Champ de Bataille de Hardcase

Sev baissa lentement son arme. Les cinq autres membres du peloton firent de même.

- Mais, que s'est-il passé? fit Nerezza, stupéfaite.

Lentement, le regard de la commando alla de la Sidérella à son arme. Puis de son arme vers le mur où se tenaient les deux Pokémons. Six impacts fumants. Six coups. Six ratés.

- Que s'est-il passé? répéta la Sidérella.

Les six Pokémons lâchèrent leurs armes. Les fusils tombèrent au sol dans un bruit sourd.

- Ce qu'il fallait faire, Nerezza. répondit Teimar en se portant à son niveau.

Parce que si c'était comme ça que deux soldats étaient récompensés pour avoir mené une action héroïque, alors c'était toute la compagnie qui finirait un jour comme ça.

- Retirez-leur leurs menottes!

- Non, nous avons des ordres! Reprenez vos armes! Il faut appliquer la sentence!

Sev s'avança vers Nerezza et lui dit d'un ton menaçant:

- Bonne chance pour te trouver des volontaires.

Avec ce comportement, elle venait sans doute de se placer en tête de la liste noire du général, mais qu'importe. Elle allait bientôt tirer sa révérence.

Cobaltium avait bien constitué le peloton d'exécution: uniquement des Pokémons qui avaient été plus ou moins en désaccord avec lui. La punition était double pour eux: non seulement ils exécutaient ceux qui avaient désobéi, mais ça leur servait également d'avertissement à l'avenir. Sauf qu'ils avaient décidé de prendre la décision la plus rationnelle. Et, en l'occurrence, celle-ci passait par épargner les deux condamnés. Et donc, désobéir aux ordres.

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Teimar entra dans la salle de commandement avec Nerezza. Cobaltium avait demandé à le voir immédiatement. Ce dernier était face à la baie vitrée. Il avait assisté à toute la scène.

- Je vous avait ordonné d'exécuter ces deux soldats, fit froidement le Pokémon Cœur de Fer.

Il se retourna vers le Gallame et le toisa d'un regard aussi froid que l'acier d'une épée.

- Vous avez fait un faux pas en vous dressant contre moi, clone.

- Je suis capitaine, monsieur.

Cobaltium approcha son visage à quelques centimètres seulement de Teimar. Ce dernier ne cilla pas. Il n'en avait pas l'intention. Il n'allait pas se laisser humilier. Pas une nouvelle fois. La situation aurait peut-être pu dégénérer si l'un des soldats présents dans la pièce annonça qu'ils recevaient une transmission.

- Passez-la nous! fit Cobaltium en tournant son regard inquisiteur vers le soldat.

Le technicien s'exécuta et l'hologramme d'un soldat apparut. À en juger par son attitude, Teimar pressentit des mauvaises nouvelles. Pressentiment qui se révéla juste:

- Général Cobaltium, les Umbrellans ont intensifié leurs attaques.

Le soldat se tenait à couvert derrière un arbre.

- Pour l'instant nous tenons le coup. Mais ils récemment tendu une embuscade à une de nos sections. On a retrouvé les survivants dépouillés de leurs armes et uniformes. Ce qui veut dire qu'il est possible qu'ils tentent d'infiltrer votre base en se faisant passer pour des alliés.

La transmission fut coupée. Cobaltium se tourna vers Teimar et dit ton doucereux que l'exécution des deux traîtres était reportée de quelques heures.

- D'ici là, enfermez-les au bloc. Que vos troupes soient prêtes à se mettre en marche immédiatement! Nous devons prendre de court les Umbrellans en les empêchant de faire d'autres dégâts!

Compte là-dessus. répliqua mentalement le Gallame en se tournant vers la porte.

- Capitaine...

Teimar s'arrêta.

- N'oubliez pas de dire à vos troupes que l'ennemi a vos armes et vos armures. Il va donc tenter de vous duper!

Le Gallame se retourna. Son supérieur affichait un sourire narquois.

- Je compte donc sur vous pour prendre les mesures nécessaires.

- Je m'en occupe, monsieur.

La porte de l'ascenseur se referma et celui-ci commença à descendre. En lui-même, le Gallame était content. Tout sauf rester ici avec cette ordure de général.
Arceus, que je plains ceux qui vont devoir se taper le boulot de garder la base...
C'était peu glorieux à dire, mais Cobaltium lui tapait plus que sur le système. Et il n'était pas sûr de supporter ses remarques abaissantes plus longtemps. Du coin de l’œil, il vit Nerezza tiquer et lui lancer un regard de reproches. Merde. Il allait devoir se la coltiner comme officier en second. Rook restant sur place pour organiser les patrouilles et Lucario étant enfermée au bloc. Au moins, Sev son ironie seraient là.

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La moitié de la Compagnie Ozone avançait dans la forêt environnante de la base. Les soldats se déplaçaient par petits groupes en file indienne. Chacun d'entre eux avait le doigt sur la gâchette, prêt à réagir.

- Restez sur vos gardes, l'ennemi a nos armes et nos armures. Il va sûrement nous tendre une embuscade.

Pour différencier l'ennemi d'eux, Teimar avait ordonné que l'on marque les armures avec une peinture spéciale: cette dernière ne se voyait en effet qu'en présence d'une lunette de vision nocturne. Ainsi, ils sauraient au premier coup d’œil qui serait ami ou ennemi.

La progression se poursuivit lentement. Très vite, le temps sembla se distordre. Cela s'expliquait par le fait de regarder en permanence les environs, de garder un œil sur ses alliés, de se tenir prêt à réagir en cas d'attaque. Nerezza sentait la nervosité gagner ses compagnons. Elle était sur le point de rejoindre son groupe quand Sev l'arrêta d'un geste brusque.

- Stop!

L'attitude agressive de la commando mit sur ses gardes la Sidérella. Celle-ci l'avait ouvertement menacée juste après l'exécution.

- Regarde.

Sev désigna une sorte de racine sur le sol.

- Qu'est-ce-que?

- Cette chose m'a attaqué avec Hardcase et Vanyali juste au début de l'invasion. Ça te mâche, et ça te recrache tes os. Regarde.

La commando entraîna la Sidérella un peu à l'écart, puis décocha une Ball'Ombre sur ce qui semblait être un rocher où se dirigeait la racine. Le résultat fut immédiat: ledit rocher se fendit en deux, révélant une bouche hérissée de crocs.

- Waah.

La bête réveillée se mit à agiter frénétiquement ses tentacules, cherchant celui qui l'avait attaquée. Par précaution, Sev configura son arme en lance-grenades et mit en joue la créature. Cette chose semblait avoir une peau épaisse car les lasers tirés par ses coéquipiers au début de l'invasion ne l'avaient pas affectée. Cependant, il était peu probable que cette peau résiste à un projectile de 40mm... Elle semblait également aveugle, ne comptant que sur le toucher, car si elle avait été dotée d'yeux, elle les aurait attaqué immédiatement.

Finalement, le monstre se calma. Et comme par magie, là où il y avait une mâchoire capable de broyer sans le moindre effort un Galeking, il n'y avait plus qu'un rocher. De même pour les tentacules qui semblaient désormais de simple racines sortant du sol.

- Weuuh, quelle horreur! fit Nerezza, effrayée.

Soudain, une volée de lasers bleu saphir troua la brume, fauchant cinq Ozones.

- Embuscade! Embuscade! Compagnie Ozone, à couvert!

Le temps que les soldats se ressaisissent, une autre salve emportait un Karaclée et un Sablaireau. Mais alors que tout le monde était parvenu à se mettre à l'abri, plusieurs explosions frappèrent au hasard leur position, projetant plusieurs corps en l'air.

- Ils ont des mortiers!

Il fallait répliquer, et vite. Sans quoi, ils se feraient tous pulvériser. Teimar s'adressa à Vanyali et quelques autres soldats:

- Prenez les mortiers! Vous autres, couvrez-les!

Bravant l'incroyable violence de la fusillade qui crépitait tout autour d'eux, Vanyali et ses acolytes se placèrent et ligne et posèrent au sol les mortiers.

- Feu!

Les projectiles s'élevèrent dans le ciel dans un sifflement lugubre, puis retombèrent avec fracas vers l'origine des tirs. Leur nombre décru, signe que l'ennemi avait été touché et que celui-ci réorganisait sa stratégie d'attaque. Profitant de ce répit, Teimar ordonna à plusieurs des siens de grimper au arbres pendant que Kix et Crobat examinaient les blessés.

- Est-ce-que quelqu'un a un visuel sur l'ennemi?

- Négatif, capitaine! Y a trop de fumée!

- Scannez avec l'Aura!

Les quelques Pokémons concernés s'exécutèrent. Et après quelques secondes, la réponse fusa:

- Je les vois arriver! Ils avancent arme à l'épaule!

- Pas de marques de peinture sur les armures! affirma Sev.

- Alors, pas de quartier! s'exclama Teimar en faisant luire ses coudes en forme d'épée d'une lueur meurtrière. On va leur rendre la monnaie de leur pièce à ces salopards!

Sortant de leurs couverts, les Coalisés foncèrent à la rencontre de l'ennemi. La fusillade redoubla de violence, fauchant autant de combattants de chaque côté. Pour un Umbrellan abattu, c'était un Ozone qui partait dans les limbes de Giratina. Le tout était entrecoupé de tirs de mortiers, éclairant sporadiquement le paysage d'explosions mais également d'attaques telles que Déflagration ou Vibrobscur.

La distance entre les deux camps rétrécissant rapidement, Teimar ordonna à plusieurs Ozones de préparer des attaques de corps-à-corps en vue de la mêlée qui s'annonçait. D'autres tirèrent de leur dos un fusil à pompe. La forêt avait été le repère des Umbrellans depuis le début de l'attaque. L'épais couvert des arbres empêchait les hovertanks Levkov et les IFV Mark III de s'y aventurer. C'était un véritable labyrinthe végétal où seul les fantassins et TL-TT pouvaient passer.

- Nerezza, où en êtes-vous?

- Nous subissons de lourdes pertes, mais nous avons presque coupé leur retraite!

- Bien. Préparez les Purificateurs.

Lance-flammes. Ils allaient les cramer, eux et leur maudite forêt, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'un tas de cendres.

Alors que la bataille était sur le point de tourner au carnage, Nerezza s'abrita derrière un arbre pour recharger. Et c'est alors qu'elle remarqua quelque chose d'étrange en voyant le cadavre d'un Umbrellan. En effet, celui-ci avait jeté son arme avant de mourir et semblait avoir tenté de parler. Intriguée, elle s'approcha. Pourquoi diable un de ces types voudrait-il se rendre alors qu'ils avaient montrés une agressivité sans bornes depuis le début des hostilités? Instinct de survie? Peur? Étrange.

Oubliant le combat qui faisait rage tout autour d'elle, Nerezza s'approcha du corps sans vie. Elle remarqua que l'Umbrellan n'avait pas seulement tenté de se rendre, mais également d'ôter son casque.

- Qu'est-ce-que...?

La Sidérella ôta le casque du soldat mort.

- Quoi?