Le Démon Roi - Première partie de Edetalelric

Je me trouvais dans mon lit il y a un instant. Le sommeil venait juste de me gagner, et il me semble que je faisais un rêve très agréable. Il me fallut un instant avant de retrouver mes esprits. J’ai cru entendre des cris. Des bruits d’explosion. J’entrouvre les yeux, ma mère me tient dans ses bras. Elle court. Elle fuit quelqu’un. Ou quelque chose. La maison…. L’immeuble est à moitié détruit. Des gens gisent par terre. Partout, il y a du sang. Un gigantesque fouet vert foncé passe près de nous avec une vitesse telle que je peux sentir le souffle de son mouvement dans mes cheveux. C’est à ce moment que je réalise véritablement qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Je me trouve au Fort-Marie, et… je crie, j’ai peur. Je demande à ma mère, affolé : « Qu’est ce qui se passe, maman, qu’est ce qui se passe ? ». Elle me répond entre deux sanglots : un mutant.

J’entends de nombreux habitants crier. Des bruits d’armes. Puis un hurlement terrifiant. Ma mère continue de courir, et j’assiste à ce cauchemar, impuissant. Je ne vois rien. Il fait pourtant plein jour. Je réussis à apercevoir les fuyards qui suivent la même direction que nous. L’un des tentacules verts du monstre attrape un bâtiment, et l’envoie s’exploser avec fracas contre le dôme défenseur. Nous arrivons dans une zone souterraine protectrice. Nous sommes très nombreux. Il y a beaucoup d’enfants qui pleurent. Un homme en bleu nous dit d’adopter un silence religieux. Les personnes semblent désespérées. C’est alors que le toit de l’abri s’envole. Le mouvement preste d’une des lianes du Pokémon nous éjecte de l’abri. J’ai mal, je souffre ! J’atterris sans me blesser davantage : un homme me réceptionne habilement. Ma jambe est en sang. L’homme me prend la main et tire afin que je le suive.
Mais je ne veux pas : ma mère n’est plus avec moi. Je l’appelle, j’explique à l’étranger qu’elle était là, mais il ne veut rien entendre et me porte sur son épaule. J’ai alors l’occasion d’observer la scène : la créature porte une fleur fanée gigantesque sur le dos, qui semble dégouliner de liquide qui putréfie tout ce qui l’approche. Ses yeux rouges gonflés de sang resteront toujours dans ma mémoire : l’un d’eux contient une dizaine de pupilles. Sa langue de plusieurs mètres de long lèche les corps des humains se trouvant le sol. L’homme m’amène à un carrefour où de nombreuses personnes s’étaient regroupées. Au loin, j’aperçois la toge bleue de ma mère, alors je l’appelle, je l’appelle encore plus fort, pourtant elle ne me voit pas. Son visage parcourt toutes les directions, je comprends qu’elle me cherche, alors je me dresse sur les épaules de mon sauveteur, puis je lui fais signe. Je la vois me regarder, un sourire se dessine sur son visage, un sourire libéré, un sourire qui lui fait naître des larmes de bonheur.

La suite se passe en quelques secondes.
Le coup suivant du fouet végétal est si violent qu’il nous projette à terre. Je réalise que le choc a porté à l’endroit même où j’avais aperçu ma mère, à l’endroit même où elle m’avait souri.
Plus rien ne compte. La direction de mon porteur m’est égale, je veux seulement savoir où elle est.
Ma maman me disait souvent qu’un jour elle ne serait plus qu’un point lumineux parmi les étoiles.
Alors pourquoi puis-je apercevoir la silhouette bleue sur la langue du mutant ?


Le prêtre se réveilla, tremblant, trempé de sueur. Ses draps se trouvaient par terre, sa commode renversée à côté. Il avait probablement crié, mais personne ne pouvait l’entendre de sa chambre. Il marmonna une prière à l’adresse du Démon Roi, avala un cachet et se recoucha.