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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 02/12/2016 à 22:44
» Dernière mise à jour le 04/12/2016 à 00:15

» Mots-clés :   Humour   Slice of life

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#2 : Tomoko, Kyousuke et Sanae !?
 Ricky roulait, encore et encore, sur le sol de son appartement complètement vidé, en serrant très fort dans ses bras son oreiller Tomoko. La douceur de l’objet sacré lui permettait de surmonter l’horrible épreuve qu’il subissait.
Le jeune littéraire avait complètement perdu pied à la réalité. Pourquoi sortir ? Pourquoi manger ? Pourquoi respirer ? J’ai ma collection Cœurs Torturés ! se disait-il.
Plus rien d’autre ne comptait pour lui, s’il le fallait, il serait prêt à mourir, ici même, en compagnie de ses trésors.

Mais le cruel destin en avait décidé autrement. À quelques dizaines de mètres de là, un grand blond à la chevelure banane approchait à moto, accompagné de tout un gang.

— Allez les mecs, on règle cette affaire rapidement, ok ?!
— Ok Boss !

Shin était remonté comme jamais. Il n’avait pas droit à l’erreur, sinon, il serait obligé de rendre tous ses tomes de Cœurs Torturés à la bibliothèque !
Globalement, il n’aurait pas grand-chose à faire, juste à faire peur un type pour qu’il rembourse son prêt au plus vite. Simple comme bonjour.

Leur destination était en vue, un immeuble typique de Joliberges. Cependant l’appartement où habitait la cible se trouvait au 4ᵉ étage, par conséquent, les petites frappes du gang de Shin garèrent bien gentiment leur moto au parking avant de monter tous ensemble dans l’ascenseur jusqu’à l’étage désiré. Ils restaient tout de même des gens civilisés ; c’était des délinquants, pas des monstres.

— … appartement 46, remarqua Shin. Ouais, ça doit être là.

Le boss du gang appuya sur la sonnette, aucune réponse. Il tenta de frapper à la porte, idem.

— Il y a peut-être personne ? se risqua l’un des délinquants.
— Au pire on peut leur laisser un avis de passage ! rajouta un autre.

Un peu déçu, Shin se décida de tenter le tout pour le tout en saisissant la poignée de la porte et, surprise, cette dernière était ouverte.

— V-Vous allez rentrer dedans Boss ? s’inquiéta un sous-fifre. Ce n’est pas légal de rentrer dans une propriété privée sans accord, c’est l’article 226-4 du code pénal !
— Je sais, prononça gravement Shin en levant symboliquement la tête, mais parfois, il faut risquer gros pour accomplir son destin.
— Oh Boss, vous êtes si cool !

Shin entra donc accomplir son destin, après avoir ordonné à ses hommes de rester à l’extérieur au cas où la cible s’échapperait.

— … c’est complètement vide ici…

Shin commença à s’inquiéter. Tout dans l’appartement suggérait qu’il était abandonné. L’équation se résolvait d’elle-même. Appartement abandonné égal pas de cible, pas de cible égal échec de la mission, échec de la mission égal refus du prolongement de prêt à la bibliothèque !

— ...moko…
— Mmh ?

Soudain, le délinquant entendit une petite voix. Il regagna sa confiance : quelqu’un habitait vraiment là ! Prudent, Shin s’avança à pas de Lougaroc, prêt à sortir son Baggaïd si besoin. Ce qu’il vit le marqua à jamais.

Un jeune homme, serrant amoureusement dans ses bras un oreiller. Pas n’importe quel oreiller, un oreiller Tomoko. Et ce n’était pas tout, autour de lui se trouvait, éparpillé, tout un tas de goodies de la licence Cœurs Torturés. Shin sortit de sa poche la photo de sa cible, pas de doute, c’était lui.

Il devait donc menacer un autre fan de Cœurs Torturés ? Arceus avait décidément un abominable sens de l’humour ! Piégé en plein questionnement intérieur, Shin secoua la tête. Non ! Il se battait pour lui-même, et uniquement lui-même. Son prêt à la bibliothèque primait sur tout.
Résolu, le délinquant s’avança vers sa cible et l’empoigna fermement par le col – tout en faisant très attention à ne pas froisser l’oreiller.

Le choc sortit Ricky de ses fantasmes. Il y a peu, il était en train de déambuler, tout sourire, dans un champ de verdure paradisiaque en compagnie de Tomoko et Kyousuke. Et maintenant, il était revenu dans la dure réalité. Un grand individu peu engageant lui faisait face.

— … salut ? fit poliment Ricky.
— Bonjour, répondit Shin en toute civilité.
— Que me vaut le plaisir ?
— Je suis chargé de vous menacer.
— Ah, c’est pas sympathique ça.
— Je suis un délinquant.

Pour prouver ces dires, Shin envoya brusquement Ricky contre le mur. Le jeune littéraire fut surpris, mais s’arrangea pour ne toucher aucun des goodies Cœurs Torturés dans sa chute, prouesse incroyable si l’on considèrait que la pièce en était remplie.

— Pourquoi ? s’enquit Ricky.
— Paraît que vous devez un paquet de fric à des créanciers et ils veulent leur argent au plus vite !
— Gasp !

Soudain, le petit mot d’amour laissé par ses parents lui revint en mémoire. Ricky réalisa brusquement qu’il devait effectivement une sacrée somme à plein de gens qu’ils ne connaissaient pas. Cependant…

— Mais j’ai pas de sous moi ! se plaignit-il. J’ai à peine de quoi me payer un abonnement à la bibliothèque !
— J’veux pas le savoir ! Si tu rembourses pas, j’aurais des problèmes, et ça, ça me plaît pas du tout, compris ?!
— Je comprends, je comprends, mais j’y peux rien ! Je ne peux pas créer de l’argent sur demande !
— J’veux pas le savoir j’ai dit !

La discussion n’allait nulle part. Ricky n’avait pas l’air de mentir, Shin le voyait bien. Mise à part les goodies, l’appartement était complètement vide et la dette du jeune homme s’élevait à presque 1 million de Pokédollars.

— Même si vous voulez pas le savoir, j’ai pas de fric…, geignit Ricky.
— … gnn. Bon tant pis, je vais devoir te passer un tabac dans les règles, c’est dans mon contrat.
— Si y a pas le choix !
— Ouais, y a pas le choix.
— Ok, mais pas ici alors, on risquerait de déranger les voisins.
— Bien sûr, on va régler ça dehors.

Ricky et Shin s’entendirent donc, et se dirigèrent donc sagement vers la sortie. Les deux hommes furent rejoints par le gang de Shin, et tout ce beau monde reprit l’ascenseur dans la joie et la bonne humeur, avant d’aller dans le parking.

— Bon, s’expliqua Shin, voilà ce qu’on va faire. On va te taper avec nos battes de base-ball avant de lâcher nos Pokémon sur toi.
— Ça risque pas de faire un peu mal ?
— C’est un peu le but d’un passage en tabac.
— Ooh…

Comme promis, Shin et son gang s’approchèrent lentement de Ricky, en faisant claquer leur batte de base-ball dans leur main.

Cachée dans un arbre, l’appareil photo à la main, Lydia avait tout vu. De sa cachette savamment choisie, la demoiselle avait une vue parfaite sur l’immeuble, et plus particulièrement sûr la fenêtre de l’appartement 46. Dès qu’elle avait vu le gang arrivé à moto, elle avait compris que quelque chose clochait, elle s’y était préparée.

Ricky, son objet d’admiration secret, allait se faire agresser. Elle hésitait à intervenir. Elle adorait prendre Ricky en photo, dans toutes les situations imaginables, et jamais elle n’avait eu la chance de voir son amour se faire tabasser. Imaginer son petit visage boursouflé, tuméfié, ensanglanté… elle en tremblait d’excitation !

Cependant, Lydia craignait que Ricky ne perde la vie durant l’opération. Et ça, ce serait assurément très dommage, même si la perspective de pouvoir acquérir le cadavre du jeune homme l’enchantait. Enfin, à choisir, elle préférerait quand même le posséder vivant.

C’est pourquoi elle se décida à entrer en action. Son Mimiqui au sommet de son crâne, elle sauta de l’arbre et couru jusqu’au centre de l’action. L’attaque Tonnerre du petit spectre frappa à quelques millimètres des pieds de Shin.

— Quoi encore ? grogna le boss du gang.
— … pas un geste de plus…, expira Lydia.

La caissière tituba vers Ricky, un étrange sourire aux lèvres. Ses longs cheveux filandreux noirs et mal coiffés parsemant son visage mettait en valeur ses deux yeux continuellement écarquillés.

— Z’êtes qui vous ?! hurlèrent les sous-fifres de Shin.
— Lydia, caissière au Poképrix, répondit cette dernière en montrant son badge.
— Retourne dans ton magasin, grogna Shin. On a pas le temps de jouer avec toi, là !
— Oui, compléta Ricky. C’est dangereux ici, vous pourriez vous blesser !

Subitement, Lydia se figea. Petit à petit, son corps fut parcouru d’intenses spasmes. Elle tourna sa tête pendante vers Ricky.

— … t-tu… tu t’inquiètes pour moi ?
— … euuh… oui ? geignit le littéraire qui craignait d’avoir dit un truc qui ne fallait pas.
— Kyahahaha ! Il s’inquiète pour moi ! Mon amour s’inquiète pour moi ! Kyahahaha !

Lydia exulta brusquement, riant à plein poumon. Lié à sa dresseuse, le Mimiqui répondit à cette soudaine crise d’hystérie en multipliant les Tonnerres et en étendant deux énormes Griffes Ombres.

— Vous qui osez le menacer, adressa la caissière au gang de Shin. Vous allez PÉRIR !

Et le Mimiqui commença le massacre. Les petites frappes avaient beau libérer leur Pokémon – principalement des Grahyena et Bagguiguane –, il était impossible de contenir la furie spectrale. Les Griffes Ombres fauchèrent proprement et simplement tout opposant, sous le rythme des rires extatique de Lydia. Bientôt, du gang, il ne restait plus que Shin.

— Tss, pesta ce dernier. Je n’aime pas les imprévus !
— Pour toi, expira lugubrement la caissière, toi qui as osé attaquer mon amour, je te réserve un châtiment spécial… Mimiqui, Tonnerre !

Le Pokémon s’entoura d’énergie statique ; l’air grésilla. Puis, comme une flèche, un torrent de foudre s’abattit sur le boss du gang. Le sourire de Lydia s’élargit.

— … pfeuh, il va en falloir plus si tu comptes me vaincre.
— … !

Ricky et Lydia n’en croyaient pas leurs yeux. En dépit de l’attaque, Shin était parfaitement indemne. Aucune cicatrices, rien. Seul changement, son corps brillait maintenant d’une étrange aura irisée.

— Dans le tome 3 de Cœurs Torturés, expliqua calmement Shin, Tomoko se fait attaquer par un groupe de Rattata sauvages, sous la douleur, elle développe une technique qui la rend presque invulnérable ! Activation du talent : Bouclier-Carcan !

Hé oui, Shin est si fan de la série Cœurs Torturés qu’il est capable d’imiter les techniques secrètes des personnages du manga ! Grâce au Bouclier-Carcan de Tomoko, le délinquant voit sa résistance drastiquement augmentée. Ah, si vous vous demandez qui je suis, je suis la voix-off de cette histoire, reconnaissable à l’écriture en gras/italique, à plus tard peut-être !

— Grâce à cette voix-off, j’ai tout compris ! s’exclama Ricky. Mais attendez, cela signifie que… toi aussi tu es fan de Cœurs Torturés ?!
— Parfaitement ! bomba Shin du torse. Ce n’est pas parce que je suis un délinquant que je n’ai pas le droit d’aimer les classiques !

D’ordinaire, Shin cacherait sa passion, mais comme son gang avait été mis K-O par le Mimiqui, personne de son entourage n’était apte à entendre ses aveux.

— Mais c’est trop cool ! sautilla Ricky. J’ai toujours rêvé de rencontrer un autre fan ! Dis, t’en penses quoi de la scène de la page 96 du tome 4 ?!
— La scène du premier rendez-vous de Tomoko et Kyousuke ? C’était trop mignooon ! s’extasia Shin.
— Ouiii ! Surtout le moment au restaurant où Kyousuke enlève un grain de riz resté collé sur les lèvres de Tomoko ! Kyaaah ! Rien que d’y penser mon cœur bat à la chamade !
— Kyaaah ! Ne m’en parle pas, je vais rougir !

Pour Lydia, le spectacle était insoutenable. Ricky, son amour ardent, discutait en toute convivialité avec quelqu’un d’autre. La jalousie la rongeait de l’intérieur.

— ÇA SUFFIT !

La caissière s’interposa vivement entre les deux hommes ; ses yeux étaient désormais tentés d’une ténébreuse aura écarlate. Ricky et Shin reculèrent instinctivement d’un bond.

— C-Ce regard… ! s’étonna Ricky.
— … tome 1 de Cœurs Torturés, commença sombrement Lydia. Devant l’injuste rapprochement de Tomoko et Kyousuke, Sanae s’enquit d’une rage lui permettant de faire trembler les êtres les plus inflexibles. Activation du talent : Intimidation !
— … un autre fan de Cœurs Torturés ?! s’exclama Shin.
— Pire ! paniqua Ricky. C’est une fan de Sanae !

Les deux hommes grincèrent des dents.

— C-Comment on peut être fan de cette pute ? s’écria Shin.
— … tu oses traiter Sanae de là sorte ? s’énerva Lydia. Toi qui dragues mon amour devant moi !
— Dis, plissa Shin de yeux. Je me pose la question depuis un moment mais… c’est qui ton « amour » dont tu ne cesses de parler ?
— Je me demandais la même chose…, réfléchit Ricky.
— … huhuhu…

Tout d’un coup, Lydia se retrouva derrière Ricky, et l’enlaça de ses mains glacées.

— … ne joue pas l’innocent, chéri, c’est toi, bien sûr.
— Q-Quoi ? trembla un Ricky terrifié. I-Il doit avoir une erreur !
— … non, il n’y a pas d’erreur… nous sommes faits l’un pour l’autre, tu ne le sais juste pas encore. Je sais tout de toi, je t’observe en cachette depuis des mois…
— Gasp !

Pour la première fois de sa vie, le jeune littéraire éprouva l’effroi véritable. Il se sentait comme un vulgaire Chenipan dans les serres d’un Roucarnage.

— J-Je vois, parvint-il néanmoins à prononcer. Dans ce cas, je n’ai plus le choix…

Brusquement, le visage de Ricky se résolut.

— Tome 6 de Cœurs Torturés ! s’exclama-t-il. Kyousuke veut absolument acheter un cadeau pour Tomoko, mais il se fait voler son porte-monnaie ! Il se résout donc à prendre un cadeau dans une petite boutique de rue et de partir sans payer ! Et pendant que le vendeur en colère le poursuit, Kyousuke se découvre une nouvelle capacité ! Activation du talent : Fuite !

D’un coup d’un seul, brillant d’une aura lumineuse, Ricky se dégagea prestement de l’emprise de Lydia et se mit à… fuir. Proprement et simplement, tel un boulet de canon.

— Hé reviens ! s’exclama Shin. T’as oublié que je dois te tabasser !

Désireux de remplir le contrat proposé par l’homme chauve en costard, Shin partit à sa suite.

— … si tu crois que je vais te laisser seul avec lui…

Et non-désireuse de laisser Shin rattraper Ricky, Lydia se lança elle aussi dans la course.


***

 Grâce à Fuite, Ricky était parvenu à prendre une confortable avance sur Shin et Lydia, mais malheureusement, le talent était limité dans le temps. Cela faisait bientôt quinze minutes qu’il avait récupéré sa pathétique vitesse ordinaire typique du mec qui passait sa vie à manger essentiellement des pattes au beurre sans faire de sport.

— J-J’espère que cette folle et le délinquant sont loin ! exhala-t-il à bout de souffle.

C’était bien mal connaître l’amour de Lydia et la ténacité de Shin. Les deux individus profitaient allégrement de la faiblesse du littéraire pour rattraper leur retard.

— … faut que je te tabasse… ! se fit entendre la voix lointaine du délinquant.
— Mon amour, je suis là ! se fit entendre la voix pas du tout lointaine de la caissière.
— Ah !

Car effectivement, elle était bien là, dans son dos.

— C-Comment t’as fait ça ?! s’étouffa Ricky.
—La force de mon amour pour toi dépasse l’entendement. Allez, viens, mon amour ! Jusqu’à présent, j’ai gardé mon adoration pour toi secrète, mais maintenant que mon rival est apparu, je ne peux plus rester dans l’ombre… je dois te faire mien, à tout prix !
— Je ne comprendre pas tout mais je comprendre très bien que j’avoir très peur ! s’affola le littéraire qui en perdait son latin.

Ricky était à bout de force, mais Lydia lui faisait tellement peur qu’il n’avait plus le choix : il devait réactiver sa Fuite, quitte à s’évanouir sous l’effort.

— Yaaah, par la puissance de Kyousuke ! s’encouragea-t-il.

Encore une fois, Ricky fila, bien moins vite que précédemment, mais à une vitesse somme toute raisonnable.

— … huhuhu, s’amusa Lydia, j’aime te voir te débattre…

Ricky en avait un peu marre de courir, mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Il préférait grandement se faire réduire en charpie par le gang de Shin plutôt que de passer une seconde en compagnie de cette folle aux yeux de l’enfer !

Cependant, le littéraire fut obligé de s’arrêter. Non pas par manque d’énergie, mais tout simplement parce qu’il eut l’intelligence de pénétrer dans un cul de sac.

— Un cul de sac pendant un course poursuite, l’originalité à l’état pur ! s’écria-t-il.

Pendant que Ricky pestait des évidences, Lydia se rapprochait. En toute vérité, Ricky pouvait encore continuer sa route puisque devant lui se trouvait une riche demeure, séparée du monde roturier par un énorme et élégant portail. C’était sa seule échappatoire ; grâce à la force du désespoir, il pourrait aisément franchir l’obstacle. Toutefois, la menace de l’article 226-4 du code pénal pesait sur sa conscience.

— Ah ! Au diable la violation de domicile ! Ne prenez pas exemple sur moi les enfants !

Ce fut sur ce message pédagogique fort convainquant que Ricky escalada le portail et s’aventura sur la propriété privée. Mais il n’était pas sorti d’affaire pour autant, puisque Lydia arriva peu après, et elle, elle ne perdit pas de temps à hésiter. Et quelques minutes plus tard…

— … ils sont rentrés là-dedans ?! s’inquiéta Shin.

Le délinquant n’avait pas spécialement envie de se risquer dans cette demeure qui puait à la richesse et le pouvoir à plein nez. Mais son prêt à la bibliothèque en dépendant, et pour lui, il plongerait dans les ténèbres les plus haïssables !

— … c’est un mauvais jour pour l’article 226-4 du code pénal, maugréa-t-il avant de franchir le portail.


____________________

 Il y avait dans la vie des personnes que beaucoup méprisaient tout en aspirant à devenir comme elles. Ces personnes avaient un nom : les riches. Ambre était l’une de ses privilégiés. La fillette de 12 ans n’avait jamais eu à demander quoi que ce soit, tout lui était offert sur un plateau d’argent. Mais ce n’était pas pour autant que c’était une pourrie gâtée jusqu’à l’os. Elle l’était juste jusqu’à la moelle.

Malgré son air enfantin, elle possédait une intelligence rare pour son âge et profitait des facilités de son statut de riche pour épanouir ses capacités innées. Ce qui ne l’empêchait cependant pas à être serviable à ses temps perdus.

— Père, j’ai préparé du thé.

Confortablement installé sur un luxueux fauteuil royal, le-dit père sourit faiblement.

— Je vois, ce moment de la journée est donc arrivé…

Le paternel, monsieur Efflam, tapa dans ces mains et aussitôt, une foule de médecins arriva et prépara médicaments et perfusions. Ambre gonfla ses joues.

— Bouh ! bouda-t-elle. Pourquoi n’avez vous pas confiance en ma cuisine ?
— La confiance prend du temps à se forger, ma fille. En revanche, elle se perd très facilement, surtout après un séjour d’un mois à l’hôpital pour indigestion aiguë ressemblant très fortement à un empoisonnement !
— C’était un accident, se justifia Ambre. Je n’ai pas fait exprès de faire tomber le paquet de cyanure dans l’eau !
— Je m’inquiète surtout de savoir comment est-ce que du cyanure a pu se retrouver dans notre cuisine, mais passons…

Efflam prit fébrilement la tasse que lui tendait sa fille. Il craignait certes pour sa vie, mais il ne voulait surtout pas décevoir sa fille. Et puis, il avait engagé exprès les meilleurs médecins du monde, c’était des magiciens de la santé, capables de ranimer les corps les plus meurtris.

Mais alors qu’il approchait fiévreusement la tasse en porcelaine de sa bouche, que de grosses gouttes de transpirations perlaient sur son front, un énorme fracas le surprit et le fit lâcher le thé mortel.

— Merci Arceus ! exulta Efflam.
— Cachez votre joie père ! grommela Ambre. Mais qu’était-ce que ce bruit abominable ?
— Je ne sais pas, mais ce n’est pas normal.
— Je vais voir !
— Non, c’est peut-être dangereux ! Revenez !

Mais Ambre n’était pas une fille qui écoutait la voix de la raison. Elle se précipita à toutes jambes vers l’origine de la perturbation sonore. Après avoir traversé nombres de couloirs et descendu quantité d’escaliers – c’est une demeure de riche, rappelez-vous –, la fillette arriva enfin au rez-de-chaussée. Ce fut à ce moment qu’elle les vit.

— … je t’ai rattrapé…
— L-Lâche-moi !

Dans sa fuite désespérée et sans aucun autre échappatoire, Ricky avait sauté à travers une fenêtre du manoir, ce qui avait causé le fracas précédent. Mais le geste fut fort inutile, car, blessé par les éclats de verres, il ne pouvait plus bouger et Lydia profita allégrement de cet état de fait.

— Purée, mais qu’est-ce que vous avez fait ?!

Puis, Shin arriva enfin, constatant les dégâts irréversibles commis par Ricky et Lydia.

— Toi…, cracha la caissière, tu nous as suivis…
— J’ai un contrat important sur lui ! s’écria Shin.
— Je vois, tu te mets donc en travers de notre amour…, se crispa Lydia.
— Amour non-partagé, se risqua Ricky. À choisir, je préférais me faire tabasser par Shin…

Aux yeux d’Ambre, la scène était claire comme de l’eau de roche. Un jeune homme, un peu chétif mais déterminé, plaqué au sol par une folle furieuse ressemblant étrangement à une sorcière qui voulait désespérément le séparer d’un autre homme à l’air revêche tout en ayant une certaine sensibilité dans les yeux. Pour Ambre, ce n’était pas un hasard, la ressemblance était bien trop frappante.

— C’est eux, il n’y a aucun doute ! exulta-t-elle. Tomoko, Kyousuke et Sanae !