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Sol Lucet [Concours USUL 2017] de Verocayden



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Informations

» Auteur : Verocayden - Voir le profil
» Créé le 28/10/2017 à 04:27
» Dernière mise à jour le 28/10/2017 à 04:27

» Mots-clés :   Alola   Amitié   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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Aube
J’ai regardé furtivement le ciel. Les étoiles et la lune étaient restés invisibles, toujours dissimulés derrière d’épais nuages, créant une absence de quelconque lumière naturelle. Tout était calme…
Si j’avais su que ce serait la dernière fois que je verrais le ciel avant un long moment...
Elsa-Mina m’a fait signe de la suivre et nous sommes descendus aux sous-sols.

Les laboratoires de la Fondation Aether étaient froids. Non pas par le fait qu’on y grelottait, mais plutôt en raison de cette blancheur immaculée. Le blanc, couleur de la pureté, de l’innocence et de la connaissance. Le blanc, qui dissimule toute émotion. Tout était si propre, ordonné. Chaque chose à sa place, chaque place pour une chose. Aucun point noir, aucune saleté.

-Bienvenue dans les laboratoires! s’est exclamée Elsa-Mina. Tu n’y es jamais venu, non? Ho ho, c’est la propreté des lieux qui te rend bouche bée? Ne t’inquiète pas, tu t’y feras!

Elle m’a donné une petite tape dans le dos, a étouffé un rire et s’est dirigée vers d’étranges boîtes.

-Ce sont des enclos dans lesquels on endort des Pokémon. On attend qu’ils soient prêts à retourner vivre dans la nature avant de les relâcher.

Alors que je regardais à la ronde, un Pokémon a attiré mon attention. On aurait dit un petit nuage souriant. Il répétait de petits sons.

« Piou! Piou! »

-Il est mignon, non? a commenté la présidente de l’organisation. On fait des expérimentations sur lui ces derniers temps. Apparemment, il pourrait ouvrir une Ultra-Brèche qui nous permettrait d’entrer dans la dimension parallèle des Ultra-Chimères.

Elsa-Mina s’est approchée de moi et m’a murmuré à l‘oreille que peu de personnes sont au courant de l’existence de ce Pokémon. Elle a insisté sur le fait qu’il ne faut absolument pas qu’il tombe entre de mauvaises mains.

-Si tu vois qu’il est en danger, sauve-le, je t’en prie. Il est notre seul espoir de sauver les Ultra-Chimères… et peut-être aussi mon mari…

J’ai scruté le nuage volant.

-Sait-on comment il peut ouvrir une Ultra-Brèche? ais-je demandé.

-Malheureusement, non, a soupiré Elsa-Mina.

Après quelques minutes de réflexion, j’en suis venu à une hypothèse… Je n’ai pu m’empêcher de la confier à la dirigeante.

-Souvent, lorsqu’ils ont peur, les Pokémon se réfugient dans leur habitat habituel ou dans leur Pokéball. Comme tu m’as dit l’autre jour que seules les Ultra-Chimères pouvaient ouvrir des voies vers leur univers, cet être pourrait-il être considéré comme une Ultra-Chimère? Si c’est le cas, s’il était effrayé, se réfugierait-il dans l’autre dimension, son chez-soi?

-Ce n’est pas fou, a avoué Elsa-Mina. Nous devrions essayer…

J’ai tenté de l’empêcher de commettre un acte irréparable, en vain. Elsa-Mina, absorbée par cette envie de revoir un jour son mari, obnubilée par ces Ultra-Chimères à qui elle s’identifiait tellement, ne pouvait entendre ma voix.
Elle a levé une main menaçante vers la créature. Apeurée, la pauvre bête a tenté de s’échapper, et voilà qu’une Ultra-Brèche s’est ouverte. Alors que la jeune femme tentait de s’en approcher, je n’ai pas eu d’autre choix que de m’interposer :

-Ne comprends-tu pas? Ce que tu t’apprêtes à faire, c’est de la pure folie. Tu n’as pas idée de ce qui pourrait t’attendre une fois rendue là-bas!

Rien à faire. Elsa-Mina, incitée par le serpent, a croqué le fruit de la connaissance, envahie par la curiosité. Elle n’avait pas choisi de le faire car cela l’enchantait, mais plutôt parce qu’elle savait que c’était interdit. Tout être humain doté de curiosité aime braver les interdits. En revanche, tôt ou tard, le destin nous rattrape toujours…

Tout s’est enchaîné brusquement. Le temps s’est ralenti. Alors qu’Elsa-Mina se préparait à poser le pied dans l’Ultra-Brèche, une créature sibylline en surgit. Elle ressemblait à la méduse dont m’avait parlé Lilie. La bête semblait vouloir attaquer Elsa-Mina. Puis, un éclair pourpre. Un nuage de poussière. La créature se replie, bat en retraite dans la brèche qui se referme aussitôt.

-La pauvre petite chose, a murmuré la présidente. Elle devait être étourdie dans ce laboratoire… J’en suis sûre, c’était une Ultra-Chimère!

Le nuage violet laissait échapper de petits cris de joie, ne se sentant plus menacé.

« Piou! Piou! »

-Heureusement qu’il était là, ai-je soupiré. Il faudrait absolument trouver un moyen de maîtriser ces créatures. Si jamais elles devaient se retrouver dans notre monde…

Elsa-Mina ne parlait pas. Muette comme un Magicarpe, bouleversée par la détresse de la méduse. Préoccupée, elle ne savait pas que penser des récents événements. Que penser des Ultra-Chimères? Peut-on leur pardonner? À quel point ces créatures souffrent-elles? Tant de songes que j’imaginais voguer doucement dans les réflexions de la jeune femme.

Je n’aurais probablement pas dû partager mon hypothèse. Me voilà, désormais, nageant à travers une mer de regrets, une tempête de culpabilité. Que pourrais-je faire pour me racheter? Éviter qu’un tel incident ne se reproduise? Tenir ma promesse à Elsa-Mina?
Que puis-je faire, si ce n’est que de regarder mon monde s’effondrer, petit à petit?

« Piou! Piou! »

Toujours aussi souriant, le nuage violet dansait à travers le laboratoire, répétant les seuls mots composant son riche vocabulaire. Je l’entendais presque me communiquer sa joie; je pouvais parler avec lui, tout comme avec les autres Pokémon. Je me suis adressé à lui :

-Tu t’appelles Cosmog, c’est bien cela?
-Piou! Piou!

Alors que j’allais quitter le laboratoire, Elsa-Mina a levé sa voix. Elle était profondément découragée.

-S’il te plaît…

-Ne t’inquiète pas, l’ai-je rassurée. Je créerai un être capable de rivaliser avec les Ultra-Chimères. Ainsi, plus jamais les Ultra-Chimères ne s’en prendront aux humains, ni aux Pokémon. Elles pourront vivre en paix, en harmonie avec les autres créatures de notre monde. Tel… est mon souhait.

La présidente de la fondation a hoché la tête et je suis parti, accompagné de Cosmog, qui ne cessait de me suivre partout. Au moins, je savais qu’avec moi, il risquerait moins de se sentir menacé.

Durant des semaines, voire des mois, j’ai travaillé, avec comme seul partenaire Cosmog, afin d’élaborer une créature digne de maîtriser les Ultra-Chimères et de protéger les êtres vivants de ce monde. Un organisme multi génome, Anti-Ultra-Chimère. Cette bête serait capable de changer de type à sa guise, faisant d’elle un Pokémon pouvant presque rivaliser avec les plus puissants êtres de ce monde. J’étais obnubilé par cette recherche, je restais toujours entre les quatre murs du laboratoire, convaincu que, tôt ou tard, je reverrais la lumière. Or, combien de fois ai-je rencontré un échec au cours de ces tentatives désespérées? Tout ce qu’il me restait de ces expériences, c’étaient trois créatures vouées à l’abandon, chacune baptisée « Type : 0 ».

Je me suis alors dit qu’il faudrait un autre moyen de maîtriser les Ultra-Chimères. J’ai tenté de créer les Ultra Balls, des Pokéballs spécialement adaptées pour ces créatures. Si nous ne pouvions pas attaquer ces dernières, peut-être pourrions-nous les apprivoiser comme des Pokémon? Et mes recherches ont repris, alors que les grains du sablier du Temps ne cessaient de me glisser entre les doigts, sans que je ne m’en aperçoive.

Une nuit, alors que je travaillais afin de peaufiner les Ultra Balls, un employé qui m’était familier s’est présenté.

-Je ne te croyais pas aussi savant, petit… Tant de talent à un si jeune âge… J’en suis presque jaloux…

C’était l’homme qui m’avait accueilli aussi chaleureusement qu’un Tauros la première fois que j’ai mis les pieds à la Fondation Aether.

-Tu représentes presque ce que je considère comme le scientifique parfait, a-t-il remarqué. Tu sais être polyvalent et minimiser les risques. Comme c’est dommage que tu sois trop naïf pour déguiser la vérité.

Il a éclaté de rire.

-Bref, bon boulot, le jeune! a-t-il commenté. Bon, je te laisse! Hasta la bye bye!

Peu après la visite nocturne de Saubohne, j’ai entendu une étrange discussion entre Elsa-Mina et un homme que je n’avais jamais vu auparavant. J’ai regardé les deux interlocuteurs discuter entre eux à travers la vitre du laboratoire. L’inconnu avait les cheveux blancs ornés de lunettes loufoques et avait l’apparence d’un rappeur ou d’un punk, avec sa veste noire cloutée et son pendentif doré sur lequel figurait une tête de mort ornée de la lettre S. La voix d’Elsa-Mina filtrait faiblement à travers le mur qui nous séparait :

- La Fondation Aether poursuivra son travail avec ton équipe, Guzma. Continue avec tes sbires les vols de Pokémon pour nos expériences. De notre côté, la Fondation Aether et moi continuerons de chercher à trouver un moyen de faire d’Alola le paradis que les Ultra-Chimères cherchent depuis toujours.

-Yo! Évidemment, Elsa-Mina, a répondu Guzma. En même temps, t’sais que je ne fais pas ça seulement pour cette raison. Je t’apprendrais rien en t’disant que tu me plais bien! Après tout, t’es la seule à m’avoir pris au sérieux, contrairement à cette Apocyne! Elle n’a pas vraiment compris c’était qui l’boss de la Team, la petite…

-Ho ho! Tu me fais tellement rire Guzma! a gloussé Elsa-Mina. Toi, au moins, je sais que tu sauras toujours là pour moi, contrairement à l’autre dandy aux cheveux verts. Ho ho!

Un profond sentiment de jalousie m’envahit. Je n’en pouvais plus. Il fallait canaliser cette colère, la dompter, la surmonter. Inspirer, expirer, inspirer…
Je suis sorti de mon laboratoire, j’ai respiré un coup.

Puis, un cri de souffrance. Probablement rien de plus que le fruit de mon imagination.
Non. Impossible.
Et pourtant, je sentais quelque chose, quelqu’un m’appeler désespérément. Comme si je pouvais ressentir sa douleur, une lame qui ne cessait de me transpercer, encore et encore.

Je me suis laissé guider par cet appel de détresse. Mes pas m’ont amené vers une porte verrouillée. J’ai aperçu Saubohne, et je me suis empressé de me cacher. Le voilà, il entre un code à 13 chiffres et pénètre dans la pièce secrète. Les quelques minutes qui se sont écoulées m’ont semblé avoir duré une éternité. Le scientifique s’est enfin décidé à sortir de la salle, or, par je ne sais quelle étourderie, il a laissé la porte grande ouverte. Je me suis d’abord résigné à franchir le seuil de la porte, envahi par un sentiment de méfiance. Ma curiosité l’a finalement emporté sur mon doute. Je ne pouvais plus reculer.

Un tableau de bord indiquait la présence d’un sujet d’expérience quant à la résistance des Pokémon face aux attaques des Ultra-Chimères. Tout ceci sentait le roussi, mais mon instinct me hurlait de lever les yeux.

C’est alors que je l’ai aperçu.
Mon dragon.

Enfermé dans une pièce visiblement trop étroite pour ses larges ailes. Une vitre le séparait du monde extérieur. Ses pattes étaient enchaînées à l’aide de solides chaînes d’acier. Chacun de ses cris ne cessait de me déchirer le cœur. Ses yeux étaient emplis de folie, de rage et de détresse. Lui, autrefois si digne, imposant le respect, le voilà réduit au simple état de bête sauvage, dont la seule raison qui le poussait à continuer de respirer était son instinct primitif de survie.

-Comment… ai-je murmuré.

Face à ce spectacle de l’horreur, je me suis effondré. Mon univers, le voilà pulvérisé. Brisé comme un jouet abandonné. Fracassé, tels les verres d’un miroir éparpillés partout, promettant des années de malheur et de tristesse. La Vie ne cessait de s’amuser avec moi, prenant un malin plaisir à me faire souffrir, encore et encore. Des larmes perlaient sur mon visage. Des larmes de regret, mais aussi rouges de colère. Écarlates, tel le sang qui bouillait à travers mes veines. Toute la souffrance de mon Pokémon, sa folie, son désir de liberté. Et c’est alors qu’une pensée m’a traversé l’esprit.

La Fondation Aether n’était rien de plus qu’un univers de mensonges, d’hypocrisie. Son masque est tombé, voilà son vrai visage démoniaque dévoilé, dénudé.
Le blanc… La couleur d’une pseudo innocence, demande de respect, factice pureté. Derrière ce rideau, une teinte de la connaissance, de la mort. Un marionnettiste qui fait jouer ses doigts, déplaçant les minces fils invisibles de ses personnages, les amenant au cœur d’une proche fin.

Mes pensées bouillonnantes m’ont amené à Elsa-Mina. Celle qui ne cessait de me tourmenter, la raison pour laquelle j’ai entrepris de longues recherches. Une personne que j’admire et que je hais profondément, deux sentiments opposés, contradictoires à la fois.

J’ai hurlé. Hurlé à la Vie, qui n’a jamais cessé de m’attirer malheur, encore et encore. Cette terrible douleur, qui me transperçait le cœur telle une lame acérée glissant à travers mon corps.

Petit à petit, ma souffrance s’est transformée en rage vengeresse. Ce sentiment si profond a pris le contrôle de mon être. Me voilà possédé, esclave de mes émotions. Encore une fois, me voilà spectateur. Devoir regarder mon univers se détruire sans pouvoir rien faire, j’en avais assez.

L’aube s’est levée, un voile de lumière est venu briser les ténèbres. L’étoile du matin apparaissait doucement, laissant entrapercevoir des milliers de couteaux acérés brillant de mille feux.