Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Reviens ! de Pikiwaii



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Pikiwaii - Voir le profil
» Créé le 29/10/2017 à 13:29
» Dernière mise à jour le 31/10/2017 à 18:38

» Mots-clés :   Alola   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de personnages du manga

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 3
La jeune fille aurait voulu profiter du voyage pour regarder, au moins un peu, la carte d’Akala, mais elle était trop fatiguée. Une fois encore elle s’endormit. Un bruyant groupe de touristes s’apprêtant à débarquer la réveilla. Elle débarqua embuée à Ho’ohale. La ville était semblable à Malié sur un point. Des gens. Des gens partout. Absolument partout ! Elle poussa un profond soupir. Léopardus était-il au moins descendu du bateau précédent ? Elle s’engagea dans la foule. Ce n’était pas une bonne idée, elle était bousculée de partout. La jeune fille trouva refuge derrière un Centre Pokémon, la route continuait et semblait mener à un hôtel. Chercher Léopardus là-dedans était une idée pire que chercher Alexia à Malié. La dresseuse n’était même pas sûre qu’il fût ici. L’adolescente allait partir quand une forme noire attira son regard. Ça s’était dirigé vers une route toute proche. Elle avança un peu. Un panneau indiquait la route 4. « Je peux toujours jeter un œil rapide ».

Le coup d’œil rapide se transforma en pénible parcours de la route sinueuse. Elle ne rencontrait pourtant pas autant de difficulté avec les Pokémon sauvages chez elle. L’adolescente arriva dans un village aux allures de western. Les maisons étaient en bois, le sol en terre, il y avait de profondes traces de pneu par endroit. Le vent soulevait un peu de poussière. Une énorme tête de Tauros en bois sculpté trônait au dessus d’une maison. C’était silencieux. C’était désert. Un village fantôme ? Elle aperçut la forme qui longeait les murs. La jeune fille se cacha immédiatement derrière une caisse qui trainait. Elle n’avait pas été repérée. Elle s’approcha discrètement se cachant tantôt derrière un énorme pot à lait tantôt derrière un coffre. C’était Léopardus, elle en était certaine à présent. Il sortit du village. Avant de s’engager à sa suite, la dresseuse entra dans le Centre Pokémon devant lequel il était passé. Sait-on jamais, elle n’allait pas refaire la même erreur et ne pas soigner ses Pokémon alors qu’elle en avait peut-être l’occasion. Léopardus ne l’avait pas vu, il ne fuyait pas, elle le rattraperait bien. Il y avait une infirmière, une boutique avec des vendeurs, un bar avec un client au comptoir. L’infirmière soigna ses Pokémon sans broncher. Elle trouva bizarre de trouver un Centre Pokémon ouvert, avec des personnes à l’intérieur qui semblaient mener une vie normale alors que le village était désert. L’adolescente ne posa pas de question, elle ne voulait pas le laisser prendre trop d’avance, et alla là où Léopardus était partit. Elle avait mal aux pieds, elle voulait dormir et espérait ne pas avoir à marcher trop longtemps. Devant elle il y avait une barrière ouverte. Etait-ce une propriété ?

En avançant la jeune fille se rendit compte qu’il y avait plusieurs enclos vides. De nombreuses bottes de foin étaient entassées à quelques endroits et des rampes incongrues posées de-ci de-là. L’herbe était jaune, complètement desséchée et cassait sous ses pas. Au moins aucun Pokémon n’était caché dedans. Le parc de Malié ressemblait à une savane, ici la savane était morte. A force de zigzaguer elle tomba sur une petite maisonnette. Elle jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur. Il y avait une espèce de comptoir fait de vulgaires caisses empilées et de planches posées par-dessus, des outils étaient rangés dans un coin. Un tableau de photos au mur, un cactus, un banc c’était tout. Il y avait une porte derrière le comptoir de fortune mais elle semblait bien verrouillée. Bien évidement personne. Elle ressortit.

Le chemin se scindait en deux. Lequel prendre ? En plein milieu du passage l’adolescente regarda d’un côté puis de l’autre. Elle vit Léopardus. Paniqué elle couru se cacher derrière une voiture d’un rouge foncé délavé. Il ne l’avait pas vu et marchait tranquillement. Il était vraiment très foncé. Quand il fut hors de vue, elle alla à sa suite. Le paysage changea rapidement. Le chemin était bordé de plantes en tout genre et de fleurs. Tout était toujours fade, délavé et fané, et même plus qu’à Ekaeka, mais elle préférait cela au paysage mort qu’elle venait de traverser. Quel genre de ferme pouvait-ce bien être ? Le chemin tournait vers la gauche mais elle suivit Léopardus à distance le long d’un sentier qui longeait un important relief. Ce rythme lent lui convenait, l’adolescente n’avait plus la force de grand chose. Elle s’arrêta derrière un rocher, il était un peu en avant, devant une élévation de terrain. La différence de niveau était assez importante, mais il sauta et disparu. La jeune fille se retrouva bloquée, impossible pour elle de le suivre par là.

L’adolescente s’assit contre la roche, cela lui fit un bien fou. Elle sortit sa carte et regarda le plan. Elle était arrivée à Ho’ohale, avait prit le chemin au niveau du Centre Pokémon pour s’engager sur la route et était arrivée à Ohana. « Ville fondée avec les Pokémon, pour les Pokémon » … mais il n’y avait pas le moindre Pokémon. Juste après c’était le Ranch Ohana. La carte parlait de « pâturages » … quelque chose n’allait pas. Quelque chose n’allait pas du tous. Elle réprima son angoisse et continua l’analyse de la carte. Ensuite la route 5 … impossible d’aller plus haut, pas d’autre solution que de faire le tour. Et quel tour ! Il fallait contourner un énorme volcan. Ça la déprima complètement, elle était trop fatiguée. La dresseuse appela ses Pokémon. La jeune fille avait besoin de sentir son fidèle Ponchien et son Chovsourir si maladroit mais si gentil près d’elle. Ponchien poussa de petits gémissements plaintifs, elle le serra dans ses bras. Il était chaud, elle avait l’impression que cette chaleur se déversait peu à peu dans son corps et lui redonnait de l’énergie et du courage. Chovsourir était dans son cou, c’était une boule, douce, tiède, agréable. Leur présence la réconforta. Elle avait envie de dormir. Mais il fallait continuer. Lui barrer la route en passant par l’autre côté. Etait-ce la meilleure solution ? Elle ferma les yeux mais les rouvrit aussitôt, avant que la lutte ne devienne impossible. Inspirant un grand coup elle se leva. Tous les muscles de son corps gémirent. Elle avait marché des kilomètres mais continua avec ses compagnons.

Redescendant le chemin la sœur de Matis y réfléchissait. Elle venait juste de le réaliser, mais depuis combien de temps marchait-elle ? Plus elle y réfléchissait plus elle se réveillait. Depuis combien de temps durait cette journée ? Le soleil n’aurait-il pas dû être couché depuis longtemps ? Il devrait faire nuit noire. Elle devrait peut-être même être à sa deuxième journée à Alola. Or le soleil était toujours assez haut dans le ciel. La jeune fille récapitula la journée dans sa tête : réveille en milieu de matinée, recherche de Léopardus jusqu’au début de l’après-midi, voyage jusqu’à Malié, attente à l’embarcadère jusqu’au milieu de l’après-midi. La dernière fois qu’elle avait vu l’heure c’était à cet embarcadère. Depuis elle n’avait pas vu la moindre horloge. Nulle part, pas même quand elle était repassé par les embarcadères. Depuis le temps semblait s’être arrêté. Ou du moins passé au ralentit. Elle n’avait pas faim. L’adolescente sentit à nouveau l’angoisse monter en elle. Comme s’ils le sentaient, Ponchien marcha plus près de ses jambes et Chovsourir la frôlait presque de ses ailes. La dresseuse fit tout ce qu’elle put pour chasser ces idées de sa tête, il ne fallait pas inquiéter ses Pokémon. Elle se concentra sur le chemin. Elle venait de repasser devant le ranch, le chemin qu’elle suivait maintenant était parfaitement droit. Il devrait y avoir une bifurcation bientôt.

La jeune fille s’était arrêtée devant une grande arche métallique. Il y avait beaucoup de monde. Encore. Elle vérifia sur la carte. C’était bien là. Il fallait juste suivre la rue pour sortir de l’autre côté, puis suivre à peu près le contour de l’île. La dresseuse fit rentrer Ponchien dans sa pokéball, il risquait de trop se faire bousculer et marcher sur les pattes, ainsi que Chovsourir qui n’était pas adepte des bains de foule. A sa grande surprise ce ne fut pas trop compliqué d’avancer dans cette foule. Comme ce n’était pas vraiment une ville, mais plus une rue, les gens n’avaient mille endroits où aller et ne marchaient pas dans tous les sens. Elle passa devant un imposant bâtiment coloré, de ce qu’elle voyait mais les couleurs étaient vraiment de plus en plus ternes. Il y avait de gros spots lumineux et de grandes poupées gonflables en forme de Pokémon étaient accrochées à l’entrée. Il semblait attirer toutes les foules. L’adolescente réussit à aller de l’autre côté de la rue et éviter la cohue qu’il y avait devant. Un peu plus loin elle passa devant ce qui lui semblait être un supermarché. Puis enfin, de nouveau une arche, elle était hors de cette foule.

La route devant elle était rocailleuse. Au fur et à mesure que la jeune fille avançait le volcan se dessinait et un tunnel se profilait. Le volcan semblait actif, de nombreuses fumeroles s’en échappaient. C’était surement dangereux là-haut. Elle espéra que Léopardus ne s’y dirigerait pas, elle n’avait pas du tout envie de gravir ce volcan mais plutôt de partir loin. Cette pensée lui remémora les paroles d’Erika, qu’elle devait cesser de poursuivre Léopardus… Elle y réfléchit. Elle y réfléchit beaucoup et longtemps. Cela occupa tout son esprit, au moins elle ne pensait plus à toutes ces choses étranges autour d’elle. Elle parvint à une conclusion : non elle ne devait pas cesser de poursuivre Léopardus ! Léopardus était son Pokémon ! Elle l’aimait ! Si elle arrêtait de le suivre, comment pouvait-il savoir qu’elle l’aimait ? Si elle arrêtait et partait, il ne pourrait pas comprendre qu’elle l’aimait et ne lui prouverait juste pas. Elle était déterminée à retrouver son Léopardus.

Plongée dans ses pensées, elle avait avancé en ne sentant plus la fatigue. Elle longeait un bord de mer plus végétal depuis un moment. Près d’elle un chemin quittait la route et semblait s’enfoncer dans la forêt. Elle regarda sa carte. Ce n’était qu’un petit cul-de-sac. Elle continua sur la route. Après avoir marché encore un peu elle tomba sur un Centre Pokémon et juste à côté un motel. Elle le supposait au bâtiment identique à son motel. Après c’était la mer. En face, un chemin menait vers la Jungle Sombrefeuille selon la carte. Elle n’avait pas rencontré Léopardus, ou alors elle l’avait loupé. Elle suivit tout de même le chemin jusqu’à la jungle et s’y engagea. Très rapidement le sentier disparu et le terme de forêt vierge s’imposa pour décrire le capharnaüm de plantes qui s’offrait à elle. Elle était entourée d’une sombre flore verte grisée et hostile. C’était impraticable. Tout aussi déterminée qu’elle était à retrouver Léopardus, cela ne justifiait pas de se perdre volontairement. D’autant que ce n’était pas sûr qu’il était là. Il pouvait être n’importe où sur l’île. Il pouvait à nouveau avoir sauté sur un bateau et se retrouver sur une autre île. Il pouvait avoir sauté sur un bateau en partance vers une autre région. Elle en frissonna. Elle s’efforça de raisonner de la manière la plus rationnelle possible. Elle n’avait pas prévenu la police, il fallait qu’elle la prévienne. Elle devait rentrer à Ekaeka et aller expliquer la situation aux agents, eux ils s’auraient retrouver Léopardus. Chercher de l’aide ce n’était pas abandonner.

L’adolescente consulta la carte, c’était quasiment en ligne droite pour rejoindre Ho’ohale, puis il fallait « simplement » traverser la ville. C’était tout de même un très long chemin. Elle poussa un long et profond soupir. La jeune fille avait beaucoup trop mal aux pieds, et s’assit sur Ponchien pendant le trajet. La dresseuse se sentit stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt. Elle était certes, désormais un peu trop grande pour ce genre de chose, mais c’était bien moins fatiguant de se faire transporter et ça lui évoquait d’agréables et rassurants souvenirs. A se faire ainsi porter elle se rendit compte à qu’elle point elle était éreintée. Ponchien avançait doucement pour ne pas la bousculer et se retournait régulièrement pour voir si tout allait bien. A Ho’ohale elle dû le rappeler, il y avait trop de monde. Elle traversa la ville en longeant les maisons pour éviter au maximum la foule puis somnola durant la traversée en ferry. Il lui sembla que le soleil était en train de se coucher. Arrivé à Ekaeka elle se sentait un peu mieux. Cette sensation partit quand elle découvrit que le commissariat était fermé. Les commissariats ne sont-ils pas censés être toujours ouverts ?

La jeune fille prit la direction de son motel. Que pouvait-elle faire d’autre ? Juste avant la sortie de la ville, elle s’accouda à la rambarde qui surplombait la mer. Le soleil s’apprêtait à plonger dans la mer. Enfin ! Le temps qui ne passait pas, ce n’étais peut-être qu’une sensation sans importance. Les couchers de soleil d’Alola étaient réputés. Le ciel, la mer, n’auraient-ils pas dû être en feu ? Soudain elle réalisa. Si tout était si terne, c’est parce que le monde se délavait. Les couleurs s’effaçaient pour devenir nuances de gris. Tout devenait inexorablement gris. Dans une intuition elle retourna. Léopardus était devant elle. Son souffle s’arrêta. Il était devenu parfaitement noir. Le museau et les yeux ne se distinguaient plus. Un noir sans reflet, sans ombre. Une forme d’un noir complet, total qui à présent s’enfuyait loin. Ces dernières tentatives de se raccrocher au rationnel échouèrent. Le mauvais pressentiment qu’elle avait senti mais ignorer, l’angoisse qu’elle avait réprimée, tout ressortait. Elle avait peur.