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Battle : Go! de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 18/02/2018 à 23:29
» Dernière mise à jour le 20/02/2018 à 21:46

» Mots-clés :   Alola   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

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Ch.1 : La plus grosse embrouille
« … Et cette année encore, nous espérons que vous serez nombreux, mesdames et messieurs, à venir jusqu'à Albarosa pour assister au plus grand tournoi Pokémon, le Grand Pokémon Festa ! Réservez vos places dès maintenant afin d'être présents ! Dresseurs, venez également nombreux, car nous avons besoin de vous pour assurer le show ! Et devinez quoi : cette année, une surprise vous attend ! De quoi est-ce que je parle, me direz-vous ? Eh bien pour l'édition à venir du Grand Pokémon Festa, le système des combats a été remis à jour ! Que vous soyez dresseur débutant comme champion d'arène, les règles ont changé ! Désormais, il ne s'agira plus de simples combats Pokémon en un contre un ou deux contre deux. En effet, les dresseurs feront maintenant partie du combat : le but est de les mettre KO eux aussi, tandis que leurs Pokémon les protègent, pour s'assurer la victoire ! Et en prime, attendez-vous à des Battle Royale explosives ! Alors rendez-vous en juin, et venez comme vous êtes ! »

J'éteignis la télé aussitôt que le présentateur eut fini son speech, et poussai un long soupir d'exaspération, avant de jeter la télécommande le plus loin possible sur le canapé. Non loin, ma mère me regardait en souriant.

« Qu'est-ce qu’il t'arrive encore à bouder, p'tit râleur ? fit-elle sur un ton moqueur.

La moquerie. Ce mot suffisait à caractériser cette femme âgée de trente-cinq ans, aux cheveux bruns et longs. A chaque fois qu'elle me parlait, si ce n'était pas pour m'engueuler, elle se moquait Et c'était lourd. TRES lourd.

— J'en peux plus, de ces pub pour le Grand Festa. Saloperie de tournoi commercial qui sert juste à dépouiller les dresseurs ! (elle me fixait toujours, souriant de cet air signifiant « qu'il est à l'ouest, celui-là ») Non mais c'est vrai, attends ! A chaque fois, c'est un maître de ligue ou un dresseur ultra expérimenté qui gagne ! Et puis attends, c'est nos impôts qui y passent, dans la récompense !

— NOS impôts ? répéta-t-elle. Pour rappel, môsieur a un père qui est champion d'arène, à Myokara en plus, donc niveau argent, on n'est pas si mal, et puis... en quoi est ce que môsieur contribue à ramener de l'argent ? Car ton argent de poche, c'est NOUS qui te le payons, ne l'oublie pas...

— Et bah justement ! Sans cette connerie, mon argent de poche pourrait être augmenté ! Non, sérieusement, un milliard de Pokédollars ?! Avec ça... Tu deviens riche !

Je m'emportais, pensant à l'astronomique somme que cela représentait. Et c'était vraiment beaucoup. Pour ainsi dire, notre maison n'a coûté que cent mille Pokédollars, et c'est une trèèès belle habitation. Comme vous avez pu le comprendre, j'y habite avec ma mère, nommée Celia. Mon père, quant à lui, est champion d'arène au village Myokara, à Hoenn, et n'habite donc pas avec nous. Oui c'est cliché, je sais, et non, je ne sais pas pourquoi nous n'habitons pas avec lui. Surtout qu'habiter dans une arène, c'est plutôt stylé, et j'ai toujours voulu essayer... Bien entendu, durant les vacances scolaires, je vais lui rendre visite, mais bon...

— Ça t'attire, une telle somme ? demanda ma mère.

— Ah bah non, je préférerais avoir un job à la con et toucher neuf cents Pokédollars par mois, plutôt ! lui adressai-je, à mon tour ironique.

— Et bien si tu veux être riche, tu as deux choix : ou tu poursuis tes études dans l'espoir de devenir quelque chose, ou tu fonces au Grand Festa et tu gagnes. Je t'avouerai que ça m'arrangerait que tu poursuives tes études, car j'ai quelques doutes concernant tes... capacités de dresseur, on va dire.

Voilà. Selon elle, actuellement, je ne suis rien. Pourtant j'ai dix-sept piges et je suis au lycée. En ce moment je poursuis des études générales Pokémon, et l'année prochaine, je devrai choisir une spécialité entre médecine, dressage, coordination et ingénierie – c'est à dire la branche professeur. Ma mère voudrait que je sois docteur Pokémon car selon elle, c'est un métier intéressant, qui rapporte, et qui lui permettra d'être acclamée par ses amies et collègues lorsqu'elle leur dira que son fils est dans la médecine – sachant que c'est en raison de la proximité avec les pokémon, dans la famille, qu'elle n'a pas souhaité me voir banquier. Mon père, lui, me voit dresseur, et par extension champion d'arène. De SON arène, lorsqu'il prendra la retraite. Et moi, je me vois sur le canapé, en train de mater mes séries préférées toute la journée. Donc en résumé, nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d'ondes, dans ma famille. Je n'aime pas les études, c'est vraiment vraiment très très chiant. Pourtant, je n'ai pas trop le choix et suis obligé d'y aller. Ahh, merci illustre inconnu d'avoir rendu l'éducation accessible et obligatoire à tous ! Prie pour ne jamais me croiser. Mais une chose est claire dans ma tête : jamais je n'irai à ce stupide de tournoi Pokémon. JA-MAIS.

Je vous sens venir, là, mais non non ! Vous allez me dire que c'est cliché, ça, à savoir le jeune dresseur qui refuse de participer au tournoi, mais qui en fait y va, pris d'un éclair de génie. Vous ne m'y verrez pas, même pas en rêve.

— J'pense je vais devenir acteur. Acteur au Pokéwood, à Unys, ça doit être tellement bien payé...

— Non, c'est des conneries, tout ça. C'est pour ça que tu es resté vivre avec moi : afin de ne pas avoir d'idées tordues ou irréalisables en tête.

Je ne savais toujours pas pourquoi mes parents ne vivaient pas ensemble, mais au moins, je savais pourquoi je n'habitais pas avec mon père.

— Tu veux vraiment finir comme ton père ? me dit-elle.

— Tu veux dire être payé une blinde tout en passant ses journées à combattre des dresseurs incompétents pour ensuite les voir chouiner parce que leur pauvre Pokémon a perdu, le tout avec un climat tropical et dans une maison avec piscine ? Euh je vais t'avouer qu'il y a peut-être quelques petits points à revoir, mais franchement je vais pas faire le difficile.

Ce fut à son tour de soupirer. Ah aussi, ne l'imaginez pas debout les bras ballants à me regarder et à sourire, hein ! Faites marcher votre imagination et visualisez-la en train de faire une activité de fem... de mère *tousse*, telle que la cuisine, la vaisselle, le repassage... les vitres... Oui, désolé pour cette phrase sexiste, crachez-moi dessus si ça vous chante, je suis franchement désolé, c'était plus fort que moi. Du coup, imaginez-la plutôt en train de se vernir les ongl... Bref, passons à autre chose ! (:D)

— Orh, tu fais vraiment aucun effort... Justement, il passe son temps à combattre, ce n'est pas très enrichissant.

— Ah si, ça l'est ! répondis-je en riant. Douze mille boules par mois avec primes en fonction du nombre de dresseurs vaincus, je me permets de dire que c'est trèès enrichissant. Qui plus est, les impôts sont payés par la ligue.

Exaspéré, je roulais sur mon divin canapé en cuir de Tauros pour me saisir de la télécommande, que je regrettais d'avoir jetée, et je revenais à ma place d'origine, confortablement installé, pour rallumer la télé.

« … maintenant partie du combat : le but est de les mettre KO eux aussi, tandis que leurs Pokémon les protègent, pour s'assurer la victoire ! … »

— Oh c'est pas vrai ! m'écriai-je en éteignant de nouveau le poste.

J'avais tellement chaud, c'était insoutenable. Pourtant, je m'y suis habitué, habitant à Alola depuis dix ans maintenant. M'enfin que voulez-vous... Trente-cinq degrés alors qu'il est tout juste midi, c'est pas supportable par tout le monde.

A part le fait que je sois un adolescent fainéant aux cheveux bruns, quoique bien plus courts que ma mère, et que j'ai seize ans, et que j'habite une maison près d’Ekaeka et que mon père soit champion de l'arène de Myokara, vous ne savez toujours pas qui je suis vraiment. Je m'appelle Red. Et franchement, F*CK. C'est mon père qui a eu la merveilleuse idée – non non, ne n'exagère pas – de m'appeler Red, bordel, par un foutu hasard. A l'époque, personne ne savait qu'il y avait déjà un Red dans le monde, mais maintenant, ça se sait. Et mon père en est fier. Je m'appelle Rouge. Vous trouvez ça cool ? Moi non, j'ai pas envie de devenir « la Légende Vivante » et de me construire un cabanon, tout seul au sommet du mont Argenté. Et en plus de ça, le caca sur le gâteau, c'est que mon père, toujours responsable de l'échec prématuré de ma vie, se vante d'avoir appelé son fils ainsi. Ils ont déconné, à la mairie, clairement. Je ne sais pas s'ils avaient picolé ou quoi, ce jour-là, mais merci, vraiment !

Un petit quart d'heure plus tard, je décidai de m'aventurer hors des murs de mon antre, en proie à la fournaise ainsi qu'aux autres gens. Non, je ne suis pas un asocial, mais j'aime bien être seul avec ma télé. Pour être plus exact, disons que les gens m'embêtent, pour parler poliment. Ceux de mon âge sont trop stupides, ceux de l'âge de mes parents sont trop rabat-joie, et ceux de l'âge de leurs parents sont trop vieux. Je n'ai pas de grands-parents alors je ne peux faire aucune comparaison. Enfin bref, la nature m'appelait, et prenant mon courage à deux mains, j'enfilai un tee-shirt, mes habituelles chaussures de skate usées de tous les côtés, ma casquette rouge, mon sac à dos, j'attrapai une Pokéball sur mon bureau, contenant mon unique Pokémon, et je sortis.

J'eus à peine franchi la porte que je crus fondre.

— Amuse-toi bien, mon chéri ! me cria ma mère, souriant toujours, vicieuse au possible.

Elle savait que j'allais cramer, et pourtant, à aucun moment elle ne m'a dit « Fais attention aux insolations. », ou « Tu es sûr ? Il est midi, le soleil est à son zénith. » ou même simplement « Il fait trente-cinq degrés ! », je l'aurais compris et serais resté planqué dans ma caverne. Je me retournai, tenté de revenir sur mes pas. Ou plutôt sur mon pas, sachant que j'étais juste derrière la porte. Je pris une grande inspiration et m'apprêtais à m'élancer quand j'entendis soudain un bruit de poignée derrière-moi. Vous savez, ce petit bruit, semblable à celui que l'on entend lorsque quelqu'un ferme une porte à clé.

J'hésite. J'ai envie de rire et en même temps de pleurer. La moitié ouest de mon visage commence à ricaner, l'est panique.

— Bonne chance mon chéri ! s'exclama ma mère. Ne reviens que quand tu meurs de soif où que tu as attrapé un vrai Pokémon !

Tremblant, j'approche ma main de la poignée, et tourne doucement, précautionneusement. Rien, ça reste bloqué.

— Non... C'est une blague... murmurai-je.

Je force comme un dingue sur la poignée et comme je commence à rire, je crois que je perds la boule.

— Je te prépare une bonne salade, comme tu les aimes ! continua l'ignoble dame derrière la porte. A tout à l'heure.

Je l'imaginais clairement en train de rire, toute contente de me faire ainsi souffrir. Deviens dresseur Pokémon, qu'ils disaient. Tu parles, dans ma prochaine vie je me réincarne à Sinnoh, j'irai danser avec les Mammochon dans la neige. En attendant je me retrouve là, planté devant ma maison à suer à grosses gouttes et profiter du peu d'ombre qu'il y a sous le porche. Dans ma poche se trouvait mon Pokémon, mon seul allié dans cette situation extrême. C'était une mauvaise idée de le sortir maintenant, car il serait dans le même état que moi, voire pire, ne supportant pas très bien le soleil.

Vous vous demandez sûrement de quelle espèce il s'agit ? Une chose est certaine, en tout cas : il s'agit d'un vrai monstre, un concentré de puissance qui m'a valu le titre de meilleur dresseur du village ! Après tout, je ne suis pas le fils d'un champion pour rien ! Oui, j'omets le fait que je m'appelle Red, ça n'a AUCUN rapport concret.

Après mûres réflexions, je décidai de surmonter ma crainte de la cuisson à vie, et m'élançai à travers la campagne, en direction d'un coin pas trop chaud. Une forêt, n'importe quoi, mais quelque chose qui offre de l'ombre ! Quelques douces et agréables minutes plus tard, me voilà à l'abri d'un arbre. Un palmier pour être plus exact, et bordel pourquoi il fait aussi chaud ?! N'importe qui supporte cette chaleur, même une mémé, et pas moi !! Même un glaçon je le fous au soleil en pleine caniar, il fond moins vite que moi ! Apparemment tout est dans la tête, donc j'arrête d'y penser, et je songe à la salade qui m'attend une fois que je serai remonté des enfers.

« Miaou. »

Ce bruit tout mimi m'arrache de mes songes.

« Miaou miaou. »

Un miaulement tout mignon, clairement. Je regardai de tous côtés, ne sachant d'où il provenait.

« Miaou miaou miaou. »

Ça continuait, ce truc m'appelait. Existait-il beaucoup de Pokémon faisant « miaou » ? Oui, quelques-uns en effet. Qu'importe, une créature, de sa voix mignonne et adorable, m'appelait.

« Bon, tu me captes à la fin ou pas ?! »

Je sursautai en l'entendant. Là, c'était clair, ça venait de devant moi. Et ce n'était plus une voix douce et tendre, mais probablement celle d'un camionneur ayant trop fumé. Ou du moins, si un camionneur ayant trop fumé m'avait dit la même chose, ça ne m'aurait pas étonné. Mais ça m'aurait plus étonné qu'il miaule, tout de même. Je baissai la tête pour voir face à moi un Flamiaou.

[Ah oui, au fait, dans cette FanFic les Pokémon parlent. Je dis ça juste au cas-où, histoire que vous ne soyez pas choqués en le voyant. Enfin pour être exact, les humains peuvent les comprendre (oui après tout, il n’y a pas de raison pour que ce ne soit que dans un sens). Voilà, ça évite juste tout un paquet de conneries scénaristiques reloues à expliquer, et c'est quand même plus sympa d'entendre un Pokémon exprimer clairement sa vision de la vie, au lieu qu'il répète sans cesse les syllabes de son nom.]

Il me fixait avec son air blasé, se tenant à quelques mètres de moi.

— Euh... Je peux faire quelque chose pour toi ? je bredouillai.

— Nan abruti si j'avais besoin d'aide j'aurais pas demandé au premier idiot qui passe.

C'était plutôt méchant, mais j'avais d'autres chats à fouetter. (=D)

— Beh oui, insista-t-il, regarde-toi, tu pue l'embrouille et la victime, à suer comme un bœuf. Puis franchement t'as vu ta dégaine ? On dirait un beauf qui va à la plage. Bon... Tu t'appelles comment ?

— Red.

Au moins avec une réponse pareille je ne risquais pas de bredouiller.

— Red ? Oh seigneur... Ah mais fais un truc mon bonhomme, je sais pas, demande à Arceus de te foudroyer ou Giratina de t'emmener chez lui parce que là t'as tiré le jackpot.

Vous connaissez l'expression « remuer le couteau dans la plaie » ? Là, cette saloperie de chat remuait le katana dans la plaie. Et encore, un katana c'est bien gentil, comme j'ai d'abord pensé à une hache de guerre. Mais bon, il y a une limite quand même. Enfin bref, ce Flamiaou commençait carrément à me courir sur le haricot.

— Ouais ouais, rigole, mais je te préviens, mon petit ! Si tu continues, je sors mon Pokémon et là, tu pourras te pisser dessus !

Il s'est pissé dessus. Mais de rire, pas de peur. Littéralement, ce co***rd de chat venait de se pisser dessus en m'entendant le menacer, pour ensuite partir dans un fou rire incontrôlé. Ah oui, j'avais beaucoup envie de rire, moi aussi. Vraiment.

— Ahahah, regarde-toi... ! plaça-t-il, peinant à respirer.

Moi ? Le fils de Bastien, me faire humilier par un Flamiaou ? Hors de question. Je profitai de sa distraction ainsi que de mes talents de sprinteur pour foncer vers lui, et avant qu'il ne s'en rende compte lui asséner un violent coup de pied sur le flanc, qui l'envoya s'écraser contre un palmier non loin, provoquant un petit « bong » très agréable à l'écoute. Alala, moi qui voulais devenir footballeur, quand j'étais plus petit...

— Non mais t'es malade ?! s'exclama-t-il.

Il ne riait plus du tout. Au contraire même, je dirais qu'il était assez énervé. Du moins suffisamment pour que je regrette mon acte.

— Euh... Oui... Enfin non... Euh... dis-je.

En un éclair il sauta vers moi, et j'eus à peine le temps d'entrevoir quelques douces flammes dans sa gueule avant que celles-ci ne me rôtissent de la tête aux pieds. Lance-flamme, je crois. Comme quoi, les cours servent.

— Mais c'est toi qui est malade !! je lui lançai.

— Oui bah au moins, on est quittes !

Alors non, on était pas vraiment quittes, puisque même si j'avais shooté dedans, il m'avait quand à lui humilié, avant de me carboniser. Je soupirai, ressemblant désormais à un morceau de charbon. Mais soudain, j'eus une montée de confiance, d'adrénaline, qui me poussa à me rebeller. Voilà, le héros qui sommeillait en moi se réveillait !

— Réglons ça en combat Pokémon ! m'écriai-je, trop stupide pour me rendre compte de ce que je disais.

— Très bien, sourit l'autre. J'espère pour toi que tu as une bête de Pokémon.

Oui. Bah oui, clairement. J'avais THE Pokémon. Mais malgré ça, j'avais envie de pleurer et de partir me cacher. Pourquoi ? Parce que j'allais me faire ratatiner par un chat.

— Allez, amène-toi, fillette ! me dit-il.

Il se plaça à dix mètres de moi et m'indiqua qu'il était prêt.

— Dans ce cas-là... Vole de mille feux, mon cher compagnon !

Je me saisis de ma Pokéball, et comme j'appuyais sur le bouton central, elle prit la taille d'une pomme, puis je la lançai dans les airs. Elle s'ouvrit et laissa s'échapper un rayon rouge, qui vint prendre la forme, petit à petit, d'une créature quadrupède. Le voilà, mon monstre.

— Fonce, Keunotor !

Celui-ci, une fois formé par le rayon rouge, tomba au sol et roula avant de finir sur le dos. Je le fixais, et tout tremblant, je tentais d'intimider mon adversaire.

— Ah... Tu as peur, h-hein ? F-Fais attention... T-Tu vas te pisser dessus...

Je relevai la tête, et me rendis compte que j'avais parlé trop vite. Il se pissait dessus, le con. Au moins, le bon côté des choses, c'est qu'à ce niveau-là, je n'avais plus honte de rien et ne tremblais plus.

— Bon vas-y là, d'accord il est ridicule mon Keunotor, mais au moins on le fait ce combat.

— Attends, attends, s’étouffait le Flamiaou, une fois que je vais mieux.

En effet, en l'état, il ne pouvait pas combattre, étant de nouveau pris dans un fou rire incontrôlable. Soupirant, je me tournai vers ma bestiole, qui se frottait la tête, encore sonné. Pourquoi, par Arceus, mon seul Pokémon était ce truc ? Un Keunotor, sérieux, il n'y a pas plus … stupide ? nul ? inutile ? Un peu tout à la fois, je dirais. Puis soudain, j'eus une illumination, et m'adressai au chat.

— Hé, on va faire un truc, lui dis-je. Si je gagne, tu seras à moi !

— Et si je gagne ? fit-il, reprenant peu à peu son souffle.

— Euh... Bon on verra si ça arrive ! Allez prépare-toi saloperie de minou ! Keunotor, en garde !

Ledit Pokémon devint sérieux, et fit face au Flamiaou.

— Keunotor, utilise charge ! m'écriai-je.

Il s'élança alors, chargeant de tout son corps, puis glissa et tomba. Comble du bonheur, c'était à l'endroit ou le chat avait pissé pour la première fois. J'eus à cet instant envie de mourir. Véridique.

— C'est bon, j'ai perdu, fais toi plaisir.

Je soupirai, comme je ramenais mon Pokémon dans sa ball. En y réfléchissant avec le recul, c'était peut-être ça, la raison pour laquelle je ne pouvais même pas mettre les pieds au Grand Festa aussi...

— Bon, comme convenu... commença le Flamiaou.

Je me mettais à angoisser, ne sachant ce que cette bête me demanderait. En fait, je ne songeais même plus à ma défaite et à ma triple humiliation face à un Pokémon sauvage. Ah, si mon père savait ça, je pense qu'il me renierait ! Ou tout du moins, j’apprendrais être un enfant adopté...

— ... Je t'aime bien, en fait, dit-il. T'es un peu con-con sur les bords mais tu m'as l'air gentil. Bon, c'est décidé, je viens avec toi.

— Q...QUOI ?! m'étranglai-je. Tout ça pour ça ?

— Oui bah ne te plains pas non plus hein, sinon je te laisse seul avec ton castor.

C'est qu'il me fait chanter, le chat ?! Qu'importe, ayant perdu toute dignité, je n'en demandais pas davantage, et j'acceptai avec un grand sourire.

— Bon pas de Pokéball par contre, hein ! Du moins pas tant que tu n’es pas un dresseur de valeur ! Ramène ton Keunotor, on va faire connaissance.

Je décidai de lui obéir, comme ma fierté d'homme s'était envolée trèèès loin. Trop loin. Passons ce moment pendant lequel le camionneur fait la rencontre de mon imbécile de Pokémon, car il n'est pas des plus intéressants. En fait, j'aimerais plutôt revenir sur le sens de ma vie ; je suis fils de champion, je m'appelle Red, ma mère veut que je participe au Grand Festa pour ramener plein de sous à la casa, et mes deux seuls compagnons sont la créature la plus inutile de l'univers, et un chat camionneur. … Au secours, quelqu'un.

Au moins, il fallait avouer que le Flamiaou avait l'air plutôt coriace, mais avec son caractère, il y avait peu de chances pour qu'il accepte de combattre sous mes ordres. Je lui demandai donc.

— Non. Tu n'es pas assez bon, ce n'est pas la peine. Sérieusement, réfléchis : utiliser charge alors que ton adversaire est à dix mètres et peut attaquer à distance ? Tu penses avant d'agir ?

— Mais Keunotor ne connaît pas d'autres attaques, protestai-je.

— Keu.

— Ah mais il fallait me le dire avant ! sourit le chat. (il s'adressa au castor) Tu peux compter sur moi, mon pote. Je vais t'apprendre des attaques qui claquent !

L'autre Pokémon hocha la tête, visiblement heureux.

— J'aime cette attitude ! Bon... As-tu entendu parler de l'attaque « Spatio-Rift » ?

Je m'étouffai.

*****
Une demi-heure plus tard, je rentrai chez moi, exténué au possible, avec un Flamiaou sur l'épaule qui s'amusait à me crachoter des petites flammes dans l'oreille lorsque je faiblissais. Un coup de fouet, disait-il.

— Je t'en foutrais, moi, des coups de fouet... marmonnai-je.

— Tu as parlé ?

— Non ! Enfin si ! Je disais que j'ai faim !

Crédibilité : zéro.

— Ouais ouais, je préfère...

Puis il tchipa, et un frisson me parcourut le corps. Il m'effrayait ? Lui ? Je frappai à la porte, et en quelques secondes ma mère vint ouvrir.

— Ooh, Red, tu es de retour ! sourit-elle, comme à l'habitude. Mais que vois-je, tu as ramené un mignon petit Pokémon ? Qu'il est adorable.

— Miaou, fit le mignon Pokémon.

« Mais vas-y, prends ta voix de camionneur ! » que j'avais envie de crier. Problème c'est que j'aurais eu l'air vraiment idiot. Oh, j'ai oublié de le mentionner : pendant la petite demi-heure s'étant écoulée avant que je ne sois de retour chez moi, mon incroyable Keunotor avait pu apprendre une nouvelle capacité auprès du chat ! Non non, ce n'est pas Spatio-Rift, c'est Patience. Remarquez, être patient c'est ce qu'on sait faire de mieux dans la famille, alors je dois dire que ça ne m'étonne pas tant que ça.

Je pénétrais donc dans la maison, et un vent de fraîcheur m'atteignit. Ah, la climatisation ! Arceus bénisse son inventeur. Puis m'écroulant de tout mon long sur le canapé, je fis sortir Keunotor de sa Pokéball. C'était très certainement plus agréable de se promener dans la vraie vie plutôt que dans un PC, cela allait de soi. Qui plus est, il pourrait « jouer » avec l'autre abruti de félin. D'une manière ou d'une autre, ma main attrapa la télécommande, et j'allumai la télévision. Avec ma chance de la journée, je m'attendais à tomber sur une pub pour le Grand Festa.

« … Et n'oubliez pas : le vainqueur du tournoi remportera l'extraordinaire somme d’UN MILLIARD de Pokédollars, ainsi que le titre de meilleur dresseur au monde ! Rendez-vous donc en juin à Albarosa, pour participer au Grand Pokemon Festa ! Modalités d'inscription sur le site internet. »

J'étais tellement crevé que je n'osais même plus changer de chaîne ou éteindre. Plutôt mourir que me débattre, au point où j'en étais. Ayant vu l'annonce, Flamiaou bondit à côté de moi.

— Hé, la larve, dit-il. C'est quoi cette histoire de tournoi ?

Je soupirai.

— Rien rien, ce n'est pas pour nous.

Il posa alors sa patte sur ma joue, et sortit ses griffes.

— AAAAAIEEEEE ! hurlai-je.

Ma mère se retourna, mais voyant que je « jouais » avec mon nouveau Pokémon, reprit ses activités.

— Bordel qu'est ce qui te prends ?!

— Donne-moi TOUS les détails de ce truc, me répondit-il. Un milliard de Pokédollars ? C'est énorme ça ! Ah et au passage, tu t'es coupé, sur la joue, tu saignes. Si tu veux je peux cautériser la plaie ?

— Saloperie de chat... murmurai-je.

Puis je me rappelais que je ne faisais pas le poids face à lui.

— Bon très bien je vais te dire. Le Grand Pokemon Festa c'est un tournoi qui a lieu tous les ans, en juin et juillet, pendant lequel les dresseurs s'affrontent. Il y a tout le monde qui y vient, des écoliers au maîtres de la ligue en passant par les champions d'arènes. Et au final, bah le vainqueur il gagne un milliard. Mais faut être bon pour ça, et perso c'est pas avec un Keunotor qui connaît charge et patience et un Flamiaou qui m'écoute pas que je pourrais gagner... EN PLUS, je refuse catégoriquement de participer à ce truc, c'est commercial !

]— Hm... Tu ne crois pas en tes Pokémon ?

— Je... Quoi ? Hé déconne pas, le matou, j'irai pas, à ce truc.

Il m'ignora, et poursuivit son discours.

— Tu sais, un dresseur, pour progresser, doit avoir foi en ses compagnons. Autrement, il n'avancera pas. Seul le meilleur peut gagner ? Eh bien, Red, qu'est ce qui t'empêche de gagner ?

— Vous peut-être ?

— Tu ne dois pas baisser les bras, qu'importe si tu dois franchir des montagnes, des océans, braver des tempêtes, car au final, tu y arriveras.

C'était super stylé ce qu'il me racontait, mais je n’en avais pas grand chose à faire. Il se tourna vers moi, et me fixa dans les yeux.

— Regarde-moi dans les yeux ! (je le fis (pour lui faire plaisir, hein)) Nous allons y aller, tous les trois ! Toi, Keunotor, et moi ! Combien de temps il reste avant le début du tournoi ?

— Euh... Trois semaines... Mais tu vois c'est pas trop à l'idée du jour, en fait... Aujourd'hui c'est le week-end, puis après j'ai cours jusqu'en juillet... Enfin ma mère elle va pas trop être d'accord...

— Keunotor ! Celia ! Pouvez-vous venir ici ?

Comment il connaissai le nom de ma mère au juste ?! O.O Il s'approchèrent tous les deux, ma mère toujours souriante, et Keunotor un peu (beaucoup) à l'ouest. Flamiaou s'adressa en premier à ma mère.

— Celia, que diriez-vous si votre fils participait au Grand Pokemon Festa ?

Je t'en supplie maman, dis que ça te fait chier.

— Eh bien... Ça m'embête un peu qu'il mette ses études de côtés, mais après tout l'année se termine dans moins de deux mois, et s'il peut gagner...

POURQUOI ?! Juste, POURQUOI ?! Tu veux que je sois docteur ou chômeur ?! Je gagnerai pas, ton truc ! T'as vu la team de vainqueurs que j'ai ?!

— Et toi, Keunotor, est-ce que ça te dirais de participer à ce tournoi ? D'être le Pokémon du plus grand dresseur au monde ?

Sérieusement, ce chat était irrécupérable. Et cette musique, là, ça lui donnait trop de force oratoire, fallait qu'il arrête. En tout cas, vous auriez vu la tête du Pokémon Souridodue... Ses yeux ressemblaient à deux voies lactées, tellement il y avait d'étoiles dedans.

— Keu ! fit-il.

— Alors, allons-y, mes camarades ! s'exclama le camionneur. (il se tourna vers moi) Red, fais tes affaires, direction Albarosa !

Pour info, Albarosa, pour ne pas le nommer, était un îlot artificiel créé entre les îles de l'archipel d'Alola, au beau milieu de la mer. De base, il a été conçu quinze ans plus tôt, pour accueillir la première édition du Grand Pokemon Festa. Mais comme l'événement attirait des millions de touristes, il a fallu créer le plus grand stadium au monde, avec donc plusieurs millions de places. Autour s'est ensuite rapidement développé une ville, avec en grande majorité des hôtels, mais également des buildings construits pour héberger une population se voulant toujours plus près de l'activité.

— Vous partez tout de suite ? s'étonna ma mère. Mangeons au moins, avant. J'ai préparé une salade.

Oui, tu as raison, absolument. Ton fils va partir au milieu de la mer, à des centaines de kilomètres, mais toi ce qui t'inquiètes c'est qu'on n’a pas encore mangé la salade tomate laitue mozzarella huile d'olive noix que tu as préparée pendant que je me faisais humilier et cramer la gueule par un putain de Flamiaou sorti de nulle part. Et le pire, c'est que si j'appelle papa, il va lui-même vouloir m'y conduire, à cette connerie de tournoi. Mais quelle famille, sérieux...

— Euh oui alors... Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée, hein, dis-je. Il fait chaud et tout, dehors, on risque l'insolation. Moi je dis, au pire, on y va l'année prochaine...

— NON ! s'exclamèrent Keunotor et le stupide chat.

Bordel, même le castor commençait à me faire peur.

— Allons-y maintenant, bonhomme. Mangeons la salade de Celia, d'abord, et allons-y. Le succès n'attend pas !

— Ok, alors j'ai une dernière objection, tentai-je. A part toi, qui sait cracher des flammes et apprendre des capacités aux autres Pokémon, je te rappelle que mon deuxième allié c'est Keunotor, qui soit dit en passant ne connaît que charge et patience. Franchement, on n’a pas beaucoup de chances de gagner, tous les trois...

— On s'améliorera sur le chemin. Après tout, c'est l'intérêt du voyage.

Il ne se rend pas compte que le « voyage » c'est juste aller au port le plus proche, et prendre le bateau pour se rendre directement à Albarosa. Ce n’est franchement pas le truc le plus excitant au monde. Nous nous mîmes à table, tous les quatre avec notre salade. L'espace d'un instant, j'eus le sentiment de vivre quelque chose d'amusant, mais je me rappelais aussitôt qu'une fois fini, c'était direction l'île blanche.

A contrecœur, je remplissais mon sac à dos de Pokéball vides, de potions, de boîtes tupperware contenant de la nourriture, et d'argent. Il nous en fallait suffisamment pour payer le billet du ferry, ainsi que l'inscription au tournoi. Cette fois, ce n'étaient pas mes chaussures de skate, que je mettais, mais mes baskets. Celles avec lesquelles j'aurais dû entamer mon voyage, six ans plus tôt. Enfin, pas exactement les mêmes, sachant que en terme de pointure, je logeais plus dedans... Mais chaque année, ma mère me rachetait les mêmes, pour qu'un jour peut-être, je décide de me lancer. C'était étrange, je ressentais comme un soupçon de mélancolie en les voyant. Est-ce que je regrettais d'être resté chez moi quand tant d'autres se sont lancés sur les routes, dans l'espoir de réaliser leurs rêves ? Le problème, c'est qu'encore aujourd'hui, je n'ai aucun rêve.

Je descendais l'escalier et en bas, Keunotor, Flamiaou, et ma mère m'attendaient.

— Te voilà enfin un homme, dit-elle.

Elle souriait, mais je la connaissais par cœur : cette fois, ce n'était pas de l'ironie, mais un sourire sincère, témoignant de sa fierté et de sa joie. Pourtant, lorsque je serai parti, je le sais, elle pleurera.

— Allons-y Red, fit le camionneur en souriant.

Il avait l'air beaucoup plus sympa, quand même.

— Une dernière chose, dis-je. Ça m'emballe pas vraiment de partir, sachant que l'été approche. J'avais prévu de profiter des vacances, tu sais. Mais je suppose que je n’ai pas trop le choix... Du coup, à partir du moment où nous sortons, je ne m'appelle plus Red, mais Read. Oui, ça change pas beaucoup, mais si on doit aller à ce foutu tournoi, je ne veux pas avoir le nom de quelqu'un d'autre.

Je tournai brièvement la tête, pour apercevoir de discrètes et timides larmes apparaître chez ma mère. « Il devient vraiment un homme », se disait-elle.

— Pas de souci. Maintenant, allons-y, Read !

Nous franchîmes la porte, et derrière nous, ma mère referma.

— Ne reviens que quand tu seras le meilleur dresseur au monde, me dit-elle en forçant clairement sur son air ironique.

Je hochai la tête, le menton tremblant. Voilà que moi aussi, j'allais me mettre à pleurer... Quelle misère, sérieux... Puis nous nous élançâmes, Keunotor à ma gauche, Flamiaou à ma droite.

De l'autre côté de la porte en bois, les larmes coulaient sur les joues de ma mère.

— Surpasse ton père, Red, et rends nous-fier, murmura-t-elle. »

Elle souriait, fière et triste.