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Errare humanum est, Tome 1 : L'ire du Vasilias. de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/07/2017 à 13:02
» Dernière mise à jour le 12/09/2017 à 13:43

» Mots-clés :   Action   Drame   Humour   Médiéval   Slice of life

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Ch. 15 : La Tour d’Ivoire.
 Les jours passèrent à Aifos, forçant les habitants du manoir à s’habituer à leur nouvelle vie malgré eux ; mine de rien, leur quotidien se stabilisait peu à peu. Chacun trouvait ses marques et son rôle ; Ifios au ménage et à la cuisine, Tza à la gestion des finances et Eily à la fainéantise. Inam, quant à elle, faisait de son mieux pour se rendre utile, mais chacune de ses tentatives se résultait par un échec lamentable. Sidon lui, voguait entre ci et là ; parfois, il partait pendant toute la journée et revenait le lendemain.

Cependant, il n’était pas question de s’installer éternellement dans un quotidien citadin. Ce n’était que temporaire. Eily était bien d’accord pour attendre passivement quelques jours, mais à condition qu’Omilio finisse par répondre à ses questions. Et après quatre jours à ne rien faire, la patience de la demoiselle cyan atteignait ses limites.

— C’est rare que tu m’appelles, Eily ! Tu veux jouer avec moi ? J’adore jouer, moi !

Dans le salon, Eily fixait l’étrange chauve-souris beaucoup trop joyeuse à son goût. Au moins une fois dans sa vie, la demoiselle cyan aimerait voir autre chose qu’un sourire niais sur son visage.

— Bien sûr que non, grinça-t-elle. Je veux voir Omilio.
— Omilio ? s’interrogea Rhinolove. Tu veux jouer avec lui, aussi ?
— … gnn…
— … du calme, Eily…

Si Caratroc n’était pas avec elle, la demoiselle cyan aurait certainement arraché les ailes de la chauve-souris. Comment ce truc pouvait être l’une des personnalités les plus appréciées d’Aifos ? Ça se voyait bien que personne ne le connaissait véritablement !

— Non, je veux sérieusement discuter avec lui, précisa Eily. Je veux en savoir plus sur les Foréa, les Ensar… et moi.
— Mmh, eh bien, ça va être difficile ! J’adorerais t’aider, mais Omilio est absent pour quelques jours !
— … nyah ?

Eily plissa dangereusement les yeux.

« Omilio est… absent ? »

Cette fois-ci, Eily en était certaine : ce type se moquait ouvertement d’elle. Non seulement il avait esquivé toutes ses questions lors de leur première rencontre, mais maintenant il la laissait en plan sans même la prévenir !

— Dis, dis, tu es en colère ? demanda innocemment Rhinolove. Il faut pas être en colère, ça fait vieillir prématurément !
— … merci de t’inquiéter pour ma jeunesse…
— De rien !

Eily se massa le front, déjà en proie à un magnifique mal de tête. Elle était folle d’avoir imaginé pouvoir avoir une discussion sérieuse avec ce sourire volant.

— Oh ! s’anima soudain Rhinolove. J’allais oublier, Omilio a un message pour toi ! Tu veux l’entendre ?

« T’en as d’autres des questions stupides ? », grinça mentalement Eily.

— … bien sûr, souffla-t-elle.
— Oki ! Dans ce cas… prépare-toi à constater mon immense pouvoir !

Sous les regards interloqués d’Eily et de Caratroc, Rhinolove se plaça juste devant la demoiselle cyan, l’air étrangement sérieux. Soudain, il s’entoura complètement d’un voile psychique, avant d’ouvrir légèrement la bouche :

Bonjour, jeune Eily et à toi également, jeune Caratroc.

La dénommée sursauta, surprise. Ce n’était pas la voix de cette agaçante chauve-souris qu’elle venait d’entendre mais celle de…

— Omilio ?! s’écrièrent à la fois Eily et Caratroc.
Et oui, c’est bien moi, vous êtes surpris ? Désolé d’être parti à l’improviste. Ce n’était pas voulu, mais les circonstances l’exigeaient, je te passe les détails.
— Mais bien sûr, restez dans le flou, comme d’habitude…
Haha, il est vrai que j’aime faire dans le mystère, tu l’as bien deviné. C’est une sorte de déformation professionnel, si je puis dire. Mais là n’est pas le sujet. Tu dois commencer à trouver le temps long, et tu veux toujours des réponses. Pour me faire pardonner de mon absence impromptue, je vous autorise à pénétrer dans le quartier du savoir, là où se trouve la Tour d’Ivoire. C’est un immense honneur, tu sais ? Beaucoup rêvent d’avoir ce privilège.

Eily roula ses yeux au plafond.

— La joie m’envahit…, souffla-t-elle.
Haha, j’imagine. Quoi qu’il en soit Rhinolove te conduira aux plus hauts niveaux de la Tour d’Ivoire, là où se trouve les documents les plus rares et importants. Sans nul doute qu’ils pourront apaiser certaines de tes interrogations. Mais changeons de sujet, comment se passe ta nouvelle vie ?

Eily soupira.

— C’est ça, changeons de sujet. Enfin, pour vous répondre, je dois avouer que ce n’est pas si mal ici. Mais votre manoir était vraiment dans un sale état lorsqu’on est arrivés ! Si Ifios n’était pas là, on dormirait encore tous sous une tonne de poussières ! Vous auriez au moins pu avoir la décence de nous proposer un logement propre…
… Eily, tu viens de me répondre, n’est-ce pas ? Tu penses être en communication directe avec moi, n’est-ce pas ?
— … nyah ? s’étonna la demoiselle cyan.
Parce que si c’est le cas, tu as encore beaucoup de choses à apprendre, jeune fille. Tout ce que j’ai dit était pré-enregistré. Vois-tu, Rhinolove à la pouvoir d’enregistrer des messages et de les restituer à la perfection, il peut même changer de voix, impressionnant, n’est-ce pas ?

Eily fit des yeux ronds comme des soucoupes. Son cerveau assimila la nouvelle : elle venait de se plaindre dans le vide. Et le pire, c’était qu’elle ne s’en était même pas rendue compte !

J’ai entendu dire que tu avais manipulé Ifios au camp Agrios. La capacité d’influencer une personne avec de simples mots est extraordinaire, n’est-ce pas ? Une lame ne peut trancher l’esprit, les mots, eux, le peuvent. Il suffit de quelques mots pour déclencher une guerre, ou, à l’inverse unir deux ennemis. Ce qui est assez ironique lorsque l’on y pense, car rien n’est plus vide de sens qu’un mot. Mais c’est pour cette même raison, qu’un même mot peut contenir une infinité de sens…

Après avoir fait une petite pause, la voix d’Omilio gloussa légèrement.

Excuse-moi, je divague. Mon pauvre Rhinolove risque de saturer si le message est trop long. Ce que je voulais dire, c’est que si tu ne t’es pas rendu compte que ce message était pré-enregistré depuis le début et que tu as bêtement répondu dans le vide, tu es encore bien loin de maîtriser l’art des mots. Au revoir, jeune Eily, ce fut un plaisir !

Subitement, le voile psychique entourant Rhinolove disparut, et comme si rien ne s’était passé, un sourire niais illumina à nouveau son visage.

— Alors, alors, est-ce que vous avez bien reçu son message ? s’enjoua-t-il.
— …

Eily lui lança son plus beau regard noir. Elle ne connaissait pas Omilio depuis longtemps, c’était même la deuxième fois qu’elle entendait sa voix. Mais ce type avait décidément le don de l’énerver au plus haut point. Il se moquait d’elle ouvertement. Il la prenait de haut. Il la considérait comme une moins que rien. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il était effectivement infiniment plus doué que la demoiselle cyan.

Lors de leur ‘‘discussion’’, Eily aurait juré qu’Omilio lui répondait. Mais ça ne pouvait pas être le cas. Il n’y avait alors qu’une seule explication : le Foréa avait tout simplement anticipé les réponses de la demoiselle au moment d’enregistrer son message.

« … suis-je si prévisible que ça… ? », grogna-t-elle mentalement.

Depuis qu’elle était arrivée en ville, Eily allait de désillusion en désillusion. Et si, depuis tout ce temps, elle avait surestimé ses capacités ? Et si ce n’était pas elle qui était forte, mais plutôt ses précédentes proies qui étaient trop faibles ? Eily se croyait maître manipulatrice, mais elle n’était qu’une enfant.

Eily secoua vivement sa tête, amère. Non, ça ne servirait à rien de penser à cela pour l’instant. La demoiselle cyan préféra plutôt se tourner vers son prochain arrêt : la Tour d’Ivoire. Elle s’occuperait de ses problèmes d’estime de soi plus tard.


 ***

 L’après-midi même, Eily, Tza, Ifios et Rhinolove se trouvaient dans le fameux quartier du savoir. Pendant un moment, la demoiselle cyan crut avoir changé de ville. L’ambiance y était complètement différente. Ici, la bruyante foule avait entièrement disparu. Seuls quelques sporadiques hommes vêtus de longue robes d’érudits osaient fouler le sol sacré du quartier.
Chaque bâtiment érigé ici était en marbre épais, contrairement au reste d’Aifos où le bois dominait. Cela ne faisait que rajouter une touche de solennité au lieu, mais également d’arrogance ; comme si la sagesse ne pouvait s’accoutrer des mêmes matières que le bas peuple.

Mais l’Incontournable, celui qui attirait tous les regards, restait l’énorme édifice situé en plein centre du quartier. Une tour si gigantesque qu’elle perçait les nuages. Eily l’avait déjà vu de loin, mais de près, c’était une toute autre histoire. À côté de ce monstre de pierre, elle se sentait telle une crevette face à un cachalot.

— … qui as bien pu construire ça ? souffla Eily.
— Et en combien de temps ! rajouta Ifios.
— Alah ? s’étonna Rhinolove. Vous ne savez pas ? La Tour d’Ivoire est un vestige de l’Ancien Monde !
— … l’Ancien Monde…, marmonna Eily. Vous voulez dire…

Tza acquiesça :

— Le monde d’il y a 1 000 ans. Il paraît que les gens de cette époque avaient des technologies cent fois plus perfectionnées que nous. Pour eux, construire la Tour d’Ivoire ne devait pas être si difficile.

Eily et Ifios furent forcés d’y croire. Il y avait beaucoup de légende sur l’Ancien Monde et son peuple fabuleux. Certains disaient qu’il pouvait voyager la vitesse de la lumière, voler dans le ciel, et même quitter l’atmosphère et voguer dans l’espace. Personne ne pouvait dire si c’étaient des fables ou non, mais des vestiges, comme la Tour d’Ivoire, poussaient à croire en l’impossible.

— Allez ! Rentrons, rentrons ! s’amusa Rhinolove.

La chauve-souris mena le groupe à travers l’imposante tour. Eily fixa la quarantaine de sévères gardes plantés devant le bâtiment. Une chose était certaine, ce quartier de la sagesse était sous étroite surveillance. Déjà, pour entrer dans le quartier, il fallait montrer une patte d’une blancheur immaculée. Heureusement que Rhinolove et Tza étaient avec eux, car sinon, Eily et Ifios auraient été jetés dehors comme des malpropres.

Une fois avoir aisément passé les gardes grâce à l’Ensar d’Omilio, le groupe pénétra enfin la Tour d’Ivoire. Et là, le silence. Ce fut comme pénétrer une bulle. L’atmosphère, déjà studieuse à l’extérieur, s’était excessivement intensifiée. Eily eut la désagréable impression d’être si indigne de ce lieu qu’elle n’était pas autorisée à respirer. Ifios semblait d’ailleurs partager son avis, car l’adolescent retenait carrément son souffle depuis plus de deux minutes.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, leur pas résonnèrent sur le marbre blanc. Si de l’extérieur, le quartier de la sagesse semblait vide, la Tour d’Ivoire abritait une foule d’érudits tous plus rigides les uns que les autres. Eily n’avait aucunement envie d’en déranger un tant leur regard était autoritaire. Si seulement une certaine chauve-souris pouvait avoir autant de considération.

— C’est super grand, hein hein hein ?! Et encore, ce n’est que le rez-de-chaussée ! Il y a 100 étages en tout, incroyable, hein hein hein ?!

Eily, Ifios et Tza s’empressèrent de s’éloigner de l’agaçant personnage ; ils voulaient à tout prix se désolidariser de lui. Les autres érudits leur jetaient des coups d’œil mauvais. Si Eily se fiait à ses capacités de clairvoyance, elle jurerait que chacun des savants ne rêvait que d’une chose à ce moment précis : étriper la chauve-souris.

« Pas que je puisse les en blâmer… », souffla mentalement Eily.

Malheureusement, la fameuse chauve-souris avait l’immunité ; qui irait chercher des noises à un Ensar ? Et surtout, ce Rhinolove avait une particularité bien embêtante : quelle que soit la haine qu’on lui vouait, il suffisait de regarder sa petite bouille innocente quelques secondes pour perdre toute envie de violence. C’était pour cette raison qu’Eily évitait à tout prix de regarder l’Ensar volant trop longtemps, de peur de tomber elle aussi dans le panneau.

Rhinolove demanda au groupe de s’arrêter juste devant une étrange porte grisâtre, semblant être faite de métal poli. La chauve-souris s’illumina légèrement – signe qu’il utilisait ses pouvoirs Psy – et la porte s’ouvrit… dévoilant une petite pièce d’acier, pas plus grand qu’un placard.

— Et voilà comment on va monter tout en haut en un clin d’œil !
— … nyah ?
— Je vous présente… la boîte magique ! Rentrez dedans, vous allez voir !

Le groupe s’exécuta. Seule Tza était familière avoir l’endroit, et ne posait donc aucune question. En revanche, Eily et Ifios nageaient en plein brouillard. Du coin de l’aile, Rhinolove pointa un pan du mur un étrange mécanisme rectangulaire, qui comportait des espèces de ‘‘boutons’’ numérotés de 0 à 100.

— Il suffit d’appuyer sur l’un des numéro et pouf ! On se retrouve à l’étage correspondant ! Dingue, hein ? expliqua joyeusement Rhinolove.
— Vraiment ? plissa des yeux Eily.
— Il dit la vérité, confirma Tza. D’après les découvertes scientifiques, c’était un moyen de transport très commun il y a 1 000 ans. Même s’il en reste très peu de nos jours…
— Assez discutez ! Vous allez voir, ce n’est pas tout ! J’appuie !

Rhinolove poussa légèrement le bouton numéro 90. Subitement, les portes se fermèrent. Eily déglutit malgré elle, peu encline à se laisser enfermer dans une boîte de métal. Ifios, également angoissé, s’accrocha instinctivement à Eily – plus pour se rassurer qu’autre chose –, la demoiselle cyan ne disait cependant rien, car elle s’était également agrippée à Tza à la seconde où les portes s’étaient refermées. La question restait de savoir qu’est-ce qui était socialement le plus honteux ; qu’un garçon s’accroche peureusement à une fille ou qu’une adolescente s’agrippe fébrilement à une fillette ?

Puis, lentement, le groupe d’aventurier sentit le sol s’élever à une vitesse anormale. Eily plia légèrement les genoux, surprise. Elle n’avait absolument aucune idée de ce qui se passait dans cette boîte d’acier, et ça ne la plaisait pas vraiment. Après trente secondes où Eily eut l’impression que son corps s’écrasait sur ses jambes, les portes de la boîte s’ouvrirent enfin… sur un lieu totalement différent du rez-de-chaussée.
C’était une immense pièce circulaire, dont chaque mur était en réalité de gigantesques étagèrent sur lesquelles reposaient une multitude de livres. Il y en avait tellement qu’il était impossible de les compter.

— Incroyable, on a vraiment changé d’étage…, admit Eily. Mais comment… comment est-ce possible ?
— C’est normal, c’est une boîte magique ! expliqua bêtement Rhinolove.

Eily soupira, comprenant qu’elle n’en tirerait rien. Après tout, les technologies des Anciens étaient extrêmement compliquées, même les érudits peinaient à comprendre leur fonctionnement.

« Si ça se trouve, ce Rhinolove ne le sait pas lui-même… », ricana-t-elle mentalement.

— Bref, bienvenue à l’étage 90 de la Tour d’Ivoire ! s’anima la chauve-souris. C’est l’un des étages les plus important de la tour, vous savez ? C’est ici que l’on retrouve tous les écrits de l’Ancien Monde retrouvés à ce jour ! Enfin, ici, ce sont justes des copies, mais c’est quand même déjà super !
— Intéressant…, laissa s’échapper Eily.

La demoiselle cyan se laissa attirer par les documents les plus proches d’elle.

« Des livres concentrant un savoir millénaire… »

Eily, comme n’importe quel être humain, ne pouvait être qu’excitée devant des trésors aussi précieux. La demoiselle cyan tira un bouquin au hasard. Quels secrets pouvait bien contenir cet écrit ayant transcendé les âges ? Eily en tremblait rien que d’y penser. Un livre qui avait traversé les siècles ; un livre qu’un homme ou une femme, il y a plus de mille ans, avait soigneusement rédigé. Cet auteur mystère pensait-il que son œuvre survivrait un millénaire ? Que son travail d’un jour deviendrait relique ancestrale ?
D’une solennité qui ne la ressemblait pas, la demoiselle cyan caressa la couverture du livre, et lit le titre à voix haute :

— Cinquante nuances de Red.

Eily n’avait aucune idée de ce que ce titre pouvait cacher. Curieuse, elle retourna l’ouvrage, où elle découvrit un bien pratique résumé. Se laissant encore aller à sa curiosité, elle entama une lecture attentive :

— … alors…ahem… Alexia, une innocente journaliste d’Illumis, réussit à interviewer le plus célèbre dresseur de Pokémon du monde, Red. Jeune, séduisant et mystérieux, ce dernier l’intimide. À sa grande surprise, Red vient un jour la voir à l’agence où elle travaille… très attirée par lui, Alexia se verra rapidement devenir sa soumisss… nyah ?

Un léger ton écarlate empourpra doucement les joues de la demoiselle, au fur et à mesure qu’elle réalisait quel genre de bouquin elle tenait entre ses mains. Lentement, le visage sombre, les mains crispées, elle le remit à sa place. Elle resta immobile pendant dix bonnes secondes. Et puis, enfin, n’y tenant plus :

— C’est ça le savoir secret ayant traversé les âges ?!

Un gros et menaçant ‘‘Chuuuut’ venu des érudits emplit subitement l’étage, mais Eily n’en avait cure. Elle était bien trop déçue pour se perdre dans la politesse. Passablement irritée, la demoiselle cyan rejoint le reste du groupe… tout en notant tout de même dans un coin de sa tête l’emplacement précis du roman l’ayant perturbée.

« … c’est juste pour me rappeler où il est pour ne plus jamais le prendre, ce n’est pas comme si je comptais le lire plus tard… », se justifia inutilement la demoiselle.

— Un problème ? lança Ifios.
— Un gros, oui, grommela Eily. Rhinolove, les livres qui sont ici… c’est quoi, exactement ?
— Des romans, pour la plupart ! Oh ! Mais il y a aussi des poèmes si ça t’intéresses !

Eily se mordit les lèvres.

— Écoute, siffla-t-elle. Je pensais plus retrouver, je ne sais pas moi, des documents plus… intéressants ? Des ouvrages de scientifiques sur les Ensar, les Foréa, etc.
— Ça va être compliqué !

Rhinolove voleta joyeusement quelques secondes – sans que personne ne sache exactement ce qu’il cherchait à accomplir – avant de reprendre la parole :

— Ce que tu vois ici est tout ce qui reste de la littérature de l’Ancien Monde ! Nous n’avons retrouvé que des romans ou autres genres s’y apparentant ; aucun ouvrage scientifique ou technique ne s’y trouve ! Dingue, hein ? C’est comme si les Anciens s’en étaient débarrassés délibérément… du moins, c’est la théorie que les savants adoptent !
— … pourquoi s’en débarrasser ? s’interrogea Eily.
— Toujours selon nos érudits, c’est une grooosse catastrophe impliquant leur technologie qui a provoqué la chute de l’Ancien Monde ! Les savants pensent que pour empêcher l’horreur de se reproduire, les Anciens ont tout simplement détruit tout ce qui se rapportait à leur technologie.
— … je vois.

Si c’était vrai, Eily trouvait ça assez égoïste de la part de ses fameux Anciens. S’ils avaient gaffé au point de détruire leur monde, c’était de leur faute. Ce n’était pas une raison pour priver le futur de l’humanité d’un progrès acquis depuis des millénaires.

— Mais attends une seconde, objecta néanmoins Eily. S’il n’y a que des romans, où est-ce que je vais trouver mes réponses, moi ?
— Ne t’inquiète pas, lui répondit calmement Tza. Les romans sont également une source de savoir. Le plus souvent, un auteur tente d’imiter la vie réelle lorsqu’il tient une plume. En conséquence, lire des romans permets d’en apprendre sur le mode de vie et les habitudes des Anciens.

La fillette pointa une dizaine de savants travaillant activement autour d’une table.

— C’est là le rôle des érudits de la Tour d’Ivoire. Ils récoltent le plus d’informations possibles des romans et écrivent eux-mêmes des mémoires réunissant leurs travaux. C’est dans ces mémoires que tu trouveras des réponses.

Tza emmena le groupe plus profondément à l’étage. Ici, il y n’y avait plus d’accumulation monstres de bouquins, mais plutôt une foule d’étagères de taille modeste, supportant de nombreuses et ordonnées mémoires scientifiques.

— Nous y sommes ! s’enjoua Rhinolove. Tu peux lire ce que tu veux ! Appelle-moi quand tu voudras repartir, je vais refaire pleiiin de petits tours de boîte magique !
— Cette boîte est un moyen de transport ou un jouet ? se demanda légitimement Ifios.
— Un instant ! Tu nous laisses seuls ? s’étonna Eily. Pas que j’en espérais beaucoup, mais je pensais que tu allais m’aider à chercher…
— Les recherches ce n’est pas mon truc ! déclara joyeusement Rhinolove. Mais si tu as vraiment besoin d’aide, demande gentiment à un érudit du coin ! Allez, à plus ! Je vais m’amuser comme un fouuuu !

Et la chauve-souris détala à une vitesse éclair. Eily le regarda disparaître à travers les étagères, blasée. La demoiselle se tourna vers la section des mémoires, perplexe. Il y en avait quand même énormément.

— Dis Tza, lança-t-elle à tout hasard. Tu es familière avec l’endroit, toi ?
— … désolée, répondit la fillette. Il est vrai que je viens parfois à la Tour d’Ivoire, mais ce n’est pas pour consulter les mémoires…

Tza détourna les yeux, embarrassée. Eily remarqua qu’elle serrait un bouquin sur sa poitrine, un roman intitulé ‘‘Et si c’était vrai…’’ d’un certain Marc d’Atalanopolis. La demoiselle cyan espérait fortement que ce n’était pas le même genre d’ouvrage que ‘‘Cinquante nuances de Red’’.

— Ce n’est pas grave, soupira Eily, je me débrouillerais.

Tza acquiesça et fila se mettre dans un coin tranquille, où elle se plongea immédiatement dans le roman.

— Moi je pourrais t’aider, mais je suis aussi paumé que toi ici, haha ! s’amusa bêtement Ifios.
— … merci quand même, grinça Eily.

La demoiselle cyan était face à un choix. Soit elle se plongeait elle-même dans les mémoires, où elle risquait d’y avoir pour des jours entiers sans trouver ce qu’elle cherchait, soit elle irait convaincre un érudit de l’aider et ainsi étancher sa soif le savoir le plus vite possible. Ce fut cette deuxième proposition qui fut retenue.

Ceci dit, les savants n’avaient pas l’air très ouvert à secourir une demoiselle en détresse. Sans parler de leur air sévère qui dissuaderait quiconque de s’approcher d’eux. Eily soupira, peut-être qu’elle devrait se débrouiller seule finalement.

— … nyah ?

Ou peut-être pas. La demoiselle cyan remarqua un érudit assez différent des autres. Au lieu de voguer énergétiquement entre les étagères comme ses congénères, celui-là restait planté au beau milieu de l’étage, sans rien faire. Se disant qu’elle n’avait rien à perdre, Eily tenta sa chance et alla dans sa direction.

— Excusez-moi ? lança-t-elle.

Inutile de préciser qu’Eily s’était immédiatement positionnée en ‘‘mode charmeuse’’. Bien qu’elle n’avait fait que subir des échecs ses derniers jours, elle ne connaissait pas d’autre moyen pour demander une faveur à des inconnues.
Cependant, même si elle avait pris la peine de tournicoter mignonnement une mèche de ses cheveux, Eily n’obtient aucune réponse. Il se serait plus précis de dire que l’homme ne réagit pas. Il restait immobile, n’esquissant pas le moindre geste. Tant d’immobilisme finit par inquiéter la demoiselle cyan.

«  Il est vivant au moins ? »

Pendant une seconde, Eily crut être en réalité non pas en face d’un érudit, mais d’une statue diablement réaliste. Toutefois, après une minutieuse inspection, la demoiselle remarqua le lent rythme agitant doucement le torse du savant, signe qu’il respirait.

« Alors pourquoi il ne me répond pas ? »

Eily aurait presque préféré que l’homme l’envoie sur les roses, au moins, elle serait fixée. Or, comme il restait dans le mutisme le plus total, Eily nageait dans un mélange d’agacement et d’incompréhension.

La demoiselle soupira. La rumeur populaire disant que les hommes de sciences étaient tous des atypiques n’était peut-être pas si erronée. Eily fixa longuement cet étrange homme à la longue chevelure verte.

— … nyah ?

Elle plissa les yeux, pas certaine de ce qu’elle voyait. Sur le crane de l’érudit, la demoiselle cyan semblait apercevoir deux étranges excroissances, comme des cornes, emmitouflées dans des bandages.

« … peut-être une mode locale ? »

Eily se souvint que lors de sa visite d’Aifos, elle avait aperçu des boutiques proposant des accessoires insolites. Pour ceux à qui le chapeau semblait trop courant, certains commerçants proposaient des serres-têtes arborant des oreilles d’animaux – souvent de chat, chien, ou renard – ainsi que des cornes. La demoiselle cyan était cependant surprise qu’un homme de science accorde de l’intérêt à ses fantaisies.

« … je perds mon temps… »

Comprenant que l’individu cornu ne lui serait d’aucune utilité, Eily s’apprêta à faire demi-tour. Mais à peine avait-elle esquissé la volonté de son mouvement, qu’une voix le retint :

— Mademoiselle ? Vous êtes là depuis longtemps ?

Eily arrêta net tout mouvement, étonnée de la réactivité soudaine de son interlocuteur.

— … pas vraiment ? répondit-elle encore perturbée.
— C’est la première fois que je vous vois ici. Vous êtes une voleuse ? Parce que si c’est le cas, je n’ai rien de valeur sur moi ; en revanche, si vous m’épargniez je peux vous diriger vers certains qui croulent sous la fortune.

Eily plissa les yeux :

« Ce type est le courage incarné… »

Cependant, Eily ne savait ce qu’il l’étonnait le plus. Que cet homme en soi arrivé à supposer une idiote histoire de vol, ou qu’il débitait ses bêtises dans le plus grand des calmes.

— Quoique, non, c’est impossible, réfléchit l’homme. Le Tour d’Ivoire est bien trop gardée pour permettre à des criminelles d’entrer…

« … et pas suffisamment pour en empêcher les imbéciles, visiblement », rajouta mentalement Eily.

— Que me voulez-vous, alors ? demanda l’érudit cornu.

Eily secoua imperceptiblement la tête. Elle ne devait pas aller au rythme de cet inconnu à qui il manquait certainement une case ou deux. Toutefois, s’il était là, dans la Tour d’Ivoire, c’était qu’il devait bien connaître les lieux.

— Je suis ici pour consulter les mémoires à propos des Ensar et des Foréa. Je suis envoyée par Omilio lui-même.
— Omilio… ?

L’érudit à la chevelure verte se frotta le menton, réfléchissant.

— Voici une requête bien particulière. Il est surprenant qu’Omilio autorise une jeune adolescente à consulter des documents d’une telle valeur…
— Si vous ne me croyez pas, demandez à Tza, la sœur d’Omilio. Elle est ici. Ainsi que Rhinolove, même si ce dernier est en train de… jouer avec la boîte magique.

Le savant réfléchit de plus bel. Il tourna la tête dans la direction que lui indiquait Eily, et effectivement, il pouvait reconnaître la célèbre petite sœur du Foréa. Et d’ailleurs au niveau de la ‘‘boîte magique’’, l’érudit aperçu l’Ensar psychique en sortir, avant d’y rentrer à nouveau.

— Je vous crois, jeune fille, souffla-t-il enfin. Cela reste cependant bien curieux, je sens mon âme s’ébouillanter devant tant de mystères. Pourquoi notre bon Omilio vous permet, à vous, de découvrir les secrets de la Tour d’Ivoire ? La tension est telle que je vais m’évanouir.

« … il a l’air bien calme pourtant », grinça mentalement Eily.

Cet homme était décidément très difficile à cerner. Même s’il disait être ‘‘sur le point de s’évanouir’’, sa voix restait très posée, presque monotone ; de même, sa posture restait droite et retenue. Eily ne pouvait dire si cet homme se moquait d’elle ou s’il était sérieux.

— Quoi qu’il en soit, je suis un peu perdue, avoua Eily. Il y a un nombre impressionnant de mémoires, et j’espérais trouver quelqu’un pouvant m’aider…
— Je comprends parfaitement, acquiesça l’homme. Oh, et où sont passées mes bonnes manières ? Enchanté de vous connaître, jeune fille. Je me nomme Fario, un humble homme de science.
— Eily, répliqua simplement cette dernière.
— Hé bien, Eily, si vous cherchez de l’aide, je serais ravi de vous en fournir. Voyez-vous, je suis un être excessivement curieux ; lorsque je me retrouve dans une situation incongrue, je ne peux m’empêcher de me déployer corps et âme pour la comprendre. Vous le voyez certainement, actuellement, l’excitation fulmine en mon être.

« … non, ce n’est pas très visible… », soupira Eily.

La demoiselle cyan avait l’impression de faire une grosse erreur en dévoilant tout à cet étrange individu, mais d’un autre côté, il serait sans doute le seul érudit du coin à vouloir l’aider. Le jeu en valait la chandelle, du moins, c’était ce qu’Eily espérait.


 ***

 Finalement, ce Fario n’était pas qu’un extravagant. En moins de deux, il avait réuni quelques documents qui mentionnaient justement ce qu’Eily cherchait. La demoiselle cyan s’était installée sur une table au fond de l’étage, pour être le plus tranquille possible. Non, loin, elle pouvait tout de même apercevoir Ifios qui était en pleine lecture d’une œuvre intitulée ‘‘devenir un homme « vrai »… plutôt qu’un « vrai » homme ».’’
Eily ne porta cependant pas plus d’intérêt que ça à l’ex-Agrios. Elle préféra plutôt saisir l’un des mémoires, et de s’y engouffrer :

— … les Ensar sont de mystérieuses créatures possédant des pouvoirs encore plus mystérieux, lit-elle doucement. Actuellement, seuls cinq subsistent à Prasin’da, mais auparavant, ils peuplaient la Terre entière, sous le nom de Pokémon. À l’ère de l’Ancien monde, il existerait plus d’un millier d’Ensar – ou de Pokémon – différents.

« … Pokémon… »

Eily se souvint d’avoir déjà lu ce terme il y a peu, dans le résumé de ‘‘cinquante nuances de Red’’. Si elle se souvenait bien, Red était un ‘‘dresseur Pokémon’’. La demoiselle cyan n’avait cependant pas la moindre idée de ce que cela pouvait signifier.

« … et ils peuplaient la Terre… »

Eily avait dû mal à la concevoir. À Prasin’da, les Ensar étaient symboles divins, de puissance infinie. Qu’importe comment elle se l’imaginait, un monde grouillant de Tranchodon ne pouvait pas être de tout repos. Comment être en paix si des créatures pouvant anéantir des villes entières vivaient près de chez-soi ?

La demoiselle cyan reprit sa lecture. Elle y apprit les bases les plus élémentaires sur les Ensar ; ils possédaient tous un ou des ‘‘types’’ qui définissaient leur pouvoir. Rhinolove était par exemple qualifié comme un Ensar de type Vol et Psy, car il pouvait contrôler les flux aériens et psychiques.

« Je me demande de quel type est Troctroc…puisque c’est une tortue… peut-être Sol ? Ou Eau ? J’ai entendu dire que certaines tortues savaient nager… quoique, Troctroc m’a avoué un jour détester l’eau… »

Eily découvrit ensuite qu’il y a 1 000 ans, les Anciens avaient la capacité de ‘‘capturer des Pokémon’’ dans des ‘‘Pokéball’’, des petites capsules colorés. La demoiselle cyan lut l’information avec perplexité, mais après tout, elle se dit que c’était sans doute vrai. Les Anciens savaient quasiment tout faire, alors pourquoi pas enfermer des mastodontes dans des balles ? Et puis, les Foréa faisaient de même avec leur Ishys en y réfléchissant.

— … ceux qui capturaient ainsi les Pokémon étaient appelés des dresseurs de Pokémon. Ils entraînaient leur Pokémon qu’il exhibait dans des combats d’anthologie. C’était l’une des activités les plus populaires de l’Ancien Monde.

« Des combats d’Ensar ? s’étonna Eily. Vraiment ? J’ai dans l’idée que si Tranchodon affrontait un autre Ensar de même puissance, il faudrait redessiner quelques cartes… »

— … de nos jours, les Foréa sont ceux qui représentent le plus les dresseurs de Pokémon, on pourrait également apparenter les Pokéball aux Ishys. Cependant, les dresseurs de l’époque, contrairement au Foréa, ne possédaient pas de pouvoir particulier. Il faut noter également qu’aucun texte de l’Ancien Monde ne mentionne d’individu correspondant au Foréa. Il est admissible de supposer que les Foréa sont apparus après le Télira, la grande catastrophe ayant mit fin au règne des Anciens.

« Intéressant ça, reste à savoir pourquoi… »

— … selon la théorie, les Foréa seraient des récepteurs d’énergies particulièrement sensibles. Comme notre divin Vasilias est capable de transformer n’importe qui en Foréa, il est légitime de penser que n’importe qui peut devenir un Foréa. Mais aucun cas de Foréa ‘‘naturel’’, c’est-à-dire, sans l’intervention du Vasilias, n’a été constaté jusqu’à ce jour.

« … jusqu’à ce jour… », marmonna Eily.

— … la plupart des théoriciens s’accordent sur un point : la disparition des Pokémon de l’Ancien Monde a créé un grand vide dans la balance énergétique. Supposons que le monde produisait une énergie miraculeuse, que l’on nommera simplement ‘‘magie’’. Les Pokémon absorbaient et régulaient naturellement cette magie. Mais avec la disparition de ces derniers, la magie invisible s’accumulait peu à peu, jusqu’à influencer l’humanité.

« … ohé, on parle de magie maintenant ? »

— … cette influence varie selon les cas. Par exemple, certains individus de nos jours sont capables de prouesses physiques ahurissantes et apparemment impossible pour le peuple de l’ancien monde.

« Des prouesses physiques ahurissantes ? Genre… Tza et son épée absurde ? C’est vrai que ce n’est pas banal…, ce serait donc l’œuvre de cette fameuse ‘‘magie’’… ? »

— … d’autres encore, plus sensibles à la magie, seraient capable d’invoquer la force des éléments : les Magus. Leur existence reste néanmoins cachée du grand public, et la garde impériale fait son possible pour les recenser et les contrôler.

Eily lâcha un léger hoquet étonné. C’était la première fois qu’elle entendait parler de personne pouvait ‘‘invoquer la force des éléments’’ ! Surmontant sa surprise, la demoiselle cyan reprit sa lecture :

— … et les Foréa constituent le corps le plus ouvert à la magie. Comme dit précédemment, ce n’est pas une capacité innée, mais plutôt un don du Vasilias.

« Mais moi je ne l’ai jamais rencontré ce pseudo-dieu… », marmonna Eily.

Eily ferma les yeux, intégrant ce qu’elle venait de lire. Et si la tant espérée explication était la plus évidente ? Selon ses documents, tout serait une question de sensibilité. Et si Eily était tout simplement une humaine extrêmement sensible à la magie ? Cela expliquait qu’elle avait été capable d’atteindre le rang de Foréa sans avoir besoin du Vasilias !
Cette idée plaisait particulièrement à la demoiselle cyan, car cela voulait dire qu’elle était une humaine particulière, presque une élue divine, et par conséquent bien supérieure aux autres ! Elle serait d’ailleurs bien plus exceptionnelle que ce satané Omilio, qui, lui, avait eu besoin du Vasilias pour être un Foréa, contrairement à elle, la grande Eily !

Et la ‘‘grande Eily’’ se laissa aller à un sombre ricanement, suffisamment remarquable pour attirer l’attention de Fario.

— Vous avez déniché quelque chose d’intéressant ?
— On peut dire ça… je viens juste de découvrir à quel point j’étais géniale !

Sans porter plus d’attention à l’érudit cornu, Eily ricana à nouveau, fière d’elle. Si ses présomptions étaient exactes, elle était beaucoup plus puissante qu’un Foréa normal. Elle manquait juste un peu d’expérience, mais si elle parvenait à maîtriser totalement ses pouvoirs…

— … personne ne pourra m’arrêter ! Nyahaha !