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Le Jour et la Nuit de Alienai



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Informations

» Auteur : Alienai - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 19:48
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 19:48

» Mots-clés :   Aventure   Slice of life   Suspense

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Chapitre 7 : la nacre
Julie se redressa sur sa chaise en entendant son réveil. Une douleur au cou et au visage lui indiquait qu'elle s'était en effet endormie sur son bureau. Son ordinateur s'était automatiquement mis en veille. Après avoir bougé légèrement sa souris, elle constata le travail sur lequel elle avait travaillé presque toute la nuit. Elle l'enregistra et fila se préparer pour son rendez-vous à la fondation Æther, même si le manque de sommeil pesait. Elle s'habilla d'une manière plus formelle que les jours précédents, sans oublier de mettre sa blouse dans son sac au cas où elle aurait l'opportunité de visiter les laboratoires. En sortant de chez elle, elle aperçut deux personnes portant une sorte d'uniforme blanc à manches courtes, ainsi que des gants longs et un béret. Il s'agissait d'employés de la fondation Æther qui l'attendaient pour l'accompagner en voiture. Ils se rendirent au port et prirent le bateau qui les amena à Paradis Æther, l'île artificielle de la fondation.

Lorsqu'ils arrivèrent, Julie fut accueillie par Saubohne, le directeur de la branche Alola de la fondation Æther. Ce dernier portait une tenue de scientifique ainsi qu'une imposante paire de lunettes vertes qui lui donnait un petit côté excentrique.

« Bienvenue à Paradis Æther, Miss Camélia. Comment va le professeur Keteleeria ?
– Enchantée, Monsieur le directeur. Aux dernières nouvelles, elle était dans sa forme habituelle.
– Je suppose qu'elle est très occupée, mais si elle vous a envoyé c'est qu'elle a confiance en vous. »

L'île artificielle se composait de grands espaces verts où les Pokémon pouvaient vivre en liberté, et de quelques bâtiments accueillant les employés qui y travaillaient. Ceux-ci veillaient principalement au bien-être des Pokémon récueillis en leur apportant soins et nourriture. Julie put visiter toutes les différentes structures avec le directeur de la fondation. Malheureusement pour elle, leur passage dans les laboratoires fut très bref. Saubohne lui expliqua que la fondation fonctionnait grâce aux subventions publiques et à l'argent de ses généreux donateurs, ce qui ne manqua pas d'éveiller le doute de l'assistante qui se demandait si cela suffisait réellement pour entretenir tout Paradis Æther. Pendant leur parcours, une vision frappa Julie. Elle crut revoir la fille du quai, mais à mieux y regarder il ne s'agissait pas d'elle. La personne observée était un peu plus grande, sa longue chevelure blonde et ses yeux verts l'avaient simplement induit en erreur. Outre son gabarit de mannequin, elle dégageait un charisme particulier. Saubohne, remarquant le regard de son invitée, présenta la dite personne.

« Il s'agit d'Elsa-Mina, la présidente de la fondation Æther. C'est à elle que nous devons la réussite actuelle de notre organisation. Vous aurez sûrement l'occasion de la rencontrer plus tard. »

À l'heure du déjeuner, Julie en profita pour aborder le sujet de ses recherches. Son interlocuteur avoua avoir déjà lu plusieurs de ses travaux et être très intéressé par ses théories. Elle en vint alors à ce point :

« Je suis actuellement sur une nouvelle piste...
– Ah ? Vraiment ?
– … Mais elle est encore loin d'être aboutie. Et j'ai besoin de réunir davantage d'informations sur l'Ère Sombre.
– Oh ? »

L'Ère Sombre était une époque lointaine, généralement admise comme étant celle de l'apparition des premiers Pokémon. Cependant, les désastres qu'elle avait connus avaient réduit à néant la plupart de ses vestiges et très peu de données demeuraient disponibles. Saubohne prit un air pensif avant de continuer :

« Je ne sais pas si cela vous aidera concrètement, mais j'ai quelques informations à partager avec vous. »

Une fois le repas fini, il la guida dans son bureau. C'était une pièce très large avec une baie vitrée qui donnait directement sur l'océan. Il ferma la porte et ouvrit un tiroir fermé à clé pour en sortir un dossier.

« Tout cela est bien entendu couvert par le secret professionnel, précisa-t-il.
– Évidemment, confirma la jeune femme. »

Il lui tendit les documents qu'elle consulta avec précaution. Il contenait d'anciens rapports imprimés sur du papier légèrement jauni, ainsi que de vieilles photos un peu floues. Apparemment, ils traitaient de l'apparition d'étranges créatures.

« Est-ce que ce sont... des Pokémon ?
– Nous ne savons pas, répondit Saubohne. Nous les appelons les Ultra-Chimères. Ils présentent des caractéristiques similaires aux Pokémon, mais nous disposons de trop peu d'information pour être certain de leur lien. Notre premier contact avec ces créatures date d'il y a une vingtaine d'année. Une Ultra-Chimère était apparue lors d'un tremblement de terre, en l'ayant sans doute provoqué. Les photos que vous voyez sont les rares clichés que nous avons d'elle. »

Les dites photos présentaient une silhouette humanoïde avec des proportions démesurées. Elle semblaient avoir été prises dans la précipitation. Bien que peu de détails étaient visibles, il s'agissait clairement d'une créature inconnue.

« Cette information est restée secrète pendant longtemps, même au sein de la communauté scientifique, reprit le directeur. Cependant, elle commence désormais à circuler car de nouvelles apparitions sont récemment arrivées dans la région d'Alola. La dernière date d'il y a quelques mois, mais a duré si peu de temps qu'il nous a été impossible d'en tirer quelques chose. Il s'agit là d'un des objectifs de la section recherche de la fondation Æther. »

Julie était stupéfaite par ces nouvelles informations. Ces créatures avaient-elles un lien avec l'origine des Pokémon ? Ou, au contraire, étaient-elle la manifestation d'une nouvelle phase de leur évolution ? Même si leur lien avec les Pokémon n'était pas encore totalement établi, il y avait une grande chance qu'il soit réel. Une multitude de questions fourmillait dans la tête de la chercheuse. Dommage qu'il y avait si peu de données sur ces Ultra-Chimères. Une vibration dans sa poche interrompit ses réflexions, mais elle était trop occupée pour consulter ce nouveau message sur son téléphone. Elle s'empressa de demander une copie de ce dossier et de toute autre information en rapport avec ce phénomène. Saubohne répondit à son attente et l'invita à le suivre vers la salle des archives. Au moment de quitter la pièce, ils furent stoppés par un employé qui vint précipitamment s'adresser au directeur.

« Monsieur ! Vous devez voir ça !
– Quoi ? Je suis occupé.
– On pense que c'en est une, Monsieur ! »

Les yeux de Saubohne s'écarquillèrent. Malgré la brièveté de la phrase, il avait immédiatement compris la situation.

« Une Ultra-Chimère ?! Où ça ? Dites-moi vite !
– Sur l'océan, Monsieur. Nos radars l'ont repéré, mais nous n'avons aucun observateur sur place. »

Prise d'un doute, Julie sortit son téléphone. Le message qu'elle avait reçu venait de Forsythia et lui disait qu'il se passait quelque chose d'incroyable près du port. De son côté, le directeur paniquait face à l'urgence de la situation.

« Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant... ? Y a-t-il des chevaucheurs de Dracaufeu disponibles pour y aller ?
– Oui Monsieur, reprit l'employé, mais... Impossible de décoller.
– Comment ça ? »

Il regarda par la baie vitrée avec horreur. Julie fit de même et constata l'état du ciel. Alors qu'il y a à peine quelques minutes les nuages n'étaient qu'éparses, une tempête venait de se lever.

« Ce n'est pas possible, répétait en boucle Saubohne. »

La jeune femme regarda sa main. Elle avait inconsciemment saisi sa Pokéball. Elle sentait qu'elle devait faire quelque chose. Son cœur s'accéléra. Elle savait que si elle n'y allait pas maintenant, elle passerait à côté de quelque chose de crucial. Julie ouvrit la baie vitrée. Le vent s'engouffra dans le bureau, renversant quelques piles de paperasses. Le directeur s'écria :

« Qu'est-ce que vous faites bon sang ?! »

Elle ne prêta pas plus attention à cette question et déclencha sa Pokéball. Un éclat lumineux fit apparaître son Nostenfer.

« J'y vais, affirma-t-elle.
– Attendez, c'est dangereux ! »

Devant l'air décontenancé de Saubohne, elle s'agrippa à son Pokémon qui s'envola en battant frénétiquement des ailes. Si le vent rendait cette exercice difficile, il restait possible grâce à la puissance du Nostenfer. Julie pointa la direction à suivre, vers le port par lequel elle était arrivée à Alola. Au fur et à mesure qu'ils s'approchait de leur destination, le vent soufflait de plus en plus fort et les nuages noirs assombrissaient le ciel. Quelques éclairs retentissaient de temps à autre, mais aucune goutte de pluie ne tombait. D'en haut, elle voyait la foule qui s'était rassemblée pour observer l'étrange phénomène. Elle arriva enfin au niveau du port, et put constater ce qui se passait. Les éclairs aperçus plus tôt convergeaient en fait vers un même point dans le ciel, situé entre les nuages et l'océan. Cela formait une sorte de vortex qui déchaînait les éléments autour de lui. Le Nostenfer avait de plus en plus de mal à stabiliser son vol.

« Courage Lazuli ! Il faut que je m'approche... encore un peu. »

Le Pokémon redoubla d'effort pour sa dresseuse. De plus près, on pouvait voir qu'il s'agissait d'une espèce de trou de vers traversant l'espace-temps. Au milieu de celui-ci se tenait une lumière blanche. Cela ne pouvait pas être un hasard. Julie plissa les yeux et reconnut la silhouette qui lui était déjà apparue. Elle devait en savoir plus. Elle s'approcha encore. La forme lumineuse se tenait en réalité légèrement en dehors du vortex, comme si elle venait d'en sortir. Elle s'approcha, encore et encore. Le Nostenfer commençait à redouter le phénomène et ne parvenait plus à voler droit. Elle était maintenant à portée de main. Julie tendit le bras et ne se rendit même pas compte qu'elle avait lâché son Pokémon et était emportée. Sa main toucha enfin la silhouette blanche.

Tout s'illumina autour d'elle. Elle ne sentait plus, elle ressentait, comme si elle n'avait plus de forme physique. Les sensations du corps s'étaient transformés en une infinité de signaux électriques parcourant un réseau vaste comme un océan. Un visage familier apparut. Il n'était pas possible d'en détourner le regard. Toute la vérité se révéla d'un seul coup. Tout ce que l'on désirait savoir se tenait juste là. Tout était à la fois si simple et si compliqué. Mais tout s'arrêta.

« Julie ! »

Plusieurs voix s'entremêlaient. Une vive douleur fit sursauter la jeune femme. Si elle avait aussi mal, c'est qu'elle était revenue et bien vivante. Ses paupières parvinrent finalement à s'ouvrir. Les personnes qui l'entouraient paraissaient encore un peu floues. Sa vision s'éclaircit tandis qu'elle se relevait lentement. Julie aperçut un groupe d'enfants l'observant. Auprès d'elle se tenait son Nostenfer. Il faisait nuit. Elle se demanda si elle était restée inconsciente toute la journée.

« Vous pouvez vous lever, Julie ? »

Celle-ci reconnut la voix de Mathéo. Il l'aida à se remettre debout.

« Camélia ! J'en était sûre que c'était toi ! »

Cette autre voix était celle de Forsythia, qui la prit dans ses bras soudainement.

« Je t'ai vu dans le ciel avec ton Nostenfer ! J'ai eu trop peur ! C'est trop bizarre ce qu'il s'est passé ! »

Après avoir repris ses esprits et s'être libéré de cette étreinte, Julie demanda :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que vous faites là ? »

Alors qu'elle posait ses questions, Mathéo s'adressait aux enfants en leur disant de s'écarter, et de ne surtout pas regarder le ciel sans leurs lunettes. Elle reconnut les élèves de sa classe. En levant les yeux, elle comprit que ce n'était pas le soir. L'éclipse avait commencé, et elle détourna immédiatement le regard pour ne pas s’abîmer la rétine. De nombreuses autres personnes regardaient l'événement avec des lunettes spéciales.

« Tout le monde était venu pour regarder l'éclipse, reprit Forsythia, mais y'a eu cette tempête d'un seul coup ! Et puis y'a eu ce truc qui est apparu au dessus de l'océan. T'es arrivée en volant sur ton Pokémon puis t'es tombée.
– Heureusement, votre Nostenfer a pu vous rattraper et vous a porté jusqu'ici, continua Mathéo. Vous avez mal quelque part ? J'ai prévenu les secours au cas où.
– Non, ça v... »

En essayant de faire un pas, ses forces quittèrent subitement ses jambes et elle s'effondra. Par la suite, elle sentit une grande agitation autour d'elle. Une sirène retentit et on la transporta sur une civière. Quand Julie rouvrit les yeux, elle se trouvait dans un lit d'hôpital. Elle n'avait pas eu conscience du temps qui s'est écoulé, mais se sentait étrangement calme. Elle tourna la tête vers la personne assise à côté de son lit.

« Vous vous sentez mieux ? »

Saubohne posa froidement cette question, comme s'il ressentait plus d'impatience que d'inquiétude.

« Oui, répondit-elle. Mais vous n'êtes pas là seulement pour vous assurer de ma santé, je me trompe ? »

La perspicacité de la jeune femme fit sourire le directeur qui en vint du coup au fait.

« Vous êtes entrée en contact avec elle, n'est-ce pas ? »

Silence.

« Qu'avez-vous vu ? »

Julie sourit à son tour et répondit :

« Je ne sais plus. »

La tempe de Saubohne se mit à palpiter, mais il conserva son calme.

« Si jamais vous vous souvenez de quelque chose, n'importe quoi, n'hésitez pas à nous le signaler. Les autres témoins que nous avons pu trouver étaient tous éloignés. Vous êtes la première personne à avoir pu observer une Ultra-Chimère d'aussi près. »

Il se leva et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il conclut :

« Vous savez à quel point ces recherches sont importantes, pour nous en particulier, mais aussi pour le monde en général. J'espère que votre expérience improvisée pourra nous apporter de nouvelles informations. En attendant, je vous souhaite un bon rétablissement. »

Il partit. Julie se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait vu. Mais elle savait aussi qu'elle devait le garder pour elle. En tout cas pour le moment. Elle chercha du regard une horloge ou tout autre objet qui pourrait lui indiquer l'heure, quand une infirmière entra dans sa chambre. Elle tenait le même genre de plateau qui était utilisé dans les centres Pokémon, avec une Pokéball reposant dessus.

« Nous avons soigné votre Pokémon pendant que vous vous reposiez, indiqua-t-elle. »

Julie prit la balle de poche et en libéra Lazuli qui se frotta contre elle par affection. Après cette courte mais chaleureuse retrouvaille, l'infirmière reprit :

« Au fait, vous avez de la visite. »

La jeune femme se mit à sourire en voyant qui venait d'entrer dans la pièce. Sous le coup de l'émotion, elle ne put que dire :

« Je t'attendais. »



FIN