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Le Tueur du Serpentaire de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 02/10/2016 à 21:53
» Dernière mise à jour le 26/10/2016 à 09:55

» Mots-clés :   Fantastique   Policier   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Aube
—Chers téléspectateurs, bonjour et bienvenue sur UnysTV. Tout de suite, les dernières nouvelles ! Nous avons appris ce matin l’assassinat d’une famille résidant à Volucité. Selon la police, il s’agit du même mode opératoire que les séries de meurtre du mois dernier. Et il en faut peu pour être convaincu qu’il s’agit du même tueur, puisque encore une fois l’assassin a laissé derrière lui une lettre avec sa signature, ainsi que son surnom désormais bien connu : Le Serpentaire. A l’heure actuelle, nous ignorons où est cet homme mais la police pense qu’il aurait fui Unys récemment. Cependant, il paraît toujours aussi insaisissable. La Police Internationale serait sur ses trousses, et nous espérons que ce meurtrier sera bientôt entre leurs mains. Les autres nouvelles du jour concernent la prolifération des Pokémon Insectes près de Janusia, qui…

La télévision s’éteignit quand le jeune homme, d’une vingtaine d’année, pressa le bouton Power de la télécommande en lâchant un bref soupir.

Il se leva, jeta son sac à dos sur son épaule, puis sortit de la chambre exigüe. Il se retrouva dans un couloir où une femme de ménage nettoyait le sol à l’aide de produits désinfectants. L’ignorant éperdument, gardant un visage impassible et un regard froid, il passa près d’elle et monta calmement les escaliers.

Une sombre aura se dégageait de lui.

Il sortit à l’air libre, sur le pont du paquebot. Il y avait beaucoup plus de monde ici. Des touristes, des vacanciers. Tous affichaient de grands sourires, riaient, discutaient. L’ambiance était festive.

Le jeune homme, imperturbable et distant, ne laissa transparaître qu’un peu de dédain envers les vacanciers. Il passa près d’un groupe d’adolescents surexcités et s’accouda au bastingage, en observant l’horizon d’un air songeur.

Alola apparaissait déjà.

Le voyage depuis Unys avait été plus rapide qu’il ne l’escomptait.

L’archipel ne lui donnait guère envie de faire la bronzette ni même de se reposer. Non, il avait quelque chose à faire là-bas. Quelque chose qu’il faisait déjà depuis un mois.

Quelque chose que la police ne devait pas savoir, car il risquait gros.

Mais il avait besoin de continuer.



***


Le paquebot accosta à distance respectable de l’Île de Mele-Mele. Des navettes plus petites allaient se charger de faire des allers-retours avec les voyageurs pour les amener sur l’île. Le jeune homme sombre prit son mal en patience. Il vérifia que les deux Pokéball qu’il possédait étaient bien au fond de son sac.

Puis, après une demi-heure d’attente interminable, il rejoignit enfin une navette qui accosta dans un petit village qui aurait très bien rendu sur une carte postale.

L’eau turquoise, le sable fin, les petites maisons en bois, les Noadkoko qui étiraient leurs têtes souriantes vers le ciel ensoleillé…

Le jeune homme ne sembla même pas remarquer la beauté des lieux.

A peine le pied posé à terre, il se dirigea vers un vendeur de glaces. L’homme l’accueillit avec un grand sourire :

—Bonjour, jeune homme ! Vous avez un parfum préféré ? C’est à moitié prix pour les étudi…

—Vous savez où je pourrais trouver un hôtel ?

L’homme fut surpris par la voix grave et sèche du jeune homme. Il ne semblait pas être venu pour s’amuser, celui-là !

—Euh, oui… Continuez sur cette route et prenez à droite, vous devriez…

Le jeune homme n’attendit pas la fin de sa phrase et s’éloigna sans lui accorder plus d’attention qu’à un vulgaire insecte.

Le vendeur, pris de court, le regarda s’éloigner avec inquiétude.



***


Le soleil était bas à l’horizon, l’air plus frais. Le vent marin soufflait doucement sur les plages presque désertes à cette heure. Le ciel, sombre et ponctué de teintes vermeil, était dépourvu de nuages.

Assis sur un banc face à l’horizon, le jeune voyageur soupira.

Il avait cherché sa cible toute la journée. Sans résultat.

Il avait posé des questions, s’était renseigné discrètement, avait suivi quelques individus, et il s’était même aventuré à faire un peu de randonnée sur l’île. Mais rien à faire. Il n’avait rien trouvé d’intéressant.

Un journal laissé à l’abandon et porté par le vent glissa non loin de lui, sur le sol. Il se pencha et le ramassa, avant d’en feuilleter les pages.

Il s’arrêta à l’une d’elles. Le gros titre était accrocheur.

Unys : Le Serpentaire va-t-il encore frapper ?
Alors on en parlait même jusqu’ici, dans cette petite région exclue qu’était Alola !

Le jeune homme survola l’article, avant de soupirer et de laisser retomber le journal à ses pieds. Le vent l’emporta vers la plage.

Le regard du jeune homme tomba sur une petite fille qui l’observait, sur le rivage, les pieds dans l’eau.

Elle était drôlement jeune pour traîner toute seule au bord de la mer à cette heure. Vêtue d’une robe violette et avec un étrange ruban dans les cheveux, elle le fixait sans bouger, curieuse peut-être. Le jeune homme ne voyait pas son visage à cette distance, mais il aurait parié qu’elle souriait.

Il soupira et fit semblant de regarder ailleurs pour qu’elle se lasse de le fixer ainsi.

Mais la petite fille avança.

Droit dans sa direction.

Surpris, le jeune homme resta immobile alors qu’elle approchait. Elle avait un visage naïf avec un nez retroussé et de grands yeux bruns, aux reflets aussi orangés que le ciel visible dans son dos. Elle avait des cheveux sombres et bouclés qui lui retombaient entre les omoplates. Quelque chose dans son regard capta l’attention du jeune homme. Pendant un instant, il douta d’être face à une simple enfant. Ce sentiment s’estompa dès qu’elle ouvrit la bouche.

—Qu’est-ce que tu fais tout seul ? Demanda-t-elle d’un ton étonné en s’arrêtant à deux mètres de lui.

Le jeune homme secoua la tête, pris au dépourvu :

—Je pourrais te poser la même question.

—Bah moi je me promène sur la plage. Et toi ?

Il leva les yeux au ciel. La petite fille n’attendit même pas qu’il réponde :

—Je m’appelle Nellune, mais tout le monde m’appelle Nelly, parce que c’est plus court et parce que j’aime bien. J’ai sept ans et demi. Et toi ? Tu as quel âge ? Trente ans ?

—Certainement pas. J’en ai vingt-deux, mais je ne vois pas pourquoi ça t’intéresse, de toute façon.

Il se leva, agacé d’avoir été importuné, et tourna les talons. Il monta sur un trottoir et se dirigea vers l’autre bout de la ville, avec l’intention d’aller dormir dans cette chambre hors de prix à cause de l’été.

Il parcourut une cinquantaine de mètres avant qu’une voix fluette ne l’interpelle, juste derrière lui.

—Tu vas loin ?

Le jeune homme s’arrêta et fit volte-face. La petite fille l’avait suivi. Il grommela :

—T’as nulle part où aller, toi ? Où sont tes parents ?

—Ils sont pas là. Mais toi, tu vas loin ?

—Non ! Dit-il, agacé.

Il reprit son chemin. La fille courut puis se mit à marcher à sa hauteur.

—Tu viens d’ailleurs, pas vrai ? Tu n’es pas très bronzé.

—J’ai pas que ça à faire, de bronzer !

—Pourquoi tu es venu à Alola, alors ?

—Bon, écoute… Je sais que tu dois t’ennuyer toute seule, mais laisse-moi tranquille, compris ? Je ne suis pas là pour jouer !

Il planta la fille sur place et jeta de méfiants coups d’œil en arrière, histoire qu’elle ne le suive pas. Mais elle s’était arrêtée, et, sans faire disparaître son sourire enfantin, elle retourna vers la plage en sautillant, arrachant un soupir soulagé au garçon.

Manquerait plus qu’une gamine l’empêche de faire ce pour quoi il était venu dans l’archipel !

—J’te jure… Marmonna-t-il en entrant dans l’hôtel qu’il avait réservé le matin-même.



***


L’alarme de son téléphone hurla à sept heures précises. Le jeune homme bondit littéralement hors de son lit avant de se diriger vers la douche. A vrai dire, il avait mal dormi. Il faisait chaud à Alola, et il n’était pas vraiment habitué. Bah, il s’y ferait sûrement.

Il se lava, s’habilla en vitesse, avant de passer par la réception de l’hôtel. Il rendit la clé de la chambre ; il devait désormais aller chercher dans une autre ville, voire sur une autre île. Dans le coin, rien ne lui avait permis de trouver sa cible.

Il sortit dans la rue. Il était tôt et le coin n’était pas encore très animé. Mis à part peut-être le port, puisque c’était l’heure à laquelle rentraient les pêcheurs.

Le jeune homme soupira. Il n’avait pas encore fait le tour complet de l’Île Mele-Mele. Elle n’était pas si grande, et ce serait assez rapide. Il se dirigea vers la sortie de la ville à grands pas.

Quelques kilomètres plus loin, il avançait sur un sentier longeant la côte. Parfois, il tombait sur une cabane, un petit hameau ou un Picassaut, mais rien de transcendant. Il ralentit le pas quand il ressentit un début de point de côté ; il était encore trop pressé.

Il s’assit sur un rocher plat surplombant la mer pour se reposer. Il jeta un coup d’œil à son téléphone. Huit heures, déjà ? Il n’avait pas vu le temps passer.

—Tu m’as pas dit ton nom, hier. C’est pas très gentil.

Il se retourna et tomba nez à nez avec cette fille aux boucles brunes et aux yeux presque orange.

—T’es encore là, toi ? S’étrangla le garçon. T’as rien d’autre à faire que de me suivre ?

—Je ne t’ai pas suivi. Et je m’appelle Nellune, mais tout le monde m’appelle Nelly parce que c’est plus court et que j’aime bien.

Il soupira. Mais qu’est-ce qu’une fille comme elle faisait dehors toute seule aussi tôt ? Elle n’avait donc pas de famille ?

Il fallait lui poser la question mais elle l’en empêcha. Elle avait l’air d’être une bavarde.

—Tu t’appelles comment ?

—Si je te le dis, tu me laisses tranquille ?

—D’accord.

—Je m’appelle Tylian.

—C’est bizarre, comme nom ! Lança Nellune en riant.

—Le tien aussi, je te signale, Rétorqua le jeune homme en se relevant. Allez, salut.

Tylian rejoignit le chemin. Mais là encore, la fille se montra têtue.

—Tu cherches quelqu’un, c’est ça ?

—Ça ne te regarde p…

—Tu viens d’où ? De Johto ? De Sinnoh ?

—Non, je suis…

—Tu as vingt-deux ans, est-ce que c’est très long ?

—Quoi ? Non, pas vraim…

—Tu aimes les Pokémon ? J’adore les Type Electrique et toi ?

—Bof, c’est pas…

—Ils sont loin, tes parents ?

Tylian s’arrêta en tentant de juguler son énervement. Il serra les poings.

—Bon, tu vas arrêter tout de suite cet interrogatoire, compris ? Tu n’écoutes même pas les réponses !

—Si, j’écoute ! Répliqua la petite fille en fronçant les sourcils. Tu t’appelles Tylian, tu as vingt-deux ans, tu trouves mon prénom bizarre, tu cherches quelqu’un mais tu ne veux pas me dire qui, tu ne viens ni de Johto ni de Sinnoh, tu n’es pas fan des Pokémon de type Electrique et tu trouves que vingt-deux ans ce n’est pas très long.

Le jeune homme soupira. Cette fille à l’air naïf ne l’était peut-être pas tant que ça. Il souffla :

—Bon. A mon tour de poser les questions. Tu habites où ?

—A Alola.

—Ce n’est pas très précis.

—Ma maison, c’est Alola.

—Bon, si tu veux… Tu as des parents ?

—Sûrement, mais je ne les ai jamais vu.

—Quoi ?

—Sûrement, mais je ne les ai jamais vu.

—D’accord, pas la peine de répéter, j’avais saisi, mais… Hésita Tylian. Tu vis toute seule ?

—Oui. Des fois je joue avec des enfants et des Pokémon, mais c’est rare.

Tylian se gratta le crâne, sceptique. Alola était peut-être un pays pauvre, alors, si des enfants comme cette petite traînaient dans les rues sans but. Pourtant, du peu qu’il avait vu de la ville qu’il venait de quitter, il n’avait pas remarqué de mendiants ni d’autres enfants solitaires.

—Pourquoi tu fais cette tête bizarre ? Demanda Nellune en le dévisageant avec intérêt.

—Je trouve que ce n’est pas normal, de vivre dans la rue à ton âge, c’est tout… Il y a beaucoup d’enfants dans ton cas ?

—Je ne crois pas… En tout cas, je n’en ai jamais vu. Bon, je peux t’aider à chercher la personne que tu cherches, maintenant ?

—Non, Dit sèchement le garçon. Je dois être seul pour ça. Ça ne te regarde pas !

—Bon, tant pis, Dit-elle d’un ton léger. A bientôt !

Et sur ce, elle se retourna et courut en sautillant sur le chemin en chantonnant un petit air à voix basse. Elle était drôlement joyeuse, pour une fille qui vivait seule et sans rien.

—Bizarre… Lâcha Tylian.

Il reprit sa route et écouta brièvement la radio avec ses écouteurs. Mis à part des infos sur les visites recommandées pour les touristes sur les Îles d’Alola, rien de cultivant. Il changea de radio plusieurs fois, puis tomba sur ce qu’il cherchait.

—…mais aucun indice n’est venu étayer cette théorie. Selon toute vraisemblance, le Serpentaire aurait agi de la même manière que lors de ses crimes précédents. Il se débrouille pour entrer par effraction dans une maison, la nuit, et s’en prend aux familles comprenant deux enfants. Ils tuent ses cibles à exactement minuit à coups de couteau, avant de provoquer un début d’incendie et de laisser sa signature à proximité du crime. Les spécialistes indiquent qu’il s’en prendrait à des familles de deux enfants car il aurait subi des traumatismes particuliers liés à sa propre vie, mais là encore rien n’est sûr. De toute façon, on ignore toujours l’âge du tueur, qui est assurément un homme dans la force de l’âge, soit entre vingt et quarante-cinq ans.

Tylian écouta la suite avec attention, mais n’apprit rien de plus que ce qu’il savait déjà.

Il continua son tour de l’île Mele-Mele sans la radio, soucieux de trouver quelqu’un correspondant à ses critères.

Il était devenu concentré, le front plissé, et à l’affût du moindre détail.

Sans cesser de donner l’impression qu’une sombre aura émanait de lui.



***


Nellune suivit Tylian à distance, sous le couvert des arbres. Le cri d’un Quatermac résonna dans la jungle, mais elle l’ignora. Elle était intriguée par le jeune homme.

Quelque chose se dégageait de lui, d’intense et de subtil à la fois. Une sorte d’aura qui aurait inquiété la plupart des gens.

Mais Nellune n’était pas comme la plupart des gens.

Elle remonta la manche de son bras droit et sourit en regardant le tatouage visible sur son poignet.

De couleur bleu nuit et de forme arrondie, il semblait presque luire dans la pénombre.

Elle reporta son attention sur Tylian ; Il s’était arrêté à l’entrée d’un petit village et parlait avec un habitant. Se faufilant entre les buissons avec une discrétion étonnante, Nellune tendit l’oreille.

Mais trop tard, le garçon avait déjà fini de parler et il s’éloignait dans le village, regardant autour de lui. Il scrutait les gens avec attention, sans toutefois trop attirer les regards. Qui cherchait-il, exactement ?

Tylian se dirigea droit vers un homme assis sur les marches du perron d’une maison. Près de celui-ci, deux enfants jouaient dans l’herbe avec un ballon. Nellune aperçut leur mère derrière la fenêtre ouverte de la maison, tandis qu’un Togedemaru à l’air innocent dormait sur un hamac.

Tylian paraissait bizarre. Il regarda les enfants, jeta un coup d’œil vers leur maman derrière la fenêtre, puis se mit à discuter brièvement avec le père, peut-être pour lui demander son chemin, et qui sembla lui répondre par un hochement de tête négatif. Puis Tylian fit demi-tour et sortit du village.

Nellune le suivit, toujours cachée par la végétation.

Le jeune homme s’abrita sous un palmier et posa son sac dans le sable, avant de s’asseoir. Il mit des écouteurs à ses oreilles, et attendit.

Nellune comprit à ses regards répétés vers son téléphone qu’il voulait que le temps passe. Peut-être attendait-il que la nuit tombe ?

Nellune sourit et s’assit sur le sol, sans le quitter des yeux.

Elle aussi, elle pouvait attendre.

Elle était plus patiente que n’importe qui au monde.