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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 25/09/2016 à 09:58
» Dernière mise à jour le 25/09/2016 à 09:58

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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26.— FAIRE SA DEMANDE
Otaquin avait été mis dans la confidence d'un projet que Gary voulut grandiose. Un matin, il débarqua dans la chambre du malade, ayant prit sa journée. Il avait apporté avec lui l'objet de tant d'agitations : un écrin en velours rouge renfermant un bijou à valeur symbolique.
Le jeune homme, dans son enthousiasme communicatif, montra la bague au Pokémon qui n'avait pas l'air de comprendre l'enjeu qu'impliquait un tel anneau. Cette coutume particulière aux humains lui échappait.

« Je vais demander Ondine en mariage. »

Après mintes explications et schémas, l'otarie comprit ce qui transportait tant Gary. Pour la première depuis qu'ils se connaissaient, le Pokémon sourit. Pas un sourire naïf ou bien de façade mais un vrai sourire. Avec de belles dents.
Malgré son état toujours préoccupant, Otaquin se plût à applaudir cette iniative courageuse.

Gary avait bien réfléchit. Ce n'était pas une décision prise à la légère. Certain qu'Ondine était la femme de sa vie, il ne lui semblait pas brûler les étapes. Lorsque l'on est amoureux de la bonne personne, pourquoi attendre ?
Il s'était souvenu de la conversation d'avec son père, au retour de la Ligue de Kalos :

« Insulter ma femme n'est pas envisageable.
- Ta femme ?
- Je la considère comme tel. »


Il avait réalisé qu'une fois encore sa bouche avait exprimé un désir enfoui. La première fois, il avait tutoyé Ondine alors qu'il ne faisait encore que connaissance.

Les épreuves qu'ils traversaient en ce moment et qui s'ajoutaient à toutes celles déjà passées renforçaient leur lien. Ils n'avaient jamais été aussi proches qu'aujourd'hui. Ils partageaient les mêmes projets, les mêmes craintes, les mêmes envies. Ils avaient toujours quelque chose à se communiquer. Chose qui n'était pas si commune dans ses précédentes relations.

Jamais il n'avait été aussi heureux que de se réveiller aux côtés d'une femme. De déjeuner avec elle, de partager un quotidien. Elle était sa raison de se lever le matin, de se faire beau, de travailler... Il avait redécouvert ce que c'était qu'aimer. Il croyait avoir perdu cette chance depuis Linda.

Aucune femme avant elle n'avait réussit à le faire ancrer dans un quotidien qu'il n'aurait jamais adopté de lui-même. Elle avait réussit cet exploit. Maintenant qu'il avait un travail fixe, il comptait bien en profiter pour vivre avec la femme qui deviendrait son épouse.

Aujourd'hui, avec cette bague enfermée dans sa coque, plus rien ne devait gâcher cette initiative. Pas même les regrets de ne pouvoir continuer à rêver d'aventures qu'il avait laissé derrière lui. Il devait aller de l'avant et pour cela, la présence d'Ondine lui était essentielle. Plus que celle de ses badges. Il avait renoncé à ses rêves, les avaient camouflé sous un mouchoir, le temps de vivre son histoire avec elle. Gary avait comprit qu'il ne servait à rien d'être poursuivit par les regrets. Il devait saisir ce qui s'offrait à lui et la chose qui lui restait était cette jeune femme.

Sa demande serait comme un rappel que leur couple continuait d'exister en dehors du sort malheureux dans lequel était plongé Otaquin. Ces derniers temps, ils ne sortaient plus, accaparés par le malade. Les seuls moments où ils se retrouvaient vraiment étaient ceux passés sous la couette. Leurs retrouvailles avaient comme un goût de renouveau. Ils réapprenaient à se dire "je t'aime" autrement que par les mots.

Gary, en faisant une telle demande, voulait se rassurer. Ses inquiétudes d'il y a quelques semaines, lors de la Ligue de Kalos, s'étaient atténuées sans disparaître. Il avait peur qu'Ondine parte et ne le quitte pour un autre. Heureusement, il était le seul homme dans son entourage à vivre la même chose qu'elle. Les liens avec Otaquin l'aidait à se rapprocher indirectement d'elle. Ils formaient une sorte de petite famille ; demander sa main serait une façon d'officialiser les choses. Montrer qu'il est là, qu'il a lui aussi des armes, que la guerre contre son rival n'est pas terminée.

Maintenant qu'il avait annoncé la nouvelle à un tiers, il ne restait qu'à faire sa demande à la concernée. Par quel moyen allait-il faire passer son message ?
Ce genre de démarche ne se répéterait pas deux fois. La première serait la seule, la bonne.
Il prit place sur le fauteuil laissé à disposition dans la chambre. Otaquin, que l'idée d'aider un homme amoureux rendait enthousiaste, prit le temps de réfléchir.

Si Ondine était entrée à cet instant, l'attendrissement l'aurait saisit. Découvrir les deux êtres qu'elle aimait en pleine réflexion dans l'unique but de lui faire une jolie surprise...

« J'ai ! »

Gary bondit du fauteuil, faisant part de son intention au Pokémon.

« Je vais l'inviter à une partie de pêche. Au lac où nous nous sommes fait attaquer par l'Octillery. C'est un lieu magnifique. Cette fois nous prendrons nos précautions si le Pokémon revient à la charge. »

Il avait entendu des rumeurs qui l'avaient informé que des dresseurs avaient relâchés des Pokémon dans les eaux du lac. Le prétexte était bien trouvé. Ondine adorait la pêche. C'était décidé : demain, il ferait sa demande là-bas.

• • • • • • • • • •
Revenir aux abords du lac par cette belle journée donnait l'impression aux amoureux qu'ils ne l'avaient jamais quitté. Tout s'était figé. Rien n'avait réellement changé entre eux mis à part leur amour qui avait fleuri.

La forêt renfermait toute l'humidité qui s'était abattue la nuit précédente. Les feuilles, secouées par les bourrasques de vent, faisaient tomber de la pluie fine. L'air lourd leur donnait l'impression d'étouffer.
Le sol détrempé devenait très vite impraticable. Heureusement ils furent bientôt arrivés.

Le parterre de bleuets scintillait sous les gouttes de rosées disséminées parmi la végétation. Le soleil, peu présent encore à cette heure, descendait vers les fleurs bleues, élues par l'astre pour s'épanouir sous l'effet de sa chaude bonté. Des Apitrini butinaient tranquillement tandis que des Bombydou s'endormaient au milieu des pétales encore frais.

Gary avait emmené avec lui un appareil photo pour immortaliser leur promenade. Les photos seront autant de souvenirs à partager avec Otaquin.
Ondine n'avait qu'une seule idée : capturer Octillery. Prendre sa revanche contre ce Pokémon redoutable la rendait sévère. Il serait un élément de choix pour son équipe. Le Pokémon pouvait bien lui accorder cela, après ce qu'il avait fait traverser au couple.

Ils n'avaient pas oublié de prendre leurs Pokéball, cette fois-ci.
Dans la poche droite de son pantalon en toile beige, Gary tâtait l'écrin qui renfermait tous ses espoirs. Ondine, trop concentrée à ne pas s'égarer parmi les hautes herbes fourmillant de Chenipan, n'avait pas remarqué l'état de stress dans lequel était plongé son compagnon.

L'étendue d'eau leur faisait face. La couleur bleue apaisante les fascinait toujours autant. Le calme qui englobait le point d'eau les surprit. Ondine ne s'attendait pas à ce qu'ils soient seuls. Ce lac était caché par la forêt ; cependant des dresseurs y avaient relâchés leurs Pokémon. Ils pensaient en croiser un ou deux. La pluie avait dû les faire fuir.

Ils s'installèrent sur le ponton de bois. Aucun mouvement à la surface ne trahissait la présence d'un Pokémon. Ils gardaient à côté d'eux leurs capsules, au cas où surgirait un indésirable.
Ondine, par habitude, retira ses chaussures pour plonger ses pieds dans l'eau fraîche. Gary en fit autant. Ils agrippèrent leurs hameçons au bout de leur ligne et les lancèrent en même temps.

C'est avec anxiété que le jeune homme attendit le bon moment. Mais qu'est-ce que le bon moment ? Les tentatives d'approche qu'il s'appliquait à exécuter lui inspirait un manque d'originalité flagrant. Il voulait quelque chose de formidable, qui la fasse rêver.
Lui demander sa main comme on demande une tasse de café le matin n'était pas ce qu'il espérait.

Le temps fila sans qu'il ne réussisse à s'ouvrir à Ondine. La pêche ne fut pas des plus fameuses. Aucun Octillery n'avait mordu à l'hameçon au grand dame de la jeune femme qui perdit patience.

Une faible pluie se mit à tomber. Ondine rangea ses affaires calmement. Elle ne voulait pas laisser transparaître son agacement.

« On s'en va ? hasarda Gary d'une voix mourante.
- Il pleut. Les poissons ne se montreront plus. »

Il réalisa qu'il venait de laisser passer la chance de sa vie. Il serra dans sa paume la boîte rouge. Poussé par l'inquiétude et l'incertitude d'une demande qu'il n'aura plus l'occasion de soumettre, il retira l'hameçon de l'eau pour y accrocher l'étui. Avec précaution, il fit en sorte que la bague soit protégée, que son écrin demeure hermétiquement clos.

Il relança la ligne suffisamment loin pour ne pas éveiller de soupçons.
Ondine, trop occupée à démêler la ligne qu'elle avait malencrotreusement emmêlée, ne fit pas attention au submerfuge. Gary libéra son Lampéroie et lui ordonna en quelques mots susurés d'aller tirer l'appât, faisant ainsi croire qu'il avait une touche.

« Qu'est-ce que ça m'agace quand tout est emmêlé ! râla-t-elle.
- Attend, je vais t'aider. »

C'était le signal qu'il avait donné à son Pokémon pour mordre à l'hameçon. Il fit comme si de rien n'était, laissant l'effet de surprise à Ondine.

« Tu as une touche ! dit-elle en se redressant.
- Ah oui ? »

Il se jeta sur la canne dont il avait coincé le manche entre deux planches de bois vermoulu. Il simula un combat de force puis parvint à rapprocher l'objet qu'il espérait ne pas avoir abîmé.

Måns Zelmerlöw – Fire In The Rain
D'un coup de main vigoureux il remonta à la surface sa prise. Sous la pluie et au milieu des éclaboussures, l'écrin rouge paraissait être un soleil couchant au milieu d'un ciel paisible.
La précieuse boîte sembla survoler le lac pendant des heures. Gary avait l'air ému de sa propre initiative ; il n'osa se retourner vers Ondine. Avait-elle vu ce soleil plâner au dessus des eaux tranquilles du lac et danser au centre de la pluie ?

Il puisa dans sa main l'écrin mouillé. Le soleil faisait de brèves apparitions entre le rideau de pluie. Son polo bleu ciel trempé avait changé de couleur pour adopter celui des abysses marins. Le tissu lui collait la poitrine, que l'émotion soulevait.

Il inspecta la bague ; elle n'avait rien. Un rayon la fit brûler de tout son éclat. Maintenant il ne pouvait plus reculer. Il sentait un regard curieux pesé derrière lui.

Il lui tendit l'étui avec un sourire qu'il aurait voulu charmeur et flamboyant mais qui fut celui d'un homme simplement comblé. Il n'avait pas préparé de beau discours. Pour combler ce manque de paroles cérémonieuses, il se mit à genoux.

« Ondine, veux-tu être ma femme ? »

Il avait les yeux levés, recevant toute la pluie sur son front. Parmi les gouttes qui s'écoulaient sur son visage, il aurait voulu sentir un baiser. Comme un oui silencieux.

La jeune femme n'avait d'abord pas comprit ce qu'il venait de se passer ; puis, devant l'élan solennel de Gary, elle prit conscience qu'il ne plaisantait pas.
Il gardait fixé sur elle un regard qu'il voulut tout sauf implorant.

« Je... c'est... »

Ondine navigait entre la splendeur de la bague et la sincérité qu'elle pouvait sans mal percevoir chez le jeune homme. Elle porta une main à ses lèvres ; ses paupières s'embuèrent.

« Pourquoi moi ? Pourquoi ? »

Puis comme elle pleurait, il la serra contre lui. Faire sa demande avait été plus éprouvant qu'il ne l'avait cru. Le soulagement se mêlait à l'impatience d'avoir une réponse, quelle qu'elle soit.

La pluie continuait de s'abattre dans un déluge de lumière, accompagnée par le soleil. Ils n'avaient que faire de l'eau qui s'infiltrait sous leurs habits ; leurs cheveux mouillés s'emmêlaient dans un instant de délice. Leur peau moite se réchauffait malgré leurs vêtements mouillés et malgré la pluie qui tombait.

Ondine se mit à rire dans le creux de son oreille.

« Oui ! »

Elle allongea le cou en arrière, dans une posture enjouée. La fraîcheur de l'eau sur ses joues rosées la désaltérait.

« Oui ! OUI ! »

Entre ses deux paumes humides, elle saisit son visage et ne put résister à l'embrasser. Elle passa la bague puis l'embrassa de nouveau, radieuse. Elle allait devenir sa femme.
Plus loin, aux abords du lac, les bleuets savouraient cet instant de félicité offert par la pluie et le soleil qui les arrosaient d'une humide chaleur.