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» Auteur : Gran Alvaro - Voir le profil
» Créé le 24/11/2017 à 13:33
» Dernière mise à jour le 28/11/2017 à 16:16

» Mots-clés :   Amitié   Famille   Johto   Romance   Slice of life

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Chapitre 1 - Un jour sans fin
C'était une matinée comme une autre. L’aube traversait mes stores tandis que je peinais à attraper mon téléphone qui affichait 6h31…
Tétarte roupillait comme une masse à côté d’une pile de t-shirt. A entendre les Hoothoots sur l’arbre de la cour arrière, il était bien trop tôt pour un adolescent normalement constitué de se lever, surtout pour aller au lycée.

'’ Oh joy's arise
The sun has come again to hold y-


Moi, c’est César, César Gallardo. J’ai 16 ans et je vis sans grande pression. Je m’ennuie un peu à Ville-Griotte, un coin minuscule entre urbanisme et ruralité avec Boutique et Centre Pokémon pour dresseurs en voyage ainsi qu'une épicerie surtaxée où les jeunes se fournissent en bières, en clopes et en whisky. Fort heureusement, Farouk n’est pas trop regardant sur nos pièces d’identité.

Vous l’aurez compris, participer au tournoi de la Ligue Pokémon, devenir le meilleur dresseur et gagner les défis, tout ceci est bien loin de mes centres d’intérêts. Je suis un ado tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui vit dans une région où « humains et Pokémon vivent en harmonie ». Enfin, qu’importe ce que les publicités en disent pour attirer les touristes, Johto est une région morne sans Doublonville. Mettez-vous à ma place : visiter une tour cramée, partir à la chasse aux insectes, glander devant un lac plein de Léviator, tout ça est bien marrant cinq minutes mais à la longue, il faut bien s’occuper autrement.

Bien qu’étant dans le coltard, je n’avais pas de mal à me tirer du lit. L’habitude se combinait assez bien avec le moment privilégié : la famille n’était pas levée, je faisais le café, je nourrissais les copains, puis je m’installais avec mon mug et mes biscuits chocolatés. Tétarte, Elekid et Ténéfix, tels étaient ces camarades qui un jour ont croisé mon chemin, souvent par hasard. Rien à raconter concernant leurs faits d’armes. Ils me tenaient compagnie quand je déprimais et se montraient forts pratiques dans certaines situations. Tenez, à propos de Ténéfix. Je rentrais à pied de Bourg-Geon, après avoir trop traîné chez un copain. Il faisait nuit noire quand se fixèrent devant moi deux pierres luminescentes que j’avais prises pour un véhicule. Ce Pokémon tombait à point nommé : il possédait Flash et je ne pouvais activer la lampe de mon téléphone déchargé cette nuit-là. Depuis, chaque sortie nocturne s’accompagnait de ce fidèle compagnon.

Devant le miroir, j’avais pour habitude de rectifier les quelques points noirs que j’avais sur le visage. J’avais beau me la jouer décontracté, je choisissais toujours des sweats et des t-shirts qui se mariaient à merveille avec mes bouclettes brunes en bataille. Alice avait beau me dire que cela n’avait aucune importance, j’avais envie de me sentir bien dans mes sneakers.

De retour dans le salon, j’ouvrais un rideau qui aveugla Ténéfix et Elekid, tranquillement posés sur le canapé à regarder les informations que j’avais mises en fond sonore.

« …Voilà plusieurs jours que nous sommes sans nouvelles des deux campeurs disparus aux abords de la Route 43. Selon certaines sources, un mystérieux manoir serait en cause. Appelé aussi « La maison près du lac »… » *zzzzap*

Je ne pense pas qu'ils en aient capté grand chose à ces conneries. Bref, il ne fallait pas tarder, le bus était à 7h18 et mes petits gars m’imploraient du regard.

« Désolé les gars, j’ai besoin de vous tous aujourd’hui… »

Ils n’y échapperaient pas non plus, à ce cours de Situation de Combat.. Et ça me gavait autant qu’eux. Bon allez, du courage, il faut partir.

Sur le chemin de l’arrêt de bus, je me plaisais à contempler les petits trucs auxquels personne ne prêtait attention, par crainte du jour où je serai un adulte trop occupé pour vivre. Le réveil des Héliatroncs, les Pomdepiks qui protégeaient leurs nids des Dardargnans, le Canarticho d’une vieille dame qui caquetait sur ceux qui osait s’approcher trop près de sa clôture... Fin septembre, il y avait toujours un soupçon d’été dans ce village calme fait d’arbres et de pavillons. Il y avait de bons côtés à vivre à Ville-Griotte, mais l’ennui était maître ici. Et même la plage où les Tentacools proliféraient n’avait guère d’intérêt si ce n’est celui de rêvasser en fumant une petite clope en cachette…

A peine avais-je le temps de rêvasser que le bus me dépassa. Ma tendance à me la jouer cool me perdra… Avant de monter, il y avait un con qui s’amusait à me faire des doigts alors que je courrais jusqu’à l’entrée de l’autocar. Cet enfoiré de Paul.

Il ne fallait pas croire comme ça, je le connaissais depuis le bac à sable et les goûters de maternelle et on traînait souvent ensemble. C’était le genre grand, un peu roux, très relou quand il s’y mettait mais avec des valeurs - comme il le disait si bien. Il portait le nom de son père, Carrington, bien qu’il ne l'ait jamais connu. Paul était né dans le Merseyside, près de Liverpool, en Angleterre. Il a quitté le pays quand il était tout bébé. Sa mère lui racontait souvent le jour où ils prirent l’avion pour Irisia, le bateau qui allait à Doublonville et l’autocar direction ‘’Kanjoh’’. Tout ceci alimentait tous ses fantasmes sur cet ailleurs. Il se revendiquait de là-bas et vivait pour le Liverpool Football Club.

« … Et ce match contre Sunderland, tu l’as vu ? Oh bordel, Anfield était en feu ! Trois putains de buts ! »

Un mètre quatre-vingts cinq pour presque autant de kilos, avec pas mal de muscle. Et une grande gueule. Une sacrée grande gueule qui empêchait les passagers de dormir. D’un autre côté, je pouvais vous assurer que personne ne m'emmerdait avec un Colossinge pareil.
« Oh dis tu vas t’taire toi là-bas ! »

C’était le même cirque tous les matins, avec Jean-Luc le chauffeur qui hurlait le long de la Route 30 pour se résigner au STOP de la Route 31 en racontant à qui s’y intéressait ses jeunes années sur le Ferry Marina.

« Quand j’ai eu 18 ans, j’ai été engagé comme domestique au service d’une bourgeoise qui se faisait appeler Mademoiselle Naomi. Une vieille fille plus fanée que son Rosélia ! […] Après ma journée je me suis fait invité par les Marins, la murge du siècle qu’on s’est pris ! Ils avaient fermenté les baies les plus DEGUEULASSES ! D’la Baie Mago, d’la Baie Repoi, d’la Baie Framby… »

A ce moment-là je m’étais assoupi, et j’avais sûrement fait l’erreur de ma journée. Carrington m’a réveillé en beuglant Yellow Submarine. Pour ça je le haïrai pendant cinq bonnes minutes.

« Oh allez, ça va, je m’excuse ! T’as qu’à te coucher tôt aussi ! Tu geekes comme une me...

- Non, c’est bon, m’fais pas le coup de l’excuse et de la morale juste après mec, laisse-moi émerger mais pour l’instant tu me parles plus.

-Ouais, ça ira mieux quand tu verras ton crush, dit-il en consultant son téléphone, faussement innocent. »

Purée, je ne lui ai jamais raconté, comment il a su… ?

« Quoi ?! Tu parles de qui là ? demandai-je, pris d’un doute.

-Bah, Alice ducon, des cours jusqu’en étude que tu lui causes. Et ça sent le cruuuush ! Beuglait ce grand con qui gesticulait en rangeant son smartphone. J'ai bien fait de te la présenter hein ?

-N’importe quoi, c’est une bonne pote… Et puis j'ai pas très envie de parler de la zone que je me suis fichu...

C'est une histoire qui datait de l'année dernière. Paul a décrété que je devais me décoincer et une nouvelle élève arrivant en classe, il m'avait matraqué de conseil de séduction pour aborder cette jolie fille. J'ai été forcé à la prendre en embuscade, poussé par mon camarade hyperactif. J'ai balbutié, rougit, elle a éclaté de rire. Et voilà comment Alice s'est mise à traîner avec nous. Elle avait sûrement dû me prendre en pitié.

-Sérieux Gallardo, reprenait Carrington, on le la fait pas à ses vieux amis. T’as le sourire amoureux et les yeux qui brillent, on dirait le type de ‘’Coup de Foudre à Doublonville’’…

Le saligaud m’avait plus ou moins cloué le bec. Il avait tort sur toute la ligne mais…

-Ne me compare pas à cette série pourrie, je me la tape tous les soirs en mangeant. » Concluai-je pour qu’il se taise.

Arrivés au lycée de Mauville, Paul et moi nous sommes posés sur le premier banc et je sortis un paquet de clopes, un briquet ainsi qu’une Pokéball. De la boule rouge et blanche fis émerger Elékid, conscient qu’avec un téléphone à 10 % je ne tiendrai pas la journée. Et oui, je l’avais dressé à ça ce petit gars.

L'Association de Protection des Pokémon m’en voudrait de lui trouver cette utilité, et ceux qui me l’ont offert me jugeraient pour ne pas déjà l'avoir fait évolué... Enfin, j’y reviendrai plus tard, ce n’est pas le moment… En allumant ma cigarette, je savais que je déclencherai une conversation quotidienne. Léger silence entre nous.

«... Bah vas-y, qu’est-ce que tu attends ? Lançai-je à Paul.

-Je n’attendais que ton signal. Arrête de fumer, c’est pas bon pour tes poumons, ni pour les miens.

-Ok, autant le truc comme quoi j’encrassais mes poumons je m’y attendais, mais t’arrives toujours à me surprendre.

Je tirai une bonne taffe que j’expirai avant de reprendre :

-… Mais les tiens ? Sérieux, tu dis ça pour la provoc’ non ? Parce que hein !

-Héhé, j’ai toujours la bonne phrase pour te faire réagir, coupa Paul. C’est vrai quoi, le week-end, je peaufine mes techniques de combat avec les Topdresseurs du bahut. D’ailleurs tu devrais venir à l’un ou l’autre, ça te ferait plus de bien que de geeker avec Palmer.

-Attends, geeker avec Matt ça n’a rien à voir. Et puis ta technique de combat, no comment, t'es un gros bourrin.

-Bouge tes miches, d’autant que ça plairait à Alice.

-Tututut ! Fin de conversation, les v’la. »

Ça le faisait sourire cet imbécile, parce que je ne pouvais pas m’empêcher d’écraser ma cigarette et de prendre un sourire béat. Alice Lazarek, ses cheveux châtains et ses grandes boucles blondes, son regard bleu-vert, son air mature et son visage marqué par les épreuves de la vie. Elle était grande, fine, confiante et assez jolie, ce qui donnait de bonnes raisons à certaines filles de la détester. Alors elle préférait la compagnie masculine, et les jeans plutôt que les jupes. Alice était une amie précieuse, et le fait qu'elle soit à jour sur... mes passions amoureuses nous tendaient un peu plus dans la confidence.

« Bonjour les garçons ! Lança-t-elle chaleureusement en nous claquant la bise. Encore une embrouille ?

-Comme d’habitude hein ? Répondis-je gaiement.

-Mhomme mhabitude hein ? Bougonnait ironiquement l'autre abruti. Comment va la douce Alice ?

-La douce est motivée ! Répliqua Alice du tac-au-tac.

A côté d’elle, une petite brune qui semblait pensive. C’est ce qui faisait tout son charme. Elle mettait des hauts assez amples et un trait de eyeliner, juste assez pour révéler une profondeur d'esprit. Emilie Wanderove, mon crush. Le crush. Je… J’avais le béguin pour elle mais dans le fond je ne la connaissais pas tant que ça. J’avais tiré des informations de mon amie qui, si elle était la personne qui la fréquentait le plus, m’avouait qu’elles avaient des échanges plutôt ordinaires. Elle n'était au lycée que depuis la rentrée. Faisant bonne impression auprès d'Alice, celle-ci a jugé bon de l'intégrer à notre petit groupe afin de lui éviter ces pétasses qui vous parlaient d'amitié pour la vie avant de vous planter des couteaux dans le dos.

Mon indic' me rapporta qu'elle était originaire de Sinnoh, qu'elle aimait les concerts, connaissait assez bien le batteur des Black Marowaks, que ses parents étaient de riches éleveurs et entrepreneurs qui avaient une grande maison au sud de Doublonville. Shinji Kawashima, de la section Topdresseur, avait essayé de la draguer avant de lâcher rapidement. C’était tout, mais j'aimais être intrigué par tant de mystères dissimulés derrière un regard plein de mélancolie. Du moins, c'est ce que je percevais.

On avançait vers les bâtiments et je remarquai qu’Emilie n’avait rien fait d’autre qu’acquiescer depuis ce matin. Je vis ma chère amie me faire des gros yeux pour que je lance la conversation. Mais qu’est-ce que je peux bien lui dire, bordel de fiente de Tauros ? Je me torturai les méninges pour finalement être pris de court.

« Il tient quoi ton Elekid ? Me fit une voix douce, légèrement fluette.

-Mon portable, avais-je répondu sèchement, tout maladroit que j’étais.

Elle m’avait adressé à la parole. Et ça m’avait fait comme une décharge dans le bide. Emilie lançait la conversation et je l’avais close comme le roi des Poichigeons. Vite, pensai-je, il faut relancer !

-Ouais… J’utilise son attaque Chargeur pour mon portable. Et puis ça l’entraîne un peu quelque part…

Je cherchais mes mots au point de baratiner. C’est vrai quoi, le coup de l’entraînement de Kid, c’était nawak. Ça l'avait fait néanmoins réagir.

-Oh, plutôt malin ça. Je n’aime pas trop les combats, le principe ne me plaît pas trop…

-Et merde, me dis-je. Moi non plus je suis pas fan mais avec les cours, les tournois imposés…

-Je suis d’accord. Je ne suis pas très forte en fait… Mes Pokémon sont plus des amis quand… Enfin tu vois ?

-Oui ! C’est exactement ça ! »

Peut-être que je m’emballais mais nous partions sur de bonnes bases. Et puis, ce serait le comble de m’amouracher pour une dingue des combats Malheureusement la conversation s’était interrompue alors qu’on arrivait devant la salle de notre premier cours. Un type à lunettes fermait son PC portable pour m’accaparer.

« Bon alors, tu l’as trouvée cette ligne d’arrivée ? Chambra cet irréductible geek, en référence à notre partie de Starlight Spaceship en ligne de la veille.

-Sans rire, on ne peut pas revenir sur des jeux en duo du type Draco Knights ? Je suis une buse à Starlight Spaceship, je maîtrise pas mon vaisseau spatial… »

Intérieurement, je me sentais tiraillé. La peur de délaisser, sans doute... La brune afficha un sourire déçu en se tournant vers Alice, qui me lança un regard noir. De son côté, Paul échangeait quelques commentaires sur le tournoi de la Zone de Combat avec quelques initiés.

« Sérieux, on ne peut pas être mauvais à ce jeu. Ma petite sœur te poutre sur n'importe quel circuit.

-C’est parce que vous êtes des génies chez les Palmers. »

L'aîné Palmer ne put s'empêcher d'afficher sa fierté par un sourire satisfait.

Mathieu Palmer, dit « Matt ». S’occupe l’esprit avec tout sauf des relations humaines. Il serait gay que je ne le saurais même pas, et ce, même si ça faisait des années qu’on se fréquentait. Parce qu'aussi loin que je me souvienne, parler de ses hobbies surpassait la confidence. Sa plus grande particularité semblait être une collection de produits à de la licence Legend of Enelya, un jeu d'héroïc-fantasy hyper-populaire. Il possédait même une figure du Pyrax sacré sur une étagère sa chambre. Mais réduire Matt à ses passions de nerd serait réducteur.

Dans ce corps frêle tant charrié par mon bourrin de pote, il y a un génie de la stratégie. Pas seulement en terme de combat, non. Pour Mathieu Palmer, la vie entière était un espace où il pouvait mettre en place ses tactiques. Guilhem Alvarez avait eu le malheur de se payer sa tronche, eh bien Matt a créé un faux profil sur une application de rencontre, et envoyé un faux sexto sur son le téléphone du malheureux. Trois ans de relation réduit à néant. Et c'est pourquoi je vous conseille d'avoir les mecs un peu nerd de votre côté plutôt que de comme ennemis. Ils pourraient vous réveiller Groudon juste parce qu'ils sont mal lunés.

La sonnerie retentit en même temps que notre prof d’Histoire arrive en traînant les pieds. Au point que j’eus le temps de récupérer mon téléphone chargé à 100 % de la patte de Kid, puis de le rappeler. On le savait adepte des gueules de bois, notamment parce que ça le faisait profondément chier de nous faire cours. Il semblait donc logique que son cours nous fasse chier. On grattait la première demi-heure, il nous passait un film et la moitié de la classe passait la seconde heure à errer sur les réseaux sociaux. Ce prof ressemblait à un acteur américain d'un film de fantômes. Enfin, je vous laisse deviner qui était l’anglais qui l’avait fait remarquer le premier, images à l’appui. Du coup, ce grand con l'appelle Bill.

En soi, la mythologie de Johto était un sujet assez sympa. J’aimais assez l’histoire des trois chiens légendaires qui auraient été ressuscités par un Pokémon dit « arc-en-ciel », mais il était toujours question de dresseurs au cœur pur dans les légendes. A peine crédible, mais les films d’animation qui en découlaient s’avérait assez sympas.

Mon portable en silencieux, il me notifiait toutefois un message d’Alice. « [ Faut qu’on parle à la pause. ] » Je vais me faire défoncer. Et ça n'a pas manqué, j'étais à peine sorti de cours que la blonde me tira le bras.

« Je t’empreinte ton copain, dit-elle à Paul.

-T’inquiète Branette, répliqua-il sans omettre de faire un clin d’œil. Il va falloir que je lui parle à lui aussi.

Au comptoir de la cafétéria, mon amie ne me dit pas un mot avant de commander son thé au comptoir. Elle posa son gobelet avant de me frapper l’épaule. Aïe !
-Alors je me montre subtile en glissant ton cas à Emilie, je t’offre une opportunité d’avoir un échange bref mais suffisant pour un premier contact, et tu parles Starlight avec Palmer ?!

Je n’ai pas osé dire que c’était Star Fire, Matt estimait que les Starlights étaient trop faciles. Faire cette remarque m’aurait assuré une mort atroce. Fallait pas contrarier Alice...

-Je… Je savais pas quoi dire ! Tu aurais pu me prévenir, on aurait fait un débrief et peut-être qu’on se serait échangé nos numéros !

Elle sortit son Ecremeuh, l’air mauvais.

-Ose encore faire la midinette timide et je te promets que le prochain Réveil Forcé sera pour ta poire. Un peu de Lait Meumeuh ?

Sur le même ton, elle caressa le Pokémon tenant le produit laitier sous la patte sans me quitter du regard. Alice me faisait si peur que je cherchais désespérément du regard ce qui pouvait me sauver. La blonde repris son calme puis soupira.

-Tu vois ? Tu fuis quand tu n’es pas à l’aise. Et par tous les moyens. Je veux bien faire l’entremetteuse mais si tu portes pas tes grelots Gallardo, je lui présente un mec qui aura plus d’audace que toi. Elle n'est pas timide tu sais, juste introvertie. Elle SAIT avoir de la conversation.

-Je sais… »

Purée, bien sûr que je savais ! Mais je ne savais pas quoi faire, elle m’impressionnait. C’est dans ces moments-là que j’enviais Paul, car lui savait y faire. D’ailleurs, c’était tout fier qu’il arrivait à notre table, affichant un numéro sur son écran.

« Julianne Romanski, Troisième année spé Littérature, blonde vénitienne et jambes à en perdre la raison.

-Tu vois César, c’est de ces grelots dont je te parle.

-Je sais.

-Ouais ouais Gallardo, tes petits ''grelots'', fit le grand roux d’un de ces clins d’œil de mufle. T'as perdu ta copine Lazarek ?

Avec tout ça, Alice avait laissé Emilie en plan. Agacée, elle textota la concernée pour qu’elle nous rejoigne. Le message est resté sans réponse et la mystérieuse nous attendait devant la salle.

-Je t’aime bien galinette mais tu aurais pu me répondre, reprocha Alice.

-Oui pardon... fit la petite voix, hésitante.»

La petite brune soupira en regardant une de ses Pokéballs. Elle était blème. Son amie comme moi ne savions quoi penser. Paul lui, n’y prêtait pas attention. Il fixait une paire de fesses qui se dandinait devant lui, et je crois que la plupart des mecs de la classes louchaient dessus. Eurasienne plantureuse, Tiffanie Tarrell était un modèle de charisme et de réussite. Chef de classe, présidente du club de musique, capitaine de l'équipe de handball... Tout le monde aimait Tiffanie. Personnellement, je ne me suis jamais fait à ce ton que je trouvais à la fois hypocrite et intéressé. Il lui arrivait de discuter avec Paul qui faisait le beau devant elle, alors qu'Alice partageait mon avis sur cette fille. Mathieu s'en fichait. Par contre, je savais pas trop ce qu'Emilie en pensait.

Les Tarell étaient à la tête dans la Sylphe SARL, ou quelque chose comme ça. Tout ce que je sais, c'est que chaque technologie au service de nos Pokémon avait été pensé par des membres de sa famille, lors de réunions de brainstorming dans un complexe aménagé de sorte à ce que les ingénieurs innovent afin de préserver l'harmonie entre humains et Pokémon. Je connaissais la publicité par-cœur.

Elle traînait avec Grégoire Terrance, ou plutôt devrais-je dire Greg Terry, grande superstar des réseaux sociaux au style travaillé. Son sweat shirt clamait haut et fort son identité sexuelle : Gay Icon. Ce gars me débectait parce qu'il était passé expert dans la pratique du commérage. Alice lesbienne ? Greg Terry. Guilhem qui balance à Matt qu'il est poképhile ? Greg Terry.

Alice et moi avions un rapport hostile à ce duo. Jusqu'ici, nous nous contentions de les ignorer. Paul lui, paradait devant la belle eurasienne. Mais les choses ont changé à la cantine....

Nous mangions toujours à une table de six. Il y avait Paul, Matt, Alice, Emilie et moi. Selon les options et les humeurs de chacun, il arrivait que certains d’entre nous déjeunaient ailleurs, quand Paul était puni par Alice ou si Matt allait en option Pratique de Logiciels. Nous avions tout de même l’habitude d’être cinq, voire six. La conversation se portait majoritairement sur le cours tant attendu de l’après-midi, le fameux « cours de Combat » qu'on appelle dans le milieu scolaire « Situation de Combat ».

« En simple je suis certainement dans le Top 3 de la classe, se vanta Paul.

-T’es un bourrin, souffla Matthew en coupant sa viande.

-Il n’empêche que si tu considères le niveau général, je suis plus en concurrence avec Guilhem que César. Sans offense mec.

-T’es excusé, soupirai-je…

-Bonjour la modestie, ironisa Alice qui leva les yeux. Et paye tes grelots César...

Si vous voulez mon avis, Paul ne ment pas mais il y a quand même quelques cadors de l’arène dans notre promo. Dont Guilhem qui, bien que prétentieux , forçait le respect. Établir un classement me paraissait toutefois inenvisageable. Trop de données entraient en compte, selon Matt.

-Bref, quelqu’un sort ce week-end ? »

Alice n’a pas eu le temps de changer de conversation que l’attention générale se porta sur celle qui s’était arrêtée devant notre table, accompagnée de son mécheux métrosexuel portant un bonnet dans la cafétéria. Tiffanie…

« Salut Paul, je vois que tu es occupé ce midi mais un café après les cours te tente ? Proposa-t-elle poliment.

-Fais ça Paul, et tu quittes cette table, répliqua ma blonde.

Tiffanie s'étonna.

-Tu ne m'aimes pas hein ?

-Non.

-J'ai l'habitude... Paul ?

-Héhé, deux jolies dames qui se battent pour moi, me chuchota Paul. Du calme, je t’aime bien Tiffanie mais, samedi, je vois Julianne Romanski. En se penchant vers moi, il chuchota : Règle numéro un, toujours dire la vérité.

Le visage allongé afficha une mine déçue, répliquant par un « Je t'en prie » avant d'avancer. Grégoire lui, se positionna à côté d'Emilie, en bord de table.

-Comment vont les amours ?

-H-Hein ? Sursauta la concernée.

Saisissant l'approche de sa pote, il prit un ton mesquin, en s'adressant à la tablée. Vous savez, comme le type déguisé en Cacturne dans cette série à rallonge là, « Pokémon and Friends ». Je devrais avoir honte de connaître ça, mais pour ma défense, je me la coltinais à tous les repas du soir.

-Vous ne le savez peut-être pas mais cette petite aime bien sortir le soir, après les cours. On se croise souvent dans les concerts, les bars... Oh, au fait, Emy, tu ne leur as pas raconté ? Vu leur mine...

-Stop ! Cria Emilie, à la surprise générale.

Brusquement, elle se leva pour vider son plateau, suivie par Alice qui eût à peine le temps de dévisager Grégoire pour s’inquiéter de l’état d’Emilie, visiblement énervée. Pour ma part, je n'avais pas bien compris ce que l'autre avait bavé. Pas plus que les gars.

« Elle ne nous invite jamais… Ironisa Matt.

-Non, mec, on ne déconne pas avec ça, répondit Paul d’un air sérieux. Règle numéro 8, on ne touche pas aux copains. Et bonnet-man a enfreint mon code d’honneur.

-Ta gueule avec ton code, franchement, en plus t’as dû échanger trois mots avec Emilie depuis qu’on la connaît, reprit le myope astigmate.

-Shut up. »

Suite à quoi nous sommes sortis et avons passés la pause entre mecs. Derrière les bâtiments , le lycée avait aménagé un espace pour que nous puissions sortir nos Pokémon. Un écosystème miniature avec point d'eau, espaces rocheux, forêt et même une serre où il ne fait pas plus de 5 degrés pour nos type Glace. Il fallait bien qu’ils se nourrissent et se dégourdissent ces petits gars, malgré les quelques soucis dus aux coupes budgétaires... Bref, je ne suis pas là pour juger. A chacun de mes petits potes, je donnai une portion, puis je remarquai que Paul ne sortait que Braisillon et Octillery.
« Et ton… ?

-Si je la sors la pause va partir en vrille, interrompit le rouquin.

-Pokémon bourrin pour un gros bourrin, lança un Matt sarcastique qui avait sorti un Roigada, un Magnéton, ainsi qu’un Chapignon.

-Un bourrin qui met une tannée à ton équipe…

-Non mais calmez-vous les mecs, on a une pote qui n’a pas l’air d’aller et vous pensez castagne ! »

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il m’arrivait de m’énerver. Surtout quand ces deux-là étaient à deux doigts de se lancer dans un duel. Putain, j’en ai eu ma claque de passer des après-midis à arbitrer leur combat à cause d’un jeu qui avait mal tourné. Il n’y avait qu’une clope pour me détendre.