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Perle de pluie, venue de pays où il ne pleut pas. [OS] de Lady_Waka



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Informations

» Auteur : Lady_Waka - Voir le profil
» Créé le 17/09/2017 à 04:20
» Dernière mise à jour le 18/09/2017 à 18:00

» Mots-clés :   Absence de combats   Drame   One-shot   Romance

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Perle de pluie, venue d'un pays où il ne pleut pas...
L'eau s'écoule doucement dans la grande galerie d'aquariums de la boutique, une véritable caverne d'Ali-Baba Pokémonaquariophile. Flottant entre deux eaux dans leurs bacs respectifs, milles-et-unes espèces de Pokémons eau colorés à toutes les couleurs des pierres précieuses du désert d'Unys seront bientôt offertes à la vente, à la Pokémonerie de Safrania.

Il est huit heures ; la boutique s'éveille. Dans un bruit sourd, les lumières s'allument, baignant les eaux qui passent des ténèbres à la lumière. Les marchandises baignent dans un liquide plus clair et cristallin que les eaux tropicales de Pacifiville. Magicarpes et Krabbys, Kabutos et Octillerys, commencent leur journée.
Dans un des plus petits aquariums, les Lovdisc ouvrent leurs yeux. Ils n'ont guère de place où tourner ; quand on met en vente des pièces si rares, il est coutume de les conserver dans un espace le plus petit possible et imaginable, afin que l'oeil naïf du client ne s'attarde pas sur un détail stupide.

En passant vers le comptoir, le gérant, un petit vieux bronzé et hirsute, comme un Mastouffe humanoïde s'étant trop baigné, porte un regard sur ces créatures, aux formes si artificielles, pour une espèce pourtant si sauvage. En obtenir n'était pas, à vrai dire, une partie de plaisir. Depuis que l'espèce à été surpêchée pour offrir des trophées souvenirs aux touristes, il n'en reste que quelques centaines. Pour en trouver, il faut passer par des réseaux Hoennites plus mafieux qu'autre chose ; des types qui ne traitent qu'en nature, avec des Repousses comme monnaie d'échange. Bah, il n'avait pas à essayer de comprendre, se disait-il. En les vendant à deux-cent mille Pokédollars l'individu, il peut s'en faire, du bénéfice.

Le gros de la journée se passe dans l'ennui complet d'une caisse qui se remplit peu ; juste quelques gamins, venus acheter de (jeunes) Magicarpes, pour les mettre dans de minuscules aquariums en forme de Pokéballs ; de quoi distraire un gosse pendant deux ou trois semaines, avant que le malheureux Pokémon ne meure d'asphyxie dans une eau dont l'oxygène a été entièrement consommé. Le vieux commerçant, comme pour briser, de temps à autre, la triste monotonie de la journée, jette un coup d'oeil à ses plus belles marchandises. Il n'y a pas à dire, il est fier d'avoir réussi à en trouver. Il ne manque plus que quelqu'un pour les acheter, maintenant.

Soudain, vers dix-huit heures, un client se jette dans la boutique, sur le point de fermer ses portes. Le jeune homme doit avoir une vingtaine d'années ; sa peau a une couleur orangée assez peu commune, et son visage, bien que plié, rappelle un peu le soleil qui embrasse l'horizon, derrière la vitrine.

Se ruant vers la caisse, le jeune client vide ses poumons, criant comme un condamné demandant la grâce :
« Avez-vous des Lovdisc ?
- Oh oui, jeune homme, nous en avons reçu il y a peu.
- Est-ce vrai qu'ils apportent un amour éternel aux couples qui en possèdent ? »

Flairant la bonne affaire comme un vieux Grahyena le jeune Zigzaton imprudent, le commerçant s'empresse de répondre :

« Bien sûr, jeune homme, c'est un fait vérifié !
- Je vais vous en prendre un, alors !
- Formidable. Cela vous fera... deux-cent mille Pokédollars »

Sans grande surprise, le vendeur voit son client grimacer, avant que celui-ci n'aligne coup sur coup vingt billets de dix-mille Pokédollars sur le comptoir. Quoique un peu surpris de la richesse de son client, le boutiquier s'exécute, et va chercher une Pokéball, dans laquelle il « capture » l'un des gracieux poissons rosés. Celle-ci passe d'une main à l'autre, et le jeune s'en repart chez lui, tandis que le vendeur ferme la boutique, tout en se disant que parfois, quand il faut se nourrir, une arnaque, après tout, ça peut se justifier.

Le Lovdisc ressort de la boule quelques minutes plus tard, dans un sac plastique rempli d'eau, médiocre aquarium pour la créature miraculeuse. Elle est installée sur la table de chevet, qui accompagne un grand lit de chêne noir, au milieu de la chambre aux murs d'un rose bonbon écoeurant. Assit sur le lit, le nouveau maître du poisson de cœur l'observe d'un œil curieux.

« Rho, pourquoi tu bouges pas ? Je suis sûr que t'as assez d'espace pour tourner sur toi-même ! » râle-t-il, avant de plonger la main dans le sac, tâtant sans gêne ou finesse la petite bête.
« Bah, ce n'est pas grave, je ne pense pas que Améleia s'en aperçoive. Elle devrait bientôt être là, d'ailleurs. »

Puis le maître avança un peu sa table de chevet, et posa tant bien que mal le sac plastique entre celle-ci et le mur, de façon à ce que l'on ne le voie pas du reste de la pièce. Puis il partit, laissant le Lovdisc seul dans sa pauvre demeure.

Quelques minutes plus tard, il reparaît, accompagné d'une jeune femme de son âge ; elle a les cheveux noirs comme les abysses et la peau blanche comme de la porcelaine, les yeux verts profonds, et un court nez qui n'aurait pas été du goût de Cléopâtre. Elle se met rapidement à parler, d'une voix douce et reposante, malgré le sujet ennuyant à souhait :

« Bon... C'est dans quel domaine du Grec qu'il te faut de l'aide, exactement ?
- Attends... Je vais sortir mon classeur, ça sera plus simple »

Et Améleia commence à aider son ami, tandis que, derrière la fenêtre, le soleil laisse paraître son dernier rayon, avant de disparaître sous la ligne de l'horizon.
Dans son pauvre sac, plongé dans l'obscurité de l'ombre de la table, le Lovdisc tente, tant bien que mal, de respirer. Ne trouvant plus rien dans l'eau, qui commençe déjà à être polluée de ses déchets corporels, il se met à la verticale et laisse sa bouche embrasser la surface, espérant que l'oxygène de l'air vienne lui permettre de vivre encore un peu, dans l'eau rendue toxique, et commençant déjà à irriter sa fragile peau.

Les minutes se suivent et se ressentent ; et tandis que le Pokémon commence à souffrir un martyr, coincé dans ses propres déchets, son maître et sa tutrice improvisée finissent les exercices. Il est vingt heures ; Et Améleia s'apprête à partir, avant d'être arrêtée à la dernière minute par son camarade-élève.

« Attends, il faudrait que je te montre un truc !
- Ah, quoi dont ?
- Regarde, tu ne vas pas y croire !
- Oh, qu'est ce que c'est ? J'ai hâte ! 
- Ce que c'est ? Je dirais que c'est, comment dire... Une perle de pluie, venue d'un pays où il ne pleut pas.»

Et il sortit péniblement le sac de son obscurité, ramenant dans la lumière le Lovdisc, qui, à la perpendiculaire du plafond, formait maintenant un cœur parfait, s'il n'avait pas été à l'envers.
La jeune demoiselle demeure bouchée bée à la vue de ce Pokémon si rare ; à vrai dire, les Lovdisc sont, depuis quelques temps, l'une des espèces les plus fantasmées du monde, et seuls quelques chanceux en ont jamais vus, au cours d'une exploration quelconque à Hoenn, qui est rapidement oubliée, le cœur vivant si rare attirant sur lui toute l'attention.

« Un Lovdisc ? Tu as un Lovdisc ? Mais c'est... incroyable !
- Ou... Oui, je sais. En fait...
- En fait quoi ? Tu veut le cacher ?
- Non, bien sûr que non... Je l'ai trouvé pour toi, pour tout dire. »

Les deux étudiants restent quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux, sans que l'un ne sache quoi répondre à l'autre. De son côté, le Lovdisc tente, en vain, de prendre une dernière respiration, la main de son maître tenant le sac bloquant l'entrée d'oxygène, comme un garrot mortel.

« Est-ce que tu veux dire... Que tu m'aimes, Apli ?
- Oui... Je n'ai jamais osé te le dire, m....
- C'est incroyable ! Maintenant que tu le dis... Je crois bien que je t'aime aussi ! »

Et alors que les Poichigeaux s'échangent des mots doux et sucrés que la terre connaît bien, à force des les entendre à presque chaque amourette de jeunesse , le Lovdisc se débat, comme pour échapper au destin qui, ayant fermé le sac, semble vouloir en finir avec lui, et en est si près.
Plus près encore sont les deux lèvres des amoureux, se rapprochant l'une de l'autre dans une banalité d'un amour comme les autres. Bientôt, le vide entre les deux se réduit de plus en plus, disparaissant comme un croissant entre deux Monaflemits gras et lourds.
Les yeux du Lovdisc se figent sur les deux lèvres qui se rencontrent dans un baiser gras et amateur ; et le Pokémon sans air se noie dans ses excréments, tandis que le bourreau, et la spectatrice, continuent leur embrassade ridicule et niaise. Comme pris dans l'action, Apli lâche le sac, et un Lovdisc mort s'écrase sur le sol, accompagné de l'eau nauséabonde dans laquelle il trempait jusqu'à maintenant.