Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Assombri [Concours USUL 2017] de Wiziry



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Wiziry - Voir le profil
» Créé le 31/10/2017 à 13:33
» Dernière mise à jour le 31/10/2017 à 13:33

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Alola   Fantastique   Présence de poké-humains   Présence de Pokémon inventés

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Le plaisir de vivre
Au milieu des fleurs, les Guérilande et les Croquine dansaient de telle façon qu'on aurait dit que ce court moment de l'aube, là où le soleil croise la lune qui se couche et que chacun se substitue ; le second moment de la journée où l'on ne saurait dire s'il fait jour ou nuit.
Alors qu'elle se penchait au-dessus de moi, il n'était plus qu'à quelques mètres d'elle, ce malotru qui savait pas par où tenir le bout de son fusil, elle a fait barrage pour me défendre. Il était apparu comme cela, au milieu du champ, et m'avait tiré dans le dos. J'pissais le sang.

Si j'avais su que ce chasseur à la cicatrice prévoyait de me tuer.

Si j'avais été vérifié que la bête y était plus.

Si j'avais compris, avant qu'il le dise, qu'en fait, lui et la bête étaient la même personne.

J'aurais pu appréhender, j'aurais pu le tuer.
Mais il était là comme le trouble-fête d'un lieu où on l'avait pas invité et il m'avait tiré dessus parce que j'étais un rival à sa suprématie de chef soi-disant.

Milly m'a dit que c'était un Pokémon ; un Lougaroc qu'elle voulait capturer la semaine d'avant. Sauf que depuis qu'il avait tué sa mère et son Miaouss et bah elle avait su qu'il était pas un Pokémon. Selon elle, jamais une de ces créatures auraient pu être aussi méchantes naturellement.
Elle voulait pas croire un prof qu'elle a appelé Euphorbe quand il lui a dit qu'à Alola, avant, on assistait à des personnages qui devenaient des Lougaroc. Elle a dit que c'était des légendes bonnes à faire rire les enfants. Mais, en réalité, c'était ces légendes qu'elle cherchait depuis la mort de ses parents. C'était cette même bête qu'on pensait tous qu'elle avait tué qui était en fait ce chasseur, buveur de Café Granbull, du bar qui m'avait tiré dessus et menaçait d'exploser Milly si elle se poussait pas de son chemin.


C'est, dans ces moments-là, quand le héros est au sol, qu'il est censé se relever et mettre une déroutée au vilain pour sauver la demoiselle et recevoir le baiser tant convoité.

Mais c'est pas un conte de fées.

Ce qu'il s'est passé, c'est qu'il a voulu me tirer dessus et qu'elle s'est jetée sur son bras pour le retenir. Jamais je n'avais vu autant ses ongles se planter dans la peau de quelqu'un, on aurait dit des griffes. Comme si l'espace d'un instant, elle était comme moi.
Ce gros imbécile ne savait plus quoi faire. Il avait passé toute sa journée à la convaincre que j'étais un monstre et quand il avait la preuve ; en chair et en os, elle refusait de le croire.
Il a essayé de me tirer après la première fois où il m'avait eu par surprise mais s'était raté et la balle avait fini dans le refuge d'une famille de Bombydou.
Là, c'est qu'il s'était encore loupé l'bougre, il avait p'têtre une excuse cette fois. Je veux dire c'est qu'elle le griffait bien le pauvre gars. Et je sais qu'il pensait pas à mal sinon pourquoi il se serait enfui en courant ?
Alors quand j'ai vu son doigt frôler la gâchette, j'ai eu envie de l'insulter de tous les noms. J'ai eu envie de hurler sur les toits. J'ai eu envie de jurer comme jamais auparavant : Putain ; Bon sang ; Vindiou ; Fais chier ! Y pouvait pas faire attention à pas la toucher, elle ? C'était que moi qu'il voulait, non ?! Mais tout ce qui sortait à ce moment-là, c'était un hurlement de peur. J'avais peur pour elle et elle en saurait sûrement rien.

J'avais hurlé de douleur à sa place.

Hurler à mort pour sa mort.

Je ne suis même pas sûr qu'elle ait vu ce trou dans son bras d'où le sang coulait.


Ses longs cheveux châtaignes ondulaient le long de son corps et protégeait, ou du moins, couvrait sa blessure. On ne voyait plus le sang tomber, goutte à goutte, sur le sol et alors que mes yeux se fermaient, je l'ai vu - il m'a semblé - me sourire. Elle s'est tournée à moi dans ses derniers instants pour me rassurer.
Je sais pas si c'était à cause des Picassaut, qui piaillaient en se réveillant dans les arbres, ou même si c'était les bruits des ailes de Bombydou qui guettaient les Mimantis qui m'ont distrait. Mais ce qui comptait c'est que ses lèvres avaient bougé et le vent - ou le fait que j'avais appris à la connaître - m'ont fait comprendre partiellement ce qu'elle me disait. Là, tombant en essayant de me protéger, sur sa porcelaine, ses lèvres bougeaient légèrement pour me dire : "Je t'aime"


Je n'avais rien de ce chevalier en armure flamboyante. Elle n'avait rien de cette princesse en détresse que j'espérais sauver.

Elle était mon chevalier.


Je pouvais pas rester là à rien faire, alors qu'elle sanglotait par ma faute, qu'elle perdait sa vie par ma faute, qu'elle avait pris une rouste par ma faute.
J'ai rampé à elle, c'était plus rapide que ce à quoi j'm'attendais. Faut bien croire que l'adrénaline nous pousse littéralement. J'étais plus qu'à quelques centimètres de ma jambe et elle me souriait. Jamais je n'avais vu un aussi beau portrait que Milly étendue sur le sol, ses cheveux tombant sur les fleurs, sa bouche semblant embrasser tendrement la rosée, ses yeux apaisés semblant me chercher.

Il m'aura fallu apercevoir le reflet des lueurs rosâtres de l'aube dans ces yeux pour contempler le monstre que j'étais.
Comment peut-on sourire autant à un monstre dont les poils oranges cachent la peau hardie du fermier, dont la crête marron dissimule des cheveux ébouriffés bruns, dont les yeux profondément verts reflètent mon angoisse ?

C'est en voulant lui sourire, en voulant lui répondre que j'ai trouvé ma réponse, mes crocs blancs.
Je regrette peut-être à ce moment-là d'avoir écouté ce que disaient les gens. Ils disent que quand on meurt, on voit toute sa vie défiler devant ses yeux. Pourtant, c'est un mensonge. Parce que moi, je n'ai vu qu'elle. Je n'ai pensé qu'à elle mais ce faisant, je n'ai pas pensé à ce qu'elle aurait pensé de moi. Quand j'ai planté mon croc anciennement blanc dans sa jambe et qu'elle a hurlé, qu'est-ce qu'elle pensait ? Était-ce un merci ?
La seconde d'après, j'aurais juré que ma vision s'était troublée. Elle n'était pas devenu cet infâme monstre aux couleurs aussi vives et peu accordées d'un brasier, elle était devenue la plus belle monstruosité que j'aurais pu connaître.

Il me semblait dans son regard bleuté retrouver mes yeux verts vifs, pourtant.
Il me semblait bien dans son hurlement entendre ma voix qui résonnait, ce soir-là.
Il me semblait bien dans sa crête retroussée de poils blancs retrouver ma crête hérissée de poils noirs.
Il me semblait bien voir dans son magnifique pelage rosâtre un reflet de l'aube que se levait derrière elle, là où mes touffes oranges me ramenaient au crépuscule.

Je l'avais fait fusionner avec l'aube, dans l'espoir de l'emporter avec moi au crépuscule
Qu'est-ce que j'aurais donner pour pouvoir rester là, allongé dans le champ, ma tête contre sa tête, mes bras autour de son corps, ses bras autour de mon cou, sa bouche contre ma bouche.






















9/ 07 / 2016 :
10 H 07 - Il est encore venu la voir à l’hôpital
17 H 25 - Il est reparti en lui laissant un grand bouquet de camélias

10 / 07 / 2016 :
13 H 34 - Il est venu lui tenir la main
14 H 23 - Il a demandé si elle avait bougé. On lui a répondu que non.

12 / 07 / 2016 :
17H23 - Il a laissé un livre avec un conte sur des Loups et bêtes magiques.

15 / 07 / 2016 :
06 H 27 - Le cœur de la patiente s'est emballée
06 H 34 - Son rythme cardiaque est revenu à une fréquence normale de battements

16 / 07 / 2016 :
10 H 12 - Alors que je vérifiais les perfusions, il lui racontait une histoire. De je ne sais quelle bête qui l'aurait transformé en je ne sais quoi.

19 / 07 / 2016 :
16 H 32 - Alors que je passais devant la chambre, il lui a raconté une histoire. Je me suis arrêtée, il me semble qu'elle souriait.

21 / 07 / 2016 :
19 H 47 - Il lui a raconté la fin de son histoire : le personnage principal transformé meurt mais sauve la demoiselle.
20 H 08 - On l'entend pleurer dans tout le couloir.

25 / 07 / 2016 :
17 H 23 - Il lui a apporté un morceau de tarte aux pommes et l'a posé à côté d'elle.

28 / 07 / 2016 :
06H39 - Il est ressorti de la chambre et m'a demandé où elle était. J'ai dû lui dire que Milly était morte.