Secrets en Pagaille de Ice-Kagen

« Hikôki ? C’est qui, au juste ? Pourquoi vous faites cette tête ? » S’interrogea Canicula.
« Tu ne connais pas Hikôki ? Ca m’étonne ! Il y a dix ans, tout le pays ne parlait que de lui. Il s’agit d’un Airmure avide de sang qui tue tout ce qu’il trouve sur son passage dans le simple but de prouver sa supériorité en combat. À l’époque, j’avais dû enquêter sur ce gredin. Au final, il avait causé tellement de dégâts qu’il a été condamné à l’exil, mais le voilà de retour » répondit Fukurô
« Ah bon ? Je n’étais pas au courant. Il faut dire qu’il y a une dizaine d’années, je ne m’intéressais pas trop à ce qui se passait dans la ville. Mais bon, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Ce n’est qu’un Airmure. Ce genre d’adversaires, ce n’est que de l’entraînement pour moi. Je n’ai qu’à lui faire goûter à mes crocs enflammés et on n’en parle plus ! »
« Reste quand même sur tes gardes ! Tu as beau avoir l’avantage du type, c’est un ennemi dangereux et puissant. La moindre erreur pourrait t’être fatale » l’avertit Lucie
« Vous inquiétez pas pour moi ! Je vais gérer. »
« Ah ! Il y a aussi une chose que j’avais oublié de mentionner à son sujet. Lorsque Hikôki a quitté le pays, la police a reçu des ordres très clairs : si jamais ce criminel osait revenir dans le pays, nous devrions l’éliminer. Ce sera donc un combat à mort» informa le Noarfang.
« Quoi ? Tu n’es pas sérieux ? Dès qu’il a commencé à gouverner, Maître Régis a aboli la peine de mort, même pour les crimes les plus graves. Ca m’étonnerait qu’il ait réclamé une exécution !» S’exclama l’Arcanin, surprise.

Le dénommé Régis était un Pokémon qui dirigeait le pays d’Unonia, dans lequel se trouvait Hidden City, depuis déjà une bonne cinquantaine d’années et qui malgré son âge respectable qui devait avoisiner les quatre-vingts ans, était encore assez bien en forme. Son rêve était de faire régner une paix éternelle sur ses terres, mais il savait au fond de lui que c’était une utopie. Toutefois, il voulait mettre tout en œuvre pour s’en rapprocher un maximum. Avant son arrivée sur le trône, la peine de mort était considérée comme une sanction normale. Cependant, Régis craignait toujours d’ôter la vie d’un innocent, par mégarde. De plus, tuer un criminel aurait attiré les foudres de ses proches et les aurait probablement incités à la vengeance et Régis était convaincu que depuis des millénaires, la vengeance était un des principaux obstacles à la paix.

« S’il a réclamé une exécution, c’est parce qu’il n’avait plus le choix. Il avait déjà tout essayé » expliqua Fukurô
« Comment ça, tout essayé ? »
« Après qu’il avait commis une série de meurtres, Hikôki a été emprisonné. En prison, il a récidivé en assassinant son compagnon de cellule. Il avait alors été décidé qu’il serait muté vers une cellule isolée. Seulement, il avait grièvement blessé les deux gardiens qui devaient le conduire à sa nouvelle cellule. Ayant eu vent de tout cela, Maître Régis voyait bien qu’avec un cas aussi ingérable que celui-là, il aurait été difficile de trouver une sanction plus efficace que la peine de mort. Pourtant, il avait quand même essayé de réfléchir à une alternative et avait fini par conclure que la meilleure solution restait d’exiler le criminel. Alors, il s’est rendu en personne à la prison pour faire part de sa décision à Hikôki. Étonnamment, il a accepté sans faire d’histoires et s’est retiré sans demander son reste, vers on ne sait quelles terres. Tout le monde à Hidden City se doutait qu’il préparait quelque chose et supposait qu’il reviendrait un jour ou l’autre. Si jamais Hikôki osait se remontrer, Maître Régis avait ordonné qu’on l’exécute. Seulement voilà : à l’époque, la police du pays ne comptait aucun membre capable de rivaliser avec un Airmure. Du coup, pour être sûr d’avoir des chances de s’en sortir, nous avons commencé à chercher un membre capable de le gérer sans trop de difficulté et après cinq années de recherche, nous l’avons trouvé. Ce policier… c’est toi, Canicula »
« Sérieux ? Pourquoi vous ne m’avez pas mise au courant plus tôt ? »
« Parce qu’on ne voulait pas t’effrayer avec cette histoire et aussi parce qu’on avait Hikôki tellement en horreur que l’on essayait de l’effacer de nos mémoires et qu’on ne jugeait pas nécessaire d’en parler tant qu’on ne le revoyait pas. Voilà tout !»
« Bah ! Maintenant que vous me connaissez, vous savez que rien ne me fait peur. Pas vrai ? Bref, si je comprends bien, c’est uniquement « grâce » à cette histoire que je me retrouve actuellement dans la police ? Soit, si ma mission est de tuer cet Airmure, je vais le faire et vous prouver que je suis digne d’être à mon poste. Par contre, ça risque d’être un peu difficile pour moi, car… Même si j’ai disputé de nombreux combats et que je suis une adversaire impitoyable, c’est la première fois que je vais devoir ôter la vie de quelqu’un » annonça l’Arcanin.
« Pense à tout le mal qu’il a fait au moment de lui porter le coup fatal ! Ca t’aidera » conseilla Lucie.
***

Le lendemain matin, alors que les membres de la résidence venaient à peine de sortir de leur sommeil et de prendre leur petit déjeuner, la sonnette retentit.
« Je vais voir qui c’est » proposa Victor avant de bondir de sa chaise et de voler comme une flèche vers la porte d’entrée. Lorsqu’il ouvrit, il découvrit trois officiers de police : une Arcanin, un Noarfang et une Lucario qui avait teint son pelage en rose. Canicula prit la parole en premier :
« Police ! Nous venons pour… »
« Eh ! Mais ne serait-ce pas le petit Victor ? Quelle bonne surprise ! Je ne m’attendais pas du tout à te voir ici» interrompit Fukurô en faisant de son aile, une tape amicale sur la tête du jeune Flambusard.
« Monsieur Fukurô ? Vous vivez à Hidden City ? » S’étonna l’intéressé.
« Parfaitement ! J’ai emménagé ici il y a une dizaine d’années et j’ai été engagé dans la police de Hidden City. Ce qui explique pourquoi tu ne m’as plus revu depuis si longtemps. Et toi, ça fait combien de temps que tu es ici ? »
« Oh… Environ deux ans. »

Tout en suivant la discussion des deux Pokémon aviens, Canicula et Lucie levèrent les yeux au ciel. Fukurô était tellement absorbé par ses retrouvailles, qu’il en avait oublié qu’il n’était pas là pour faire la conversation, mais bien pour emmener des suspects au commissariat afin de leur faire passer un interrogatoire. Si Victor connaissait l’officier de police, c’était parce qu’ils étaient tous deux originaires du même village. Un village qui malgré son appartenance à Unonia, était loin de tout le reste du pays. En fait, ce village se trouvait dans le ciel et n’était accessible que par voie aérienne. Cependant, étant donné que les avions n’existaient pas dans le monde des Pokémon, il était impossible de s’y rendre sans l’aide d’un Pokémon pourvu d’ailes ou capable de léviter. Là-bas, la gravité était si particulière qu’il était possible de marcher sur les nuages. Quant à la population, elle était principalement constituée de Pokémon oiseaux. Le Noarfang était un grand ami du père de Victor et venait régulièrement chez lui. La dernière fois cependant, remontait à environ dix ans, à une époque où Victor était encore un petit Passerouge.
Victor se souvint que le hibou était relativement sympathique avec lui, car il adorait les enfants.
« As-tu des nouvelles de ton cher père ? Il ne m’a plus donné signe de vie depuis que je suis à Hidden City. »
« Oh ! Eh bien… Ca fait un petit temps que je ne lui ai plus parlé, alors je n’en ai pas la moindre idée » répondit l’oiseau de feu d’un ton presque inaudible avant de baisser la tête.
«Fukurô ! Je suis ravie que tu aies pu retrouver une vielle connaissance, mais je te rappelle qu’on n’est pas là pour taper la discute. On a du pain sur la planche ! » S’énerva Canicula qui commençait à s’impatienter.
« Hem… Veuillez m’excuser ! »
« En fait, avant de me faire interrompre par mon collègue, j’allais vous dire que si nous sommes ici, c’est parce que nous sommes à la recherche d’un Amphinobi et d’un Blindépique qui vivraient ici. Pourriez-vous leur dire de venir? »
Victor hocha la tête avant de se rendre à toute vitesse dans la pièce voisine où l’attendaient toujours les autres membres de la résidence.
« Alors, c’était qui ? » Demanda Claw
« La police. »
« La police ? » S’exclamèrent-ils tous en chœur.
« Oui ! Ils veulent voir Escudo Verde et Shikanisu » répondit Victor.
À l’entente de leur nom, les deux Pokémon déglutirent et se dirigèrent d’un pas lent vers la porte d’entrée. Ils étaient suivis des autres membres de la résidence qui étaient curieux de savoir ce qui allait se passer.
« Vous deux, montez tout de suite sur mon dos ! » Ordonna Canicula dès qu’elle aperçut les deux justiciers. Ceux-ci s’exécutèrent sans faire d’histoires et furent bientôt imités par Lucie et Fukurô.
« Eh! Qu’est-ce qu’ils ont fait, au juste ? » S’indigna le Flambusard.
« Nous avons déjà perdu assez de temps comme ça, donc nous n’allons pas commencer à partir sur une heure d’explications. Merci de votre compréhension ! » Répondit simplement l’Arcanin avant de quitter la résidence à l’aide d’une attaque Vitesse Extrême, avec ses collègues et les deux suspects sur le dos.

«Shikanisu et Escudo Verde, hein ? Comme par hasard, deux membres de la résidence qui s’en vont toutes les nuits on ne sait pas où et qui rentrent à chaque fois en même temps. Maintenant que la police s’en mêle, je crois qu’il faut quand même commencer à s’inquiéter» constata Ghosty.
« Ah bon ? Ils s’en vont toutes les nuits et vous ne savez pas où ? » S’étonna Victor.
Étant donné que Victor rentrait toujours un peu plus tard que les deux justiciers, il ne pouvait pas être au courant de la situation qui inquiétait ses colocataires depuis un bon moment déjà.
« Oui et d’ailleurs ça m’étonne que la police ne t’ait pas emmené aussi. Après tout, toi aussi tu t’en vas aussi chaque nuit sans que personne à la résidence ne sache où. D’ailleurs je suppose que tu as une petite idée de ce que cachent Shikanisu et Escudo Verde. N’est-ce pas, Victor ? » Lança l’Ectoplasma avec un sourire accusateur qui mit mal à l’aise le rapace.
« Euh… Je serais ravi de continuer cette conversation, mais je viens de me rappeler qu’on m’attend quelque part » répondit-t-il prit d’un grand stress avant de profiter de son excellente vélocité pour voler à travers la fenêtre et échapper à l’interrogatoire de son colocataire. Celui-ci poussa un long soupir.
Un flot de larmes commença à s’écouler doucement des yeux de Fairy. Sans dire un mot, elle monta les escaliers quatre à quatre et alla s’enfermer dans sa chambre, en claquant la porte.
«C’est bête ! Juste au moment où elle commençait à retrouver confiance en Shikanisu » remarqua Claw
«Quelque part, c’est une bonne chose que ça se passe ainsi. Certes, ça me faisait de la peine de la voir comme ça et puis je me sentais coupable d’avoir avancé des choses sans même avoir de preuves. Puis j’ai tenté de me rassurer en me disant qu’au final, ce que faisaient Shikanisu, Escudo Verde et Victor était sans doute insignifiant et que l’on s’inquiétait tous pour rien. Mais bon, maintenant que la police débarque, on peut être sûrs que ce n’est pas le cas. Affirmer le contraire serait jouer sur la naïveté de Fairy pour la réconforter et crois-moi, ce ne serait pas lui rendre service. On ne vit malheureusement pas dans un monde où tout le monde est bon et gentil, loin de là et si elle n’apprend pas à regarder la réalité en face et à devenir moins naïve, ça pourrait lui être nuisible. Voilà tout ! » Relativisa Blitzarda.

***
Accompagnés des suspects, les policiers étaient sur le chemin du commissariat. En cette journée estivale, un doux soleil rayonnait sur Hidden City et il était agréable de s’y balader.
« Roh…. Pourquoi il a fallu que parmi tous les policiers de Hidden City, on tombe sur elle ? »Marmonna Escudo Verde, en désignant Lucie.
« Tu la connais ? » Demanda Shikanisu.
« Ouais ! C’est la grande sœur de Lucas ! Elle arrêtait pas de nous engueuler et de nous foutre des gifles quand on l’espionnait »
« C’est parce que vous vous immisciez dans ma vie privée. C’est normal de réagir comme ça quand deux petits morveux violent notre intimité. Non ? » Dit Lucie en riant.
Escudo Verde leva les yeux au ciel.
***
Le Blindépique et l’Amphinobi avaient été emmenés dans une petite salle du commissariat qui était dans un assez piteux état. Elle n’était éclairée que d’une faible lumière et on voyait bien que la lampe qui ne cessait de s’allumer et de s’éteindre telle une guirlande lumineuse de noël s’apprêtait à rendre l’âme. Des murs faits d’une matière rocheuse peu agréable à regarder, suintait de l’humidité et dans la pièce, il y avait à peine la place nécessaire pour installer une petite table et quelques chaises.
Les deux justiciers déglutirent avant de prendre place, prêts à être interrogés.
«Bien, les choses sérieuses commencent ! » Annonça Canicula.
« Après une analyse de la banque de Hidden City, qui a été détruite il y a deux jours, nous avons prélevé des traces de votre ADN. Notre question est la suivante : Pourquoi vous étiez-vous rendus dans cet endroit ? » Interrogea Lucie.
« Je vais vous expliquer » déclara Shikanisu.
« Nous vous écoutons. »
« Mon ami et moi voulions aller boire un verre au café du coin, histoire de passer le temps. Seulement, sur notre chemin, il y avait la banque. En passant devant, nous avons aperçu une Lakmécygne accompagnée d’un groupe de Couaneton. Ensemble, ils tentaient de faire céder la porte avec des attaques. Naturellement, nous nous sommes rapprochés pour tenter de les arrêter. Mais au moment où on s’apprêtait à se battre, on a tous remarqué qu’il y avait une fenêtre brisée, ce qui signifiait qu’il y avait déjà quelqu’un qui était rentré par effraction dans la banque. La Lakmécygne et sa bande sont rentrés dans le bâtiment et nous avons fait de même, mais en nous cachant discrètement dans un coin de la pièce. Dans la banque, il y avait déjà trois Pokémon : un Foretress qui avait l’air un peu stupide, un Cizayox qui n’arrêtait pas de le réprimander et un Airmure au regard assassin. Les deux groupes de Pokémon qui étaient là pour la même chose, se sont lancés dans un combat pour savoir qui volerait la banque. Alors que le Cizayox avait une stratégie, le Foretress se contentait de foncer dans le tas sans réfléchir. Mais le plus impressionnant restait l’Airmure qui était impitoyable. Avec une attaque Tranche-Nuit, il a transpercé le cœur d’un Couaneton et l’a aussitôt tué. Inutile de dire que mon ami Escudo Verde ici présent et moi étions écœurés, mais nous avons quand même pris notre courage à deux mains et nous sommes passés à l’attaque. J’ai tenté un Hydrocanon sur le Cizayox mais je l’ai manqué et mon attaque à créer un énorme trou dans le mur dans le banque. Ensuite, mon ami a essayé d’attaquer mais une Lame d’Air de la Lakmécygne l’a mis au tapis en un coup. Puis, le Cizayox s’est approché de moi et m’a attaqué. Après avoir reçu le coup, j’étais moi aussi incapable de me battre. Escudo Verde et moi étions désespérés car nous avions échoué dans notre mission et car nous avions peur de mourir… »
« Vous avez mentionné tous les Pokémon dont j’ai détecté les auras sauf un : Mon frère Lucas. Quel était son rôle dans cette histoire ? » Interrompit Lucie.
« J’y venais, patience !»
« Bon sang ! Laisse le parler ! Ne t’a-t-on jamais appris qu’il était impoli d’interrompre les gens ? Et puis, je sais que tu es préoccupé par ton frère, mais tu dois laisser des émotions de côté dans ton travail » s’indigna Fukurô.
« Je sais ce que je fais, mais peu importe… Continuez, je vous prie ! »
« Bien ! Alors que nous étions sur le point d’y passer, votre frère a surgi de par le trou que j’ai créé avec mon Hydrocanon et a mis hors-combat la Lakmécygne d’un Poing-Éclair. Alors, elle a ordonné à ses Couaneton de la porter et ils se sont tous lâchement enfuis de la banque. Ensuite, le Cizayox et l’Airmure ont commencé à s’énerver. Heureusement, Lucas a su gérer le Cizayox grâce à son Aurasphère. Ensuite, il s’est battu contre l’Airmure. Le combat était très serré, mais votre frère a tout de même su prendre avantage à la dernière minute en paralysant son adversaire. Une fois que tous les voleurs étaient vaincus, il nous a donné des médicaments pour que l’on se remette sur pied. Après quoi, nous sommes partis. Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire ! » Acheva Shikanisu en se courbant légèrement, comme pour remercier les officiers de l’avoir écouté.
« Bien ! Et vous monsieur, avez-vous quelque chose à ajouter ? » Demanda Canicula à l’intention d’Escudo Verde.
« Non, Shikanisu a tout dit. »
« Merci de bien avoir voulu collaborer. Nous vous recontacterons lorsque l’enquête aura avancé. Cependant, nous avons une dernière chose à vous dire : Évitez d’interférer lorsque vous êtes témoins d’un crime de ce genre. C’est le travail de la police, pas le vôtre. Vous n’êtes pas formés pour ça et vous pourriez mettre votre vie en danger. C’est pourquoi la meilleure chose à faire est de nous contacter lorsque vous êtes confrontés à ce genre de situations » conseilla Fukurô.

Les deux justiciers ne répondirent pas et se contentèrent de quitter la pièce. Après eux, se fut au tour de Lucas de se faire interroger. Sa version des faits concordait sans surprise avec celle donnée par ses coéquipiers. Pour Lucie, il était difficile d’interroger son petit frère en restant tout à fait neutre. Ensuite, se fut Alba qui vint présenter sa version des faits qui différait légèrement des deux précédentes. En effet, elle prétendait qu’elle se baladait tranquillement avec ses petits Couaneton et que lorsqu’elle était passée près de la banque elle avait entendu un grand raffut. Un de ses Couaneton se serait alors aventuré à l’intérieur pour savoir ce qui se passait. Tout le groupe se serait ensuite précipité pour sauver leur camarade. Dans la banque, ils auraient trouvé deux groupes de Pokémon en train de s’affronter pour savoir qui volerait la banque. D’un côté, les trois justiciers et de l’autre le trio de Pokémon de type Acier. Ces trois Pokémon étaient d’ailleurs les seuls suspects que la police n’avait pas encore interrogés.
***
Cette nuit-là, Hikôki, Anton et Krak se trouvaient pile au centre de Hidden City, face à une immense tour blanche qui se terminait en une immense pointe en or faisant office de toit. Sur ce même toit était gravé un coquillage noir. C’était dans ce bâtiment que vivait Régis.
« Nous y voilà ! Maintenant que tout est préparé, je vais enfin pouvoir accomplir cette vengeance dont je rêve depuis si longtemps ! » Se réjouit l’Airmure.
« Quel est le plan ? » Demanda le Cizayox.
« Krak va défoncer la porte avec Gyroballe. Ensuite, on va rentrer et le passer à tabac jusqu’à ce qu’il crève. À l’heure qu’il est, ce vieux croûton doit être dans le meilleur du sommeil alors ça va être un jeu d’enf… »
Hikôki fut interrompu par un puissant jet d’eau qu’il reçut dans le dos et qui le propulsa contre la tour. Il retomba violemment et se releva, non sans difficulté. Même si c’était le premier coup qu’il recevait, cet Hydrocanon était bien assez puissant pour mettre le rapace métallique dans un sale état. Anton accourut vers son ami.
« Hikôki ! Est-ce que ça va ? » S’inquiéta-t-il
« Au secours ! Un tsunami qui vient du ciel ! C’est la fin du monde, on va tous mourir ! » S’affola Krak.
« Mais non, abruti! On s’est juste fait attaquer par surprise. Hikôki a subi un Hydrocanon et j’ai l’impression de savoir de qui il vient… » Répondit Anton.
« Ah bon ? Et tu penses que c’est qui ? »
« Je pense que c’est l’Amphinobi qu’on a croisé à la banque et si c’est le cas, je ne vais pas me gêner de lui remettre une pâtée. Hé, espèce de lâche ! Tu te caches où ? Montre-toi et viens te battre si t’es pas un dégonflé ! »
Shikanisu qui était dissimulé derrière la cheminée d’un immeuble, bondit de la plateforme pour se retrouver face au trio de criminels.
« C’était bien mon intention » répondit-il.
«Je me doutais que tu allais te montrer. Alors, tu as appris à viser depuis la dernière fois ?»
« Hydrocanon : une attaque surpuissante mais extrêmement difficile à placer. Quoi de mieux que de l’utiliser pour débuter un combat en attaquant par derrière un adversaire qui ne s’y attend pas ? »
« C’était bien pensé, en effet. Mais ne crois pas pour autant que tu as gagné. La partie ne fait que commencer !»
« Tout à fait ! Les participants ne sont même pas encore tous arrivés ! » Lancèrent en chœur Lucas et Escudo Verde qui venaient de rejoindre le groupe. Les yeux du Lucario brillaient d’une lumière rosée.
« Toi ! Tu es l’enfoiré de Lucario qui m’a humilié il y a deux jours. S’il y a une chose au monde que je ne supporte pas, c’est de perdre ! Fais ta prière, car tu vas mourir dans d’atroces souffrances ! » Menaça Hikôki avant de se mettre à ricaner de manière sinistre.

Lucas ignora totalement les propos de son adversaire et se mit à le fixer. Aussitôt, celui-ci fut pris d’une migraine et retomba en arrière, se cognant la tête contre le sol. L’attaque Psyko l’avait rendu incapable de se battre.
« Un de moins ! » S’exclama le canidé.
« Vous allez nous le payer ! » Répliqua le Cizayox avant de s’élever dans les airs et de se diriger à toute vitesse vers le Escudo Verde. Au dernier moment, le Blindépique se protégea à l’aide de son bouclier végétal épineux auquel l’hyménoptère vint se heurter, subissant quelques dégâts sur le coup.
Pendant que les autres combattaient, Krak en avait profité pour s’approcher d’Escudo Verde. D’un de ses quatre bras-canons, il avait sorti un petit dard dont il se servit pour piquer son adversaire à la jambe. Le Pokémon touché eut un peu mal mais se reprit vite.

Tous les Pokémon se préparèrent à réattaquer. Shikanisu fit apparaître un shuriken aqueux fait de mucus qui allait être destiné à Anton. Ce dernier s’apprêta à tenter une autre Vive-Attaque sur le Blindépique, Lucas prépara une Aurasphère en visant également Anton et Escudo Verde avança en direction de Krak, le poing levé. Le Foretress quant à lui, se mit à tournoyer en direction de ses adversaires. Le pokémon qui toucha sa cible en premier fut Shikanisu. La fourmi rouge avait été transpercée par quatre shuriken lancés à toute vitesse qui l’avaient mise dans un état critique. Il commençait à être à bout de souffle, mais trouva le courage de foncer à toute vitesse sur Escudo Verde qui fut poussé quelques mètres plus loin. Grâce à son passif Technicien, l’attaque Vive-Attaque du Cizayox était particulièrement violente, mais elle n’avait pas fait beaucoup de dégâts au Pokémon de type plante qui pouvait compter sur son armure pour le protéger. Anton eut à peine le temps de se retourner lorsqu’une sphère d’énergie bleue le frappa de plein fouet. Elle le propulsa à côté de Hikôki. Le Pokémon insecte était à présent incapable de se relever. Escudo Verde frappa d’un coup sec le cocon métallique à l’aide son poing. Comme à chaque fois qu’il utilisait Marto-Poing, sa main commença à légèrement souffrir du contrecoup, ce qui le ralentit.
« Hé, Krak ! Je n’aurais jamais cru dire ça, mais tu es notre dernière chance de mener notre mission à bien, alors fais ton maximum ! C’est l’occasion de prouver que tu n’es pas aussi bête qu’on le croit» encouragea le Cizayox.
À l’entente de ces mots, la détermination du Foretress augmenta considérablement. Il décida de se donner à fond dans ce combat pour que ses amis vissent qu’il ne valait pas rien. Toujours en train de tournoyer, il avait à présent les trois justiciers à sa portée. De ses bras-canons, il expulsa des rafales de pierre qui touchèrent les trois Pokémon. Escudo Verde et Lucas avaient à peine senti le coup passer, tandis que Shikanisu souffrait et avait les mains bloquées par deux énormes pierres. L’Amphinobi était spécialisé dans les attaques à distance. Cependant, à l’instar de tous ses congénères, s’il voulait utiliser ce genre d’attaques, il devait impérativement former des sceaux à l’aide de ses mains. Il n’avait pas donc pas d’autre choix que d’essayer de se libérer s’il voulait continuer à combattre.

Lucas avança la paume de sa main en direction du Foretress avant d’en faire émaner une lueur bleuâtre, Escudo Verde s’apprêta à placer un autre Marto-Poing et Krak se remit à tournoyer, cette fois en direction de Lucas. Le rayon lancé par le Pokémon loup fusa vers Krak et le toucha en plein visage. Ce dernier continua de tournoyer et sa vitesse de rotation ne cessait d’augmenter au fur et à mesure qu’il se rapprochait de sa cible. Il était devenu si rapide qu’Escudo Verde n’arriva même pas à le toucher. Le Foretress toucha le Lucario qui se retrouva dans les airs avant de heurter la façade de la tour. Bien que le coup fût conséquent, Lucas était toujours en état de se battre.
Finalement, Shikanisu avait réussi à se débarrasser des pierres qui le bloquaient. Seulement, des plaies s’étaient ouvertes à ses mains et il saignait abondamment. L’Aurasphère de Lucas avait complètement sonné Krak. Pour couronner le tout, il avait tournoyé si vite et si longtemps, qu’il en avait la nausée. À ce rythme-là, il n’allait plus pouvoir tenir bien longtemps.
Malgré la forte douleur qu’il ressentait aux mains, Shikanisu trouva le courage de former le sceau lui permettant de créer un shuriken. Il le lança à son adversaire avant de pousser un cri dû à la douleur qu’il ressentait aux mains. Le coup avait beau être très faible, il suffit à mettre le Foretress hors-jeu.
« P… pourquoi ça se termine comme ça ? J… J’avais enfin une chance de prouver ma valeur à mes amis et vous avez gâché ça. M… Maintenant, ils vont rester convaincus jusqu’au bout que je suis un imbécile ! » Gémit Krak.
« T’en fais pas ! Tu t’es bien battu. Tu as peut-être perdu, mais tu as donné le meilleur de toi-même. Je ne t’ai jamais vu combattre aussi bien et je te félicite ! » Le rassura Anton.
« En attendant, je n’ai toujours pas pu accomplir ma vengeance… » Grommela Hikôki.
Les trois justiciers prirent chacun une Hyper Potion pour se rétablir du combat qu’ils venaient de disputer.

Soudain, la porte d’entrée de la grande tour s’ouvrit, dévoilant un Pokémon bipède à la peau rose, légèrement enveloppé au niveau du ventre. Ventre qui d’ailleurs était écailleux et de couleur crème, tout comme son museau. Il portait une collerette rouge et blanche semblable à une bouée, autour du cou. Un gros coquillage en spirale mordait la tête du Pokémon. Celui-ci était orné d’une pierre précieuse rouge qui brillait intensément et se terminait en trois extrémités pointues qui le rendaient semblable à une couronne.
« Je vois que j’arrive un peu tard » constata le Roigada en tournant son regard vers les trois bandits au sol.
« Maître Régis ? » S’étonnèrent en chœur les trois justiciers avant de s’incliner, par respect pour le chef de leur pays.
« À cause de mes troubles du sommeil, je n’arrivais pas à dormir et le vacarme provoqué par votre combat n’aidait pas non plus. Dès que je l’ai entendu, je me suis dirigé vers ma fenêtre pour voir ce qui se passait. Je vous ai alors vu affronter ces trois voyous et j’ai voulu vous aider un peu. J’ai alors fait du plus vite que j’ai pu. Malheureusement, j’ai toujours été un Pokémon plutôt lent et comme mon corps a vieilli, c’est encore pire maintenant.»
« Nous vous sommes malgré tout reconnaissants d’avoir tenté de nous aider. L’intention compte plus que la réussite » répondit Lucas avec énormément de respect dans la voix.
« Ces Pokémon que vous venez de vaincre… l’un d’eux, à savoir l’Airmure, était craint à Unonia il y a une dizaine d’années car il avait commis de nombreux meurtres. Je l’avais condamné à l’exil et avait ordonné à la police de le tuer s’il avait le malheur de remettre les pattes ici. Je sais que ça ne me ressemble pas de condamner un Pokémon à mort, mais avec lui, je n’avais plus vraiment le choix » raconta Régis, d’un ton solennel.
« Nous avions remarqué qu’il était particulièrement dangereux, en effet ! »

Le Roigada marcha en lentement en direction de l’Airmure qui était étendu sur le sol. Une fois à sa hauteur, il lui dit :
« Je me doutais bien que tu allais revenir. Je me doutais bien que tu préparais un sale coup. Tu refais surface après dix ans, en pleine nuit, si près de ma tour, accompagné d’alliés qui ont l’air bien robustes. Avais-tu l’intention de me tuer ? »
« Bonne déduction, Sherlock ! » Ironisa le Pokémon avien.
« Tu pourrais quand même t’adresser à moi, avec un peu plus de respect. D’ailleurs, tu as de la chance d’être impliqué dans l’affaire concernant l’intrusion dans la banque de Hidden City, car ça signifie qu’on a besoin de toi tant que l’enquête est en cours. Autrement, je n’aurai pas hésité à te tuer de mes propres mains. D’ailleurs, en parlant de cette enquête, selon les échos que j’ai eu de la police, il semblerait que vous aussi soyez impliqués dans cette affaire » Fit remarque Régis aux trois justiciers.
« Euh… En effet, nous étions là pour arrêter les criminels qui ont tenté de cambrioler la banque » répondit Shikanisu en hésitant, car le fait qu’une nouvelle personne connaisse entre-autres son secret, le contrariait beaucoup. D’autant plus que cette fois, il ne s’agissait pas de n’importe qui.
«Je veux bien vous croire. Vous venez à l’instant de me sauver la vie. Pas étonnant que vous ayez stoppé un vol dans une banque ! Je vois que vous êtes de vrais justiciers. »
Shikanisu, Escudo Verde et Lucas firent de leur mieux pour contenir leur agacement et leur inquiétude.
« Bref, je vous remercie de m’avoir sauvé ! S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous exprimer ma gratitude, n’hésitez pas à me demander ! »
« Vous savoir en sécurité nous… » Commença Shikanisu avant d’être interrompu par son rival.
«En fait, il y a bien une chose que vous pouvez faire… Comme vous l’avez si bien dit, nous sommes des justiciers. Seulement, nous agissons dans l’ombre. Nous ne voulons pas que toute la ville soit au courant de nos activités, c’est pourquoi nous vous demanderions, à vous qui dirigez la ville, si bien sûr vous l’acceptez, de ne rien dire à personne de ce qui vient de se passer aujourd’hui et également de dire aux journalistes de ne pas dire un mot sur nous. Que ce soit sur votre sauvetage où sur notre intervention à la banque. Ainsi, nous pourrions continuer à rester discrets. »
«J’imagine que vous avez vos raisons… Quoi qu’il en soit, j’accepte. Tout ce qui vient de se passer m’a un peu épuisé, je devrais retourner dormir ou du moins, essayer de dormir » annonça le Roigada en baillant.
« Merci de votre générosité ! » Répondirent les trois héros en s’inclinant une nouvelle fois. Régis s’en retourna ensuite vers sa tour.

« Enfin, je déteste demander aux gens de nous accorder une récompense en échange de ma protection. Je ne fais que mon devoir, je n’ai pas à être rémunéré ! » Se plaignit Shikanisu.
« Je comprends que tu sois fidèle à tes principes, mais parfois, il faut savoir faire des compromis. Avoue que ma proposition a beaucoup de chances de nous sortir d’un sacré pétrin ! » Répliqua Lucas.
Shikanisu regarda son coéquipier, surpris.
« On se tutoie maintenant ? »
«À présent, nous travaillons dans une même équipe. Nous allons nous côtoyer beaucoup plus, vivre de tas de choses ensemble et au fil du temps, peut-être même deviendrons nous des amis proches. Je ne vois donc pas de raisons de continuer les formalités.»
« Bien, si tu y tiens, je te tutoierai » approuva l’amphibien en souriant.
Escudo Verde sourit à son tour, satisfait que ses deux amis se soient rapprochés un peu plus.