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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/02/2018 à 08:50
» Dernière mise à jour le 23/01/2020 à 15:49

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 348 : Avant la tempête
La région Kanto était littéralement sous blocus. À l’Est et au Sud, il y avait la mer, et toute la flotte armée d’Unys qui gardait les côtes, empêchant quiconque de rentrer ou de sortir. Au Nord et à l’Ouest, c’étaient les troupes au sol de Kalos qui contrôlaient tous les kilomètres de frontière avec Johto et la région Elebla. Et avec tout cela, il fallait aussi ajouter les dix vaisseaux de la Quatrième Flotte de Stormy Sky, en vol stationnaire tout autour de Kanto.

L’organisation pirate aérienne ne faisait pas partie de la FAL et n’était pas non plus un de ses alliés, mais Syal Aeria, la capitaine de la flotte en question, avait tenu à rendre ce dernier service gratuit, en mémoire d’Erend Igeus avec qui elle avait lutté contre le tyran Castel Haldar puis plus tard contre les Akyr à Bakan. Pour ça, et aussi bien sûr parce que Stormy Sky préférait largement une union fédérale à un empire despotique pour continuer son petit trafic aérien. De toute façon, normalement, Stormy Sky n’aurait rien à faire. Il y avait peu de chance qu’une flotte cachée de Venamia ne se pointe soudainement.

La flotte de la Fédération des Alliances Libres - près d’une centaine de croiseurs - progressait inlassablement dans Kanto. La X-Squad se trouvait sur le seul vaisseau marqué du R rouge de la Team Rocket… mais pas le moindre. Le Giovanni représentait près d’un an de travaux et de moyens gracieusement mis en œuvre par l’ancienne Confédération Libre. Entièrement noir, si ce n’était le fameux R rouge sur sa devanture, le vaisseau était plus ou moins l’équivalent de la base G-5 dont la Team Rocket s’était servie parfois pour voler ou aller au combat. Mais utiliser une base comme appareil de bataille, c’était pas évident. C’était compliqué à déplacer, c’était lent, et surtout ça obligeait soit Mercutio soit Galatea à rester assis pour la piloter.

Comme la Team Rocket était vouée à devenir, une fois la guerre terminée, la seule et unique force armée de la FAL, il lui fallait un appareil à la hauteur de cette tâche. Galatea l’aimait bien, ce vaisseau, mais elle n’avait pas vraiment la tête à la belle technologie. Accoudée contre un petit hublot dans l’une des coursives du vaisseau, elle regardait d’un air nostalgique sa région natale qui défilait en dessous d’elle. Vide. Abandonnée. Délaissée. Et à en croire Eryl, remplie de corruption. L’ordre de Venamia à ses fidèles avait bien été respecté. Tous avaient quitté leur ville ou village pour se rendre à la capitale, dernier rempart du Grand Empire contre la FAL. Certains par fanatisme, mais la plupart parce qu’ils craignaient seulement l’invasion qui se préparait, et se pensaient plus en sécurité à Veframia. Galatea ne voyait pourtant pas bien l’intérêt de se réfugier dans la seule ville de la région qui allait connaître un siège en règle…

La réapparition de Venamia sur cet écran géant lors de la cérémonie avait rouvert des blessures que Galatea pensait pourtant fermées. Depuis le temps qu’elle combattait sa propre demi-sœur, elle avait fini par la considérer comme perdue. Ou plus précisément, que Siena Crust était morte, et que cette femme qui se faisait appeler Lady Venamia n’avait pas grand-chose à voir. Alors quand Venamia avait disparu durant tous ces mois, Galatea avait été de ceux qui ont cru à sa mort soudaine et inexpliquée. Elle ne s’était pas attendue à la revoir. Ou plutôt, elle avait espéré ne plus la revoir, parce qu’elle ne voulait pas devoir lui refaire face, combattre face à face avec l’intention de tuer celle avec qui elle avait grandi. Mais apparemment, ce serait inévitable. Et si Galatea souffrait, elle ne comptait pas fuir. Elle ne pouvait pas se permettre de compter sur Mercutio pour s’en charger, alors qu’elle ne savait même pas où il était ni ce qu’il faisait.

- Ahhhhhh, pourquoi il n’y a que des boulets dans ma famille ? Soupira la jeune femme pour elle-même. Un vieux qui est l’équivalent d’un dieu mais qui se montre jamais, une mère qui n'a pas trouvé meilleure idée que de crever à vingt-et-un ans en laissant trois gosses sur le carreau, un frère jumeau qui part Arceus sait où sans donner signe de vie et une demi-sœur psychotique rêvant de conquérir le monde… Ah, faut même ajouter le grand-père Mélénis dérangé qui voulait transformer toute la race humaine comme lui, l’oncle seigneur du mal et de l’obscur et son fils, le cousin fêlé pote avec des robots Pokemon tueurs !

- Je vous fais grâce du beau-père lâche et inutile dans ce cas, dit quelqu’un non loin.

Galatea se redressa et rougit de honte en voyant le général Tender devant elle.

- Général… Vous avez tout entendu ?

- Je ne voulais pas vous espionner, je passais juste par là.

- J’suis désolée. Je me plains alors que vous, vous avez bien plus dégusté niveau famille.

C’était le cas de le dire. Tender avait perdu ses deux femmes, son fils était mort en mission il y a trois ans et voilà que sa fille était l’ennemie suprême qui s’était mise le monde entier à dos. Galatea se demandait comment il pouvait encore tenir. Ce type était un roc. Et pas que sur le plan mental. Hegan Tender avait atteint les soixante ans, mais était toujours capable de se lancer sur le champ de bataille avec toute la fougue d’un jeune soldat.

- Il y a des hauts et des bas dans une vie, répondit le général. J’ai eu du très bon, et du très mauvais. Mais j’ai jamais perdu l’espoir en l’avenir, même pour moi. Arceus m’a donné deux petit-fils formidables. J’ai renoué le contact avec une nièce que je n’avais pas vu depuis des lustres, et j’ai même pu revoir mon crétin de frère en cellule, même si c’était pour qu’on s’échange des noms d’oiseaux. Et… je vous ai vous aussi, les jumeaux de Livédia. Même si je ne suis pas votre père et que je n’ai même pas eu le courage de vous élever comme elle l’aurait voulu, vous êtes ses enfants. Je l’aimais, et je la retrouve en vous.

Galatea cligna des yeux, gênée.

- Vous n’allez pas me faire un trip sentimental comme quoi vous m’aimez comme une fille ou un truc de ce genre hein, rassurez-moi ? Vous auriez eu vingt ans de moins minimum, on aurait pu s’aimer autrement, mais…

Tender ricana.

- Vous devez tenir de votre mère de ce côté là. Ça ne l’a pas dérangé de se caser avec un vieux comme moi de dix-sept ans son aîné.

Vu qu’une fille nommée Siena Crust avait résulté de cette union, et vu le nombre de morts que Venamia avait causé dans le monde, Galatea songea que Livédia Crust aurait été plus inspirée de se retenir. Mais le dire à Tender de la sorte aurait été trop cruel. Le général devait penser la même chose qu’elle, car il dit :

- Si vous avez Lady Venamia en face de vous lors de la bataille, n’hésitez pas. Votre frère n’a pas su l’achever quand il l’a affrontée dans le Mégador, et s’il l’avait fait, ça nous aurait évité bien des choses. Alors, cette fois, n’hésitez pas.

- Sauf votre respect, c’est facile de dire ça, fit remarquer aigrement Galatea. Ce n’est pas vous qui allez vous salir les mains. Que feriez-vous si vous l’aviez à votre merci, un flingue à la main ?

- Je tirerai, répondit Tender sans hésitation. La souffrance qui en résultera sera ma punition pour mes actes passés… ou plutôt mes non-actes. J’aurai fait mon devoir en ce monde, et quand ce sera l’heure pour moi d’aller dans le suivant, et que j’aurai Livédia et Siena en face de moi, j’accepterai leur mépris pour toute l’éternité.

Ceci dit, il poursuivit son chemin, droit comme un i. Un roc. Le sens du devoir et de l’honneur incarné. Hélas, Galatea savait très bien qu’en matière de ces choses, elle était loin d’atteindre Tender. En matière de courage aussi, car elle continuait d’espérer qu’elle n’aurait pas à intervenir contre Venamia, et que Bertsbrand, armé de son Revêtarme d’Excalord, allait s’en charger lui-même. Mais le Flux lui soufflait une toute autre chose.


***


- Tremble, émissaire du mal et de l’injustice ! Moi, Bertsbrand, je ne saurai tolérer plus longtemps tes vils agissements, Venamia ! Tu m’as fait me déplacer jusqu’à toi, mais tout se termine aujourd’hui. Au nom de la paix dans le monde et du swag, je vais…

Devant son miroir, Bertsbrand interrompit sa répétition, réfléchit un moment, puis barra quelque chose sur sa feuille de papier.

- Hum… pas terrible ce passage, fit-il. Je passe trop vite mon arrivée jusqu’à Veframia. Je devrai citer les plus grands combats que j’ai mené pour arriver jusqu’ici. Et je n’ai pas nommé la Fédération des Alliances Libres. Il me faudra la caser quelque part. T’en penses quoi, femme ?

Anna, qui regardait d’un air distrait son supérieur en train de répéter son discours pour quand il sera face à Venamia dans sa chambre, bailla sans retenue.

- J’en pense que tu perds ton temps, pov débile. M’étonnerai que Venamia te laisse l’temps de lui sortir la liste de tes exploits.

- Mais je ne saurai débuter THE combat final contre la représentante du mal sans quelques paroles inoubliables, s’indigna-t-il. Je suis Bertsbrand après tout !

- Tu devrais prendre ça au sérieux cette fois, répliqua Anna. Tu n’as encore jamais affronté Venamia. Et j’me dois d’te rappeler que si Excalord bat son Ecleus dans quasiment toutes les stats, il en reste une où Venamia t’es supérieure : la vitesse. Si vous êtes tous les deux en Revêtarme, elle ira plus vite que toi, et en plus elle pourra prédire tes mouvements et tes attaques avec son foutu œil. Et j’ajoute que elle, contrairement à toi, elle a soumis Ecleus dans les formes. Elle n’est pas tombée dessus en trébuchant sur lui et en devenant sa maîtresse parce qu’il avait déjà été vaincu juste avant…

- Ta remarque est blessante. Ne suis-je pas Bertsbrand ? Le Revêtarme ne fait pas tout. Le plus important, c’est la personne qui est dedans. Venamia est peut-être rapide et voit peut-être le futur, mais elle a un gros désavantage : elle n’est pas moi.

Anna soupira, désemparée. Elle paraissait presque inquiète, une expression qu’on voyait rarement sur son visage toujours impassible.

- Sors-toi un peu la tête du cul, tu veux ? On sait tous les deux que tu n’es qu’un bouffon qui n’doit sa réputation qu’à trois choses : une belle gueule, une mise en scène soignée et une chance insolente. Mais deux de ces choses ne marcheront pas sur Venamia, et j’suis pas sûre que la chance suffise cette fois. Et si tu t’fais buter face à elle, ce s’ra un immense coup porté au moral de nos troupes, et on a vu des batailles perdues à cause de ça.

Bertsbrand écouta distraitement en se peignant devant la glace.

- Tu as l’air bien désespérée, commenta-t-il. Ne me dis pas que tu t’inquiètes pour moi, mon pauvre cœur ne pourrait pas le supporter…

- C’est pour moi que je m’inquiète, trouduc. Je ne dois ma place dans la X-Squad que parce que j’suis ton assistante. Si tu crèves, on va sans doute me réaffecter je n’sais trop où.

- Ça n’arrivera pas, miss. J’ai passé un an à faire de cette équipe de bolosses une unité respirant le swag et la classe. Aucun de nous ne manquera quand l’heure de la victoire et des célébrations sera venue. Inquiète toi plutôt pour Venamia. Je ne suis pas sûr de pouvoir l’épargner comme je l’ai fait avec ton père.

Anna retint un sourire. Bertsbrand parlait souvent d’éradiquer le mal, mais en réalité, il était incapable de faire du mal à une mouche. Quand il sortait prendre une ville sous son Revêtarme, il prenait toujours garde à ne tuer personne. Et contrairement à ce qu’on pouvait penser venant de lui, ce n’était pas pour son image. C’était sa nature profonde. Il respectait la vie plus que tout… même s’il respectait surtout la sienne.

- Pourquoi je devrai m’inquiéter que tu épargnes ou non cette pute ? S’interrogea Anna.

- Ce n’est pas ta cousine ?

- Si, mais j’en ai rien à foutre. On ne s’est jamais rencontrées de toute façon, et je doute qu’elle connaisse même mon nom. J’me sentirai juste mal pour tonton Hegan et Galatea. Et même eux sont je pense tout à fait OK pour qu’on hésite pas à l’éliminer si on en a l’occasion. Puis y a aussi cette histoire d’Horrorscor qui serait en elle. Si le boulot de la reine Eryl est de détruire totalement ce Pokemon, Venamia devra forcément y passer. Alors si tu peux l’atomiser avec je ne sais quel de tes rayons, n’hésite pas, même si tu dois exploser la moitié d’la ville. Une fois Venamia hors circuit, tous les autres pontes du Grand Empire se rendront immédiatement.

- Hum hum, je vois. Lady Venamia : cible à abattre de toute urgence. Du coup, Veframia se rend, fin de la guerre, je suis un héros, j’écris mon livre relatant mes combats et je cumule au moins vingt ans de tête dans les best-sellers ! Ah, et un film sera produit aussi sur moi. Par contre, qui pourrait-être assez swag pour me jouer ? Là ça va bloquer…

- Ouais, mais si au contraire, c’est toi qui t’fais avoir, alors c’est nous qui sommes cuits, ajouta Anna. Venamia aura l’champs libre pour s’en prendre à la flotte, et comme tu l’as si souvent démontré avec Excalord, la flotte qui peut résister à un Revêtarme volant reste à inventer.

- Que c’est pathétique, marmonna Bertsbrand. Vous voulez dire qu’il n’y a personne à part moi dans toutes la FAL qui puisse lutter avec Venamia ? Je ne perdrai pas bien sûr, donc la question ne se pose pas, mais ça fait un peu pitié…

- Y a bien Mewtwo qui peut léviter et qui est un monstre de puissance, mais ses attaques Psy ne fonctionnent pas sur Venamia, qui est protégée par son foutu Horrorscor en elle. Du coup il pourrait seulement la retenir un peu. Pour c’qui est de Lance et Solaris, leurs attaques dragons se heurteront à l’acier d’Ecleus sans faire grand-chose. Les attaques poisons de Gluzebub seront elles carrément sans effet. Galatea peut utiliser le Flux pour voler, mais Venamia aura sans doute de l’Ysalry sur elle. Ithil lui n’pourra pas l’attaquer dans les airs. Reste donc Zeff et Goldenger, mais ce sera loin de suffire. Donc oui, y a que toi. Si tu te fais avoir, notre flotte sera probablement détruite en moins de deux.

- Hum, je suis donc la pièce maîtresse de l’armée du bien, comme il se doit.

Il posa son peigne en or massif, caressa la tête de Marie-Eglantine qui roupillait sur le sofa, et regarda autour de lui.

- Bon, faut que je sois sur le pont avant qu’on arrive. Je n’ai rien oublié ? J’ai pas eu le temps de me faire un brushing complet, mais tant pis. Je suis swag quelque soit ma coupe. J’ai bien répété mes gestuelles à l’avance. Les paillettes sur le visage pour me rendre resplendissant et brillant ? Oui, c’est bon, avec modération bien sûr… Qu’est-ce qui reste ?

- Tu as oublié ça, dit Anna.

Elle s’était levée et approchée de lui, et le plaqua d’un coup contre le mur de la chambre. Bertsbrand cru qu’elle allait le frapper; elle faisait ça assez souvent et sans trop avoir besoin de raison. Il s’y était habitué, mais pour le coup, il fut grandement surpris quand à la place de son poing sur le crâne, ce fut ses lèvres sur les siennes qu’il sentit. Il fut momentanément paralysé, et son premier sentiment fut celui de la répulsion. Une femelle, si proche de lui, qui osait lui faire… ça ?! Mais avant qu’il n’ait pu la repousser, une autre sensation, qu’il ne put trop déterminer, fit disparaître le dégoût. Total, il resta sans rien faire, et sans trop savoir ce qu’il ressentait. Quand Anna recula, son visage était aussi impassible que d’habitude, comme si elle venait de faire quelque chose d’absolument naturel. Bertsbrand, lui, bafouilla :

- Euh… p-pourquoi t-tu m’as em-em-embrassé ?

- T’es con ou quoi ? Ça porte chance.

- Ah ? Euh… oui. Oui, bien sûr, ça porte chance, où avais-je la tête ?

Il s’écarta rapidement et se dirigea vers la porte, toujours troublé.

- Enfin… C’est pas comme si j’avais besoin de plus de chance non plus, hein ? Je suis Bertsbrand après tout. Je vais faire qu’une bouchée de Venamia, of course. Je vais…

- Bertsbrand.

- Euh… oui ?

- Tu oublies Excalord.

Elle désigna la large épée, toujours posée sur le bureau.

- Ah… oui. Oui, ce… ce serait bête de l’oublier, du coup.

Il posa machinalement la main sur la garde, et le Pokemon Légendaire passa de sa forme Arme à sa forme Revêtarme, enveloppant son maître.

- Bon… j’y vais.

Il dut s’y reprendre à trois fois avant d’ouvrir la porte, parce qu’il tentait de tourner la poignée dans le mauvais sens. Anna resta une minute de plus dans la chambre. Elle était satisfaite, mais espérait que ce petit baiser qu’elle lui avait dérobé n’allait pas lui faire perdre tous ses moyens quand il serait face à Venamia. On ne pouvait jamais savoir, avec cet abruti. Parce que oui, Bertsbrand en était un, et de gros. Mais Anna s’y était attachée. C’était son abruti, celui qu’elle pouvait cogner et rabrouer à sa guise, et qu’elle pouvait féliciter quand il disait quelque chose d’intelligent ou quand il faisait quelque chose de bien. Un peu comme un animal de compagnie, quoi. Un animal de compagnie très beau et un peu débile.


***


C’était la première fois qu’Estelle commandait un vaisseau, qui plus est de cette taille. Toutes les forces de la Team Rocket, tous ses hommes qui étaient restés loyaux au R rouge, comme ceux qui étaient restés auprès de Venamia avant de déserter… tous étaient réunis dans cet immense croiseur noir. C’était l’héritage qu’Estelle tenait de son défunt père Giovanni Chen, l’ancien Boss, qui avait donné son nom au vaisseau en question. Ce qui était ironique, c’est que ce vaisseau géant Rocket, du nom d’un des plus grands criminels souterrains de l’Histoire, faisait route commune avec des appareils de nombre de gouvernements du monde. Jadis ennemis, désormais alliés inséparables, tous réunis dans un même et nouveau pays.

Estelle avait conscience de la gravité du moment, et de son impact historique. Elle se demandait ce qu’aurait pensé son père de tout ça. Presque toute sa vie, il avait défié l’autorité étatique de diverses régions, il avait corrompu leurs infrastructures, tout cela pour son profit. Aurait-il approuvé que sa fille dissolve la Team Rocket dans une entité fédérale légale ? Oh, il n’aurait pas hésité à s’allier avec d’autres pays pour combattre Venamia. Mais aller jusqu’à devenir l’armée officielle d’un pays intercontinental ? Une espèce de police du monde, alors que la Team Rocket avait toujours au contraire était l’ennemie de la police ?

Estelle n’avait pas la réponse, mais elle avait décidé qu’elle s’en fichait. Giovanni était mort. La boss, c’était elle désormais. Elle prenait ses propres décisions, selon ses convictions. Elle avait aimé son père, elle l’avait respecté, mais n’avait jamais caché leurs désaccords. Le monde faisait face à d’énormes défis, et de nombreux ennemis tramaient des choses dans l’ombre. La Team Rocket ne pouvait plus faire cavalier seul, se dissimulant toujours dans l’illégalité. L’organisation avait un énorme potentiel, et Estelle avait décidé de le mettre à disposition du plus grand nombre, pour le futur de la planète.

Nombre d’anciens Rockets l’auraient traité d’idéaliste naïve, son frère Vilius le premier. Mais Estelle avait vu de très près ce que l’attrait du pouvoir et de l’ambition pouvait créer. Siena Crust avait sans doute résonné en terme de bien commun autrefois. Vilius l’avait vite repérée à cause de son ambition et du futur qu’elle imaginait pour la Team Rocket. Mais malgré cela, elle avait été une fille normale, droite, respectant la vie. On pouvait bien accuser Horrorscor de sa déchéance, mais Estelle était certaine que c’était surtout son ambition personnelle qui l’avait perdue…

- Madame, le général Lance en ligne, fit la voix d’un officier des communications.

Estelle sortit de ses réflexions et appuya sur un bouton de son siège pivotant dernier cri, qui semblait carrément flotter en équilibre. Le visage du Grand Maître G-Man s’afficha sur l’un des écrans de bord. Lance se trouvait sur le vaisseau de commandement de la flotte, le Justice d’Erubin, où se trouvait la reine Eryl. Elle avait été la seule, parmi les Chefs d’Etat de la FAL, à venir. Ce n’était pas du genre des présidents, premier ministres, roi ou autres de se rendre eux-mêmes sur les champs de bataille, après tout. Même Silvestre était resté à Doublonville. Il n’aurait servi à rien ici, et Estelle aimait le savoir en sécurité.

- Nous avons confirmation du nombre de vaisseaux ennemis déployés autour de Veframia, dit Peter Lance à l’écran. Au moins soixante appareils.

- Nous en avons donc plus, commenta Estelle.

- Certes, mais ils auront l’avantage du terrain, et leurs défenses air-sol dans la capitale sont nombreuses. Mewtwo ne pourra pas déployer sa Bombe Psychique avant qu’on ait pu dépasser le barrage ennemi, et de toute façon, il est à parier que Venamia a pris des contre-mesures, comme des Pokemon Ténèbres postés à côté de chaque appareil ou lieu sensible pour contrer l’onde psychique.

Oui, Venamia n’était pas seulement une redoutable adversaire en combat, elle était aussi une stratège reconnue. Son œil Futuriste lui permettant de voir l’évolution de la bataille dans le futur, elle pouvait déjouer les tactiques adverses avant même qu’elles soient mises en œuvre. Mais dans cette bataille, elle ne pourra pas se permettre de rester dans son centre de commandement à donner des ordres. Elle sera obligée de prendre part elle-même à la bataille, ne serait-ce que pour contrer Bertsbrand. Un autre écran s’alluma, établissant la communication avec le général en chef des états majors d’Unys, à bord de son vaisseau.

- Aucune activité suspecte en provenance de Carmin sur Mer, annonça-t-il. Mes hommes ont commencé à investir la ville.

Puis ce fut au tour du chef des armées de Kalos :

- Lavanville est sous notre contrôle. Nous sécurisons la route principale jusqu’à Veframia.

Et ça continua comme ça. L’armée unifiée de la FAL, déployée dans tout Kanto, s’établit dans toutes les villes principales, une à une, sans rencontrer la moindre résistance. En moins de deux heures, tout Kanto fut entre les mains de la FAL. Tout Kanto, sauf sa capitale, bien sûr, qui était désormais proprement encerclée de tous les côtés. En regardant l’écran tactique représentant la région, Estelle se demanda vaguement ce que Venamia espérait de cette situation. Regrouper toutes ses forces en un seul lieu et attendre patiemment d’être encerclé était un non-sens. C’était comme si elle voulait attirer tous ses ennemis au même endroit et en même temps.

Pourtant, ce n’était clairement pas un piège ; la FAL avait confirmation qu’elle était bien à Veframia, avec l’ensemble de ses troupes. Estelle aurait bien aimé un rapport complet de Vilius sur ce qu’elle préparait, mais depuis le retour de Venamia, son frère ne l’avait plus recontacté. Et c’était normal. Vilius ne pouvait plus jouer aux agents doubles avec Venamia dans son dos. Peut-être la Dirigeante Suprême le soupçonnait-elle déjà de quelque chose. Estelle espérait que son frère allait bien, mais elle ne pouvait pas se préoccuper de lui maintenant. Trop de choses étaient en jeu. Et la raison officielle justifiant l’attaque de Veframia était, avant toute chose, la libération du prince Julian. C’était la X-Squad qui était chargée de cette tâche. Et donc, par extension, la Team Rocket et Estelle.

- Nous arriverons dans une heure, déclara Lance à tous les vaisseaux. Mesdames et messieurs de la Fédération des Alliances Libres, vous qui venez tous d’horizons différents, notre but commun se réalise aujourd’hui. C’est la dernière bataille, la fin de la Guerre Mondiale débutée il y a un an et demi. Le futur s’écrira à partir de cet affrontement. Ne flanchez pas. Pour vous, pour vos familles, pour vos pays, pour votre monde !






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Mot de l'auteur :

La fic fête ses 7 ans ! Pour l'occasion, j'ai écris un long commentaire rétrospectif, le numéro 6685, si vous voulez voir.