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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 30/10/2016 à 15:50
» Dernière mise à jour le 30/10/2016 à 15:52

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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31.— SE PRÉPARER & EXPLIQUER LA RANCŒUR D'UNE SŒUR
Après cet incident à la gare de Safrania, les parents du rescapé levèrent le pied et rangèrent dans un mouchoir brodé leur animosité et leur intransigeance. Il y eut le temps de la remise en question et de l'auto-critique. L'éducation rigoureuse que Séraphine avait inculqué à son fils avait bien failli le conduire à sa perte.

Mais même après être sorti de cet état léthargique, le lycéen ne se sentit pas mieux. Il avait une coquille vide à place du cœur. Il en voulut un temps à Narcisse puis le départ de ce dernier pour Kalos lui fit amèrement regretter ce temps perdu en rancœur inutile. Il le regretta beaucoup. Ce seul ami lui laissa une trace indélébile.

Après avoir réussit haut-la-main ses examens, Séraphine et Théophile ne s'opposèrent pas au projet de voyage de leur fils. L'accident était entre eux, à présent. Jamais ils ne pourraient dire non à l'enfant qu'ils avaient sans le vouloir, meurtri.
Gary, avec l'argent qu'il remporta au cours de ses combats, prit un morceau de l'indépendance dont il rêvait. Il ne revenait à la maison que lorsqu'il n'avait pas d'arène en vu à aller affronter.

Puis Théophile eut l'idée de lui donner toutes les clés de leurs maisons secondaires. Le cordon fut ainsi coupé. Il voyagea un temps à Johto mais l'état de santé de son père l'obligea à revenir sur sa terre natale.

Enfin libre, Gary fit tranquillement le deuil de ces années de privation. Il tenta de rattraper le temps perdu et fréquenta de nombreuses jeunes femmes avant de se fixer quelques mois avec Daniela.

Comme une leçon qu'il se remémorait, il se mit au sport. Ce soir d'hiver, au moment de l'agression, il s'était fait la promesse de suivre un entraînement sommaire mais nécessaire pour apprendre à se défendre. Le goût du sport lui vint au fur et à mesure qu'il découvrit de nouvelles disciplines.


« Tu as l'air ailleurs, fit remarquer Narcisse en posant ses couverts en travers de l'assiette.
- Je ne t'ai jamais remercié pour ce que tu as fait pour moi ce soir-là. »

Il était ému aux larmes. Narcisse, peu habitué à tant d'effusions de la part d'un ami, fut gêné.

« Ondine a de la chance de t'avoir. Et tu as de la chance de l'avoir, elle. Elle te rend heureuse, cela se voit. »

Depuis ce soir d'anniversaire, Gary n'avait pas bu une goutte d'alcool. Il redoutait une nouvelle crise. Qui sait de quoi il aurait été capable avec un taux élevé dans le sang ? C'était comme s'il avait inhibé sa détresse, l'avait décuplé en même temps qu'il avait exhibé ses plus intimes désirs, dont celui de s'échapper de cette vie infernale.
Pour cette raison, il fuyait ce puissant ennemi qui lui ferait commettre de nouveaux actes insensés qu'il n'aurait jamais eut l'idée de commettre en temps normal.

Il n'avait plus de raisons de se remettre à boire. Son mariage était pour demain. Et demain il serait le plus heureux des hommes.

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Les futurs époux avaient donc passé la veille de leur mariage séparés. Ils déjeunèrent au lit, tout en profitant de la présence de l'un et de l'autre, se racontant à tour de rôle leur soirée de la veille ; puis Ondine fila à l'arène pour se préparer. Ils devaient être à la mairie à quatorze heures.
Daisy l'attendait au gymnase, accompagnée par une de ses amies coiffeuse-visagiste. Ses deux autres sœurs avaient déguerpis, flairant l'ambiance à l'eau de rose.

Gary avait demandé à Narcisse de venir un peu plus tôt pour lui tenir compagnie pendant sa séance d'habillage. Il avait le trac. Le dresseur du Conseil 4 le rassura avec bienveillance, déjà vêtu pour l'occasion d'une veste au long col ainsi que d'un pantalon immaculé. Ses boucles blondes étaient en ordre, certifiant d'un long moment passé devant la glace.

« J'ai mal dormi cette nuit. Je n'ai pas arrêté de penser à la cérémonie. J'avais peur que rien ne soit en place ; que Violette ou bien ma mère débarquent à l'improviste pour tout gâcher.
- Je t'ai rarement vu aussi agité, c'est vrai. Tu sais, cela ne va pas changer énormément de choses dans ta vie de tous les jours. Vous vivez déjà ensemble et vous vous aimez. Ce n'est qu'une formalité administrative. »

Gary eut envie de répondre que c'était bien plus qu'une formalité administrative ; l'ultime preuve d'amour donné par une femme qui l'avait choisit alors qu'elle avait eu encore le choix entre deux hommes, il y a quelques mois.

Ils discutaient dans le salon. Gary avait installé un long miroir qui tenait sur une cale en bois. Il inspectait son visage fatiguée d'une nuit troublée.
Sa tenue était des plus basiques : un costume trois-pièces bleu marine par-dessus une chemise blanche. Il avait préparé des chaussures brunes qu'il avait passé du temps à cirer.

Narcisse, assis sur une chaise haute, regardait en coin son ami qui hésitait sur le choix de sa cravate.

« Laquelle ?
- Tu sais que je ne suis pas cravate. Si tu devais m'écouter, tu n'en porterais pas. »

Il posa les deux cravates sur sa poitrine, en manière de comparaison. Noire ou bleue ? Il opta pour la noire. Le bleu était la couleur dominante de sa tenue. Bleu sur bleu, c'était trop.

Maintenant qu'il y songeait, il lui manquait un brin de bleu. Il ouvrit la porte-fenêtre de son jardin ; la rosée avait mouillée l'herbe. Il demanda à Lucario d'aller cueillir deux bleuets.

« Tiens, accroche-la, lui dit-il en tendant une fleur à son ami. »

Le futur marié lui expliqua, à la manière d'une anecdote, l'histoire cachée de cette fleur. C'était en quelque sorte le symbole de leur amour, lui apprit-il. D'ailleurs il avait commandé des bouquets de fleurs dont le cœur était constitué de bleuets. Gary avait oublié de demander à Ondine si elle aussi avait pensé à porter ce bouton azur pour la cérémonie.

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« Comment me trouves-tu ? demanda la future mariée en tournant sur elle-même, frivole. »

Daisy, qui n'avait pas eu connaissance du choix de la robe de sa sœur, fut agréablement surprise. Certes, elle n'aurait pas choisit celle-là mais elle convenait très bien à Ondine.

La robe de mariée était en tulle et strass blanc. Le bustier finement plissé lui couvrait la poitrine qu'on devinait à sa jolie forme. Le décolleté rehaussé de perles blanches allégeait sa peau délicate.
La taille était soulignée d'une ceinture en satin décorée de perles argentées. Plus bas, elle portait un jupon de danseuse recouvert de tulle qui lui descendait aux mollets.

Pour son mariage, Ondine avait toujours voulu et rêvé d'une robe de princesse ; maintenant que cela arrivait, elle avait préféré cette robe toute simple, légère, plutôt qu'une tenue trop bouffante. Gary aimait le naturel et elle le remerciait assez pour ça.

Devant le miroir, elle confia à l'amie de sa sœur la coiffure qu'elle souhaitait. Elle devait être relâchée sans être négligée. Elle voulait attacher ses cheveux en chignon mais laisser couler des mèches.

A côté des épingles, Daisy avait déposé quelques bleuets. La coiffeuse plaça trois boutons des fleurs qu'elle fixa précautionneusement. Le chignon qui s'apparentait à une fleur éclose, laissait descendre sur la nuque de la jeune femme des mèches qui furent bouclées pour donner un effet plus éthéré et moins sévère. Les boutons, pépites bleutées dans un océan roux, semblaient faire partie intégrante du corps d'Ondine.

Daisy souriait, béate d'admiration devant la transformation momentanée de sa sœur. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé, elle aussi, rencontrer l'amour et se marier !
L'heure de la cérémonie approchait. Ondine monta dans une limousine que Gary avait loué tout exprès. Au moment de fermer la portière, Daisy remarqua que les traits de sa sœur s'étaient assombris.

« Quelque chose ne va pas ?
- T-tout va bien. »

Pendant le trajet, seule, Ondine se mit à observer la ville qui avançait derrière les vitres, confuse. La veille, lorsqu'elle avait entendu et senti que Gary remuait à côté d'elle, incapable de trouver le sommeil, elle s'était souvenu d'un jour important qui n'aurait pas dû être le sien et qui l'avait marqué dans son enfance. Vivrait-elle aujourd'hui l'affront qu'elle avait fait subir à Violette il y a des années de cela ?

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Il s'agissait d'un petit goûter organisé par ses parents. Violette, alors âgée de dix ans, avait supplié Éliane et Frédéric d'inviter quelques amis de l'école ainsi que son amoureux. Daisy et Lily n'étaient pas là ce jour-là, envoyées chez leur grands-parents. Il n'y avait que la petite Ondine du haut de ses huit ans à la maison, cet après-midi là.

Sia - Big Girls Cry
Pour Violette, il s'agissait surtout d'une fête pour présenter son amoureux à ses parents. Elle avait préparé un discours comme ceux qu'elle écoutait à la télé : ceux des hommes politiques. Tout devait être parfait.

Les quelques enfants invités arrivèrent avec de l'avance. Éliane les accueillit chaleureusement, les invita à venir jouer dans le salon en attendant que tout le monde soit là. Ondine ne tenait plus en place. Jamais auparavant elle n'avait été invitée à une fête -hormis l'anniversaire de ses sœurs et les siens-. Personne ne l'invitait lorsqu'il y en avait une.

Ben, le garçon que Violette attendait, vint enfin. Mais à peine était-il entré qu'il l'ignora. Il rejoignit ses copains et parmi eux traînait sa petite sœur. Ondine avait des contacts plus faciles avec le genre opposé. On la traitait souvent de garçon manqué pour cela, d'ailleurs.
Voir sa sœur être le centre d'intérêt de sa fête crispa la fillette aux cheveux bleus.

Il se révélait qu'Ondine avait de nombreux points communs avec Ben. Ils jouaient aux mêmes jeux, regardaient les mêmes dessins animés et voulaient les mêmes Pokémon plus tard. Des Pokémon vivant auprès de l'eau.
Très vite la fête parut insupportable pour Violette. Elle trouva un moyen ingénieux pour éloigner sa sœur de Ben. Le temps pour elle de délivrer son discours et de lui demander de... l'épouser.

Elle voulait devenir sa femme. Et pour cela, il fallait évincer la petite dernière de la famille. Elle attira Ondine à l'écart et l'enferma dans le placard. Avec la musique, aucune chance pour la petite rousse de se faire entendre.

« J'ai quelque chose d'important à dire, écoutez-moi ! cria Violette, un papier dans la main. Voilà... je vous ai invité parce qu'avec Ben ça fait un mois qu'on est ensemble et je voulais lui demander quelque chose... »

Ses petits doigts tremblants saisirent une boîte en carton dissimulant une bague que sa mère avait bien voulu lui prêter pour l'occasion. Au moment de la tendre à Ben et de terminer son discours de façon magistrale, Ondine débarqua en coup de vent et lui vola la bague et le morceau de papier.

« Rend-moi ça ! hurla Violette, inquiète du sort de ses précieux objets.
- T'es méchante, pourquoi tu m'as enfermé dans le placard ! »

Pour récupérer ses biens, Violette lui courut après dans tout le salon mais finit par trébucher et s'étala au sol. Ondine, débout dans toute sa grandeur de cadette victorieuse, se mit à lire le mot et termina le discours.
Violette, à terre, plaqua ses mains sur ses oreilles, ferma les paupières pour ne pas entendre ni voir le visage amusé de Ben et des autres invités.

« Est-ce que tu veux m'épouser, Ben ? Je deviendrai ta femme et on aura plein d'enfants ! déclara Ondine en rigolant grossièrement. »

Tout le monde explosa de rire sauf Ben qui rougissait, gêné de cette attention qu'on lui portait. Violette, pleurait silencieusement sur le tapis qu'elle mouillait de larmes amères.
Comme cela ne suffisait pas, Ondine présenta la bague à Ben et la mit à l'un de ses doigts ; elle finit par l'embrasser sur la joue. Les autres enfants applaudirent son audace.

« Vive les mariés ! s'écrièrent-ils. »

Plus tard, après que les autres invités soient partis, Ben vint voir Violette. Il lui expliqua avec une désinvolture qui la blessa qu'il ne l'épouserait pas et qu'il ne voulait pas continuer avec elle.

Cet échec, elle le mit sur le compte d'Ondine. Sa sœur avait brisé ses espérances et gâché sa fête. Elle ne lui pardonna jamais. Violette avait eu beau lui cracher sa rancœur, Ondine ne comprenait pas la réaction excessive de sa sœur. Ce n'était qu'une histoire d'amour entre enfants.
Sauf que Ben était le premier amour de Violette. Et ça, Violette le gardait pour elle, par orgueil. Ne pas montrer sa faiblesse faisait parti de sa reconstruction et de sa nouvelle philosophie.

Plus jamais elle ne serait amoureuse d'un garçon ; Ondine avait déglingué un mécanisme chez sa sœur qui l'empêchait d'éprouver le sentiment le plus fort chez l'être humain. Dès qu'elle s'attachait à un homme, il lui semblait ressentir la même douleur que cet après-midi-là. Elle redoutait qu'on l'humilie une nouvelle fois aux yeux des hommes. Elle préférait être celle qui humiliait ; elle trouvait alors un semblant de justice dans ce qui la poussait à faire des horreurs aux autres. Elle devenait le juge de l'histoire qui lui était arrivé.
Voir sa sœur flirter la rendait folle. Celle-ci lui avait volé le droit d'aimer ; pourquoi Ondine aurait-elle ce droit et pas elle ?

Depuis, pour se venger, dans un travail de constante destruction, elle avait fait fuir chacun des garçons qui s'intéressaient un temps soit peu à sa cadette. Tous avaient filé, sauf Sacha et Gary.


• • • • • • • • • •
A l'époque, cette fête avait pris beaucoup d'importance aux yeux de Violette. Avec le temps, elle s'était confortée dans son rôle de tyran ; elle avait même trouvé un certain plaisir à torturer psychologiquement sa sœur. Lui faire perdre l'occasion de vivre l'amour qu'elle lui avait volé la satisfaisait. Il n'y avait pas de différence : même si Ben et Ondine n'étaient pas sortis ensemble après cette histoire, Violette la considérait comme celle qui avait brisé leur couple. Ridiculisée aux yeux de ses amis et du garçon qu'elle avait aimé, cela lui semblait impardonnable.

La mairie était en vu. La limousine se gara ; c'est avec appréhension qu'Ondine en sortit.