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Au revoir Kalos de Fregia



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Informations

» Auteur : Fregia - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 18:02
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 18:02

» Mots-clés :   Aventure   Kalos   Présence de personnages du jeu vidéo

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Retour au laboratoire
Aurel était assis en tailleur sur le tapis du salon. Le soleil s'était couché dehors et les dernières lueurs du soir donnaient au ciel une couleur bleue à la fois sombre et vive, sur laquelle se détachait le noir profond des banches. A ses côtés, droit comme un "i", Fifi considérait d'un même air sérieux le paquet à leurs pieds. C'était un gros carton, solidement empaqueté et fermé par de multiples couches de ruban adhésif, toutes portant la mention "contenu fragile". Peu importe ce qui se trouvait à l'intérieur, au vu de son poids, le paquet était vraisemblablement trop imposant pour son contenu et l'essentiel de l'espace était probablement occupé par des couches protectrices diverses.

Accroché au carton se trouvait une enveloppe blanche portant l'écriture encore hésitante de Sélène. Une fois de plus, la lettre contenait papiers manuscrits et photos de ses nouvelles aventures à Alola. Aurel y voyait son amie portant des bandages maintenant son poignet, dans un lit blanc en compagnie d'Elise et de Rodéo, visiblement heureux de la retrouver. Il y trouva aussi quelques clichés du Rocabot, puis ceux d'une créature canine plus grande et à l'apparence plus sauvage. Quelques photos du MotismaDex, toujours en forme, auprès du professeur Euphorbe, précédée de nouvelle photo de Sélène, entourée de trois autres Pokémon qu'il n'avait encore jamais vu.

Il déposa les photos à côté de lui, puis déplia les feuilles bleues en s'adossant à l'assise du canapé derrière lui. La Couafarel posa docilement sa tête sur ses genoux en s'allongeant contre son maître, recevant quelques gratouilles pensives sur le haut du crâne. Bien installé, Aurel commença sa lecture.

« Cher Aurel,

Comme tu le vois, je vais beaucoup mieux. J'ai récemment pu retirer mes bandages et recommencer à travailler normalement. Cela dit, le professeur Euphorbe ayant fini le MotismaDex alors que nous étions partis en expédition, il m'a confiée un tout nouveau travail. J'ai été surprise que personne ne m'en veuille pour l'accident lors de l'expédition, après tout, si je ne m'étais pas éloignée, rien de tout cela ne se serait produit. Mais tout le monde semble penser que ce sont les risques du métier et personne n'y a vu le moindre problème. C'est à peine si Chen m'en a voulu pour l'avoir autant inquiété, pourtant le pauvre s'est fait un sang d'encre pour moi.

Cela étant dit, j'adore ma nouvelle mission ! Le professeur Euphorbe, pour compléter son nouveau modèle de Pokédex et collecter des informations supplémentaires sur les Pokémons qui vivent dans la région, veut profiter d'une vieille tradition à Alola : le tour des îles. A onze ans, de nombreux jeunes gens d'Alola entame ce périple. Un peu comme nos voyages initiatiques en quête de badge pour entrer à la ligue. Les enfants parcourent l'archipel pour participer à diverses épreuves et, finalement, combattre le doyen ou la doyenne locale. L'un des défis consistent d'ailleurs à affronter un Pokémon dominant, tel que l'Argouste qui m'a blessée. Connaissant cela, je trouve naturellement l'idée terrifiante ; envoyer de jeunes dresseurs combattre des bêtes aussi dangereuses me semble être de la folie, mais bon, les traditions sont les traditions et je suis chercheuse, pas membre d'un comité de protection de l'enfance.

Le professeur a donc décidé de confier sa machine, ainsi que leur premier partenaire à trois de ces aspirants dresseurs, et mon nouveau travail consiste à trouver des Pokémons prometteurs pour ce rôle et de les entraîner à cet effet. Euphorbe a déjà décidé lui-même de quelles espèces seront les heureux élus. Le premier est donc un Brindibou : un oiseau nocturne de type plante et vol. Il est en général attentif aux directives de son maître et plutôt calme. Le second choix s'est porté sur un type feu : Flamiaou, un félin noir rayé de rouge. Je ne suis pas vraiment pour le fait de confier des Pokémons de ce type à des débutants, car ils sont en général imprévisible et puissant, donc difficile à diriger, mais cet espèce est d'un caractère paisible et maîtrisé. Le dernier est l'adorable type eau : Otaquin. Tu connais mon affection pour les créatures aquatiques, mais celle-ci en particulier est absolument craquante avec son petit nez rose, ses nageoires bleues océans et sa collerette plus claire. J'ai totalement craqué pour lui et j'en aurais bien adopté un moi-même, mais je n'avais pas l'argent pour m'en offrir un auprès des éleveurs que j'ai consulté et puis ce n'était pas ma mission.

Pour trouver les bons spécimens, j'ai parcouru Mele Mele de long en large sur le dos de Rodéo pour parler aux spécialistes de ces espèces qui auraient éventuellement des œufs à me confier ou des nouveau-nés. Ma quête n'a pas été aussi facile que ce que j'aurais pensé, même si ces Pokémons ont un caractère agréable, adapté pour des débutants, je voulais trouver des individus particulièrement apte à rassurer et aider leur partenaire humain. Heureusement pour moi, les éleveurs étaient tous très professionnels et m'ont conseillée avec beaucoup de pertinence. J'ai trouvé un œuf d'Otaquin en premier, puis celui d'un Flamiaou et finalement un aimable petit Brindibou, tout juste éclos.

Une autre raison pour laquelle j'ai préféré ne pas adopter de nouveau partenaire, c'est que mon équipe s'est récemment agrandie d'un troisième membre : un Lougaroc ! Enfin, le Rocabot qui nous a suivi et qui m'a aidé, et qui a finalement évolué en Lougaroc, pour être exact. C'est Euphorbe qui m'a expliqué que ces Pokémons, d'ordinaire familier et fidèle, idéal comme compagnon, prenait un caractère plus sauvage et inquiétant alors qu'il s'approchait de leur évolution. Nombreux sont alors les dresseurs qui prennent la décision de les abandonner et de les relâcher dans la nature, effrayés par ce changement de comportement. Mon nouveau compagnon devait être un de ces Rocabots délaissés, qui auraient gardé malgré tout de l'affection pour les humains et le désir de retrouver leur compagnie. Cela explique qu'il nous ait suivi et qu'il m'ait protégée, mais aussi qu'il soit revenu me voir après son évolution, une fois plus calme et sûr de lui.

J'étais en train de dresser les trois Pokémons nouveau-nés dans le jardin du laboratoire, quand j'ai vu une grosse forme quadrupède se dirigeait vers nous à travers la grille. Elise s'est aussitôt envolé pour chasser cet intrus et j'ai du retenir le petit Otaquin qui voulait aussi mettre en pratique son entraînement, mais mon oiseau s'est ravisé et est finalement revenu se percher sur mon épaule, à ma grande surprise. Ce n'est que lorsque j'ai vu un Lougaroc sauvage sortir des herbes que j'ai compris qu'il s'agissait de la forme évoluée du Rocabot qui m'avait aidée, ce qui expliquait le calme soudain d'Elise.

J'ai rappelé tous les Pokémons sur place, même le mien, afin d'être seul avec lui. Je voulais le remercier, mais, à ma grande surprise, lui semblait vouloir rester auprès de moi. Je n'avais pourtant pas fait grand chose pour lui auparavant, ni montré mes aptitudes au dressage ; à peine l'avais-je nourri pendant l'expédition. Néanmoins nous sommes restés un moment l'un avec l'autre, dans le jardin, silencieux, à s'écouter sans mot dire, jusqu'à ce que le soleil se couche et que je dépose une Pokéball devant lui, le laissant faire son choix. Le lendemain matin, je ne trouvais pas de Lougaroc, mais seulement la sphère bicolore et j'ai baptisé mon nouvel ami Sól.

Maintenant qu'il n'aboie plus après Rodéo, les deux s'entendent bien. Elise est toujours un peu grognon, mais bien trop occupée à surveiller les trois jeunes Pokémons pour se préoccuper du nouveau-venu dans l'équipe. J'imagine aussi qu'elle lui est reconnaissante pour mon sauvetage. De mon côté, j'apprécie de bénéficier d'un nouvel œil attentif dans mon travail, car Brindibou, Flamiaou et Otaquin me donne parfois du fil à retorde. Ils sont tous les trois très curieux et lorsque je m'occupe de l'un d'eux en particulier, les deux autres ont tôt fait de partir en vadrouille, afin d'explorer les recoins du laboratoire. C'est comme ça que j'ai retrouvé le petit type eau en train de jouer dans une salle de test et le félin en train de mordiller des livres dans la bibliothèque, seul l'oiseau nocturne se contente de s'endormir sur place si laissé trop longtemps sans attention.

Avec l'aide de Sól, Elise et parfois Rodéo, je progresse rapidement dans le dressage de ces premiers Pokémons en devenir. Je pense que je ne vais pas tarder à les confier une bonne fois pour toute au professeur Euphorbe qui pourra ensuite les remettre aux dresseurs qu'il aura choisi. Je ne connais pas vraiment les heureux élus, le seul dont j'ai entendu parlé c'est Tili, un jeune garçon qui a toujours vécu à Mele Mele et que le professeur connait donc depuis longtemps. Du peu que j'en ai vu c'est un garçon jovial, énergique et fan de combat Pokémon. Personnellement, je le trouve quelque peu insouciant pour réellement faire un bon dresseur, mais les voyages initiatiques ont cela de bon qu'ils forgent le caractère. Puis, tu le sais, je n'ai jamais aimé l'idée de laisser partir des enfants aussi jeune avec Des Pokémon qui le sont tout autant, je trouve l'idée inquiétante. Mais j'ai décidé de faire confiance à Euphorbe et à mes trois petits élèves, qui apprennent vite et sauront protéger leurs futurs partenaires, je n'en doute pas.

Avec toutes ces bonnes nouvelles à te raconter, j'en viens à ignorer ce que tu as le plus envie de savoir : qu'est-ce que je t'ai envoyé avec cette lettre, dans cet énorme paquet que j'ai mis une bonne heure à emballer. Eh bien, c'est un œuf que m'ont offert les éleveurs du Brindibou que j'ai récupéré pour Euphorbe. Apparemment le petit à l'intérieur est vivant, mais étrangement il refuse de sortir de sa coquille, ni le professeur, ni les éleveurs, ni moi-même n'avons réussi à le faire éclore. J'ai donc décidé de te l'envoyer en pensant qu'un changement d'air pourrait être la solution. De plus, personne et surtout pas moi ne remettrait en question tes capacités avec les Pokémons.

J'espère que tu ne m'en voudras pas trop de t'avoir envoyé ce petit cadeau sans t'avoir demandé ton avis, mais j'avais peur que tu refuses et puis j'aime bien les surprises (pas vraiment les mauvaises, certes, mais celle-là sera certainement une bonne, n'est-ce pas ?). Je suis d'autant plus certaine de mon choix que j'ai pu interagir moi-même avec un Brindibou ces derniers jours et ce petit oiseau est fait pour toi, il se plaira à la ferme si tu choisis d'y vivre ta vie.

Car, en plus de prendre soin de cet œuf et du Pokémon qui en sortira, j'aimerais te demander autre chose. Je voudrais que tu viennes me rejoindre à Alola.

Je sais que tu dois voir cette demande comme une de mes nouvelles excentricités ou une des très nombreuses idées farfelues que j'ai eu depuis que nous nous connaissons. Pourtant plus je discute avec les professeurs, les assistants et les habitants de l'île, plus j'ai envie d'aller explorer l'archipel dans son entièreté. Je voudrais partir admirer l'habitat originel des Feunard, voir la forme banc de Froussardine, apprendre à connaître les coutumes locales et visiter les fonds marins sur le dos d'un Sharpedo.

"Mais quel lien avec moi ?" dois-tu te demander. Eh bien cela a tout à voir avec toi. Toutes ces aventures je n'ai pas envie de les vivre seule, je veux qu'une autre perspective m'accompagne et me guide. Si j'ai appris quelque chose pendant tout ce temps loin de toi et de Kalos c'est que la recherche ne se fait pas en solitaire, l'accident durant l'expédition aura au moins eu le mérite de me le prouver. Je ne te ferai pas l'affront du chantage affectif à coût de "Que tu viennes ou pas j'irai et s'il le faut j'irai seule !". Je ne te forcerai pas à venir si tu n'en as pas envie et je partirais avec un autre assistant, un professeur ou j'attendrai d'être prête.

Cela dit, tu ne me retireras pas de l'esprit que tu dois partir, voir le monde et étendre ton regard au delà des limites de ta petite ferme et des Pokémon que vous y élevez avec ta famille. Je sais que tu n'as pas envie de laisser ton père et ta mère seuls, mais ça ne s'arrangera pas avec le temps. Ta sœur, elle, n'a pas eu de remord quant à vous quitter pour vivre sa vie à Illumis et tu ne devrais pas attendre qui que ce soit pour faire tes choix (dit la fille qui essaye de te forcer la main à partir depuis plusieurs lignes déjà).

Ce que j'essaye de te dire, c'est que tu dois trouver ta propre voie et que pour faire ce choix, tu as besoin de points de comparaison. J'ai toujours pensé que je passerais ma vie à étudier les Pokémon aquatiques à l'aquarium de Roche-sur-Gliffe, même ma petite escapade à Alola était pour moi un moyen de m'améliorer pour remplir le rôle que je m'étais toujours vue jouer. Mais voir toutes ces choses nouvelles, ces personnes et ces Pokémons, ces lieux merveilleux, tout cela a changé ma perspective et me voilà donc face au doute de mes choix initiaux. Ce n'est certes pas un sentiment agréable, mais je pense qu'il vaut toujours mieux que des regrets. Je sais que tu t'ennuies déjà à Kalos et je sais que ce sentiment ne pourra pas s'améliorer avec le temps. Quitter la ferme de tes parents ne signifie pas non plus que tu ne les aimes pas, ni les personnes, ni le lieu, juste que tu entames tes propres recherches personnelles. Peut-être que ton choix sera d'y retourner une fois que tu auras pu changer tes perspectives.

J'espère que mes conseils auront trouvé une oreille attentive et, le cas échéant, j'espère ne pas t'avoir trop ennuyeux avec ceux-ci. Je te souhaite d'y réfléchir et de prendre la décision qui te conviendra le mieux.

Je t'accompagne en pensée et en acte, alors que je prépare un nouveau changement dans mes études, je saurai attendre ta décision.

Dans l'attente de ta réponse, je t'embrasse,

Ta chère amie,

Sélène. »

Aurel laissa tomber les pages dans le creux de ses jambes croisées et pencha la tête en arrière, contemplant les poutres épaisses au plafond. Il ferma les yeux et fronça les sourcils, cherchant à reprendre le cours de sa pensée. Il reconnaissait sa pensée et son état d'esprit dans ce que lui avait écrit la jeune femme, il pensait d'ailleurs que sa réponse à la dernière lettre qu'elle lui avait envoyée n'était pas étrangère à sa proposition. D'une façon ou d'une autre, elle avait senti que tout ce qu'il lui fallait c'était un encouragement pour partir. Pourtant, la décision n'en restait pas moins difficile à prendre.

Il secoua la tête et s'empara du paquet avec précaution, l'attirant à lui. Il défit les lanières et autres épaisseurs de rubans adhésifs pour enfin ouvrir le gros carton épais. L'intérieur était rempli de grosses boules de mousse et de polystyrène qui lui sautèrent au visage quand il finit enfin par dégager une ouverture. Il creusa dans ces amas mous qui s'accrochaient à ses vêtements et à la fourrure de Fifi, tentant de sortir une forme, elle-même emballée dans plusieurs couches de papier bulle. Il y trouva finalement un incubateur, à l'intérieur du quel reposait un œuf beige et marron, piqueté de tâches vertes. Avec d'infini précaution, il ouvrit la machine et prit dans ses bras son futur Pokémon. Un sourire apparut sur son visage et il commença à bercer doucement ce qu'il considérait déjà comme un petit bébé, le Couafarel fixant d'un œil curieux ce nouveau-venu qui ne bougeait pas encore.

Aurel s'était occupé de nombreuse fois d'œufs et de nouveau-nés, la perspective d'en prendre un à sa charge ne l'effrayait pas. Mais il choisit de lier sa décision finale au destin de ce Pokémon : s'il parvenait à le faire éclore, il partirait lui montrer sa terre natale : Alola. S'il échouait, en revanche, il resterait ici. De toute manière il ne se voyait pas quitter sa ferme natale retrouver Sélène pour lui montrer son échec.

Il s'adossa à nouveau au canapé et sourit doucement : les prochaines semaines allaient être intéressante. Sa main se posa dans les poils de Fifi, alors que ses muscles se détendaient un à un, étrangement reposés. Il reporta son prochain courrier à Sélène au jour de sa décision finale, se laissant le temps de réfléchir et d'agir en adéquation, en espérant que ses aptitudes lui feraient faire le bon choix.