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GREAT WARS T.1 : All men dream, but not equally de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 28/06/2017 à 13:14
» Dernière mise à jour le 27/08/2017 à 15:19

» Mots-clés :   Action   Alola   Guerre   Mythologie   Présence d'armes

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3- « Oui mon général, bien mon général »
« Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. »
— Winston Churchill (1874 - 1965) —


* * *


Les orbes couleur émeraude naviguent d'un bout à l'autre de la grande carcasse cuirassée, peinte d'un gris métallisé par les rayons persistants du soleil. Le grand navire de guerre, amarré dans la baie de Ho'ohale, est luisant, lumineux, majestueux.

La proue est frappée de grasses et blanches lettres capitales révélant son nom, le HMS Wailord — appellation nullement usurpée au vu de la taille du bestiau.

D'un côté et de l'autre du pont principal, canons et tourelles sont alignés dans une harmonie toute militaire, prêts à larguer des projectiles sur n'importe quel vaisseau ennemi. On n'y voit pas les roucarnages comme sur les cuirassés de Kanto, mais le blindage doublement épais et la puissance de tir des armes sont suffisants pour intimider même le plus vaillant soldat ennemi.

Le capitaine lui-même en serait presque impressionné malgré toutes les heures passées à bord du mastodonte des mers.

« On doit vraiment monter là-dedans ? Je veux dire, ce n'est pas que la mer me pose problème, mais ça me semble... vaste. Aucun risque qu'on se perde ? »

La remarque candide du jeune homme ne manque pas de surprendre ses supérieurs, ainsi que tous les autres soldats subalternes de l'unité, six bonnes âmes accoutrées dans des uniformes couleur sable et au faciès plus neutre encore que celui d'un métamorph.

Cigarette à la bouche, comme souvent, le général Macarthur considère la tête blonde avec intérêt.

« Si vous craignez de vous perdre sur le chemin des toilettes, vous demanderez à un marin de vous accompagner. Allons, lieutenant, c'est vraiment tout ce qui vous préoccupe ? Je m'attendais à ce que vous craigniez davantage le désert. »

Désinvolte, l'autre hausse piteusement les épaules, comme si la parole du supérieur lui importait peu.

« Le désert, je n'en ai pas peur, je le connais. Comment le craindre quand on en est familier ? C'est pareil pour le grand bateau, là, vous le connaissez, vous n'en avez pas peur. »

Les mots de l'agent du renseignement semblent faire sens, puisque le grand brun n'objecte pas, et se tourne de nouveau vers la silhouette gigantesque et patiente qui se découpe sur fond de ciel bleu. Le léger balancement de la forme sombre, au gré des légères vagues estivales, est presque apaisant.

Si seulement ça n'était pas un navire de guerre, un envoyé de la mort.

« Tant que le voyage jusqu'à l'île d'Akala n'est pas trop long, souffle le colonel Snow, à quelques pas de là, il n'y a aucune raison de se plaindre. Bien, j'imagine que le capitaine Eaton nous attend à bord. Ne perdons pas de temps. »

Si le léger tremblement dans la voix de la femme est passé inaperçu dans l'assemblée, il n'a pas échappé à Weigall. Intrigué, fouinar à l'épaule, le jeune homme suit le reste du cortège à l'intérieur du monstre.


* * *

La cabine du capitaine, c'est devenu le lieu de rendez-vous des officiers depuis qu'il joue la navette entre les îles ; il n'est plus question de naviguer dans des bateaux de plaisance, c'est la guerre et on prend les navires adéquats.

Bien sûr, ce qu'il en dit le commandant de bord, ce n'est pas du bien. On lui prend sa baleine de ferraille pour escorter des troupes, à quoi il sert son rang maintenant ? Les bandes jaunes sur fond de veste noire ne sont plus qu'une décoration pour faire joli, et plus pour intimider.

Le capitaine, malgré tout, c'est un homme bien, un peu rigide mais droit dans ses bottes, fidèle à ses convictions, et Arceus sait qu'une conviction, c'est facilement ébranlé. Monsieur Melvin Eaton, déjà cinquante-huit ans, le cheveu noir virant au gris, mais toujours fidèle au poste, le premier levé et le dernier à se plaindre, c'est bien l'âme la plus respectable de la marine unysienne.

Mobilier spartiate et odeur d'essence, ce n'est pas le lieu le plus accommodant qui soit, mais on s'y fait vite et bien. Le tout c'est d'avoir un jeu de cartes et une bonne conversation autour de la table.

Quand on tend l'oreille, on peut entendre le pas pressé des hommes de maintenance dans les coursives, et le râle ensommeillé des machines qui tournent à plein régime.

Rarement les marins y sont invités, dans la cabine du chef, car c'est une incitation à délaisser les travaux de bord, mais on ne refuse pas la place aux officiers terrestres dans leurs drôles d'uniforme à nuance de sable.

« Quand même, marmonne Macarthur entre ses dents, qui aurait cru qu'elle ait le mal de mer ? Et puis, on accepte les officiers malades dans l'armée, maintenant ? »

Le marin grisonnant hausse calmement les épaules, tire une bouffée d'un odorant cigare et étend ses longues jambes pourvues de bottes en cuir brun.

En face, le jeune Weigall, toujours la créature rayée sur l'épaule, scrute son jeu avec circonspection. Les vieilles cartes jaunies, un deux de pique et un roi de trèfle, n'augurent rien d'intéressant.

« Bien messieurs, je me couche. »

La main aux doigts fins laisse tomber les deux morceaux de carton sur la table dans une sorte de froissement discret. Capitaine et général, plus le moins du monde amusés par le jeu sans enjeu, suivent immédiatement.

Le cigare brun et fumant s'écrase dans le cendrier ébréché en coin de table, et bientôt la cigarette de Macarthur fait de même dans une traînée grisâtre. Ne restent que des parcelles de cendre sur la surface de bois, et l'odeur pénétrante.

« Je connais bien Jackson, souffle le capitaine de sa voix grave et dure, mais ce qu'il a fait, là, c'est débile. On ne se base pas sur des légendes pour monter une opération de grande envergure.
— A qui le dites-vous », grogne le général, main frottant son visage fatigué.

Le blondinet lui, darde avec intérêt mêlé d'une sorte de condescendance le visage escarpé du marin. Pommettes hautes et saillantes, nez bien droit et lèvres fines dessinant une ligne horizontale sévère, il a tout du militaire chevronné et loyal tant apprécié par les grands chefs d'état-major.

Il a bien envie de répliquer quelque chose à ce loup de mer, qu'il y connaît rien au renseignement et aux stratégies d'information, mais à quoi bon ? Ce n'est pas le bon vivant Joseph Macarthur qui le défendrait après coup.

Et puis l'œil tranchant du général, couleur acier, est à lui seul assez dissuasif. Weigall n'a pas l'habitude de rester à sa place, et a même la fâcheuse tendance à faire l'inverse, mais quelque chose chez ce presque sexagénaire au teint blafard le retient de donner son avis trop ouvertement.

« C'est bien pour ça qu'on a ce jeune monsieur avec nous, de toute façon ; pour accomplir le miracle que le général Jackson attend de nous. »

Dans un genre d'accolade fraternelle, le bras solide du grand brun entoure les épaules plus frêles du lieutenant, assez brièvement pour que Vicky ne manifeste pas son mécontentement par une morsure — ou quelconque atteinte à la bonne humeur du bon général.

Soudain sans réelle raison, le jeunot se met à penser à cette femme à beauté froide, dont la voix à peine chevrotante traduisait plus tôt la crainte inspirée par le tangage du bateau.

D'elle avachie quelque part avec un seau à portée, ou de lui, coincé avec deux hauts gradés n'ayant pas la moindre foi en son travail, il ne sait pas qui est le plus à plaindre. Deux secondes de réflexion, et il se dit qu'il a de la chance de ne pas baigner dans son déjeuner, au moins.

Doucement secoué par les flots tranquilles, le mastodonte armé continue sa progression, alors qu'à l'intérieur s'animent des créatures insignifiantes et énergiques.

Loin des affres sanglants de la guerre, le cuirassé avance vers sa destination.


* * *

Sitôt que le bateau arrive, vers les dix-neuf heures, officiers et simples soldats sans grade partagent un repas dans une auberge paisible, avant d'embarquer dans un véhicule métallisé peu confortable.

Au volant, le seul homme sachant conduire, le médecin de l'équipe, sifflote un air bien connu du pays natal — rappelant du même coup aux tristes militaires l'éloignement de la mère patrie.

Assis comme ils le peuvent à l'arrière, parqués comme du bétail, tous les malheureux couleur sable sont serrés les uns contre les autres dans une drôle de cacophonie ; chacun parle en même temps et on s'entend à peine, si bien qu'au bout de quelques minutes le général est forcé de demander le silence complet.

Évidence, personne ne conteste et l'absence de son prend bientôt toute la place dans la remorque brinquebalante. Ainsi serrée contre des soldats à la respiration erratique, Vicky serait presque tentée de s'enfuir — la seule présence de son dresseur la maintient clouée sur ses genoux.

Même le conducteur a daigné se taire, et ses deux pokémons installés sur le siège passager avant se disputent l'espace, empiétant largement sur celui de leur dresseur ; ce cerfrousse et ce castorno n'ont jamais pu s'entendre, au point d'en devenir des célébrités parmi les collègues.

Le blondinet installé dans un recoin jette un coup d'œil à sa supérieure dont les maux de ventre semblent s'être calmés, depuis le retour à la terre ferme.

Cependant, son expérience des gens malades en mer lui intime de se méfier, car les secousses du camion pourraient raviver les sensations du bateau ; le trajet étant suffisamment pénible pour se passer d'un repas régurgité.

Et ainsi déambule encore et toujours la question, le long des sentiers sinueux de son cerveau épuisé. La même question depuis des minutes qui lui paraissent des heures entières.

« Quand est-ce qu'on arrive enfin dans ce maudit village ? »


* * *

Au moment où les pieds chaussés de bottes hautes jusqu'aux genoux touchent le sol terreux et caillouteux, c'est un soupir de soulagement crié par chaque pore de la peau. Les soldats sablonneux étirent leurs muscles engourdis, les pokémons font de même — à l'exception des fameux cerfrousse et castorno qui ne cessent de se lancer des éclairs par les yeux.

Le ciel au-dessus des têtes vire au bleu sombre, les nuages disparaissent depuis un moment déjà, et le soleil a troqué son poste de sentinelle pour laisser à la lune son tour de garde. De là-haut, œil d'argent vif comme un tireur d'élite, elle doit avoir une vue panoramique sur la guerre qui se joue en contrebas.

Macarthur, calme comme à son habitude, étincelle joviale au coin des yeux bleus, réunit tout le cortège autour de lui, en cercle comme une réunion solennelle. Il aperçoit la silhouette du colonel Snow légèrement en retrait, dos contre la remorque du véhicule, encore chancelante suite au voyage.

« Vous me faites vos préparatifs rapidement — vivres, munitions pour pistolet, nourriture pour pokémons et des petits extras si vous avez apporté suffisamment de billets.
— Mais inutile de vous surcharger, renchérit aussitôt Weigall sur un ton professoral. Les traversées dans le désert sont éreintantes, ce serait vous fatiguer plus rapidement pour rien du tout. »

Monsieur le grand brun hésite entre réprimander ou remercier le jeunot pour son intervention ; se contente finalement d'un hochement de tête en guise de reconnaissance, et envoie tout le monde aller se préparer comme il se doit au sein du village, excepté la taciturne blonde qui ne manque de rien, sacoche à l'épaule.

Comme ordonné par le général, le curieux petit lieutenant s'en va donc à la suite des camarades, le long d'un sentier difforme et presque effacé par la surabondance d'herbes folles. Voilà des mois qu'il n'a plus mis les pieds sur ce chemin caillouteux et rustique, menant tout droit vers les étendues désertiques de Haina.

S'il ferme les yeux, il se revoit presque marcher, avant la guerre, calme et guilleret comme le jeune homme passionné qu'il était par le désert et ses mystères. A présent le voilà en uniforme, pistolet à la ceinture et casquette de travers sur les fils blonds de sa tête.

Comme les temps ont changé !

A gauche il y a toujours les vagues mouvements de la mer, bercée par une sorte de brise nocturne fraîche et discrète. A droite, pas grand chose, deux trois rochers et de la végétation comme on en voit partout sur l'archipel.

A quelques dizaines de mètres, les lumières du village, simple amas d'habitations rustiques, scintillent pour indiquer le chemin au petit groupe de militaires. Et un peu plus loin, comme une grande forme dominant les autres, une vraie silhouette de chef, le quartier général local, construit en pierre et paré de grandes fenêtres jaunies par les lampes.

Dès le début de l'an 1921, le général Jackson a énormément insisté pour faire installer des quartiers militaires, et ce dans chaque ville et village de la colonie. « C'est le meilleur moyen de garder un œil sur ces sauvageons et de prévenir les mutineries », disait-il à tout bout de champ.

Le résultat n'a cependant pas été celui escompté, puisque le tristement célèbre Alaka'i s'est justement servi de ces agissements contre le principal leader de l'état-major basé à Alola. Depuis lors, il est proprement hors de question d'évoquer cela en présence du bonhomme — sous peine de voir la « légende de la corvée de chiottes » devenir une dure réalité.

D'aucuns racontent même qu'il nierait toute implication dans cette décision, et qu'elle émanerait d'en haut, c'est-à-dire du commandant suprême lui-même. Le jeune Weigall, du peu qu'il connait de son chef d'état-major, pourrait très bien y croire si on lui en donnait la preuve.

Un peu comme tout le monde l'ayant déjà rencontré, il ne tient pas ce colosse patibulaire en haute estime. Entre les rumeurs et sa propre expérience, le voilà conduit à penser que la meilleure solution est de ne pas s'attirer d'ennuis pour ne pas se retrouver dans son bureau en attendant la sentence.

Le groupe de petites maisons passé, le blondinet et sa compagne toujours nichée sur son épaule débouchent sur une large place animée. Le sol n'est recouvert que d'un tapis d'herbe, et tout autour de ce point central se dressent divers étals aux senteurs épicées, tout un carnaval de couleurs vives.

Humant les divers parfums mélangés dans l'air ambiant, il en oublie presque ce pourquoi il est là ; l'uniforme, le pistolet pesant lourd à sa ceinture, la casquette vacillante juste posée sur son crâne, et surtout les supérieurs.

C'est tout naturellement qu'il se dirige à la rencontre d'un vendeur aux dehors sympathiques, longue chevelure brune flottant dans son dos et sourire blanc à en aveugler un ténéfix. Drapé dans les larges habits colorés de coutume à Alola, il donnerait à n'importe qui l'impression de se trouver en congé sur une île paradisiaque.

Tout ce qu'on lui a dit et répété au sujet des locaux, c'est comme s'il l'oubliait instantanément. Plus de barrières entre les deux nations, juste une banale transaction, un achat de baies comme un autre. Les pièces clinquantes passent de la main claire à la plus sombre, et le sac de toile fait le chemin inverse pour se retrouver serré par le poing de Weigall.

Souriant, il se remémore avec bonheur les moments passés avant l'armée, avant tout ça, et espère presque échapper à la réalité. Cependant une main ferme l'empoigne par l'épaule, et bientôt une odeur de cigarette lui agresse le nez.

« C'est pas le moment de jouer les touristes, Weigall, sermonne Macarthur, le regard azur plus sérieux que jamais. Le ravitaillement, c'est au QG, on ne doit pas... »

Le grand brun semble comme chercher ses mots, prudemment.

« On ne doit pas faire, euh, ami-ami avec ces gens, vous comprenez ? Pas quand on est en mission pour contrecarrer les plans de certains d'entre eux. Cet homme pourrait très bien être des leurs. »

A nouveau la cigarette est portée entre les lèvres fines et indécises, qui en recrachent une fumée grisâtre ; laquelle reste en suspens un moment dans l'air ambiant, pour s'évanouir ensuite.

L'homme sable à tête blonde a suivi le mouvement des yeux, et le voilà de nouveau fixant le visage fatigué du général. Avec ses traits tirés, les poches sombres sous le regard, il est déjà loin du plaisantin des réunions.

« Moi, je dis ça pour votre bien. Faudrait pas qu'on renvoie de vous des mauvais échos au général Jackson, déjà qu'il est irritable... Faites ce qu'on vous dit de faire, sachez rester à votre place et tout se passera bien, pour vous comme pour moi. »

Sans ménagement, le mégot est jeté parmi les herbes folles, et aussitôt écrasé par la semelle d'une botte brune. Vicky s'enroule autour des épaules de son dresseur, comme dans une intention de le protéger d'un ennemi.

« Allez, ne perdez pas le peu de temps que vous avez, et filez au QG. On se voit dans une demi-heure, lieutenant. »

Macarthur le gratifie d'un salut informel, bref hochement de tête, et s'en retourne vers le colonel Snow, postée à quelques pas de la scène pour observer l'échange. Pensif, Weigall plonge ses doigts dans le poil doux quoiqu'un peu rêche de la fouinar, et le regarde s'éloigner.


* * *

Tout près de l'entrée du désert, à quelques dizaines de mètres, s'étend une oasis à l'eau claire et fraîche, véritable salut pour les voyageurs solitaires en mal d'argent. Quelques palmiers se dressent alentour, le tronc majestueux et les feuilles au vent, comme les gardiennes de ces lieux désolés.

Un cercle de tentes aurait fait son apparition non loin, quelques années plus tôt ; seulement maintenant, l'on a construit un genre d'hôtel à proximité. Pas très grand, mais suffisant pour accueillir une petite dizaine de militaires pour la nuit.

Qui plus est, prendre le risque de dormir à l'air libre juste à côté d'une zone stratégique importante — car contrôler le point d'eau, près d'un désert, est essentiel — serait s'exposer à une potentielle attaque des indépendantistes. Comme ils n'ont pas de télécommunications modernes, impossible de les espionner et de récolter beaucoup d'informations sur leurs plans de bataille.

« A vue d'œil tout a l'air calme, commente Winnie Snow en abaissant sa paire de jumelles. L'oasis est complètement déserte, et on les entrendrait arriver, s'ils se montraient. La nuit sera sans doute tranquille, et puis, d'ici à ce que l'Alaka'i apprenne notre présence, on sera déjà dans les dunes de sable. »

Joseph Macarthur acquiesce doucement, la face livide rendue étrangement scintillante par les rayons lunaires. Si cette affectation dans les steppes désolées de Haina ne lui fait pas peur, il n'en est pas de même des attaques alolaises.

On raconte qu'ils se battent à l'arme blanche, ne disposant pas de pistolets, et qu'ils savent exactement là où la douleur est la plus insupportable. Cette maîtrise chirurgicale du combat rapproché pourrait causer du tort aux technocrates unysiens.

C'est ce genre de pensée qui révèle la nature profonde. La réaction face à la guerre, ça en dit long sur quelqu'un, on l'affronte ou on la fuit, c'est l'un ou c'est l'autre. Monsieur n'a pas honte de se l'avouer, s'il le pouvait il rentrerait bien sagement dans sa maison à Maillard, avec les enfants et leur mère. La famille, c'est ça qui importe le plus.

« Vous avez raison, soupire-t-il néanmoins. Pas besoin de s'inquiéter pour ce soir. »

Sans rien dire de plus, le général balance son mégot — troisième depuis l'arrivée au village — sur la terre rouge et sèche. S'attend presque à voir l'étincelle luisante et rouge propager un feu, regarde disparaître les derniers volutes de fumée.

La nuit porte conseil, dit-on. Pour la première fois de sa vie, il espère que les qu'en dira-t-on ont raison.