Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Champ de Bataille de Hardcase



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Hardcase - Voir le profil
» Créé le 18/12/2016 à 22:37
» Dernière mise à jour le 18/12/2016 à 22:37

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Région inventée   Science fiction

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Peine capitale
Plusieurs rotations planétaires s'étaient écoulées. Les ravitaillements n'arrivant plus à la capitale suite à la destruction du vaisseau de ravitaillement, les forces de la Coalition des Régions du Sud avaient repris le dessus sur les forces armées de la région d'Umbrella et de l'Alliance du Traité de Karelia. Aux dernière nouvelles, Cody et Sombr tenaient plus de la moitié de la capitale et la bataille dans le ciel était presque terminée. Seule les forces aériennes locales continuant le combat face à une flotte Coalisée fraîchement renouvelée.

Malgré tout, les locaux refusaient de déposer les armes et continuaient les hostilités. Ainsi, l'armée d'Umbrella avait augmenté ses effectifs en levant une milice de volontaires combattant à leurs côtés. Ces derniers harcelaient les forces Coalisées. De plus, certains rapports envoyés par le contre-espionnage parlaient d'une possible contre-attaque visant à reprendre la base aérienne prise par la Compagnie Ozone. Cette dernière était donc forcée de rester sur place au lieu de pouvoir aider le 212ème et le 501ème sur le front principal. Actuellement, l'Amiral Coburn et la surveillance satellitaire travaillent main dans la main pour localiser la base d'opération des locaux afin de pouvoir mener un raid aérien dessus, et mettre un terme définitif à leurs sorties aériennes.

Teimar entra dans la salle de contrôle de la base aérienne. Celle-ci se trouvait au sommet de la tour. On y accédait par un ascenseur La pièce, circulaire, était organisée autour d'une table holographique. Tout autour, différents soldats pianotaient sur des pupitres comportant une vitre-écran tactile. Certaines d'entre-elles comportaient une carte 2D des environs. D'autres affichaient différents paramètres du complexe. Le Gallame s'approcha de son supérieur qui contemplait le paysage via une large baie vitrée.

- Général Cobaltium, je vous demande respectueusement de ne pas faire passer en cour martiale Lucario et Hardcase.

- Les actions des lieutenant CT-7955 et soldat de seconde classe CT-0556 étaient sans équivoque un acte de trahison, répondit froidement le Pokémon Cœur de Fer sans se retourner. Si une punition de suivait pas, cette provocation pourrait inspirer d'autres membres de l'unité.

- Monsieur, fit le Gallame d'un ton gêné, les Pokémons vous sont loyaux. Ils ont simplement parfois l'impression que vous mettez inutilement leurs vies en danger...

- D'où l'intérêt de leur faire comprendre qui commande.

La vérité était que ces deux matricules avaient été dès le début réticents à suivre ses ordres. Il avait déjà connu cela, aussi bien chez les Marines...

- Qu'avec les vôtres, capitaine.

Certains de ces soldats étaient tout simplement défectueux sur le plan de leur conception. Par peur du reconditionnement, ils le cachaient. Mais cette facette défectueuse faisait surface lorsqu'ils contestaient l'autorité de leurs supérieurs.

- Vous avez raison, capitaine. Je ne vais pas les faire passer en cour martiale.

Bizarrement, Teimar ne se sentit pas rassuré par la nouvelle.

- Ça serait une perte de temps. Or, nous en manquons.

Cobaltium se retourna et fit face au Gallame.

- Il va falloir prendre des mesures radicales.

Teimar sentit le pire venir.

- Faites lever un peloton d'exécution sur-le-champ.

Le cœur du Gallame manqua un battement. Les soldats présents dans la pièce frémirent et se regardèrent entre eux, éberlués.

- Quoi? Je... Mais... Monsieur!

- Vous m'avez entendu capitaine. Exécutez-les sur-le-champ ou je m'en chargerais moi-même.

Anéanti, le capitaine sortit du poste de commandement.

---

Ils étaient un Tyranocif et un Lucario. On les avait collé au bloc de détention de la base. Au début, ils avaient été hués par les siens emprisonnés. Ces ordures à la solde de la Coalition avaient débarqués chez eux pour les envahir. Ils avaient tué plusieurs de leurs amis. Par mesure de sécurité, on les avait placé dans une autre cellule. Puis les huées et les regards haineux s'étaient tus pour faire place à de la curiosité. Pourquoi deux soldats Pokémons, complètement conçus pour le combat et conditionnés à suivre les ordres avaient-ils été emprisonnés? Au début, Dud avait pensé que ces deux-là avaient commis une quelconque bêtise et avaient été placés là pour quelques heures seulement, en guise de leçon. Leur supérieur semblait être quelqu'un qui abusait de son autorité. Et puis les heures avaient cédé la place aux jours. Et les deux Pokémons restaient dans leur cellule sans piper mot. Seul un des leurs venait leur apporter un repas régulièrement.

La curiosité avait grandi. Dud avait décidé de franchir le pas et était aller aborder l'un des deux Pokémons. C'était le Tyranocif. Ce dernier était occupé à dessiner quelque chose avec du sable sur le sol.

- Pourquoi vous êtes là? avait simplement demandé le soldat Umbrellan.

Le Pokémon de type Roche/Ténèbres s'était tourné vers lui.

- Quoi?

Dud avait reposé sa question.

- Pour insubordination.

- Pour insubordination? avait fait le soldat, étonné.

- Pour insubordination, avait confirmé le Tyranocif.

Dud avait hésité à demander comment. Puis il s'était lancé.

- Refus d'obéir à des ordres complètement suicidaires.

Le soldat avait ouvert de grands yeux. Ces Pokémons étaient pourtant...

- Je sais ce que tu te demande: "Comment avons-nous pu désobéir aux ordres alors que nous avons été conçus pour les suivre?".

Dud avait hoché la tête, gêné.

- Regarde-moi. Et dis-moi ce que tu vois.

- Je...

- Sois pas timide.

- Un Tyranocif.

- Mais encore?

- Un clone de Tyranocif.

- C'est mieux.

Dud n'en avait pas dit plus. Il n'arrivait pas à dire la suite. Le Lucario – ou plutôt la Lucario, car c'était une femelle – s'était levée à son tour, et l'avait dévisagé. Il n'y avait aucune hostilité dans leurs yeux. Puis elle avait pris la parole:

- Regarde-nous. Nous sommes deux clones. Deux êtres créés à partir des gênes d'un premier spécimen. Nous n'avons pas besoin de vous dire qui sont nos créateurs, vous les connaissez. Notre croissance a été accélérée. Nous avons un âge biologique où, si nous grandirions normalement, nous n'en serions qu'à notre premier stade d'évolution. Nous avons été conçus pour le combat. Nous avons été conçus pour suivre les ordres.

Dud interrompit le fil de ses pensées et leva la tête, un officier ennemi venait d'entrer dans le bloc de détention de la base. Quatre soldats lourdement armés l'accompagnaient. Les cinq Coalisés se dirigèrent vers la cellule où deux des leurs étaient enfermés. Puis l'officier ennemi, un Gallame, prit la parole:

- Lucario, Hardcase, je suis désolé.

Il désactiva le champ de force de leur cellule.

- Le Général Cobaltium m'a demandé de vous faire exécuter sur-le-champ.

Deux des quatre soldats mirent en joue les deux détenus.

- Quoi? Mais il a pas le droit! s'exclama le Tyranocif d'un ton indigné.

- Il a le droit de faire respecter l'ordre et la discipline comme bon lui semble.

Les deux soldats restant passèrent des menottes au nommé Hardcase.

- Capitaine, voyez les choses en face, fit la Lucario pendant qu'on lui liait à son tour les mains. Ce type se sert de vous!

- Je peux comprendre qu'il nous colle au bloc et nous fasse passer en cour martiale. Mais une exécution sans procès?

Le Gallame baissa les yeux, dépité.

- J'ai tout fait pour le raisonner, mais il refuse de m'écouter.

- Il a besoin de vous maintenir la cohésion au sein de l'unité. Sans vous, c'est la mutinerie.

Le Gallame releva les yeux.

- Je laisserai pas ce salaud s'en tirer comme ça. Je vous le promet.

Les deux prisonniers sortirent de la cellule, encadrés par les soldats. Dud sentait clairement un certain malaise planer. Les paroles de la Lucario lui revinrent en tête.

- De toute façon, on avait déjà pris notre décision, fit cette dernière dans le but de se rassurer.

- Parle pour toi, veux-tu? lui répliqua le Tyranocif, d'un ton de reproches.

- Tu as toujours ton sens de l'humour à ce que je vois, fit-elle dans un sourire navré.

Pourtant Dud et les autres sentaient que ça n'était pas tout à fait de l'humour. Un des soldats poussa un soupir. L'ascenseur remonta. C'était l'heure.

---

Teimar se maudit pour sa faiblesse. Il aurait dû insister devant le Général. Et il n'avait pas pu. Il n'avait même pas été capable de préparer le peloton lui-même. C'était Nerezza qui s'en était chargée. Et celle-ci n'avait pas fait dans le demie-mesure.

- Tu vois, je viens officiellement de perdre mon sens de l'humour.

Sur les six soldats qui allaient composer le peloton d'exécution, il y en avait au moins la moitié qui les avait soutenu avec plus ou moins de conviction. Vanyali. Sev. Kix. Même ce pauvre bougre de Tup qui n'avait rien demandé à personne et qui avait émis simplement un avis négatif sur leur plan. Le lieu de leur exécution n'était pas choisi au hasard: ils seraient fusillés devant le hangar où ils s'étaient entraînés. Cobaltium voulait faire passer un message à chacun des participants. Acteurs comme spectateurs. En tournant la tête, Hardcase vit Cobaltium dans la tour observant la scène. Son visage affichait un air satisfait. Il avait enfin le dernier mot. Nerezza s'avança. Teimar resta en retrait.

- Les prisonniers désirent-ils avoir un bandeau sur les yeux?

Même si elle le cachait, elle était gonflée d'importance.
Donnez un peu de pouvoir à quelqu'un et celui-ci se croira le maître du monde...

- À votre silence, j'en déduis que non.

- J'espère que tu pourras te regarder dans un miroir après ça, Nerezza, fit Lucario entre ses dents.

La Sidérella n'avait pas un mauvais fond. Elle était rigide, mais sympathique. Mais une part d'elle au fond brûlait de se faire remarquer, de s'élever dans la hiérarchie. Cobaltium avait exacerbé cette part. Il l'avait corrompue.

- Présentez armes!

Dans une parfaite synchronisation, les six soldats s’exécutèrent.

- En joue!

- J'aurais jamais cru qu'on finirait comme ça... lança le Tyranocif à son amie d'un ton résigné.

La scène semblait surréaliste. Les six fusils blasters étaient pointés sur eux. Pour leur ôter toute chance de survie, ils avaient été réglés à pleine puissance.
À tout moment, l'ordre de tirer pouvait être donné. Mais il ne venait pas. Nerezza faisait durer le plaisir. Hardcase pouvait voir dans chacun de leur bourreau le conflit interne qui les habitait. Le dégoût envers cet ordre et l'amitié qu'ils avaient pour eux. Mais ils n'avaient pas le choix. Il fallait suivre les consignes. On les avaient conçus pour cela.

Comme dans un rêve, il vit Nerezza lever son bras pour donner le signal.

C'était fini.

- ATTENDEZ!!

Le Tyranocif manqua de sursauter face à cette exclamation poussée par Lucario.

- Le Général commet une erreur et c'est notre devoir de le lui signaler!

Cette affirmation fit hésiter les six soldats. Du coins de l’œil, ils se regardèrent. Aucun d'eux ne voulait presser la détente.

- Aucun clone, soldat, ou même être-vivant, ne mérite de finir comme ça! poursuivit l'accusée avec l'énergie du désespoir. Nous sommes des clones de Pokémon. Nous avons été conçus pour le combat. Nous avons été conçus pour suivre les ordres. Nous avons été conçus pour être loyaux envers le système pour lequel nous combattons...

Les projecteurs de la base projetaient une lumière qui éclairait la tête et le haut du corps de Lucario. On aurait un scène de théâtre. On aurait dit une scène tragique où un personnage s'accaparait l'attention du public pour prononcer une tirade moralisatrice.

- Mais nous n'en restons pas moins des êtres-vivants. Des êtres-vivants avec une dignité. Pas une bande de simples drones de combats qui n'ont qu'un programme dans la tête. Nous sommes des être-vivants! Des êtres-vivants capables de prendre les bonnes décisions. Surtout quand les ordres que nous recevons sont totalement injustes!

- FEU!