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Le Jour et la Nuit de Alienai



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» Auteur : Alienai - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 19:45
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 19:45

» Mots-clés :   Aventure   Slice of life   Suspense

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Chapitre 2 : La passion
Les deux jeunes gens prirent la route de l'école en voiture, conduite par Mathéo. Sa passagère ne put s'empêcher de sentir une certaine pointe de frustration et décida d'en parler :

« Je pensais qu'à Alola vous aviez l'habitude de vous déplacer à l'aide de Pokémon. Ça n'est pas si courant que ça en fin de compte ? »

Encore une fois, l'instituteur répondit en tentant de cacher son embarras avec un sourire :

« Ah, vous parlez des PokéMontures, c'est ça ? Si, c'est plutôt courant par ici, j'y ai d'ailleurs pensé pour ce matin. Mais... comme vous n'y êtes pas habituée, c'est plus prudent de rouler en voiture. D'autant plus que l'école n'est qu'à quelques minutes d'ici.
– D'accord. Il s'agit de Pokémon dressés spécialement pour ce service, si je ne m'abuse ?
– C'est bien cela. On n'utilise pas nos propres Pokémon, les PokéMontures nous sont confiés temporairement pour se déplacer. Mais il est conseillé de suivre un stage d'apprentissage avant de se balader librement avec.
– Je comprends.
– Personnellement, je suis fan des balades à dos de Bourrinos.
– J'ai même entendu dire qu'il était possible de voler avec des Dracaufeu.
– Oui, c'est vrai. Les jeunes dresseurs aiment particulièrement ce genre de PokéMonture. »

La conversation se poursuivit le temps d'arriver à l'école. Julie s'imaginait déjà en train de parcourir les différentes îles de l'archipel à dos de Pokémon divers et variés. Elle revint soudainement à la réalité en entrant dans l'établissement. Après tout, elle était tout d'abord là pour travailler. Et, ce matin là, travailler signifiait interagir avec des enfants. Une sensation de stress lui prit l'estomac. Jusqu'alors, elle n'avait travaillé avec des enfants que sous la tutelle du professeur Keteleeria, particulièrement douée dans cette discipline. L'assistante se dit qu'il suffirait d'imiter la façon de faire de cette dernière et rassembla ses souvenirs la concernant. Mathéo l'interpella pendant qu'ils marchaient dans le couloir :

« Au fait, vous ne portez pas de blouse blanche ? »

Cette question fit Julie s'interroger à son tour :

« Comment ça ?
– Eh bien, comme vous êtes chercheuse...
– Je n'en vois pas l'utilité. Il fait trop chaud et nous ne sommes pas dans un laboratoire.
– Ah, oui, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que, vous savez, les enfants ont besoin de repères, et qu'il aurait été plus simple pour eux de vous identifier dans cette tenue. »

Maintenant qu'elle y pensait, il était vrai que le professeur Keteleeria arborait souvent sa blouse lors des remises de Pokémon de départ, davantage pour montrer une image que pour une réelle utilité.

« Je vois que vous voulez dire. Mais malheureusement je n'en ai pas sous la main. Ma blouse se trouve au fond de ma valise et je n'ai pas encore pu la sortir... »

L'instituteur la coupa en se voulant rassurant :

« Ce n'est pas grave, laissez tomber. Et puis, c'est vrai que c'est un peu cliché le fait pour un chercheur de porter sa blouse en permanence. »

Il acheva sa phrase avec un sourire comme pour indiquer qu'il s'agissait d'un mot d'esprit, mais ce dernier ne sembla pas faire mouche auprès de son interlocutrice. Constatant cet échec, il passa à autre chose lorsqu'ils arrivèrent devant la porte.

« Ah, c'est ici. Je vous en prie, entrez. »

Lors de leur entrée dans la classe, les élèves se levèrent pour les saluer poliment avant de se rasseoir. La plupart était plutôt mât de peau comme c'était la norme dans cette région. Divers dessins et affiches sur la santé – des conseils sur la façon de se brosser les dents, comment suivre un régime alimentaire équilibré ou encore les types de Pokémon sauvages à éviter dans la nature – ornaient les murs de la salle. Un tableau noir faisait face aux écoliers qui gardaient les yeux rivés sur la nouvelle arrivante en chuchotant. Julie salua à son tour la classe en tentant d'afficher un sourire confiant, puis Mathéo la présenta :

« Voici Miss Camélia ! Elle est chercheuse en Pokémon et vient tout droit d'Unys pour nous permettre d'en apprendre plus sur ces créatures. »

À ces mots, les yeux des élèves s'illuminèrent d'admiration. La majorité d'entre-eux avait comme matière préférée l'étude des Pokémon, et ils attendaient avec impatience leur premier voyage d'initiation. Après une courte introduction sur son travail, Julie lança la phrase fatidique :

« Maintenant, avez-vous des questions sur les Pokémon ? Je suis là pour répondre à tout ce que vous vous demandez. »

Les enfants levèrent tous la main instantanément, tandis que leur instituteur lui jeta un regard semblant vouloir dire « je vous avais prévenu. » Elle ne se laissa pas impressionner pour autant et tenta de gérer la situation du mieux qu'elle le pouvait. Elle désigna au hasard un petit garçon du deuxième rang qui s'empressa de poser sa question :

« Comment ils font les Magnéti pour voler alors qu'ils ont pas d'ailes ? »

Julie fut d'abord surprise par l'innocence de cette demande. Elle avait relu des ouvrages extrêmement complets pendant son voyage pour se préparer au pire, mais au final il s'agissait juste d'enfants curieux qui s'interrogeaient sur des choses simples. Elle sourit et finit par répondre :

« C'est très simple en fait. Vous voyez ce qu'est un aimant ? »

Les élèves firent oui de la tête.

« Eh bien, voyez la Terre comme un gigantesque aimant. Les Magnéti se servent de leur corps en métal et du courant électrique qui les traverse pour devenir eux-mêmes des aimants de même polarité, et ainsi être repoussés par le sol. Il ne volent pas vraiment, on pourrait dire qu'ils flottent dans les airs. »

Même si des termes comme polarité pouvaient avoir échappé à la compréhension de certains élèves, le message global avait l'air d'être compris. L'assistante s'en satisfit et passa à la question suivante en pointant du doigt un autre garçon dans le fond de la classe.

« Comment un Pokémon psy ça fait pour endormir ? »

Julie devina qu'il parlait de l'attaque Hypnose. Encore une fois, elle réfléchit à une image pour vulgariser ses propos et donna cette explication :

« Il se trouve que le cerveau fonctionne un peu comme une machine. Les Pokémon de type psy sont capables d'émettre des ondes qui envoient un message au cerveau du Pokémon adverse pour lui dire de s'endormir. Un peu comme une télécommande qui ordonne à la télé de s'éteindre. »

La réponse semblait parler à la majorité des écoliers qui se visualisaient en train d'éteindre leur téléviseur. Il restait néanmoins un grand nombre de mains levées. Julie désigna cette fois une fillette du premier rang.

« À quoi ça ressemble un Taupiqueur qui n'est pas dans le sol ? »

L'assistante fut presque amusée par la question. Il existait donc encore des personnes qui n'avaient jamais vu de Taupiqueur hors de leur trou. C'était plutôt le genre de question que se poserait un enfant en bas âge qui n'a pas encore vu grand chose du monde des Pokémon. La réponse était pourtant si évidente.

« C'est tout bête, mais en fait ça ressemble à... Oh, attendez, je vais plutôt vous faire un schéma au tableau pour que vous visualisiez mieux. »

Elle se saisit d'une craie et dessina au tableau un croquis rapide de l'anatomie d'un Taupiqueur. Elle en profita pour faire de même avec son évolution, Triopikeur, afin d'anticiper toute question similaire. Les élèves qui ne connaissaient pas encore la réponse furent presque déçus de la simplicité de la chose, mais restaient satisfaits du travail de Julie.

L'interrogation dura toute la matinée, avec tout de même une pause récréation au milieu de celle-ci. À l'heure du déjeuner, Mathéo lui proposa de manger ensemble avant de la conduire à son logement. Elle commença par dire :

« Je ne sais pas si j'aurais le temps de... »

Mais finalement se ravisa en repensant à nouveau à sa dernière conversation avec Keteleeria.

« Je veux dire... ça sera avec plaisir. »

Il l'emmena alors dans un restaurant traditionnel qu'il connaissait bien pour l'occasion. Le menu du midi se révéla à la fois abordable et copieux. Ils s'assirent à une table en bois située à l'extérieur, un parasol les protégeait du zénith qui pesait au dessus de leurs têtes. Une fois le repas terminé, il commanda un café et elle une tasse de thé. Ils en profitèrent pour discuter tant qu'ils en avaient le temps.

« Il paraît que le voyage initiatique d'Alola est assez différent des autres régions, commença-t-elle.
– Hm, ah, c'est vrai, reprit-il. Nous n'avons pas de système classique avec les huit badges que vous connaissez. En fait, les nouveaux dresseurs doivent participer à ce qu'on appelle le Tour des Îles, dans lequel ils devront passer des épreuves qui ne sont pas toujours des combats.
– Et d'où vous tenez cette pratique ?
– Je ne sais pas vraiment, ça fait partie de la tradition. On a toujours fait ainsi avant même de connaître les autres Ligues Pokémon, et ça a perduré jusqu'à aujourd'hui. On n'a pas de Champion, mais des Capitaines et Doyens des différentes îles, qui sont chacun spécialistes d'un certain type de Pokémon.
– Ah oui ? Ça c'est un point commun que vous avez avec les autres régions.
– Oui, maintenant que vous le dites je me demande si on ne s'en est pas inspiré... Ah, je ne sais plus. Désolé, je ne pourrais pas vous en dire plus.
– Ce n'est pas grave, c'est intéressant. J'aurais bien aimé faire mon voyage d'initiation ici... Vous avez fait le vôtre déjà ? »

L'air confiant de Mathéo s'évapora quelque peu. Il se remit néanmoins à sourire et expliqua :

« Oui, je l'ai fait quand j'étais petit dès que j'ai pu. Mais je me suis rendu compte assez vite que ce n'était pas fait pour moi... »

Julie se sentit désolée d'avoir poser cette question. Elle restait tout de même curieuse et poursuivit :

« Ça s'est mal passé ?
– Plutôt oui. On m'avait donné un Flamiaou comme premier Pokémon. Au départ j'étais super content et motivé. Mais au final, j'ai arrêté au bout de deux semaines car je ne supportais pas de le voir souffrir. »

Elle s'étonna de cette raison. Personne n'aimait voir souffrir un être vivant auquel on était attaché, mais les dresseurs n'avaient aucun problème à faire combattre les Pokémon car c'était dans leur nature. Les Pokémon sauvages, forts ou faibles, se battaient habituellement entre eux, et gardaient ce comportement même une fois dressés. Jadis, il y avait bien eu des cas d'abus et de violences illégitimes perpétrés contre des Pokémon, mais de nos jours les services de soins et de police veillaient scrupuleusement à éviter cela par de lourds contrôles. Après, il arrivait en effet que certaines personnes sensibles ne supportaient pas les combats de Pokémon, mais ils réussissaient généralement à tout de même trouver leur place dans cette société. Mathéo reprit :

« Du coup, je suis rentré chez moi et j'ai continué de l'élever sans combattre. Il n'a jamais évolué, mais on était quand même heureux.
– Et c'est pour ça que vous êtes devenu instit ?
– Eh bien, pas vraiment. Comme je me préoccupais du bien-être des Pokémon, j'ai voulu faire éleveur ou infirmier. Mais je me retrouvé devant le même problème : voir des Pokémon souffrir me paralysait complètement. Alors je me suis tourné vers l'enseignement.
– Pourquoi cette voie-là ? »

Le jeune homme reprit une bouffée d'air et de fierté avant de continuer :

« Je me suis dit que, si je ne pouvais pas empêcher les Pokémon d'avoir mal, je pourrais toujours responsabiliser les jeunes dresseurs en leur apprenant à respecter leurs Pokémon. »

Il but une gorgée de café et demanda à son tour :

« Et vous ? Vous avez fait votre voyage ?
– Oui, j'ai réussi à obtenir deux badges en une année.
– C'est pas mal, peu de débutants arrivent jusque là. Vous aviez commencé avec quel Pokémon ?
– J'ai eu un Nosferapti. Enfin, il est encore avec moi en quelque sorte.
– En quelque sorte ?
– Si vous voulez je peux vous le... »

Elle regarda autour d'elle et se rendit compte que ce n'était pas vraiment le lieu idéal.

« Je vous le montrerez plus tard, ici ce n'est pas très approprié.
– Vous avez raison. Et après, vous vous êtes directement dirigée vers la recherche ?
– J'ai d'abord fini ma scolarité à Kalos – je suis originaire de là-bas en fait – puis j'ai poursuivi mes études à Unys. Et, en effet, j'ai toujours été intéressée par tous les mystères qui entourent les Pokémon. J'ai soutenu un mémoire sur les capacités d'imitation des Pokémon, en prenant comme sujets d'études les Florges et Exagide, ainsi que leurs sous-évolutions. Ensuite, j'ai eu la chance de rencontrer le professeur Keteleeria qui m'a prise comme assistante. Depuis, je travaille sur les origines des Pokémon.
– Impressionnant ! Et vous avez déjà fait des découvertes ? »

Julie ouvrit la bouche pour démarrer une phrase, mais se retint avant de reprendre plus calmement :

« Pas vraiment. Disons que j'ai quelques pistes, et que j'étudie les différentes théories sur l'apparition des Pokémon, même les plus farfelues. Mais rien de concret pour le moment.
– Des théories farfelues ? »

L'assistante reprit de plus belle :

« Oui ! Par exemple, certains scientifiques pensent que les Pokémon viennent de l'espace ! Une météorite se serait écrasé sur Terre il y a très longtemps en apportant de quoi faire apparaître les Pokémon. Mais cette théorie est majoritairement réfutée, notamment parce que, même si certaines espèces existaient il y a des millions d'années, la plupart des Pokémon que l'ont connaît aujourd'hui sont apparus récemment dans l'histoire du monde. Il existe aussi des thèses disant que les humains étaient autrefois des Pokémon, expliquant les mœurs d'anciens peuples qui acceptaient le mariage avec les Pokémon.
– En effet. Je n'ose même pas imaginer cela aujourd'hui...
– Je suis obligée de passer par là pour avoir un large spectre de possibilités, mais je ne crois pas en la plupart de ces théories. Ce qui m'intéresse davantage est beaucoup plus petit... Dites moi, vous êtes déjà tombé malade, n'est-ce pas ? »

Le changement soudain de sujet surprit Mathéo qui répondit tout de même :

« Oui, comme tout le monde je suppose. Pourquoi ?
– Et vous savez par quoi sont causées les maladies ?
– Par des microbes ou des virus ?
– Exactement ! Des êtres vivants donc. Maintenant, imaginez une seconde qu'il existe des microbes ou virus Pokémon !
– Ce serait... étonnant en effet. Mais, il n'existe pas déjà des maladies Pokémon ?
– Oui, comme le Pokérus par exemple. Mais je l'ai déjà étudié, et cela ne m'a rien apporté de concret non plus. C'est une maladie propre aux Pokémon, mais pas un Pokémon maladie. Sinon, vous avez sans doute déjà entendu parler des rapports entre animaux et Pokémon ?
– Heu, oui, mais sans plus de détails...
– Il se trouve que les animaux étaient beaucoup plus nombreux auparavant. Mais ils ont au fur et à mesure disparu de la surface de la planète, remplacés en quelque sorte par les Pokémon. Les seuls qui subsistent en nombre sont les insectes, invertébrés de petite taille et autres micro-organismes, sans lesquels notre écosystème ne pourrait pas se maintenir. »

L'instituteur émit un petit rire discret qui ne passa pas pour autant inaperçu auprès de Julie qui demanda :

« Qu'y a-t-il ?
– Oh, rien, désolé. C'est juste que vous paraissiez un peu... froide, au premier abord. Mais quand vous parlez de vos recherches, on sent que vous êtes quelqu'un de passionné. »

Cette remarque ne manqua pas de faire légèrement rougir la jeune femme qui porta sa tasse de thé à ses lèvres, le temps que le sang lui descende des joues, avant de s'éclaircir la gorge pour reprendre :

« Enfin bref, il reste aussi des phénomènes inexpliqués liés aux Pokémon. Rien que l'existence de certains Pokémon – notamment de type spectre, dragon ou fée – est un mystère, sachant qu'il ne correspondent ni à d'anciennes espèces animales ayant existé, ni aux Pokémon préhistoriques connus. Leurs pouvoirs sont étonnamment bénéfiques pour l'Homme et leur ADN est extrêmement manipulable. Leurs liens avec l'Humanité sont très étroits, presque comme si ils avaient été créés pour l'Homme...
– Je... je ne crois pas qu'il soit sain de continuer cette conversation. »

Julie releva les yeux et se rendit compte du but de cette dernière phrase. En effet, la loi interdisait strictement toute expression, parlées ou écrites, liant les Pokémon avec la religion. Ces dispositions avaient été mises en place en réaction à la création de nombreuses sectes Pokémon abusant des personnes les plus vulnérables. Cette répression était d'autant plus forte qu'il était facile d'arriver à ce genre d'idée en observant les mystérieux pouvoirs des Pokémon. Les autorités n'avaient pas voulu trancher en faveur de telle ou telle croyance Pokémon et avaient donc décidé de toute les interdire. Les religions traditionnelles, elles, demeuraient libres d'exister et de s'exprimer. L'assistante dissipa immédiatement ce malentendu :

« Ne vous méprenez pas ! Je ne faisais pas référence à ce genre de croyance, évidemment. J'observe tout cela d'un point de vue purement scientifique. »

Ces paroles rassurèrent Mathéo qui répondit :

« Je vous crois, ne vous inquiétez pas.
– Mais je comprends quand vous avez parler de passion il y a quelques minutes. Je pourrais parler de ce sujet pendant des heures...
– J'ai remarqué oui. Et ce n'est pas pour me déplaire, mais malheureusement je sens que le temps nous manque. »

Julie regarda l'heure sur son téléphone et comprit que son interlocuteur devait bientôt retourner assurer le cours de ses élèves. Ils finirent chacun leur tasse, se partagèrent l'addition, et il la conduit à son logement. Il s'agissait d'une maison traditionnelle en bois, dans laquelle elle disposait d'une chambre, d'un espace de travail avec ordinateur, d'un coin cuisine et d'une pièce regroupant douche et toilettes. Une petite terrasse permettait de profiter de l'extérieur à tout moment. La modicité de l'habitation ne la gênait pas tant qu'elle pouvait travailler tranquillement. Au moment de se dire au revoir, Julie se souvint soudainement d'une chose et dit à Mathéo d'attendre. Elle fouilla dans son sac et en sortit une Pokéball. Sa surface légèrement usée indiquait qu'elle servait depuis quelques années déjà. Une fois son mécanisme enclenché, elle s'ouvrit et fit apparaître dans un éclat de lumière vive un gigantesque Pokémon chauve-souris de couleur violette. Il se posa au sol après un battement d'ailes qui provoqua un puissant courant d'air. Sa dresseuse lui caressa fièrement la tête avant de le présenter :

« Voici Lazuli ! C'était un Nosferapti quand elle était petite, mais maintenant c'est un magnifique Nostenfer.
– Ah, c'est une femelle. Et, pourquoi Lazuli ?
– Comme la pierre bleue, lapis-lazuli. Je l'ai nommé ainsi car elle était de cette couleur avant d'évoluer. Maintenant, il n'y a plus que l'intérieur de ses ailes qui a cette couleur, mais je ne vais pas la renommer pour si peu.
– Je vois. C'est marrant, je ne vous imaginais pas avec ce genre de Pokémon.
– Ah bon ? Pourtant elle m'est encore très utile aujourd'hui. Attendez, je vais vous montrer. »

Julie chercha à nouveau dans son sac pour récupérer une espèce de bécher recouvert d'un film plastique. Elle se dirigea ensuite vers son Pokémon pour s'y adresser :

« Lazuli ! Ouvre grand la bouche. »

Le Nostenfer s'exécuta, révélant d'impressionnants crocs propres à son espèce. Sa dresseuse posa délicatement le récipient contre sa mâchoire supérieure, de telle sorte qu'uniquement ses canines se mirent à percer le film plastique. Elle lui massa ensuite les joues, devant le regard curieux de Mathéo, et un liquide se mit à couler des crocs du Pokémon chauve-souris. L'instituteur comprit enfin le principe de la manœuvre.

« Vous récoltez son venin, c'est ça ?
– Exact. Les Pokémon de type poison sont de véritables bouillons de culture desquels ont apprend énormément de choses ! Le venin des Nostenfer en particulier est très utile pour créer des médicaments pour les Pokémon. »

Julie stoppa l'opération après avoir obtenu un fond de substance toxique dans son bécher. Elle remercia son Pokémon et lui donna une friandise. Le Nostenfer s'en saisit entre les dents et se rendit jusqu'à la fenêtre en s'appuyant sur ses ailes, avant de s'envoler pour sans doute déguster sa récompense à l'air libre.

« Vous la laisser sortir comme ça, demanda Mathéo ?
– Oui, ne vous inquiétez pas. Ça fait quelques jours qu'elle n'est pas sortie alors elle a besoin d'air. Et elle sait très bien se repérer grâce aux ultrasons, elle me retrouvera toujours. »

L'instituteur prit à nouveau conscience du temps qui passait et dut se dépêcher de partir.

« Je suis désolé mais je dois vraiment y aller ! Ce fut très intéressant de vous rencontrer en tout cas. À la prochaine fois !
– Merci, ce fut un plaisir. Au revoir ! »

La jeune femme prit ses aises dans son nouveau logis et déballa ses affaires. La journée en était à peine à la moitié, et elle se sentait déjà fatiguée. Elle consulta le planning des prochains jours à venir. Cet après-midi était libre, elle pouvait la consacrer à de la simple recherche informatique pour se tenir au courant des dernières nouvelles. Le lendemain était un samedi. La matinée était libre, mais l'après-midi consacrée à l'étude d'espèces aquatiques Pokémon typiques d'Alola en plongée sous-marine. Dimanche, excursion en forêt. À partir de la semaine prochaine s’enchaîneraient les rendez-vous avec divers personnalités du monde scientifique d'Alola. En bref, le voyage ne serait pas de tout repos, même si Julie comptait bien suivre les conseils du professeur Keteleeria et profiter également de la région pour son côté touristique. Une fois la journée passée et son temps de travail considéré comme achevé, elle s'étira et se dirigea vers son lit pour s'y coucher.