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Recueil des O.S. de carchakrokeur



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Informations

» Auteur : carchakrokeur - Voir le profil
» Créé le 24/04/2018 à 17:53
» Dernière mise à jour le 27/05/2018 à 12:06

» Mots-clés :   Conte   Drame   Famille   One-shot   Suspense

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O.S. Tuer ou être tué
« Tuer »
C'est le premier mot dont je me souviens. Certains diront que c'est lugubre, d'autres s’inquiéteront encore de mon enfance, mais pour moi ça n'a pas d'importance, ça n'a plus d'importance.
Petit, j'étais joyeux, entouré de ma famille, je vivais des jours heureux. J'étais jusqu'alors un enjoué petit scalpion s'amusant avec sa fratrie.
Je me rappelle encore aujourd'hui de ces joyeux jours d'été à la chaleur étouffante.
Nous nous amusions mes frères et moi à faire des fracass'têtes, un jeu traditionnel de notre espèce.
Il ne s'agissait ni plus ni moins que de s''entrechoquer nos crânes jusqu'à ce que l'un des deux joueurs ne perde conscience.
Ce genre de divertissement, plus proche de la violence que de l'amusement, nous faisait passer le temps, sous le regard attendri de nos parents.
C'est dans cet environnement que j'ai passé la majorité de ma jeunesse.
Mais ces doux souvenirs font désormais partie du passé : en effet ce paradis disparut le jour de mon passage au monde adulte. Contrairement à beaucoup d'espèces et à la plus bizarre de toute, l'espèce humaine, devenir adulte chez les scalpions ne signifie pas seulement évoluer, cela ne veut pas non plus dire être plus mature ou quelqu’autres futilités.
Être adulte, c'est être fort, stoïque, avoir une personnalité qui impose le respect et l'admiration, c'est détenir un caractère de leader.
Tous les adultes s'identifient à ces caractéristiques, car elles leurs sont importantes, si ce n'est primordiales.
Ne pas respecter ces critères signifie être un échec à leurs yeux, c'est pourquoi soit on les a, soit on se les procure, de gré ou de force.
Lorsqu'un scalpion regroupe ces traits, il évolue automatiquement en scalproie, devenant un adulte à part entière.
Bien sûr, il était très rare qu'un jeune scalpion évolue « naturellement », puisqu'il n'est pas logiquement normal de regrouper autant de caractères agressifs et ambitieux chez un individu lambda.

Ainsi, afin de faire prospérer la tribu, il est nécessaire de provoquer intentionnellement l'évolution, quitte à traumatiser sa propre progéniture.
Notre physionomie incite à l'affrontement : quatre grandes lames en guise de côtes, une cinquième étant sur le crâne en acier et ressemblant à s'y méprendre à une hache, ainsi qu'un sabre en guise de chaque main.
Montrant leur complète antipathie à notre égard, les adultes rassemblent en général chaque frère et sœur de chaque famille dans les marécages les plus proches, les encerclent et les laissent faire un choix.
Les enfants, entourés de toutes part, pouvaient soit fuir, auquel cas ils étaient bannis de la tribu.
Ou bien, dans le second cas, ils n'avaient d'autres choix que de se battre les uns contre les autres, sans aucune pitié, jusqu'à ce que leurs adversaires ne soient plus capable de se battre.
Autrement dit, il s'agissait d'un combat à mort.

Mon physique atypique, qui jusqu'à ce moment me paraissait être un don des dieux, se révéla être un cadeau empoisonné. La couleur bleue contrastée de mon corps empêchait tout camouflage de ma part.

Lorsque je fus obligé de prendre part à ce « combat » contre mes frères et sœurs, je me rappelai alors d'une phrase qui retentit encore maintenant dans mon esprit : tuer ou être tué.
Si je me montrais clément, mon attitude se retournerait tôt ou tard contre moi.
Alors, je me faufilai dans les marécages, tendant des embuscades à mes propres camarades de jeux, à ma propre famille, et d'un coup sec et précis, leur accordais la paix éternelle.
Tuer, être sans pitié, ne plus ressentir de peur, de tristesse, d'empathie ; un monstre, voilà ce que j'étais devenu.

Malgré la perte de mes frères, de mes sœurs, de ma pitié, de mon empathie et de ma tristesse, quelque chose subsistait encore en moi.
Quelque chose de brûlant, si fort que je ne n'avais jamais ressenti quelque chose de tel en moi avant ce moment :c'était la colère, la rage de vaincre.

Ce sentiment vengeur s'était accompagné de mon évolution en un être plus grand, plus fort, plus dangereux, le groupe d'adultes m'encerclant se dispersa alors comme si de rien n'était et repartit vers la base de la tribu.
La vengeance ne pouvait pas se diriger vers un seul individu puisque tous les adultes étaient responsables de ces décisions, y compris mes propres parents.

Les marécages étaient assez éloignés de la base, mais aussi de toutes formes de vie, ce qui paraissait presque étonnant ; c'est pourquoi les marécages semblaient être l'emplacement parfait pour ma future vengeance.

Si je n'agissais pas, d'autres scalpions subiraient encore et encore ces massacres, ce qui donnait un semblant de légitimité à ma vengeance. Même armé de lames acérées, d'un esprit calculateur et d'une rage ardente, je savais qu'un seul individu ne pourrait éliminer tous les adultes de la tribu. Néanmoins, à l'aide de quelques subordonnés la tâche ne serait que plus facile.
Après avoir raconté les événements passés et avoir montré les marécages au groupe de scalpion dont j'étais alors le plus proche, chacun d’entre eux me regarda, l'air déterminé, et me fit comprendre à l'unisson « tu as notre soutien, dis-nous quoi faire. ».

Le lendemain matin, assez tôt pour que l'on puisse apprécier en toute tranquillité le lever de soleil, je convoquai tout les adultes aux marécages suite à la découverte d'un cadavre d'un être rare, le genre que je n'avais étudié que dans les livres : un humain.
Cet événement « insolite » ne m'était que favorable : j'avais en effet trouvé ce « reste » d'humain près d'une bâtisse abandonnée il y a quelques jours de cela. Et je n'avais qu'à le déplacé jusqu'aux marécages afin de créer la diversion parfaite.
La stupéfaction des adultes fut telle que je fus le premier à en profiter. Ni une, ni deux, à mon signal les scalpions en apnée sous l'eau près de branchages massifs bondirent d'un coup, les lames affûtées en direction des bras et des tendons. Je m'approchai ensuite d'eux, lentement, affichant un grand sourire sur mon visage, j’appuyais sur chacune de leurs plaies avec mes pieds pendant que je les lacérai progressivement avec les lames externes sur mes avants-bras. Enfin, pour le coup de grâce, je me penchai vers leur visage, lentement, leur glissant quelques mots, puis prenant un grand élan, je leur fracassai la tête avec la hache présente sur mon front.
Le sang jaillissait à flot, recouvrant les parties sombres de mon corps d'une teinte bleue clair que je connaissais si bien.

Tuer ou être tué, étonnamment, c'est maintenant cette phrase qui me sied le mieux, puisque depuis cet événement, je… nous faisons partie intégrante d'une organisation qui correspond parfaitement à nos attentes ainsi qu'à nos capacités. Nous ne sommes désormais, plus que des ombres.