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Pokemon Jones et les aventuriers d'Alola de sirerobert



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» Auteur : sirerobert - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 14:12
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 14:28

» Mots-clés :   Action   Aventure   Kalos   Présence d'armes   Romance

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Chapitre 04
Seulement Charlotte ne put s'activer longtemps avant d'être interrompue par un cri perçant. Il provenait de la forêt et semblait avoir été poussé par une femme ou un enfant. Charlotte se tétanisa, un sac de couchage dans les bras et se tourna vers Jones.

"Qu'est ce que c'était?
- Aucune idée, mais on ne va pas rester là à se le demander. Cette personne avait l'air d'avoir besoin d'aide. Allons y!
- Tu es sûr? Tu n'as pas pris assez de coups pour aujourd'hui?
- Là n'est pas la question voyons.
- Merveilleux, un preux chevalier!"

Jones se mit péniblement debout et partit en direction du cri, suivi comme son ombre par la charmante Charlotte. Ils n'eurent pas de mal à s'orienter car le hurlement se répétait à intervalle régulier, bientôt accompagné d'un grondement sourd. Mais ils mirent du temps à le localiser précisément à cause de la densité des buissons, et ce malgré l'aide précieuse apportée par Kabutops et son attaque coupe.

Mais, à force d'avancer et de chercher, ils tombèrent sur une scène digne d'un jeu vidéo. Un garçon était adossé à un gros tronc d'arbre. Devant lui, un minuscule Rocabot le protégeait en grondant et en montrant les dents à un trio de Lucanon très agressifs. Le pauvre Rocabot était harcelé dans tous les sens. Un coup par la gauche puis un par la droite, il ne savait où donner de la tête. À ce rythme, le petit chiot ne tiendrait pas longtemps, et le gamin serait alors à la merci des trois gros insectes électriques.

Malgré ses contusions, Pokemon Jones se précipita à la rescousse du garçonnet. Mentalement, il passa en revue ses troupes. Jurazyk serait le plus apte à ce combat, mais il était carrément hors course. Son Kranidos, son Kabutops et son Megapagos étaient bien fatigués. Il lui restait Titi et Mama, il hésita mais décida finalement de lancer le puissant Rexillius dans la mêlée.

D'un puissant rugissement, il attira l'attention des trois guêpes et lança une puissante attaque Draco-Queue. Malheureusement, les Lucanons étaient très rapides et très agiles. D'un battement d'ailes bleutées, ils esquivèrent l'attaque dragon. En suspension dans les airs, leurs puissantes mandibules se chargèrent d'électricité puis, ensemble, trois arcs de lumière brillante jaillirent vers Titi et le frappèrent de plein fouet. Mais le gros lézard était résistant, d'autant plus que le type roche ne craint guère le type élec. Il répliqua avec son énorme gueule, parée de dents plus tranchantes que des rasoirs, par une série d'attaques mâchouille qui, comme la précédente attaque, ne rencontrèrent que de l'air.

Le combat aurait put durer une éternité, se limitant à un échange peu fructueux d'attaques électriques peu efficaces et d'attaques mâchouilles esquivées. Mais Charlotte décida d'entrer dans la danse. Si elle n'était pas une top dresseuse, elle avait toutefois des bases solides en combat Pokémon. Le danger principal de ce combat se limitait à la rapidité des Lucanons.

Elle devait donc agir par surprise, pendant qu'ils étaient occupés. Sans même que Jones ne s'en rende compte, elle sortit de leurs pokéball un Papillusion, un Papinox et deux Prismillon. Si les deux premiers étaient tout à fait commun, les deux Prismillon étaient carrément atypiques, si ce n'est même uniques. Plutôt que d'avoir les couleurs bigarrées et chatoyantes qu'ils arboraient habituellement, ils étaient foncièrement noirs. L'un avait des petites griffures jaunes or sur la base des ailes. Quand à l'autre, des tâches rouges vif ornait le haut des ses ailes comme des coulées de sang frais.

En chuchotant, elle leurs donna ses consignes :

"Lavande, Mimosas et Coquelicot vous prenez discrètement de l'altitude, puis au signal vous lancez tout les trois sur la mêlée une attaque poudre dodo. Quand à toi Fleur de nuit, une fois tout ce petit monde endormi, tu balance Tornade en plein dans le tas. Je n'aurai plus qu'à ramasser les morceaux avec mes pokéball."

Les trois papillons, d'un battement d'ailes léger, prirent leur envol et, tout doucement, laissèrent tomber leurs spores soporifiques dans la bataille. Le gros Rexillius commençait à marquer le pas, ses attaques étaient moins puissantes, mais brassaient toujours autant d'air. Les Lucanons, eux, redoublaient d'efforts dans un vrombissement d'ailes entêtant, et les arcs électriques n'en devenaient que plus intenses et lumineux. Titi, le plus fatigué, s'endormit le premier et s'écroula sur le sol de tout son long, le faisant trembler. Mais les Lucanon ne purent guère savourer leur victoire, car ils le rejoignirent presque aussitôt au pays de Morphée, en tombant endormi tout doucement comme une feuille d'automne.

Le jeune garçon et son ami à quatre pattes étaient sauvés. Pokemon Jones, surpris, regarda autour de lui d'un air ahuri. Mais il aperçut Charlotte qui ordonnait à son Papynox de lancer une attaque Tornade qui ravagea tout sur son passage, amis comme ennemis. Puis, d'un geste assuré, captura les trois agresseurs. Elle se tourna vers Jones, tout sourire :

"Encore des échantillons, je suis bien plus efficace que toi."


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Il ne chercha pas à se chamailler avec sa ravissante compagne, malgré son attrait pour cette discipline. Il porta son attention vers le gamin qui se blottissait, la tête dans la fourrure de son Rocabot. L'explorateur s'approcha et de sa voix la plus douce lui demanda: "Ça va aller bonhomme?" Et comme il n'eut pas de réponse il insista un peu.

"Quel est ton nom? Moi c'est Pokemon Jones et voici Charlotte. Tu as été très courageux et ton Rocabot aussi. Tu habites loin d'ici? Viens, on va te raccompagner avant qu'il ne fasse complètement nuit.
- Je m'appelle Tico. Et le village est par là-bas. Mais j'ai peur de me faire gronder.
- C'est fort probable, mais c'est mieux que d'être blessé tu ne crois pas? Tu va rester un petit peu avec Charlotte pendant que je vais chercher notre matériel, et puis on rentrera au village. Je pourrais raconter comme tu as été courageux, et peut-être que tu te feras moins gronder. "

Le gamin hocha la tête et Jones partit rassembler le matériel pendant que Charlotte s'assurait que Tico n'était pas blessé. Puis, tout les trois se mirent en route le long d'un petit chemin qui serpentait entre les arbres majestueux et les broussailles touffues. Après une longe marche pour un petit Tico fourbu, ils arrivèrent au village du garçonnet.

La nuit était maintenant complètement tombée, et c'est à la lumière des fenêtres qu'ils le découvrirent. C'était un modeste rassemblement de modestes maisons, la plupart en bois, aux peintures colorées. Il y en avait même encore quelques unes avec le toit en palmes de palmier. Tico désigna la plus grande bâtisse, vert pastel avec des fenêtres aux cadres blanc. Ils s'en approchaient lorsque la porte s'ouvrit d'un claquement, projetant dans la nuit un gros rai de lumière chaleureuse. Une femme se précipita à la rencontre du groupe et serra très fort le jeune garçon dans ses bras.

Dans l'encadrement de la porte se découpa une silhouette trapue, sûrement le père de l'enfant, et son ombre massive semblait comme aspirer la lumière.

"Papa est le chef du village," expliqua-t-il d'une petite voix "il va être furieux contre moi."

Jones s'approcha de la maison et distingua un peu mieux le personnage. S'il avait un regard dur et une carrure imposante, rien ne laissait penser qu'il était cruel et c'est même avec chaleur qu'il les accueillit.

"Soyez les bienvenus au village, vous qui ramenez mon fils égaré. Vous nous épargnez bien des soucis et bien des sanglots.
- C'est fort aimable à vous, le petit bonhomme à vécu un dur moment et mérite un bon repas et une nuit de sommeil tranquille.
- Le problème c'est qu'il lui arrive souvent de durs moments, dit-il en fronçant les sourcils, on verra plus tard ce qu'il mérite. En attendant entrez et partagez notre repas, vous nous raconterez quelles sottises il a encore inventées. "

Et tous pénétrèrent dans la chaleureuse demeure, si accueillante après les incidents de la journée. Ils passèrent rapidement à table et y discutèrent un long moment. D'abord de l'aventure du petit Tico, un petit garçon plein de bonne volonté mais très remuant et carrément casse-cou. Puis la discussion bascula vers le voyage de Jones et les raisons de leurs venue sur l'archipel.

D'abord très vague sur leur mission, les questions habiles de leur hôte et sa connaissance des mythes et légendes locales délièrent les langues. Finalement, ils en vinrent à débattre des localisations possibles du géant aux pieds dans l'eau.
D'un coup, le chef du village s'arrêta net, comme frappé par une évidence. Il venait de se remémorer la langue des anciens et en particulier l'ancien nom d'un pic se situant sur une ile à côté de celle-ci :

"Nunuikawai!
- Pardon? Demanda Jones
- Nunuikawai, je viens de me rappeler ce nom, ça pourrait se traduire par le géant dans l'eau."

Le silence se fit dans la salle à manger. Le petit Tico dormait sur la table, les bras croisés devant son assiette et, à ses pieds, son petit Rocabot était dans le même état. Sa mère sembla alors l'apercevoir, le prit dans ses bras et le porta jusqu'à son lit. Jones était pensif et fini par reprendre la parole.

"Nous avons peut être bien la réponse à nos questions. Vous n'avez pas d'histoire ou d'anecdote sur ce Nunuikawai?
- Non pas comme ça, par contre demain matin je vous amène jusqu'à ce pic et nous verrons bien sur place.
- Pas question, nous n'avons pas en face de nous des rigolos. Vous avez une femme et un charmant bonhomme, je ne vous laisserai pas prendre des risques inutiles. Donnez-nous simplement des indications et nous trouverons tout seuls.
- Vous avez sauvé mon fils, j'ai une dette. Quel chef, quel homme et quel père je ferais si je ne m'acquittait pas de mes dettes? Demain, on prend ma barque et on traverse le bras de mer direction Nunuikawai!
- Et ce n'est pas négociable?
- Absolument pas. Mais il est tard, et vous avez besoin de repos. Je vais vous installer dans une petite cahute derrière la maison. C'est un peu rustique, mais vous pourrez y passer une nuit tranquille dans un vrai lit.
- Avant d'aller me coucher je voulais savoir si il y aurait un Pokécentre dans le village pour soigner mon Ptéra?
- Hélas non, nous avons un soigneur pour les blessures bénignes, mais si il est K.O. vous devrez vous rendre en ville."

La cahute était des plus rudimentaire, de forme ronde avec un feu qui brûlait dans l'âtre, éclairant une table en bois, deux chaises et un grand lit sur le côté. Un buffet complétait le mobilier avec, posé dessus, un broc d'eau. Ils rirent de l'incongruité du lieu et de devoir dormir dans le même lit. Mais ils seraient plus confortablement installés qu'à la belle étoile.

Jones entreprit de se dévêtir pour soigner comme il le pouvait ses contusions. Enlevant sa chemise il révéla des bleus énormes sur le torse, venant s'ajouter au coquard distribué par le Concombaffe. Charlotte s'approcha, fascinée par ce corps tuméfié, et effleura du bout des doigts une des tâches violacées. Jones sursauta.

"C'est douloureux?" Lui demanda-t-elle.
"Un peu, les Quartermac n'y sont pas allés molo."

Tout doucement elle déposa un baiser sur le torse contusionné. Et avec son doigt elle remonta jusqu'à un bleu se trouvant sur l'épaule.

"Et là, ça fait mal aussi?"
Jones répondit oui d'un petite voix à peine audible. Elle déposa un autre baiser léger sur l'épaule musclée du paléontologue. Ses doigts virent effleurés la pommette de Jones.

"Et là ?"

Jones hocha la tête, puis désignant la commissure de ses lèvres il ajouta :

"Ici aussi."

Elle déposa un délicat baiser juste à côté de la bouche de Jones. Les lèvres glissèrent, se rencontrèrent et échangèrent un long baiser intense. Le baiser s'éternisait, devint de plus en plus fougueux. A l'extérieur de la maisonnette, de tout petits Pokemon, le ventre doux et rond comme de petits grains de pollens dorés, se mirent à tournoyer de leurs petites ailes satinées comme pour bénir de leur grâce le couple ainsi formé.
Car c'est bien connu, les Bombydous peuvent discerner les auras des plantes, des hommes et des Pokemons. Et il est dit que les sentiments forts des humains donnent des auras colorées proches de celles de fleurs pleinement épanouies, riche en pollen et en nectar. Et y a-t-il plus fort sentiment que l'amour?

Le matin vit Pokemon Jones sortir de la cabane pour aller assouvir un besoin qu'il n'avait pu assouvir durant la nuit. Mais il tomba nez à nez avec un Quartermac assis en tailleur devant l'ouverture. Jones fut tout de suite sur le qui vive, prêt à encaisser la moindre attaque du grand singe. Mais rien ne vint. Il était calmement assis à regarder le paléontologue.

Celui ci le contourna et se dirigea vers l'orée du bois pour se soulager. Le Quartermac se leva et le suivit, le regarda uriner mais ne fit pas un geste de plus. Et lorsque Jones s'en retourna vers sa hutte, le Pokemon le suivit à nouveau pour reprendre sa position initiale, laissant notre professeur plein d'interrogations.

Pendant qu'il se préparait, Jones raconta à Charlotte la scène invraisemblable qui venait de se dérouler, et lorsqu'ils furent habillés, lavés et maquillés (allez comprendre l'intérêt féminin de se maquillé dans la jungle), ils sortirent pour se trouver nez à nez avec le Quartermac. Ils allaient le laisser là tout seul quand le père de Tico sortit à leur rencontre.

"Un problème avec ce Quartermac?
- Un problème? Pas vraiment. Il est là tranquille depuis tout à l'heure. Il me suit mais ne fait rien d'autre.
- C'est pas celui que tu as battu hier?
- Peut être, je ne saurais pas distinguer deux Quartermac.
- Il est dit que les Quartermac ne respectent que les dresseurs qui savent manier correctement leurs pokéball. Si tu l'as impressionné hier, il t'as sûrement choisit comme dresseur. Essaie une ball."

Charlotte lui jeta une de ses pokéball dessus mais d'un revers de la main le Quartermac la repoussa.

"Non, c'est Jones qui l'a battu, c'est à lui de le capturer."

Elle tendit alors une de ses pokéball à son compagnon qui la lança vers le grand singe. Il disparut dans un rayon de lumière puis la pokéball tomba au sol, bougea une fois, deux fois, trois fois et s'immobilisa sur l'herbe. Dans les arbres, un sifflement de tristesse s'éleva comme un sanglot, et un petit Plumelin s'envola mettant un point final à cette rencontre sportive.

Ils déjeunèrent gaiement avec toute la famille réunis, mais le moment du départ fut plein de cris et de larmes. Le petit Tico tenait absolument à faire partie de l'aventure. Son père se fâcha et il dû le punir pour se faire obéir. Ils se dirigèrent vers une petite rivière non loin du village puis, à bord d'un petit bateau à moteur, gagnèrent la grève puis la haute mer.


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Sur les coups de midi, ils débarquèrent sur la plage au pied du mont Nunuikawai. C'était une plage minuscule de sable et de galets mêlés, loin de ce que l'on voit sur les cartes postales. D'imposantes falaise s'en élevaient, presque abruptes et pleines de fissures. Elles se dressaient très hautes et semblaient se perdre contre les flancs d'une montagne géante coiffée de neiges éternelles. En levant les yeux vers ce bloc de roche, on comprenait pleinement la métaphore de géant. On se sentait comme écrasé par la seule présence de la montagne et l'on s'attendait à tout moment à voir un pied immense se découper de la falaise pour nous écraser, comme si l'on n'était rien.

Tout les trois déjeunèrent d'un pique-nique délicieux, préparé par la maman de Tico. Et, malgré ses insistances pour rester, les deux occidentaux congédièrent le chef du village. Jones et Charlotte passèrent l'après-midi à chercher une grotte, une cavité ou une entrée dans la falaise. Jones escalada même la paroi sur quelques mètres sans grand résultat. Et, au soleil couchant, il durent se rendre à l'évidence : pas l'ombre d'une caverne.

"Il doit bien y avoir une entrée quelque part! Ce temple ne doit pas être bien différent de celui de la jungle.
- On a peut être loupé quelque chose? Ou alors l'entrée est plus loin, sur une des autres faces de la montagne.
- On a passé l'après-midi sur cette plage, je ne pense pas avoir loupé quoi que ce soit.
- Alors c'est plus loin.
- Ou plus haut.
- Ou plus haut.
- Toujours est-il que l'on ne va pas chercher dans le noir, on risque de louper un indice et surtout de se rompre le cou."

Et, pour une troisième fois, ils installèrent leur campement. Mais, cette fois, au lieu de mettre leur couchage autour du feu, ils les installèrent côte à côte. Ils pourraient se réchauffer mutuellement, et cela tombait bien car la plage ne procurait rien d'autre à brûler que des algues et des coquillages.
La nuit se passa tranquillement.

Charlotte se réveilla bien en sursaut à un moment, la place à côté d'elle était vide et Jones envolé. Mais elle n'eut pas à s'inquiéter longtemps. Elle le vit à quelques mètres d'elle, sombre silhouette se découpant face à la mer qui miroitait les rayons de la lune. Le sommeil devait le fuir et il réfléchissait à l'énigme que lui proposait la secte. Au petit matin, il réveilla sa douce Charlotte.

"L'ouverture de la grotte doit être plus haut, on va petit-déjeuner et je vais grimper jusqu'à l'espèce de plateau.
- C'est haut, tu vas te rompre le cou.
- J'en ai vu d'autres.
- Moi aussi j'ai réfléchi cette nuit et sans bouger de mon sac de couchage. Et si l'entrée était sous l'eau, une grotte sous-marine? Le géant aux pieds dans l'eau et non pas le géant aux pieds sur la plage.
- Non laisse-moi faire, j'y ai pensé toute la nuit. Et puis ... c'est peut-être toi qui a raison finalement. Une grotte sous-marine, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt. Tu es merveilleuse."

Il déposa un baiser sur son joli sourire. Il se tourna vers la plage et scruta avec attention les profondeurs de l'océan, comme si des yeux pouvaient passer outre les rouleaux des vagues déferlant sur le rivage. Il faudrait plonger profond et sûrement chercher longtemps pour trouver cette entrée, si on ne se faisait pas croquer par un Froussardine avant. Et sans parler de tout les danger inconnus, ça n'allait pas être une partie de plaisir. Mais Charlotte, d'un ton enjoué, se proposa :

"Tu me prêtes ton Megapagoss?
- Pour quoi faire?
- Pour plonger chercher la grotte évidement.
- Tu va pas y aller, tu as oublié le Froussardine?
- Il te dévorera aussi bien que moi. Et de toute façon je nage mieux que toi je suis sûre."

Et, mettant fin au débat comme elle savait si bien le faire, elle commença à se déshabiller.

"Tu te retournes s'il te plaît?
- Pourquoi?
- Le temps d'enfiler mon maillot!
- Je t'ai déjà vue nue...
- C'est pas une raison, retourne-toi!"

Pendant qu'il s'exécutait, Charlotte finit de se dévêtir et enfila son bikini jaune qui lui allait si bien au teint. Puis elle couru le long de la plage et plongea en riant dans les rouleaux. Elle réapparut après la ligne des vagues et fit de grands gestes avec ses bras. Jones, bon gré mal gré, se résigna et invoqua son Pokemon tortue.

Après lui avoir transmit ses instructions, l'animal suivit le même chemin que Charlotte, bien que de façon moins gracieuse et agile. Une fois arrivé à hauteur de la jeune scientifique, celle-ci agrippa la carapace et tout deux disparurent dans les flots.
Jones resta seul et inquiet sur la plage à guetter le moindre signe de danger. Il aperçut bien à un moment un aileron, mais il n'était pas sûr que ce ne fut pas qu'une illusion.

Au bout d'un moment D'jack réapparut seul à la surface. Notre explorateur fut prit d'un moment de panique, mais devant l'air calme du Megapagoss il retrouva vite le sien. Si quelque chose était arrivé à Charlotte il serait bien plus agité que ça. Elle avait donc trouvé l'entrée, ou tout du moins une grotte. Il regarda les deux sacs posés dans le sable. On n'allait pas les laisser là. Il se mit nu, n'ayant pas prévu ce voyage comme des vacances et du coup pas prit de maillot de bain.

Il rangea ses affaires dans son sac, en espérant que ça suffise à les protéger de l'eau. Il entra dans l'eau, les deux sacs au dessus de la tête. Il passa la première vague, mais la seconde faillit bien le noyer. Il s'en sortit, ainsi que les sacs secs et finit par atteindre D'jack sur lequel il se débarrassa de son fardeau.

"Allez D'jack! Montre moi où est parti Charlotte. "

Ils plongèrent tout les deux dans l'océan en direction du silence océanique que procure le fond des mers. Il n'y eut pas de questions à se poser. La falaise faisant comme une marche géante sur laquelle était posée la plage et la crique. En dessous, elle se prolongeait indéfiniment jusqu'aux profondeurs abyssales, toute tapissée d'algues vertes et bleues turquoise. Des bancs entier de Lovedisc nageaient aux côtés de bancs de Mamando comme autant de boules de noël roses sur un sapin. De nombreuses Viskuse flottaient entre deux eaux, seulement dérangées par le passage de Loupio énergiques et d'Ecayons majestueux. On pouvait voir des Coquiperles agrippés tant bien que mal à la paroi, protégés par de majestueux Rosabys. Et, jouant à cache cache entre les algues, des centaines de petit Venalgues et Hypotrempes qui se chamaillaient gentillement. Un véritable ballet de bleus, de verts et de roses.

Mais en plein milieu se trouvait un vaste entonnoir donnant sur une sombre ouverture indiquant, comme sur une autoroute, la voie à suivre.

C'est naturellement vers ce puits que Charlotte s'était dirigée. Naturellement, c'est vers ce puits que Jones, agrippé à sa tortue, se dirigea. Il déboucha comme prévu dans une caverne avec au milieu, comme vous l'avez deviné, Charlotte dans son bikini jaune. Il faisait extrêmement sombre dans cette grotte, Jones dut bien sûr chercher une lampe torche pour s'éclairer. Il en profita pour se sécher et se rhabiller dans sa tenue fétiche, presque pas mouillée.

Il enjoignit Charlotte de faire de même et en profita pour scruter la pièce. Est-il besoin de la décrire à nouveau? Faite de pierre noire très sombre et parsemée de veinules de quartz rosées avec, au centre, un cercle de trous autour d'un central. Tout était comme dans la caverne de la forêt, mais avec Claire en moins.
Jones s'approcha de la fresque et appela sa compagne.

"Ce gros cristal au cœur d'une étoile, c'est la représentation du dieu de lumière. Les sept rayons qui s'en échappent représentent le don des sept fossiles. Ces représentations humanoïdes, ce sont les sept gardiens. Regarde, leurs cœurs sont représentés par des spirales comme les fossiles. Le reste de la fresque parle de la venue du prophète et de ses apôtres ..."

Jones décrivit pendant plus d'une heure la fresque dessinée sur le mur, puis il se concentra sur le prochain problème. Il fallait ouvrir le passage secret et le paléontologue n'avait plus un seul Zarby à disposition. Il lui restait bien la pokéball de Pachy mais elle avait perdu depuis longtemps son éclat rose translucide. Par acquis de conscience, il la posa dans le trou central.

Comme une clef tournant dans une serrure, un espèce de déclic se produisit et le chant sourd se fit entendre. Les veinules de quartz se mirent à briller et la pokéball de Pachy vira à nouveau au rose translucide. Jones poussa un soupir de soulagement et reproduit les mêmes gestes que précédemment. Le Kranidos jaillit de sa pokéball et fonça tête baissée dans la paroi devenue inconsistante.

Derrière se trouvait, bien entendu, un escalier, mais au lieu de descendre dans les profondeurs des enfers, il montait plutôt vers la noirceur d'un ciel d'orage. L'ascension fut pénible, longue et lente. Jones inspectait chaque marche, pour éviter de se prendre un Grolem sur le coin de la figure. Tout se passa bien jusqu'à la dernière qui semblait aussi piégée que dans l'autre temple. Si le schéma se répétait, l'exploration allait être des plus simples.

L'escalier déboucha dans le même couloir sombre avec les mêmes dalles claires en travers. Jones avança avec précaution, sondant le sol à chaque pas. La traversé ne posa aucun problème, les dalles basculaient comme il s'y attendait et même la dernière avec la même ruse. Puis ils débouchèrent dans la cathédrale de ce temple.

Elle, par contre, était foncièrement différente. C'était un grand plateau à ciel ouvert, de trois côtés des parois de roche immenses et pour le quatrième une vue plongeante vers le bleu profond de l'océan. D'une des parois de pierre jaillissait une rivière souterraine sous la forme d'une cascade. Elle remplissait toute une partie du plateau d'un grand miroir d'eau peu profond reflétant le ciel si bleu puis qui s'écoulait ensuite en direction de l'océan. On trouvait bien sûr sur la partie sèche des rangées de sièges pour les fidèles et un autel aussi majestueux que celui dans la forêt. Derrière l'autel, le même rideau, en aussi bon état, qui révéla une volée de marches qui montaient encore et toujours.

Ils s'engagèrent dans l'ascension, évitèrent la dernière marche et débouchèrent dans la salle au damier. Le même sol de dalles noires, grises et blanches et le même plafond de stalactites menaçant. Cette fois plus question d'esquiver l'épreuve grâce à Jurazyk, il allait confronter sa théorie à la réalité. Une nouvelle fois, la clef était prudence, confiance et arrogance. Blanc pour la prudence, gris pour la confiance et noir pour l'arrogance. Sur la première rangée il fallait marcher sur une dalle blanche. Sur la seconde rangée sur une dalle grise et sur la troisième sur une dalle noire. Et recommencer ainsi de suite jusqu'à la porte.

Jones expliqua ce qu'il allait faire à sa compagne et avec un peu d'appréhension s'élança sur le damier. Blanche, grise, noire, il sautait de dalle en dalle. Blanche, grise, noire tout semblait bien se passer. Blanche, grise et Jones dérapa, chancela mais réussis à se rétablir. Noire, blanche, grise, noire et il continua comme ça jusqu'aux bout.

Une fois de l'autre côté, et comme rien ne lui était tombé sur la tête, il fit signe à Charlotte de le rejoindre. Tout en grâce, elle sauta de dalles en dalles pour rejoindre le charmant paléontologue et ensemble entrèrent dans la salle de l'hélix.

Là, posé sur son piédestal, le fossile Hélix les attendait. Sa beauté subjugua Charlotte, qui resta à l'entrée à le contempler dans son rayon de lumière blanche. Jones joua le mec blasé, mais en son for intérieur il ne pouvait que comprendre la belle jeune femme. Tellement gracieux, tellement parfait et tellement lumineux, ce fossile ne pouvait que vous toucher.

Mais Jones était bien décidé à ne pas moisir ici. À tout moment les cinglés en bure blanche pouvaient se pointer. Il se dirigea vers le centre de la pièce en sortant de son sac une réplique en plâtre.

"Ce n'est pas grand chose, mais un fossile en plâtre fera illusion le temps que l'on s'enfuit."
- Il est quand même beaucoup plus blanc que l'original!
- Je vais le passer un peu dans la poussière, regarde comme ça il fait moins neuf.
- Je ne suis pas convaincue, mais on verra bien. "

Jones bloqua sa respiration et d'un geste échangea les deux objets. Rien ne se passa contrairement à la dernière fois. Il leva les yeux vers le plafond, guettant la moindre vibration, mais le temple ne frémit pas, le sol ne trembla pas et le silence se perpétua. Il avait réussi son tour de passe-passe cette fois.
Ce n'était pas une raison pour traîner ici, car le plus dur restait à faire : rapporter le fossile à Roche-sur-Gliffe. Il le remballa dans son sac et tout deux quittèrent la pièce pour se rendre dans la cathédrale.


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Ils refirent le chemin en sens inverse jusqu'à la cathédrale, mais au lieu de poursuivre par où ils étaient arrivés Jones leva les yeux en l'air et scruta le sommet des parois. Il leur fallait se rendre au plus court vers la ville et elle était de l'autre côté de la montagne et non pas sur la plage. Si ils arrivaient à escalader ce mur et à disparaître dans les montagnes ils feraient une pierre deux coups. Ils disparaîtraient, compliquant les recherches et se dirigeraient directement vers leur but. C'était un gros risque à courir mais les retombées seraient très profitables. Il exposa rapidement son plan à Charlotte et sortit son nouveau compagnon, le Quartermac récemment capturé.

"Tu vois cette corde? Est-ce que tu es capable de grimper pour la fixer au sommet?
- Quarter quarter maaaac!"

Et le grand singe se saisit d'un bout avant de se ruer à l'escalade de l'obstacle désigné. Il ne fut pas long à atteindre le haut où il fixa la cordée. Puis il fit de grands signes vers le bas en direction de son dresseur.

L'ascension pour Jones fut plus laborieuse et encore plus pour Charlotte, bien plus à l'aise à nager en maillot qu'à grimper sur des cailloux. Mais ils s'en sortirent tout de même en un seul morceau et débouchèrent sur un vaste plateau rocailleux. Très peu de végétation, de petit arbustes et beaucoup de rochers plus ou moins imposant parsemaient le paysage. Charlotte envoya son Papillusion en éclaireur, à la recherche d'un sentier. Mais en attendant son retour, il commencèrent à se diriger vers leur salut.

Lavande ne tarda pas à revenir et les guida jusqu'à un sentier tortueux qui disparaissait entre deux pics. Ils ne se firent pas prier et pressèrent le pas sur ce chemin opportun.

Ils marchèrent un long moment, avant que Jones n'ordonne une halte pour grignoter un peu et se reposer. Mais il semblait inquiet, l'oreille aux aguets, prêt à entendre le moindre signe de poursuite. Un cri peut-être, ou des bruits de course précités, mais pour le moment, tout était calme. Peut-être même trop calme, mais à quoi bon s'en faire pour rien. Il allait finir par tourner parano.

Ils ne traînèrent tout de même pas sur place et reprirent rapidement leur route. Ils avançaient bien, jusqu'à ce qu'ils débouchent sur un profond ravin au fond duquel sautait et dansait un torrent de montagne. Au travers du ravin semblait avoir été jeté là, comme par mégarde, un pont de bois et de cordes comme l'on n'en voit que dans les films. Il était là, menaçant, oscillant à chaque courant d'air. Et pourtant sa traversée semblait inéluctable, à moins de rebrousser chemin. Pour couronner le tout, un rugissement lointain, où plutôt un feulement, résonna dans les montagnes. Il glaça le sang de Charlotte et Jones essaya de la rassurer :

"Ce n'est qu'un Pokemon sauvage. En plus il est loin. Et de toute façon il ne s'attaquerait pas à deux dresseurs, on aurait de quoi le recevoir.
- Tu es sûr que ce n'est pas la secte?
- Ce ne sont pas des indiens, ils ne communiquent pas en faisant des cris d'animaux. Concentrons nous plutôt sur le passage de ce pont. Je vais passer le premier pour voir si il tient bon. Tu me rejoindras lorsque je serais de l'autre côté."

En disant cela, il accrocha la corde à la taille si fine de sa chère amie puis il l'enroula un coup autour d'un poteau du pont, se fixa l'autre extrémité à la sienne et commença sa traversée. En plein milieu, forcément, il passa au travers d'une planche pourrie et manqua d'être précipité dans le torrent. Mais il se rattrapa bien et seule une de ses jambes pendit dans le trou.

Une fois de l'autre côté, il encouragea Charlotte à le rejoindre, mais toutes ces aventures commençaient à être de trop pour elle et ses nerfs étaient sur le point de lâcher. Il fallut tout le calme et la persuasion de Jones pour qu'elle s'engage enfin sur le pont branlant et qu'à pas lents et assurés, elle ne traverse le gouffre.
De l'autre côté, Jones déposa son sac à dos et accueillit Charlotte dans ses bras. Une longue étreinte apaisante lui permit de calmer la belle et de faire redescendre son rythme cardiaque.

Mais tout à coup ils furent percutés par une masse sombre et tombèrent lourdement au sol. Jones se releva laborieusement et observa la scène. Charlotte glissait en direction du ravin accompagné par le sac à dos contenant le précieux fossile. Et, de l'autre côté, un Persian sombre les regardait d'un air mauvais. Ils se trouvaient très certainement face à l'une de ces nouvelles formes d'Alola, cause de leur expédition. Outre la couleur gris anthracite remplaçant le beige traditionnel, le Persian d'Alola avait une tête beaucoup plus ronde et semblait plus trapu que son cousin bien connu. Il ne connaissait rien de son comportement, mais sa façon de les lorgner en faisant des va et vient devant eux ne laissait rien présager de bon.

Jones reporta son attention sur sa camarade. Elle était en très mauvaise posture, les jambes dans le vide, elle essayait de se cramponner en hurlant. Le sac de Jones était aussi en difficulté, il glissait toujours lentement et bientôt basculerait dans le vide à tout jamais. Jones hésita, la vie si précieuse de Charlotte ou le trésor inestimable que contenait son sac?

Mais déjà il était trop tard, le sac bascula et Jones se précipita vers son amie en détresse et se jetant à plat ventre la rattrapa par les mains. Elle hurla. Et avant même de s'être retourné Jones avait sorti son fouet d'une main pour le faire claquer au nez du Persian d'Alola qui les attaquait. Un coup de fouet sur le museau, puis un second suffirent à lui faire rebrousser chemin vers ses montagnes. Et Jones put s'appliquer à remonter Charlotte à l'abri du vide. Seulement, le fossile venait de disparaître dans les flots tumultueux du torrent de montagne.

Jones se pencha sur le bord à la recherche du trésor, mais pas de miracle, le sac ne pendait pas accroché à une branche. Il scruta les remous, sans succès non plus, le sac devait déjà être loin. Il se demanda où se jetait ce cours d'eau, mais c'était peine perdue pour le moment. Il sortit son Quartermac de sa pokéball et lui ordonna de descendre pour fouiller le lit de la rivière. Mais malgré tout ses efforts, le pauvre Pokemon ne trouva rien. Il fallait se rendre à l'évidence, le fossile Hélix n'était plus. Il resta là, abasourdi, à genou devant le vide. C'était un échec. Et il n'aimait pas ça. Pire, il n'en avait pas l'habitude.

Il ne sait combien de temps il resta comme cela. Charlotte essaya bien de lui dire quelque chose mais il ne put discerner ce qu'elle lui dit, même sa main sur son épaule, c'est à peine s'il la sentait. Il fallait qu'il se reprenne et pourtant ...

S'il s'était bougé, peut être aurait il entendu au loin des cris estompé par la distance, des bruits de course lorsque la poursuite s'élança sur le sentier à leur suite. Peut être alors auraient ils eut le temps de détruire le pont, de s'enfuir et de gagner la ville? Mais le fossile avait disparu et Jones était amorphe.

Ils n'avaient pas bougé d'un pouce lorsque les illuminés de l'Hélix déboulèrent face au pont. Seule Charlotte réagit d'un hurlement lorsqu'ils traversèrent en courant l'édifice branlant. Et Jones ne broncha même pas lorsque deux hommes en blanc le saisirent pour le mettre debout.

Un homme fendit en deux la masse de sectaires en bure blanche. Il avait les cheveux aussi blanc que le costume qu'il portait et une aura d'autorité émanait de lui. Tous les autres le regardaient avec déférence et c'est lui qui prit la parole.

"Où est la sainte relique?"

Pas de réponse, Jones ne leva même pas les yeux sur lui. Le chef de la secte fit un signe à l'un de ses séides qui s'approcha et décocha un crochet dans le visage de Jones. Sa tête pivota de l'autre sens mais il n'eut pas plus de réaction.

"Où est le fossile?"

Toujours pas de réaction de la part de l'aventurier. Un nouveau signe de la tête de la part de cet homme résigné à obtenir des réponses et son complice amorça un nouveau coup de poing. Mais Charlotte prit la parole.

"Il ne l'a plus, il est tombé dans la rivière. Vous voyez bien on n'a plus rien. Un Persian nous a attaqués et le sac est tombé avec le fossile dedans. Vous pouvez nous fouiller, il est tombé, disparu à jamais."

L'homme la prit aux mot et donna des ordres pour que l'on fouille le coin et les deux comparses. Si ils trouvèrent des traces du Persian et de la chute, ils durent aussi avouer que le fossile était introuvable. Les hommes en blanc leur ligotèrent les poignets et les ramenèrent jusqu'au temple puis jusqu'à la plage. Ils les firent monter dans un hors-bord blanc avec une large bande dorée et prirent le large.


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Durant tout le trajet Charlotte essaya bien de parler avec Jones mais rien ne pouvait le sortir de sa léthargie.

"On est pas passé loin, c'est vraiment dommage. Si il n'y avait pas eu ce Persian! Et puis j'aurais pu le capturer, le docteur Robert aurait été ravi d'avoir un spécimen de l'une des nouvelles formes d'Alola. Parce que l'article parlait de Ratata et de Noadkoko, mais il ne citait pas de Persian ou de Miaous. Si j'avais réussit à le capturer! Du coup je suppose que si les Miaous d'Alola évoluent en Persian d'Alola, alors les Ratata d'Alola évoluent sûrement en Ratattac d'Alola. Vraiment dommage de ne pas l'avoir capturé."

Et elle continua comme ça sans discontinuer durant tout le trajet, sûrement pour chasser de son esprit l'inquiétude que lui procurait sa situation et celle de Jones.

La secte les conduisit à travers les flots vers une île artificielle, à cheval entre une plate forme pétrolière, un laboratoire de recherche et un immeuble d'architecture futuriste. Ils accostèrent le long de quais métalliques et furent conduit dans une cellule qui ressemblait fort à une prison.

L'attente commença pour nos deux héros, enfin surtout pour Charlotte car le grand Pokemon Jones ne semblait toujours pas sortir de son malaise. Il était assis sur une couchette, la tête basse et les yeux dans le vide, comme s'il était toujours au bord du torrent alpin. Charlotte faisait les cents pas dans le cachot sombre, à peine éclairé par une ampoule jaunâtre, tellement moins éclatante que son maillot de bain. Elle allait de la porte verrouillée jusqu'au mur métallique opposé, défiguré par des auréoles de rouille singeant un visage déformé. Deux couchettes, plus proches de la planche de bois que du lit, et un coin d'aisance avec lavabo faisaient le mobilier de la pièce.

Finalement, lasse de ses va et vient, elle coucha Jones sur l'une des deux couchettes et s'installa sur la seconde pour essayer de dormir un moment.

Lorsqu'elle se réveilla, elle ne put dire combien de temps elle avait dormi. Rien n'avait changé, ni la chiche lumière, ni les taches de rouille et ni Jones assis sur sa couchette. Sauf que cette fois il regardait le plafond et des gouttes qui tombaient dans l'un des coins de la cellule. Il fit signe à Charlotte d'approcher. Elle ne réagit pas aussitôt, mais lorsqu'elle comprit qu'il avait enfin retrouvé ses esprits elle se jeta dans ses bras.

Pokemon Jones observait avec attention un coin de la pièce. Celui-ci semblait plus rouillé que le reste, mais surtout de l'eau s'était mise à goutter. Plutôt que de l'eau, c'était un liquide verdâtre avec de bizarres reflets métalliques jaunes et roses comme on en voit sur les nappes d'hydrocarbure. La flaque que les gouttes formaient au sol, au lieu de s'étendre, commençait à se condenser pour faire comme un petit tas.

Soudain, une des gouttes se para d'un d'œil puis la suivante aussi. Les deux yeux s'enfoncèrent dans le tas visqueux puis réapparurent. C'est alors que la chose frémit comme un morceau de gelée animé d'un drôle de rire. Deux mains se formèrent lentement comme modelées par un artiste contemporain. Une bouche difforme aux lèvres jaunes pisseuses avec deux dents cristallines s'ouvrit comme pour engloutir la pièce entière.

"Tadmorv tadmorv tadmorv."

Le Pokemon apparu se mit à ramper lentement mais inexorablement vers le couple de scientifique aussi menaçant que la marée montante. Charlotte se pendit aux bras de Jones qui la posa debout sur une couchette en lui disant :

"Ne fait pas ton enfant!"

Il se mit à chercher frénétiquement dans ses poches une solution au problème pendant que Charlotte criant à l'aide. Jones ne trouva pas grand chose pour l'aider, un pacquer de mouchoir, un petit canif ou une boite d'allumette. Son fouet en peau de Arbock lui avait été confisqué en même temps que ses Pokemon et il se sentait impuissant. Il essaya bien d'allumer une allumette pour effrayer le Tadmorv d'Alola mais les résultats n'étaient guère encourageant. Un œil sur le monstre de poche et un sur Charlotte, il lui demanda :

"Arrêtes de faire la jeune vierge effarouchée et reprends-toi. Tu n'a pas un truc qui traîne dans tes poches qui pourrait nous aider?"

Elle le regarda d'un drôle d'air, prit une grande inspiration et se tût. Il avait raison, elle était bien plus forte que ça. Même si les événements l'avaient bouleversé elle ne pouvait se laisser aller. D'autant plus que la situation devenait de plus en plus compliqué. Le Tadmorv semblait grossir au fur et à mesure que le plafond gouttait et il avait acculé Jones sur l'autre couchette. Tout comme Jones précédemment, elle chercha dans le moindre recoin de ses poches. Et elle tomba sur une pokéball vide qui avait échappée à la fouille de ses geôliers.

Une seule chance, et pas moyen de l'affaiblir avant. Ce serait vraiment dommage de finir dévoré au fond d'une prison mais serait-ce pire que d'y croupir? Elle visa consciencieusement et lança de toutes ses forces leur dernier espoir puis elle ferma les yeux très fort, ne voulant pas voir les soubresauts de la pokéball. Elle ne voulait pas les rouvrir de peur de voir la menace toujours présente. C'est la voie de Jones qui la rassura.

"Bien joué! En plus maintenant tu as un spécimen d'Alola à montrer au docteur Robert.
- Si l'on sort un jour d'ici.
- Mais bien sûr que l'on va sortir d'ici." La rassura-t-il en la prenant dans ses bras pour la bercer tendrement. "En plus maintenant on a un nouvel allié. Je suis sûr que l'on va trouver le moyen de s'échapper grâce à lui. Peut être qu'un peu d'acide suffira à ronger la serrure. Ou peut être qu'il peut se glisser sous la porte pour aller chercher les clefs. Tu va voir on va bien trouver."

C'est alors que la porte de la cellule s'ouvrit sur deux hommes tout de blanc vêtus. Le premier était le responsable de leur capture, quand au second il avait une allure très particulière. Il était habillé de blanc comme tout les autres mais son uniforme différait quelque peu. Il portait une tunique longue qui tombait sur une paire de botte, le tout orné de dorures. En dessus on entr'apercevait un polo vert assorti à une énorme et globuleuse paire de lunettes. Des gants, blancs et verts, complétaient sa tenue atypique pour un représentant de la secte de l'Hélix. C'est d'ailleurs lui qui prit la parole.

"Confortablement installé monsieur Jones?
- Pas de manière entre nous voyons, appelles moi Pokemon Jones. J'aurais préféré une chambre avec vue sur l'océan, mais on fait avec.
- Vous avez bien raison, la vue de mon bureau est splendide. Je me présente, je suis monsieur Saubohne, le responsable de tout ceci, dit il en étendant les bras. Puis, en désignant son compagnon, il enchaîna. Je ne vous présente pas Max, vous avez déjà fait connaissance.
- Plus ou moins oui. Je connaissais déjà un Max et il m'était très antipathique. Il a finit sous des tonnes de rochers...
- Charmant, mais vous aurez du mal à vous débarrasser de celui ci, menaça légèrement Saubohne.
- Si je serais toi je ne me mettrais pas au défi. Je peux développer des ressources surprenantes pour arriver à mes fins.
- Toujours aussi charmant, mais je ne suis pas venu écouter vos fanfaronnades. Où est le fossile?
- Au fond du ravin noyé dans la rivière.
- C'est ce que vous dites. Mais peut être que si je m'occupe de votre charmante compagne vous nous révélerez où vous l'avez caché!"

Max attrapa Charlotte par le bras et l'entraîna vers l'extérieur de la prison. Elle eut beau crier et se débattre rien n'y fit. Max était bien plus fort qu'elle et sans effort il la fit disparaître du champs de vision du paléontologue. Seuls ses cris parvenaient encore jusqu'à ses oreilles. Ils furent bientôt suivis par le bruit d'un coup et un hurlement de douleur. Pokemon Jones n'y tint plus.

"Tu ne vas pas lui faire de mal!
- Le fossile, Pokemon Jones! Et tout s'arrête.
- Puisque je te dis qu'il est détruit! Et cela me mortifie autant que toi.
- Vous n'allez pas me faire croire que vous avez échoué." Et, se tournant, il ajouta : "Encore"

Un nouveau bruit de coup, un nouveau cri puis des sanglots. Jones tomba à genoux.

"Il y a toujours celui de la forêt mais il n'est plus en ma possession non plus. Il se trouve au labo de l'université de Roche-sur-Gliffe. Tu pourras le récupérer là-bas si ça te chante, mais laisse Charlotte tranquille."

Un long silence s'installa, puis Saubohne rappela Max qui balança Charlotte dans la pièce. Jones la prit dans ses bras et la réconforta comme il le put. Saubohne s'approcha et toisa le couple d'un air mauvais.

"Match nul alors monsieur Jones. Le fossile est perdu pour nos deux parties. Si j'étais vous je m'en tiendrais là. Vous avez gagné la première manche, la seconde s'achève sur un match nul. Prenez garde, si il y a une troisième partie. Je la gagnerai et cette fois je ne serai pas aussi clément. Oubliez les fossiles Hélix, oubliez les géants et oubliez la secte blanche. Rentrez chez vous et reprenez votre petite vie de professeur d'université. Demain matin, une équipe vous raccompagnera à l'aéroport."


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En effet, après une nuit très inconfortable, Max vint les chercher. Ils montèrent à nouveau dans un hors-bord et quittèrent la station rutilante dans le soleil levant. En la voyant si brillante et si lumineuse, on avait du mal à se souvenir du petit cachot tout rouillé. Mais c'est avec soulagement qu'ils la virent s'éloigner à grande vitesse. L'arrivée au port se fit en toute discrétion et ils furent conduit jusqu'à l'aéroport. On leur restitua le sac survivant et leurs effets personnels. Jones fut enchanté de retrouver son fouet et surtout ses Pokemon familiers. L'enregistrement de leurs bagages se fit sous bonne escorte et ils allaient embarquer sans faire de vagues lorsqu'il passèrent devant une boutique de souvenir d'Alola.
Pokemon Jones s'arrêta net devant la devanture ! Sur un étalage, on pouvait voir de petits sachets de plastique contenant de tout petit fossiles. Il y avait des minuscules valves de Coquiperle, des petites écailles de Carapagos, des spirales toute petites d'Amonita ou des bouts de griffes de Kabuto. Jones regarda Charlotte, puis reporta son attention sur les souvenirs. Jones s'adressa à une femme typé, de carrure forte, portant une grande robe rouge avec des fleurs blanches et avec un collier des mêmes fleurs autour du coup.

"Ce sont de vrais fossiles que vous avez là ou bien est-ce des moulages de plâtre?
- Non non, ce sont des vrais, répondît la brave femme.
- Et ils proviennent d'Alola?
- Bien sûr, ils sont ramassés sur les plages en fin d'hiver après les grosses tempête. "

Jones regarda à nouveau Charlotte mais cette fois avec un grand sourire.

"On s'est bien fait chier pour rien."

Puis, en direction de la vendeuse :

"mettez-moi un sachet."

Il fouilla une de ses poches, en sorti la boite d'allumette vide, le couteau et le paquet de mouchoir qu'il posa sur l'étalage.

"Mettez m'en quatre plutôt."

Il fouilla alors une autre poche et il sortit une boussole, un carnet de notes et un stylo qu'il posa à côté du reste de ses affaires.

"En fait huit!".

Il paya et sous le regard étonné de ses gardiens s'en fut en sifflotant, suivit de Charlotte qui riait à gorge déployée.

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Sur un plan montrant nos deux tourtereaux quitter l'archipel d'Alola à bord d'un avion long courrier. On aurait pu raconter que la légende de l'Hélix se poursuivit, que le fossile aurait réapparu miraculeusement en pleine cérémonie de la secte de l'Hélix, recraché par la chute d'eau sacrée de la cathédrale. Mythe ou réalité, à vous de juger.

Mais revenons à l'aéroport d'Illumis où nos deux héros ont atterri. Ils descendirent de l'avion, insouciants, la frustration de la perte du fossile Hélix estompée pour le moment, remplacée par l'euphorie du retour au pays et par le plaisir de se trouver ensemble, libres et vivants.

Ils récupérèrent le sac à dos, enfin ce qu'il en restait après toute ses aventures, et s'en furent vers la sortie de l'aéroport. Mais en bas d'un escalator une drôle de surprise les attendaient, les bras croisés. Deux hommes habillés de costumes noirs et à la silhouette bien connue se trouvaient là.

Jones fit bien semblant de se retourner pour s'enfuir, mais le flot de voyageur empêchait toute retraite et l'escalator précipita le paléontologue dans les bras des deux gorilles. Jones ne se départit pas de son calme et lança la première pique :

"Max et Léon! Vous ici, heureux de vous revoir. Vous avez bonne mine, les séismes et les chutes de pierre vous donnent bon teint. Je parlais justement de vous pas plus tard qu'hier."

Comme à leur habitude ils ne prirent même pas la peine de lui répondre. Max l'immobilisa par une épaule pendant que Léon se saisissait du seul sac à dos qui leur restait. Il le soupesa et dit :

"Un ami commun nous envoi réceptionner ce paquet en souvenir de la dernière expédition.
- Vous parlez du fossile?
- Évidemment, il n'a pas beaucoup apprécié de se faire rouler.
- Il risque d'être à nouveau déçu.
- Ça, c'est toi qui le dit."

Et les deux hommes s'éloignèrent rapidement avec leur trophée fictif. Pokemon Jones savoura la scène et ne put se retenir d'en rajouter une couche :

"Vous passerez le bonjour à Claire!
- Claire? demanda Charlotte avec un regard suspicieux. Qui est cette Claire?"