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La couleur de la lumière de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 24/07/2017 à 02:14
» Dernière mise à jour le 24/07/2017 à 02:52

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh   Suspense

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IX- Intrusion sur le pont
Le plan de Shaïna était simple : quitter Joliberges et se rendre à Féli-Cité. Là-bas, elle dormirait dans le Centre Pokémon. Depuis que ces derniers, financés par la région, accordaient le gîte et le couvert gratuitement aux dresseurs (et uniquement aux dresseurs), la vie était vraiment devenue plus simple pour les jeunes adolescents qui commençaient leur voyage, comme Shaïna.

Il y avait juste un problème : comment franchir la route 218, une route maritime ? Shaïna avait bien sa petite idée : quitte à fuguer, autant ne pas faire les choses à moitié ! Elle était prête à tout pour quitter Joliberges, et même à… s’introduire clandestinement dans un bateau, s’il le fallait. Elle fonça donc à l’embarcadère de la ville. Il n’y avait aucun bateau pour l’instant, c’est pourquoi Shaïna décida de se cacher au milieu des arbres situés à la bordure sud de la ville et de surveiller le quai.

Elle attendit longtemps ainsi, cachée parmi les arbres. Elle avait perdu la notion du temps, et craignait de s’endormir à tout moment. La jeune fille ne cessait de bâiller. Quand soudain elle l’entendit. Un assourdissant bruit de moteur qui la sortit immédiatement de sa torpeur. Elle jeta un œil à l’embarcadère : un bateau, semblable à un modèle réduit de yacht, venait d’arriver dans le port.

Bientôt la passerelle du bateau fut installée par le capitaine et trois passagers descendirent presque aussitôt de l’embarcation. Shaïna n’en croyait pas ses yeux : tous ces hommes portaient le même accoutrement que les deux bandits qui avaient dérobé Missy à Pierre ! Hauts blancs, pantalons noirs, et surtout, l’habit le plus identifiable : des manteaux noirs à bord blanc, parsemés de paillettes.

Shaïna décida alors qu’elle devait absolument monter sur ce bateau-là, coûte que coûte, en dépit du danger. Ces individus étaient la seule piste qu’elle avait sur le secret que sa mère lui cachait, et elle n’allait pas les laisser filer si facilement ! De plus, ce qui se trouvait sur leur bateau pourrait bien se révéler capital pour son enquête. Malheureusement pour elle, le fait qu’ils aient replié la passerelle, sa seule issue, n’allait pas l’aider.

Elle écouta donc très attentivement leur conversation, ne voulant pas en manquer une miette :
- Souvenez-vous : il faut qu’on soit à Floraville avant demain, alors vous avez intérêt à vous grouiller d’apporter les caisses en bois et les cordes, qu’on puisse embarquer pour Féli-Cité le plus vite possible, commença le premier.
« Donc le bateau se rend bien à Féli-Cité. Tant mieux. »
- Ouais enfin, tu vas nous aider quand même ! Il paraît que l’entrepôt est plein, on va pas tout porter à deux alors que t’es là aussi ! répliqua le deuxième.
- Evidemment, idiot ! Je vous préviens juste (parce que je sais que vous êtes des bras cassés) : ça va être long ! On va faire beaucoup d’allers-retours pour tout ramener, alors au boulot.
- J’arrive pas à croire que le boss nous ait confié son yacht pour la mission ! C’est la classe, quand même ! intervint le troisième.
- Tu peux pas te concentrer deux secondes ? Franchement, qui m’a foutu deux abrutis pareils ? reprit n°1, passablement agacé.

Ils continuèrent ensuite leur chemin tout en se disputant, jusqu’à ce Shaïna n’entende plus rien du tout. Ils se rendaient donc à un entrepôt pour en ramener des caisses ainsi que des cordes… Et elle avait appris une chose importante : il leur faudrait plusieurs voyages pour tout rapporter, ce qui signifiait que le bateau serait forcément sans surveillance à certains moments. En effet, Shaïna avait également vu le capitaine du bateau les accompagner. Elle ne pouvait pas le savoir, mais c’était parce que lui seul connaissait l’emplacement de l’entrepôt. Le bateau était donc totalement vide.

Une idée commença à germer dans la tête de la vive et intelligente Shaïna : elle n’avait pas besoin de la passerelle pour s’introduire sur ce bateau. Elle allait se créer sa propre entrée. Elle ne manquait pas d’idées, et elle était maligne comme un singe. En parlant de singe, elle fit sortir Cram de sa Poké Ball. Le petit ouistiti en sortit l’air tout ensommeillé, en se frottant les yeux.

Elle lui expliqua alors en détail son plan d’action. Cram semblait ravi de pouvoir venir en aide à sa dresseuse, et se mit à sautiller sur place. Shaïna le calma alors en le caressant, puis le rappela dans sa Poké Ball, en promettant de le faire ressortir lorsqu’il serait temps de mettre leur plan à exécution.

Puis ce fut Missy qu’elle appela, lui expliquant à elle aussi son rôle dans le bon déroulement du plan. La petite bête manifesta son contentement avec un coup de langue affectueux sur la joue de sa nouvelle dresseuse. « Quelle chance j’ai de les avoir, ils sont formidables ! ».

Puis elle se remit à patienter jusqu’au moment qu’elle attendait : le retour du premier voyage des quatre hommes, les bras chargés de caisses en bois et de cordes. Il y en avait de toutes sortes : des caisses grandes ou petites, des cordes épaisses ou fines… Shaïna se demandait bien à quoi ce matériel pouvait servir. Mais ce n’était pas vraiment le moment de se poser ce genre de questions.

Elle avait cette fois-ci bien fait attention au temps : le quatuor avait mis une quinzaine de minutes à revenir de l’entrepôt. Une durée plus que suffisante pour permettre à Shaïna de s’introduire dans le bateau, si toutefois tout se déroulait comme elle l’avait prévu. Les trois compagnons d’infortune reprirent alors leur discussion pleine de finesse :
- Ouf, premier voyage fini ! fit n°3 en s’avachissant mollement sur la pile de caisses qu’il venait de transporter.
- Du nerf ! On est loin d’avoir fini, alors bouge-toi un peu ! le sermonna n°1.
- On laisse tout ça là, ou on le range après ? demanda n°2, sans doute à n°1, car il apparaissait clairement que n°3 n’avait pas inventé la poudre, et qu’il valait mieux ne pas trop le pousser à réfléchir.

C’était là que tout allait se jouer. Shaïna retint son souffle. Son plan entier reposait sur la réponse de n°1 :
- On rangera tout d’un coup après ! Non mais tu imagines la perte de temps si on devait tout ranger au fur et à mesure sur le bateau ? On voit bien que tu débutes, toi ! répondit sèchement n°1.
« Ouf… », pensa Shaïna, soulagée. Elle expira alors un bon coup. Tout se déroulait comme elle l’avait prévu !

Une fois qu’elle fut certaine qu’ils étaient bien partis, Shaïna bondit de sa cachette. Il était temps de s’introduire sur ce bateau, en bonne et due forme ! Elle remercia intérieurement les lampadaires de la ville qui constituaient sa seule source de lumière, sans laquelle il était difficile de s’introduire où que ce soit.

Elle avisa les cordes ramenées par l’équipe de choc : il lui en fallait une qui soit la plus solide possible, et assez longue. Elle en trouva alors une très épaisse et très longue, posée sur la pile de caisses en bois ramenée par n°3. Elle testa sa rigidité en tirant des deux côtés : elle aurait pu soulever un Bourrinos. « Parfait. »

Ensuite, comme convenu, elle appela Cram. Le petit singe tout joyeux sortit alors de sa Ball, et, sachant exactement ce qu’il devait faire, se saisit de l’une des deux extrémités de la corde que sa dresseuse tenait. Shaïna appela ensuite Missy, qui avait elle aussi le même visage radieux que son compagnon. « Ils sont trop mignons… S’ils savaient tous les risques que je leur fais prendre… »

Cram vint ensuite se poser sur sa tête, la corde entre les dents. Il évaluait la distance qui le séparait de la rambarde du bateau : environ trois mètres. Il angoissait un peu, mais il se devait de réussir ! Il ne voulait pas décevoir Shaïna. Il fit donc signe à Missy qu’il était prêt, -ce à quoi elle répondit par un hochement de tête déterminé- et, utilisant la tête de sa dresseuse comme tremplin, il bondit aussi haut qu’il le pouvait. Puis Shaïna s’empressa d’ordonner à Missy :
- Missy ! Utilise Vent Féérique !
La Mysdibule s’exécuta, et les puissantes bourrasques étincelantes donnèrent alors de l’élan supplémentaire au petit Ouisticram, qui put ainsi atteindre sans la moindre difficulté le pont du bateau, la corde toujours fièrement fixée entre ses dents.

Le petit singe s’appliqua alors du mieux qu’il put pour attacher la corde à la rambarde du bateau. Shaïna rappela ensuite Missy dans sa Poké Ball -non sans l’avoir chaleureusement félicitée avant- puis elle s'élança, la corde toujours entre les mains, vers la coque du bateau, pieds en avant, afin d’amortir le choc. Elle monta ensuite à la corde avec une facilité déconcertante -elle avait toujours été très sportive- et se retrouva rapidement sur le pont du bateau. Ceci fait, elle détacha la corde de la rambarde et celle-ci sombra dans l’océan.

Ils avaient réussi ! La coordination dont elle avait fait preuve avec ses Pokémon la ravissait presque autant que le fait de pouvoir enfin fouler aux pieds le pont du bateau. Si son plan avait réussi, c’était uniquement grâce à eux.

Elle était si fière d’eux… Elle eut pour la première l’impression de vivre sa vie à fond, sans regrets. Et cela lui plaisait beaucoup.