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La couleur de la lumière de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 25/07/2017 à 00:04
» Dernière mise à jour le 05/01/2018 à 01:01

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Suspense

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X- Vestiges flottants
L’euphorie laissa rapidement place à l’angoisse dans le cœur de Shaïna : il lui fallait trouver un endroit où se cacher, et vite ! Elle balaya le bateau du regard : comme il était relativement moderne, il y avait plusieurs portes. Mais laquelle choisir ? Elle en avisa une derrière laquelle se réfugier -choisie totalement arbitrairement. Cependant, Cram, qui avait apparemment mieux observé le bateau que sa dresseuse paniquée, lui fit remarquer un genre de renfoncement dans la superstructure du bateau : une porte dérobée ! « L’endroit idéal pour se cacher. »

Sans réfléchir davantage, elle fit coulisser la porte blanche et s’engouffra dans la superstructure. Il y avait fort à parier que même les occupants de ce bateau ignoraient l’existence de cette pièce secrète. Ce qui, en soi, était normal : c’était là tout l’intérêt d’une salle cachée par une porte dérobée. Seul le propriétaire du bateau devait être au courant de son existence. « Le fameux “boss“ de ces sinistres individus… », se remémora alors la jeune fille.

Comme elle s’en était doutée, il faisait totalement noir dans la petite pièce exigüe. La flamme de Cram lui permettait d’y voir un peu mieux, mais ce n’était pas encore ça. Elle ôta alors son sac de ses épaules et se mit à farfouiller frénétiquement dedans jusqu’à ce qu’elle trouve enfin ce qu’elle cherchait : sa lampe torche. Elle l’alluma rapidement, aveuglant son Pokémon au passage, et enfin elle put constater la vraie nature de la pièce.

Celle-ci renfermait deux étagères pleines à craquer d’ouvrages en apparence très anciens. Shaïna jeta un rapide coup d’œil : ils semblaient tous liés plus ou moins étroitement à la région d’Hoenn. Il y avait de tout : la plupart étaient des récits mythologiques, mais il y avait aussi des romans, et même, plus étonnant encore, des livres pour enfants.

« Peut-être que le boss de cette organisation malfaisante est originaire d’Hoenn… » supputa l’adolescente aux cheveux d’ébène. Mais quand bien même ce serait le cas, pourquoi cacher toute sa bibliothèque ici ? Cela n’avait aucun sens, selon Shaïna.
- Qu’est-ce que tu en penses, toi ? demanda-t-elle alors à Cram.
Le petit singe lui adressa en guise de réponse un regard interrogateur absolument adorable, qui fit sourire sa dresseuse.

« Il ne comprend pas, mais il ne s’en formalise pas pour autant… Le mode de pensée des Pokémon est quand même bien plus simple que le nôtre. Quelles créatures intéressantes, décidément… Ils ont tellement à nous apprendre ! », pensa soudainement l’apprentie dresseuse. Puis elle continua à fureter çà et là, s’arrêtant parfois sur les ouvrages qu’elle jugeait dignes d’intérêt.

Une fois qu’elle eut fini d’observer les étagères et leur contenu, Shaïna abaissa sa lampe torche et vit ce qui semblait être un livre -encore !- gésir sur le sol. Elle s’agenouilla pour le regarder de plus près. Ses yeux écarlates brillaient de curiosité : malgré la situation délicate dans laquelle elle se trouvait, elle ne pouvait s’empêcher d’être fascinée par cette pièce pleine de mystères.

« Pourquoi n’est-il pas rangé sur les étagères avec les autres livres ? », s’interrogea-t-elle subitement. En l’examinant de plus près, elle constata qu’il ne s’agissait non pas d’un livre, mais d’une sorte de journal. Un journal intime, plus précisément. Il était très épais, bien plus qu’un journal intime ordinaire. De plus, environ la moitié du journal avait été violemment arrachée, si bien que le dernier paragraphe remontait à une quinzaine d’années.

A l’intérieur du mystérieux journal, coincée entre deux pages, Shaïna trouva une photographie, ou plutôt ce qu’il en restait. C’était seulement le coin d’une photo qui avait été apparemment brûlée, à en juger par les traces de calcination visibles aux extrémités. Sur le petit bout restant de la photo se trouvait le visage d’une très belle jeune femme, le sourire aux lèvres, l’air radieux. Shaïna sourit bêtement en la regardant. Cette découverte avait-elle son importance ? La jeune fille jugeait que oui, et elle avait d’ores et déjà décidé qu’elle emmènerait avec elle le journal et la photo lorsqu’elle quitterait le bateau.

Le journal intime étant très ancien, elle avait parfois du mal à déchiffrer ce qui était écrit. Et lorsque ce n’était pas la lisibilité qui lui posait problème, c’était la compréhension du texte. En effet, ce journal, ayant manifestement appartenu à une jeune femme (« Peut-être celle de la photo ? » avait aussitôt supposé Shaïna) narrait des événements qui semblaient totalement improbables aux yeux de la jeune fille. Comme par exemple dans cet extrait, situé vers la fin du journal intime, qui laissait Shaïna particulièrement perplexe :

« Elle a encore essayé de L’invoquer sans ma permission. Je lui avais pourtant dit de ne pas le faire, qu’elle n’était pas prête ! Mais elle ne m’a pas écoutée, et maintenant c’est trop tard. Ma petite chérie a disparu, et je n’ai rien pu faire pour empêcher cela. Je suis la plus mauvaise mère du monde…
C’était pourtant un soir comme les autres… Elle avait réuni pour la énième fois les pierres d’invocation autour d’elle, certaine de pouvoir enfin réussir à L’invoquer. Elle ne m’avait bien sûr pas parlé de son projet à l’avance, car elle savait déjà quelle aurait été ma réponse.
C’est donc les autres membres de la tribu qui ont eu la lucidité de me prévenir que ma fille s’apprêtait à faire une nouvelle invocation risquée. Je me suis précipitée sur la place. Elle était agenouillée au centre de celle-ci, les pierres placées en cercle autour d’elle. Les mains jointes et les yeux clos, elle récitait le psaume que je lui avais appris.
J’espérais de tout mon cœur qu’il ne se produirait rien de grave. Après tout, en général, une invocation manquée n’occasionne que peu de dommages.
Mais pas cette fois-ci, car, pour la première et la dernière fois, ma fille chérie a réussi à L’invoquer. Cependant, son pouvoir, comme je l’avais prévu, n’était pas encore assez puissant pour juguler une telle puissance. C’est pourquoi Il nous est apparu sous une forme différente, bien plus sombre que celle décrite dans les légendes de nos aïeux.
Elle n’a pas eu le temps, -et moi non plus- de faire le moindre geste, que déjà Il s’était emparé d’elle. Puis Il a disparu avec elle dans son monde, aussi vite qu’Il avait été invoqué, sans doute pour la punir de son impudence.
Il m’a privé de mon seul et unique trésor. Mais je dois continuer à Le vénérer, comme le veut la coutume ancestrale, et peut-être qu’un jour, Il acceptera de me rendre ma fille bien aimée… »


Ce passage n’était qu’une goutte d’eau au milieu de l’océan de récits fantasques que contait cet épais journal. Shaïna était à la fois émerveillée et sceptique. Elle doutait que de tels événements surréalistes aient pu se produire un jour. Cependant, le fait qu’il s’agisse d’un journal intime et non d’un simple livre la poussait à croire que tout ce qui y était écrit était la stricte vérité.

« Mais tout de même… Des humains qui pratiquaient des cérémonies d’invocation ? Pour invoquer quoi, déjà ? » se demanda-t-elle subitement. Elle se creusa la tête, et se dit que la réponse la plus logique était un Pokémon légendaire. « Mais lequel ? Il y en a tellement… ».

Un bruit la fit soudain sursauter : le moteur du bateau qui se mettait en marche. Perdue dans ses réflexions, elle avait totalement oublié le fait qu’elle était actuellement passagère clandestine sur un bateau de malfrats. Apparemment, ces derniers avaient fini de charger les caisses en bois et les cordes dans l’embarcation, et mettaient le cap sur Féli-Cité.

« Parfait. Dès qu’on y sera, je fonce au Centre Pokémon ! Je suis crevée… Mais il faut que je tienne le coup : je ne peux pas risquer de m’endormir ici ! Et puis, Féli-Cité n’est qu’à une demi-heure de bateau de Joliberges, ça devrait le faire. »
Shaïna savait qu’elle avait déjà fait le plus difficile en s’introduisant sur le bateau, c’est pourquoi elle était si confiante.

Et, pour s’assurer de ne pas tomber de sommeil, elle continua à lire l’énigmatique journal intime qui l’intriguait tellement.

Elle avait cependant la désagréable impression que plus elle progressait dans son enquête, plus le secret qu’elle tentait de percer par tous les moyens lui résistait, devenant peu à peu de plus en plus obscur…