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Bleuet fané de M@xime1086



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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 18/09/2016 à 09:54
» Dernière mise à jour le 18/09/2016 à 09:54

» Mots-clés :   Drame   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Romance   Slice of life

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25.— DÉCIDER DU SORT
Après l'appel de Pierre, ils se rendirent ensemble à la gare mais un problème technique empêchait les trains de circuler correctement. Ondine perdit patience ; Gary lui suggéra de prendre sa moto, ils iraient plus vite.
En moins d'une heure, le véhicule était garé sur le parking du cabinet.

« Pierre ! s'écria Ondine en entrant comme une furie. »

L'infirmière lui indiqua la salle de récupération. La jeune femme déboula parmi tous les Pokémon malades, au milieu des lits disposés. Elle prit soudain conscience qu'il fallait qu'elle se calme.
Dans cette salle se reposaient de nombreux patients qui avaient besoin de silence pour récupérer. Entrer comme ça et pousser des cris n'allaient pas les aider à se sentir mieux.

Elle se précipita vers Pierre, penché au dessus du lit d'Otaquin. Ce dernier dormait, apaisé.

« Qu'est-ce qui se passe ?
- Calme-toi, assis-toi d'abord. »

Gary les rejoignit, se postant derrière le dossier de la chaise sur laquelle Ondine consentit à se poser.

« Je ne sais pas par quoi commencer... Tu sais qu'Otaquin est fragile. Tu t'es occupée de lui pendant quelques jours et tu as eu l'occasion de le revoir par la suite.
- Où veux-tu en venir ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Pierre prit une grande inspiration.

« Il a essayé de mettre fin à ses jours. Il a avalé une grande quantité de médicaments entreposés dans une armoire, au fond de la salle. Il a détaché toutes ses perfusions pendant la nuit et a réussit à se procurer ces médicaments. Le lendemain j'ai trouvé l'armoire renversée et j'ai compris qu'il s'était passé quelque chose de grave. Otaquin ne répondait pas lorsque je l'appelais. J'ai immédiatement fait un lavage d'estomac. Heureusement les médicaments qu'il avait ingéré n'étaient pas puissants. »

Ondine se leva pour s'approcher du Pokémon rescapé. Elle posa une main sur sa joue pâle.

« Il ne supporte plus d'être dans un lit. Il a prit conscience qu'il ne guérira sans doute jamais.
- Mais il y a de l'espoir, tu ne crois pas ?
- Ouvre les yeux, Ondine. Ce Pokémon est voué à rester toute sa vie dans un lit, entouré de perfusions, drogué de médicaments. »

Gary crut bon d'intervenir.

« Qu'est-ce que vous proposez ?
- Ondine, je te considère comme la nouvelle dresseuse d'Otaquin. Tu lui as tant apporté que c'est légitime pour moi de te poser cette question : veux-tu obéir à la volonté d'Otaquin et arrêter le traitement ? »

Ondine ne donnait pas l'impression d'avoir comprit le dilemme que lui proposait Pierre. C'était trop pour elle. En moins d'une semaine, tant d'épreuves s'étaient accumulées. D'abord la mère de Gary puis cette funeste nouvelle. Elle eut envie de crier que la vie était injuste, que les méchants gagnaient toujours. Sa tête lui tournait presque, avec l'impression qu'elle allait éclater. Pourtant, la championne avait les idées parfaitement claires. Une sorte de lucidité la tiraillait entre la dure réalité et le cauchemar dont elle espérait se tirer très vite.

Elle sentit sur son épaule la main forte de Gary. Elle était aussi crispée que pouvait l'être ses doigts à elle.
Se sentait-il concerné par cette annonce ? Elle voulut le croire. Elle avait besoin de son soutien plus que jamais.

Il s'approcha lui aussi du lit où reposait le Pokémon, quelque peu mal à l'aise. Il cherchait à faire un geste pour montrer sa présence au Pokémon assoupi. Ne sachant s'il avait le droit de manifester son accablement auprès du corps blessé d'Otaquin, il baissa la tête. Ondine prit alors sa main dans la sienne et les posa sur une nageoire. Le contact froid donna toutes sortes de frissons au jeune homme. Il déglutit, incapable de soutenir plus longtemps ce spectacle désolant.

Ondine inspecta les draps blanc puis leva son regard et se mit à regarder Otaquin. Elle espérait que le petit Pokémon lui enverrait un signe, lui dirait quoi faire, quoi répondre. Et si elle prenait la mauvaise décision ?
Au milieu du silence calfeutré de la salle de récupération, la jeune femme prit la parole. Ses yeux s'allumèrent lorsqu'elle les posa sur ceux de Gary et de Pierre.

« J'ai foi en l'avenir. Il réalisera son rêve, je veux y croire. S'il part, je ne croirais plus en rien. »

Le docteur considéra que le moment était aussi venu d'aborder un autre problème. Si Ondine envisageait de garder Otaquin, il fallait pour lui qu'il fut auprès d'elle. Il avait donc contacté le Centre Pokémon d'Azuria dans le but de le transférer dans un service plus adapté.

Le changement d'établissement allait avoir lieu le lendemain, dans la journée. Le couple jugea bon de rester sur place et ainsi accompagner Otaquin jusqu'à Azuria.
Gary prévint son patron qui fut compréhensif. Ondine, exténuée, redouta une nouvelle crise de Violette au moment de composer le numéro de l'arène.

« Allô ?
- C'est Ondine. Demain je ne serais pas là.
- Et pourquoi ? Quel est le problème encore ? Tu pars en lune de miel avec Gary ? Ondine, je commence à en avoir marre de tes absences à répétition. On dirige une arène. C'est du sérieux. »

Tous ses reproches la firent craquer. Elle ne réussit pas à terminer la conversation ; elle passa le combiné à Gary.

« Voilà qu'elle se met à pleurer pour m'apitoyer. Depuis que tu as rencontré ce type, tout va de travers ! s'écria Violette, enragée.
- On a des problèmes bien plus graves. Si tu n'es pas capable de le comprendre...
- Gary ? »

A l'autre bout du fil, la sœur s'était radoucie.

« On traverse des épreuves en ce moment, c'est pas le moment d'en rajouter une couche. Ondine ne viendra pas demain. C'est non négociable. POINT. »

Il raccrocha, soulagé de ne plus être en ligne avec cette vipère.
Violette se délecta de la nouvelle qu'elle venait d'apprendre. Ils traversaient des épreuves ?

« J'espère que ces problèmes seront assez importants pour les faire rompre. »

Sacha n'avait pas su mettre le bazar dans le couple. Il fallait bien que quelqu'un de compétent s'en charge.

« Décidément, on ne peut compter que sur soi-même. »

• • • • • • • • • •
Marina Kaye - Freeze You Out
Le transfert avait eu lieu dans la matinée. Deux infirmiers étaient venus transporter Otaquin sur un brancard. Ondine fut la seule autorisée à monter à l'arrière du véhicule. Gary prit sa moto et les suivit de près.

Arrivé en ville, Otaquin se mit à réagir aux cahotements de l'ambulance. Il ouvrit les yeux quelques secondes : assez pour réaliser qu'il n'avait pas réussi à mettre fin à ses jours. Le visage de la championne, au-dessus du sien, s'illumina un instant avant de s'éteindre. Otaquin venait de se rendormir, les traits crispés par la déception d'avoir échoué.

Ondine, en sortant de l'ambulance, voulut croire que le transfert d'Otaquin serait un nouveau départ pour lui. Pour eux.
C'est accompagnée par Gary qu'elle franchit la porte automatique menant à l'accueil du Centre Pokémon.

La chambre neuf était au fond d'un couloir encombré de brancards occupés par des Pokémon. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la chambre, Otaquin était réveillé.
La visite d'Ondine n'avait pas l'air de lui faire plaisir. Il fixait la fenêtre sans faire attention aux alentours. Elle prit place sur le siège tandis que Gary restait à l'écart.
La tension palpable rendit le silence insupportable.

« J'ai eu peur, commença-t-elle en cherchant dans les yeux du Pokémon son attention. »

Il ne la regardait pas. Son regard d'habitude si chaleureux était de marbre. Elle posa une main sur sa nageoire ; il la retira immédiatement en poussant un cri. Elle ne comprit pas pourquoi il instaurait cette distance.
En même temps qu'il avait crié, il lui avait jeté un regard mêlé de désespoir et de rage. Il n'avait même pas réussi à abréger ses souffrances. Que lui restait-il à faire ? Attendre et supporter cette vie ?

La maladie dévorait sa dignité par petits bouts ; il avait voulu la sauvegarder en tentant de se suicider. Il considérait Pierre et Ondine comme les responsables de son retour dans le monde des vivants et cela lui était insupportable de croire que celle, qu'il considérait comme une mère, lui avait planté un couteau dans le dos. Il croyait qu'elle le soutiendrait dans son choix. Mais il en était autrement. Elle avait choisit à sa place, ce qu'il ne supportait pas.

Ondine voulut comprendre. Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal ? Lui en voulait-il de l'avoir sauvé plutôt que de l'avoir achevé ?

Il se retourna, cherchant le sommeil. C'était un moyen de lui faire comprendre qu'elle le dérangeait.
Ondine n'insista pas et quitta la chambre, découragée.

« J'ai mal agi ? demanda-t-elle une fois dans le couloir.
- Tu as fait ce qui te semblait être le meilleur pour lui.
- Qu'est-ce que tu aurais fait à ma place ? »

Il n'y avait pas réfléchit. Si l'un de ses Pokémon se retrouvait paralysé du jour au lendemain, sans promesse d'avenir, comment aurait-il réagit ? Sans doute comme Ondine. Quel dresseur laisserait partir son Pokémon ?
Mais si c'était ce qu'Otaquin voulait, partir ? De quel droit, avec quelle autorité, pouvait-elle contraindre le Pokémon à vivre alors qu'il souhaitait le contraire ? C'était égoïste.

« S'il recommence ? S'il se jette par la fenêtre ? Je ne suis pas rassurée... »

• • • • • • • • • •
Lorsqu'ils rentrèrent à la maison, le jeune homme se mit aux fourneaux. Cuisiner allait lui permettre de se changer les idées. Une phrase qu'avait dite Ondine lui revenait sans cesse ; il n'arrivait pas à l'effacer du coin de sa tête.

« S'il part, je ne croirais plus en rien. »

Était-elle sérieuse ? Et leur couple ? Que deviendrait-il ?
Il comprit très vite que l'essence même de leur existence commune résidait dans le bien-être de l'un d'eux. Lui n'allait pas fort mais Ondine, c'était bien pire. Lui, ce n'était que des mots, de la jalousie, la monotonie, tout un tas de sentiments confus qui le bousculaient.
Elle, c'était une tempête, un orage, qui s'abattait dans sa petite vie tranquille.

Il réalisa que si Otaquin partait, c'était comme si Pyskokwak disparaissait lui aussi. Cela lui semblait inconcevable. Tous les bons souvenirs qu'il avait eu avec le canard faisait partie de son quotidien. Pour Ondine, c'était la même chose. Elle s'était liée avec l'otarie comme l'avait si justement fait remarquer Pierre. Si Gary n'arrivait pas à admettre la disparition d'un Pokémon auquel il était presque relié par un fil invisible, alors qu'en était-il pour Ondine ?

Perdre un Pokémon, c'était comme perdre un membre de sa famille. En l’occurrence un enfant dans le cas d'Otaquin. Il était jeune, fragile, vulnérable. Ondine l'avait couvé comme une mère.

Gary devait se montrer compréhensif et présent. Il avait bien compris que leur couple passerait après Otaquin. Les projets d'arène avaient été balayés eux aussi. Ondine n'avait pas l'air de s'en rendre compte. Tout foutait le camp à l'extérieur de leur cocon ; ses absences répétées au sein de l'arène agaçaient Violette ; ses parents n'avaient plus du tout de ses nouvelles ; ses Pokémon étaient presque délaissés.

Gary était le seul à être épargné. Il était celui sur qui s'appuyait la championne lorsqu'elle allait mal : il devenait son confident. Sacha n'existait plus.

Le jeune homme sentit que leur couple évoluait. Ils s'étaient étonnamment rapprochés. En seulement quelques jours. Jusque là tout n'avait été que légèreté et douceur. Leur histoire prenait un tournant inattendu qui classait leur couple dans la catégorie "sérieuse" et non plus comme une simple amourette. Ils avaient bien dépassé les stades primaires.

Si leur couple résistait -peu importe ce qu'il adviendrait d'Otaquin- alors leur histoire était faite pour durer. C'était ce que voulait croire Gary.

Pour ne pas laisser Ondine seule dans ces moments difficiles qu'étaient les visites au Centre Pokémon, il s'y rendait aussi. Les rencontres furent d'abord moroses. Otaquin ne cacha pas son mécontentement à l'égard de la dresseuse ; puis devant tous les efforts que cette dernière faisait pour lui redonner le sourire, il se radoucit peu à peu. Il fallut beaucoup de temps et de patience pour que leur relation retrouve une base solide. Que la confiance revienne comme le désir de se battre et de ne pas se laisser couler.

Dans les premiers temps au Centre, Otaquin avait voulu se laisser mourir, refusant de s'alimenter. Puis le déclic vint sans qu'il ne s'en aperçoive. Gary, un jour, lui expliqua les raisons qui avait poussé Ondine à faire ce choix. Il écouta le discours avec une moue dédaigneuse puis finit par hocher la tête, compréhensif.

« Ne lui en veut pas. Elle souhaite préserver ton rêve. Tu le réaliseras, j'en suis certain. On ne peut pas éteindre le rêve d'un être que l'on aime. C'est le tuer une seconde fois. Ondine s'est battue contre sa conscience pour te maintenir en vie. C'est à ton tour de te battre contre la maladie et de gagner la bataille. »

Le jeune homme se confia sur un moment de sa vie qu'il n'avait jamais abordé auparavant avec qui que ce soit, hormis les acteurs principaux du drame qui avait failli avoir lieu. Il comprenait la volonté du Pokémon d'en finir, lui aussi était passé par là. Cependant, lorsque ces décisions sont prises, elles le sont pendant des instants où l'on perd pied, où l'on a plus le contrôle de soi. Gary n'avait pas été lucide ce soir-là, il l'avait toujours cru. Mais à présent il comprenait que la douleur -et pas seulement dans son cas- avait dépassé la lucidité.

Il voulait faire comprendre à Otaquin qu'au moment où il avait tenté de mettre fin à ses jours, c'était les plaies incurables qui s'étaient exprimées et non sa volonté propre. Parce que sa volonté avait toujours été du côté du combat. Depuis qu'il s'était retrouvé dans ce lit et avait rencontré Ondine, il n'avait souhaité qu'une chose : s'en sortir.

« Si un ami ne m'avait pas empêché de sauter sous ce train, je l'aurai regretté. Je n'aurai pas connu Ondine et le bonheur d'être amoureux. Parce que ce soir-là je croyais avoir tout perdu. Je voulais disparaître pour ne plus à avoir à sentir ce vide provoqué par la perte de l'être aimé. »

Pouvoir se livrer ainsi à un être qui n'était pas passé par le même chemin mais qui avait trouvé la même délivrance : à savoir la mort, libéra les vieux démons endormis. Ces confidences, Otaquin était le seul à les comprendre et à ne pas les juger.

Gary était nouveau dans l'univers du petit Pokémon. Il ne l'avait jamais vu avant aux côtés d'Ondine ; d'un rapide coup d’œil il avait réalisé pour eux. Le jeune homme se montrait prévenant à chacune de ses visites.

Figuraient parmi les question récurrentes : "Tu n'as besoin de rien ?", "Tu veux boire ou manger ?", "Te reposer ?".
C'était touchant de constater que d'autres humains hormis les infirmières s'occupaient de lui. Mais cela servait-il vraiment à quelque chose ? N'était-ce pas repousser l'échéance ?

Gary avait besoin d'une oreille attentive et le Pokémon, de compagnie. Une sorte de complicité naquit de ces visites aux multiples douceurs. La chambre se transformait peu à peu en un abri où tout ce qui se situait à l'extérieur ne pouvait les atteindre. Ils étaient protégés car ensemble.

Il était souvent question des rêves de chacun ; Otaquin aimait expliquer avec des gestes et des cris ce qu'il attendait une fois dehors : une troupe de spectacle qui voudrait bien de lui.

Gary le poussait à continuer toujours plus avant dans ses espoirs. Cela redonnait le sourire au Pokémon, le rendait fiévreux et impatient d'être de nouveau sur pied.
Son état s'améliora grandement grâce à ces rencontres régulières. Otaquin en vint presque à souhaiter que Gary vienne seul pour continuer leurs mutuelles confidences.

Le beau brun lui confiait des projets qu'il nourrissait à l'égard de son couple ainsi que de sa carrière de dresseur. Malheureusement les deux n'étaient pas compatibles. Cela donnait lieu à des sourires gênés, des malaises que Gary voulait éviter de transmettre à Otaquin. Il préférait rêver de son avenir avec Ondine plutôt que de songer aux chimères douces-amères de ses voyages suspendus.

Il arriva plusieurs fois à Otaquin d'être déçu de voir Ondine seule, sans être accompagnée. Il se montrait alors moins loquace mais tout aussi bon vivant qu'avant. Il pouvait s'exprimer à propos des mêmes sujets puisque la championne le comprenait elle aussi.

A chacune de ses visites, Ondine redoutait que ce fusse la dernière. Le choix qu'elle avait imposé à Otaquin la rendit nerveuse et le poids de la survie du Pokémon lui pesait sur les épaules.
Il lui arrivait de se demander quelle aurait été sa vie si elle avait laissé partir le malade. C'était de la curiosité malsaine plutôt que du regret qui la faisait ainsi cogiter.

Pourtant, un jour, elle eut la certitude d'avoir prit la bonne décision. Elle retrouva Otaquin, les yeux brillants comme jamais ils ne les avaient été jusqu'alors. Sa figure d'habitude pâle et morne semblait renaître.

Il refusa de donner une quelconque explication. Il gardait un sourire mutin, complice de quelque chose qu'elle était loin de se douter.