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La couleur de la lumière de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 28/04/2018 à 00:45
» Dernière mise à jour le 28/04/2018 à 00:45

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Suspense

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XLIV- Destins entremêlés
Shaïna avait la tête lourde comme une enclume. Les souvenirs de son passage dans le Temple Frimapic se mélangeaient comme une épaisse brume dans son esprit. En revanche, un souvenir vieux de dix ans venait de lui revenir en mémoire, et elle s’en rappelait comme si c’était hier. La terrible histoire de Tremblote, le petit Statitik qui avait péri dans ses bras. Bien évidemment, cette réminiscence s’était accompagnée d’une foule de questions, telles que : « Pourquoi se souvenait-elle de ceci maintenant ? » ; « Comment avait-elle pu oublier ce souvenir pourtant si marquant ? » ; « Était-ce encore un coup de sa mère ? » ; « La liste des choses qu’elle lui cachait ne cesserait-elle donc jamais de s’allonger ? ». Tant de questions qui, comme d’habitude, restaient en suspens, au plus grand désarroi de Shaïna.

Elle se redressa pour observer son environnement : elle était allongée dans un lit aux draps d’un blanc immaculé, sur lequel dormait paisiblement Missy. Les murs de la pièce était du même blanc aveuglant que les draps, tant et si bien que la jeune fille préféra refermer les yeux immédiatement après avoir donné une petite caresse à sa Mysdibule. Elle laissa son esprit vagabonder entre les dizaines de questions qui lui taraudaient l’esprit, et ce jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Alors qu’elle semblait être sur le point de se rendormir, quelqu’un fit irruption dans la pièce. Il s’agissait d’une jeune femme aux cheveux roses vêtue d’un tablier blanc : l’infirmière Joëlle. Cela signifiait donc que Shaïna se trouvait actuellement dans un Centre Pokémon.

« Probablement celui de Frimapic » songea Shaïna, en toute logique. L’infirmière lui adressa un sourire chaleureux :
– Ah, te voilà enfin réveillée ! Bien dormi ? s’enquit-elle.
– Bonjour infirmière Joëlle. Oui, très bien, même si ma tête est encore un peu dans le brouillard, répondit l’adolescente.
Tout de suite, une question lui vint à l’esprit. Puis une autre, et encore une autre… Ainsi, elle bombarda la pauvre infirmière de questions, à propos de ses amis, de l’inspecteur Beladonis, de ses Pokémon… Ce à quoi son interlocutrice répondit par un rire franc et sonore :
– Eh bien, que d’interrogations ! Pour quelqu’un qui n’a pas les idées claires, tu t’en poses des questions ! Mais c’est bien normal, tu viens de te réveiller, après tout.

L’infirmière fit donc de son mieux pour renseigner la curieuse Shaïna, lui assurant que ses amis ainsi que l’inspecteur allaient tous parfaitement bien et que ses Pokémon aussi se portaient bien :
– Ils sont tous restés avec tes amis, lui précisa-t-elle. Tous, sauf cette petite, ajouta-t-elle en désignant Missy. Elle a refusé de te quitter, et elle a même bien failli me mordre lorsque j’ai essayé de vous séparer. Je crois qu’elle a eu très peur pour toi. Elle semble très attachée à sa dresseuse, on dirait, conclut malicieusement l’infirmière.

Shaïna avisa Missy qui dormait contre elle. Elle l’adorait vraiment, et elle était heureuse de constater que c’était réciproque. Elle savait qu’elles avaient un lien fort. Du moins, elle le croyait, jusqu’à peu. En effet, les paroles de Moonrise résonnaient encore et toujours dans son esprit. Le seul souvenir clair qu’elle avait de son escapade au Temple : « Entre vous, vous êtes pas des étrangers, mais vous êtes pas meilleurs amis non plus. ». Avait-elle raison ?
– Oui, c’était mon tout premier Pokémon, dit simplement Shaïna.
– C’est fou ce que vous vous ressemblez ! Enfin, j’espère simplement que toi, tu n’essaieras pas de me mordre ! plaisanta l’infirmière.

À cet instant, la jeune fille réalisa pour la première fois qu’elle ne connaissait Missy que depuis quelques semaines à peine. Un temps dérisoire comparé aux années que Moonrise semblait avoir passées à tisser des liens avec ses propres Pokémon. Elle comprenait mieux à présent pourquoi elle l’avait prise de haut, malgré son jeune âge. Cela lui faisait mal de l’admettre, mais la commandante de la Team Éclat avait raison sur toute la ligne : elle manquait cruellement d’expérience. Elle soupira, ce que l’infirmière Joëlle interpréta à tort comme une marque de fatigue :
– Tu dois te reposer, Shaïna. Dors encore un peu, comme ça tu seras en pleine forme lorsque tes amis et l’inspecteur te rendront visite.

Puis elle quitta la pièce, refermant la porte derrière elle, laissant ainsi la jeune fille à nouveau seule avec Missy, ainsi que ses pensées.

*
Shuno déambulait comme une âme en peine dans le Centre Pokémon de Frimapic. Il venait de voir Candice, Chrom et l’inspecteur Beladonis se rendre au chevet de Shaïna, qui s’était apparemment réveillée. En d’autres circonstances, il aurait été ravi d’apprendre cette nouvelle. Il aurait même été le premier à se précipiter à ses côtés. Mais il ne pouvait pas risquer de se faire épingler par elle. Il fallait qu’il parte, et vite. Mais où ? Il n’avait nulle part où aller. Alors il restait là, les bras ballants, le cœur déchiré entre deux possibilités. Et aucune ne lui convenait vraiment.

Au détour d’un couloir, il s’arrêta, hésitant. La chambre de Shaïna n’était plus qu’à quelques mètres. Comme il avait envie de la voir… De tout lui expliquer, de la prendre dans ses bras… Il se sentait proche d’elle. D’une façon qu’il ne saurait expliquer exactement. Il ignorait si c’était de l’amour, ou bien tout autre chose… Mais une chose était sûre, il ressentait une profonde affection pour la jeune fille. Et si…

Le fil de ses pensées fut soudainement interrompu par une main venue se poser sur son épaule. Shuno frissonna jusqu’au plus profond de son être. C’était elle. Il n’avait même pas besoin de se retourner pour le savoir. Mais il le fit tout de même, et se retrouva alors face à l’une des deux personnes qu’il craignait le plus en ce bas-monde :
– Leïla… chuchota-t-il imperceptiblement.
– Comment vas-tu mon flocon ? Tu m’as manqué, tu sais ? déclara alors la jeune femme en le prenant dans ses bras.
Le ton doucereux de l’officière des F.P.I. ne lui inspirait rien qui vaille, pas plus que l’étincelle furibonde qu’il avait vu briller pendant une fraction de seconde dans ses yeux bleu turquoise.

*
Beladonis était exténué. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait pu prendre un peu de repos. Depuis que Shaïna s’était évanouie, il n’avait fait qu’enquêter. Mais, même avec l’aide de sa collaboratrice, Leïla Feye, il n’avait pas trouvé le moindre indice concernant le vol de la Chromazurite qui s’était produit dans l’arène de Gladys. Leur suspect numéro un restait bien sûr la Team Éclat, aussi parce qu’il s’agissait de leur seule piste. Et elle n’avait absolument rien révélé de probant. La seule bonne nouvelle de ces derniers jours restait donc le réveil de Shaïna, qui semblait n’avoir aucune séquelle.

Cependant, il n’avait même pas eu le temps de se réjouir de cela non plus. À peine avait-il quitté la chambre de Shaïna que déjà il recevait un nouvel appel, néanmoins intéressant. Il provenait de Tanguy en personne, le champion d’arène le plus puissant de tout Sinnoh, et également un précieux allié dans la lutte des F.P.I. contre la malfaisante Team. Le champion, lassé de ses victoires trop faciles, avait vu en le métier d’indic un moyen « amusant » de passer le temps. C’était certes un drôle d’oiseau, mais il était très utile aux Forces de Police, et Beladonis était bien content de pouvoir compter sur lui.

Tanguy lui avait donc appris que, d’après les informations qu’il avait pu recueillir, il y avait de fortes chances pour que le commandant en chef de la Team Éclat, le commandant Light, soit à Rivamar en ce moment même. Craignant d’être sur écoute, le champion avait ensuite coupé la communication, assurant à l’inspecteur qu’il lui donnerait de plus amples informations dès qu’il serait arrivé à Rivamar. Les deux hommes s’étaient donc donné rendez-vous dans l’arène du champion, raison pour laquelle Beladonis se trouvait en ce moment même dans l’hélicoptère des F.P.I., le cap rivé sur la ville côtière.

Si le commandant en chef de la Team qu’il traquait depuis des années maintenant osait enfin se montrer au risque de se faire capturer, il ne fallait surtout pas qu’il rate l’occasion de mettre la main sur une telle mine d’informations. Une telle capture pourrait le mener directement au cerveau de l’organisation. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, il ne se rendait à Rivamar que pour collecter des informations. Il aviserait ensuite.

Il jeta un œil anxieux par la fenêtre : le phare de la ville était en vue ! L’inspecteur bouillait d’excitation. Il sauta du véhicule dès que celui-ci se fut posé dans la station balnéaire, non loin de l’arène. Soudain, l’air iodé envahit ses narines. Il contempla un instant le panorama de la ville, dont la simplicité des habitations tranchait avec le côté ultramoderne des voies aériennes tapissées de panneaux solaires. Son regard s’attarda également sur l’horizon infini, au bout duquel se trouvait – mais il ne pouvait pas l’apercevoir – la Ligue Pokémon de Sinnoh.

Il se rendit alors compte que Rivamar était une bien belle ville, très paisible, et l’ajouta à sa liste mentale des villes dans lesquelles il envisageait de s’installer à sa retraite, aux côtés de Nénucrique à Hoenn, Oliville à Johto, Port Tempères à Kalos et Ekaeka à Alola. Il aimait beaucoup la mer, et son travail lui avait permis de découvrir bien des villes portuaires, pour son plus grand plaisir.

Il soupira : le côté apaisant de la ville rendait encore plus difficile l’idée de devoir s’enfermer pour parler boulot avec Tanguy. Il aimait son travail, certes, mais il ne serait pas contre quelques heures – idéalement, plutôt quelques jours – de repos. Mais il se résigna, et se dirigea vers l’arène qui se situait non loin de là, en espérant ne pas en avoir pour très longtemps.

Comme à son habitude, il poussa les portes battantes de l’arène, où Tanguy devait sûrement l’attendre depuis un moment, en rongeant son frein. Il allait probablement lui faire une remarque comme « J’ai eu le temps de m’ennuyer douze fois avant que tu n’arrives. » Beladonis hallucinait à chaque fois devant la désinvolture dont Tanguy faisait toujours preuve : si jeune, et déjà blasé de tout… Enfin, s’il avait des informations, c’était tout ce qu’il lui importait.

L’arène était affreusement sombre, et pour cause, les stores étaient fermés, ce qui n’était pas normal du tout. Flairant le danger, l’inspecteur fit brusquement volte-face, pour s’enfuir, quand soudain une voix surgie de nulle part hurla :
– Chope-le !
L’inspecteur Beladonis fut alors agrippé par une puissante main qui lui enserra le torse, tandis qu’une autre vint se plaquer sur sa bouche. Un mouchoir enduit de sédatif mit alors K.O. le policier, qui sombra dans un lourd sommeil, sans rêves.

Quand il se réveilla quelques heures plus tard, Beladonis était ligoté à même le sol, au milieu de l’arène, dont les lumières avaient été allumées, et la plupart de ses effets personnels lui avait été retirée. Face à lui se trouvaient deux hommes assis sur des chaises. Ils étaient tous les deux vêtus des horribles manteaux à paillettes noirs de la Team Éclat, l’uniforme des sbires. La première chose que fit Beladonis en revenant à lui fut de soupirer une nouvelle fois : cette fois-ci, ça ne pouvait pas être pire.

Puis il prit un air qui se voulait menaçant et cracha :
– Vous agissez sous les ordres du commandant Light, n’est-ce pas ? Qu’avez-vous fait de Tanguy ? Il n’a rien à voir avec cette histoire !
Les deux sbires s’entreregardèrent brièvement avant d’éclater de rire, un rire sonore et provocant, qui ne manqua pas de mettre l’inspecteur hors de lui :
– Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de drôle. Répondez !
– Et sinon quoi ? fit l’un, toujours hilare.
– Attends, intervint son collègue. On dirait vraiment qu’il sait pas ! Et si on le mettait au parfum ? Juste pour voir la tronche qu’il va tirer !

Le policier fronça les sourcils : il avait un très mauvais pressentiment.
– Euh… T’es sûr qu’on va pas se faire engueuler, hein ? lui demande l’autre, inquiet.
– Mais non ! Qu’est-ce que tu veux qu’il fasse de toute façon ? Il est ligoté, juste devant nous !
– C’est vrai que ça peut être marrant. Hé, tête de charbon !
– Oui… ? répondit l’inspecteur, suspicieux.
– T’as vraiment rien compris, hein ? le nargua le sbire.

Son interlocuteur ne répondit rien, attendant la suite avec méfiance. Suite qui ne tarda pas à arriver :
– Enfin si, t’avais compris un truc : on suit effectivement les ordres du commandant Light. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas touché à seul des cheveux de Tanguy.
– Et qu’est-ce qui me le prouve ? s’enquit Beladonis.
– Quelle question débile ! ricana l’autre sbire. Ben parce que c’est lui, le commandant Light ! Tout ce plan ne visait qu’à t’attirer ici, pendant que lui partait enlever une gamine à Frima…
– Tais-toi ! lui intima l’autre en lui frappant l’arrière du crâne. Tu parles trop !

Beladonis fut alors parcouru d’un frisson qui lui glaça le sang et hurla :
– SHAÏNA !