La couleur de la lumière de MissDibule

Cette nuit-là, les trois adolescents passèrent une nuit plutôt… agréable. Si l’on exceptait le fait, bien sûr, que Shaïna fit à nouveau son étrange rêve récurrent, tous dormirent d’un sommeil profond, repensant à leur journée. Ils avaient tous les trois mis leur réveil à dix heures, pour être sûrs de profiter de leur journée.

Ainsi, à dix heures, se réveillant presque tous simultanément, ils se préparèrent rapidement, puis se réunirent au réfectoire pour prendre leur petit-déjeuner. Ils mangeaient tranquillement tout en discutant :
- Bon, aujourd’hui, plus de shopping, hein ? On met le cap sur Charbourg, direction le premier badge d’arène ! lança soudain Chrom.
- Oui, bien sûr, mais c’était sympa quand même ! répliqua Candice.
Ils rirent tous les trois de bon cœur.

Les trois amis terminèrent en vitesse leur repas. Après avoir fait soigner leurs Pokémon pour s’assurer de commencer leur voyage dans des conditions optimales, ils s’apprêtaient à partir quand une voix les retint :
- Excusez-moi, êtes-vous Chrom ?
La voix appartenait à l’infirmière Joëlle. Elle avait interpelé le jeune homme qui s’était soudainement retourné :
- Hum… Oui, comment le savez-vous ? répondit-il.
- Votre mère m’a fait une description précise de vous. Elle souhaiterait vous parler de toute urgence. Elle est actuellement en télécommunication, s’expliqua l’infirmière. Vous me suivez ?

Intrigué, Chrom fit un geste de la main à ses amies pour leur indiquer qu’il revenait un peu plus tard et suivit la soigneuse aux cheveux roses. Candice et Shaïna attendirent, légèrement inquiètes : qu’est-ce qui pouvait bien se passer ? Shaïna avait un mauvais pressentiment.

Leur ami ne mit pas longtemps à revenir, mais dans quel état ! La tête basse, la mine sombre… Il semblait aussi secoué que si la foudre d’Electhor l’avait frappé de plein de fouet. L’infirmière Joëlle le suivait. Compatissante, elle lui murmurait des mots de soutien. Chrom s’approcha de ses amies, poings serrés.

Inquiète, Candice s’enquit de son état :
- Chrom ? Ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Le jeune homme ne répondit pas immédiatement. La colère déformait son visage. Il consentit à répondre au bout de quelques instants :
- Il y a que ma mère vient de m’annoncer que presque tous les Pokémon chromatiques de notre ranch ont été volés !!! Désolé, mais je vais devoir changer de destination : je mets le cap sur Floraville. Je dois absolument attraper la bande d’enfoirés qui a fait ça, et les faire payer !! Je vous rejoindrai à Charbourg, partez sans moi.

Sa voix était dure et tranchante. Shaïna ne l’avait encore jamais vu ainsi. Il se dirigea vers la porte du Centre en courant, mais une main lui attrapa soudainement fermement le bras. C’était Shaïna qui l’avait retenu le bras. Chrom sembla surpris par ce contact, et encore plus par le regard déterminé de la jeune fille aux yeux flamboyants.
- Tu crois vraiment qu’on va te laisser y aller tout seul ? Tu peux toujours courir ! On est tes amies, alors pas question de te laisser tomber ! Pas vrai, Candice ? fit Shaïna.
- Tu l’as dit ! Direction Floraville, en avant toute ! répondit la blonde.

En marchant, il aurait fallu environ deux heures aux trois amis pour atteindre Floraville par la route 204. Mais ils pressèrent le pas, courant même parfois, lorsqu’ils en avaient l’énergie, et atteignirent la ville fleurie en à peine plus d’une heure. Malgré l’urgence de la situation, Shaïna ne put s’empêcher d’admirer le paysage. A perte de vue, autour des habitations et autres bâtiments, il n’y avait que des champs de fleurs toutes plus colorées les unes que les autres. La légère brise qui balayait la ville apportait les douces senteurs fleuries jusqu’aux narines de Shaïna.

Chrom l’arracha brusquement à sa rêverie :
- Le ranch est un peu à l’extérieur de la ville, à côté des Eoliennes. Pas de temps à perdre !
Le trio entama son dernier sprint, dans un état d’épuisement plus ou moins avancé : Chrom, très motivé, avait encore de l’énergie à revendre, tout comme Shaïna, qui était très sportive. Cependant, Candice semblait très fatiguée. « Tiens bon, Candice, on arrive bientôt ! » l’encouragea son amie en pensée.

En effet, Shaïna apercevait déjà au loin les grandes pales blanches. Selon les dires de Chrom, le ranch était situé juste à la gauche des Eoliennes, près de la rivière. Il avait expliqué à ses amies, il y a quelque temps déjà, que sa famille avait passé un accord avec la région de Sinnoh pour que les Eoliennes leur fournissent de l’électricité à prix réduit.

Ils arrivèrent enfin au ranch géré par la famille de Chrom. Il ressemblait à une gigantesque ferme, où, d’après Chrom, ils élevaient aussi bien des Pokémon terrestres que marins, grâce à la rivière située à côté, ainsi que grâce à des bassins d’eau de mer installés spécialement à l’extérieur du ranch. Cependant, on pouvait apercevoir qu’une partie de la barrière constituant l’enclos en plein air du ranch avait été fracturée.

Un homme vêtu d’un manteau marron semblait en train d’enquêter dans les environs. Il parlait à une femme brune d’environ quarante ans, à l’air profondément triste. Elle tenait un petit Pokémon félin dans ses bras. On aurait dit… « Un Mentali, je crois. » pensa Shaïna. « Mais… Quand j’ai étudié ce Pokémon avec maman, je me souviens qu’il était de couleur mauve ! Alors que celui-ci est vert… Ça doit être ça, un Pokémon chromatique ! ».

Elle étudia plus en détail le Mentali : il était d’un vert très criard. A y regarder de plus près… Sa fourrure semblait extrêmement lumineuse, comme le lui avait expliqué Chrom à propos des Pokémon chromatiques. Elle vit d’ailleurs ce dernier se précipiter vers le groupe constitué des deux adultes et du Pokémon.
- Maman ! Ça va ? s’enquit Chrom.
- Oui, moi ça va… Mais ils ont emporté tous nos petits amours ! répondit la quadragénaire désespérée.
Elle mit ensuite à lister les surnoms de tous les « amours » disparus, désemparée.

Puis Chrom se tourna vers l’homme aux cheveux couleur charbon et au manteau brun :
- Qui êtes-vous ?
Celui-ci sortit un badge de police de l’une de ses poches et le montra à l’adolescent :
- Inspecteur Beladonis, membre des Forces de Police Internationales. J’enquête sur le vol dont ta famille a été victime.
Shaïna tiqua : « Beladonis ? C’est le nom du “chef“ de maman !! Ça voudrait dire que… Maman travaille pour la police ? Mais enfin pourquoi ?! ».

Elle mesurait peu à peu tout ce que sa mère lui avait caché depuis tant d’années. La jeune fille avait l’impression que sa tête allait exploser. Mais il fallait absolument qu’elle en apprenne plus !
Alors que Chrom se présentait à l’inspecteur, Shaïna et Candice firent de même :
- Je suis Candice. Enchantée, inspecteur !

Beladonis se présenta à nouveau pour la jeune fille, l’air impassible.
- Et moi, je suis Shaïna… commença l’adolescente.
- La fille du Pr. Keteleeria, compléta Beladonis avec un sourire. Tu te demandes comment je le sais ? C’est simple… Lorsqu’on travaille dans les F.P.I., on sait beaucoup de choses !
« Le fait que ma mère travaille pour vous et que vous parlez de moi en secret doit aider, aussi… », pensa amèrement la jeune fille.

Obnubilé par le vol commis dans le ranch de sa famille, Chrom demanda à l’inspecteur :
- S’il vous plaît, M. Beladonis, racontez-nous ce que vous savez sur ces voleurs de Pokémon !! C’est très important !
Shaïna remercia intérieurement son ami : sans le savoir, il lui rendait un fier service !

L’inspecteur sembla hésiter un instant. Il déclara finalement :
- Très bien, mais je ne suis pas autorisé à tout vous raconter. Je peux simplement vous dire que ces agissements sont l’œuvre d’une organisation malveillante appelée la « Team Eclat ». Leur objectif est encore inconnu, mais nous pouvons désormais affirmer avec certitude qu’ils en ont après les Pokémon chromatiques. Heureusement pour nous, les membres de cette organisation sont très reconnaissables grâce à leurs tenues excentriques : ils portent tous des manteaux noirs à bord blanc, parsemés de paillettes, expliqua l’inspecteur.

Le cœur de Shaïna rata un battement : elle réalisa soudainement quelque chose de crucial. Comment avait-elle pu ne pas s’en rendre compte ? Tout semblait clair maintenant : des individus louches, manteaux pailletés sur le dos, qui transportaient des caisses en bois et des cordes jusqu’à Floraville ? C’étaient eux, les auteurs de ce vol !

Mais comment réussir à en parler à l’inspecteur ou même à ses amis sans évoquer sa fugue ?