Chaos à Kanto de Cyrlight

- Bonsoir, mesdames et messieurs, et bienvenue sur Céladolive ! Je suis Mathias Perverley...
- ... Et je suis Abigaëlle Morvant. Nous sommes tous là ce soir pour assister au grand débat de l'élection présidentielle, qui permettra aux électeurs de départager les sept candidats.
- Les voici qui entrent sur le plateau. Il a été décidé par tirage au pistol... sort que le premier à s'exprimer serait Giovanni Boss. M. Boss, vous pouvez...
- Je m'oppose à ce que Giovanni Boss s'exprime en premier, interrompt Morgane. Si vous aviez scruté le ciel, ce soir, vous auriez vu que les planètes sont massivement regroupées dans ma maison. Elles m'ont choisie, ce qui fait que l'honneur d'entamer ce débat me revient. On ne contredit pas les astres.
- Si les astres ont réponses à tout, miss Natsume, ne venez jamais dans l'un de mes casinos. Je ferais vite faillite, avec quelqu'un comme vous.
- Je vous rassure, je n'en ai pas l'intention. Je connais les rumeurs qui circulent à votre sujet.
- Ah, ces rumeurs ! s'exclame Peter. Je dois avouer que j'ai grandement contribué à les propager. Je pense... Non, j'accuse M. Boss, dans son casino...
- Monsieur Lance ! intervient Abigaëlle Morvant. Ce n'est pas une partie de Cluedo.
- ... d'entretenir des relations douteuses avec la Team Rocket.
- Calomnies ! tonne l'intéressé. Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez.
- Calomnies ! répète la Copieuse. Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez.
- Faut quand même avouer que le prétentieux n'est pas le seul à penser ça, grogne François Martin. Les sbires Rocket qui s'évadent de taule peu après votre visite, c'est quand même gros comme coïncidence. Plus gros qu'un chou à la crème farci à l'air.
- Si M. Boss est complice de la Team Rocket, s'exprime le professeur Chen, il ne faut pas voter pour lui. La Team Rocket fait du mal aux pokémon, or les pokémon sont nos amis. Il faut les aimer, pas les malmener, c'est pourquoi dans mon programme, je propose de...
- Nous reviendrons sur les programmes plus tard, professeur, coupe Mathias Peverley. Red, vous n'avez pas encore pris la parole. Quelque chose à ajouter avant de conclure sur ce sujet ?
- ...
- Bien, passons au thème suivant, nous...
- Je viens de tirer les cartes ! ânonne Morgane. Le roi de pique, M. Boss. Vous êtes un homme mauvais ! Je dirais même que vous êtes Darkrai incarné.
- Et vous voudriez élire cette illuminée présidente ? rétorque Giovanni. Regardez cet œil fou et les propos incohérents qu'elle tient.
- Dites, miss Natsume, vous pourriez me tirer les cartes, à moi aussi ? interroge Peter. Est-ce que je serai toujours aussi beau ?
- S'il vous plaît ! insiste Peverley. Parlons maintenant d'économie, et plus précisément de la Sylphe SARL, dont la situation est plus que préoccupante, alors qu'elle représente actuellement le plus grand nombre d'emplois de Kanto. Professeur Chen, je crois que vous envisagez sa fermeture ?
- En effet, elle ne répondra pas aux normes écologiques que je mettrai en vigueur dès le début de mon mandat et, surtout, l'emplacement est idéal, et le lieu assez spacieux, pour recueillir des milliers de pokémon dans le besoin.
- Si vous êtes élu, je suis prêt à m'associer avec vous, moyennant 51% des actions, propose Giovanni. Si vous ne l'êtes pas, cet endroit fermera quand même, mais pour devenir un hôtel-casino de luxe. Je pensais à un nom comme... Bellagio, ou Mirage, peut-être. Je délibère toujours.
- Le seul mirage dans la pièce, c'est votre pseudo-intégrité, s'emporte François Martin. Si la Sylphe SARL ferme, tous ces malheureux seront sans emploi. Que deviendront-ils ?
- Ils n'auront plus d'emploi et j'aurai besoin de main-d'œuvre, je les embaucherai.
- Vous exploitez vos salariés, M. Boss, accuse Peter. Ils travaillent dix à douze heures par nuit dans vos casinos.
- Un temps que vous connaissez bien, puisque c'est celui que vous passez devant votre miroir, à vous prendre en photo pour ensuite poster sur les réseaux sociaux.
- Dire que vous pourriez consacrer ce temps aux pokémon, au lieu de le gaspiller inutilement ! soupire Samuel Chen. Un président doit savoir où sont ses priorités, et la priorité, ce sont les pokémon ! Pensez à ces pauvres Goupix qui sont traqués pour leur fourrure, à ces Ramoloss qui sont traqués pour leur queue...
- Leurs queues offrent d'excellents bénéfices à ceux qui les récoltent, coupe Giovanni. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'économie de Johto se porte bien mieux que la nôtre ! Ils en ont tout un puits, là-bas. Comme je l'ai précisé dans mon programme, je pense que cela pourrait être un investissement des plus rentables.
- Vous oseriez mutiler ces malheureuses créatures à seule fin de vous enrichir ?
- Vous oseriez mutiler ces malheureuses créatures à seule fin de vous enrichir ? répète la Copieuse avec l'assiduité d'un Pijako.
- Oui, j'oserais. Vous, là, le boulanger au chômage... Si on vous laissait le choix entre couper des queues de Ramoloss ou pointer à l'agence des sans emploi tous les lundis, qu'est-ce que vous choisiriez ?
- Je couperai des queues. Quand vous êtes chômeur, tout le monde vous considère comme un paria de la société. Un fainéant propre à rien. Il n'y en a que pour les dresseurs, de toute façon. Une bande de vagabonds errants qui se distinguent simplement par le fait qu'ils se livrent des combats pokémon. Mais à votre avis, qui paye pour ces gosses qui quittent la maison parfois dès dix ans ? Nous ! Exactement, messieurs Lance, Red, Boss, et ça vaut aussi pour la tarée. Ce sont nos impôts qui servent à entretenir vos Arènes et vos Ligues.
- Le dressage fait partie intégrante de notre culture, réfute Peter. Et les compétitions rapportent plus d'argent qu'elles n'en coûtent. Les gens achètent des billets pour les matchs officiels, ils consomment sur place, ils collectionnent les souvenirs... Il n'est pas question de vos impôts, dans l'histoire, mais des bénéfices engrangés, qui sont ensuite redistribués de manière à financer notre discipline. N'ai-je pas raison ?
- ...
- Merci pour ton soutien, Red, je te revaudrai ça. Monsieur pâte à pain, sortez un peu la tête de votre fournil, de temps en temps. Il suffit que je participe à un événement pour que le prix des places décolle. Tout le monde rêve de voir un beau gosse aussi talentueux que moi se produire en Arène. Sans vouloir t'offenser, Red, mais il est indéniable que de nous deux, je suis le plus canon, à défaut d'être le meilleur.
- Ça revient au même, souligne François Martin. Ce sont toujours les citoyens qui payent.
- Ils payent en échange d'un spectacle, ce qui est tout à faire normal ! On vous achète bien votre pain, à vous, et ça ne vous dérange pas ! Là, c'est pareil.
- En fait, techniquement, personne ne lui achète, puisqu'il n'en fabrique plus, rappelle Giovanni avec un sourire mauvais. Et qui voudrait élire un raté qui n'a même pas su sauver son affaire ? Comment pourrait-il prétendre sauver Kanto ?
- Comment pourrait-il prétendre sauver Kanto ? répète la Copieuse, à qui personne ne prête attention.
- Il suffit, messieurs, interrompt Chen. M. Martin, vous avez tort. Le dressage, les dresseurs, les Arènes et les Ligues... Tout ceci forme l'essence même de Kanto, et de la vie en général, car ça permet de mettre les pokémon en valeur. Comment osez-vous blâmer quelque chose qui est fait pour eux, monstre que vous êtes ? Ils méritent d'être contemplés, adulés par une foule en liesse. Vénérons-les !
- Vénérons plutôt les étoiles, qui nous indiquent le droit chemin, rectifie Morgane. Elles sont là, elles nous guident. Ce soir, Uranus entrera en communion avec la constellation du Galopa. C'est un événement qui ne se produit qu'une fois tous les cinq cent quarante-huit ans, le saviez-vous ? Non, bien sûr que non. Si personne ne veut d'un raté comme le boulanger, qui voudra d'individus qui ne savent pas lire les signes du ciel ?
- Je lis ceux de la bourse, informe Giovanni. Ce qui est nettement plus souhaitable lorsqu'on souhaite relancer l'économie d'une région.
- Vous perdez votre temps avec des futilités, intervient Chen. Aimons les pokémon, et les pokémon nous le rendront. Un jour, nous n'aurons même plus besoin de pokéball, nous marcherons main dans la patte avec eux, en direction de l'avenir.
- C'était ce qui se faisait autrefois, rapporte Abigaëlle Morvant, dont tout le monde semble avoir oublié l'existence. Avant que les humains décident de les domestiquer sous le couvert de ce qu'ils nomment dressage, et qu'un homme appelé Fargas mette au point les premières ball. Je profite de cet intermède culturel pour lancer le sujet suivant. Quid des relations interrégionales ?
- Cynthia ! lance Peter. Si tu regardes ce débat, sache que je n'ai pas perdu ton 06. Si je suis élu, je te promets de t'appeler.
- Les pokémon sont universels, ils lient les hommes et les régions entre eux, assure Chen. Ils sont un pont entre nous tous. Nous avons tous l'envie de les chérir et de les aimer. C'est sur ce point commun que nous devons nous axer pour établir de meilleures ententes. Sans ça, je n'aurais jamais pu mettre au point mon Pokédex National.
- Je dois avouer que vos travaux sont remarquables, professeur, atteste Giovanni. Toutes ces créatures rares que vous avez répertoriées, en dévoilant pour la plupart des zones d'habitat que nous n'aurions même pas soupçonnées... Ça m'a beaucoup aidé dans ma carrière.
- Dans votre carrière ? Vous étiez pourtant déjà Champion d'Arène lorsque j'ai obtenu le brevet pour le commercialiser.
- Vous savez, quand nous sommes dresseurs, nous apprenons tous les jours. Sans ça, vous ne voudriez pas augmenter l'âge de la retraite, n'est-ce pas ?
- Je suis d'accord avec le grand-père sur ce point, indique Peter. Il vaut mieux travailler quand on est vieux et profiter de la vie quand on est jeune. Il faut kiffer le moment présent avant d'avoir une béquille et de l'incontinence.
- Il faut kiffer le moment présent avant d'avoir une béquille et de l'incontinence, approuve la Copieuse.
- Notre corps est poussière et il redeviendra poussière, psalmodie Morgane en allumant les bougies qu'elle a placées de part et d'autre de son pupitre. Seule notre âme immortelle s'élèvera pour rejoindre les étoiles.
- Vous avez conscience que si elle est élue, elle sacrifiera le sang des Roucool par les nuits de pleine lune ? interroge Giovanni.
- Comment ? tonne Chen. Vous oseriez tuer un pokémon ? Hérétique ! Blasphème ! Sacrilège ! Qu'on enferme cette meurtrière !
- Et vous, alors ? se mêle François Martin. Que devrait-on dire de vous et de votre volonté de raser la Sylphe SARL ? Vous savez que le licenciement est une cause de suicide ? C'est peut-être le sang des employés les plus désœuvrés de cette société que vous aurez sur les mains si on vous laisse faire ! Tout ça pour quoi ? Pour vos pokémon. Vos discours d'extrémiste vous font presque passer pour aussi fou que la timbrée. Si elle, elle verse dans l'occulte, c'est à se demander si vous, vous ne faites pas dans la poképhilie !
- Ça expliquerait pas mal de choses, reconnaît Peter. D'ailleurs, ça me rappelle le jour où je matais... où j'ai surpris ma cousine Sandra à moitié nue dans la salle de bain avec son Draco. En fait, c'était juste un piège, elle lui avait donné l'ordre de me pendre, parce que...
- M. Lance, tout ceci est absolument hors de propos ! coupe Peverley.
- Nous devrions peut-être entendre les propos de Red ? suggère Morvant.
- ...
- Très pertinent, en effet, singe Giovanni.
- Seul un cœur noble et pur peut entendre le son du silence, réplique Morgane. Je suis d'accord avec toi, Red.
- ...
- Oui, je partage aussi ton avis sur ce point.
- Deux tarés ensemble, voilà ce que ça donne... maugrée Martin. Par pitié, votez pour quelqu'un de sensé, pas pour des illuminés.
- Et vous, le boulanger, vous vous y voyez davantage ? demande Chen. Qui oserait laisser la région aux mains d'un individu qui fait aussi peu cas des pokémon ?
- Oh, la barbe, vous, avec vos pokémon ! Oui, ils sont là, oui, ils existent, mais le monde ne tourne pas autour d'eux.
- Ouais, enfin, mon gars, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, vous vous adressez à deux Champions, un Maître, un prof Pokémon et un dresseur de légende, note Peter. Pas sûr que ce soit l'argument à avancer.
- Et alors ? Je suis bien boulanger, et je ne crois pas assommer tout le monde avec mon pain depuis le début du débat.
- Boulanger chômeur, se gausse Chen. A-t-on déjà vu un dresseur au chômage ? Jamais.
- La seule nourriture dont on a besoin est celle de l'esprit, convient Morgane.
- Par pitié, il n'y a donc personne pour la faire taire ! se lamente Giovanni.
- Par pitié, il n'y a donc personne pour la faire taire !
- Et toi, Red ? interpelle Peter. Tu ne peux pas aller dans notre sens, rien qu'une fois ?
- ...
- Merci, poto, on peut compter sur toi.
- Si je n'ai pas le droit de donner mon avis sur les pokémon, quelqu'un peut me dire ce que je fais là ? demande Martin.
- Bonne question, assure Giovanni. C'est d'ailleurs la première qui aurait dû être posée, en début d'émission, car j'avoue que je suis curieux de connaître la réponse. Quant à ce que vous devriez demander, vous, c'est surtout l'emplacement de la sortie. Au fond du couloir, à droite, avec un petit panneau lumineux au-dessus de la porte.
- Puisqu'il en est ainsi...
- M. Martin ! Vous ne pouvez pas quitter le plateau alors que le débat n'est pas fini ! objecte vainement Morvant.
- Comme si c'était une grosse perte, ricane Chen. Et si nous en revenions à nos Wattouat, maintenant que cet importun n'est plus là pour nous déranger ?
- Cet importun est un homme raisonnable, soucieux de son prochain. Son thème astral le prouve. La présence de Jupiter dans sa maison IX...
- Tu sais, Morgane, s'il te manque déjà, personne ne t'interdit de le suivre, indique Peter. Tu as entendu où se trouve la porte ? Ou tu veux que Giovanni répète ?
- Au fond du couloir, à droite, avec un petit panneau lumineux au-dessus de la porte, devance la Copieuse.
- Merci, petite. Je te signerai un autographe à la fin du débat, pour ta peine. On fera même un selfie, si tu veux, et toutes tes copines en crèveront de jalousie. Soit dit en passant, tes copines... Elles sont bonnes ?
- M. Lance !
- Ça va, ça va, je rigole ! Quoique, selon les derniers sondages, certaines filles n'hésitent pas à avoir leur première relation intime à partir de...
- M. Lance ! gronde Peverley d'un ton plus fort encore. Ce n'est ni le moment ni le lieu pour parler de ça.
- Oh, vous, les commentateurs, ça commence à bien faire ! La liberté d'expression, vous connaissez ? Parce que j'ai l'impression qu'on ne peut pas en placer une, avec vous.
- Qu'y pouvons-nous si l'émission part dans tous les sens ? se lamente Morvant. Ne pouvez-vous donc pas vous en tenir aux sujets par lesquels la population de Kanto se sent réellement concernée ?
- Boarf... grogne Peter. Faites un sondage auprès de la gent féminine et demandez-leur si elles préfèrent suivre un débat ennuyeux comme la pluie ou finir dans mon lit, vous verrez ce qu'elles vous répondront.
- Dire que vous avez osé soutenir ce boulanger qui m'a accusé de poképhilie, alors que vous êtes vous-même un obsédé près à vous jeter sur des enfants et sur votre propre cousine ! s'époumone Chen.
- Non, il n'y a jamais rien eu avec Sandra, elle me déteste trop pour ça. C'est dommage, parce qu'elle a une sacrée paire de...
- Et vous avez également colporté des rumeurs concernant des liens que j'entretiendrais avec la Team Rocket, renchérit Giovanni. Vous l'avez confirmé vous-même en début d'émission.
- Et alors ? Ce n'est pas vrai, peut-être ? Même la boule de cristal de la dingo est d'accord avec moi sur ce point.
- Ce ne sont que des diffamations que vous répandez pour dissuader les gens de m'élire. Qu'est-ce qui me prouve que cette folle n'est pas de connivence avec vous ? Vous l'avez peut-être mise dans votre lit, elle aussi, comme la moitié de Kanto et les deux tiers de Johto ? Ou vous l'avez soudoyée en lui payant un télescope ?
- Vous devriez prendre les étoiles plus au sérieux, M. Boss, car elles vous mèneront à votre perte. Mars, la planète de la guerre, et...
- En parlant de mener, il n'y a pas une navette pour vous expédier sur Saturne ? Non ? Dans ce cas, il faudrait envisager d'en construire une.
- Ceci est un débat, tout le monde est en droit de s'exprimer, rappelle Peverley.
- Parce qu'il s'exprime, lui ? demande Chen en pointant Red du doigt.
- ...
- Tiens, qu'est-ce que je disais ! Sans parler du Pijako, dont on se passerait volontiers.
- Sans parler du Pijako, dont on se passerait volontiers.
- De toute façon, ce débat est une pure perte de temps ! soupire Peter. Tout le monde sait très bien que demain, les électeurs voteront pour moi.
- Et pourquoi pour vous, en particulier ? interroge Giovanni.
- Parce que je suis beau gosse. Je sais, c'est vexant pour vous et pour le professeur Chen, parce que lui c'est carrément un ancêtre, et vous, vous êtes un grand-père en devenir, mais c'est la vie, on n'y peut rien. Quand j'aurai votre âge canonique, moi aussi, je serai sûrement moins sexy.
- Espèce de sale petit merdeux, marmonne Chen.
- Professeur, pas d'insulte ! rappelle à l'ordre Morvant.
- Il discrimine notre âge ! Alors que tout le monde sait que ça représente la sagesse et l'expérience.
- La sagesse nous vient du ciel. Notre temps sur Terre est éphémère, alors que le firmament, lui, nous survivra.
- Retenez-moi ou je fais un malheur, grommelle Giovanni. Peuple de Kanto, si vous votez pour moi, ma première mesure sera de couper la langue de cette timbrée !
- Ah non, alors ! proteste Peter. Puisque c'est comme ça, si je suis élu, je m'engage à poser nu à la une de Pokéboy.
- Et moi, à distribuer deux starters au lieu d'un aux dresseurs débutants.
- Et alors ? fait Giovanni, les sourcils froncés. Ils ne votent pas, ils sont trop jeunes.
- Non, mais leurs parents, oui. Et ils seront tellement heureux de voir leur progéniture recevoir deux fois plus d'amour qu'ils mettront mon bulletin dans l'urne.
- Les parents, comme vous dites, ils sont surtout heureux d'envoyer leurs gamins sur les routes pour venir s'amuser dans mes casinos. Ils se moquent pas mal des pokémon. Ce qui les importe, c'est de ne plus avoir la marmaille dans les jambes.
- Rien ne vous intéresse hormis l'argent, M. Boss. C'est à se demander comment vous avez pu devenir Champion d'Arène ! Il suffit de voir votre programme pour s'apercevoir que les pokémon ne sont à vos yeux qu'une source supplémentaire de profit, puisque vous souhaitez faire payer l'adoption.
- Pour sensibiliser à l'abandon, se défend Giovanni.
- Pour faire un bénéfice, plutôt. Admettez-le !
- Calmez-vous, grand-père, vous allez nous faire une syncope ! conseille Peter. L'argent, c'est cool pour faire la fête. Les pokémon, c'est super pour faire des combats. Les deux, ça aide à attirer les meufs. Franchement, vous vous prenez bien la tête pour rien.
- M. Lance, si je peux me permettre un conseil, rétorque Chen en le foudroyant du regard, commencez donc à penser avec votre tête, et non avec votre entrejambe.
- M. Lance, si je peux me permettre un conseil, commencez donc à penser avec votre tête, et non avec votre entrejambe.
- Qu'est-ce qu'elle répète, celle-là ! s'agace Peter. Je suis sûre qu'elle n'a rien compris à la phrase, cette gamine.
- Et en plus, vous insultez les enfants, soupire Giovanni. Comme c'est pathétique.
- Vous savez ce qui est pathétique ? C'est de vous voir racler les fonds de tiroir pour trouver des arguments contre moi, tout ça parce que vous êtes jaloux de ma bogossitude. Vous savez très bien que je vais être élu, et vous l'avez en travers de la gorge.
- C'est autre chose que je vais te mettre en travers de la gorge, imbécile, menace Giovanni. Comme mon poing, par exemple.
- M. Boss ! Vous risquez des poursuites pour tentative d'intimidation sur...
- Qu'est-ce qu'il a, le coincé ? Une ride en trop ? Tu sais ce qu'il te dit, l'imbécile ? Viens donc tâter de mon Dracolosse.
- Il ne fera pas le poids face à mon Nidoking !
- Un combat pokémon ? s'exclame Morgane. Voilà que ce débat devient intéressant. Mars donnera à mon Alakazam le goût et la force d'accéder à la victoire.
- Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas impuissant, révèle Chen. Motisma, en avant !

Les quatre créatures apparaissent au centre du plateau. Les dresseurs ouvrent la bouche en même temps pour donner leurs ordres, mais la pièce est submergée par les flammes. Lorsqu'elles se dissipent enfin, tous les pokémon sont à terre, brûlés. Seul un Dracaufeu est encore debout, dans cette salle noircie par la suie, et se tient aux côtés de Red.

- ...
- C'est ce qui conclut ce passionnant débat ! lance Peverley, dont seul le haut du crâne dépasse derrière le pupitre des commentateurs. Le sort de Kanto est à présent entre les mains des électeurs.
- Et le nôtre dans un billet d'avion pour Unionpolis, conclut Morvant. Nous rendons l'antenne !