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Après la fin de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 01/09/2017 à 11:26
» Dernière mise à jour le 07/09/2017 à 20:39

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 19 : On se retrouvera
« Pense à moi, comme je t'aime
Rien ne nous séparera
Même pas les chrysanthèmes
Tu verras, on se retrouvera »


On se retrouvera - Francis Lalanne



Chloé pénétra à l'intérieur du laboratoire, où de nombreux scientifiques s'affairaient. Ils étaient tellement occupés qu'ils lui prêtèrent à peine attention, tandis qu'elle se déplaçait entre les paillasses surchargées. Elle chercha des yeux la personne à qui elle était venue rendre visite mais, ne l'apercevant nulle part, elle décida d'interroger l'un des professionnels présent dans la salle.

- Pardon... Est-ce que vous pouvez m'indiquer où se trouve Régis Chen, s'il vous plaît ?
- Le professeur ? répondit l'homme en blouse blanche qu'elle avait accosté. Dans le jardin. Il s'occupe des pokémon.

La jeune femme remercia brièvement son interlocuteur avant de prendre la direction de la porte vitrée qui donnait sur le terrain adjacent au célèbre laboratoire du Bourg-Palette.

Au milieu de toutes les créatures qui vagabondaient avec liberté et insouciance, Chloé ne tarda pas à repérer celui qui avait longtemps été le meilleur ami de Cassy. Elle l'interpella, lui adressa un grand geste de la main et Régis, sitôt qu'il la vit, abandonna le Goupix dont il s'occupait pour se précipiter vers elle.

- J'aurais préféré que ce soit en de meilleures circonstances, déclara-t-il, mais je suis heureux de te revoir.

Ils s'embrassèrent amicalement, avant que les traits de Chloé ne se rembrunissent. Elle n'était pas là dans le but d'effectuer une simple visite de courtoisie, mais parce qu'elle lui avait demandé de lui rendre un service capital après qu'Hitaki l'eut contactée pour l'avertir qu'elle devait gagner Sinnoh et l'Arène de Rivamar.

- Merci encore d'avoir accepté, déclara-t-elle, la gorge nouée. Je ne savais vraiment pas vers qui me tourner. Tu es l'un des rares à connaître notre mission et...
- C'est tout naturel. J'ai toujours été votre allié et si je peux vous aider d'une quelconque manière, c'est toujours un honneur pour moi de le faire. Je n'oublie pas que vous êtes ceux qui ont sauvé le monde plus d'une fois.

Côte à côte, ils marchèrent lentement vers le laboratoire. Les années qui s'étaient écoulées depuis l'époque où Cassy commandait encore la Confrérie se lisaient sur le visage de Régis. Le poids des responsabilités qui s'étaient abattues sur lui après qu'il eut pris la succession de son grand-père, le professeur Samuel Chen, y était certainement pour quelque chose.

- De quoi est-ce qu'il en retourne, cette fois-ci ? interrogea-t-il. S'il ne s'agit ni d'une organisation criminelle, ni des légendaires, pourquoi avez-vous besoin d'être tous ensemble ? Qu'est-ce qui nécessite une mesure aussi excessive ?
- Nous avons toutes les raisons de penser que quelqu'un a percé notre secret. Récemment, nous avons subi des attaques isolées. J'ai été la première sur la liste, suivie par Sylvain et Bridget, puis Emily, John et Hitaki. Marion tient à ce que nous fassions front commun afin d'en finir au plus vite.
- Ça me semble justifié. Qui, cependant, pourrait être assez sot pour s'en prendre à vous, si ce n'est l'un de vos anciens ennemis ? Après tout, vous assurez notre protection à tous. Quel est l'intérêt de chercher à vous nuire ?
- Si nous avions la réponse à cette question, les autres auraient résolu cette embrouille sans mon aide et je ne serais pas obligée d'abandonner ma soeur quand sa santé se détériore un peu plus chaque jour.
- Où est-elle ?
- Elle patiente dans le taxi. Elle n'a pas voulu sortir tout de suite. Depuis que les effets de la chimiothérapie ont commencé à se voir sur son physique, elle a beaucoup de mal à affronter le regard des autres.

Afin de ne pas laisser Amanda seule durant son absence, Chloé avait décidé de la confier aux bons soins de Régis, en prétextant que celui-ci menait des essais expérimentaux visant à soigner les cellules cancéreuses à l'aide d'anticorps produits par certaines espèces de pokémon. Il s'agissait d'un odieux mensonge, mais elle n'en avait pas trouvé d'autres pour convaincre son aînée de s'établir au laboratoire durant son absence.

- Je m'en veux de la laisser comme ça... murmura-t-elle.
- Elle sera entre de bonnes mains, Chloé. Tu as ma parole. Je veillerai sur elle autant que si elle faisait partie de ma propre famille.
- Ça ne risque pas de te causer des difficultés vis-à-vis de Sacha ? Cassy nous a souvent dit qu'il se posait pas mal de questions sur notre compte.
- Il est à Hoenn, il participe à un tournoi organisé dans la région. Par conséquent, il ne sera pas de retour avant plusieurs semaines, ce qui, je l'espère, vous laissera le temps de résoudre les problèmes auxquels vous êtes confrontés.
- Il faut simplement que nous remontions à la source de ces agressions. Ensuite, les soucis seront vite réglé.
- Si je peux être utile en quoi que ce soit... commença Régis.
- Prendre soin de ma soeur suffira amplement. Ce n'est sans doute rien de plus qu'un humain aux motivations encore obscures, épaulé par une armée de robots laborieusement destructibles. Rien d'insurmontable, autrement dit.

Chloé voulut se forcer à rire à sa propre plaisanterie, néanmoins elle n'y parvint pas. Cela faisait longtemps que son coeur n'était plus à l'allégresse et retrouver d'anciennes connaissances ne suffisait pas à estomper ses tourments.

- J'ai fait transféré tout son dossier médical de l'hôpital de Safrania à celui de Jadielle. C'est là-bas qu'elle recevra désormais ses traitements de chimiothérapie.
- Et ton absence ? Comment comptes-tu la justifier ?
- Je lui ai expliqué que tu l'avais admise dans le cadre d'un programme spécial et que je n'avais pas le droit de rester, car je n'avais pas ma place au laboratoire, mais que je reviendrai la voir régulièrement.
- Ça a suffi ? demanda Régis.
- J'ai d'abord eu peur qu'elle refuse de se séparer de moi. Les diagnostics sont de moins en moins bons, au fur et à mesure que le cancer progresse. Elle sait qu'à présent, ses chances de survie sont réduites. Elle veut profiter de ma présence au maximum, mais elle s'est laissé convaincre qu'un séjour ici était le meilleur moyen d'accroître ses chances de guérison. Je... Je suis abominable.
- Tu n'as pas le choix, Chloé. Tu n'as pas à t'en vouloir, les circonstances l'exigent.
- Si. Je pourrais tout aussi bien laisser la Confrérie en plan et rentrer à Azuria avec Amanda. Je songe toutefois que cet individu qui s'en prend à nous peut également s'en prendre à nos proches, puisque nous ignorons tout de ses desseins. Si je reste, elle risque d'être plus en danger que si je pars.
- Dans ce cas, ne t'en veux pas. Agis seulement de la façon qui te paraît juste.

Chloé acquiesça d'un hochement de tête, sans grande conviction. Ils venaient de traverser le laboratoire, où ils avaient parlé à voix très basse afin que personne ne risque de surprendre leur conversation, et sortaient désormais du bâtiment, devant lequel un taxi patientait.

Amanda se trouvait encore à son bord, assise sur la banquette arrière, un sac posé sur ses genoux. Régis, par galanterie, s'empressa d'aller lui ouvrir la portière. Elle lui adressa un sourire forcé, l'air profondément mal à l'aise.

- Vous êtes le petit-fils de l'éminent professeur Chen, n'est-ce pas ? Ma soeur m'a souvent parlé de vous en termes très élogieux. Elle répète sans cesse que vous avez le coeur sur la main et que vous lui avez été d'un grand soutien durant sa dépression.

Chloé détourna les yeux, gênée. Afin de justifier son absence lorsqu'elle avait combattu la Team Galaxie pour la seconde fois, elle avait prétexté une blessure qui l'empêcherait de poursuivre la compétition durant un long moment, puis avait feint de sombrer dans la déprime la plus totale pour expliquer son besoin d'éloignement.

- Mes amis savent qu'ils peuvent toujours compter sur moi, Mlle Summer. Je suis enchanté de faire votre connaissance.

Il lui tendit une main amicale qu'elle serra doucement. Amanda ne faisait plus le moindre effort physique depuis que ses muscles s'étaient mués en véritables cotons flageolants. Son traitement agressif l'affaiblissait plus qu'il ne la guérissait.

- Si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer où nous allons vous loger.

La femme hésita à lui emboîter le pas, mais Chloé l'encouragea d'un regard avant de lui prendre son sac et de sortir sa valise du coffre. Elle pria le chauffeur du taxi de l'attendre encore quelques minutes, car elle comptait sur lui pour la reconduire à la gare de Jadielle, où un train l'attendait pour Carmin-sur-Mer et son ferry.

Là encore, les scientifiques ne leur jetèrent pas un seul regard, au grand soulagement d'Amanda. Régis la conduisit jusqu'aux escaliers qui menaient à l'étage, où se trouvaient les chambres. Elle les gravit péniblement et demanda à souffler à deux reprises avant d'en atteindre le sommet.

- C'était ici que vivait Cassy, indiqua le jeune professeur en désignant la porte devant laquelle il venait de s'immobiliser.
- Qui est Cassy ? interrogea Amanda, haletante.
- Une amie commune. C'est elle qui nous a présentés... en quelque sorte.

La pièce avait été réaménagée de façon à pouvoir accueillir le matériel médical nécessaire à l'aînée de Chloé. La décoration était sobre, modeste, mais agrémentée de quelques bibelots qui évoquaient la mer, que les soeurs avaient si longtemps côtoyée lorsqu'elles vivaient encore à Rivamar.

Le glyphe eau considérait comme troublant le fait de s'apprêter à séjourner pour une durée indéterminée dans une ville où elle avait habité pendant des années. Elle la connaissait probablement mieux que Tina elle-même, qui en était pourtant la Championne actuelle.

- Bon... Nous y sommes, chuchota Amanda. J'imagine que le moment est venu de nous dire au revoir.
- Je suis désolée, Mandy. J'aimerais rester, je t'assure, mais... C'est pour ton bien que je fais ça.
- Je sais, Chloé. Et puis, ça va te permettre de te reposer un peu, ce qui n'est pas plus mal. Tu n'auras plus à veiller sur moi nuit et jour.
- Ça ne m'a jamais dérangé, tu le sais bien.
- Je n'en doute pas, mais ce n'est pas une vie pour une jeune femme de ton âge. Tu as renoncé à tout, y compris à ta carrière, afin de t'occuper de moi. Puisque d'autres gens vont le faire à ta place, désormais, tu vas peut-être pouvoir songer à reprendre l'entraînement.
- Oui... Peut-être.
- Te revoir gagner des médailles, je crois que rien ne me ferait plus plaisir.
- J'essayerai, dans ce cas.

Chloé se montra évasive, car elle ne voulait rien promettre. Elle allait s'entraîner, certes, mais à l'art du combat, pokémon et physique, avec le reste de la Confrérie, afin de pouvoir surmonter la nouvelle épreuve qui était en train de se dresser en travers de leur route.

Les deux soeurs s'étreignirent un long moment, sous l'oeil bienveillant de Régis. Lorsque Amanda desserra sa prise autour des épaules de sa cadette, elle prit son visage entre ses mains, plongea ses yeux bleu perçant dans les siens et lui murmura :

- Je n'ai qu'un seul service à te demander, durant ton absence.
- Lequel ?
- Prie pour moi, comme nous le faisions quand tu étais petite pour l'esprit de nos parents.

Chloé ne releva pas. Prier ? Certes, elle avait longtemps eu la foi, mais qu'en était-il, à présent ? Les humains continuaient à implorer Arceus, sans avoir la moindre idée que leur dieu n'existait plus, qu'il avait été détruit et qu'il n'avait de toute façon jamais été l'entité miséricordieuse en laquelle ils avaient toujours cru.

- Je penserai à toi tout le temps. Je te le promets.

C'était bien peu, mais c'était la seule chose que Chloé pouvait lui jurer sans crainte de ne pas tenir sa parole. Régis, dans leur dos, eut une expression peinée tandis qu'elle embrassait une dernière fois la joue d'Amanda. Elle tourna ensuite les talons, les yeux embués par les larmes.