Mais les Shadow Hunters - et Venamia elle-même - lui avaient enseigné tout autre chose.

- Je suis sûr qu’Eryl me dirait de ne pas hésiter, répondit-il. Et qu’elle disparaisse ou non, la volonté d’Erubin demeurera intacte. C’est quelque chose que toute la corruption d’Horrorscor n’a jamais pu détruire, malgré toutes vos tentatives. Et pourquoi ? Parce que Erubin s’est sacrifiée pour l’arrêter. Le sacrifice est quelque chose que votre maître n’a jamais compris, et qu’il méprise.

Smiley haussa les épaules, l’air dédaigneux.

- Quel beau discours plein de clichés… Vous lisez trop de mangas, mon cher. Notre vie est ce qu’il y a de plus précieux. Elle doit s’imposer à tout, que ce soit les autres personnes ou les idéaux. Horrorscor a réussi à survivre malgré la destruction de son corps et la division de son âme. Erubin, elle, est bel et bien morte. Et résultat : Horrorscor s’apprête à plonger ce monde dans la corruption éternelle. Les sacrifices désintéressés et nobles, c’est grandiose sur le coup, mais ça ne sert à rien !

Mercutio le regarda presque avec pitié, avant de soulever son épée pour bien la montrer à son adversaire.

- Je l’ai forgé moi-même avec un alliage d’acier et de quelques fibres de Sombracier que la Shaters avait amassées lors d’une de ses missions. Vous savez comment je l’ai nommée ? Siena, en souvenir d’une sœur que j’avais qui s’appelait ainsi. Une fille froide et tranchante comme l’épée, mais qui n’a jamais considéré sa propre vie comme supérieure à son idéal.

- Oh… et maintenant, c’est l’épée Siena qui va mettre fin à la vie de Venamia, pour voir si l’idéal prévaut toujours sur l’existence ? Demanda Silas en ricanant. Comme j’ai dit, vous avez la tête pleine de clichés, mon pauvre. Regardez plutôt la réalité.

Il montra du doigt quelque chose derrière lui. Mercutio tourna la tête en même temps qu’il entendait le cri de stupeur, de tristesse et de rage de plusieurs Shadow Hunters. Venamia se tenait en l’air, triomphante, son bras en armure tranchant rouge de sang, tandis qu’un corps sans tête s’écrasa au sol, suivit une seconde plus tard de la tête en elle-même. Celle d’Od, son beau visage figé en un dernier sourire de surprise. Venamia tourna ensuite lentement sa tête vers les autres Shadow Hunters, son visage leur promettant le même destin que celui de leur camarade tombé.