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Giovanni Boss de Volug



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» Auteur : Volug - Voir le profil
» Créé le 06/09/2016 à 16:49
» Dernière mise à jour le 12/11/2016 à 15:34

» Mots-clés :   Kanto   Policier   Slice of life   Suspense

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Chapitre 3 : Fratrie
Il est vrai que le soleil avait disparu depuis une bonne quarantaine de minute. Les ombres qui avaient été provoquées par son rayonnement en direction des voiles et pavillons des navires s'étaient évaporées. Bien que peu de ces bâtiments furent destinés au tourisme, quelques yachts étaient présents pour remplir cette fonction. De riches plaisanciers amarraient en effet couramment à Carmin-sur-Mer, et pendant que le lamaneur s'occupait de leur navire, ils en profitaient pour observer les prises que les marins avaient ramené du large, ayant tout juste le temps de les descendre de leurs filadières et autres flambarts.

Ici toutefois, le vent s'était levé. Les pêcheurs qui étaient encore présent sur le port commençait à plier leurs affaires, rangeant leurs marchandises dans de grands bacs de glace pillée. Les yeux vitreux des poissons empilés les uns sur les autres reflétaient assez bien l'ambiance noire que le climat laissait présager. Les nuages gris étaient de plus en plus nombreux. Certains volets claquaient, de telle manière que leurs propriétaires finissaient par les fermer, et les verrouiller. Le vent montait encore. Des boîtes aux lettres s'ouvraient et se fermaient régulièrement, telles des métronomes. Les cargos qui étaient à quai commençaient à tanguer. L'eau s'était vraiment assombrie, de même que les nuages, qui viraient au noir. La houle du large était en effet entrée dans le port, les vagues sombres venaient se fracasser contre les brise-lames, quand ce n'était pas directement sur les coques des bateaux.

L'homme qui sortait de la grotte à l'est de la ville en tira profit. En effet, l'agitation qui régnait sur le port lui permettait de transporter tranquillement l'épais sac de jute qu'il avait sur le dos. Sans ce changement météorologique, il aurait été la cible de regards interrogateurs des habituels passants. Ses chaussures cirées et son long caban noir dénotaient clairement avec ce qu'il transportait. On aurait pu croire qu'il aidait un malheureux à porter ses affaires. Pourtant son attitude était explicite, il surveillait les alentours, craignant certainement d'être repéré.

C'est pourquoi il extirpa, aussi vite qu'il le put, une honor ball de sa poche et en laisser s'échapper un Rapasdepic. Après qu'il eut reçu des consignes, l'oiseau emporta vigoureusement le sac ; puis l'homme s'approcha du port, feignant la même curiosité que les jeunes habitants de la ville, qui restaient sous leur porche, à admirer le terrifiant spectacle.

***


Sa longue robe prune lui rappelait vaguement quelqu'un. Peut-être cette amie qu'il avait côtoyée sur les bancs de l'école ? La clarté de fin d'après-midi donnait à ses cheveux bleutés des reflets chatoyants insoupçonnés, presque chaleureux, mais il ne l'écoutait pas. Ses paroles, aussi intéressantes qu'elles aient pu l'être n'étaient pas au cœur de son attention. Il préférait longuement s'attarder sur les détails de son visage, à commencer par ses lèvres. A la fois délicates et maquillées à souhait, il commençait à languir de s'en rapprocher. Ses pommettes légèrement saillantes lui plaisaient particulièrement. L'homme ne savait plus comment ne pas y prêter attention. Elles conféraient à son élégant visage un caractère assez hypnotisant.

« Non, lui rétorqua-t-elle sèchement, huit cent.
- Vous savez, dit-il en balbutiant quelque peu, deux mille est déjà un très bon prix ! Je mets ma main à couper que vous ne trouverez pas mieux sur le marché !
- J'irai ailleurs dans ce cas. »

Elle tourna les talons si précipitamment que l'homme aux cheveux frisés de couleur paille fut désarçonné. Il ne pouvait pas la laisser partir de cette manière, ses pommettes lui manquaient déjà.

« Attendez ! Ne partez pas ! D'accord, mille deux cent ! »

La femme s'arrêta. Le prix devenait intéressant. Il est clair que ce n'était pas pour elle, elle ne savait même pas ce qu'il en adviendrait. Elle leva une main au niveau de son menton, puis prit une fine boucle de ses cheveux, de sorte à lui faire comprendre qu'il était sur la bonne voie. Elle se demandait combien de temps cet homme blond allait encore tenir, cela ne semblait être qu'une question de temps. Quelques secondes passèrent, l'homme n'osait pas renchérir sur sa propre offre, bien que ce fut clairement ce qu'elle attendit. C'est lorsqu'elle se retourna qu'il s'aperçut que sa robe était fendue jusqu'au genou.

« C'est hors de mes moyens », répondit-elle en le fixant dans les yeux.

Il soutenait son regard. L'émeraude de ses yeux le pénétrait, et il ne s'en lassait pas. Il s'avança vers elle, de sa démarche sûre, il ne savait plus vraiment pourquoi il était ici mais continuait à observer les moindres détails de son visage : la forme de son nez, le contour parfait de ses sourcils, jusqu'aux coins de sa bouche, qui ne semblaient qu'accentuer son caractère hypnotique. Il avait de légers vertiges. C'est à ce moment qu'il la vit entrouvrir ses lèvres, comme une invitation.

« Alors neuf cent », céda-t-il. 

Le sentiment que lui inspirait le regard de cette femme l'avait comme envoûté. Il ne semblait plus maîtriser ce qu'il disait. Ce n'était pas de cette manière qu'il avait anticipé cette vente. Bien au contraire, il avait toujours été droit et ferme lors de négociations, c'était toujours lui qui se faisait manger dans la main. Que s'était-il passé ? Soudain elle quitta cet échange des yeux. Il ne comprenait pas. Ils conclurent la transaction pendant qu'il songeait déjà aux conséquences. Il ne devait pas descendre sous les mille huit cent, Giovanni allait être furieux.

***

Le business fructifiait, vraiment. Le dernier sac de jute venait d'être vidé dans le chariot, et toutes les pokéballs remuaient au rythme des pas lourds du Nidorino qui le tractait. Giovanni caressait nonchalamment la tête de son Persian qui était allongé sur la moquette, la tête redressée. Il méditait sur ce qu'il avait accompli, sur tout ce qu'il avait entreprit depuis qu'il s'était lancé dans ces affaires. Il ne s'attendait pas à un aussi franc succès, mais le sang qui coulait dans ses veines avait très certainement joué un rôle capital dans cette entreprise.

Le rapt de la nuit dernière avait également été couronné de succès. Il s'était en effet introduit dans le petit zoo de Parmanie, bien évidemment fermé aux touristes à cette heure tardive, pour aller récupérer, un à un, chacun des pokémons qui y étaient exposés. Cela avait été pour lui l'occasion de voir à l’œuvre l'un de ses Rhinocorne, qui avait eu pour tâche de forcer les murets clôturant les différents enclos. C'était le plus âgé des deux, qui semblait bien plus téméraire.

Giovanni les avait capturés quelques jours auparavant lors d'un entraînement quotidien avec son Triopikeur à l'Est de Parmanie. Il était occupé à développer les facultés cognitives des trois têtes, afin de leur permettre de mieux gérer leur communication, mais également la manière dont elles devaient aborder une approche frontale avec un ennemi un peu trop robuste. Ne voulant pas se mêler à la populace immature qui se lançait des défis, il s'était placé en retrait, derrière d'épais bouleaux et avait posé sa mallette argentée au pied de l'un d'entre eux.

C'est pourquoi il vit en premier la poignée d'hommes qui cherchaient quelque chose dans les buissons. Il ne leur prêta pas, de prime abord, une grande attention mais put entendre certaines bribes de conversation.

« Ils n'ont pas pu s'échapper si loin tout de même !
- Tu sais, ce sont deux frères, leur instinct de survie devient commun, ils doivent déjà nous surveiller et feindre leur silence. »

Giovanni remarqua donc que les hommes étaient tous vêtus de la même veste kaki, qui arborait également le même logo orange où il était inscrit « Parc Safari ». Se remémorant le concept qui l'avait animé lors de sa jeunesse, il était en train de se dire que les pokémons qui étaient dans ce parc étaient souvent des pokémons qui ne se trouvaient nul part ailleurs, des pokémons qui intéressaient les collectionneurs, et qui par conséquent, étaient souvent méconnus.

Une soudaine envie de trouver cette fratrie en premier s'empara de lui. Mimant ses gestes précédents, il ordonna à Triopikeur de trouver ces deux individus, lui suggérant que leur poids devrait exercer sur le sol une certaine pression qu'il serait capable de percevoir en se promenant dans ses galeries souterraines. Triopikeur s'exécuta, les trois têtes tourbillonnèrent simultanément puis manifestant quelques légers cris, elles s'enfoncèrent dans le sol en un clin d’œil.

Giovanni songeait, quelle serait sa technique d'approche quant à ces deux spécimens ? Il lui fallait connaître leur espèce, leur type, ce n'était cependant pas prévisible. Son premier choix allait être Triopikeur, pour achever son entraînement et créer un transfert entre les prestations travaillées et les compétences à affûter. Cependant, il lui fallait créer un binôme pour combattre les évadés. Persian ? Ses attaques résidaient dans sa puissance physique, ses griffes acérées et sa déstabilisante vitesse d'exécution. De plus, il était souvent sous-estimé. Toutefois, il n'était pas capable d'encaisser de lourdes attaques physiques ou psychiques. Par ailleurs, son caractère ne lui permettait pas de se laisser abîmer. Sans connaître les deux individus, ce n'était peut-être pas le meilleur choix.

Nidorina semblait plus intéressante. En effet, elle aimait le contact direct, et était également assez vigoureuse, bien qu'un peu impulsive. Lors de sa capture, elle avait sauvagement attaqué Kangourex à coups de griffes alors qu'elle semblait très calme lorsque Giovanni l'avait repérée. Elle possédait une assez bonne vitesse mais manquait d'équilibre ; lorsque Kangourex avait renvoyé ses coups, elle ne se réceptionnait pas toujours de manière optimale.

Par ailleurs, les mouvements de terrain de Triopikeur allaient lui permettre de travailler sa proprioception, renforçant ses tendons en pleine croissance afin de supporter de futurs chocs sur les articulations. Giovanni avait récemment acquis une pierre Lune, il avait souvent entendu parlé de ses propriétés mais désirait peaufiner les acquis de Nidorina avant de lui attribuer.

Les trois tête réapparurent, toutes souriaient. Elles lui indiquèrent le chemin à suivre pendant que les hommes du Parc partaient dans l'autre direction. Giovanni attrapa sa mallette et se rendit sur les lieux, à plusieurs dizaines de mètres de là. Il vit des yeux rouges dans les broussailles, à quarante centimètres du sol, puis une seconde paire, à la même hauteur. Il s'arrêta net, se retourna et s'accroupit comme s'il ajustait ses chaussures. Il en profita pour entrer ses codes secrets et prendre une honor ball de la rangée supérieure, la glissa dans sa poche et referma sa mallette. Giovanni fit volte-face en faisant sortir sa Nidorina.

« Triopikeur ! Attaque Séisme ! »

Le trois têtes sortirent de terre, puis dans un tourbillon quasiment fusionnel, elles commencèrent à faire vibrer le sol. Sa coéquipière rugit.

« Nidorina ! Profites-en pour utiliser Détritus ! »

Le sol tremblait littéralement, quelques parcelles se disloquaient violemment. Des rugissements lourds s'évadaient des buissons. Nidorina en profita pour éructer une matière violacée en leur direction. Ils évitèrent l'attaque en se jetant hors des buissons. C'étaient deux Rhinocornes, l'un semblait plus frêle, il était derrière son frère. Malheureusement pour eux, leur esquive les avait directement précipités au cœur du séisme de Triopikeur. Ils ne tenaient plus sur leur pattes, le plus petit trébucha et se retrouva à plat ventre, boulotté dans tous sens, abandonnant prématurément le combat.

Son frère, bien plus robuste, résistait et fléchissait ses pattes au rythme des secousses, il s'élança vers Triopikeur, pointant sa corne tranchante en sa direction. Ce dernier évita la charge en se réfugiant dans une galerie. Giovanni donnait ses ordres, Nidorina fonça à son tour vers le rhinocéros en traversant le tremblement de terre encore actif, usant de ses muscles extenseurs comme de câbles de freinage, de manière excentrique afin d'éviter de trop s'affaisser. Elle se jeta vers sa cible, la patte antérieure droite armée, devenue violacée par le puissant poison qui l'imprégnait. Les griffes effleurèrent la gueule du Rhinocorne, le coup ne l'avait que peu affecté et le poison ne pouvait pénétrer l'épaisse carapace du pokémon. Triopikeur avait disparu, il avait en effet suivi les consignes de son dresseur et apparut violemment sous le Rhinocorne, le percutant comme une perceuse. Le pokémon sauvage fut éjecté sur quelques mètres, il s'étala à plat ventre, sonné par le choc.

Giovanni saisit l'occasion pour appuyer sur le bouton central de ses honor ball, les deux lasers illuminèrent simultanément les pokémons. Ils furent englobés puis disparurent, laissant les deux balls clignoter quelques instant. L'homme rappela Nidorina et déposa les balls dans sa mallette puis la referma succinctement. Les dresseurs aux alentours n'avait pas prêté attention toute cette agitation, bien trop occupés par leurs duels belliqueux. Les gardiens du parc n'étaient, quant à eux, plus du tout dans le secteur. Triopikeur s'amusait, faisant tourner sur elle-même chacune de ses têtes de manière successive, et ce, inlassablement.

« Cesse donc. Nous avons encore beaucoup de travail. », prononça froidement Giovanni.