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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 03/05/2017 à 09:43
» Dernière mise à jour le 03/05/2017 à 09:43

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 7 : Le G-Man et le chasseur
Kashmel



Le gamin avait l’air perplexe et suspicieux. Bah, je ne pouvais pas lui en vouloir. Si, en me sachant traqué, j’avais vu deux vieux bizarres sortir du mur devant moi, je ne leur sauterai certes pas dans les bras. D’ailleurs, à en juger par les yeux rouges du gamin, qui étaient les mêmes que ceux d’un chat aux aguets, je pressentais qu’il n’avait jamais dû faire confiance à grand-monde. Et là aussi, vu ce qu’il était, c’était compréhensible. Mais on avait pas le temps de faire dans le détail.

- Nous sommes là pour t’aider, Six, lui dis-je. Nous avons senti que tu descendais en dessous de l’Atlas, et nous avons donc creusé ce tunnel pour te rejoindre.

- Vous avez « senti » ? Comment ça ? Et qui êtes vous ?

- Le guignol avec son chapeau est un G-Man, répondis-je en désignant Stuon. Il peut te sentir dans l’Aura. On ne t’a pas lâché des « yeux », si on peut dire, depuis que l’Atlas a été encerclé par les Nettoyeurs.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- Oh, c’est le masque qui nous l’a dit, fit Stuon en montrant le masque en bois qu’il portait toujours.

- Le masque ? Qu’est-ce que…

Le gamin sursauta quand il entendit la voix de son maître.

- Oh, Six ! Tu vas bien ! S’exclama Immotist d’une voix paternelle sans doute très inhabituelle. J’étais très inquiet mon garçon !

- M-maître ? Que… Qu’est-ce que vous faîtes là-dedans ?

- Ah, ça, ce sont ces chiens de Nettoyeurs. Ils ont osé…

Stuon donna un coup au masque pour le faire taire.

- On tapera la conversation quand nous serons chez moi, bien à l’abri, et si possible devant une tasse de thé. Les Nettoyeurs sont en train de bouger, et je n’aimerai pas qu’ils reconnaissent le respectable G-Man que je suis.

Stuon tendit la main à Six pour l’inviter à venir, mais le garçon hésitait toujours, plus suspicieux que jamais. Le petit Pokemon qui était à ses cotés lui dit alors :

- Je crois que nous devrions suivre ces humains, Six.

- Je ne les connais pas, décréta Six.

- Mais ils ont ton maître avec eux !

- Je m’en fiche ! Comment les Nettoyeurs savent que je suis là, hein ? Ça ne peut être que mon « maître » qui a parlé ! Lui seul était au courant de ma nature !

- Tu me fais de la peine, mon garçon ! Protesta Immotist d’une voix hypocrite. Je n’ai toujours eu que des bons sentiments à ton égard, malgré la trahison de ta mère. C’est mon salopiaud de fils, qui a je ne sais pas comment découvert que…

- Ecoute gamin, intervins-je d’un ton brutal. Je peux comprendre que la situation soit confuse pour toi. Mais tu n’as que deux options : les Nettoyeurs, ou nous. Tu le sais peut-être, mais Scalpuraï n’est pas le meilleur des hôtes pour les bâtards G-Man comme toi.

- Mais pourquoi l’Ordre G-Man se soucierait-il de moi ?! S’il me cache, il aura encore plus de problème si je me fais attraper.

- Nous ne représentons pas l’Ordre G-Man. C’est notre ennemi, à dire vrai. Et toi, jeune homme, tu pourrais nous aider contre lui. Voilà pourquoi on tente de te sauver. Mais si ça ne te dit rien, tu peux tenter ta chance avec Scalpuraï, bien sûr…

Je voyais bien que le gamin ne nous faisait pas confiance, mais qu’il n’était pas idiot. Il savait très bien à quoi s’attendre si les Nettoyeurs l’attrapaient. Alors il hocha la tête en silence, et franchit la frontière entre le sol et le tunnel.

- Euh, juste, si je peux me permettre… Vous êtes qui vous ? Demanda Stuon au petit Pokemon qui suivit Six.

- Diplôtom, Seigneur G-Man. Juste Diplôtom. C’est un honneur de vous rencontrer !

- C’est un jeune érudit de l’Atlas, pour qui je servais de sujet d’étude, expliqua Six. Il m’a aidé à venir ici. Il vient avec nous.

Je haussai les sourcils. Je n’avais bien sûr rien contre ce jeune Pokemon, mais la façon dont le gamin avait énoncé son ordre ne me plaisait pas. J’allais sans doute devoir lui apprendre la discipline, mais ça devrait attendre.

- Stuon, demandai-je à mon acolyte, tu as de nouvelles attaques gribouillées depuis la dernière fois ?

Mon ami me renvoya un regard peiné, comme s’il était accablé par ma bêtise.

- La dernière, c’était il y a dix ans. Bien évidement que j’en ai de nouvelles, et pas qu’un peu. Au dernier décompte, sur les 741 attaques recensées, j’en ai actuellement près de 216.

- Mais toujours pas Téléport…

- Non, toujours pas Téléport, vieux chiant, sinon on aurait pas creusé ce tunnel ! C’est pas faute pourtant d’avoir cherché un Pokemon où un G-Man qui pourrait l’avoir…

Six et le petit Pokemon Spectre étaient visiblement perdus. Bien sûr, pour eux, apprendre qu’un G-Man pouvait posséder 216 attaques différentes relevait de la science-fiction.

- Alors, dès qu’on sort, tu t’occupes de nos transfuges, et tu les amènes chez toi sans te faire repérer de préférence. Je m’occupe d’attirer l’attention des Nettoyeurs.

- T’es devenu sénile en plus d’être gros avec l’âge ? Si jamais un seul Nettoyeur voit ta sale tronche, toute la cité sera en état d’alerte maximale, et chaque maison, même celles des G-Man, sera fouillée.

- C’est moi qui serait devenu sénile ? Répondis-je. Je n’ai jamais laissé un ennemi qui a croisé ma route en vie, et je ne compte pas commencer. Contente-toi de mettre ces gosses en sécurité, et t’en fais pas pour le reste…

J’avais beau pavoiser, il y avait bien un ennemi que j’avais combattu et qui était toujours vivant pour en témoigner. Et c’était justement le chef des Nettoyeurs. Bon, évidement, c’était il y a trente ans maintenant. Si Scalpuraï n’avait pas changé après toutes ces années, ce n’était pas mon cas. J’étais vieux, quasiment chauve, et dégrossi. Y’avait peu de chance qu’il me reconnaisse sur le coup. En revanche y’en a aussi très peu que je survive à une seconde rencontre si jamais il se trouvait dans le coin, surtout sans Furaïjin avec moi.

J’aurai pu appeler mon partenaire, bien sûr. On avait des moyens qui nous étaient propres pour communiquer à grande distance. Mais je préférais qu’il reste chez Stuon. Furaïjin était la première clé de mon plan. Je ne devais pas prendre le risque de la perdre. Quant à la deuxième… c’était peut-être bien ce gamin aux cheveux blancs, et donc je devais tout tenter pour le sauver. Une fois sorti du tunnel - que j’avais moi-même creusé grâce à ma… particularité - je débouchai sur une ruelle pas trop fréquentée du haut de la ville basse. On avait choisi cet endroit justement parce qu’il était calme. Il n’y avait eu personne quand on avait creusé le tunnel, mais là, pas de chance, il y avait un Kapoera à moitié bourré qui déambulait, et qui tomba juste sur moi quand je sortis du tunnel.

- Euhhhhhh, fit-il d’un air stupide. V’là un humain - hic - qui sort du sol… Bah oui, forcément… un humain qui sort du sol…

Avec ma vitesse coutumière, qu’on ne m’aurait pas donné vu ma corpulence, je lui sautai dessus et le plaquais au sol. Il tenta de se débattre, mais tout Pokemon Combat qu’il soit, il n’y arriva pas. Il aurait pu envoyer voler n’importe quel humain normal, mais manque de pot, je n’étais pas un humain normal…

- Désolé l’ami, lui dis-je, mais je dois me faire discret.

Je lui écrasais le torse avec une seule main, lui brisant tous les os et tous les organes comme s’ils avaient été en mousse. Le Kapoera ne comprit pas ce qui lui arriva, et mourut avant d’avoir pu se poser des questions. Bien qu’étant un Paxen haïssant l’Empire, tuer les Pokemon civils, ce n’était pas mon genre, mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’un Kapoera alerte tout le monde en disant qu’il y a un humain dans le coin qui creusait des tunnels.

Je dissimulai le corps. Même une fois trouvé, les autorités n’allaient pas se poser trop de questions. Les meurtres et règlements de compte étaient monnaie courante dans la ville basse. Puis alors, je me servis de l’Aura pour repérer tous les Pokemon alentours. Car oui, je pouvais me servir de l’Aura. Quant à ce tunnel que j’avais creusé en quelque minutes en sentant le jeune Six s’enfoncer dans les sous-sol de l’Atlas, je l’avais creusé avec mes attaques Pokemon. La vérité, celle que je m’efforçais de cacher le plus possible, c’est que si je détestais autant l’Ordre G-Man, et si je savais très bien ce qu’un gamin comme Six avait dû vivre, c’est que j’étais comme lui : un G-Man illégal. Le seul qui ait survécu si longtemps. Le seul que Scalpuraï n’ait jamais pu attraper…

Bien sûr, Furaïjin le savait, de même que Stuon, et mes plus proches camarades Paxen. Mais je n’en faisais pas étalage, et si je le pouvais, je préférai éviter de me servir des pouvoirs de cet ordre maudit, que ce soit l’Aura, ou les attaques Pokemon. Utiliser l’Aura à Axendria était d’autant plus dangereux que les autres utilisateurs d’Aura, à savoir tout l’Ordre G-Man, pouvait vous repérer quand vous le faisiez. Mais c’était quand même pratique. Sous sa forme primaire, l’Aura était semblable à un système d’ultrason, comme un sonar, qui vous permettait de visionner le terrain et ses occupants tout autour de vous à plusieurs mètres. Les plus puissants G-Man de jadis arrivaient même à plusieurs kilomètres.

Et là, en l’état, ça me permit de repérer tous les membres de Nettoyeurs aux alentours. La grande majorité était encore devant l’Atlas, et s’apprêtait à rentrer. Mais quelque autres quadrillaient tout le secteur de la ville haute, vérifiant chaque entrée et sortie. Pour que Stuon puisse passer avec Six et le Pokemon, j’allais devoir me charger des gardes. Il y avait quatre entrées pour la ville haute. La plus proche était surveillée par trois Scalproie, les Pokemon de prédilection de Scalpuraï. Mon ADN Pokemon faisait que je craignais les attaques Acier, mais c’était réciproque : ils craignaient doublement les attaques Combat que je pouvais produire.

J’attendis que les civils aient terminé de passer le barrage, et vérifiant dans l’Aura que le prochain ne serait pas là avant quelque minutes, je me lançai à l’attaque. J’explosai le corps en acier du premier Scalproie avec ma force pure avant même que les deux autres ne se retournent. Le second vit sa tête se faire broyer par ma poigne avant qu’il n’émette un seul son. Le dernier tenta de m’attaquer avec une Griffe Acier, que je décidai d’encaisser pour répliquer avec Close Combat. Si mon bras qui avait reçu l’attaque Acier me faisait souffrir, ce n’était rien face à ce que j’avais fait de ce Nettoyeur, qui se trouvait désormais en plusieurs morceaux.

Voilà la raison pour laquelle Scalpuraï, qui n’avait pourtant jamais connu l’échec dans la traque de ses proies, n’avait jamais mis la main sur moi. Il me craignait. Il craignait ma puissance d’attaque, ma force brute qui aurait pu avoir raison de son corps, si résistant soit-il. Nous nous étions croisés une fois, il y a des décennies, et notre combat s’était soldé sur un match nul. Si Scalpuraï n’avait pas eu cette agaçante maîtrise de l’Ether, j’aurai sans doute pu le vaincre. Mais aujourd’hui, à mon âge, c’était encore moins d’actualité.

Je me plongeai dans l’Aura pour envoyer un pic de présence à Stuon, et l’avertir que la voie était libre. Mais je ne comptais pas m’arrêter là. Il me fallait attirer les Nettoyeurs hors du chemin jusqu’à la Citadelle et le quartier G-Man. Et si possible, sans me faire griller. Si l’Empire venait à apprendre que Kashmel, le Paxen légendaire, était actuellement dans sa capitale, mon plan n’en serait que plus difficile à mettre en œuvre. Pour se faire donc, je me permis de lancer une petite attaque Séisme à l’exact opposé de l’entrée de la Citadelle, pour rameuter tout le monde vers ici.

Trois riches demeures s’effondrèrent, et les Pokemon civils se mirent à courir un peu partout. Ma vision dans l’Aura me permit de constater qu’en réaction, une bonne partie des Nettoyeurs qui quadrillaient la ville haute vint par ici. Objectif atteint. Je sautai de toits en toits pour m’éloigner, veillant tout de même à ce qu’aucun Pokemon volant indiscret ne me piste, puis, avec l’Aura, j’observai la situation globale. Voilà ce que c’était, être un vrai G-Man, et pas un de ces nobliaux qui faisaient des réceptions chaque soir et qui tiraient fierté de pouvoirs qu’ils n’utilisaient quasiment jamais. J’avais beau être un G-Man illégal, un bâtard, un paria, j’étais bien plus un G-Man que ces parasites corrompus.


***

Six




Tout se passait un peu vite à mon goût. En moins d’une heure, je venais d’apprendre la mort de mon maître et la destruction de sa base. Les Nettoyeurs avaient découvert mon identité et encerclé l’Atlas de la Connaissance. J’avais révélé ma nature à un Pokemon, qui avait décidé de faire équipe avec moi pour pouvoir m’étudier. Et voilà que deux types bizarres, dont un se disait G-Man, voulaient m’aider, sans compter Maître Immotist qui était finalement toujours vivant et réduit à l’état de masque en bois impuissant.

Le premier individu, celui à la moustache et aux sourcils broussailleux, était parti devant pour faire diversion et nous laisser le champs libre. Le G-Man au chapeau nous guidait, Diplôtom et moi, à travers la ville haute, en évitant le plus possible de croiser des Pokemon. Comme il était G-Man, il possédait ce sixième sens qui leur était propre, l’Aura, pour voir au-delà de ses yeux. J’en avais entendu parler, mais j’ignorai tout de comment me servir de ce pouvoir. Et voilà maintenant que la terre s’était mise à trembler, provoquant des destructions plus loin.

- Kashmel s’en donne à cœur joie, commenta le dénommé Stuon. J’espère qu’il va garder une certaine mesure en évitant de détruire toute la cité…

Je ne demandai pas comment ce type avait fait pour provoquer un séisme. Ce vieil homme à moitié chauve m’avait fait forte impression. Il possédait une force que je pouvais ressentir avec mon coté G-Man, sans que je ne sache laquelle. Et son nom me disait quelque chose. À Diplôtom aussi, visiblement.

- Quand vous dites Kashmel, demanda-t-il, vous voulez parler du fameux Kashmel, le rebelle Paxen ?

- C’est lui oui, en graisse et en os.

- Je ne l’imaginais pas du tout comme ça.

Moi non plus, bien que je ne le dis pas de peur de paraître grossier. Kashmel était un opposant du Seigneur Xanthos et de l’Empereur depuis des décennies, un guerrier dont on dit qu’il pouvait tenir tête à la Trigarde Impériale elle-même. Mais il ressemblait à n’importe quel petit vieux bedonnant avec quelque cicatrices. Le fait qu’un homme pareil s’intéresse à moi m’inquiétait un peu. Déjà que j’étais dans le collimateur de l’Empire à cause de mon rang de bâtard G-Man, si maintenant on m’associait au plus célèbre des Paxen, je ne pourrai plus jamais mettre un pied dans n’importe quelle cité impériale…

- P-pardonnez-moi, seigneur G-Man… commençai-je à l’adresse de Stuon tout en continuant à marcher rapidement.

- Hum ?

- Vous nous amenez dans le quartier des G-Man dans la Citadelle ?

- C’est effectivement notre destination, mon jeune ami, confirma Stuon. Ma modeste demeure est assez grande pour accueillir un enfant et un petit Pokemon en plus.

- Et moi ! Ajouta le masque d’Immotist que Stuon tenait.

- Et un masque oui. Je sais déjà où je vais vous exposer d’ailleurs…

- Mais, seigneur, repris-je en coupant les protestations d’Immotist, votre demeure est-elle sûre ? Je veux dire… Scalpuraï doit savoir à quoi je ressemble maintenant. Il ne risque pas d’aller fouiller chez les G-Man s’il ne me trouve pas dans l’Atlas ?

- Les soldats Pokemon de l’Empire, qu’ils soient de l’armée ou des Nettoyeurs, n’ont pas le droit de fouler le sol du quartier G-Man. Nous nous administrons nous-mêmes, et nous vivons entre nous. C’est l’un de nos plus vieux privilèges offerts par le Seigneur Xanthos au tout début de son règne, et même Scalpuraï ne peut pas y contrevenir, du moins sans l’autorisation de l’Empereur. Et Kashmel et moi avons de bonnes raisons de croire que l’ami Scalpuraï n’a rien dit à Daecheron sur sa nouvelle cible, et qu’il s’en gardera tant qu’il ne t’aura pas attrapé.

- Je ne comprends pas… avouai-je.

- Nous t’expliquerons tout quand nous serons en sécurité.

- D’accord mais… juste une question… Si vous êtes un G-Man de l’Ordre, vous savez peut-être… qui est mon père ?

Lord Stuon me jeta un regard étrange. Non pas méprisant, comme on aurait pu s’y attendre d’un G-Man officiel regardant un bâtard. Un regard emprunt d’une certaine pitié.

- Je crains que non, mon jeune ami. Même si je suis un grand adepte des commérages de l’Ordre, la naissance d’un bâtard n’est pas quelque chose que les G-Man crient sur tous les toits. Mais nous ne sommes qu’une cinquantaine à la capitale. Nous trouverons bien de qui il s’agit.

Il me fit un sourire rassurant. En réalité, savoir qui était mon père n’avait guère trop d’importance dans ma situation. S’il m’avait eu entre les mains quand j’étais bébé, il m’aurait sans nul doute éliminé pour préserver son secret honteux, et surtout sa sécurité. Même si je le croisais dans la rue devant moi, ça serait un inconnu pour moi. Quelqu’un que j’aurai sans doute méprisé, à vrai dire. Mais j’avais cette envie illogique et inexplicable de savoir d’où je venais, de qui j’étais issu.

- Par ici, nous guida Stuon.

Nous remontâmes la grande rue principale de la ville haute, où les Pokemon, apeurés par ce déferlement de Nettoyeurs et le séisme tout récent, déambulaient de droite à gauche en exigeant des explications. Ce ne fut qu’une fois dans la Citadelle que les choses se calmèrent. C’était la première fois que je m’y rendais, même si j’avais toujours vécu à Axendria. La Citadelle était la partie la plus haute de la capitale, et la plus belle, celle où se trouvaient les demeures des Pokemon les plus importants de l’Empire, et surtout le Palais Impérial. Je pouvais même le voir de loin, au bout de la place centrale qu’on était en train de traverser.

- Le quartier G-Man est à l’Est, nous dit Lord Stuon. Si on croise des gens là-bas, nous dirons que tu es un lointain parent G-Man en visite à la capitale, Six.

- V-vous êtes sûr ? Dis-je, inquiet à l’idée de me faire passer pour un G-Man. Je ne pourrai pas être votre esclave, plutôt ?

- Les G-Man peuvent se repérer entre eux grâce à l’Aura, expliqua Stuon. Ils verront ce que tu es, donc impossible de te faire passer pour un simple humain là-bas. Quant à toi, Diplôtom, comme il n’y a jamais de Pokemon chez nous à part ceux qu’on invite, tu…

Il s’arrêta soudain de marcher, les sourcils froncés, regardant au loin. Puis son visage se décomposa sous un masque de terreur.

- Oh… crotte.

Je vis ce qu’il regardait. Quelqu’un était en train de descendre les escaliers de l’artère centrale menant au Palais Impérial. C’était un Pokemon, escorté par deux Scalproie. Le Pokemon en question leur ressemblait beaucoup, mais était plus grand, avait des lames bien plus nombreuses et tranchantes sur tout le corps, et son acier avait les teintes de l’argent. Quand je pris conscience de qui il s’agissait, mon corps se retrouva comme paralysé. Je ne l’avais jamais vu, mais ma mère m’avait longuement parlé de lui, pour me mettre en garde. C’était celui qui me recherchait, celui qui avait traqué et éliminé des dizaines de bâtards G-Man comme moi. Le chef des Nettoyeurs, et membre de la Trigarde Impériale : Scalpuraï.

Il n’y avait pas moyen de l’éviter. Il ne semblait pas en avoir après nous, mais il allait immanquablement passer devant nous. Et obligatoirement, en me dénonçant, Phamôme avait dû lui faire une description physique de moi. Les jeunes humains aux cheveux blancs et aux yeux rouges n’étaient pas monnaie courante. Il saura que c’est moi dès qu’il posera ses yeux sur moi. J’étais fini. Stuon me posa alors une main sur l’épaule, et de l’autre, il toucha le corps immatériel de Diplôtom.

- Attaque Camouflage, murmura-t-il précipitamment. Surtout, ne bougez pas.

Je sentis mon corps devenir froid, comme si j’étais passé sous une cascade. À ma grande stupeur, je vis qu’il était devenu invisible ! Non, pas invisible… Il avait pris la couleur du paysage autour de nous, nous fondant dans le décor. Stuon venait d’utiliser une attaque Pokemon pour nous dissimuler. Nous restâmes donc immobiles, sans bouger, sans oser respirer, tandis que Scalpuraï et son escorte passèrent à coté de nous.

J’eus tout loisir de contempler mon ennemi tandis qu’il passait devant nous. Vu de près, il était réellement terrifiant et imposant. Tous les contours de son corps semblaient avoir été fait dans le seul but de trancher. Ses lames sur ses bras étaient les plus longues et les plus impressionnantes. Leur tranchant était tellement fin qu’il semblait réduit à un seul atome capable de s’infiltrer dans n’importe quelle matière. Scalpuraï semblait porter un casque des vieux samouraïs d’antan, d’où sans doute son nom, et ses yeux brillaient d’un jaune malsain.

Il ne nous accorda pas un regard quand il passa devant nous, signe que l’attaque Camouflage de Stuon fonctionnait. Mais je sentis comme une main froide qui m’étreignit le cœur à son passage. Mes membres se mirent à trembler, ma peau à produire une sueur froide. Je ne sais pas si c’était dû à ma nature de G-Man, mais je ressentais, en provenance de Scalpuraï, quelque chose de vraiment sombre et oppressant, une sensation des plus désagréables. Si Scalpuraï m’avait regardé dans les yeux, je me serai sans doute effondré dans l’instant.

Des effluves de morts et de carnage s’échappaient de ce Pokemon de façon continue, et d’une façon ou d’une autre, j’arrivais à les sentir. Sans l’aide de Stuon qui me retenait derrière, je serai tombé. Quand il fut suffisamment éloigné, je tentai de reprendre ma respiration, mais sans y parvenir. Ce fut comme si mes poumons étaient bloqués, comme si la seule présence de Scalpuraï à quelque mètres de moi avait détraqué mon corps. Je m’étouffai, j’entendis les voix lointaines de Stuon et Diplôtom qui disaient mon nom, puis finalement, je m’évanouis. Sans doute la meilleure chose qui me soit arrivée aujourd’hui.