Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Bleuet fané de M@xime1086



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 29/01/2017 à 10:04
» Dernière mise à jour le 30/01/2017 à 20:29

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
40.— ORGANISER UN VOYAGE & METTRE AU COURANT
« Comment ça : il est parti ? »

Daisy discutait avec sa sœur dans le couloir qui menait à la chambre d'Otaquin.

« Il est allé défier les champions d'arène de Sombreville.
- Tu ne l'as pas retenu ?
- Pourquoi ? Je ne l'ai jamais empêché de continuer sa carrière de dresseur. Je n'ai pas arrêté mon travail à l'arène pour lui.
- Tu es injuste. Voyager pour récolter des badges et tenir une arène sont deux choses différentes. Lui voulait rester avec toi, c'est d'ailleurs pour ça qu'il a trouvé ce boulot dans le restaurant. »

Quand elles furent devant la chambre du malade, la conversation retomba. Daisy ne comprenait décidément pas sa sœur : elle avait un mari qui l'aimait et elle retournait traîner avec Sacha alors que ce dernier n'en avait rien à fiche d'elle. Même Séréna, avec qui il entretenait une relation plus intime, n'avait pas trouvé grâce à ses yeux.

Et puis Sacha allait sans doute bientôt repartir en voyage. A quoi cela lui servait de s'accrocher à lui ? Sa sœur espérait-elle le retenir ?

Otaquin était rétabli. Il restait encore au Centre Pokémon pour des examens de routine et attendait avec une fébrile impatience de rejoindre les Sœurs Sensationnelles. Personne hormis Violette n'était au courant de ce projet. Ils voulaient garder l'effet de surprise. Violette souhaitait surtout éviter une nouvelle scène avec sa sœur. Celle-ci croirait que l'intégration de la petite otarie serait un moyen de le lui voler. Alors que pas du tout !

Dès que la sœur aux cheveux bleus entendait le nom du Pokémon ou l'imaginait dans ce lit, elle en avait des haut-de-cœur. Ce qu'elle désirait fut pourtant simple à comprendre : se venger sur lui. Elle rendrait sa vie au sein de la troupe infernale. Ondine ne serait pas là pour le défendre ou constater le mauvais traitement qu'elle comptait lui faire subir.

Puis lorsqu'Otaquin serait à sa merci, elle comptait sur son état déplorable pour affaiblir le couple, le pousser à se déchirer. Elle imaginait déjà Gary crier sur sa femme, lui disant qu'elle était irresponsable d'avoir laissé le pauvre malheureux entre les griffes de sa sœur aînée.

Sacha tenait compagnie au starter eau. Ce dernier aimait beaucoup montrer les quelques tours qu'il avait imaginé exécuter pendant les spectacles. Il gonflait de grosses bulles avec son nez et réussissait à y introduire des objets sans les éclater. Il jonglait avant qu'elles n'explosent en un feu d'artifice de paillettes.
Pikachu admirait sa capacité à rester concentré pendant un rythme soutenu, oubliant la fatigue et les blessures, à présent cicatrisées.

« Quand est-ce qu'il sort ? demanda-t-il à Ondine lorsqu'elle entra.
- Demain normalement. »

La championne prit à part sa sœur pour lui demander si elle accepterait d'accueillir l'otarie au sein de la troupe.

« Il sera entre de bonnes mains avec toi. Il n'est pas fait pour les combats. Je veux qu'il vive son rêve. Et ce rêve se réalisera à vos côtés.
- Mais toi ? Tu es sa dresseuse, je te rappelle.
- Il sera à la maison le reste du temps. Je veux le meilleur pour lui. Fais juste attention. Je ne veux pas que Violette lui fasse du mal. »

Daisy lui promit de veiller sur le Pokémon eau. Sacha quitta la chambre, Pikachu sur l'épaule. Il demanda à sa manière -c'est à dire en laissant son estomac s'exprimer oralement- si son amie voulait déjeuner avec lui.

Ondine proposa à sa sœur de se joindre à eux mais cette dernière déclina. Très peu pour elle. Tenir la chandelle n'était pas ce qu'elle préférait. Elle avait déjà, à de nombreuses occasions, tenu -à contrecœur- compagnie à Violette lors de dîners galants. Néanmoins, elle tenait à prévenir par un regard désapprobateur sa sœur de l'invitation qu'elle faisait à Sacha. Inviter un garçon pour qui elle avait encore des sentiments chez elle n'était pas une bonne idée. Surtout qu'Ondine était mariée ; Daisy considérait sa démarche comme un manque de respect envers son époux.

• • • • • • • • • •
C'était la première fois que Sacha venait chez eux. Il se sentit mal à l'aise de pénétrer en territoire hostile. Tout ici respirait la vie de couple heureuse et épanouie. Il y avait des affaires appartenant aussi bien à elle qu'à lui. Des petits détails du quotidien qu'on discernait sur chaque meuble, chaque endroit.
Le dresseur avait l'impression que poser un regard sur les tableaux du mari était sacrilège.

« Vas-y, installe-toi, dit-elle en constatant le malaise de son ami. »

Il n'osa poser ni ses fesses sur le sofa ni sur aucune des chaises disposées autour de la table. Ondine inspectait ce qu'il restait dans le frigidaire. Quelques légumes dont des poivrons et des tomates. Du poulet et du riz. Elle eut envie de cuisiner avec le wok. Depuis que Gary lui avait appris les quelques techniques et astuces de cuisson, elle préparait elle-même les repas. Quoiqu'elle aimait regarder son mari se mouvoir derrière les fourneaux.

Sacha regardait son amie allumer le gaz avec des yeux ronds de bête curieuse. Elle lui demanda s'il voulait bien l'assister. Il attrapa le paquet de riz, voulut remplir un verre mais en renversa partout.

« Laisse-moi faire, je crois que tu ne t'es pas amélioré en cuisine depuis que je te connais. Pourtant Pierre t'avait montré les bases ! A force de te tourner les pouces et à te faire servir tel un pacha, tu as tout oublié ! »

Il ne répliqua pas. L'impression d'être observé par les murs de la demeure le bloquait. Il avait perdu son entrain habituel, au moment où il avait franchi la porte. Ondine l'exhorta à se détendre.

« Gary n'a pas l'air de beaucoup m'apprécier, finit-il par dire. »

Ondine, occupée par la cuisson du riz et des légumes qu'elle avait jetés dans le wok, n'entendit pas cette remarque lancée au milieu des crépitements. Bientôt un bruit confus anima la cuisine, accompagné d'une odeur de viande bien cuite.

La jeune femme sortit la vaisselle des placards. En posant les couverts, elle aperçut une chemise appartenant à son mari, échouée sur une chaise. Elle la plia et la déposa plus loin.
En entrant, Sacha n'avait pas osé enlever cette veste. Il s'assit à l'endroit même où la chemise de Gary s'était retrouvée. Sur ladite chaise.

« Comment ça va avec lui ?
- Bien. Pourquoi ? répondit-elle en servant le plat sur la table.
- Tu ne le vois pas beaucoup. Tu passes plus de temps avec moi.
- Sans doute. Je n'ai pas l'occasion de te voir souvent, j'en profite, c'est tout. Tu veux de la sauce ? »

Il hocha la tête. Pikachu les rejoignit après être allé faire un tour au jardin. Ondine avait pioché dans la réserve d'Ohmassacre pour lui préparer un en-cas.

« Il n'est pas là ?
- Il est parti affronter les champions de Sombreville.
- Sombreville ! »

Les souvenirs remontaient : la guerre dans laquelle ils s'étaient retrouvés embrigadés par les deux clans, la solution du ketchup tombée du ciel pour permettre aux deux leaders d'ouvrir les yeux sur les agissements qui avaient provoqué la désertion de toute une ville.

« Le bon vieux temps.
- Comme tu dis. Le temps où tu n'étais qu'un garçon immature. Et ça n'a pas changé.
- Ça ne te manque pas de voyager ? Rester dans une arène, ça doit être lassant, non ?
- Mettre des raclées aux jeunes dresseurs galvanise. Ça me rappelle qu'on a une revanche à prendre un de ces jours. Tu ne veux pas te prendre une petite rouste ? »

Il rajusta sa casquette, jeta un regard de côté. Devait-il lui rappeler que leur match à l'arène d'Azuria s'était soldé par une égalité ? Appeler Pikachu lui permettrait de gagner haut-la-main face à ses Pokémon eaux. Quoiqu'il devait reconnaître que son amie était une excellente dresseuse et méritait bien sa place de championne.

« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
- Le professeur Chen a contacté Euphorbe pour savoir s'il accepterait de me rencontrer. Tu ne sais pas à quel point voyager de nouveau me rend fébrile ! Ça va faire un an que je suis bloqué au Bourg-Palette.
- Pikapi ! »

La souris électrique donnait des coups de poings dans le vide comme pour bombarder un adversaire imaginaire. Cela fit jaser les deux amis.

« Séréna va sans doute t'accompagner ?
- Je ne sais pas. Tu crois qu'il y a des salons pour les artistes à Alola ? »

Elle haussa les épaules. Ondine était persuadée que Séréna le suivrait. Même si leur amie devait suspendre sa carrière, elle ne laisserait pas Sacha partir seul, au vu de leur intime complicité. La dresseuse voulait se frayer une place dans ce cœur si difficile à prendre. Pour cela, le meilleur moyen était de ne plus le lâcher, de le poursuivre jusqu'à tenter d'aller plus loin dans leur relation, un jour.

« Il va falloir vous trouver un bon cuisinier.
- Je regrette tellement que Lem et Clem ne viennent pas. J'ai toujours eu de la chance d'être bien entouré. »

Après avoir terminé sa gamelle, Pikachu vint se poser sur les genoux de son dresseur. Le visage de la jeune femme avait les marques de la déception ; laisser partir Sacha lui faisait quelque chose. Des habitudes s'étaient ancrées dans leur quotidien. Depuis qu'ils ne voyageaient plus ensemble, c'était la première fois qu'ils étaient redevenus aussi proches. Ils avaient toujours tenu le contact comme un fil, qui parfois se brisait. Depuis des mois, ce fil était devenu un nœud coulant, impossible à défaire. Cela leur donnait l'impression de ne s'être jamais séparés, qu'ils avaient toujours été unis comme les deux doigts de la main.

« Ça ne te dirais pas qu'on fasse quelque chose avec Pierre avant que tu ne repartes ?
- Un combat ?
- Mais non. Ça ne te manque pas nos voyages sur les routes... ? Et si pendant quelques jours nous revivions notre premier voyage ? Qu'on prenait nos sacs à dos, nos Pokémon et que nous campions en pleine nature ? »

Pikachu, ravi de l'initiative, poussa de furieuses acclamations, poussant Sacha à accepter cette petite aventure.

« Pourquoi pas ! Ce serait me préparer pour Alola. Mais... Et Gary ?
- Il comprendra. J'ai envie de passer le maximum de temps avec toi avant que tu ne repartes. En ce moment il est de mauvaise humeur mais ça lui passera. Dès qu'il aura son nouveau badge, ça ira mieux. »

Pendant qu'elle débarrassait la vaisselle sale dans le lavabo, il songea aux préparatifs. Il fallait organiser un itinéraire, prévenir Pierre, préparer les vivres, les sacs...

« Tu veux faire ça quand ? La semaine prochaine ?
- Il faut déjà voir les disponibilités de Pierre. Son emploi du temps n'est pas extensible. »

Ils appelèrent au cabinet. Il répondit avec incertitude qu'il ne pourrait se libérer que deux ou trois jours d'affilée. Parce que Leveinard était revenu de sa formation aux soins infirmiers.

« La semaine prochaine ? Entendu.
- Je te préviendrai lorsqu'on aura tracé un itinéraire. »

Shawn Mendes & Camila Cabello - I Know What Did You Last Summer
Ce petit projet leur donna davantage l'occasion de se revoir les jours suivants. Gary rentra, d'abord le sourire victorieux puis la mine anxieuse. Rien n'avait changé. Ondine lui avait passé un coup de fil entre deux sessions d'entraînements pour savoir comment se passait le voyage. Il n'avait pas vraiment eu le temps de répondre de façon détaillée, qu'elle interrompit la conversation sans donner suite.

Il avait battu les champions de Sombreville, obtenu un nouveau badge, mais ici, à la maison, à l'arène, partout où il retournait après ce court voyage, tout s'était figé comme s'il n'était jamais parti. Il n'était le vainqueur que pendant les combats, plus chez lui. Quelqu'un d'autre avait pris sa place. Il se découvrit éternel numéro deux.

Il avait l'impression qu'Ondine et Sacha se voyaient plus qu'avant. Lui avait-il manqué ? Elle disait qu'oui ; néanmoins dans sa réponse laconique résonnait un accent d'obligation conjugale. Oui, elle était obligée de sortir cette réponse toute prête. Pourrait-elle lui répondre autre chose ? "Non, j'ai été trop occupée pour penser à toi. J'ai vu Sacha, cela m'a suffi pour t'oublier".

Il aurait préféré que les choses soient plus claires entre eux. Une sorte de brume épaisse l'empêchait de comprendre, de traduire la vérité dans ses propos. Même anodins. Mentait-elle aussi lorsqu'il s'agissait du quotidien comme lorsqu'elle lui disait qu'elle l'aimait ?
Elle ne lui semblait plus sincère. Une sorte d'hypocrisie masquait les intentions de sa femme, Gary en était persuadé. Il voyait le mal partout, soupçonnait tout le monde.

Qu'avaient-ils fait pendant son absence ? La question légitime mais trop brutale à poser lui brûlait la cervelle. Aurait-elle inventé un mensonge ? Aurait-il lu la vérité sur son visage radieux ?
Quand il était couché à ses côtés, au lieu de prier pour qu'elle redevienne celle qu'il avait aimée au tout début de leur relation, il suppliait pour que Sacha reparte le plus vite possible. Mais serait-elle heureuse de le voir partir de nouveau ? Sans doute que non. Elle serait morne et leur vie en pâtirait. Un cul-de-sac. Voilà où ils en étaient.

Otaquin quitta enfin l'hôpital avec Daisy. Ils fêtèrent sa guérison ainsi que celle d'Azurill par une petite fête. Pierre avait fait le déplacement. Ce fut l'occasion de planifier le voyage. Ils partiraient d'Azuria pour rejoindre Carmin-sur-mer. La date n'était pas encore fixée mais tous les préparatifs étaient sur le feu.

Ondine n'avait pas encore mis au courant Gary. Elle le trouvait suspicieux et abattu depuis son retour. Pourtant il avait gagné son badge Combo et fait ce qu'il avait envie depuis longtemps : reprendre les routes. Ce qu'elle prenait pour un caprice de dresseur cachait un mal bien plus profond, qu'elle ne soupçonnait guère. Elle ne voyait pas qu'il sombrait, qu'il se laissait couler, à être délaissé pour un autre.

Il ne tarda pas à apprendre le dessein du pokégroupe. Un soir, après une journée de travail, il partit chercher Otaquin après une session d'entraînement au vu de son premier show dans la troupe des Sœurs Sensationnelles. L'ancienne arène, aménagée pleinement pour permettre de développer leurs activités, était fermée lorqu'il arriva. Une lumière très loin derrière la porte vitrée indiquait une présence. Pourtant la porte était close.

Otaquin était-il rentré tout seul entre-temps ? Ça n'était pas dans ses habitudes. Ils allaient toujours le chercher. La nuit tombait plus vite maintenant que l'automne s'était installé.
Brusquement la lumière s'éteignit et la porte s'entrouvrit. Otaquin sauta dans les bras du jeune homme, ravi de sa journée. Depuis qu'il avait rejoint la troupe, Daisy le chouchoutait.

Ce ne fut pas cette dernière qui s'avança vers lui mais bien Violette. Elle attendait depuis des jours que ce soit lui qui vienne récupérer le Pokémon eau. Elle voulait être la première à lui apprendre la nouvelle. C'était certain que sa sœur ne lui avait rien dit. Elle-même avait eu la chance de surprendre une conversation entre ses deux sœurs.
Être l'annonciatrice d'une telle nouvelle était un privilège. Elle assisterait en direct à sa réaction.

« Tiens, bonsoir Gary.
- Allons-y, Ondine nous attend, dit-il à l'otarie sans prêter attention au salut de la sœur. »

Son sourire franc ne lui inspirait rien de bon.

« Alors c'est le grand départ ?
- Comment ça ?
- Oh ! Tu n'es pas au courant ?
- Au courant de quoi ?
- Ondine repart avec Sacha sur les routes. »

Elle avait bien sûr grossi les traits, omettant la présence de Pierre ainsi que le fait que ce voyage ne durerait seulement quelques jours, ce qu'elle ne suggérait nullement.

« Comment ça ? dit-il, livide.
- J'étais persuadé qu'Ondine t'avait mis au courant. Demande-lui. »

Elle s'évanouit dans l'obscurité de l'arène, refermant la porte avec un plaisir qu'elle dissimula jusqu'à se retrouver seule.
Gary rentra vite à la maison, serrant dans ses bras l'otarie qui comprenait qu'il y avait urgence. Il ne voulait pas une nouvelle crise. Il tenta avec de petits tours d'occuper l'esprit de celui qui le portait.

« Ce n'est pas le moment, vraiment pas le moment, Otaquin, répondit le jeune homme, agacé. »

Puis voyant qu'il avait blessé celui qui cherchait simplement à le réconforter, il s'excusa sans pour autant paraître plus soulagé. Il sentit quelque chose de trop gros lui bloquer la respiration. Depuis la nuit de son dix-huitième anniversaire, il n'avait pas ressenti pareille angoisse.