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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/04/2017 à 10:06
» Dernière mise à jour le 05/04/2017 à 10:06

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 5 : Début de cavale
Diplôtom


Traité d’anthropologie : observations sur le comportement pittoresque et frustre d’une bête commune ; l’humain,
par Diplôtom.

L’humain est une créature principalement des villes, bipède, et en mesurer l’intelligence s’avère une tâche difficile. Répugnant d’odeur et de nature, l’humain ne doit en aucune façon être approché par des Pokemon de sensibilité digne ou raffinée. Il ne communique que par grognement ou marmonnement. Ces derniers sont, de toutes ses expressions, les plus intelligibles, même si aucune ne peut être confondue avec une quelconque forme de parole civilisée.

Ses pas sont lourds, ses gestes mornes, comme s’il était conscient de toute la vacuité de son existence. À quoi pense un humain ? Je ne saurai le dire. Les pensées de mon spécimen, Six, me sont toujours cachées. À moins bien sûr qu’il ne pense pas, faute d’un cerveau suffisamment développé ? Au vue de mes observations précédentes, cette hypothèse n’est certainement pas à écarter. Toutefois, l’humain semble doué de conscience, et peut obéir à des ordres simples. Mais lorsqu’il s’agit de partager une discussion intelligente, je crois que j’aurai des résultats plus probants avec la poignée de ma porte. Aussi…


Je stoppai la rédaction de mon traité quand Six revint dans mes quartiers après s’être rendu aux toilettes. En tant que Pokemon Spectre bien sûr, je n’avais nul besoin naturel de ce genre, donc je n’avais pas de sanitaires dans ma chambre. Et comme Six n’allait certainement pas rentrer dans la chambre d’un autre étudiant ou professeur de l’Atlas, il devait se contenter des uniques toilettes publiques au rez-de-chaussée, toujours en prenant garde d’éviter de croiser quelqu’un. Tout le monde à l’Atlas devait être au courant que j’hébergeais un humain chez moi bien sûr, mais je tenais à éviter les ennuis. Certains de mes condisciples, voire certains érudits, auraient trouvé insultant de croiser un humain dans ce noble lieu, et auraient pu s’en prendre à Six.

En tant que Spectre, jouer les passes-murailles ou passer inaperçu quand je le voulais était un jeu d’enfant pour moi. Ça devait l’être bien moins pour un humain comme Six, mais je devais avouer que mon sujet d’étude était très doué quand il s’agissait de ne pas se faire remarquer. Petit et malingre, il semblait toujours traîner dans les coins les plus sombres, se faufiler dans les ombres et se cacher dans des endroits insolites et étroits. On aurait dit un félin ; impression qui n’en était que renforcée avec ses yeux rouges toujours en alerte aux pupilles écrasées.

Après deux jour seulement d’étude, il m’est clairement apparut que le sujet « Six » était d’une nature hautement méfiante, voire paranoïaque. Il ne ratait rien des allées et venues de tout le monde et semblait considérer chaque Pokemon ici comme une menace potentielle. Ses oreilles étaient si affûtées qu’elle parvenaient à détecter le moindre bruit, et aussitôt, le jeune humain se raidissait, tout son corps en alerte, comme s’il allait sortir ses griffes et se jeter sur la première personne venue. Très taciturne et sombre de nature, il ne parlait que lorsque je lui posais une question ; sinon ça ne le dérangeait pas de rester des heures entières sans ouvrir la bouche.

Respectant sa vie privée (bien que les esclaves n’étaient pas censés en avoir), je m’étais retenu de l’interroger sur ce qu’il a pu vivre dans le passé pour adopter une attitude si renfermée. Je me doutais que sa vie ne devait être bien gaie ; esclave n’était certes pas le métier le plus reposant du monde. Mais chez Six, ça semblait aller au-delà de ça. Il paraissait presque craindre pour sa vie, comme si quelqu’un allait surgir d’un coup pour l’attaquer. Ayant étudié ce comportement de près en me rendant invisible à ses yeux, j’en ai conclus qu’il s’agissait là d’une caractéristique propre à ce sujet, et non commune à l’ensemble des humains.

Outre cela, Six était de plus une anomalie sur le plan biologique : sa peau très claire, ses cheveux décolorés et ses yeux rouges l’indiquaient comme étant un albinos, une tare génétique propre aux humains, mais qu’on pouvait trouver parfois chez quelque rares Pokemon. Ça n’avait guère de conséquences en dehors de son apparence, si ce n’est que Six supportait difficilement le soleil, sa peau ne produisant pas la mélanine nécessaire à la protection des ultraviolets.

C’était donc un spécimen tout à fait fascinant et unique qui m’était proposé pour la rédaction de mon traité. C’était certes compliqué d’étudier une race en ayant un sujet déviant, mais c’en était au final que plus intéressant pour moi. Quelle chance que le contact du professeur Gouroutan, cet Immotist, ait choisi de m’envoyer Six. J’ai d’ailleurs demandé ce matin au professeur de lui transmettre mes plus profonds remerciements, et que si, grâce à mon futur traité, j’étais publié et que je remportais une prime de recherche, je lui en verserai une bonne partie.

- Dis-moi Six, demandai-je à mon sujet d’étude, sur une échelle de 1 à 100, comment qualifierai-tu ton intelligence, selon la norme humaine bien sûr.

Je vis parfaitement que Six se retenait de lever les yeux au ciel. Il était agacé par mes questions constantes, bien qu’il s’efforçait de le cacher, du fait de son statut d’esclave inférieur. Cette mimique était tout à fait fascinante, elle aussi.

- Je ne saurai trop le dire, messire. Je ne connais pas la moyenne humaine de l’intelligence.

- Eh bien, où se situent tes connaissances dans ce cas ?

- Où elles se situent ? Demanda l’humain sans comprendre. Euh… dans ma tête ?

Cette fois, c’est moi qui me retint de lever les yeux au ciel. J’oubliais souvent que je m’adressais à un humain, et donc à quelqu’un de très limité intellectuellement. Mais ce n’était pas sa faute, le pauvre. Il n’avait pas choisir de naître humain.

- Non, je voulais dire, quelles sont-elles ? Quel est ton niveau d’instruction.

- Eh bien… hésita Six, ma mère m’a appris à compter…

- Fascinant ! Est-ce là une preuve d’intelligence pour ceux de ta race ?

- Pour les esclaves de luxe comme ma mère, c’est courant messire. Pas pour les esclaves des rues comme moi.

J’ajoutai quelque lignes à mon traité :

Mon sujet se targue de savoir compter, chose qui apparemment est loin d’aller de soi dans le milieu de ces créatures. Six possède donc une conscience de lui-même, de son individualité par rapport à ses congénères. Il vient de parler de sa mère. Je vais tenter d’en savoir plus.

- Tu dis que ta mère était esclave de luxe. Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Elle était la propriété d’un Pokemon important, ou affectée à des tâches intellectuelles ?

Six hésita clairement, ça ne m’échappa pas. C’était un sujet qu’il ne voulait apparemment pas aborder. En effet, quand, le premier jour, je lui avais demandé des renseignements sur son ascendance, il était resté très vague.

- Ma… ma mère était esclave dans le manoir d’un Seigneur G-Man, avant de… d’être renvoyée. Et les G-Man ne désirent chez eux que des esclaves qualifiés.

- Je vois je vois !

Je n’avais jamais réellement rencontré de G-Man. Eux aussi, ils auraient fait des sujets d’étude fascinants. Le souci, c’était que contrairement aux humains, les G-Man étaient les égaux des Pokemon, voir même peut-être leurs supérieurs. Ils n’auraient jamais accepté qu’on les étudie, et ils restaient toujours entre eux, ne se mêlant pas aux Pokemon.

- Il me serait intéressant de découvrir comment les humains élèvent leurs petits, quelles notions et quelle éducation ils leur inculquent. Hélas, acquérir une femelle humaine en gestation, même le temps d’une étude, me serait impossible. Ton maître Immotist a des esclaves femelles, Six ?

- Non messire. Il en avait une encore il y a quelque années, mais elle a… pris la fuite.

- Les humaines sont de plus en plus rares et difficiles à acquérir, à ce que j’ai cru entendre. Cela fait cinq cent ans maintenant que le poison du Sire Anthroxin agit sur vous, rendant très rare la naissance de femelles, et donc réduisant votre natalité comme peau de chagrin. Les études que nous avons menées ici, à l’Atlas, ne sont guère optimismes. D’ici à 80 ans, vous ne serez plus qu’une poignée, et vous aurez totalement disparu en deux siècles.

Six haussa les épaules, visiblement guère ému.

- C’est là notre juste punition pour avoir défié les Pokemon qui nous étaient immensément supérieurs, répondit-il automatiquement.

- C’est ce que dit l’Empereur, acquiesçai-je. Peut-être est-ce vrai, mais je trouve ça terrible qu’une race soit vouée à disparaître. Si seulement l’Empereur revoyait son programme de contrôle des naissances humaines, ou qu’il engage une équipe pour tenter de réparer votre ADN… Nous serions ravis de nous y atteler, nous autres érudits de l’Atlas. Mais sans le feu vert de Son Excellence Quetzurbis, le dirigeant du département de la recherche et des sciences, cela nous est impossible. Et Son Excellence Quetzurbis, en tant que l’une des Cinq Etoiles de l’Empire, reçoit ses ordres directement de Sa Majesté…

Je poussai un long soupir. L’attitude des autorités impériales concernant les humains me dépassaient. Six m’observait sans mot dire, suspicieux et un peu inquiet. Il devait trouver bizarre qu’un Pokemon comme moi ose remettre en cause les volontés de l’Empereur. Evidemment, ce n’était pas mon rôle. Mais comment voulez-vous que des érudits et des chercheurs comme nous puissions nous adonner à la science alors que le gouvernement faisait tout pour réduire notre champ d’action ?!

- Oublie ce que j’ai dit, dis-je néanmoins. Je suis jeune et immature. Ce n’est pas à moi de juger ce que fait ou ce que ne fait pas Sa Majesté. Dis-moi plutôt, Six… à quatorze ans, tu es un homme non ? Tu es pubère, capable de te reproduire ?

- Euh… Il… il semblerait, messire…

Six eut alors un geste étrange ; il se mit les mains sur la poitrine, avant de vite les retirer, comme s’il avait agit par instinct. Étrange mimique. Je la notais sur un bas de page de mon livre. J’avais pour habitude de recenser tous les agissements inexplicables de mon sujet d’étude. Je ne comptais pas lui demander d’explication ; je voulais trouver leurs significations moi-même. Outre ce geste bizarre, la question indisposait vraisemblablement mon sujet. Mais rien de surprenant en soi. Même les Pokemon ne tenaient pas trop à parler de ce genre de chose. Mais comme je faisais un traité sur le mental des humains, et que j’en avais un pour moi pendant quelque jours, je n’allais certainement pas perdre mon temps à discuter avec lui de la météo.

- Et donc ? Quel est ton sentiment à ce sujet ? Comptes-tu te reproduire ? En as-tu seulement envie ? Que représenterai la paternité pour toi ?

- Je ne me reproduirai que si mon maître m’invite à le faire, messire.

À son ton, c’était comme s’il avait ajouté à la fin « donc n’y comptez pas trop… ».

- La paternité ne représente rien pour les esclaves, poursuivit Six, du moins pour les hommes. Nos enfants ne sont pas les nôtres. Ils sont ceux de nos maîtres. Ils restent avec leurs mères le temps qu’ils soient sevrés, puis ils deviennent à leur tour esclaves. Très peu d’hommes savent ce qu’il est advenu de leurs enfants, et la plupart s’en fichent.

- Tout comme ton propre père ?

Six m’avait avoué ignorer qui était son père. Comme il l’avait dit, c’était chose courante pour les esclaves. Ceci dit, j’avais bien senti qu’il y avait une certaine gène derrière quand on avait traité de sa parenté. Peut-être qu’il l’ignorait un peu moins qu’il voulait me le faire croire….

- O-oui messire, acquiesça Six non sans hésitation. Tout comme mon propre père. Il ignore qui je suis, et j’ignore qui il est.

Je sentis une certaine forme de vérité dans ses propos, mais si elle existait, elle n’était totalement entière. Mais je n’allais certainement pas le presser de me répondre. Comme je l’ai dit, c’était le plaisir de la recherche qui me passionnait, de lier les informations, les impressions et les non-dits entre eux pour y découvrir une vérité cachée. J’allais me lancer dans un autre sujet, quand on frappa à ma porte. Avec mes pouvoirs psychiques, je l’ouvris à distance, et le professeur Gouroutan, celui qui avait manœuvré pour me procurer Six, entra.

- Professeur, le saluai-je tandis que Six s’inclinait. Que me vaut ce plaisir ?

Le vieux Pokemon avait l’air troublé. Il avait souvent cet air là quand sa mémoire lui faisait défaut et qu’il avait oublié quelque chose, mais là, ça semblait plus grave.

- Mon jeune Natu, j’ai une mauvaise nouvelle, surtout pour ton ami humain ici présent…

Six se redressa et regarda le professeur Gouroutan avec perplexité. Quant à moi, je fus saisi de crainte. Le collège des doyens avait-il décidé que Six devait quitter l’Atlas ? Ou pire, allaient-ils lui infliger une punition pour être venu ?! Ce serait fort injuste. En théorie, rien n’interdisait aux humains de venir ici ! Mais apparemment, ce n’était pas du tout ça dont il s’agissait.

- Comme tu me l’as demandé, Nucleos, je me suis rendu dans la ville basse pour remercier le sieur Immotist de nous avoir loué son esclave.

- Je… Il ne fallait pas vous déplacer personnellement pour ça ! Protestai-je. Une lettre aurait pu suffire !

- Je n’avais rien de mieux à faire, et je dois bouger pour entretenir ma carcasse vieillissante. Mais ce n’est pas le sujet. Arrivé à son repère, j’ai vu tout un tas de soldats impériaux et de gardes de la sécurité civile. Il s’est passé quelque chose de grave là-bas. On ne m’a pas autorisé à approcher, mais j’ai pu en voir assez… Le repaire d’Immotist a été attaqué, et visiblement, tout le monde a été tué. Je suis désolé, jeune humain.

Le visage de Six devint plus pâle que d’habitude, et ses yeux rouges se réduisirent pendant quelque secondes à deux pupilles écrasées, comme ceux d’un félin aux aboies.


***

Kashmel


- Eh bah mon couillon, il s’est passé des trucs moches par ici… siffla Stuon en contemplant les cadavres des Pokemon.

C’était le cas de le dire. La plupart des corps étaient découpés en tellement de morceaux que la police scientifique allaient devoir se reconvertir en joueurs professionnels de puzzles. Le sol du repaire d’Immotist était désormais multicolore, du fait de la quantité de sang de couleurs différentes qui a été versée. Le mobilier était en pièces, et même les murs avaient morflé. On remarquait souvent dessus les même traces profondes de griffures. Quelque soit celui ou ceux qui avaient fait ça, ils étaient adeptes des trucs tranchants, et j’avais justement ma petite idée sur l’identité des auteurs de ce carnage.

Stuon et moi étions descendu dans la ville basse avec l’intention de rencontrer ce fameux G-Man illégal que Stuon avait repéré. Furaïjin était resté dans la demeure de Stuon, pour plus de sécurité, et si quelqu’un nous posais des questions, j’étais l’esclave de mon ami G-Man. Stuon connaissait bien la bande d’Immotist de réputation. Un groupe dangereux, qui régnait quasiment sur la ville basse, et auquel même les autorités impériales évitaient de se frotter sans raison. Mais si l’Empire découvrait qu’Immotist cachait un bâtard G-Man, toute sa réputation et sa richesse ne le sauveraient pas.

C’était pour cela qu’on avait décidé d’acheter l’enfant à Immotist avec l’argent de Stuon, et que si jamais il refusait, on le menacerait de révéler aux autorités compétentes qu’il bafouait l’une des lois les plus sacrées de l’Empire. Mais vu le bordel qui s’était passé ici, il ne faisait aucun doute pour moi que les « autorités compétentes » en question étaient déjà au courant des petits secrets d’Immotist.

- On arrive trop tard, maugréai-je. Ces entailles sur les murs, et la façon dont ces Pokemon ont été découpés, c’est la marque des Nettoyeurs, et plus particulièrement de Scalpuraï et de ses Scalproie. Ils savaient pour le gamin.

Le repaire des truands étaient toujours entourés de gardes impériaux qui quadrillaient le secteur, mais Stuon avait mis en avant son nom et sa notoriété pour pouvoir entrer. Il avait donné comme excuse qu’Immotist lui devait de l’argent, et qu’il voulait voir de ses yeux son cadavre, ou du moins, dans son cas de Pokemon Spectre, ce qui resterait de ses ornements. Ça n’avait pas plu aux gardes, mais ils n’allaient pas prendre le risque de contrarier un Seigneur G-Man.

- En tout cas, je ne vois pas le cadavre de cet enfant… ou ses morceaux, fit Stuon qui avait examiné chaque corps humains.

- Ils l’auront sûrement emmené, dis-je. Ils vont enquêter sur lui avant de l’exécuter, pour trouver son géniteur G-Man, et le tuer en même temps.

Je n’allais certainement pas verser de larmes pour le G-Man en question, qui qu’il soit. Tous ceux qui se servaient d’une esclave humaine pour leur bon plaisir en comptant la tuer ensuite étaient des ordures de la pire espèce qui ne méritait que la mort. Mais le bâtard lui était innocent. Je m’en voulais d’avoir tant traîné à venir ici. J’aurai dû le faire dès que Stuon m’avait parlé de lui, avant de commencer à compiler les informations de l’Ordre. Dans ma lointaine jeunesse, j’aurai sans doute été assez fou pour tenter de le sauver en m’infiltrant dans le Palais Impérial, mais l’âge m’avait fait un peu gagner en sagesse. C’était une triste perte, mais le plan devait continuer, ou sinon, d’autres enfants innocents comme celui-ci seront amenés à être traqués et massacrer pour le seul crime d’exister.

- Allons-y, fis-je, laconique.

- Une minute. Cette vieille momie d’Immotist gardait pas mal d’œuvres d’art et d’objets rares. Il ne m’en tiendra pas rigueur si j’en embarquais un ou deux. Il préférerait sans doute que ce soit un amateur d’art comme moi qui les aies que l’Empire.

- Tu n’as pas déjà assez d’argent ?

- Ce n’est pas pour les revendre. C’est pour leur valeur artistique.

Stuon s’engouffra dans les appartements sombres et effectivement richement décorés d’Immotist. Je soupirai. Comment cet imbécile allait-il pouvoir passer devant les gardes dehors avec dans les mains des reliques en or, au juste ? Surtout que les Nettoyeurs avaient bien fait ce qu’ils savaient faire le mieux : nettoyer. Il était évident, au vue des nombreux débris découpés ou explosés, qu’ils s’en fichaient totalement de l’art. Les restes d’Immotist étaient au milieu de la pièce : des bandelettes, et sa coiffe mortuaire. Quand un Pokemon Spectre mourrait, son corps immatériel s’évaporait dans l’Au-delà. Stuon examina la coiffe d’Immotist en or massif. Même lui aurait du mal à qualifier ça d’art. Ça ressemblait seulement à un gros morceau d’or. Morceau qui avait été largement entaillé de long en large, sans doute par le meurtrier d’Immotist.

- Tu ne vas pas prendre ça quand même ? M’indignai-je. Ça a abrité l’âme d’un Pokemon. C’est comme un morceau de cadavre !

- L’or n’a pas d’odeur, renchérit Stuon. Je pourrai le faire fondre et m’en servir comme matière pour mes propres œuvres.

Je m’apprêtai à répondre, quand un trouble me saisit. J’avais l’horrible impression qu’on nous épiait. Mais j’avais beau regarder de tous les côtés, il n’y avait personne. Pourtant, ce qui m’avait averti dans mon esprit ne se trompait jamais.

- Stuon…

- Ouais, je le sens aussi, me confirma mon ami G-Man.

Il ferma les yeux et invoqua l’Aura ; ce pouvoir propre aux G-Man qui faisait un peu office de troisième œil, ou de sixième sens. Avec elle, Stuon pouvait repérer des choses très lointaines, discerner la présence des êtres vivants, ou encore voir à travers les yeux des Pokemon. Et l’Aura lui indiqua clairement qu’ils n’étaient pas les seuls êtres vivants dans la pièce. Calmement, Stuon s’approcha d’un masque sculpté en bois, très moche, figé dans une grimace. Puis il l’empoigna, et le secoua comme un poirier.

- On peut savoir pourquoi tu fais le mort, l’ami ?

Le masque se mit alors à pousser des cris.

- Ahhhhh ! Que… mais… Aaaa-rrêêêêtez !

- Immotist ? Demandai-je.

- Ce vieux roublard a planqué son âme dans ce masque quand son corps a été détruit, expliqua Stuon. D’ordinaire, les Pokemon Spectre ne peuvent se réfugier que dans des objets possédant leur propre puissance spectrale, comme cette coiffe en or. Sans doute que notre bonne amie la momie a réuni tous ce beau matos de différentes contrées comme vaisseau potentiel si jamais il était attaqué.

- Qui… qui êtes vous ?! S’exclama le masque. Je suis innocent !

- On peut t’associer pas mal de qualificatif, mais innocent n’en fait pas partie, rétorqua Stuon. Tu te souviens pas de moi ? On a fait affaire deux trois fois, au sujet de vieilles reliques de l’avant Guerre de Renaissance.

- V-vous êtes Lord Stuon… les G-Man !

- Formidable déduction.

- Je vous en prie, mon seigneur ! Les Nettoyeurs m’ont attaqué sans raison et sans sommation ! C’est une voie de fait !

- On sait qui tu planquais chez toi, intervins-je en prenant le masque. Où est l’enfant ? L’ont-ils capturé ?

- L’… l’enfant ? Répéta Immotist d’un ton qui ne trompa personne.

- Si tu veux jouer aux ignorants, on peut aussi t’amener chez les Nettoyeurs, proposa Stuon. C’est pas leur genre, d’oublier des tâches comme ça quand ils font le ménage.

- Non… attendez… d’accord, d’accord ! Oui, j’avais un bâtard G-Man. J’ignore de qui il est, alors inutile de me le demander ! Je l’ai accueilli avec sa mère il y a trois ans, avant que la sale garce ne me trahisse et ne me vole… Pitié, messire G-Man ! Je ne l’ai jamais dénoncé, j’ai toujours pris grand soin de lui. C’est un des vôtre. J’ai rendu un service à votre Ordre en le cachant !

- Un service à toi-même, plutôt, répondis-je avec mépris. Il devait bien t’être utile si tu as préféré courir le risque d’être dans le collimateur de Scalpuraï.

- Ils n’auraient jamais dû rien savoir ! J’ai toujours caché sa vraie nature. C’est à cause de ce sale parvenu, ce traître à ses propres bandelettes, l’âme de mon âme…

- Tu veux bien préciser ? Demanda Stuon.

- Phamôme, mon propre fils, a été me dénoncer à Scalpuraï ! Cracha le masque possédé. Juste pour me faire tomber et rentrer dans les bonnes grâces de l’Empire, en me volant mon argent et ma réputation !

- Ah, que veux-tu, mon pauvre ? C’est toujours pareil. Les enfants sont des ingrats, ils brisent toujours le cœur de leurs parents…

- Mais je ne suis pas mort, poursuivit Immotist. Je me vengerai ! Je l’enverrai chez Giratina en de si nombreux fragment d’âme qu’il errera dans le néant pour l’éternité, et je m’approprierai son corps !

- Content pour toi, repris-je. Mais tu ne feras rien de tout cela si tu ne nous dis pas où est le G-Man illégal. Ils l’ont tué ? Capturé ?

- Six n’était pas là, répondit à contrecœur le masque. Comme il avait participé à un coup assez gros dernièrement, j’ai décidé de l’éloigner un temps au cas où l’Empire irait fouiller ici. Il est dans l’Atlas de la Connaissance.

Je serrai les poings avec force. Tout n’était peut-être pas perdu. Je pouvais sauver ce gamin avant que Scalpuraï ne mette ses griffes dessus.

- On y va immédiatement, décidai-je. Stuon, tu peux nous faire entrer dedans ?

- Dans l’Atlas ? Oui. Les G-Man sont autorisés à venir consulter des bouquins, bien que peu n’y aillent.

- Je n’en ferai rien, si j’étais vous, renchérit Immotist. Mon fils sait très bien où j’ai caché Six. Quand les Nettoyeurs sont venus, c’était clairement pour m’éliminer, moi et mon organisation. Ils ne cherchaient pas Six, car ils savent où il se trouve. Ce n’est peut-être qu’une question de minutes avant que Scalpuraï n’aille le chercher, si ce n’est déjà fait…