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Expérience n°198 de oska-nais



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Informations

» Auteur : oska-nais - Voir le profil
» Créé le 30/12/2016 à 22:45
» Dernière mise à jour le 31/12/2016 à 10:15

» Mots-clés :   Action   Kalos   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 4
/! passages morbides dans ce chapitre /!

Chapitre 4


Je repris conscience. Où étais-je ? Je ne croyais pas être dans l’infirmerie : je verrais la lumière traverser mes paupières. J’essayai de bouger, mais rien. J’étais comme pétrifié. Mais, c’était étrange, j’étais bien, ici. Comme si j’étais chez moi. Quelque chose m’entourait… Quelque chose de… Tiède, de… gluant… de… de liquide !

J’ouvris brusquement les yeux. J’étais bien à l’endroit où j’avais peur de retourner : La pièce sombre aux appareils sonores et lumineux. Cet endroit de mes cauchemars. Mais je ne m’expliquais toujours pas la sensation que j’en avais eu au début. Ce n’était pas chez moi, pourtant. Soudain, j’entendis une voix féminine que je reconnus immédiatement en interpeller une autre, affolée. Je me raccrochai à cette voix pour ne pas sombrer de nouveaux dans l’inconscience

- Il… il se réveille ! Il bouge ! Les sédatifs n’ont pas marché ! Que fais-je ?

La réponse lui parvint d’un autre scientifique, posté à sa place, qui tourna à peine la tête pour lui parler, les yeux regardant toujours son écran, où des milliers de petits signes défilaient à grande vitesse.

- Eh bien, administre-lui en une dose plus forte !

- Euh… oui, toute suite. fit la voix de Melody, peu rassurée et hésitante de ce qu’elle faisait. Puis, elle demanda, à la volée : … Vous pensez vraiment que ce que l’on fait est acceptable ? … Vous pensez vraiment que nous avons le droit de le faire ? … Vous êtes sûrs que nous ne pourrions pas faire avancer la science d’une autre façon que celle-ci ?

- Nous ne serions pas aussi bien payés autre part. Répondit un scientifique

- Melody a raison ! Se récria un autre. Il ne faudrait pas rester ici. Je ne veux pas qu’il se produise la même chose qu’avec Mewtwo. Vous ne souvenez-vous pas de comment ont fini Damien et les autres ? Tous les autres ? Les avez-vous oubliés ?

- Silence ! Si le patron a vent de cette révolte que vous fomentez, qui sait ce qu’il vous fera ! Alors maintenant, travaillez avant qu’il ne remarque que nous n’avançons pas !

- C’est moi qui gagnerai la promotion ! Hurla Bastien, tout à son clavier Et tant pis pour les autres !

Les autres le regardèrent, interloqués.

- Bah quoi ? Vous avez oublié ? Le patron a dit qu’il promouvrait celui qui aura fourni le plus de travail !

- C’est vrai, ce mensonge ? Dit l’un de ses collègues, peu convaincu.

- Bien sûr, que c’est, vrai ! Beugla Bastien, un grand sourire rieur éclairant sa face. Soyez un peu plus attentifs, les rares fois où boss Giovanni nous annonce des bonnes nouvelles !

- Arrête ! Il déteste que l’on l’appelle “boss” ! Tu le sais bien, pourtant ! Lui intima un des scientifiques.

[i“- Oups ! Désolé, boss Giovanni ![/i] S’excusa Bastien, devant la caméra.

Celui qui avait parlé à Bastien se frappa la paume de sa main contre son front. Je ne connaissais pas la signification de ce signe. Ces humains avaient des gestuelles bien étranges. L’humain qui était exaspéré par le gaffeur se retourna vers Melody, qui pouffait sur son siège.

- Eh, toi ! Tu as pensé aux sédatifs ?

- Euh… Non. Désolée… Mais, dites… Vous êtes sûrs qu’accorder une telle puissance à un Pokémon est sans risque ?

Je n’entendis pas la réponse. Je fus immobilisé et je plongeai dans un profond, très profond, sommeil.

*************
Une vive douleur me tira de mon sommeil. On me tenait par la peau du coup. J’essayai de me dégager, mais rien n’y fit. Je restai figé, de marbre. Je compris immédiatement que c’était Giovanni qui me tenait, à la façon dont j’étais immobilisé. Je respirais lentement, mais j’aurais préféré que mon pouls batte vite. Mais j’abandonnai ma résistante, car je savais qu’elle serait de toute façon vaine.

- Lève ta tête, Absol, et regarde-moi.

Je fis comme il dit. Il m’évalua d’un œil critique et calculateur, dénué de la moindre émotion. Je me demandais comment son persian pouvait-il l’aimer. Mais peut-être se côtoyaient-ils parce qu’ils avaient la même vision du monde aussi bien que la même arrogance. La voix de l’ignoble personnage me tira de mes pensées.

- Parfait, il me semble parfait…

Il partit dans un rire terrifiant que je n’avais jamais entendu auparavant, empli de la joie de la réussite totale. Je voulus me boucher les oreilles, mais je ne pouvais accomplir aucun mouvement. Je fus obligé d’écouter cette terrifiante saute d’humeur aussi soudaine qu’imprévue. Puis, voilà qu’il s’exprima à nouveaux :

- Parfait, testons donc ces capacités dés maintenant.

- Boss… Pardon, maître Giovanni…. Comment dire…” Commença Bastien, hésitant à continuer Je ne pense pas que ce soit une bonne…

Nul doute qu’il allait dire “idée”, mais Giovanni, sans se départir de son calme, annonça :

- Mon cher Bastien, veuillez me pardonner de n’avoir pas été assez clair quand je disais que j’étais le maître de ces lieux. Mais c’en est bel et bien le cas. Vous avez terminé votre part du travail. Maintenant, laissez-moi gérer la situation seul, si vous ne voulez pas subir un abominable et regrettable accident.

Bastien se renfrogna, sa peur transparaissant sur son visage. Je ne savais pas exactement ce que Giovanni avait voulu dire par là, mais le ton de menace que celui-ci avait employé ne laissait pas l’ombre d’un doute sur la dangerosité de ce qu’il sous entendait. Il semblerait d’ailleurs que l’homme aux attitudes encore puériles l’ait compris, et que cela n’augurait rien de bon.

Soudain, me faisant sursauter par réflexe, la voix de Giovanni se fit plus ample :

- Et maintenant, Absol, fais-moi le plaisir de réduire cette misérable région en cendres. Je rebâtirai mon monde par-dessus, me servant des bases brisées des édifices pour m’élever dans la gloire.

Je manquai de m’étrangler de surprise et de rire en entendant cette phrase. Moi ? Assez puissant pour détruire une région ? Où était passée sa tête ? Dans les plumes des Altarias ? Mais mon hilarité fit place à de la stupeur tandis qu’en moi, une immense puissance grandissait, menaçant de jaillir. Je la sentais m’envahir à une vitesse phénoménale, telle une déferlante. Et, bientôt, je la sentis déborder.

*Flash*

Noir

*************
Un tunnel noir. Étroit, sombre et humide, il me paraît aussi interminable. Je me demande quand j’en verrai le bout. Soudain, je vois une petite ouverture carrée lumineuse, au loin. Je m’y rue, en y voyant enfin ma chance de m’échapper. Je cours, je cours. Quand j’accélère, l’obscurité derrière moi fait de même. Mais quand je ralentis, elle ne ralentit pas. Alors j’accélère de plus belle. La lumière qui m’avait parue lointaine auparavant se rapproche à vue d’œil. Bientôt, je parviens juste en face d’elle. Mais j’ai beau scruter attentivement son intérieur, je n’arrive même pas à deviner le profil de ce qu’il y a derrière. Mais je ne dois pas rester ici. Quoi qu’il y ait de l’autre côté, c’est sûrement mieux qu’ici.

Un bref coup d’œil à l’arrière me permet de me décider. L’ombre qui me suivait est plus proche que jamais. Je saute, espérant y échapper. Je cours, mais je freine brusquement des quatre pattes : devant moi s’étend un précipice dont on ne voit pas le fond. Je me retourne, espérant rebrousser chemin, mais l’ombre n’est maintenant plus qu’à quelques mètres, et continue de s’étendre dans ma direction. Je n’ai pas le choix. Je saute. La chute me paraît interminable. Soudain, une lueur aveuglante se discerne au loin. Elle arrive à toute allure et m’avale.


Je réintégrai brusquement la réalité, le souffle coupé, comme si je venais d’être plaqué contre une surface dure par une force immense. Je remarquai aussitôt que j’étais allongé sur le dos, et que la lumière était plus crue qu’elle ne le devrait.

Je pris alors conscience qu’elle venait d’une grande étendue bleue que je n’avais jamais vue auparavant. Une grande, une immense et écrasante voûte bleutée parsemée de ci, de là, de petits ou plus grands amas allant de blanc jusqu’à gris très foncé, mais jamais jusqu’à noir, plus précisément de la source lumineuse la plus intense que je n’aie jamais vue.

Elle me paraissait avoir une forme ronde, mais je ne pus pas le vérifier, car la lumière était si forte qu’elle me brûlait les yeux. C’était complètement impensable. Rien ne pouvait avoir une luminosité pareille ! Je n’avais rien vu de tel. Je me sentis soudain minuscule comparé à l’immensité de mon environnement.

… À propos de mon environnement… À quoi ressemblait-il ? Je me relevai sur mes pattes flageolantes et remarquai que je pouvais me contrôler. Giovanni avait dû s’éloigner, fier ou déçu par un échec ou une -bien moins probable- réussite. Je relevai la tête. Ce que je vis alors me stupéfia : J’étais bien dans le laboratoire, mais, en même temps… Plus vraiment.

J’étais entouré de couloirs… écroulés. Des pans de murs entiers s’étaient détachés. Ce qui s’était effondré en premier était vraisemblablement le plafond. La salle auparavant obscure, était maintenant en piteux état et ne méritait plus vraiment son surnom : Effectivement, la lumière entrait maintenant à flots par les ouvertures. Je continuai mon exploration, insouciant. Trop, peut-être, car, soudain, alors que je visitai des lieux du laboratoire qui ne m’avait jamais été donné de voir, je buttai contre quelque chose de dur. Des gravats qui étaient manifestement tombés du plafond. Ce couloir était en meilleur état que les autres.

Bien sûr, une partie du toit s’était effondrée, mais les murs n’étaient “que” lézardés. Je suivis des yeux le petit caillou, curieux. Là, il butta contre un amas de morceaux provenant sûrement d’en haut. Je l’examinai de plus près, intrigué, et ne me retins qu’à grand peine de hurler d’effroi. Je claquai fermement ma mâchoire. Le spectacle qui se déroulait là, sous mes yeux, était effroyable. Là, gisait le corps de Melody. Une de ses jambes avait été écrasée. Je n’avais jamais aimé Melody. Mais j’avais toujours détesté le sang. Je détournai vivement le regard, refusant d’en voir plus. Je pensai qu’elle était morte, mais je ne voulus pas me pencher pour vérifier.

Je continuai ma route, des visions d’horreurs plein les yeux, et une boule d’angoisse amère dans ma gorge qui refusait de se dissoudre. Mais je ne pouvais pas vraiment m’arrêter là à attendre que la mort me prenne. Il y avait forcément une sortie à ce labyrinthe. Je me dirigeai à l’aveuglette. Soudain, je vis quelque chose d’affiché au mur. Il était fait en un matériau qui semblait éphémère et frémissait au moindre coup de vent, menaçant de s’envoler.

Je me dirigeai sans réfléchir dans sa direction. Peut être m’apporterait-il des indices ? Je m’appuyai sur une chose molle et flasque pour aller voir cette chose battue par les courants d’air. Je me dressai sur mes pattes arrières, m’appuyant sur la paroi, mais, alors que j’allais descendre, dépité car je ne comprenais rien à ce qui y était marqué, j’entendis une voix… Une voix qui venait de sous moi.

- Monsieur, l’expérience n°198 est un succès. Puis-je avoir ma promotion ? Puis, il toussa, crachant des gouttelettes de liquide vermeil qui vinrent se nicher dans les creux dont ses lèvres étaient jalonnées.

C’était l’homme qui avait répondu à Bastien quand celui-ci avait parlé de promotion. Et, apparement, il nageait en pleine folie. Dégoûté, je m’éloignai le plus vite possible pour vomir à mon aise une fois le corps hors de vue.

*************
La faim et la soif me tenaillaient le ventre, tandis que la fatigue ralentissait mes mouvements quand je vis enfin la sortie du laboratoire. Après des tours et des détours, j’avais enfin trouvé le moyen de m’échapper ! Je n’arrivais pas à y croire. J’étais dehors ! Alors que je m’approchai de l’ouverture, je remarquai que le métal de l’encadrement avait été complètement déformé et que les portes n’y étaient plus raccordées. Elles gisaient dix bon mètres plus loin, gonflées, comme si elles avaient ployé sous l’insistance d’un souffle dévastateur provenant de l’intérieur. J’aimerais bien croire qu’une des machines avait explosé, mais je savais que ça n’était pas le cas. La puissance qui m’avait submergé quand Giovanni avait prononcé ces mots ne laissait pas la moindre place au doute. D’ailleurs, où était donc Giovanni, à présent ? J’arrêtai de me concentrer sur ce sujet. Je me questionnerai plus tard. Pour l’instant, j’avais surtout besoin d’eau. Et de nourriture. Mais avant tout d’eau. Je pris une grande inspiration et franchis la distance qui me séparait de la sortie d’une manière solennelle et si comique que j’en aurais ri si l’heure n’était pas si grave. Mais, au bout de quelques pas, n’y tenant plus, je me mis à courir.

- La liberté ! Enfin ! hurlai-je me moquant pas mal qu’il y ait quelqu’un qui m’entende.

Mais ma joie retomba aussitôt quand je vis ce qui me faisait face : Une étendue vide, de la terre craquelée, brûlée par les ardeurs de la boule de lumière plus ardente que jamais. Je fis un pas en arrière, puis deux, et je me retournai pour me mettre à courir et m’abriter au plus vite dans le couloir. Puis, tremblant, je me relevai. Je n’allai pas rester là toute ma vie. Je n’allai pas m’offrir aux bras de la mort. J’allai me battre.

Je secouai la tête, comme pour chasser la peur de mon esprit. Je sortis. Je fis un pas en avent, puis deux, et je me mis à courir. Je remarquai bientôt qu’où que j’aille en partant du laboratoire, je ne faisais que descendre. Celui-ci était donc situé sur une colline ou un autre point surélevé. J’avançai, mais me pris les pattes dans quelque chose. Je me relevai. C’était une sorte de flacon, comme ceux utilisés au laboratoire. Mais celui-ci avait une forme étrange, n’était pas fait du même matériau, et, surtout, il était beaucoup, beaucoup plus grand. Il avait l’air d’être plus solide et était relié à une lanière.

Je le balançai d’un côté sur l’autre, et j’entendis un liquide clapoter. Je ne savais pas si c’était de l’eau, mais, dans le doute, je l’emportai avec moi, le saisissant par la lanière. et le tirant derrière moi. Bientôt, je dus faire une pause. Mes petites pattes n’en pouvaient plus d’avoir tant marché. C’est alors que je remarquai une lumière, au loin. Des lumières. Je me mis à courir, maudissant mes pattes fragiles.

À mi-chemin, quelqu’un m’interpella. Je regardai autour de moi, et je finis par le repérer. Juché sur un rocher couleur sable, un grand Pokémon noir au museau rouge me regardait de ses rougeoyants. Je remarquai avec un soupçon de dégoût qu’il semblait avoir des os extérieurs qui complétaient son squelette.

“- Eh, toi, l’Absol ! Où crois-tu aller comme ça ?” me dit-il, se plaçant devant moi, me dominant de sa hauteur et m’empêchant de continuer. Je remarquai qu’il ne parlait pas humain. Je me demandais pourquoi, mais je n’osai pas formuler ma question.

Mais, puisqu’il parlait comme ça, autant faire de même.

"- Je vais là bas.” Lui dis-je en désignant les lumières de la patte.

"- À ta place, je ne m’y risquerais pas.” me répondit-il, visiblement menaçant.

"- Pourquoi ?”

"- parce que tu devras me combattre. ” me dit-il, un sourire effrayant tordant ses lèvres.

"- S’il-te-plaît… J’ai soif…“ l’implorai-je. Je n’étais pas en état de me battre.

"- C’est bon, vas-y.” Grogna-t-il. “Mais je te préviens, si tu fais le moindre mal à mon maître, je te saute dessus toutes griffes dehors.”

Son “Maître” ? Je ne savais pas ce que c’était, mais je n’allais pas le lui demander. Je ne voulais pas le rendre plus soupçonneux qu’il ne l’était déjà. Je partis en direction de la ville.

J’arrivai devant une place au sol dur où il était impossible de creuser. Il était parsemé de ruines. C’est là que je les vis. Des humains. Je partis me cacher. Je ne voulais plus avoir affaire à des humains. J’avais déjà eu un aperçu de leur vanité et leur cruauté dans le laboratoire. C’en était trop. Je risquai un coup d’œil et je les vis s’affairer. Ils extrayaient des chose qui étaient restées sous les décombres des bâtiments détruits. Vivaient-ils tous dans des laboratoires ? Soudain, une voix me fit sursauter.

- Tu fais quoi, ici ? Tu es perdu ? Tu es un survivant, toi aussi ?

Je me retournai. C’était une petite humaine. J’eus un mouvement de recul mais elle ne parut pas le remarquer.

- Mon papa, Continua-t’elle, il a sorti grand frère de sous notre maison écroulée. Mon grand frère, il est endormi et il ne bouge pas. J’espère qu’il se réveillera vite. Il m’a promis qu’on irait voir le retour de migration des hélédelles ensemble. Tu viens ? Je vais te présenter à papa.

Avant que je n’aie le temps de lui expliquer que je ne comptais pas rester, elle m’entraîna vers la ruelle, me tenant par le haut du corps, laissant mes pattes arrières pédaler dans le vide.


L’enfant me conduisit devant un homme grand, mais maigre. Il avait les cheveux bruns grisonnant et un regard fatigué, creusé par l’épuisement. Il était penché sur un corps, qui, je le remarquai immédiatement, lui ressemblait de façon frappante. était-ce ainsi que l’on reconnaissait deux membres de la même famille ? La petite interpella l’homme :

- Papa, papa, j’ai trouvé un Absol ! Tu viens voir ? il a l’air fatigué !

L’homme se retourna dans notre direction et nous fit un sourire forcé :

- Repose-le par terre, ma chérie ! dit il en affichant un masque de bonne humeur qui ne sembla pas tromper la fillette. Tu vois bien qu’il n’aime pas qu’on le porte !

en effet, depuis tout à l’heure, je me tortillais pour tenter d’échapper à l’emprise de la fille. Avec une mine un peu boudeuse, elle me reposa au sol. Je me dirigeai d’un pas hésitant vers l’homme. Il tendit la main vers moi, mais je reculai précipitamment. Je l’entendis murmurer :
Un Pokémon sauvage, hein…

Il s’accroupit, puis, doucement, avança de nouveaux sa main. Il commença à me gratter la partie inférieure du menton. J’aurais pu m’écarter, mais j’aimais cette sensation. Je poussai un cri de contentement. Un sourire fugace, mais cette fois bien sincère traversa le visage de l’homme.

D’un œil suspicieux, la fillette annonça à son père :
- Papa, tu as beaux essayer de me le faire croire, tu n’es pas aussi endurant qu’un Ursaring. Tu devrais aller te reposer.

- Oui, oui, d’accord. répondit l’intéressé. Mais il ne serait pas poli de laisser ici notre invité. Il a l’air tout aussi épuisé que nous. Tu as soif, Absol ?

Je répondis honnêtement :
- Oui

Mais, sitôt que j’eus prononcé ces paroles, il retira précipitamment sa main, devenue encore plus tremblante, et tomba à la renverse. Tout ce qu’il arriva à dire, d’une voix tremblante fût :
- Il… Il a parlé ?…
Une lueur de terreur traversa son regard. Il tremblait de tout son corps et semblait tétanisé par l’effroi. Était-ce moi qu’il craignait comme ça ? Je m’approchai, incertain de ce qu’engendreraient mes actes.

Une fois que je fus tout proche de lui, je lui demandai, d’une voix hésitante :
- Mon… Monsieur ? … Monsieur ? Tout… tout va bien ?

Seul son regard me suivait, le reste de son corps, lui, était totalement paralysé. Je reculai. J’avais peur de ce qu’il pourrait faire de moi, dans cet état. Tremblant comme une feuille, je m’approchai alors de la fillette.

- Pe… Petite fille ? … Petite fille ? Tu sais pourquoi ton papa a peur ? … Pe… Petite fille ?

- Ne… Ne me touche pas ! Va-t’en ! Va-t’en !

Elle s’éloignait, à petits pas. Alors que j’essayai de m’approcher de la fillette, mon mouvement fit réagir son père, mais pas de la manière dont je l’espérais. Sa main fit un mouvement fluide que je n’arrivai pas à discerner, et une douleur fulgurante me prit au museau. Je vis une pierre pointue ricocher dessus et tomber au sol. Elle était tachée de sang.

- Ne… Ne t’approche pas d’elle ! Pars ! Hurla-t-il, Encore tremblant. Les autre villageois, alertés par le bruit, coururent lui prêter main-forte ils saisirent tous des cailloux qu’ils me jetèrent, sans demander à l’homme pour quelle raison il avait agi ainsi.

Je me retournai et courus comme je ne l’avais jamais fait. Une pierre m’atteignit. Puis une autre. Je trébuchai sur des gravats et le flacon contenant de l’eau m’échappa. Je ne cherchai pas à le reprendre. Il fallait m’éloigner au plus vite de cet endroit de malheur. Mais pourquoi avaient-ils fait ça, pourquoi ?